Les Bonnes (Robyn Orlin / Jean Genet / Théâtre de la Bastille)

(de quoi ça parle en vrai)

« La metteuse en scène et chorégraphe Robyn Orlin s’empare de l’une des plus célèbres pièces de Jean Genet, Les Bonnes, dans laquelle deux sœurs domestiques tentent d’empoisonner leur maîtresse, tout en multipliant entre elles de délirants jeux de rôles pervers. Faisant écho à un fait divers qui défraya la chronique dans la France des années 30, la pièce soulève la question du conflit de classe, offre une satire de la bourgeoisie, une réflexion sur le travestissement, et apparaît comme une parodie de la tragédie classique. Mêlant chorégraphie, théâtre et cinéma, Robyn Orlin fait dialoguer le jeu au plateau avec la projection en arrière-scène du film que Christopher Miles adapta de la pièce en 1975. » (source : ici)

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© Robyn Orlin

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Le genre de pièces où tu te dis : Oui ! Et en fait… Non…

Nous sommes d’abord séduits par le dispositif : une caméra fixe filme les comédiens sur scène et leur image est ensuite incrustée dans le film de Christopher Miles, aujourd’hui oublié. L’image est loin d’être parfaite et c’est totalement assumé. Nous sommes loin de la perfection d’un spectacle de Julien Gosselin, pour citer le premier exemple qui me vient en tête. Nous sommes ébahis ensuite par l’application des comédiens qui respectent les marques sur scène pour être totalement raccord avec le décor fictif (celui du film) dans lequel ils évoluent. Et c’est à peu près tout. Là on attendait que le procédé évolue, il s’enlise.

L’oeil est immanquablement attiré par l’image alors que les comédiens évoluent devant nous. Une fois qu’on a compris le principe, on s’attarde alors sur le jeu des acteurs et c’est là où le bât blesse également. J’entends le choix de Robyn Orlin d’employer des acteurs noirs pour jouer ces Bonnes qui veulent empoisonner leur maîtresse blanche. Mais pourquoi donc avoir choisi des hommes si c’est pour les faire jouer de manière excessive et outrée des femmes ? De plus, lors de la générale à laquelle j’ai assisté, la diction était loin d’être parfaite et notre attention n’a cessé de s’éparpiller. Et je ne parlerai pas du gimmick de faire jouer les acteurs également dans le public. A quoi bon ?

Une déception de la part de la chorégraphe sud-africaine qui s’essayait pour la première fois à la création intégrale d’une pièce de théâtre, elle qui m’avait tant étonné avec « And so you see… our honourable blue sky and ever enduring sun… can only be consumed slice by slice… »

 

LES BONNES

Un projet de Robyn Orlin

Avec Andréas Goupil, Arnold Mensah, Maxime Tshibangu

 D’après le texte de Jean Genet

Création lumières Laïs Foulc – Création costumes Birgit Neppl – Création vidéo Eric Perroys – Création musique Arnaud Sallé – Régisseur général Fabrice Ollivier

Jusqu’au 15 novembre 2019 au Théâtre de la Bastille avec le Festival d’Automne à Paris, puis à Toulouse, Rouen, Tremblay-en-France et Tours.

 

(une autre histoire)

Dimanche soir… Pas l’après-midi… Mais dimanche soir. Il pleut. Demain c’est la rentrée. Après le spectacle, quelqu’un propose d’aller boire un verre. On refuse. Demain c’est la rentrée. Il faut être en forme pour la rentrée. On ne peut décemment pas boire un verre, peut-être deux, se coucher trop tard un dimanche soir. On a passé ces deux dernières semaines à se reposer pour être en forme le jour j. Ce n’est pas pour annihiler tous ces efforts. Il y a quinze ans, je l’aurais bu ce verre. J’aurais même pu faire une nuit blanche et enchainer avec le boulot. Mais ça, c’était avant. Je pense à mon programme de la semaine. Je pleure. Je pense à mardi, parce que mardi sera le soir où je serai chez moi au calme, au chaud, à ne rien faire. Parce que les autres soirs, je serai toujours par monts et par vaux. Il me tarde mardi. Mardi soir. Ne rien faire.

 

Vu le dimanche 3 novembre 2019 (générale) au Théâtre de la Bastille, Paris

Prix de ma place : invitation

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

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