Deux mille dix-sept

SPECTACLE VIVANT

Parce que j’aime faire des bilans, même si l’année théâtrale est plus scolaire que civile. L’occasion également d’inclure des spectacles vus l’été dernier durant le Festival d’Avignon (in & off).

Une année record, aussi parce que je n’ai pas travaillé entre février et août (vive le temps partiel annualisé qui me manque tant), pourtant c’est entre septembre et décembre que j’ai vu le plus de spectacles… Et je sais déjà que j’en ferai beaucoup moins en 2018, hors Festival d’Avignon bien entendu, j’ai vu mes limites, tant physiques qu’inspirationnelles, si je puis dire.

101 spectacles (71 l’an passé) à Paris, Avignon, Marseille, Saint Martin de Brômes, Montreuil, Nanterre, Toulouse, Les Lilas, Porto, Lisbonne, Bruxelles, Bobigny, dans 50 lieux avec des artistes français, portugais, suisses, québécois, italiens, grecs, belges, allemands, israëliens, brésiliens, parfois (souvent) dans le texte. Du théâtre, de la danse, du seul en scène, du one wo.man show, des lectures, des sorties d’ateliers, d’écoles de théâtre, du cirque, des lectures, des performances, du jeune public, des professionnels, des « amateurs » et même des pièces dans le privé, mais pas trop quand même… Trois spectacles vus deux fois (Gala, Bacchantes, Grande)…

À part ça de grands souvenirs avec (dans le désordre et les liens vers mes non-critiques qui vont avec) :

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(Sopro)
  • Bacantes / Bacchantes (Marlene Monteiro Freitas – TNDM II, Lisboa & Centre Pompidou, Paris)
  • Gala (Jérôme Bel – Rond Point, Paris & Kaaitheater, Bruxelles)
  • Sopro (Tiago Rodrigues – Cloître des Carmes, Avignon)
  • Grande (Tsirihaka Harivel & Vimala Pons – CentQuatre, Paris)
  • Tous des oiseaux (Wajdi Mouawad – Colline, Paris)
  • Les barbelés (Annick Lefèvbre/Alexia Bürger – Colline, Paris)
  • Néant (Dave St Pierre – Oulle, Avignon)
  • La face cachée de la lune (Robert Lepage – Grande Halle de la Villette, Paris)
  • F(l)ammes (Ahmed Madani – Les Halles, Avignon)
  • Maîtres anciens (Nicolas Bouchaud – Bastille, Paris)
  • Interview (Nicolas Truong / Nicolas Bouchaud / Judith Henry – Monfort, Paris)
  • We love Arabs (Hilel Korgan – Rond Point, Paris)
  • Doreen (David Geselson – Bastille, Paris)
  • Pindorama (Lia Rodrigues – Chaillot, Paris)
  • Mount Olympus (Jan Fabre – Grande Halle de la Villette, Paris)

 

CONCERTS

30 soirées concerts mais 46 artistes entre Paris, Bruxelles, Reykjavik, le fin fond des Alpes de Haute Provence, Pantin, Torshavn avec dans les coups de coeur (et dans le désordre, avec les liens vers mes non-critiques qui vont avec) :

Klo Pelgag – Le sexe des étoiles (Live) from DTO FILMS on Vimeo.

 

  • Klô Pelgag (Brussels Summer Festival)
  • La soirée hommage à Lhasa (Philharmonie de Paris avec le festival Aurores Montréal)
  • Girls in Hawaii (Trianon, Paris)
  • Shannon Wright (Café de la Danse, Paris)
  • Seu Jorge (Théâtre Silvain, Marseille)
  • et le spécial copinage mais elles le valent bien : No Man’s Louise (Vieille Grille, Paris & le Jam, Marseille) (tous les dimanches du mois de janvier à 17h sur la péniche Le Nez Rouge)

 

DISQUES

J’achète toujours des CD, j’en emprunte quelques uns à la médiathèque. Comme pour les livres, je ne suis pas forcément l’actualité… (réécoute des albums de Lhasa, de Suuns, de The Divine Comedy) mais à part ça…

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  • Girls in Hawaii « Nocturne »
  • Klô Pelgag « L’alchimie des monstres » (son premier album)
  • Lcd Soundsystem « American Dream »
  • Pierre Lapointe « La Science du Coeur »
  • Courtney Barnett & Kurt Vile « Lotta Sea Lice »
  • Lhasa « Live in Reykjavik »

 

 

CINÉMA

Beaucoup de films (70 au 27 décembre 2017), vus dans 31 cinémas différents et pourtant pas de grands coups de coeur et je serais bien incapable de faire un top 15. Et quand je liste les films que j’ai ratés, je ne peux que m’en tenir pour responsable. Donc on se limite à dix films avec, dans le désordre :

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  • La Villa (Robert Guédiguian)
  • L’autre côté de l’espoir (Aki Kaurismaki)
  • Le sens de la fête (Nakache / Toledano)
  • Diane a les épaules (Fabien Gorgeart)
  • Baby Driver (Edgar Wright)
  • Les Filles d’Avril (Michel Franco)
  • L’Amant d’un jour (Philippe Garrel)
  • The Square (Ruben Ostlund)
  • I am not your negro (Raoul Peck)
  • Lion (Garth Davis) , le plaisir coupable qui m’a fait pleurer comme ça faisait longtemps que je n’avais plus pleuré au cinéma…

Cependant je pourrais ajouter des films (re)vus enfin sur grand écran et qui m’ont procuré énormément de plaisir comme La Ronde (Max Ophüls), La règle du jeu (Jean Renoir), The Kid (Charles Chaplin), La Maman et la Putain (Jean Eustache)

 

RATTRAPAGE TV

  • Hungry Hearts de Saverio Costanzo avec Alba Rohwacher et Adam Driver
  • Jim & Andy, documentaire de Chris Smith avec Jim Carrey sur le tournage de « Man on the moon » de Milos Forman

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  • It follows de David Robert Mitchell
  • Frank de Lenny Abrahamson avec Michael Fassbender, Domnhall Gleeson, Maggie Gyllenhall
  • 99 Homes de Ramin Bahrani avec Michael Shannon, Andrew Garfield

 

SÉRIES

Je n’ai toujours pas vu The Crown, The Leftovers, The Handmaid’s Tale, la dernière saison de Twin Peaks, aucune saison du Bureau des Légendes, Stranger Things.

En revanche, j’ai apprécié :

  • la saison 2 de « Master of None »

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  • la saison 1 de « The Good Place »
  • la saison 1 de « The Good Fight »
  • la saison 1 de « This is us »
  • les trois saisons de « Broadchurch »

Et j’ajouterai également la saison 2 de la série québécoise humoristique « Like moi » qui va bientôt connaître une adaptation française, j’ai peur.

 

LIVRES

  • Dans les essais : « Modern Romance » d’Aziz Ansari (Hauteville) et « Aller au cinéma ou faire l’amour » de Christine Delmas (Textuel).
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illustrations de Yann Legendre
  • Dans les romans : « Marx et la poupée » de Maryam Madjidi (Le Nouvel Attila).
  • Dans les romans/documentaires : « Les gens dans l’enveloppe » de Isabelle Monnin (avec une musique de Alex Beaupain) (Livre de Poche)
  • Dans les bandes dessinées : toute l’oeuvre de Guy Delisle (Delcourt) et les « Faits divers » de Anouk Ricard (Cornélius).
  • Dans les correspondances : « Lettres à la fiancée » de Fernando Pessoa (Rivages)

 

Sur le plan personnel… Non, je n’en parlerai pas. Seulement que j’espère bien que ce blog vivra une année 2018 exceptionnelle, entre Paris, Avignon, Marseille, Bruxelles, Londres et ailleurs… Infiltré, bientôt de nouveau occupé (je vous laisse l’avantage du doute… comprend qui pourra)… En route vers de nouvelles aventures avec mon amie la sterne arctique croisée lors d’une balade en vélo à Seydisfjordur (Islande) et qui ne me quitte plus depuis. A bientôt ici ou ailleurs.

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En manque (Vincent Macaigne / La Villette / Festival d’Automne)

(quand on ne lit pas la bible)

En manque… de sommeil… d’amour… d’argent… tout ça dans le désordre et bien plus encore.

 

(de quoi ça parle en vrai)

Une richissime collectionneuse ouvre une fondation qui contient toutes les œuvres de l’art occidental… Tel est le point de départ à partir duquel Vincent Macaigne confronte ses rêves de jeunesse et ses contradictions d’adulte, entre rébellion et résignation. Au nom d’une certaine idée de l’art. (site de la Villette)

 

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Crédits photos : Mathilda Olmi

 

(ceci n’est pas une critique, mais…)

On nous dit de danser sur scène, boire de la bière, je ne le fais pas. Serais-je passé du côté des vieux cons ? Je suis né fin 1978, j’étais le premier à être heureux de monter sur la scène de Chaillot lors de la présentation de « Au moins j’aurai laissé un beau cadavre » à crier et haranguer la foule, à boire une bière à la Ville pour « Idiot… » Alors pourquoi donc ce soir-là, je n’ai rien fait de tout cela ? Pourquoi n’ai-je pas été séduit par les comédiens sur scène, qui ne déméritaient pas, loin de là (alors que Laure Calamy, Pascal Reneric, Emmanuel Matte, etc sont encore bien présents dans ma tête) ? Macaigne sait encore nous intriguer/hypnotiser avec ces images de destruction, de fumée, d’inondation même. Le côté installation est éblouissant. Reste que je ne suis pas séduit par les jeunes figurants qui s’embrassent, dansent tels des pantins (artificialité du procédé), que c’est seulement après la fête que la pièce prendra sa dimension dramatique. Peut-être aussi la déception de ne pas voir ce spectacle dans un plus petit lieu, on reste extérieur malgré l’excellente création lumières et la sono à tue-tête. Quelque chose n’a pas pris.

vu le vendredi 22 décembre 2017 à la Grande Halle de la Villette

prix de la place : 12€ (tarif obtenu grâce à une amie qui travaille à la Villette)

 

EN MANQUE

Texte, mise en scène et scénographie : Vincent Macaigne
Avec Thibaut Evrard, Clara Lama-Schmit, Liza Lapert, Sofia Teillet, des figurants et des enfants

Collaboration scénographie : Julien Peissel – Lumières : Jean Huleu – Accessoires : Lucie Basclet – Son : Jonathan Cesaroni – Voix : Matthieu Jaccard – Construction du décor : Ateliers du Théâtre de Vidy – Régie générale : Sébastien Mathé – Assistant mise en scène : Salou Sadras

 

(une autre histoire)

(décembre 2017) : Je suis dans la file pour le Macaigne, je suis tout seul. Le gars devant moi se retourne, je le reconnais.

(avril 2017) : L. et moi allons voir une pièce, L. reconnait le metteur en scène de la pièce en question, le salue, nous nous saluons.

(juin 2017) : Je suis sur un bateau entre le Danemark et l’Islande. Je suis tout seul, je n’ai rien à faire d’autre qu’écrire. Je me mets en tête de créer un blog dans lequel j’écrirai des chroniques théâtrales et musicales mais où j’évoquerai surtout ce qui me passe par la tête. Je me lance le défi d’écrire sur tous les spectacles vus durant l’année, à froid. C’est pas très bon, mais j’écris tout de même sur le spectacle vu en avril 2017 et que je n’avais pas beaucoup du tout aimé. Je trouve simple d’égratigner. Trop simple. Je laisse l’article en l’état, je le publie en l’antidatant, il est quelque part dans les méandres des archives…

(décembre 2017) : Je crois que le metteur en scène en question m’a reconnu. Je ne sais pas. Il me regarde comme s’il m’avait reconnu. Je plonge dans mon portable, prend une photo du programme de la pièce de Macaigne, que je posterai sur Twitter.

Après la pièce, je me rentre chez moi, consulte, comme c’est devenu mon habitude, les stats du blog et remarque que la fameuse chronique du mois d’avril a été lue. L’angoisse monte. Les pages « contact » et « à propos » également. Mon coeur bat de plus en vite. Je me souviens. Il m’a vu prendre cette photo et a cherché sur son I-Phone si je l’avais publiée sur un réseau social : La Villette m’a retweeté, il me retrouve, clique sur mon profil, voit les liens de mon blog, clique sur le dernier en date. Comme il se souvient m’avoir vu à son spectacle, il le recherche dans les archives et tombe sur ma chronique assassine. Il lit « N’est pas Macaigne qui veut » : étonnant quand même de le croiser avant « En manque » alors que j’avais écrit ces mots-là six mois plus tôt. Il lit : « … et je ne vais pas parler de l’égocentrisme de l’auteur et metteur en scène qui fait jouer à trois acteurs ses alter-egos (« oui, je m’inspire de Fernando Pessoa… »)… » J’écris aussi autre chose que je ne reproduirai pas ici, j’ai dû l’énerver. J’ai peur pour ma vie, parce qu’il est tellement simple de retrouver ma trace, mon nom, mon adresse, mon numéro de téléphone.

Je décide de partir, d’acheter un billet de train à 150€ pour me réfugier dans ma cabane à la campagne (mais avec du wifi), là au moins il ne saura pas me retrouver. Adieu et joyeux Noël !

Toujours tu tourneras ton stylo sept fois dans ta langue avant d’écrire des paroles un peu blessantes. Tu diras plutôt que la troupe avait une belle énergie. Voilà. Que c’était conceptuel et généreux. Même si c’était vraiment criard, égo-centré et que n’est vraiment pas Macaigne qui veut. Me voilà qui recommence, je ne peux plus m’arrêter. Au secours !

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Pindorama (Lia Rodrigues / Chaillot)

(quand on ne lit pas la bible)

Le cirque Pinder brave les interdits et accède à la salle Firmin Guimier du théâtre National de Chaillot avec sa ménagerie et ses fauves, pourtant interdits dans Paris. L’occasion de retracer la glorieuse histoire de ce cirque traditionnel vieux d’un certain nombre d’années. (oui, bon, ok, Pindorama et pas Pinderama, mais c’est la fin de l’année, je fais ce que je peux pour écrire mes dernières chroniques avant le 31 décembre !!!)

 

(de quoi ça parle en vrai)

Lia Rodrigues poursuit ici son travail commencé en 2000 : mettre le public dans le même espace que la danse dans une proximité des corps. Pindorama voit les interprètes évoluer le plus souvent au sol, sur une bâche plastique transparente comme gorgée d’eau. Le mouvement quasi perpétuel de cette bâche agitée par les danseurs fait penser à un océan entre calme et révolte. Le public, debout au plus près d’eux, peut ressentir les vibrations de cette danse à nu. La dimension politique et écologique de la chorégraphie de Lia Rodrigues, comme magnifiée par la beauté des vagues gestuelles, transporte chacun au lointain. Pindorama, qui dans la langue tupi désigne le Brésil d’avant la colonisation, est une invitation engagée au voyage. (Philippe Noisette)

 

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Crédits photos Sammi Landweer

 

(ceci n’est pas une critique, mais…)

La bâche, le retour. Après ce moment poétique vécu grâce à Nathalie Béasse un peu plus tôt dans la saison au théâtre de la Bastille dans « Le bruit des arbres qui tombent », à nouveau une chorégraphe nous fait rêver, partir très très loin grâce à l’utilisation ingénieuse d’une simple bâche transparente, légère, en plastique. L’océan est devant nous, déchaîné. La femme, l’homme, dans le plus pur et le plus simple appareil se battent contre les éléments, perdent, se rassemblent. Investissement physique total.

La re-création de Lia Rodrigues est fascinante, on est plongé dans un imaginaire, alors qu’il n’y a rien : une bâche, de l’eau, des ballons d’eau (des capotes) qui seront tous explosés sous les corps des danseurs qui se mouvront tout en horizontalité, à ras de sol.

C’est quand même quelque chose de se retrouver aussi proche de danseurs nus. On a l’habitude d’en voir, mais il y a presque toujours ce quatrième mur invisible.

Un moment suspendu. On est dans une bulle, on ne l’éclatera qu’à la fin du spectacle, au moment des applaudissements.

 

vu le jeudi 21 décembre 2017 au Théâtre National de Chaillot.

prix de la place : 25€ (abonnement)

 

PINDORAMA

Chorégraphie Lia Rodrigues

Dramaturgie : Silvia Soter – Collaboration artistique : Guillaume Bernardi – Lumières : Nicolas Boudier – Direction des répétitions  : Amalia Lima

Avec Amália Lima, Leonardo Nunes, Gabriele Nascimento, Francisco Thiago Cavalcanti, Clara Castro, Clara Cavalcante, Dora Selva, Felipe Vian, Glaciel Farias, Luana Bezerra, Thiago de Souza, com a participação na criação de Gabriela Cordovez (distribution lors de la création en 2013 – je ne suis pas parvenu à trouver celle de cette reprise, car j’ai oublié de prendre le programme, mais où avais-je la tête ?)

 

(une autre histoire)

« Putain, mais ils sont où les sièges ? J’ai passé une heure dans les transports en commun, debout, à laisser les places assises à des dames qui ne sont sûrement pas assez vieilles pour avoir pris leur retraite, mais que voulez-vous, je suis comme ça, je suis un romantique, mais bordel, j’ai mal aux jambes ! J’ai pas payé 25€ pour être debout ou assis par terre. Je comprends mieux pourquoi la nana tout en haut des marches m’avait conseillé de déposer mon manteau à la consigne. J’ai pas suivi son conseil, pas envie d’attendre après le spectacle. Résultat, je vais me coltiner mon manteau pendant une heure et demie sous le bras. Attends, pourquoi ces gens-là ont droit à une petite chaise ? Il faut faire quoi pour avoir une chaise ? Ah bon ? Ils se déplacent difficilement ? Ils sont vieux ? Mais putain, moi je suis quoi ? C’est toujours les mêmes qui touchent. Bande d’assistés ! M’en fous, je m’assois par terre, j’allonge mes jambes et pis c’est tout. Attends, sans déconner, faut que je me déplace encore ? Mais mettez-la ailleurs votre bâche ! Attends, je vais m’assoir à côté de cette jolie dame, un peu vieille à mon goût, mais bien conservée. Hoho ! Elle voit un spectacle de danse, elle veut faire comme eux, elle fait ses exercices d’assouplissement. Encore bien souple, la dame. Aujourd’hui c’est la journée mondiale de l’orgasme, je dis ça je dis rien. Oh putain, les danseurs ils sont tous à poil ! Les meufs, les mecs. C’est qu’ils sont pas mal beaux les mecs ! Putain, qu’est-ce qu’il m’arrive, mais je vais pas bien, moi ? Oh des bombes à eau, je vais les éclater aussi, c’est marrant. Quoi j’ai pas le droit ? C’est pour les danseurs ? Je fais ce que je veux, moi ! C’est Noël ! »

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Actrice (Pascal Rambert / Bouffes du Nord)

(quand on ne lit pas la bible)

Les portraits de Bette Davis, Katharine Hepburn, Jacqueline Maillan… sont accrochés au fond de la scène. Au centre de celle-ci, Marina Hands qui appellera l’esprit de Stanislavski pour devenir la meilleure actrice du monde. Une voix chuchote… C’est l’hologramme de Zaza Huppert transformée en Sarah Bernhardt…

 

(de quoi ça parle en vrai)

La pièce raconte les derniers jours d’une immense actrice. En quelques semaines, elle dit adieu à ceux qu’elle a aimés. Toute sa famille est là, ainsi que ses collègues du théâtre. Jusqu’à la fin. Entourée de centaines de bouquets de ses admirateurs. Comme dans un reposoir. (Pascal Rambert)

 

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Crédits photos : Jean-Louis Fernandez

 

(ceci n’est pas une critique, mais…)

La pièce tient en deux mots : Marina et Hands.

A notre arrivée, nous sommes fascinés par ce parterre de bouquet de fleurs sur scène et au centre de celui-ci une personne à priori malade puisqu’elle est dans un lit médicalisé (oui, je suis perspicace). Ceux qu’on devine être ses parents dorment, non loin d’elle. Noir. Marina Hands prend la parole dans la pénombre et la première chose qui nous surprend, c’est sa voix, puissante, habitée. Nous ne voyons rien d’autre que sa voix. Et c’est sa voix, plus tard son visage, son corps, qui nous mèneront jusqu’à la conclusion de la pièce. Parce que je sais que si jamais je revois « Actrice » (ce qui n’est pas dans mes intentions, je précise), je me focaliserai uniquement sur la performance de Marina Hands qui m’a bouleversé et bien plus encore.

La pièce est plus ou moins un enchaînement d’adieux à la grande actrice que Marina Hands interprète. Le dispositif est plutôt artificiel : un invité arrive, les parents sortent, l’invité a terminé son monologue, les parents reviennent, un autre invité arrive, les parents et le premier invité sortent, le deuxième invité fait son monologue, les parents et le premier invité reviennent à la fin de celui-ci… Je simplifie mais pas que.

Les acteurs ne m’ont pas vraiment convaincu dans l’ensemble (exception faite à Audrey Bonnet dans sa dernière scène), pas aidés parfois par l’ingratitude du rôle (je pense aux enfants) ou par un texte trop démonstratif. Parfois, nous entendons même quelques poncifs sur le théâtre, des phrases toutes faites, dites notamment par Luc Bataïni, anciennement faux supporter du RC Lens dans le Stadium de Mohamed El Khatib. Qu’on réfléchisse sur le théâtre ne me dérange pas du tout, bien au contraire, si seulement ce n’était pas amené aussi maladroitement (genre je regarde le public en lui faisant presque un clin d’oeil)… Bataïni dit également (ça, je l’ai retenu, parce que je cogite énormément là-dessus en tant que comédien amateur) (je paraphrase) : « On croit que l’acteur est tout le temps dans son rôle, mais c’est faux. Parfois il flotte. Les acteurs se regardent, regardent jouer l’autre… »

Dis, Marina, tu as flotté, toi ? Parce que je t’ai bien observée et tu étais tout le temps dedans, même quand tu ne parlais pas et parfois ça pouvait être long. Tu apportais de la fièvre (c’est normal quand on joue quelqu’un de mourant), de la malice, une joie désespérée. C’était mon bonheur du soir. Je crois que je suis amoureux…

 

vu le mercredi 20 décembre 2017 aux Bouffes du Nord (Paris)

prix de la place : 20€ (abonnement cat 2)

 

ACTRICE

Texte, mise en scène et scénographie : Pascal Rambert
Avec Marina Hands, Audrey Bonnet et Ruth Nüesch, Jakob Öhrman, Elmer Bäck, Yuming Hey, Emmanuel Cuchet, Luc Bataïni, Jean Guizerix, Rasmus Slätis, Sifan Shao, Laetitia Somé, Hayat Amiri, Lyna Khoudri et Anas Abidar en alternance avec Nathan Aznar et Samuel Kircher.

Lumières : Yves Godin – Costumes : Anaïs Romand – Assistante à la mise en scène et directrice de production : Pauline Roussille

Jusqu’au 30 décembre 2017 aux Bouffes du Nord et en tournée : les 11 et 12/01/18 au Bonlieu (Annecy), du 24/01 au 04/02/18 au TNS (Strasbourg), du 6 au 10/03 aux Célestins (Lyon), mais également à Cergy Pontoise, Valenciennes.

 

(une autre histoire)

Pascal Rambert raconte comment il a abordé Marina Hands : « Une fois je cours et je vois arriver face à moi Marina Hands. Je lui dis que je l’ai vue il y a deux soirs dans Ivanov (…) et que son travail était merveilleux prodigieux merveilleux. » Plus tard il écrira qu’il ne s’était même pas donné la peine de se présenter.

Je pose la question : Mais où s’est-il donc entraîné pour croiser Marina Hands ? Parce que moi, ça ne m’est jamais arrivé. Je tiens la scène du film « Deux automnes trois hivers » comme étant le rêve absolu, dans laquelle les personnages de Vincent Macaigne et Maud Wyler se heurtent pendant une course et tombent amoureux, un peu à la Notting Hill. J’ai beau chercher, je n’ai vu personne… Ah si, Dominique Frot (pas Catherine, la soeur… et pour qui l’a vue dans « The Smell of Us » de Larry Clark »… bon voilà quoi… J’ai rien contre elle, mais bon… c’est pas Marina, quoi). Pis, même si je la croisais, Marina, je serais bien incapable de lui dire : « J’aime beaucoup ce que vous faites », sans parler de « Et j’aimerais faire des bébés avec vous. » Alors, oui, Rambert n’a pas dit qu’il était Rambert quand il l’a croisée, mais il savait qu’il était Rambert. Moi qui suis-je ?

Ah si pardon, j’ai déjà croisé Barbara Schultz à la piscine, y a plusieurs années. Bon, entre le bonnet, la marque des lunettes, le maillot et ma carrure et mes poils, pas vraiment le bon endroit… Bingo ! Un de mes fidèles lecteurs a créé un jeu : le Bingo d’Axel (ou jeu à boire). Dès que je parle de piscine, de poils, il boit. Ça fonctionne aussi avec certaines phrases : « comment dire ? » « je pose la question ». Le bingo royal, c’est quand je fais semblant d’écrire une autre histoire ayant un lien avec la pièce en question alors qu’en fait je bifurque sur une autre histoire, qui n’a rien à voir. BINGO ROYAL !

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Espaece (Aurélien Bory / Georges Pérec / Centquatre)

(quand on ne lit pas la bible)

Un spectacle sponsorisé par la Générale de la Roulette, fournisseur officiel des roulettes des décors de Simon Stone, aussi visible à une moindre échelle dans certaines productions de Alexis Michalik.

 

(de quoi ça parle en vrai)

Espèces d’espaces est le titre d’un essai de Georges Perec. Espèce et Espace sont aussi deux obsessions poétiques, philosophiques et scénographiques d’Aurélien Bory. Avec Espæce, mot-valise qui contracte les deux notions, le créateur polymorphe donne à voir les habitants lettrés d’une œuvre polysémique… En proie au jeu hasardeux d’un grand mur sur roulettes, cinq interprètes déploient des trésors de grammaires gestuelles. Rhétorique de l’enfermement, dynamique de l’échappée. D’aplatissement en contorsions, les comédiens, danseurs et acrobates rivalisent d’imagination avec la paroi mouvante. (site du 104)

 

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Crédits photos : Aglaé Bory, Christophe Raynaud de Lage (lui et/ou l’autre ?)

 

(ceci n’est pas une critique, mais…)

« Vivre, c’est passer d’un espace à un autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner »

Après Avignon en 2016 et sûrement d’autres endroits mais j’ai pas creusé la question, Aurélien Bory s’empare d’un des espaces du 104 pour y installer sa machine infernale. Il y a quelque chose de Kafka dans cette histoire avec ces cinq personnages enfermés dans cet espace protéiforme. Ce fameux grand mur est impressionnant et je suis époustouflé, comme dans un spectacle de magie, même si ça m’énerve, de le voir bouger avec l’aide quasi-invisible des régisseurs. Parler de Perec sans énoncer un seul mot. Un peu comme quand celui-ci écrit une histoire sans utiliser la lettre e. Impossible n’est pas français. Je pense qu’on pourrait demander à plusieurs spectateurs la petite histoire qu’ils se sont fait dans leur tête, nous obtiendrions à chaque fois une version différente. Car Espaece ouvre notre boite à imaginaire, aidé par les performances des interprètes, acrobate, contorsionniste, chanteuse lyrique, Olivier Martin Salvan qui est un effet spécial à lui tout seul, avec un solo hilarant, qui s’adaptent comme ils peuvent à ce fameux espace.

Il y a sûrement des références qui nous échappent, mais on tient là un très bel objet visuel non identifié.

 

vu le dimanche 10 décembre 2017 au Centquatre, Paris.

prix de la place : 15€ (abonnement)

 

ESPAECE

conception, scénographie et mise en scène : Aurélien Bory

interprétation : Guilhem Benoit, Mathieu Desseigne Ravel ou Nicolas Lourdelle, Katell Le Brenn ou Lise Pauton, Claire Lefilliâtre, Olivier Martin-Salvan

collaboration artistique : Taïcyr Fadel  – création lumière : Arno Veyrat – composition musicale : Joan Cambon – décor : Pierre Dequivre – automatismes : Coline Féral – costumes : Sylvie Marcucci, Manuela Agnesini – régie générale : Arno Veyrat – régie plateau : Thomas Dupeyron, Mickaël Godbille – régie lumière : Carole China – régie son : Stéphane Ley ou Bernard Lévéjac

jusqu’au 13 décembre 2017 au Centquatre (Paris) avec le Théâtre de la Ville

Et du 5 au 7 avril 2017 au Théâtre de Caen.

 

(une autre histoire)

Printemps 1991 : Finale départementale d’orthographe des Bouches du Rhône. J’en suis. Je suis arrivé deuxième. Déjà quand j’étais petit, à l’école primaire, j’étais deuxième. On m’appelait Poulidor. Les adultes m’appelaient comme ça, parce que nous autres enfants ne savions absolument pas qui était Poulidor. D’ailleurs, je suis persuadé que certains d’entre vous ne connaissent pas non plus cet ancien formidable coureur cycliste. On l’appelait Poupou… Oh purée ! Je m’en rends seulement compte maintenant. A l’école, on m’appelait Poupou. Aujourd’hui sur mon lieu de travail, on m’appelle aussi Poupou. En fait on m’appellait Poussin et c’est devenu Poupou. Pourquoi Poussin, je n’en sais rien. Poupou je fus, poupou je resterai. Toute ma vie. Même dans la rue, on m’appelle Poupou ! Ça craignait un peu quand j’étais plus jeune (ça craint toujours pour d’autres raisons) : « Hey, tu veux sortir avec Poupou ? Poupou ! Devant toi, là, tu le vois pas ? Mais oui, Poupou c’est son nom… En fait j’ai jamais su pourquoi on l’appelait comme ça, mais j’ai jamais demandé son vrai prénom. Je crois avoir entendu Alex… » Je préfère Poupou.

Je pense que si je n’étais pas arrivé deuxième de ce fameux concours d’orthographe, j’aurais brisé la mélédiction du poupou. La première du concours, elle était dans mon collège, je la connaissais. D’ailleurs je l’ai revue y a quelque temps, elle travaille dans l’édition, un chouette boulot. Si j’avais été premier, j’aurais aussi travaillé dans l’édition et on ne m’aurait plus appelé Poupou. Tout ça à cause d’une miniscule erreur : j’ai écrit espaece au lieu d’espèce.

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

Crowd (Vienne / Cooper / Nanterre Amandiers)

(quand on ne lit pas la bible)

Une fois n’est pas coutume, c’est mon voisin qui l’a très bien défini avant que le spectacle ne commence : Mais dans « Crowd », y a un seul comédien ?

 

(de quoi ça parle en vrai)

Surexposés sur fond noir, des corps brillent au cœur d’une nuit, comme figés par le flash d’un appareil photo. Quinze personnes participent à une fête improvisée, sur fond de musique électronique et techno. Pour Crowd, Dennis Cooper et Gisèle Vienne composent ensemble une partition chorégraphique et théâtrale où les histoires se croisent et se superposent, une narration sans paroles audibles qui vient déployer le paysage complexe de cette fête… (site des Amandiers)

 

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Crédits photos : Estelle Hanania

 

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Des boules quiès qui resteront dans la poche parce qu’on n’est pas dans un concert des Rolling Stones, une certaine odeur indescriptible (me suis demandé si c’était moi en sortant des toilettes), de la terre, c’est la fête… Noir, musique. Ce qui est appréciable c’est que la playlist figure dans le programme, c’est rarement le cas. Donc j’écris présentement ces quelques mots en écoutant Underground Resistance, mais avec mes boules quiès, car je suis vieux et qu’avec ma verveine et mes McVitie’s, c’est pas vraiment la musique que j’écoute pour écrire. Mais au moins, quand je m’ennuierai, je pourrai m’essayer à la chorégraphie virtuose de Gisèle Vienne qui montre les différents gestes que peuvent faire les gens qui dansent en ayant une télécommande à la main, le tout sans stroboscope (et ça c’est vachement fort). Une parfaite maîtrise des corps qui enchaînent ralenti, cut, accélération, bref rembobinage répété. Le groupe est là, exécute avec excellence les mouvements (ça c’est pour ne pas répéter « perfection »), des images qui collent à la rétine, même si parfois on aurait envie de sauter un ou deux chapitres (à la place, j’ai un peu piqué du nez, mais c’était dimanche après-midi, la digestion… oui, je suis capable de dormir même avec de la musique très forte). Le groupe est là, mais dans le ralenti, on voit un élement immobile, un changement de vitesse, tous les personnages ont leur histoire. On aimerait parfois que ça aille un peu plus loin, ça reste assez sage. Rien à voir : cette idée de l’auto-consumation est magnifique et rend à merveille.

Esthétiquement bluffant, c’est entêtant et je ne m’attendais pas à ça, connaissant seulement le travail de Gisèle Vienne par ses spectacles usant de la ventriloquie (Jerk et The Ventriloquists Convention).

 

vu le dimanche 10 décembre 2017 au théâtre Nanterre Amandiers.

prix de la place : 15,5€ (abonnement)

 

CROWD

Conception, chorégraphie et scénographie : Gisèle Vienne assistée de Anja Röttgerkamp & Nuria Guiu Sagarra

Dramaturgie : Gisèle Vienne, Dennis Cooper

Interprétation : Philip Berlin, Marine Chesnais, Kerstin Daley-Baradel, Sylvain Decloitre, Sophie Demeyer, Vincent Dupuy, Massimo Fusco, Rémi Hollant, Oskar Landström, Theo Livesey, Louise Perming, Katia Petrowick, Jonathan Schatz, Henrietta Wallberg et Tyra Wigg

Mixage, montage & sélection des musiques : Peter Rehberg

Conception de la diffusion du son : Stephen O’Malley – Ingénieur son : Adrien Michel – Lumière : Patrick Riou

Dramaturgie : Gisèle Vienne, Dennis Cooper

Dans le cadre du Festival d’Automne à Paris, jusqu’au 16 décembre 2017 au théâtre Nanterre Amandiers

et à la MC2: de Grenoble les 27 et 28 février 2018

 

(une autre histoire)

Non, je ne suis pas vieux. La dernière fois que je suis allé en boîte, c’était à mon arrivée à Paris, il y a treize ans et on fumait encore dans les lieux publics. D’accord, je suis vieux. Je trouve ça moche ces vêtements de jeunes, ça ressemble à rien. Je mets toujours les mêmes Docs qu’il y a vingt ans parce que c’est intemporel, voilà ! Mais ces survêtements, ces casquettes, c’est d’un ridicule… Moi aussi je portais des bermudas fluos mais j’avais douze ans ! Et ça rendait vachement bien avec mes t-shirts Waikiki achetés sur le marché de Bandol. Quand je vais dans la famille, on nous dit toujours : « Alors les jeunes ! » Bon, ok, après les gens se reprennent : « Oui, enfin plus si jeunes que ça ». Ben ouais, on sera toujours plus jeunes que les anciens. Oui, je serai toujours le plus jeune quand j’irai au Rond Point en matinée le dimanche. Et si j’aime les siestes, c’est que je suis insomniaque, c’est tout.

Non… je ne cogite pas du tout sur mon âge et sur le fait que je vais démarrer ma quarantième année dans quatre jours et que je suis à un an de la moitié de ma vie et que si je regarde derrière moi et ce que j’ai accompli et ce que je suis… Mais je vais pleurer ! Ma seule réussite, c’est de ne plus habiter chez mes parents : Champomy pour tout le monde !

Je suis celui qui dit à un jeune, un vrai : « Mais dis donc, tu peux me tutoyer, je ne suis pas si vieux ! », alors que je trouvais ça assez pathétique quand un vieux me le disait. Je suis celui qui recompte ses spermatozoïdes, en repensant à tous les petits bébés que j’ai tués dans du sopalin, sous la douche (liste non exhaustive) et qui sera bientôt trop vieux pour être un papa pas croulant. Je suis celui qui cherche des chambres d’hôtel avec petit déjeuner et salle de bains privative, parce que les auberges de jeunesse, j’ai déjà donné. De jeunesse… Je ne sais toujours pas pourquoi on ne met pas de physio devant les A.J. : « Désolé, je crois que ça ne va pas être possible, vous avez des poils blancs dans votre barbe. » J’avais rencontré un vieux, une fois, la soixantaine au fin fond de la Gaspésie qui disait : « Ben moi, j’ai pas vu de phoques et j’ai même pas fucké ! ». Phoques… fuck… Pathétique, soixante ans, en dortoir… Un jour, je serai ce vieux-là. Je serai assis sur mon fauteuil en plastique devant ma maison à la campagne, dans les Alpes de Haute-Provence, à raconter pour la quarante-douzième fois mon anecdote sur le vieux Gaspésien ou sur mes faits d’armes en 2001 dans le Off d’Avignon ou la mésaventure avec Julie Gayet… Quoi ? Je ne vous ai pas raconté mon histoire avec Julie Gayet ? Alors j’étais jeune, j’avais dix-sept ans…

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

La route chante : Hommage à Lhasa (Aurores Montréal / Philharmonie de Paris)

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Vingt ans déjà que le premier album de Lhasa « La Llorona » est sorti, près de huit années que Lhasa est partie.

Je suis toujours un peu perplexe face à ce genre de soirée, même si je fus un des premiers à prendre ma place en mars dernier à l’annonce de la nouvelle saison de la Philharmonie ; à l’aveugle, sans même connaître les artistes qui allaient y participer. J’ai lu Lhasa et Aurores Montréal (festival de qualité promouvant la musique québécoise), je n’ai pas hésité et j’ai bien fait puisque nombre d’artistes que j’affectionne étaient présents, dont certains avaient collaboré avec Lhasa.

C’est donc assis au milieu du deuxième rang que je m’apprête à écouter « La Llorona » dans son intégrité, comme l’indique Yves Desrosiers, un des premiers à avoir cru en Lhasa, puis un florilège de ses autres chansons. Quand je disais être perplexe, c’est que la voix, le timbre et l’intensité de l’interprétation de Lhasa sont tellement imprimés dans notre mémoire qu’il est difficile de passer après elle. Je mentirais si je disais que tous les interprètes qui se sont prêtés au jeu m’ont ému (dommage que certains n’aient pas appris par coeur les paroles des chansons : nous mettrons cela sur le compte de l’émotion), mais je dois dire que j’ai été particulièrement cueilli par les prestations du bouleversant Patrick Watson (un de ceux qui ne me déçoit jamais), de l’inimitable Arthur H (tous deux avaient travaillé avec Lhasa) (Watson et H ont d’ailleurs collaboré l’un avec l’autre, ceci ne peut être une coïncidence), de l’hypnotisante Sophie Hunger (les poils se hérissent à la seule pensée de son regard) et de la passionnante Safia Nolin (que j’ai enfin découvert après tout le bien que j’ai entendu d’elle), avec en point d’orgue ce moment magique et émouvant durant lequel la voix de Lhasa s’est superposée au son du oud de Anouar Brahem.

La soirée se clôture avec émotion avec la mère de Lhasa lisant des extraits d’un livre écrit par Lhasa « La route chante ». Le public se lèvera et saluera encore une fois la poésie et l’humanité de Lhasa.

le dimanche 3 décembre 2017 à la Philharmonie de Paris (salle des musiques)

prix de la place : 28,50€ (abonnement cat 1)

 

LA ROUTE CHANTE : hommage à Lhasa

avec Yves Desrosiers (direction musicale), Didier Dumontier (accordéon), Joe Grass (pedal steel), François Lalonde (batterie), Christelle Lassort (violon), Mario Légaré (contrebasse, basse), Barbara Leliepvre (violoncelle), Alexandra Karam (voix), Amparo Sanchez (chant), Anouar Brahem (oud), Arthur H (chant), Dom La Nena (voix, violoncelle), Emilie & Ogden (chant),  Freddy Koella (guitare), Luz Casal (chant), Patrick Watson (chant), Plants and Animals, Safia Nolin (chant), Sophie Hunger (chant), Souad Massi (chant), Jeanne Added, Camelia Jordana, L-Raphaele Lannadere, Sandra Nkaké (quatuor vocal, chant)

En partenariat avec le festival Aurores Montréal

 

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(une autre histoire)

Une semaine plus tard, je tiens entre mes mains l’album live de Lhasa à Reykjavik, son dernier concert. J’aurais tellement voulu l’avoir dans mes oreilles cette nuit du 21 juin où je me tenais sur mes deux pieds, tentant de maintenir mon équilibre sur le pont du bateau qui m’emmenait vers l’est de l’Islande pour fêter le solstice d’été. Sigur Ros a bien fait l’affaire, mais il n’empêche.

En retard sur tout. J’ai réellement commencé à écouter Lhasa après sa mort. J’avais récupéré tous les disques de ma soeur, mais ne m’étais pas encore attardé sur ceux de Lhasa. Comment aurais-je perçu sa musique de son vivant ? Et dire qu’elle a vécu deux ans et demi à Marseille… (je viens de là, de la planète Mars…)

(En retard sur tout : pour découvrir le travail de certains metteurs en scène, pour fumer des cigarettes qui font rire, des cigarettes tout court, pour embrasser, pour faire l’amour, pour arriver à mes rendez-vous, aux déjeuners dominicaux, pour rendre mes travaux, mes écrits, répondre à mes courriels… Thomas Bernhard disait quelque chose à propos du retard dans « Maîtres anciens », mais je ne m’en souviens plus. C’est pas bien grave.)

La première fois que j’ai entendu les chansons de Lhasa, les dernières qu’elle a chantées, il faisait froid, ma casquette ne suffisait pas à couvrir ma tête et me protéger du vent glacial de décembre, les cygnes faisaient la course sur le canal de l’Ourcq, j’avais dans ma besace deux pièces québécoises (d’Annick Lefèvbre et de Carole Fréchette), je me dirigeais vers un des cinémas du quartier pour voir le dernier Guédiguian et me souvenir de Marseille et de sa lumière d’hiver. J’ai reçu aussi un SMS. (…)

Comme une envie de prendre le large. Retourner entre les Îles Féroé et l’Islande, pourquoi pas ? Avec la bande originale de ma vie (et un peu de Lhasa à l’intérieur) dans les oreilles.

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

Maîtres Anciens – Comédie (Thomas Bernhard / Nicolas Bouchaud / Théâtre de la Bastille)

(quand on ne lit pas la bible)

Pièce de science fiction comique dans laquelle des enseignants sont réveillés après avoir été cryogénisés pendant cent ans. Leur objectif : Sauver la grammaire française. Une pièce au même ADN que le film de Mike Judge « Idiocracy ».

(de quoi ça parle en vrai)

Sous-titré « Comédie » – car ce grand maître de la férocité qu’est Bernhard est aussi prodigieusement drôle – Maîtres anciens se déroule intégralement au Musée d’histoire de l’art de Vienne où le vieux Reger, critique musical, a donné rendez-vous à Atzbacher pour un motif qu’on ne découvrira qu’à la toute fin. Atzbacher est là, en avance, et observe Reger à la dérobée. Dans cette attente d’un rendez-vous, viennent se nicher réflexions, supputations, spéculations de l’un sur l’autre. Sous la forme d’un discours indirect, sans chapitre, sans retour à la ligne, sans même de point, le texte piétine, répète, ressasse et passe sans transition d’un sujet à un autre : sont convoqués pêle-mêle Heidegger, le deuil, l’art, l’héritage, la filiation. (site du théâtre de la Bastille)

 

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Crédits photos : Jean-Louis Fernandez

 

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Oui, je suis un inconditionnel de Nicolas Bouchaud en solo comme en équipe. J’étais quelque peu circonspect devant son choix d’adapter pour la scène un roman de Thomas Bernhard, qui n’est pas mon auteur préféré : j’ai un souvenir pénible de celui-ci avec la pièce « La société de chasse » (que je n’ai d’ailleurs jamais vue adaptée, ça doit être un signe), sur laquelle j’avais travaillé dans une autre vie avec une metteure en scène qui me fit passer l’envie de faire du théâtre pendant deux ans. Bref… Je passai l’heure et demie de la représentation à regretter de ne pas avoir pris mon carnet noir pour noter les nombreuses pensées de Thomas Bernhard que Nicolas Bouchaud a si bien transmises à nous autres spectateurs. (note pour plus tard : prendre une leçon d’écriture inclusive car je ne sais point où placer le point)

Le processus est toujours le même : Nicolas Bouchaud s’adresse directement au public, lui demande parfois sa participation, sans le mettre mal à l’aise et cela fonctionne toujours (ou presque : son adaptation de Paul Celan « Le Méridien » m’avait moins emballé à cause du texte pas évident du tout).

Et là où j’ai été surpris en tant que non-spécialiste de Thomas Bernhard, c’est qu’hormis la critique de la société autrichienne dont il est, lui, le spécialiste, Bernhard, par l’intermédiaire de Bouchaud, parvient à nous émouvoir quant à la véritable raison de la présence du vieux Reger dans ce musée d’histoire de l’art.

Nicolas Bouchaud est un conteur exceptionnel qui, à l’aide de ses partenaires Eric Didry et Véronique Timsit, parvient à nous passionner et à nous donner envie de lire/voir, etc. tout ce qu’ils touchent.

 

MAÎTRES ANCIENS – COMÉDIE

Un projet de et avec Nicolas Bouchaud

Texte Thomas Bernhard

Adaptation Nicolas Bouchaud, Éric Didry et Véronique Timsit – Mise en scène Éric Didry – Collaboration artistique Véronique Timsit – Scénographie Élise Capdenat et Pia de Compiègne – Lumières Philippe Berthomé – Son Manuel Coursin – Régie générale Ronan Cahoreau-Gallier – Traduction française de Gilberte Lambrichs

Jusqu’au 22 décembre 2017 dans le cadre du Festival d’Automne au théâtre de la Bastille (Paris)

et les 16 et 17 janvier 2018 au théâtre de Chelles ainsi que du 15 au 17 février 2018 au théâtre Garonne (Toulouse)

 

(une autre histoire)

Non, mais tu comprends, je vais pas voir l’expo Moma à la fondation Louis Vuitton. Déjà c’est trop loin de chez moi. Je suis désolé, je ne vais pas me taper plus d’une heure de métro pour aller là-bas. Si c’est pour voyager loin, autant aller au vrai Moma à New York. Oh, suis-je bête, j’y suis déjà allé. Oui le vrai Moma. Regarde, j’ai ce carnet Moleskine siglé Moma. J’y ai inscrit mes poèmes les plus inspirés, que je ne peux pas te lire, non, ça remue trop de souvenirs. Non, tu n’as pas le droit de regarder à l’intérieur, n’enlève pas l’élastique, arrête ! Non mais c’est vrai quoi, respecte un peu la vie privée, je te prie.

Puis y a trop de monde dans ces expos. Tu peux pas profiter. Tout le monde veut y aller, de la confiture pour les cochons. J’avais ce rêve, quand y avait l’expo Hopper au Grand Palais : voir ses toiles de nuit. J’avais pris un de ces fameux tickets à 1h du matin. Trop de monde. On piétine, on apprécie pas et tout était sur-éclairé. Déception. Je suis rentré chez moi. Pas à pied, c’est trop loin de chez moi. En Uber. J’ai honte, mais c’est tellement pratique. Arrivé à la maison, un suppo et au lit. Je dors pas assez. 6h30 plus tard, j’étais réveillé j’ai cette manie de regarder mon téléphone et après impossible de me rendormir.

Tu vois, je pourrais aimer aller au théâtre à 19h, comme pour le Bouchaud. À 20h30 tu es sorti, tu rentres chez toi, tu commandes chez UberEat. J’ai honte, mais c’est tellement pratique. Le Libanais en bas de chez moi est exquis, mais je suis tellement mieux chez moi à écouter NPR. 22h je suis couché. Je pensais rattraper mon sommeil en retard, j’étais réveillé à 5h. Impossible de me rendormir. J’ai repensé à Johnny… Y a pas à dire, sa période Berger Goldman, c’est la meilleure. En attendant que mon réveil ne me réveille pas, j’ai regardé son concert de Johnny au Parc des Princes en 1993 en replay. Je ne vais jamais au stade, trop loin de chez moi. Et ce monde…

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

vu le mercredi 6 décembre 2017 au théâtre de la Bastille

Prix de la place : 13€ / mois (Pass Bastille)

 

Adieu Ferdinand ! (Philippe Caubère / Athénée Louis Jouvet)

(quand on ne lit pas la bible)

Le taureau Ferdinand tire sa révérence, malheureux qu’une pauvre poupée gonflable lui ait piqué le rôle dans « Jusque dans vos bras » par les Chiens de Navarre.

 

(de quoi ça parle en vrai)

Quoi ? Ferdinand Faure ? Des adieux ? Pour de vrai ? « Il fallait bien que ça arrive… écrit Philippe Caubère.  D’aucuns penseront : « Il était temps ! » Voire : « C’est un peu tard… » Peu importe : c’est là. » Ferdinand Faure tire sa révérence, raccroche les gants, rend son tablier. En 1e partie : La Baleine (ou Moby Dick) sera le récit burlesque de la première trahison sexuelle de Clémence par Ferdinand au Théâtre du Soleil, pendant la création de L’Âge d’or. Dans Le Camp naturiste, Clémence entraînera Ferdinand au camp de Montalivet dans l’idée de lui faire oublier le cauchemar de son divorce avec le Théâtre du Soleil, ainsi que celui de la création de Lorenzaccio au Palais des Papes en compagnie d’une troupe de Belges. En 2e partie : Le Casino de Namur (les Pétrieux) fera se retrouver Bruno, pilier du Roman d’un Acteur, et Ferdinand, quelques temps plus tard, en plein marasme et hiver belges. De la voiture pourrie de Bruno, jusqu’à ce casino qui fait le titre (site du théâtre)

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Crédits photos : Michèle Laurent

(ceci n’est pas une critique, mais…)

À la fin de la deuxième partie d’ « Adieu Ferdinand ! » , je me suis posé la question suivante : serais-je passé à côté de la première partie ? Parce que dimanche dernier, j’étais colère contre Philippe Caubère. Pourtant ce jour-là, j’avais bien dormi, bien mangé, j’étais plutôt de bonne humeur, et surtout je n’avais aucun a priori négatif concernant le spectacle, puisque j’ai toujours apprécié les spectacles de Caubère. Non, après réflexion et surtout après cette dernière partie : j’avais bien vu ce que j’avais vu. La première partie du dernier chapitre de l’histoire de Ferdinand était loin d’être bonne, s’étirait en longueurs, sans rythme et même vulgaire, splitch splatch splotch.

C’est donc à reculons (et un peu fatigué par la soirée de la veille ainsi que par une journée de labeur irritante) que je suis allé voir la deuxième partie du dernier chapitre qui était également la première des représentations, vous me suivez ? Et là, j’ai retrouvé un Philippe Caubère comme je l’avais aimé la première fois que je l’ai vu, d’une drôlerie, d’une malice… avec un rythme endiablé, dépeignant des personnages savoureux. Les histoires en elles-mêmes étaient tout autant anecdotiques, mais le traitement était différent et passionnant, comme si Caubère avait pris plus de plaisir à nous les raconter ce soir-là. Je parlais de vulgarité un peu plus haut, il y en a également dans cette deuxième partie, cependant cette vulgarité, je ne l’ai pas trouvée vulgaire, si je puis dire.

Tout est question d’énergie, d’envie, de plaisir. Dommage de ne pas retrouver cela dans la première partie, mais comme ces histoires sont nées d’improvisations, nul doute que Philippe Caubère ne présentera pas le même spectacle demain, après-demain, ni le mois prochain. Demain est un autre jour. Chaque représentation est unique, etc.

 

vu le dimanche 3 décembre 2017 (1e partie) et le mardi 5 décembre 2017 (2e partie) au théâtre Athéenée – Louis Jouvet (Paris)

prix de la place : 2 x 20 € (pass 2 soirées pour le lancement en cat 2)

 

ADIEU FERDINAND ! (La Baleine & Le Camp naturiste + Le Casino de Namur (les Pétrieux))

trois contes écrits, mis en scène et joués par Philippe Caubère, après avoir été improvisés 34 ans plus tôt devant la caméra de Pascal Caubère

et les regards de Clémence Massart et Véronique Coquet

assistant à l’écriture Roger Goffinet – lumière Claire Charliot – son Mathieu Faedda

à l’Athénée Louis Jouvet jusqu’au 14 janvier 2018

 

(une autre histoire)

Troisième année à Paris. C’est l’automne. Je n’ai pas repris le théâtre et je ne vais pas au théâtre. Parce que je vais aux concerts. Parce que je ne sais pas où ni quoi.

Dans le métro. Je viens de passer la soirée avec un copain de collège. Ligne 9. J’ai pas mal bu. Elle entre dans le wagon. Elle, c’est une actrice. Du genre terriblement belle. A mon goût en tout cas. Pas vraiment connue. Elle a joué dans le premier film de Xavier Giannoli. Pas la fille de Johnny, l’autre. D’habitude, je ne fais que regarder, mais cette fois-ci, non. Je me souviens qu’une copine de l’école où j’ai fait mes études un an auparavant la connaissait, elle m’en avait parlé. Je dis à mon pote : « Excuse-moi, je crois que je vais… » Je l’aborde : « Vous êtes comédienne ? Vous vous appelez Marie, c’est ça ? » Elle se demande si c’est du lard ou du cochon. Je la rassure : « Je suis un ami de Chloé. Elle m’a parlé de vous. » Elle est rassurée et me dit : « Vous faites le même métier qu’elle ? C’est beau. En fait, je suis plus une amie de sa soeur. Mais je me souviens de la dernière soirée, oui. » Le contact est établi. Mon ami descend à la station suivante, je lui dis à peine au revoir, ingrat que je suis. On parle de mon métier, de la difficulté de celui-ci. Je ne veux pas en parler. On commence à parler cinéma et surtout théâtre. Je lui dis que j’en ai fait à Marseille, que je n’y vais pas vraiment depuis que je suis à Paris.

Elle : Je sors d’une pièce qui s’appelle « Le cabaret des hommes perdus ». Tu connais ? Non ? C’est au Rond Point. Mais si je puis te conseiller un spectacle, c’est un de ceux que présente Philippe Caubère. Tu connais ? Il a travaillé avec Ariane Mnouchkine. Il en parle d’ailleurs dans ses spectacles. Il les a écrits à partir d’improvisations. Ça peut durer deux heures comme quatre. Il est excellent. Tout seul, sur scène. Tu n’as d’yeux que pour lui. Vraiment, faut que tu y ailles. Je descends, là. Toi aussi. La ligne 3 ? Moi je sors, là. Ça a été un plaisir de discuter avec toi, Axel. Au plaisir…

Je ne me souviens même plus si on s’est fait la bise ou seulement salué. Depuis je ne l’ai plus revue autrement qu’au cinéma, au théâtre ou à la télévision. Ça m’a fait du bien de la rencontrer. Genre de rencontres impromptues, uniques, brèves, sans conséquence.

En rentrant chez moi, j’ai suivi son conseil : j’ai pris un billet pour un des spectacles de Philippe Caubère. Je l’ai vu, puis j’ai enchainé avec ses autres monologues. Inconditionnel je suis devenu, au point d’avoir la prétention de faire comme lui. Se raconter à travers un personnage. Mon rêve.

Parfois je me dis que je devrais écrire à Marie. Quand j’ai écrit et monté ma première (et unique) pièce (pour l’instant), j’avais eu envie de lui dire mais je ne l’ai pas fait, je ne sais pas pourquoi.

 » C’est un peu à cause de toi, tout ça. Aussi à cause de l’ami qui m’a poussé à écrire pour le théâtre, mais c’est toi qui m’as incité à voir Caubère, c’est toi qui m’as remis un pied dans les théâtres, au point de ne plus pouvoir m’en passer et d’en faire parfois trop. L’écriture, le jeu, le théâtre, tout ça est lié. Je sais que tu joues au théâtre de l’Atelier au printemps prochain « King Kong Théorie ». Je viendrai te voir. Et qui sait ? »

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

Hors série : Gladparty

CECI N’EST PAS DU TOUT UN TEXTE AUTO-CENTRÉ SUR MOI-MÊME.

Je lis que plus de 100 personnes seront présentes à cette soirée réunissant des passionnés de théâtre (spectateurs, blogueurs, professionnels…). Parfois (rarement), je suis impulsif (comme quand j’ai pris cet aller retour Paris Montreal après un rendez-vous avec ma banquière durant lequel elle me conseilla d’arrêter les frais (sorties et voyages) si je voulais acheter un bien immobilier, comme on dit) : je m’inscris, je participe au pot pour les miam miam et les glou glou (me voilà qui fait comme Philippe Caubère, à ne parler que par onomatopées). Comme je suis radin, me voilà beau. Je ne peux reculer. Je me vois obligé d’y aller.

Je suis celui qui, peu à peu, devient misanthrope (Cioran, sors de ce corps!). Je suis celui qui n’ose aller vers les gens qu’il ne connait pas (je suis timide mais je me soigne de moins en moins). Nous sommes des avatars, des noms de blogs, des noms de code. Qui sommes-nous ?

En sortant du métro, on voit la Tour Eiffel qui fait toujours son petit effet. Je me rends compte que je n’ai jamais assisté à son extinction. 3, 2, 1, comme Hippo dans le Monde sans pitié d’Eric Rochant. C’est un film.

A l’accueil, on me dit que c’est au troisième étage, sans ascenseur. Les doigts dans le nez, j’habite au sixième. Je débute mon ascension. Mazette, je suis à quel étage ? Rien n’est indiqué ? Je monte puis on verra. Des affiches, récentes et anciennes. Ce sont les plus anciennes qui m’intéressent, comme celle d’un spectacle avec Guy Bedos (le premier artiste que j’ai vu sur scène avec les parents) et Sophie Daumier. Je monte, je monte, je monte, je monte. Pas du tout essoufflé. Je suis tout en haut. Personne. Je redescends. Ah, des gens. Les gouttes de sueur font leur entrée sur mon front et mon échine. Je place mon manteau au porte-manteau, on m’explique la marche à suivre. Je dois écrire mon prénom sur un autocollant puis le coller quelque part sur mon pull en cachemire. Je l’écris comment mon prénom ? Je sais comment ça s’épelle, c’est mon métier. Je veux dire… parce qu’il y a écrit en gros « Gladparty ». J’ai le droit d’écrire mon prénom dessus ? Oui ? Non ? Je vais écrire en petit… Axel… et aussi le nom du blog que je commets, en petit également.

L’instigatrice de cette rencontre au sommet m’accueille, comme elle le fera avec chacun d’entre nous. « Je me présente, je m’appelle Axel. » « Tu es Axel Ito ? », répond-elle. J’avais oublié que c’était mon nom sur Twitter. Un autre convive me demandera plus tard si je travaille dans les finances, parce que le lemme d’Itō, ou encore formule d’Itō est l’un des principaux résultats de la théorie du calcul stochastique. Ce lemme offre un moyen de manipuler le mouvement brownien ou les solutions d’équations différentielles stochastiques. Vous suivez toujours ? J’avais une amie que j’appelais Amelita et elle m’appelait Axelito et c’est resté. C’est tout.

J’entre dans les lieux et là… des gens. Un buffet. Et des gens. Et le buffet. Le buffet d’abord. Premier verre de vin rouge. Je tente de me souvenir de ma première dégustation oenologique d’il y a quinze jours, mais avec un gobelet, c’est pas simple. Tout le monde discute. Je bois et je reste seul. Je bois. Un peu trop vite. Toujours. Je me cherche une contenance, insouciante, si possible. Je suis dans un mariage où je ne connais personne. Je suis à la table des enfants. Ou pire des enseignants. Non. Je divague. Je m’appuie nonchalamment contre le mur, pose mon coude sur une table haute, mon coude glisse. Heureusement je ne fais tomber aucune goutte de mon précieux liquide. Je sens quelqu’un me dévisager, me retourne, mais c’est bien moi qu’on fixe, puis la personne porte son regard sur mon pull. Mince, j’ai pas évité la tâche de vin : je vais devoir garder mon manteau toute la soirée sur le dos pour cacher cette tâche que je ne saurais voir. Je vais avoir chaud, je vais transpirer, je vais cocotter, une bulle de protection en plastique sera mise autour de moi. Ah non, mon pull est intact. Elle lit seulement ce que j’ai écrit sur mon étiquette. Elle me « reconnaît ». Elle se présente. Je la « reconnais ». Ici, quand c’est la première fois, tu connais les gens sans les connaître. Tu connais leurs écrits, leurs commentaires sur tout et sur rien, mais tu ne les (re)connais pas eux. Ou parfois si, parce que tu les as vus en vidéo sur Youtube ou en photo sur Twitter, mais c’est pas pour ça que tu vas leur parler. Quand je ne connais pas, je ne sais pas quoi dire.

Je reconnais une autre personne que je connais via Instagram… ou Twitter… Je ne sais plus… C’est elle qui a commencé à me suivre ? Ou moi ? Pour quelle raison ? Depuis combien de temps ? L’oeuf ou la poule ? Je savais qu’elle viendrait, elle savait que je viendrais, on s’en était parlé. On discute, de cinéma, de théâtre, de la soirée, etc.

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On fait une courte visite du théâtre, agrémentée d’anecdotes passionnantes contées par notre guide (je ne me souviens plus de son prénom. J’ai un problème avec les prénoms, de plus en plus). Personne dans le public. Tu t’es déjà retrouvé tout seul dans un théâtre, au moins cinq minutes ? Personne dans la salle, personne sur le plateau ? Dix minutes où tu peux faire exactement ce que tu veux. Je te le conseille.

Je tente une approche. J’essaie de lire l’étiquette d’une participante. Je n’arrive pas à bien lire. Plissement des yeux. Je crois que je passe trop de temps devant l’ordinateur. Ou bien est-ce le mélange vin blanc vin rouge muscat (j’aurais bien voulu champagne, mais ce fut muscat). Elle me regarde bizarrement. « Non, mais non, je ne regarde pas ta poitrine, pas du tout, j’essaie de lire ton étiquette, mais j’arrive pas à déchiffrer. Non, je ne me permettrais pas… Je suis pas comme ça. Et si je le fais, oui, ok, ça m’arrive, ben je le ferais pas comme ça en tout cas, je serais plus discret. T’as un radar qui te dit quand on te mate ou pas, c’est ça ? J’ai vu un film où ils en parlaient (je ne me souviens plus du film, j’ai un problème avec les titres, de plus en plus). » Ce dialogue, qui n’en est pas un, se fait dans ma tête. Oui, je suis plusieurs. J’aime Fernando Pessoa.

« NON NON NON PAS D’INSECTES DANS MA TÊTE… »

Y a même un concours pour gagner des places à la Comédie-Studio des Champs Élysées. Je n’ai pas gagné. Tant pis, je n’irai pas voir le spectacle d’un mentaliste (de toute façon, j’ai jamais regardé la série) ni même la nouvelle pièce de Florian Zeller (j’attends la prochaine, « Le tonton » : blague déjà vue avec un brin de mauvaise foi… je n’ai vu aucune de ses pièces.)

Je ne gagne pas cette fois-ci. Mais lors de la prochaine soirée, je reviendrai et je gagnerai. Ou pas. Mais je reviendrai. Avec un autocollant de ma fabrication et j’écrirai en gros mon prénom : Mince, comment je m’appelle déjà ? J’ai un problème avec les prénoms, de plus en plus.

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

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Jusque dans vos bras (Les Chiens de Navarre / Bouffes du Nord)

(quand on ne lit pas la bible)

Qui était Rouget de Lisle ? Comment lui sont venues les paroles de la Marseillaise ? Tout a commencé lorsqu’il est tombé amoureux d’une habitante de Marseille qui a repoussé ses avances, d’où les paroles ensanglantées…

 

(de quoi ça parle en vrai)

Recherche désespérément identité française. Quelle est donc cette fameuse identité française qui fait tant débat de nos jours et qui pourrait nous amener, dans nos visions les plus sombres, à une guerre civile ? Pour leur prochain spectacle, les Chiens de Navarre mèneront une psychanalyse électrochoc de la France en convoquant quelques figures de notre Histoire et de notre actualité. De Gaulle, Robespierre et Obélix, arriveront-ils à se croiser dans un hammam ce dimanche après-midi-là pour siroter un thé à la menthe et ripailler sur les piliers de l’identité française ? On doit croire en quoi quand on se croit français ? L’identité et ses quarante penseurs (même à dix sur scène) pour décortiquer cette phrase « un Français, c’est juste un type comme toi et moi ». Avec un énorme bloc de glace au-dessus de nos têtes pour cette nouvelle expérience scénique de la bande. (Jean-Christophe Meurisse)

 

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Crédits photos : Loll Willems

 

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Commençons par une anecdote : les spectateurs s’installent. Quelques rangs devant moi, en catégorie 1 (je suis en orchestre, mais catégorie 2, près de la régie), une famille. Jean-Christophe Meurisse, le metteur en scène, vient les prévenir qu’il pourrait y avoir des images choquantes pour des enfants (ici une petite fille/jeune adolescente de douze ans) : de la nudité, des gros mots, du sang, etc, les Chiens de Navarre quoi. Les parents paraissent conscients de ce qu’ils emmènent voir à leur fille. Meurisse leur répond qu’il a aussi des enfants de cet âge-là, qu’il est dans son rôle de metteur en scène, qu’il sur-protège peut-être ces jeunes spectateurs, car oui le nouveau spectacle des Chiens de Navarre est peut-être moins sexuellement graphique, mais il n’en dit pas moins.

Il était évident que ces Chiens (de France et) de Navarre en arriveraient à évoquer cette fameuse identité et ce spectacle, comme tous d’ailleurs, démarre avec un Bang ! Je fais une généralité, mais entre le Christ qui interpelle le public du haut de sa croix dans les Armoires Normandes et cette fois-ci un enterrement avec cette famille et ses amis, déchirés par le chagrin et qui s’entre-déchirent au son des Beatles (All you need is love… qui démarre, tiens donc, par les premières mesures de la Marseillaise), on entre de plein fouet dans le vif du sujet. Tout ça pour dire que Jean-Christophe Meurisse sait y faire avec les images en employant une scénographie simple mais « de toute beauté » (du gazon partout, un réverbère…) et sait utiliser l’espace (celui des Bouffes du Nord) comme personne. Et qu’on rit énormément pendant presque tout le spectacle, cela se délite quelque peu sur la fin, ceci est mon petit bémol.

Il faut les voir représenter De Gaulle par un comédien algérien de 2m43 (dommage qu’il ne soit pas plus employé dans le spectacle), sauver des migrants sur le générique d’Intervilles, faire parler le dernier militant du PS, gentiment bousculer le public de catégorie 1 et autres invités, etc. car oui, nos Chiens de Navarre préférés (Céline Fuhrer toujours là !) osent toujours tout et n’épargnent vraiment personne.

 

vu le samedi 2 décembre 2017 aux Bouffes du Nord (Paris)

prix de la place : 20€ (abonnement Cat 2… oui, je fais partie des crevards qui n’ont pas voulu ajouter quelques euros pour passer en cat 1)

 

JUSQUE DANS VOS BRAS

Mise en scène Jean-Christophe Meurisse

Avec Caroline Binder, Céline Fuhrer, Matthias Jacquin, Charlotte Laemmel, Athaya Mokonzi, Cédric Moreau, Pascal Sangla, Alexandre Steiger, Brahim Takioullah, Maxence Tual et Adèle Zouane

Collaboration artistique Amélie Philippe – Régie générale et création lumière Stéphane Lebaleur – Création et régie son Isabelle Fuchs – Régie son Jean-François Thomelin – Régie plateau Flavien Renaudon  – Décors François Gauthier-­Lafaye  – Création costumes Elisabeth Cerqueira

En tournée (liste non exhaustive) : du 10 au 13 janvier 2018 au théâtre Sorano – Jules Julien (Toulouse), du 6 au 10 février 2018 au théâtre du Gymnase (Marseille), du 24 au 29 avril 2018 à la MC93 (Bobigny)

 

(une autre histoire)

Un jour j’avais écrit sur un des spectacles des Chiens de Navarre. De mémoire (parce que le texte en question s’est perdu à tout jamais dans la stratosphère des disques durs tombés et brisés), j’admirais cette propension à se foutre à poil. (moins visible dans le spectacle du soir… un petit kiki de rien du tout… je veux dire, il n’était pas petit son kiki, mais y en avait qu’un, quoi !)

Bizarrement, j’ai moins de difficultés à m’épancher sur ma vie affective, ma solitude moderne, ma tristesse contemporaine, de foutre mes entrailles sur la table que de mettre mes couilles sur cette même table. Purée, mais j’y mange sur cette table. Enlève ce testicule que je ne saurais voir.

Pour un spectacle, on m’avait demandé de me mettre torse nu et en slip. J’ai négocié et obtenu le t-shirt blanc et le caleçon (avec le slip dessous, savait-on jamais). Je ne suis absolument pas complexé (silence) Pourtant j’aime bien me balader tout nu chez moi. Oui, je balance cette information, l’air de rien. Je me demande toujours si mes rideaux sont bien occultants. Pourtant je continue à me balader tout nu. Même l’hiver. Comme je suis un peu radin (cf la catégorie de la place prise ce soir), je ne mets pas le chauffage à fond les ballons, je suis à l’électrique, la facture monte très vite. Bon, comme il fait froid, y a plus grand chose à voir en-dessous de la ceinture. Mais je ne le fais pas pour ma voisine, je le fais pour moi ! Et un peu pour ma voisine. Je lui ai d’ailleurs offert des jumelles pour l’occasion. Est-ce que quelqu’un peut lui dire d’arrêter de claquer la porte à 7h15 tous les matins ? Merci. Un jour, à cette heure bien précise, j’ouvrirai ma porte, vêtu de mes poils et seulement de mes poils. On verra sa réaction. Je rentrerai mon ventre, gonflerai le torse. (note pour plus tard, faire trois pompes, c’est mon record, avant cela), me serai tout de même brossé les dents, lèverai mon sourcil droit. Elle porte toujours des talons. Je les entends résonner jusqu’au premier étage (je vis au sixième sans ascenseur). Je regarderai ses talons et je sentirai un léger frémissement au niveau de l’entrejambes. « J’ai froid, on se réchauffe ? », lui lancerai-je.

Quelques instants plus tard, j’entendrai des bottes résonner dans la cage d’escalier, ce seront les policiers venus m’arrêter. Ils me regarderont de pied en cap et me diront : « Ah oui quand même. »

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

Mélancolie(s) (Collectif In Vitro / Théâtre de la Bastille)

(quand on ne lit pas la bible)

Une pièce qui ne sait pas trop où elle va. Elle hésite. Une… deux… trois mélancolies… Elle veut donner sa chance à toutes les mélancolies, que tous ses personnages aient la possibilité d’avoir la leur. Car ma mélancolie n’est pas forcément la même que la tienne.

 

(de quoi ça parle en vrai)

Dans Mélancolie(s), un peu des Trois Sœurs et beaucoup d’Ivanov ont été « fusionnés » par Julie Deliquet, puis repris, improvisés par huit comédiens du Collectif In Vitro, avec cet impératif original : tous les mots sont de Tchekhov, ou presque ! (site du théâtre de la Bastille)

 

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Crédits photos : Simon Gosselin

 

(ceci n’est pas une critique, mais…)

J’avais beaucoup entendu parler du Vania de Julie Deliquet avec des acteurs de la Comédie Française et que j’avais malheureusement raté. C’est pourquoi j’étais curieux de découvrir son travail, toujours avec Tchekhov, mais avec des acteurs du collectif In Vitro dont elle fait partie.

Malheureusement je n’ai pas été convaincu par cette tentative de mash up des Trois Soeurs et d’Ivanov. Pourtant j’étais bien entré dans la pièce, notamment grâce à la justesse de Julie André (Olympe) et à la malice de Aleksandra de Cizancourt (Natacha), même si on peut s’interroger sur l’utilité du petit film vidéo en introduction, qui nous présente les personnages de Nicolas et Anna ou la chronique d’une mort annoncée (de leur relation ?). Je parvenais même à (plus ou moins) oublier l’adaptation des « Trois Soeurs » de Simon Stone vue la semaine précédente, qui m’avait plus qu’enthousiasmé, mais bien différente de celle qui se déroulait sous nos yeux, plutôt intéressante. Pourtant quelque chose s’est cassé au passage du chapitre deux. Est-ce le jeu de Eric Charon ou son personnage de Nicolas/Ivanov qui m’a exaspéré alors qu’il prenait de plus en plus d’importance ? Sont-ce les longueurs de cette deuxième partie qui m’ont plongé dans un ennui à peine gommé par la dernière partie ?

Je crois qu’en fait, j’ai été plus ému… c’est peut-être pas le bon mot… questionné… pas le bon mot non plus… remué par une phrase dans le programme que par le spectacle tout entier : « J’aime l’idée que ce sont des êtres au milieu de leur vie qui se sentent déjà vieux. »

 

vu le vendredi 1e décembre 2017 au Théâtre de la Bastille (Paris)

prix de la place : 13€ / mois (pass annuel)

 

MÉLANCOLIE(S)

Avec Julie André, Gwendal Anglade, Éric Charon, Aleksandra De Cizancourt, Olivier Faliez, Magaly Godenaire, Agnès Ramy et David Seigneur

Création et adaptation collective à partir des Trois Sœurs et d’Ivanov de Anton Tchekhov

Mise en scène de Julie Deliquet/Collectif In Vitro

Collaboration artistique Pascale Fournier – Scénographie Julie Deliquet, Pascale Fournier et Laura Sueur – Lumières Jean-Pierre Michel et Laura Sueur – Costumes Julie Scolbetzine – Musique Mathieu Boccaren – Films Pascale Fournier – Régie générale Laura Sueur

Production Collectif In Vitro

Jusqu’au 12 janvier 2018 au théâtre de la Bastille (Paris), le 10 février 2018 à la Scène Watteau (Nogent sur Marne), les 4 et 5 avril 2018 au théâtre Joliette Minoterie (Marseille), etc.

dans le cadre du Festival d’Automne à Paris.

 

(une autre histoire)

Quand on repense à nos amours passées, ça s’appelle la mélancolie ? La différence avec la nostalgie, c’est quoi ? Je ne me souviens jamais. Comme pour les mots « regret » et « remord ». C’est quoi ton remède à la mélancolie ? J’ai beau essayer d’aller de l’avant, de regarder droit devant, je n’y arrive pas. Je n’ai pas l’impression de faire du surplace, pourtant, non, je chemine à hue et à dia, à mon rythme. Il n’empêche, j’ai ces putains de rétroviseurs. Quand j’avais vingt ans, je conduisais une Citroën Visa, avec le starter qu’on tire pour mieux la faire démarrer. Elle avait un rétro intérieur, normal, et un autre extérieur, côté conducteur. Mais pas côté passager. Je tournais alors souvent la tête, pour l’angle mort. Un peu comme quand je skiais, voir ce qui arrivait en amont, quand je négociais mon virage. Je disais quoi, déjà ? Je ne peux m’empêcher de regarder derrière moi. Je ne sais pas si c’est la quarantaine qui approche à grands pas, que je me retrouve pratiquement en haut de ce grand toboggan : je monte, je monte, je monte, je regarde en bas pour voir tout le chemin effectué, mais une fois en haut, il faut bien redescendre, en glissant. Et quand on glisse, ça va plus vite. On a beau s’agripper aux parois… déjà, ça couine, ça crisse, ça donne des frissons dans le dos, mais on descend quand même.

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

À quelle sauce ? (Hiver 17/18)

L’AUTOMNE SE TERMINE ET L’HIVER APPROCHE… APRÈS UN MOIS DE DÉCEMBRE ENCORE BIEN CHARGÉ ET LA FIN DU FESTIVAL D’AUTOMNE, L’ANNÉE 2018 SERA  D’APPARENCE PLUS CALME. SI JAMAIS LE PÈRE NOËL EST GÉNÉREUX, PEUT-ÊTRE QUE DE NOUVEAUX SPECTACLES VIENDRONT REMPLIR MES CHAUSSONS…

 

DÉCEMBRE

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Bacchantes – crédit photo : Filipe Fereira
  • Mélancolie(s) (théâtre de la bastille) – Julie Deliquet : Mes mouchoirs sont prêts ou l’occasion d’enfin découvrir le travail de Julie Deliquet, moi qui me mords les doigts de ne pas avoir pu voir Vania à la Comédie Française. (du 29 novembre au 12 janvier) ✓
  • Jusque dans nos bras (bouffes du nord) – Les Chiens de Navarre : J’assisterai à la dernière aux Bouffes du Nord de cette nouvelle création. Note pour plus tard : vérifier où je suis assis, je me méfie toujours d’eux. (jusqu’au 2 décembre) ✓
  • Adieu Ferdinand (théâtre de l’athénée) : Je ne pouvais pas rater les deux derniers (?) épisodes de sa saga. Devrais-je avouer que j’ai déjà écrit mon autre histoire… (du 2 décembre au 14 janvier) ✓
  • La route chante : Hommage à Lhasa  (philharmonie de paris) : Patrick Watson, Sophie Hunger, Plants & Animals, Emilie & Ogden et compagnie pour rendre hommage à cette artiste aujourd’hui disparue. Deuxième rang au milieu. Je suis prêt. (3 décembre) ✓
  • Maîtres Anciens (théâtre de la bastille) – Nicolas Bouchaud : Love forever. (jusqu’au 22 décembre) ✓
  • Crowd (nanterre amandiers) – Gisèle Vienne : Mais sans Jonathan Capdevielle (du 7 au 16 décembre) ✓
  • Espaece (centquatre) – Aurélien Bory : Découverte également de ce créateur. (du 7 au 13 décembre) ✓
  • Bacchantes (centre pompidou) – Marlene Monteiro Freitas : Deuxième fois que je le verrai : Vais-je autant en prendre dans la face qu’en avril dernier au théâtre Dona Maria II de Lisbonne ? (du 13 au 16 décembre) ✓
  • Gala (kaaitheater) – Jérôme Bel : L’occasion était trop belle de retourner à Bruxelles fêter mon anniversaire (le 16 décembre, soit dit en passant) et revoir ce magnifique spectacle. ✓
  • Actrice (bouffes du nord) – Pascal Rambert : C’est Marina Hands qui parle pendant une heure suivie de Audrey Bonnet qui parle pendant une heure à son tour ? (du 12 au 30 décembre) ✓
  • Pindorama (chaillot) – Lia rodrigues : Pour le coup, je ne sais absolument rien de ce spectacle, mis à part que cette chorégraphe avait fait grande impression auprès de certains de mes amis lors de sa venue l’an passé au Centquatre. (du 19 au 22 décembre) ✓
  • En manque (grande halle de la villette) – Vincent Macaigne : Être au premier rang ou ne pas être. Et je viens d’apprendre que finalement le spectacle serait en placement libre. (du 14 au 22 décembre) ✓

JANVIER

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We’re pretty fuckin’ far from okay – Lisbeth Gruwez
  • Saïgon (théâtre de l’odéon – ateliers berthier) – Caroline Guiela Nguyen : En avant-première… ✓
  • Vies de papier (le mouffetard théâtre) – Cie La Bande Passante : Quelque chose de « Des gens dans l’enveloppe » de Isabelle Monnin, première venue au Mouffetard Théâtre et aussi première invitation en tant que blogueur, jouons-la cartes sur table. ✓
  • Iliade Odyssée (théâtre de la bastille) – Pauline Bayle : L’intégrale ! Ou revoir la première partie (déjà vue à la Manufacture – Avignon Off 2016) avant d’enchainer avec la seconde partie. (du 8 janvier au 3 février) ✓
  • 1993 (théâtre de gennevilliers) – Julien Gosselin : En attendant son adaptation de Don de Lillo à Avignon cet été et à Odéon au prochain festival d’automne. ✓
  • Les Bijoux de pacotille (théâtre paris villette) – Pauline Bureau : Même si je fus déçu par « Dormir 100 ans » et moyennement convaincu par « Mon coeur », j’irai voir la nouvelle pièce de Pauline Bureau, surtout qu’elle s’est apparemment mise au service de Céline Milliat Baumgartner qui a écrit et joue la pièce. (du 16 au 20 janvier) ✓
  • We’re pretty fuckin’ far from okay (théâtre de la bastille) – Lisbeth Gruwez : Mais nous le serons assurément devant la reprise de ce spectacle de Lisbeth. Oui je suis optimiste. Grande impatience après son magnifique « Lisbeth Gruwez dances Bob Dylan ». (du 15 au 20 janvier) ✓
  • Le jeu de l’amour et du hasard (théâtre de la porte st martin) – Catherine Hiégel : Nouvelle incursion dans le privé. Mais l’association (de malfaiteurs) Laure Calamy + Nicolas Maury + Clotilde Hesme + Vincent Dedienne a fini de me convaincre de lâcher plus de 30€ pour un 2e catégorie. (à partir du 16 janvier) ✓
  • La maladie de la mort (bouffes du nord) – Katie Mitchell : Duras avec Laetitia Dosch… Pourquoi pas ? (du 16 janvier au 3 février) ✓
  • Quoi/maintenant (théâtre de la bastille) – tg STAN : Rien à ajouter. (du 23 janvier au 9 février) ✓
  • L’après-midi d’un foehn (philharmonie de paris) – Phia Menard : Découverte également de cette artiste, qui a le mérite d’avoir un spectacle court, en après-midi, à sept minutes à pied de chez moi. (27 et 28 janvier)
  • Moeder (barbican london) – peeping tom : Faire totalement confiance en le choix de Camellia Burows : https://camelliaburows.com ✓
  • Ex Anima (Zingaro) – Bartabas : ou l’inverse… C’est mon cadeau d’anniversaire !!! ✓

 

FÉVRIER

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  • France Fantôme (tgp saint denis) – Tiphaine Raffier : De très bons échos… ✓
  • Vertigo (philharmonie de paris) – Cinéconcert Alfred Hitchcock : Première fois que j’assiste à ce genre d’événement. La salle, le film, Kim Novak en grand, Jimmy Stewart, Hitch, Bernard Herrmann : ça devrait aller. (4 février) ✓
  • Khatia Buniatishvili (philharmonie de paris) : Cette pianiste me fascine, je l’avoue. (5 février) ✓
  • Bêtes de scène (rond point) – Emma Dante : Après le Mount Olympus de Jan Fabre, les danseurs tous nus me manquaient trop. (du 6 au 25 février) ✓
  • Quills (colline) – Robert Lepage : Robert en visite chez Wajdi, c’est à ne pas manquer. (du 6 au 18 février) ✓
  • Jaguar (théâtre de la bastille) – Marlene Monteiro Freitas : Curieux de découvrir un deuxième spectacle de cette chorégraphe qui m’a fait grand effet avec Bacchantes (Bacantes en portugais) (du 12 au 18 février) ✓

 

J’AI DÉJÀ VU, C’EST BIEN MAIS JE N’Y RETOURNE PAS PARCE QUE JE N’AI PLUS DE SOUS ET QUE J’ESSAIE D’AVOIR UNE VIE SOCIALE…

  • Cap au pire à l’Athénée Louis Jouvet (du 2 décembre au 14 janvier) : pas la pièce la plus évidente, je ne pourrais même pas dire que c’est bien, ça ne serait pas le terme adéquat : fascinant et énervant. Mieux vaut être reposé avant d’entendre et voir Denis Lavant dire du Samuel Beckett.
  • Adishatz/Adieu au théâtre du Rond Point (du 12 décembre au 6 janvier) : Capdevielle Capdevielle Capdevielle !

 

Encore une fois, il s’agit ici d’une liste qui risque de s’allonger ou de se modifier dans les prochaines semaines, au gré des invitations gagnées, conseils et autres rencontres.

 

(court) BILAN AUTOMNE 2017

Autant vous dire que je me suis impressionné moi-même à voir autant de spectacles, à écrire une chronique pour chacun de ces spectacles tout en ayant une activité professionnelle plutôt prenante à côté, un atelier théâtre, un film ou deux au cinéma par semaine, sans parler d’autres activités que je ne mentionnerai pas ici. J’ai clairement perçu mes limites, non pas créatives car je suis parvenu, à une ou deux exceptions près, à livrer la chronique relativement dans le délai que je m’étais imparti (je crois que je n’avais jamais autant écrit de ma vie). C’est plutôt physiquement que ce fut compliqué (genre le sommeil) et je sais que je ne reprendrai plus autant de spectacles, Festival d’Avignon excepté (mais là-bas, je suis en vacances, y a pas les transports en commun, etc.)

45 spectacles vus du 9 septembre au 29 novembre, 45 chroniques écrites (double chronique pour le hors-normes Mount Olympus et 1 seule pour Stadium vu à la Colline et au Mucem à Marseille en format lecture). Le seul spectacle que j’ai raté fut le concert de Brad Meldhau qui tombait le même soir que mon atelier théâtre. Les beaux et vrais coups de coeur sont arrivés assez tardivement : (dans le désordre) Les Barbelés d’Annick Lefèbvre, Tous des oiseaux de Wajdi Mouawad, ainsi que les reprises de La Face Cachée de la Lune de Robert Lepage, We love Arabs de Hilel Kogan et Grande de Tsirihaka Harivel et Vimala Pons.

Les trois chroniques les plus lues : Des gens dans l’enveloppe (merci à Isabelle Monnin pour le partage de l’article sur Facebook et Twitter), Gardarem (merci à la compagnie L’oeil du renard pour le partage sur Facebook) et Tous des oiseaux (merci Google ?).

Spéciale dédicace à la famille éloignée et les amis qui me poussent à être encore plus imaginatif.

Spéciale dédicace à celles et ceux qui ont googlelisé mon nom et sont tombés ici bas : Papa ? Maman ? Les gens du boulot ?

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito