(de quoi ça parle en vrai)
« (…) Daria Deflorian et Antonio Tagliarini s’emparent de l’un des films cultes de Michelangelo Antonioni, Le Désert rouge. Dans celui-ci, Monica Vitti est Giuliana, une femme qui ne parvient plus, dépression ou mélancolie, à entrer en relation avec le monde… » Laure Dautzenberg (source : ici)
(ceci n’est pas une critique, mais…)
Je n’ai pas vu le film d’Antonioni. D’ailleurs (et je ne fais pas mentir ma réputation), je ne sais absolument pas de quoi parlent le film, le spectacle et n’ai jamais vu une seule pièce de Daria Morgendorf… Deflorian et Antonio Tagliarini.
Devant nous, cinq acteurs, presque en quête d’auteur. Des personnages qui ne dialoguent pratiquement pas entre eux, mais tous en écoute. Nous aussi, nous les écoutons. Ils se livrent, nous restons attentifs. Cinq individus qui ne respirent pas la joie de vivre, c’est le cas de le dire. Mais il y a toujours une certaine légèreté, quelque chose de suspendu (j’aime bien ce mot). On fait comment pour s’en sortir ? On parle, on chante, on danse, on se défoule, on fait du sport ? On parle, oui.
« Si seulement je pouvais libérer de l’espace en moi, pour écouter les autres. »
Le talent du duo italien est de ne pas nous déprimer. Leur talent est de ne pas nous perdre, malgré une lenteur, malgré l’absence d’histoire, complètement assumées. Ceci n’est pas l’adaptation du film. On cite l’incroyable Monica Vitti, l’actrice du film, mais Monica Piseddu (la dame sur la photo de couverture) est toute aussi fascinante. On est un peu sur un nuage, on ne voit pas le temps passer. Tous les acteurs tiennent leur rôle avec précision et délicatesse, les chansons interprétées par Francesca Cuttica y sont également pour quelque chose.
Il suffit parfois de pas grand chose pour être emporté.
QUASI NIENTE
Projet de Daria Deflorian et Antonio Tagliarini
Librement inspiré du film Il deserto rosso (Le Désert rouge) de Michelangelo Antonioni
Avec Francesca Cuttica, Daria Deflorian, Monica Piseddu, Benno Steinegger et Antonio Tagliarini
Collaboration à la dramaturgie et assistanat à la mise en scène Francesco Alberici – Collaboration au projet Francesca Cuttica, Monica Piseddu et Benno Steinegger – Conseiller artistique Attilio Scarpellini – Lumières Gianni Staropoli – Son Leonardo Cabiddu et Francesca Cuttica (WOW) – Costumes Metella Raboni – Direction technique Giulia Pastore
en partenariat avec le Festival d’Automne à Paris
Jusqu’au 28 octobre 2018 au Théâtre de la Bastille, Paris et les 9 et 10/01/19 à la Filature de Mulhouse, les 5 et 6/02/19 à la Comédie de Valence, du 20 au 23/03/19 au Théâtre Garonne à Toulouse…
(une autre histoire)
« Je ne suis pas assise au fond du fauteuil. Ma mère était toujours au bord, prête à bondir pour servir ses convives. Je ne reçois personne chez moi. J’ai pris cette habitude-là, parce qu’un professeur de théâtre m’a dit d’être toujours sur le qui-vive. Je suis une femme obéissante. Chez la psy, aussi, je reste sur le bord de la chaise. J’ai toujours pensé que je serais allongée, mais non.
Je lui dis : « Mais je ne suis pas guérie et je ne guérirai jamais. »
Elle me dit : « La séance est terminée. Avez-vous réfléchi ? »
Je lui dis : « Je n’arrête pas de réfléchir. »
Elle me dit : « Vous voulez venir combien de fois ici ? »
Je lui dis : « Une fois par semaine, ça serait bien… »
Je compte mentalement mon argent dans ma tête. Une fois, oui. Si je ne me réabonne pas à mon cours de sport, ça ira.
Elle me dit : « J’avais plutôt pensé deux fois par semaine. »
Je pense : « Je devais prendre la décision. Si elle ne va pas dans mon sens, c’est que je ne vais définitivement pas bien. »
Je ne suis pas retournée chez ma psy. »
vu le mardi 23 octobre 2018 au Théâtre de la Bastille
prix de ma place : 13€/mois (pass Bastille)
Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito