LA TRILOGIE DES CONTES IMMORAUX (POUR EUROPE) (Phia Ménard / Opéra Confluence / Festival d’Avignon)

(de quoi ça parle en vrai)

« Une performance-conte en tension qui interroge l’identité, le corps et la matière d’une Europe chaotique à l’équilibre fragile. » (source : ici)

© Christophe Raynaud de Lage

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Ne pas relire ce que j’ai écrit à propos de la première partie… Oublier et revoir.

Dans la première partie – Maison Mère, donc, Phia Ménard tente de construire une maison en carton. Ça découpe, ça plie, ça scotche, elle est toute seule pour faire ça, le scotch se décolle, les piquets bougent et tombent, ça me parait plus rapide qu’il y a un an et demi et tout aussi long. Ce qui m’étonne, ce sont les rires que ça engendre. Le rire du désespoir quand rien ne va, quand on se demande quand on va sortir de cette galère. Le personnage toujours aussi punk de Phia Ménard semble en jouer. Une fois debout, cette maison-parthénon s’écroule, toujours aussi rapidement, sous une pluie diluvienne, sous le regard impuissant de Phia Ménard.

Puis, dans la deuxième partie – Temple Père, inédite pour moi, une nouvelle construction, plus élaborée. Cela prend encore une fois un certain temps avant de voir s’ériger ce temple, cette tour. Les quatre personnes en charge répondent aux ordres d’une dame un peu SM sur les bords… La construction est un peu plus carrée, peut-être plus risquée d’un point de vue physique : les cloisons sont parfois instables, les « esclaves » sont à une hauteur non négligeable et ce, sans protection. Phia Ménard joue un peu avec nos nerfs. C’est que la belle image à la fin, ça doit se mériter. Comme je n’ai pas lu la plaquette de présentation, je sais encore moins pourquoi ni comment – rien ne change chez moi de ce côté-là. Ici pas de destruction mais une image stroboscopique tournoyante qui est tout simplement sublime (mais faut attendre plus d’une heure et quart pour la voir)

Dernière partie, beaucoup plus courte, que je ne révèlerai pas, mais Phia Ménard revient, tout en haut de cette tour, descend sans la détruire mais… ALERTE DIVULGÂCHAGE… l’efface.

Ça veut dire quoi, tout ça. Que c’est un éternel recommencement ? Que l’Europe, pour ne pas la citer, n’arrêtera jamais d’être construite puis détruite, puis remontée, etc. Qu’on n’arrivera jamais à trouver une certaine sérénité, pour quelque raison que ce soit ? J’aime bien ne pas avoir de réponses, parfois, surtout quand c’est aussi beau et qu’on sent que ce n’est pas vide et qu’il nous reste un espace à nous, pour nous faire notre petite histoire.

LA TRILOGIE DES CONTES IMMORAUX (POUR EUROPE)

Avec Fanny Alvarez, Rémy Balagué, Inga Huld Hákonardóttir, Erwan Ha Kyoon Larcher, Élise Legros, Phia Ménard

Texte, scénographie, mise en scène Phia Ménard

Dramaturgie Jonathan Drillet

Lumière Éric Soyer, Gwendal Malard – Son Ivan Roussel, Mateo Provost – Costumes Fabrice Ilia Leroy, Yolène Guais – Matières Pierre Blanchet, Rodolphe Thibaud – Construction, accessoires Philippe Ragot – Assistanat à la mise en scène Clarisse Delile

Jusqu’au 25 juillet 2021 au Festival d’Avignon puis en tournée à la MC93 Bobigny du 6 au 12 janvier 2022, à Bayonne du 4 au 5 mars 2022, à Rennes du 28 avril au 5 mai

(une autre histoire)

Un couple, la trentaine bien tassée, arrive avec l’enfant sur les épaules. L’enfant n’a pas plus de trois ans. Pour voir trois heures d’un spectacle de Phia Ménard. A la fin, la mère prend en photo l’enfant en train d’applaudir. Non non non, ne jugeons pas, ne jugeons pas… Il est certain que la place de théâtre a certainement coûté moins cher qu’une gardienne d’enfants et… Je me tais. Je ne veux pas juger. Chacun fait fait fait ce qu’il lui plaît plaît plaît.

Mais même, sans parler de ce que peut ressentir un enfant de cet âge devant un tel spectacle. C’est quoi ton projet quand tu fais ça ? Passer ton temps, toutes les cinq minutes, à observer ta gamine, voir si elle dort, si elle n’a pas besoin de boire, si elle est bien assise, si elle préfère être avec Papa ou Maman, et une gamine, à cet âge-là, ça ne peut pas attendre trois heures sans aller aux toilettes, donc le ou la parent est obligé.e de sortir, de rater l’inratable. Mais pourquoi tu viens en fait ? Autant voir La Cerisaie sur internet, au moins, tu peux arrêter quand tu veux. Tu mets le son à fond, tu mets les ventilos force 10 pour le vent…

Ou alors ils veulent que leur enfant devienne architecte. C’est pour ça qu’ils lui montrent le spectacle de Phia Ménard. Architecte… J’en aurais à dire sur les architectes. Sur une architecte. Le spectacle dure 3 heures. La gamine a à peu près 3 ans et ça fait 3 ans que… Ça va trop loin, il faut que j’arrête ! C’est de leur faute aussi et l’autre là, avec son chapeau de paille pour cacher sa calvitie, mais tu es ridicule ! VADE RETRO MELANCHOLIA !

Vu le lundi 19 juillet 2021 à l’Opéra Confluences (Avignon IN)

Prix de ma place : 27,98€

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

AVIGNON OFF 21 (une micro-sélection)

C’est un peu à la dernière minute que je me suis décidé. L’année 2021 et Avignon ont quelque chose de symbolique pour moi et je ne pouvais décemment ne pas faire un petit saut là-bas, même si je n’y reste que trois petits jours. Malgré la fatigue, malgré le masque que nous devrons porter toute la journée dans les rues avignonnaises, je répondrai présent. Pour le In et pour le Off. Même si j’ai choisi ces 72 heures en fonction d’un seul spectacle – La Cerisaie par Tiago Rodrigues dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes, je ne manquerai pour rien au monde de découvrir des spectacles dans le Off.

Pour être honnête, j’ai eu des difficultés à composer mon programme, malgré le bon millier de spectacles que nous propose le Off. Même dans les théâtres que je fréquente assidument, comme le Train Bleu, le 11 ou la Manufacture, je n’ai pratiquement pas eu d’envies évidentes. Par ignorance sûrement, par manque de curiosité certainement. Elle est particulière, quand même, cette année !

Voici donc une très courte sélection des spectacles (16) que je verrai ou pas durant mes trois petits jours de festival… (du 16 au 19 juillet)

(crédits photos : © Arianne Caton Balabeau – © Margot Briand – © François-Louis Ahténas – © Simon Gosselin)

NORMALITO par Pauline Sales au 11. (du 7 au 29 à 9h45 – relâches les 12, 19, 26)*

Celui-là, ça fait longtemps que je veux le voir. J’avais même ma place aux Plateaux Sauvages, mais covid oblige… Séance de rattrapage, donc, pour le texte de Fabrice Melquiot, la mise en scène de Pauline Sales (qui écrit aussi très bien et dont j’attends avec impatience « Les femmes de la maison » au TGP Saint-Denis la saison prochaine), le jeu tout feu tout flammes (je ne sais pas, j’avais envie d’écrire cette expression) d’Anthony Poupard…

HOME – Morceau de nature en ruine de Magrit Coulon au Théâtre des Doms.(du 5 au 27 à 10h – relâches les 8, 15 et 22)

Des jeunes qui jouent des vieux, du théâtre mâtiné de documentaire. Parce que c’est belge.

INCANDESCENCES d’Ahmed Madani aux Halles (du 7 au 30 à 11h – relâches les 13, 20 et 27)*

J’avais été plutôt refroidi il y a deux ans par une de ses pièces, mais comme je souviens encore de F(l)ammes et que cette pièce appartient à la trilogie « Face à leur destin », on fait confiance.

LOSS de Noëmie Csikova au 11. (du 7 au 29 à 11h30 – relâches les 12, 19 et 26)*

Parce qu’on me l’a conseillé et je crois que j’aurai besoin d’un soutien moral après cette pièce… Je crois que ça parle d’une perte, mais pas de clés.

(crédits photos : © DR – © Roland Baduel – © DR – © DR)

LA RONDE par Natacha Rudolf à Présence Pasteur (du 7 au 27 à 12h30 et 15h10 – relâches les 10, 17 et 24)*

Parce que j’ai d’abord vu le film de Max Ophüls, dont la structure m’inspire toujours quand j’écris. Parce que la pièce est mise en scène par Natacha Rudolf, la directrice du Théâtre de la Noue à Montreuil et que Montreuil et moi, c’est une longue histoire.

UN DÉMOCRATE de Julie Timmermann à la Condition des Soies (du 10 au 20 à 12h45 – relâches les 12 et 19)

Parce que je l’avais raté il y a deux ans et que je le raterai encore cette année. J’ai envie de dire que cette pièce est plus que d’actualité, mais comme je ne me réfère qu’au titre, je ne suis pas bien sûr.

LE BONHEUR DES UNS de Côme de Bellescize au Théâtre des Béliers (du 7 au 31 – relâches les 12, 19 et 26)*

Pour découvrir l’écriture de Côme de Bellescize. Deuxième pièce qu’on me recommande… Je ne comprends pas, j’ai l’impression que je fais de plus en plus confiance aux gens cette année. Et je ne sais absolument pas de quoi il retourne.

YOURTE par la Compagnie Les Mille Printemps au Théâtre des Carmes (du 6 au 25 à 16h30 – relâches les 12 et 19)

Utopie, jeunesse, écologie, un monde nouveau ? Le genre de pièces dont j’ai beaucoup entendu parler lors de son passage au Théâtre 13 et… ben, ça ne sera pas cette fois non plus que je la verrai.

(crédits photos : © DR – © Katell Paugam – © Simon Gosselin – © DR )

LE DISCOURS par Emmanuel Noblet au Théâtre des 3 Soleils (du 7 au 31 à 16h55 – relâches les lundis)*

Parce que Fabrice Caro. Parce que ce roman, je m’y reconnais un peu beaucoup. Parce que la mise en scène du formidable Emmanuel Noblet.

DE LA DISPARITION DES LARMES par Léna Paugam au Théâtre du Train Bleu (du 14 au 26 à 18h05 – relâche le 20)

Parce que Léna Paugam m’avait beaucoup ému avec Hedda et que je m’en veux de ne pas pouvoir voir cette pièce, avec la lumière de Jennifer Montesantos.

LES FEMMES DE BARBE BLEUE par Lisa Guez au Théâtre des Carmes du 16 au 19 à 19h30)*

Parce que je tourne autour depuis bien trop longtemps pour ne pas le laisser passer cette fois-ci, surtout que cette pièce est malheureusement toujours autant d’actualité.

ALEX VIZOREK – Ad Vitam au Théâtre des Béliers (du 7 au 31 à 20h05 – relâches les 12, 19 et 26)

Parce qu’on ne se refait pas et qu’il me fait rire. Sur France Inter et ailleurs. On l’aura attendu longtemps ce nouveau spectacle !

(Crédits photos : © DR – © DR – © DR – © Christophe Raynaud de Lage)

LIFE ON MARS ? par la Compagnie Thespis à la Factory – Salle Tomasi (du 7 au 31 à 20h10 – relâches les lundis)*

Parce qu’on m’a invité pour le voir et que j’ai accepté, uniquement parce qu’on y parle des solitudes contemporaines et que ça me parle et que je me complais dedans !

VERO 1ERE REINE D’ANGLETERRE par les 26 000 Couverts à Villeneuve sur Scène (du 9 au 21 à 22h – relâche le 15)

Parce que chaque année, je me dis que je retournerai à Villeneuve les Avignon pour y voir du spectacle de rue ou sous chapiteau et que je n’y vais jamais.

MARIAJ EN CHONSONS par les Blond and Blond and Blond au Théâtre des Béliers (du 7 au 31 à 22h15 – relâches les 12, 19 et 26)

Parce que j’avais vu leur premier spectacle qui m’avait fait énormément rire. En plus, les gens qui jouent ont des liens avec des gens que j’apprécie énormément (Elsa Granat, Les Filles de Simone, ma metteuse en scène…)

LE CABARET DES ABSENTS par François Cervantès au 11. (du 7 au 29 à 22h30 – relâches les 12, 19 et 26)*

Troisième spectacle que je verrai qu’on me conseille… Je donnerai le prénom et le nom de la personne qui me l’a recommandé, si jamais ce n’est pas bon. Oui, je suis comme ça. Faudrait pas me croiser si jamais il y a une guerre… Blague à part, ça a l’air totalement fou. Ça parle d’un cabaret avec des absents, dont le silence, soudain le vide, peut-être pas ?

Sans oublier les reprises de deux spectacles que j’avais beaucoup appréciés : 

L’AUTRE FILLE avec Marianne Basler à la Reine Blanche (du 7 au 25 à 11h – relâches les 13 et 20)

IPHIGÉNIE À SPLOTT par Blandine Pélissier au Théâtre Artéphile (les jours impairs à 11h30)

Je vous invite à décortiquer, mieux que moi en tout cas, les programmations de la Manufacture, du Train Bleu et/ou du 11. ou la sainte trinité, sans oublier les Doms, Artéphile ou la Factory qui font un véritable effort, chaque année, de défrichage pour leur programmation.

D’ici là, on fait attention à soi, on en profite quand même, parce que ça ne va pas durer, encore.

Ps : Les spectacles avec astérisque sont les spectacles pour lesquels j’ai déjà ma place et dont vous retrouverez sûrement la chronique ce mois-ci, si j’arrive à m’organiser.

Pps : Vive Tiago Rodrigues… rien à voir avec le Off, mais j’avais quand même envie de l’écrire.

Textes : Axel Decanis

FESTIVAL D’AVIGNON 2021 (sélection)

Non non non, je ne me plaindrai pas des serveurs informatiques du site du Festival d’Avignon qui ont rendu la tâche ardue, pour ne pas dire impossible, de réserver des places de spectalce lors de l’ouverture de la billetterie. (ok, je suis passé par la Fnac…) Parlons plutôt des spectacles !

Qu’il est difficile de faire une sélection cette année. D’habitude, je rechigne un peu, je ne reconnais que le tiers des noms programmés (ce qui va être le cas, paradoxalement, pour ma prochaine sélection Off). Ici, je m’en voudrais presque de ne pas pouvoir / vouloir rester plus longtemps (quatre jours « seulement » cette année), tellement il y a de spectacles qui me donnent envie. Je n’en verrai que trois (les 3 premiers de ma sélection), mais j’espère de tout coeur que nous pourrons rattraper tous ces spectacles dans nos théâtres préférés, à la faveur des coproductions.

(les trois que je verrai cet été)

TIAGO RODRIGUES

(je n’ai toujours pas ma place, mais je vais jouer des coudes ou faire jouer mes relations, une fois n’est pas coutume)

Ceux qui me lisent savent combien l’artiste portugais est important pour moi. Même si « La Cerisaie » sera programmée la saison prochaine à l’Odéon Théâtre de l’Europe, je ne peux rater cette pièce pour plusieurs raisons : Tchekhov + la Cour d’Honneur du Palais des Papes + voir des comédien.nes que j’apprécie, évoluer dans ce lieu mythique : Isabel Abreu, Grégoire Monsaingeon, David Geselson, Alex Descas. J’aurais pu citer Isabelle Huppert, mais je ne suis pas le fan absolu de la Reine Zaza.

LA CERISAIE du 5 au 17 juillet 2021 à la Cour d’Honneur du Palais des Papes

PHIA MÉNARD

Une performance multipliée par trois dont le premier volet m’avait hautement fasciné aux Bouffes du Nord la saison dernière.

LA TRILOGIE DES CONTES IMMORAUX (POUR EUROPE) du 19 au 25 juillet 2021 à l’Opéra Confluences (et peut-être prochainement à la MC93 Bobigny ?)

KORNÉL MUNDRUCZÒ

Celui dont je ne connais que les films adapte justement un de ses films diffusés dernièrement sur Netflix : Pieces of woman. Le réalisateur de « La Lune de Jupiter » et de « White Dog » agace parfois par une certaine prétention « ooouh, regardez comme il est beau et maîtrisé, mon plan séquence ! »), mais je reste curieux de voir ce que ça peut donner dans un grand et long plan séquence, en vrai !

CZASTKI KOBIETY – Une femme en pièces du 17 au 25 juillet 2021 au Gymnase du Lycée Aubanel

(les sept que j’espère ne pas rater la saison prochaine)

NATHALIE BÉASSE

Même si on pourrait reprocher à ses spectacles un côté un peu décousu, il n’empêche que j’en ressors toujours ravi, rempli d’images et d’émotions et j’ai hâte de voir ce spectacle l’an prochain au Théâtre de la Bastille. (© Nathalie Béasse)

CEUX-QUI-VONT-CONTRE-LE-VENT du 6 au 13 juillet 2021 au Cloître des Carmes

JOHANNY BERT

Ceci est une installation, une expérience, tout commencera dans le Jardin de la Vierge, mais je ne sais pas vraiment quand ça sera ni ce que ça sera et j’ai déjà envie d’y être. Par le créateur de Hen. (© Jorge Mayet)

LÀOÙTESYEUXSEPOSENT

EMMA DANTE

Je ne peux pas me vanter d’avoir vu énormément de spectacles de cette artiste sicilienne, j’ai eu beaucoup de rendez-vous ratés, mais je veux m’accrocher et me faire embarquer dans ces univers toujours aussi singuliers. (© Daniela Gusmano & © Masiar Pasquali)

MISERICORDIA du 16 au 23 juillet 2021 à 15h au Gymnase du Lycée Mistral / PUPO DI ZUCCHERO DEI MORTI du 16 au 23 juillet 2021 à 19h au Gymnase du Lycée Mistral

CHRISTIANE JATAHY

Je ne la présente plus. Elle est une de mes chouchoutes, présente en 21/22 avec ce spectacle à l’Odéon Théâtre de l’Europe. Il s’agit toujours d’une adaptation du film « Dogville » de Lars Von Trier, qui se posait déjà là, en terme de cinéma/théâtre. (© Magali Dougados)

ENTRE CHIEN ET LOUP du 5 au 12 juillet 2021 à l’Autre Scène du Grand Avignon – Vedène

ANGÉLICA LIDDELL

Je ne la présente plus. La fascinante Angélica Liddell… Point. (© Angélica Liddell)

LIEBESTOD EL OLOR A SANGRE NO SE ME QUITA DE LOS OJOS JUAN BELMONTE à l’Opéra Confluence du 8 au 14 juillet 2021

FABRICE MURGIA

Celui que j’avais découvert à la Manufacture dans le Off il ya une dizaine d’années, celui que j’ai redécouvert à Bruxelles dans son futur-ex Théâtre National Wallonie-Bruxelles, pour une adaptation du roman de Laurent Gaudé. Que je n’ai pas lu, donc je ne peux même pas faire semblant de savoir de quoi ça va parler. Mais il est bon parfois d’aller sans savoir. Surtout quand on connait la qualité des mises en scène de l’artiste belge. (© Alexander Gronsky)

LA DERNIÈRE NUIT DU MONDE du 7 au 13 juillet 2021 au Cloître des Célestins

DIMITRIS PAPAIOANNOU

Le chorégraphe grec m’avait impressionné au plus haut point, il y a quelques années. J’avais encore une fois manqué sa création pour le Wuppertal Tanztheater, j’espère voir une autre de ses créations la saison prochaine avec le Théâtre de la Ville. Rien à voir, tout à coup, je repense au DV8… (© Julian Mommert)

INK du 20 au 25 juillet 2021 à la FabricA

(quand il n’y en a plus, il y en a encore)

À part ça, j’aurais pu citer Baptiste Amann avec sa trilogie Des Territoires (vue, pas complètement aimée mais audacieuse), Eva Doumbia, avec ce spectacle au magnifique titre : Autophagies – Histoires de bananes, riz, tomates, cacahuètes, palmiers. Et puis des fruits, du sucre, du chocolat, Laetitia Guédon et le spectacle Penthésilé·e·s Amazonomachie (visible au Théâtre de la Tempête la saison prochaine), Caroline Guiela Nguyen et sa Fraternité, Conte Fantastique, qui nous émeuvra peut-être autant qu’avec Saïgon, la mythique chorégraphe Maguy Marin et Y aller voir de plus près, Karelle Prugnaud et son spectacle itinérant Mister Tambourine Man avec l’inénarrable Denis Lavant.

La semaine prochaine, ma sélection dans le Off ! Le temps que le programme complet soit publié… Les places seront chères ! Purée, j’aurais presque hâte d’y être déjà.

Textes : Axel DECANIS

40° SOUS ZÉRO (Copi / Louis Arène / Monfort Théâtre

(de quoi ça parle en vrai)

« Monstrueuses, hilarantes et subversives, ces deux pièces (L’homosexuel ou la difficulté de s’exprimer – Les quatre jumelles) au climat frigorifique mettent en scène les luttes fratricides de personnages cruels et extravagants en marge de la société et de l’espèce humaine. Ici, on change de sexe à gogo et on crève pour mieux ressusciter dans un ballet post-apocalyptique, trash et jubilatoire. » (source : ici)

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Deux soirs d’affilée, je vais voir des spectacles écrits par des auteurs qui ne m’attirent pas des masses. Jon Fosse hier, Copi aujourd’hui. Mais j’aime me faire du mal. Je me complais dans cette posture de « J’aime pas mais j’y vais quand même ».

Ce soir, donc, c’est Copi. Auréolé de retours dithyrambiques, le spectacle mis en scène par Louis Arène m’a littéralement épuisé. Faut dire que j’ai dormi durant la première demie heure, celle prénommée « L’homosexuel ou la difficulté de s’exprimer ». En effet, « 40° sous zéro » n’est que la juxtaposition de deux pièces de Copi, celle nommée ci-dessus et « Les Quatre Jumelles ».

Les acteurs ne s’épargnent pas, ils tombent, se relèvent, éructent, surjouent… Ici tout est énorme. Tout se répète, jusqu’à la nausée. Je me suis souvenu avoir déjà vu « Les Quatre Jumelles » par le metteur en scène Jean-Michel Rabeux. Je confirme, je n’aime pas Copi.

J’aurais pourtant dû me douter que ça n’allait pas se passer comme je l’aurais souhaité quand, dans les premières minutes (juste avant que je ne m’endorme), j’entendis rire et ne compris pas pourquoi il fallait rire. Et c’est drôle, pour le coup, de constater que des gags qui m’auraient fait rire en temps normal ne me faisaient même pas sourire.

Cela dit, il y a un gros travail scénographique, des maquillages et des costumes qui transforment la physionomie des comédien.nes en Coneheads. Mais j’ai comme l’impression que c’est déjà très daté et que l’aspect gore/vulgaire/monstrueux ne choque même plus.

Bref, je me suis ennuyé et j’ai même trouvé certains procédés un peu trop faciles comme le final chorégraphié avec la musique qui te fait taper du pied en rythme. (un peu de mauvaise foi, puisque parfois, je tombe complètement dedans, mais pas ici)

Et je ne veux plus entendre de reprise de la chanson de Radiohead « Exit Music », qu’on ne touche plus à ce monument ! Merci bien.

40° SOUS ZÉRO

texte Copi

mise en scène Louis Arene (Munstrum Théâtre)

avec Louis Arene, Sophie Botte, Delphine Cottu, Olivia Dalric, Alexandre Éthève, Lionel Lingelser, François Praud

conception Louis Arene, Lionel Lingelser – dramaturgie Kevin Keiss – assistante mise en scène Maëliss Le Bricon – création costumes Christian Lacroix assisté de Jean-Philippe Pons et Karelle Durand – scénographie, masques Louis Arene – création coiffes, maquillage Véronique Soulier-Nguyen – création lumières François Menou – création sonore Jean Thévenin assisté de Ludovic Enderlen…

jusqu’au 13 juin 2021 au Monfort Théâtre (Paris)

(une autre histoire)

Mine de rien, je bois ma première bière en terrasse. Mes premières terrasses, depuis la réouverture, ont eu lieu le samedi d’avant. D’abord un café, puis un Pepsi avec sucre et deux verres de vin blanc. Du Chardonnay. Trois terrasses en un jour. Bien accompagné en plus. Mais pas de bière. Aujourd’hui c’est bière. Une blonde. J’ai oublié de dire, j’avais failli boire une bière, un soir avant d’aller au cinéma. Mais il n’y avait plus de blonde en pression et comme j’aime pas les IPA, je me suis rabattu sur un jus mixte orange/citron. Je voulais vraiment ma blonde. Je parle toujours de bière. Quoique…

Bref, je buvais ma blonde et y a cet échalas qui s’est posté devant moi et qui a appelé sa copine au téléphone en mettant le haut parleur. Parce que tu comprends, entre la clope roulée entre les index et majeur de la main gauche et son IPA dans sa main droite, il ne pouvait pas tenir le téléphone. Le gars fait sûrement du théâtre, car il a la voix qui porte. J’ai tout compris de la conversation, alors que je suis un peu dur de la feuille. Peut-être parce qu’à ce moment bien précis, je ne porte pas le masque. Et c’est bien connu, le masque sur le nez et la bouche t’empêchent de bien entendre. Je suis celui qui ne répond pas ou qui cache sa bouche quand il répond au téléphone dans le tramway, celui qui s’arrête dans sa marche pour parler au téléphone, parce qu’il ne sait pas faire ces deux choses-là simultanément.

J’avais envie de lui dire de fermer sa gueule, d’aller plus loin, parce que je n’arrivais pas à apprécier sa juste valeur ma première gorgée de bière en terrasse. Mais évidemment, je ne l’ai pas fait. Je cherche donc l’endroit parfait, avec pas trop de monde autour et surtout respectueux, pour boire ma blonde bière première vraie. Oui, dans cet ordre-là.

Vu le samedi 5 juin 2021 au Monfort Théâtre (Paris)

Prix de ma place : 15€ (pass Monfort)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Decanis

Photos : ©Darek Szuster

Fin de saison

La dernière fois que j’ai rédigé ce genre d’article, je me faisais une joie de retourner au théâtre le jour de mon anniversaire. J’aurais mieux fait de me taire. Mais comme je n’apprends définitivement pas de mes erreurs, je reviens avec cette sélection totalement subjective pour cette fin de saison 20/21.

Moby Dick par Yngvild Aspeli au Monfort Théâtre du 19 au 29 mai 2021 (en partenariat avec le Mouffetard – Théâtre des Arts de la Marionnette)

Ou l’occasion de s’évader très loin dans l’imaginaire.

L’Acteur Fragile de Mohamed El-Khatib avec Eric Elmosnino au Théâtre Ouvert le samedi 22 mai 2021

+ Boule à neige de Mohamed El-Khatib et Patrick Boucheron à la Villette avec le Festival d’Automne à Paris du 15 au 26 juin 2021

Ou une double ration du théâtre documentaire de Mohamed El-Khatib (même un peu plus si on s’aventure hors de Paris)

Féminines de Pauline Bureau au Théâtre des Abbesses – Théâtre de la Ville du 25 mai au 5 juin 2021

Ou le retour de Pauline Bureau et de son équipe réjouissante.

La 7e vie de Patti Smith de Claudine Galea par Benoît Bradel au Théâtre 14 (du 1e au 5 juin 2021)

J’aurais dû penser à copier coller mon billet du mois de novembre consacré à la non-réouverture du mois de décembre, j’aurais perdu moins de temps. Toujours avec Marie-Sophie Ferdane, toujours un spectacle qui fait envie. Parce que la nuit.

40° sous zéro de Copi par Louis Arène au Monfort Théâtre du 3 au 13 juin 2021

Ou le rattrapage d’un spectacle qui avait suscité un vif enthousiasme à la Manufacture pendant le Off d’Avignon 2019 (et un coup de chapeau au Monfort Théâtre pour ses spectacles prometteurs, malgré l’annulation des spectacles du Théâtre Dromesko)

Paul Mirabel au Théâtre du Splendid du 2 juin au 23 juillet 2021

Ou quand deux minutes (dans les deux éditions de l’émission Soixante de Kyan Khojandi) m’ont convaincu de voir un spectacle entier d’un humoriste.

Je suis le vent de Jon Fosse par le tg STAN et Discordia au Théâtre de la Bastille du 4 au 26 juin 2021

Ou une fin de saison mouvementée au Théâtre de la Bastille qui a dû annuler les créations du collectif belge adoré de mon coeur mais néanmoins remplacées par cette pièce inédite à Paris.

L’arbre, le maire et la médiathèque d’après le film d’Eric Rohmer par Thomas Quillardet joué en extérieur au Parc Floral (avec le Théâtre de la Tempête (du 4 au 20 juin 2021) + Ton père d’après le livre de Christophe Honoré par Thomas Quillardet au Monfort Théâtre avec le Festival d’Automne à Paris du 17 au 28 juin 2021

L’omniprésent Thomas Quillardet reprendra également « Où les coeurs s’éprennent », toujours à la Tempête et présentera « L’Histoire du Rock » au Grand Parquet les 9 et 10 juillet prochains, mais je serai déjà parti sur un des chemins de Compostelle (ou ma nouvelle lubie)

Perte de Ruthy Scetbon et Mitch Riley à la Scala du 11 juin au 3 juillet 2021

Ceci n’est pas Edith Proust dans la suite du Projet Georges, mais quelque chose me dit que ce spectacle de clown est aussi passionnant.

L’île d’or au Théâtre du Soleil, une création collective du Théâtre du Soleil en harmonie avec Hélène Cixous et dirigée par Ariane Mnouchkine (jours et horaires à déterminer)

J’avais été très déçu par le précédent spectacle du Théâtre du Soleil (« Kanata » co-créé avec Robert Lepage) mais je ne peux résister à l’idée de retourner à la Cartoucherie et de voir comment cette institution s’est adaptée à la situation actuelle. REPORTÉ À LA RENTRÉE 2021 !

Tout le monde ne peut pas être orphelin par les Chiens de Navarre aux Bouffes du Nord du 11 juin au 4 juillet 2021

Suspense insoutenable, arriverai-je enfin à voir ce spectacle ?

Denali de Nicolas Le Bricquir au Théâtre 13 les 15 et 16 juin 2021

Les jeunes compagnies se montrent au Théâtre 13 pour le Prix Théâtre 13 / Jeunes Metteur.e.s en scène, notamment Nicolas Le Bricquir, repéré en tant que comédien chez Gwenaël Morin. L’occasion également de revoir sur scène la pétillante et étonnante Lucie Brunet.

Tiens ta garde par le collectif Marthe au Théâtre de la Cité Internationale, du 17 au 26 juin 2021

Pure curiosité (qu’est-ce que j’avais écrit en décembre dernier, déjà ?)

C’est (un peu) compliqué d’être à l’origine du monde par les Filles de Simone au Grand Parquet, les 25 et 26 juin 2021

Je crois que cette fois, je ne pourrai pas y échapper (dans le sens où il me sera impossible de le rater et j’en suis très heureux, au cas où je me serais mal exprimé)

Élémentaire de Sébastien Bravard au Théâtre de la Tempête, du 26 juin au 9 juillet 2021

Un acteur qui devient professeur des écoles qui créé un spectacle sur un acteur qui devient professeur des écoles. J’aime bien me faire du mal.

Le Cirque Invisible de et avec Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée au Théâtre du Rond Point, du 29 juin au 11 juillet 2021

Pas épargnés par les pépins de santé, les grèves, la pandémie… Pourquoi ne pas revoir une dernière fois ce spectacle ?

10 000 Gestes de Boris Charmatz à la Villette avec le Festival d’Automne à Paris, du 6 au 8 juillet 2021

Assurément un des spectacles les plus euphorisants que j’ai vus ces dernières années.

Mise à jour (15 mai) : Tout comme le Théâtre 14 et les Plateaux Sauvages, dans la famille des théâtres qui ont souffert à cause des grèves, de la pandémie, alors qu’ils venaient à peine de changer de direction, je nomme le Théâtre de l’Aquarium qui présentera ce lundi 17 mai la programmation de son festival Bruit. A suivre…

Je n’irai sûrement pas voir tous ces spectacles, mais ça fait du bien d’en parler et de se projeter un tout petit peu, malgré le masque, malgré les jauges réduites… Et bientôt les festivals In et Off d’Avignon, Paris l’été, des théâtres parisiens qui prolongent leur programmation au moins en juillet, le Théâtre du Peuple à Bussang, sans parler dès le mois de juin les annonces des nouvelles saisons des théâtres…

Textes : Axel Ito

Crédits photos : Christophe Loiseau (Moby Dick) – Yohanne Lamoulère (L’Acteur Fragile + Boule à Neige) – Pierre Grosbois (Féminines) – Darek Szuster (40° sous zéro) – Paul Mirabel (Zèbre)- tg STAN (Je suis le Vent) – Néjib (L’Arbre, le Maire et la Médiathèque + Elémentaire) – Mathieu Edet (Ton Père) – Christophe Raynaud de Lage (La 7e vie de Patti Smith)- S. Gripoix (Perte) – Théâtre du Soleil (L’Île d’Or) – Louise Guillaume (Denali) – Ph. Lebruman (Tout le monde ne peut pas être orphelin) – Jean-Louis Fernandez (Tiens ta garde) – Giovanni Cittadinesi (C’est (un peu) compliqué d’être à l’origine du monde + Le Cirque Invisible) – Tristram Kenton (10000 Gestes)

Deux mille vingt, le rappel

Je note pour me souvenir. Je prends des photos pour… pour quoi déjà ?

En janvier…

En revenant du Québec, je ne pensais pas que cette année serait si…
Sur 31 fois, je suis allé 19 fois tout seul au spectacle. Parfois je croise des gens que je connais. Alors je leur dis bonjour ou bonsoir. Ou bien je fais semblant de ne pas les voir.
(Hamlet, Hedda, Nickel, Contes et Légendes, Hen)

En février…

Sur la route de la Vallée de l’Étrange, à l’Ouest, j’écoute la Montreuil’s Original Soundtrack avec des chansons comme « Life on Mars », du Supergrass ou encore du Tenacious D et imagine de nouveaux Contes Immoraux sur ce qui n’a pas lieu.
(La Vallée de l’Étrange, Supergrass, Life On Mars, Montreuil’s Original Soundtrack, Contes Immoraux, Ce qui n’a pas lieu, Tenacious D, À l’Ouest)

En mars…

La dernière personne que j’ai embrassée sur les deux joues (hors parents passée une semaine d’auto-confinement), c’est la personne qui met en scène mon solo. Nous étions à Montreuil pour assister au spectacle « La Ménagère » de Rebecca Journo au Théâtre Berthelot. C’est ce soir-là que je lui proposai mon projet. Une semaine plus tard, nous étions confinés. « GOOD TIMING » : il n’y a pas à dire, la chance est avec moi.
(Maps, Labourer, Stéréo, La Ménagère, Le Théâtre et son Double)

En avril…

Le plus dur, c’est de barrer au fur et à mesure dans mon agenda les spectacles que j’aurais dû voir. Puis choisir : donner les sous au théâtre, demander un remboursement… Je n’ai jamais su prendre des décisions. Ou bien des mauvaises. Mais quand, la mort dans l’âme, je demandais le remboursement, je me disais que je mettrais ces sous de côté, pour plus tard, pour financer mon projet théâtral. L’un dans l’autre, ça reste dans la famille.
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En mai…

J’ai bien tenté de regarder des spectacles sur internet ou sur ma télé, mais rien n’y fait. Je n’accroche pas. Alors je reste avec mes souvenirs…
Pendant « Hamlet », alors que la salle était plongée dans le noir, un bruit survint et C. s’agrippa à mon bras.
Le plus dur, c’est de raconter des anecdotes que je n’ai pas déjà écrites ici. Ou bien devrais-je en inventer ? La vérité, c’est que je ne me souviens pratiquement de rien. Comme si ces derniers mois avaient tout effacé.
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En juin…

Je viens de me rendre compte que je n’ai absolument rien publié au mois de juin. Je l’ai déjà écrit, mais je me rends vraiment compte que ce qui me manque, ce n’est pas de voir du spectacle vivant, mais d’aller au théâtre. Ce déplacement. Plus tard dans l’année, je dirai que je ne comprends pas d’être autant fatigué alors que je ne sors plus. J’avais cet équilibre-là. Un peu de chez moi, un peu de dehors. Et ça, ça me manque.
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En juillet…

C’était particulier, ce mois de juillet sans Festival d’Avignon. A la place, je suis allé à la mer, à la plage (voir ma photo des Catalans à Marseille, en couverture de cette chronique). J’ai regardé les gens. Cette époque où seulement certaines rues étaient hors de toute contrainte sanitaire. Mais c’est fou ça, tout revient à ça ! On ne peut plus parler des films ou des spectacles qu’on voit, alors on parle de ça. Ça aussi, ça me manque, de parler d’autre chose que de ça. C’est comme quand tu mets trois enseignants dans une même pièce, avec tous les efforts du monde, leurs discussions reviendront irrémédiablement à leur quotidien : les élèves, la classe, les parents d’élèves, Blanquer… Vous ai-je dit que je déteste Blanquer ? Il me sort par les trous de nez, ça devient viscéral. Si seulement il pouvait lire ces quelques lignes et me virer par la même occasion, n’ayant pas le courage de partir de moi-même. Rien qu’en l’écrivant, B-L-A-N-Q-U-E-R… Je le revois dans Voici, en vacances en Corse embrassant à pleine bouche la journaliste Anna Cabana, alors que moi…
(Littoral – répétition)

En août…

C’était le temps où on pouvait retourner dans une salle de spectacles, qu’on vous demandait de garder le masque dans nos déplacements, mais qu’on pouvait l’enlever, une fois assis à notre place. C’était le bon temps. Une autre époque. Ça passe tellement vite…
(Angèle, Original d’après une copie perdue)

En septembre…

Voir et entendre du Koltès dans un quartier que je fréquentais assidûment (Ménilmontant), se lever à 5h30 du matin un samedi pour assister à six heures de Sophocle en plein air…
(Dans la Solitude des Champs de Coton, Uneo Uplusi Eustragé Dies, Les Animaux sont partout, Aux éclats, D’Autres Mondes, The History of Korean Western Theatre)

En octobre…

Je ne pouvais deviner que le dernier spectacle que je verrais cette année serait une pièce sur deux figures mythiques de ma région d’origine : Raimu et Marcel Pagnol. Ni que je la verrais à côté de chez mes parents, dans une salle de cinéma / théâtre entre les Gorges du Verdon et le Plateau de Valensole. Je ne sais pas du tout quoi faire de ces informations. Aussi parce que je suis fatigué de voir des signes partout. Donc je me tais.
(Le Côté de Guermantes, La Guerre des Salamandres, L’Habilleur, La Brèche, La Peste c’est Camus mais la Grippe est-ce Pagnol, Jules et Marcel)

En novembre…

Ce qui me fait penser que je n’ai absolument pas parlé de tous les podcasts que j’ai pu écouter ces derniers mois. EVA BESTER, je vous aime. Il fallait que je l’écrive quelque part… Je vous conseille d’écouter son émission « Remède à la mélancolie »…

« Ce soir, j’ai la mélancolie athlétique. »

… et surtout sa participation au podcast de Fanny Ruwet « Les gens qui doutent ». Ce qui me fait dire que quand j’étais petit, je n’ai jamais écouté Anne Sylvestre, donc je n’ai pas partagé la tristesse engendrée par sa disparition. J’étais plutôt Team Dorothée ou Chantal Goya. Et après je me demande quand tout a commencé à vriller pour moi…
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En décembre…

C’est la fin de l’année. C’est une information comme une autre. L’espoir fait vivre, j’avais donc préparé un programme aux petits oignons pour la réouverture des lieux culturels le 15 décembre, la veille de mon anniversaire. Mal m’en a pris. Du coup, j’ai téléchargé pour la soixante-quatrième fois Tinder et me suis empiffré des Ferrero Rochers offerts en pagaille par mes élèves, parce que j’ai pas mal assuré ces derniers mois, même si je m’emmerde toujours autant. Et surtout j’ai trouvé une nouvelle coiffeuse entre Belleville et Ménilmontant. Je crois que je vais la garder. Aussi parce que ça m’a fait tout bizarre dans le corps et dans le reste quand elle m’a fait ce massage du cuir chevelu. Ça m’a coûté le double de mon coiffeur marseillais désormais à la retraite mais qui continue à coiffer dans son garage, mais j’ai besoin d’une certaine tranquillité d’esprit. Je ne veux plus chercher, butiner de fleur en fleur. A moi la stabilité. C’est le jour de mes 42 ans que je me suis fait coiffer par cette personne aux doigts magiques. Je devais rencontrer un match Tinder juste après, mais bien m’a pris d’annuler. J’étais suffisamment angoissé de rencontrer cette nouvelle coiffeuse. Je sais que rien ne sera possible entre elle et moi, mais je peux désormais rayer une ligne de ma liste des choses à faire et à trouver. Je suis enfin en paix avec moi-même.
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Les spectacles que je n’ai pas vus en 2020

Illusions perdues (Balzac – Pauline Bayle), Normalito (Pauline Sales), Furia (Lia Rodrigues), Les Sept Péchés Capitaux (Pina Bausch), CocoRosie, Le Révizor (Crystal Pite), Léopoldine HH, Le Silence et la Peur (David Geselson), Dans le Nom (Tiphaine Raffier), Tout le Monde ne peut pas être orphelin (Les Chiens de Navarre), Andando – Lorca 1936 (Daniel San Pedro), Phèdre ! (Racine / François Grémaud), Billion Dollar Baby (Audrey Vernon), Récital / Chorale / Les Potiers (François Grémaud), Vacances Vacance (Ondine Cloez), Le Sacre du Printemps (Pina Bausch), Italienne Scène et Orchestre (Jean-François Sivadier), Quand je serai grande (Margaux Cipriani / Sophie Troise), Rencontre avec Pierre Pica (Émilie Rousset), Pacific Palisades (Guillaume Corbeil / Florent Siaud), Les Frères Karamazov (Dostoievski / Sylvain Creuzevault), Ton Père (Christophe Honoré / Thomas Quillardet), Abysses (Alexandra Tobelaim), Catarina et la beauté de tuer des fascistes (Tiago Rodrigues), Choeur des amants (Tiago Rodrigues), Une Cérémonie (Raoul Collectif), Klô Pelgag, L’Étang (Robert Walser / Gisèle Vienne), By Heart (Tiago Rodrigues), La 7e Vie de Patti Smith (Claudine Galéa / Benoît Bradel), Boule à Neige (Mohamed El Khatib & Patrick Boucheron), Le discours (Fabrice Caro / Catherine Schaub)… Et encore, je cite seulement les spectacles pour lesquels j’avais des places.

Adieu deux mille vingt, tu ne me manqueras pas.

Deux mille vingt

(article mis à jour et surtout corrigé… résolution 2021 : relire 1 000 fois avant de publier ! et non je ne rajouterai pas les traits d’union entre deux, mille et vingt – et malgré tout j’oublie encore des mots, je suis bien fatigué…)

Deux mille vingt… Qu’il fut compliqué de rédiger ce bilan. Tantôt nécessaire pour ma mémoire, tantôt futile, tellement d’émotions, de sentiments contradictoires sont venus m’ébranler durant ces dix derniers mois. Une année éprouvante, pour moi, pour vous et (je parle seulement dans le cadre de ce blog) surtout pour les artistes, les autrices et auteurs, les salles de spectacle, toutes les personnes qui gravitent autour. A l’heure où j’écris ces lignes, nous ne savons pas quand les cinémas, musées et salles de spectacle rouvriront (7 janvier ? 20 janvier ? Les plus pessimistes parlent de juin 2021… ?) et je ne sais pas comment conclure cette phrase. C’est parti pour un grand « name dropping » !

SPECTACLE VIVANT

Je n’en attendais pas tant : inventer un virus pour me permettre d’aller moins au théâtre. Je l’ai rêvé, le pangolin l’a fait ! Mon recap fait peine à voir : 31 spectacles vus cette année, soit trois fois moins que l’an passé. Certes, je désirais ralentir, mais pas à ce point-là, surtout avec l’absence du Festival d’Avignon qui a fait mal à mon petit coeur.

31 spectacles à Paris, Montreuil, Nanterre, Les Lilas mais aussi à Marseille, Barcelonnette (04), Gréoux-les-Bains (04), dans 20 lieux différents avec des artistes français, suisses, portugais, coréens. Du théâtre, de la marionnette, du seul.e. en scène, de la danse, du conte, de la performance, des images, des robots, de la musique, des élèves, des amateurs, de la déambulation, de l’improvisation.

Cette année, je n’ai revu aucun spectacle. Mais j’ai vu deux spectacles de Gwenaël Morin (« Le Théâtre et son double » et « Uneo uplusi eurstragé dies » (avec Lucie Brunet), du duo Godard / Santoro (« Maps / Stéréo » – je ferai l’impasse la prochaine fois). Par souci de transparence, je tiens à mentionner que j’ai bénéficié de 7 invitations en ma qualité de blogueur ou dans le cadre de mes contributions au Blog de Nestor (blog sur la vie culturelle montreuilloise), 6 spectacles étaient gratuits. J’ai donc (plus ou moins) payé 18 fois ma place…

À part ça de grands souvenirs avec (par ordre chronologique) :

Sans oublier des captations plus ou en moins en direct, dont « Laetitia fait tout péter » de Laetitia Dosch, « _Jeanne_Dark_ »  de Marion Siéfert sur Instagram, « Be Arielle F. » de Simon Senn par Zoom mais également les répétitions de « Littoral » de et par Wajdi Mouawad.

CONCERTS & MUSIQUE

Deux petits concerts seulement mais avec des grands groupes tels que Supergrass et Tenacious D ! Et pour tout vous dire, je ne suis abonné pas à Deezer ni à Spotify, donc bon… Mais j’ai tout de même acheté, écouté et apprécié les nouveaux albums d’Idles, Louis-Jean Cormier, Sophie Hunger, Eels et enfin Klô Pelgag qui me met les larmes aux yeux tellement c’est beau.

EXPOS

Deux expos visitées, le passable « Circulations » au CentQuatre et l’étonnante installation des Extases d’Ernest Pignon-Ernest aux Célestins à Avignon (voir photos ci-dessus, issues de l’instagram du blog.)

CINÉMA

23 films. Restent particulièrement en mémoire et par ordre chronologique :

  • Le nostalgique « Play » d’Anthony Marciano.
  • La reprise de « Le Dirigeable Volé » de Karel Capek.
  • La surprise « Tout simplement noir » de et avec Jean-Claude Zadi.
  • L’impressionnant « Madre » de Rodrigo Sorogoyen.
  • Le dépaysant « Antoinette dans les Cévennes » de Caroline Vignal avec une Laure Calamy toujours aussi impétueuse.
  • L’euphorisant « Drunk » de Thomas Vinterberg avec l’incommensurable Mads Mikkelsen.

En rattrapage à la télé, en DVD ou autres (310 films vus au 25 décembre, merci le confinement) dont « Charlotte a du fun » de Sophie Lorain, « Mektoub my love » d’Abdelatif Kechiche, « Mirage de la vie » de Douglas Sirk, « 71 fragments d’une chronologie du hasard » de Michael Haneke, « Séduis-moi si tu peux » de Jonathan Levine, « Marina Abramovic : The artist is present » de Matthew Akers, « All about Eve » de Joseph L. Mankiewicz, « Leave no Trace » de Debra Granik, « Ma vie de Courgette » de Claude Barras, « Paterson » de Jim Jarmusch, « Booksmart » d’Olivia Wilde, « Eva en août » de Jonas Trueba, « Cris et Chuchotements » d’Ingmar Bergman…

SÉRIES

Toujours autant de saisons, 60 au total. Pas forcément des séries de première jeunesse (« The I.T. Crowd » – Netflix, « Irresponsable » – OCS, « Malcolm in the Middle » – Prime), des fins de séries (« The Good Place » – Netflix, « Baron Noir » – Canal Plus, « Les Pays d’en haut » – TV5), un très grand coup de coeur pour « 18h30 »- Arte (photo 1), les intégrales d’ « Arrested Development » – Netflix (3 saisons au top, les 2 dernières très mauvaises), « Community » – Netflix (6 saisons), de « The Leftovers » – OCS (3 saisons et j’ai beaucoup pleuré, mais pas autant que pour « Six Feet Under ») (photo 3), la découverte « Forever » – Prime et surtout le réconfortant « Ted Lasso » – Apple + (photo 2), sans oublier le « je n’aurais jamais pensé apprécier une adaptation d’un livre et d’un film que j’aime d’amour » « High Fidelity » avec Zoe Kravitz.

LIVRES

Toujours autant de pièces (portugaises et québécoises) et de bandes dessinées (plaisir coupable : The Walking Dead). J’ai eu beaucoup de mal à me concentrer durant le premier confinement.

Dans les inoubliables, je pourrais citer « Open Bar 2 » de Fabcaro, « Nefertiti dans un champ de coton » de Philippe Jaenada (je l’avais raté celui-là), « Autoportrait » d’Edouard Levé (conseillé il ya plusieurs années par Solange te parle), « Sukkwan Island » de David Vann (conseillé par la metteuse en scène des Exfiltré.e.s, un collectif théâtral auquel j’appartiens), « J’accuse » d’Annick Lefebvre et surtout « Il est des hommes qui se perdront toujours » de Rebecca Lighieri (un grand merci à l’ami marseillais)

CÔTÉ BLOG 

31 articles publiés dont 6 hors série… Sans commentaire. Une fréquentation qui a chuté de 28 % cette année… tiens donc…

Top 5 fréquentation (au 25 décembre) :

1- La peste c’est Camus, mais la grippe est-ce Pagnol ?

2- Le Théâtre et son Double

3- Tenacious D

4- Le Côté de Guermantes

5- D’autres mondes et Hedda

Et dans les anciens articles, « Le Massacre du printemps » d’Elsa Granat tient le haut du pavé grâce notamment à une hypothétique reprise au Théâtre Paris Villette au printemps prochain suivi de près par « La Mécanique de l’Histoire » de Yoann Bourgeois (j’attends avec impatience son prochain spectacle avec une musique composée par Patrick Watson) et mon billet consacré à ma visite au Théâtre Marigny.

SUR LE PLAN PERSONNEL MAIS PAS TROP

Toujours membre du Blog de Nestor (site sur la vie culturelle à Montreuil), même si également très au ralenti ces temps-ci. Toujours membre de Radio Mortimer (regroupement de passionné.e.s de théâtre – un jour, je présenterai une des émissions, oh oui !) et je vous invite à (ré)écouter nos enregistrements durant le premier confinement…

A part ça, côté théâtre… on va dire qu’on ne va pas s’avancer pour 2021… Mis à part qu’on poursuit nos lectures et répétitions avec un premier groupe (les Exfiltré.e.s), qu’avec un deuxième groupe (les Infiltré.e.s) ben… je ne sais pas… et que mon projet à moi « Dedans ma tête », ben… je ne dis plus rien par superstition, mais ma metteuse en scène et moi travaillons (pas d’arrache-pied, faudrait pas exagérer) pour… non non, je ne dis rien.

À suivre…

(Textes et photos non promotionnelles : Axel Ito)

Le billet de novembre, parce qu’il en fallait bien un.

Qu’est-ce que je peux voir ? J’sais pas quoi voir ! C’est à peu près ce que je me demande en ce samedi 28 novembre. Certes, nous pouvons désormais circuler dans un rayon de vingt kilomètres pendant trois heures (mais d’où viennent ces données ?), mais les théâtres et les cinémas restent encore fermés. Je suis loin d’avoir vu autant de films, de séries ou de captations durant ce deuxième « confinement » et je sais que je ne suis pas le seul à attendre avec une impatience non feinte ce fameux mardi 15 décembre, date qui verra, une nouvelle fois, nos lieux culturels préférés (hors librairies) rouvrir, mais le choix n’est pas aussi pléthorique que de coutume.

De plus, je suis quelque peu chafouin car quelques unes de mes grandes attentes ont été annulées. En tête de liste : « By Heart » de Tiago Rodrigues que j’aurais dû re-re-revoir le jour de mon anniversaire ou « Une Cérémonie » par le Raoul Collectif, victime d’un temps d’exploitation trop raccourci – ce spectacle aurait dû se jouer au Théâtre de la Bastille du 26 novembre au 19 décembre.

D’habitude, à la fin du mois de novembre je mets la dernière touche à ma chronique tant attendue des spectacles à voir cet hiver. Je démarre également la rédaction de mon bilan de l’année. Pour mon tour d’horizon Hiver 21, va falloir attendre, je pense. Quant à mon billet « deux mille vingt », il fera grise mine, puisque je n’ai vu, pour l’instant, que 30 spectacles. Voilà donc ce que je me suis décidé à faire (restons optimistes, malgré un 15 décembre si loin si proche) : je veux me préparer un feu d’artifice de spectacles entre le 15 et le 21 décembre…

Le mardi 15

Je n’irai pas au théâtre, mais au cinéma, ça commence bien. Parce que oui, j’aime le cinéma. J’avais vu « L’Ombre de Staline » d’Agniezska Holland le 22 juin dernier, le jour de la première réouverture. Et là ça sera pareil. J’allais écrire autre chose, mais non, les murs ont des oreilles, enfin, j’me comprends.

(revoir un de mes films préférés de l’année « Drunk » de Thomas Vinterberg , rattraper « Garçon Chiffon » de Nicolas Maury ou découvrir « Mandibules » de Quentin Dupieux… Ok j’ai aussi « Wonder Woman 1984 » dans ma liste, je plaide coupable !)

Le mercredi 16

Hormis visiter le Musée d’Orsay et enfin voir l’exposition sur Léon Spilliaert, je ne sais pas encore ce que je ferai de ma « soirée ». Comme cela sera mon anniversaire, je me permets de réserver ma réponse. (tout seul… accompagné… par qui…) (pour remplacer un spectacle à la hauteur de « By Heart », il faut se lever tôt !)

Le samedi 20 à 15h

Crédits photo : Yohanne Lamoulère – Tendance floue

« Boule à neige » de Mohamed El-Khatib et Patrick Boucheron à la Villette avec le Festival d’Automne

Non non, je ne collectionne pas du tout ces petits objets souvenirs, c’est pas vrai !!! Ce qui me fait penser que je n’en ai trouvé aucune quand j’étais à Lomé au Togo, je ne comprends pas.

Le lundi 21

Normalement, je devrais parvenir à voir à la Comédie des 3 Bornes « Quand je serai grande », un seule-en-scène écrit et interprété par Margaux Cipriani et mis en scène par Sophie Troise. La comédienne fait le bilan de sa vie à l’orée de ses trente ans. Hormis un sujet qui ne peut que me toucher, parce que j’aime faire des bilans (même si je n’ai plus trente ans) et pleurer sur mon triste sort, c’est aussi et surtout mis en scène par la personne qui mettra en scène mon seul-en-scène à moi, « Dedans ma tête » ou appelé « L’Arlésienne » ou encore « Ça fait quatre ans qu’on en entend parler et on n’a toujours rien vu venir, qu’est-ce que ça cache ? »

(il me reste de la place) le jeudi 17, vendredi 18, le samedi 19 (après « Boule à neige »), le dimanche 20

Dans les envies, nous avons donc :

  • Le Cirque Invisible de Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée (mercredi 16, vendredi 18, samedi 19 à 18h30 au Rond Point)

Un spectacle déjà vu il y a plusieurs années au même endroit. Un moment de ravissement qui me ferait oublier mon âge canonique (j’aime exagérer et me plaindre, vous me connaissez par coeur)

  • Le Discours d’après le roman de Fabrice Caro avec Simon Astier et mis en scène par Catherine Schaub (du mercredi au dimanche à 19h au Théâtre Michel – oui oui, vous avez bien lu, dans le théâtre privé !)

Je ne sais pas si c’est une bonne idée, vu que je me reconnais un peu trop dans l’écriture de Fabrice Caro et que ça me fera immanquablement penser à… Je rappelle que le point de départ du roman (et de la pièce), c’est le personnage principal, « en pause » avec sa copine, qui envoie un SMS et attend la réponse de celle-ci.

On va tout rendre… On parle d’oeuvres d’art, pas d’autre chose, je préfère préciser. L’occasion de découvrir  enfin cette artiste et de me promener à la Cartoucherie par la même occasion.

  • La 7e vie de Patti Smith de Claudine Galea, mise en scène de Benoît Bradel avec Marie-Sophie Ferdane (mercredi 16 et vendredi 18 à 20h, jeudi 17 à 19h au Théâtre 14)

Y aurait de la musique, une comédienne que j’apprécie…

  • Tiens ta garde par le Collectif Marthe (mercredi 16 et vendredi 18 à 19h, jeudi 17 et samedi 19 à 18h au Théâtre de la Cité Internationale)

J’avais raté leur précédente pièce, un de mes amis me fait un appel du pied pour que je le rejoigne voir ce nouveeau spectacle…

Une autre compagnie que je suis de loin sans être allé les voir une seule fois…

J’ai déjà vu trois de ses spectacles, je verrais bien ce quatrième, parce qu’elle est drôle ET pertinente.

Puis viendra le temps des fêtes, du retour à la nature et du repos… Si vous avez des conseils, des préférences par rapport aux spectacles que je viens de citer ou à d’autres, n’hésitez pas ! Portez-vous bien et à très vite.

Textes et photo de couverture (salle du haut du Théâtre de la Bastille) : Axel Ito

Crédits photos de la mosaïque : Giovanni Cittadini Cesi – Jean-Louis Fernandez – DR

La peste c’est Camus mais la grippe est-ce Pagnol ? (Les Chiens de Navarre / Bouffes du Nord)

(de quoi ça parle en vrai)
« Dans ce contexte sanitaire et culturel exceptionnel, j’ai proposé aux acteurs qui ont fait l’histoire des Chiens de Navarre de se réunir, pour dix soirées et d’inventer un spectacle différent chaque soir. De jouer ou lire une pièce qui n’a jamais été écrite à chaque représentation. Nous revenons ainsi aux principes fondateurs de la compagnie : la totale improvisation. Libre, jubilatoire et explosive. Pour le meilleur et surtout (nous espérons) pour le pire. » Jean-Christophe Meurisse (source : ici)

(ceci est une chronique totalement improvisée… ce qui ne change pas vraiment de mes habitudes)
Comme le petit vieux que je commence à devenir (tu la sens la crise de la quarantaine ?), j’avais pris mes devants, bien avant tout ce qui se passe présentement et m’étais procuré une place pour une séance en matinée à 16h. Premier rang, côté jardin. Il est bien illusoire d’écrire quelque chose sur un spectacle qui ne sera jamais le même, d’une représentation à une autre.
Six acteurs lisent une pièce qui n’existe pas : « Le monde d’après 2.0 #(…) ». Les feuilles blanches volent, les comédiens font semblant de lire des mots et des phrases.
Ça fait du bien, de rire, parfois. J’aurais pu voir une comédie lambda, du boulevard par exemple. Mais ça, ça ne me fait même pas sourire. Non, les Chiens de Navarre, eux, me font rire. Même quand ils sont moins bons, même quand je vois les ficelles.
Les comédiens jouent des états, des sentiments. Céline Fuhrer dit ces mots : « Je suis la liberté d’expression et on m’a décapitée » et laisse sa place à un autre camarade. Les larmes aux yeux. Puis je ris. Parce que ça rebondit, ça ne s’écoute pas forcément, ça cabotine un peu, certaines ficelles sont un peu trop voyantes. Je suis incapable d’improviser. C’est un peu ma hantise quand je participe à un atelier théâtre, mais je sais, je vois. Ici, on voit que tout n’est pas improvisé, parce qu’il y a des béquilles. Mais ça fait du bien de voir les réactions des comédiennes et des comédiens quand l’une ou l’autre tente de les surprendre.
On joue avec le gel hydroalcoolique, on parle d’un facteur, d’un changement de schwexe, de Tchekhov, du Professeur Raoult et de ses clones, du Théâtre et de son double, de Camille Claudel qui bouffe les couilles de Rodin, on y mange une raclette, on y chante, je m’esclaffe grâce à Jean-Luc Vincent, Alexandre Steiger, Manu Laskar, pour ne citer qu’eux.
Ça fait du bien. Ça m’a fait du bien.
Même s’il m’a coûté 25€ en catégorie 2 pour une heure de spectacle – je suis radin, l’ai-je déjà mentionné ? – c’est un cadeau que nous font Jean-Christophe Meurisse et tous les anciens, les actuels et les futurs Chiens de Navarre. On revient aux bases : ça fait quoi quand on met une douzaine d’acteurs ensemble ? Ces acteurs-là, précisément.
Ce soir, les autres soirs, les spectateurs verront un autre spectacle, peut-être d’autres acteurs (j’espèrais revoir Maxence Tual, Thomas Scimeca, Pascal Sangla ou Solal Bouloudnine, mais ce ne fut pas le cas).
Parce que ce soir ne se répètera jamais…

LA PESTE C’EST CAMUS MAIS LA GRIPPE EST-CE PAGNOL ?
Performance conçue par Jean-Christophe Meurisse
Avec Caroline Binder, Céline Fuhrer, Jean-Luc Vincent, Manu Laskar, Olivier Martin-Salvan, Alexandre Steiger, Matthias Jacquin, Charlotte Laemmel, Cédric Moreau, Stéphane Soo Mongo, Adèle Zouane…
Jusqu’au 24 octobre 2020 aux Bouffes du Nord (Paris)

Vu le samedi 17 octobre 2020 à 16h aux Bouffes du Nord (Paris)
Prix de ma place : 25€ (abonnement)
Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Uneo uplusi eurstragé dies (Sophocle / Gwenaël Morin / La Villette / Festival d’Automne)

(de quoi ça parle en vrai)

« Uneo uplusi eurstragé dies met en scène trois mises à mort à partir de l’oeuvre de Sophocle : celle d’Ajax, d’Antigone et d’Héraclès. Du lever du jour au zénith de midi, la force tragique antique et l’urgence théâtrale de Gwenaël Morin se mêlent, entre épure scénique et rituel singulier. » (source : ici)

Crédits photos : Emilie Zeizig

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Ici, on avait aimé les Molière de Vitez repris par Gwenaël Morin, ainsi que Le Théâtre et son double (mon dernier spectacle avant le confinement). Pour celles et ceux qui n’auraient pas suivi, ce triptyque commence à 6h30 du matin et dure près de cinq heures (avec des pauses quand même et du café ou du thé). Sophocle se mérite. Je me souviens d’une trilogie des Femmes par Wajdi Mouawad dans la Carrière de Boulbon près d’Avignon de 22h30 à 4h30 du matin…

Il fait frisquet dans le Parc de la Villette, au petit matin. J’ai la chance d’habiter tout près, néanmoins le réveil à 5h45 un samedi matin après une semaine haute en couleurs, ça pique un peu. Pourtant, on est hyper-disponible. Aussi parce qu’on est excité de vivre cette expérience-là. Surtout parce que Gwenaël Morin et ses comédiens savent y faire pour nous captiver et ne pas nous perdre.

Encore un pas de côté. C’est mon troisième spectacle de la rentrée qui se passe dehors. Voilà c’est tout. Pis, c’est pas grave si notre esprit divague, se plaît à suivre le vol des oiseaux, à entendre le cri des corbeaux ou le son du ballon en cuir frappé du plââââât du pied (Eugène Saccomano forever)) lors d’un match de foot qui se joue derrière nous.

Ici, pas de temps mort. Et le plus important, à mon sens, c’est que cela ne nous demande pas une attention monstre. On comprend, sans effort. Parce que les acteurs sont là, on ressent leur énergie, leur envie, même si lors des scènes de choeur on ressent parfois des petits trous. (c’est pas simple les choeurs). Les enjeux, les trajectoires, rien n’est compliqué (sans que ça soit « Sophocle pour les nuls », je précise). Il n’y a pas de décors, pas ou très peu de costumes, les personnages masculins ou féminins sont interprétés indifféremment par des femmes et des hommes et ça reste toujours aussi clair.

Un spectacle qui ne se jouera peut-être plus (c’était ma rentrée des spectacles éphémères), mais qui aurait plu aux néophytes tout comme aux afficionados de Gwenaël Morin, comme je commence à l’être, heureux de retrouver ce qui fait la patte de ce grand manitou (on va à l’essentiel).

Heureux aussi de revoir Teddy Bogaert (vu brièvement dans les Idoles de Christophe Honoré), Nicolas Le Bricquir (très drôle, vu dans Le Théâtre et son Double) et l’inénarrable (et qui pour le coup m’a bluffé dans la troisième et dernière partie) Lucie Brunet…

 

Uneo uplusi eurstragé dies

Conception et mise en scène Gwenaël Morin

Avec la Promotion 2019 des « Talents Adami Paroles d’acteurs » : Teddy Bogaert, Lucie Brunet, Arthur Daniel, Marion Déjardin, Daphné Dumons, Lola Felouzis, Nicolas Le Bricquir, Diego Mestanza, Sophia Negri, Remi Taffanel

Collaboration artistique Barbara Jung – Collaboration technique Jules Guittier – Assistance à la mise en scène Leah Lapiower – Régie générale Nicolas Prosper

Avec le Festival d’Automne à Paris

 

(d’autres histoires)

Faudra qu’on me dise : Si je mets mon réveil, j’ouvre les yeux plusieurs fois dans la nuit, de peur que mon réveil ne fonctionne pas. Si je ne mets pas mon réveil, je ne me réveille pas de la nuit ni même à l’heure à laquelle je suis sensé me réveiller. Oui, je suis du genre avant de m’endormir à me répéter : « 6h30, 6h30, 6h30, tu dois te réveiller tout seul à 6h30 ». Tout comme : « Tu vas rêver d’elle, tu vas rêver d’elle »… Evidemment ça ne marche jamais. Soit je rêve du travail ou pire de ma mère. (faut que je fasse gaffe à tout ce que j’écris, parce que j’ai des collègues de travail qui me lisent et faudrait pas que…)

*****

Y a une guêpe qui me tourne autour. Je me calfeutre dans mon fameux sweat à capuche – en cette rentrée, je m’étais dit de ne plus mettre de sweat à capuche, quinze ans que j’en porte. Résultat, j’en ai acheté un nouveau mercredi dernier. En plus, je les garde tous. Marron, bleu turquoise, vert foncé, noir, rouge bordeaux, gris. Je suis allergique. Pas aux sweat à capuches, faut suivre, mais aux guêpes. Je répète toujours ça alors que je ne me suis pas fait piquer depuis mes neuf ans. Je m’étais fait piquer sur l’arcade sourcilière. Je ne vous dis pas le carnage. Je ressemblais à Elephant Man. J’ai eu peur de rester comme ça toute ma vie. J’y pense, c’est peut-être depuis cet épisode traumatisant que je parviens à soulever mon sourcil gauche ?

*****

Je suis assis sur l’herbe. Enfin, pas directement, parce que je n’ai pas oublié de prendre une serviette. Donc mes glorieuses fesses sont posées sur une serviette qui est elle-même posée sur l’herbe. Mon masque est en place. Un masque réutilisable, donné à mon travail. Est-ce que j’ai le droit d’utiliser un masque professionnel pendant mes loisirs ? Le doute m’assaille. Déjà que je pique des stylos bleus… Serait-ce une raison valable pour me virer ? Oui, virez-moi, s’il vous plait ! J’ai même pris des feutres avant le confinement pour faire des coloriages. Parce que les coloriages, ça me calme. Je n’aurais jamais pensé d’ailleurs. Je n’ai jamais volé de ma vie. Sauf une serviette de toilette dans une pension en Islande. D’ailleurs, c’est pour ça que je n’ose plus y retourner. Je suis certain que mon visage est placardé sur tous les murs de Seyðisfjörður. Wanted. Mort ou vif.

 

Vu le samedi 12 septembre 2020 à la Villette (Paris)

Prix de ma place : gratuit

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

Ps : Je ne suis pas responsable des réclames que vous voyez ici et là dans cet article, je touche zéro centime. Ou alors il faudrait que je paye pour qu’elles n’apparaissent plus ?

Dans la solitude des champs de coton (Koltes / Auzet / Plateaux Sauvages)

(de quoi ça parle en vrai)

« Bernard-Marie Koltès met en scène un dealer et son client. Deux femmes, étranges et étrangères, entraînées dans la violence du désir. Ne se dévoilant qu’à demi-mot, chacune est possédée par le besoin de prendre le pouvoir sur l’autre et de jouir de sa défaite. Elles n’ont pour seules armes que l’espace à occuper, la parole et le silence. L’intérieur de l’autre, qu’il s’agit d’obliger à se dévoiler, à se mettre à nu. En poussant son adversaire à désirer, c’est la mort symbolique de l’autre qu’elles poursuivent. Lorsque cette transaction du désir est portée par deux femmes, le questionnement de la relation à l’autre offre un autre versant. » (source : ici)

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Je ne suis pas un afficionado de Koltès, même si j’ai déjà découvert son écriture à 17 ans avec Roberto Zucco (le personnage de John Travolta s’appelait Danny Zuko dans Grease, hasard ? Je ne crois pas), même si j’ai joué un extrait de Quai Ouest dans le cadre d’un atelier théâtre (dans lequel je disais ne jamais me débarbouiller, ce qui me fait dire que j’écris cette chronique alors que je n’ai toujours pas pris ma douche et qu’il est 13h passées). Pourtant quand on rentre dans cette pièce jouée par les deux immenses actrices que sont Audrey Bonnet et Anne Alvaro, on n’en ressort pas (indemne). Je mens. On en sort, mais on se rend dans un ailleurs. Je m’explique.

La version proposée par le metteur en scène Roland Auzet est « un spectacle itinérant sous casque ». J’aurais déjà dû voir ce spectacle en février 2016, en plein air, dans le quartier de la Chapelle, tout près des Bouffes du Nord, mais un mauvais transit intestinal et certains attentats à Paris quelques mois plus tôt m’ont empêché de vivre une première fois cette expérience (ce qui me fait penser aussi que j’avais raté les 70 ans de ma mère, comme quoi). Suite à une certaine pandémie, ce projet a été réactivé cet été et la pièce a déjà été jouée dans un stade du 14e arrondissement de Paris, sur le parvis de la BNF, etc. Nous voilà donc dans un quartier que je connais bien, celui des Amandiers (dans le 20e) (pour la petite histoire, Patrice Chéreau avait mis en scène cette pièce aux Amandiers, mais de Nanterre) et plus particulièrement dans la rue des Plâtrières, non loin des Plateaux Sauvages, partenaire de ces représentations.

C’est donc casqué et masqué que nous attendons le début du spectacle. La voix si singulière d’Anne Alvaro fait son entrée dans notre cerveau. Nous ne savons pas encore où elle est. L’immersion est totale. Au début, nous sommes tout de même légèrement décontenancés par le dispositif qui voit les spectateurs suivre la comédienne comme une nuée d’abeilles. J’aurais aimé observer cette danse d’un des balcons des immeubles de la rue, comme si nous étions des morts qui marchaient. Parce que quand on enlève nos casques, nous n’entendons pas les voix des comédiennes, seulement les bruits de la ville.

Nous (quand je dis « nous », c’est moi parce que je suis plusieurs, tout le monde le sait) peinons parfois à suivre. Le texte n’est pas si évident et rester debout à mon âge canonique en cette semaine de rentrée des classes m’est pénible. Sans parler de la plus mauvaise pizza 4 fromages de tous les temps (parce que je suis celui qui lit l’entièreté de la carte avant de montrer du doigt la pizza que je prends à chaque fois – je suis d’un prévisible), ingérée juste avant et qui peine à être digérée par mon organisme (je dois avoir un truc avec mon estomac). Mais quand je dis « peiner », je ne dis pas « je pense à ma liste de commissions ou à cette fille qui ne me rappelle pas », je reste tout de même dans un état d’esprit trouble. Et je veux croire que c’est la force de tous ces spectacles et textes : nous permettre de déconnecter dans un ailleurs non quotidien, quelque part. Je ne sais pas si je suis clair.

Puis on est rattrapé par l’incandescence d’Audrey Bonnet, son investissement physique et émotionnel (malheureusement je l’ai toujours vue dans ce type de rôles), la justesse et le jeu bouleversant d’Anne Alvaro.

L’expérience fut de taille, elle fut belle et elle fut unique. Et en plus c’était gratuit et comme je suis un peu radin, ça tombait bien.

DANS LA SOLITUDE DES CHAMPS DE COTON

Texte Bernard-Marie Koltès
Conception, musique, mise en scène Roland Auzet

Avec Anne Alvaro et Audrey Bonnet

Vu le vendredi 4 septembre 2020 dans le quartier des Amandiers (Paris 20e) avec les Plateaux Sauvages

Prix de ma place : gratuit

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Photo de couverture : Christophe Raynaud de Lage + Autres photos : Axel Ito

Original d’après une copie perdue (Samuel Achache, Marion Bois et Antonin-Tri Hoang / Théâtre de l’Aquarium)

(de quoi ça parle en vrai)

« Il existe, le saviez-vous, une œuvre musicale dont on trouve des traces depuis l’épisode biblique de la Bataille de Jéricho. Certains commentateurs comme Isaac Bilkner ou Scholem Assaraff affirment que les sons produits par les trompettes n’étaient pas qu’un bruit suffisamment puissant pour détruire les murailles de la ville, mais bien une suite de notes harmonisées. Si on ne peut saisir cette musique nulle part on la retrouve partout, dans une multitude d’œuvres scientifiques ou artistiques depuis cette période jusqu’à nos jours. (…) C’est dans cette musique, son histoire et les œuvres qu’elle a traversées, que nous voulons nous engouffrer et envahir le Théâtre de l’Aquarium et ses abords… » (source : ici)

Crédits photos : Bun Jun Fri

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Ce n’est pas commun de redémarrer sa saison théâtrale dans un lieu comme la Cartoucherie. Pour l’instant, la plupart des théâtres y sont fermés au public, sauf le Théâtre de l’Aquarium. C’est l’ensemble « La Vie Brève » qui gère le lieu depuis à peine plus d’un an. Je n’avais pu me rendre à la première édition de leur festival « Bruit » l’hiver dernier et je m’en mords encore les doigts, tellement l’impression donnée par cette déambulation m’a enthousiasmé.

« Original d’après une copie perdue » s’est joué trois fois – j’étais présent pour la dernière. Je m’imagine tout le groupe (une vingtaine de personnes, artistes et techniciens ensemble dans un même élan artistique) concevoir, fabriquer, répéter durant un été et lâcher prise trois soirées durant. Cet événement a fait office de reprise, de fête, de bande annonce pour celles et ceux qui ne connaitraient ni ce lieu ni le travail de « La vie brève ».

Si je devais m’amuser au jeu des adjectifs, je dirais que ce fut, dans le désordre, foutraque, généreux, bouillonnant, imparfait, réjouissant, foisonnant… C’est le genre de spectacle où même des défauts deviendraient des qualités.

Tout se passe partout : devant le théâtre, dans le hall d’entrée, dans les différentes salles de l’Aquarium, dans l’atelier. Parfois assis, parfois debout. Tous ensemble (masqués, je précise) ou éparpillés dans ce grand espace (qui accueille aussi le reste du temps de nombreux artistes en création : les Lieux Dits de David Geselson ou l’Avantage du Doute, pour ne citer que ceux que je connais et affectionne) à écouter, voir, ressentir des bribes ou des pans entiers de concerts, scènes de théâtre, expositions, conférences, etc.

Je repense à (liste non exhaustive) l’abattage de Léo-Antonin Lutinier (déjà vu dans « Tarquin », toujours par l’Ensemble « La vie brève » au Nouveau Théâtre de Montreuil, spectacle qui m’avait laissé une impression mitigée, comme quoi, je ne suis pas rancunier), à la virtuosité et à la malice des musiciennes Sarah Margaine et Eve Risser, aux chanteuses lyriques (je ne suis pas parvenu à les identifier, je suis en-dessous de tout) qui profitent de l’acoustique des toilettes, à un match de boxe au résultat incertain, à un opéra inachevé en conclusion…

On se trouve chanceux d’avoir pu assister à ce geste artistique éphémère (on reviendra au Théâtre de l’Aquarium pour un prochain temps fort) et ravi de démarrer la saison théâtrale d’une aussi belle façon.

(un peu rouillé dans l’écriture quand même)

 

 

ORIGINAL D’APRÈS UNE COPIE PERDUE

Conception : Samuel Achache, Marion Bois et Antonin-Tri Hoang

Avec Samuel Achache, Pierre-Antoine Badaroux, Benoît Bonnemaison-Fitte, Pierre Borel, Lionel Dray, Anne-Lise Heimburger, Myrtille Hetzel, Antonin-Tri Hoang, Clémence Jeanguillaume, Léa Lanöe, Léo-Antonin Lutinier, Sarah Margaine, Agathe Peyrat, Eve Risser, Marie Salvat, Julien Villa, Lawrence Williams

et l’équipe technique Estelle Cerisier, Sarah Jacquemot Fiumani, Serge Ugolini

Au Théâtre de l’Aquarium (Paris)

 

 

(une autre histoire)

Au départ, je voulais écrire un texte sur toutes ces personnalités présentes hier soir au Théâtre de l’Aquarium et que je reconnaissais malgré leur masque. Je voulais m’amuser à imaginer ce que je leur aurais dit si j’avais osé les aborder.

« Oh tiens, comment allez-vous, j’ai vu votre dernier spectacle, je ne l’ai pas aimé du tout ! »

Puis, je me suis dit que je n’allais pas citer leurs noms, parce qu’ils n’ont pas demandé à figurer dans une de mes chroniques et que, peut-être, leurs proches ne savaient pas qu’ils étaient à la Cartoucherie de Vincennes, puisqu’il est de notoriété que je suis lu par des millions de personnes.

(le jeu, pour les plus perspicaces, est de deviner de qui il s’agit – c’est parfois très pointu)

Ça commence dans le bus 112 (Château de Vincennes – Cartoucherie). À côté de moi, une comédienne, que je ne voyais pas aussi grande, à la voix si singulière. J’avais envie de lui demander comment se déroulaient les répétitions de « Coriolan » par François Orsoni. En face de moi, un metteur en scène et une comédienne. Je ne saurai pas comment les aborder puisque je n’ai absolument pas aimé leur spectacle l’an dernier au Train Bleu à Avignon. Alors même que je les avais appréciés, séparément. Je pourrais occulter cet élément, mais je ne sais pas mentir, même par omission.

« Oh tiens, j’ai un grand souvenir de votre relecture de « La Mouette » et depuis que je vous ai vue à la Cité Internationale, je me suis plongé dans Bourdieu. Je vous aime, mais séparément ! »

Au Théâtre de l’Aquarium, je reconnais le directeur d’un théâtre de Seine-St-Denis. Je n’ai rien à lui dire. Je reconnais aussi ce directeur de théâtre / metteur en scène / auteur d’un grand théâtre parisien, très reconnaissable. Je crois qu’il a retrouvé ma trace, car je le croisais très souvent à Avignon, à la Manufacture par exemple. J’ai subitement envie de danser et de chanter devant lui.

« Palace, Palace, ça c’est Palace ! »

Une farandole en temps de Covid. Mais je ne le ferai pas, je n’aime pas me donner en spectacle.

Je reconnais aussi cet auteur, qui nous regarde bizarrement, mon double et moi. Oui, parce que je ne suis pas tout seul, je suis accompagné de mon double théâtral. Il m’a joué moi. J’ai l’impression qu’il a grandi. Ou peut-être bien que je me voûte ? Il nous regarde parce qu’il tente de deviner ce qu’on dit et transposer le tout dans une de ses histoires ? Oui, ok, j’ai enlevé mon masque, mais c’est pour mieux boire, mon enfant ! Ou bien pense-t-il que je suis un autre ?

« Je m’appelle Alex. Enchanté. »

Puis il y a cette personne que je trouve admirable, grâcieuse et désirable… Que je crois reconnaître… Un échange de regards… Je n’ose pas. Je pars, sans mon masque, en courant.

« Ce soir, j’ai la mélancolie athlétique. »

 

 

Vu le samedi 29 août 2020 au Théâtre de l’Aquarium (Paris) 

Prix de ma place : gratuit

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Automne Vingt Vingt

Même si je suis loin d’avoir rempli mon agenda contrairement aux années précédentes, je suis arrivé à trouver une petite vingtaine de spectacles susceptibles de me plaire cet automne. Voici donc ma sélection pour cet automne vingt vingt, en espérant que tout se déroule comme prévu, je ne vous fais pas un dessin, surtout que je ne sais pas dessiner.

Par ordre d’apparition :

1- Original, d’après une copie perdue au Théâtre de l’Aquarium (les 27, 28 et 29 août) – Conception : Samuel Achache, Marion Bois et Antonin-Tri Hoang, avec notamment la pianiste Eve Risser, le comédien Léo-Antonin Lutinier, etc.

« Performance déambulatoire dans les recoins du théâtre avec une vingtaine d’acteurs, musiciens, costumiers, techniciens, éclairagistes : Installations sonores, conférences, concerts inachevés, film reconstitué, performance, pièce de théâtre, opéra miniature etc. »

En attendant la deuxième édition de Bruit – Festival de l’Aquarium, il est bon de reprendre les bonnes vieilles habitudes (théâtrales) en arpentant ce haut lieu de la Cartoucherie. J’aime déambuler, que cela soit écrit. Et ça me fera peut-être oublier que c’est la rentrée…

2- Uneo uplusi eurstragé dies à la Villette – par Gwenaël Morin (les 12 et 13 septembre 2020 – avec le Festival d’Automne à Paris)

« Uneo uplusi eurstragé dies met en scène trois mises à mort à partir de l’œuvre de Sophocle : celle d’Ajax, d’Antigone et d’Héraclès. Du lever du jour au zénith de midi, la force tragique antique et l’urgence théâtrale de Gwenaël Morin se mêlent, entre épure scénique et rituel singulier. »

L’idée de me lever à 6h du matin pour voir ce spectacle déambulatoire de 6h30 à la Villette me ravit au plus haut point. Surtout que je vis à 6 minutes à pied de ce haut lieu du 19e arrondissement de Paris, je ne le répèterai jamais assez. Je cherche d’ailleurs à acheter dans ce quartier-là ou dans les 20e/11e un deux pièces d’au moins 30 mètres carrés à moins de 200 000€. Certaines personnes disent que je suis un rêveur, mais je ne suis pas le seul.

3- De la sexualité des orchidées au Centre Wallonie Bruxelles (les 17 et 18 septembre 2020) – Conférence performée de et par Sofia Teillet

« Sous des dehors de conférencière très sérieuse, Sofia Teillet nous livre une leçon de biologie des plus savoureuses et jubilatoires. Images et schémas à l’appui, elle se passionne pour la sexualité de certaines espèces végétales et animales, en particulier celle de l’orchidée. Nous découvrirons les techniques de reproduction étonnantes qu’ont développées ces espèces, en réponse à leur environnement et leur difficulté à rencontrer naturellement l’autre sexe. »

Je suis nul en botanique et j’aime apprendre des nouvelles choses. (je trouve qu’il y a de plus en plus de conférences performées dans le paysage théâtral (au moins) français. Et je ne dis pas cela parce que ma pièce à moi prendra également cette forme…)

4- Aux éclats au Théâtre de la Bastille – par Nathalie Béasse (du 14 septembre au 8 octobre 2020)

« Sur le plateau, on se déguise, on met des masques, on essaye de s’adonner à la prestidigitation, on se court après, on s’asperge d’eau, on s’énerve, on se gifle, on se réconcilie, on roule ou on chute… Aux éclats… explore les débordements en tous genres, les limites entre le plein et le trop-plein, entre le vide et ce qui excède, mais aussi les failles et les empêchements des êtres humains grâce à la présence de trois personnages, sortes de Buster Keaton des temps modernes, qui jouent devant nous comme des enfants. »

Ouverture du Théâtre de la Bastille avec la nouvelle création d’une de ses artistes fétiches. Revenir, je l’espère, dans ce lieu, que je ne fréquenterai pas aussi fréquemment que durant les saisons précédentes sera forcément un grand moment pour moi. Six mois déjà…

5- D’autres mondes au Nouveau Théâtre de Montreuil – par Frédéric Sonntag (du 22 septembre au 9 octobre 2020)

« Au début des années 60, un jeune physicien français au génie précoce et un auteur de science-fiction soviétique travaillent sans le savoir sur le même concept : l’existence d’univers parallèles. Cinquante ans plus tard, leurs enfants – le leader d’un groupe de rock renommé et une futurologue récemment médiatisée – sont chacun hantés par l’héritage paternel et confrontés au même moment à d’étranges événements : le surgissement d’autres réalités au sein de leur réalité propre. Mais que sont donc exactement ces autres mondes qui s’ouvrent à eux ? »

Le précédent spectacle de Frédéric Sonntag, B. Traven, avait donné lieu à mon premier papier pour le Blog de Nestor. Je m’en souviens, aussi, parce que ça m’avait beaucoup plu. Rien à voir, il y a des artistes, comme ça, qui reste à l’écart de Paris, pour une raison inexpliquée…

6- Jamais labour n’est trop profond à Nanterre Amandiers – Conception et mise en scène de Thomas Scimeca, Anne-Elodie Sorlin & Maxence Tual (du 22 au 27 septembre 2020)

« La planète souffre de mille maux. Les sols s’épuisent. Les forêts brûlent. L’air devient irrespirable. La biodiversité se réduit de jour en jour. Et voilà que les pandémies nous isolent quand elles ne nous tuent pas. Que faire ? Faut-il crier « Tous aux abris ! » ? Revenir à la terre ? Cultiver ses propres tomates ? La scène, le théâtre, jouer : cela a-t-il encore du sens ? Ne vaut-il pas mieux contempler la lenteur extatique de l’escargot ou réapprendre à utiliser notre télencéphale à des fins plus utopiques ? »

Ce spectacle, qui aurait dû se jouer la saison dernière, ne sera sûrement pas comme les autres. Je suis même curieux de voir ce que donne un spectacle avec des anciens Chiens de Navarre, sans Jean-Christophe Meurisse aux commandes.

7- The History of Korean Western Theatre au Théâtre de la Bastille – Conception, texte, direction, musique, vidéo et performance Jaha Koo (du 23 septembre au 1e octobre 2020 – avec le Festival d’Automne à Paris)

« Jaha Koo a quinze ans quand il rejoint le club théâtre de son école. En 2008, il assiste à un symposium célébrant le 100 anniversaire du théâtre coréen. Il s’étonne. Pourquoi les auteurs les plus joués en Corée du Sud sont-ils Shakespeare, Molière et Ibsen ? Existe-t-il un théâtre contemporain en dehors du répertoire occidental ? »

Une de mes grandes frustrations de l’an passé (hormis les spectacles annulés) fut de ne pas avoir pu découvrir son spectacle avec des auto-cuiseurs, répétition oblige. Hâte de le découvrir avec ce nouveau spectacle.

8- Exécuteur 14 au Théâtre du Rond Point – Une pièce de Adel Hakim, mise en scène de Tatiana Vialle, avec Swann Arlaud, en présence de Mahut (du 30 septembre au 23 octobre 2020)

« Il n’avait rien d’un assassin. Mais la guerre est là, qui l’imprègne, dilue en lui son langage et son venin. Il devient le guerrier d’un conflit dont il ne comprend rien. Il apprend la haine, suit un Dieu vengeur. Contaminé par la barbarie, il se débat avec ses restes d’humanité. »

Ou l’incompréhension de ne pas avoir vu une précédente (et touchante) mise en scène de Tatiana Vialle être reprise à Paris. Cette fois-ci, elle met seulement en scène un certain Swann Arlaud…

9- La brèche au CentQuatre – Texte de Naomi Wallace, mise en scène de Tommy Milliot (du 7 au 17 octobre 2020)

« Dans les années 1970, quatre adolescents scellent un pacte pour protéger le plus fragile d’entre eux. Ils se retrouvent quatorze ans plus tard : Acton est mort. »

Je profite d’un abonnement au CentQuatre pour découvrir de nouvelles troupes, des artistes en devenir. Pour la petite histoire, j’aurais dû voir cette pièce la saison dernière lors d’une de mes escapades marseillaises au Théâtre Joliette.

10- Quand je serai grande à la Comédie des 3 Bornes – de et avec Margaux Cipriani et mise en scène par Sophie Troise (tous les lundis, du 5 octobre 2020 au 25 janvier 2021)

« A 30 ans un bilan s’impose ! Il faut quitter l’enfance où on avait encore un pied pour se lancer complètement dans le monde adulte ! Il faut faire le point entre ce qu’on imaginait et la réalité… Mais il ne faut pas pour autant oublier ses rêves ! Il faut les réaliser et passer au dessus des désillusions… La vie, la vraie, le travail, la maternité avec toutes ses surprises et sa poésie, la famille, les vieux dans les bus,… un monde s’ouvre à nous avec sensibilité et humour… »

Copinage pour un spectacle mis en scène par celle avec qui je travaille sur ma propre pièce…

11- Parlement au Théâtre de la Bastille – de Joris Lacoste avec Emmanuelle Lafon (du 8 au 14 octobre 2020, avec le Festival d’Automne à Paris)

« Depuis 2007, Joris Lacoste mène avec un collectif l’Encyclopédie de la parole, projet destiné à inventorier et répertorier les formes orales.(…) En résulte ici un monologue jubilatoire, porté par la prodigieuse Emmanuelle Lafon qui enchaîne sans pause la confidence murmurée, le discours d’une femme politique, celui d’un philosophe inspiré, le commentaire sportif, le message téléphonique de la conseillère bancaire ou la dictée, souvent en français, parfois dans une langue étrangère… Les codes des différents régimes de parole apparaissent dans toute leur nudité et ce qu’on perçoit alors est d’abord une musique, à la fois familière et étrange, comique et effrayante, car déplacée, extraite de sa gangue habituelle. »

Pour la petite histoire, Emmanuelle Lafon fait aussi partie du collectif F71 qui, fut un temps, créait des spectacles autour des écrits de Michel Foucault. C’est grâce à une de leurs créations, Notre corps utopique, que j’ai découvert ce philosophe. Et donc rien que pour cela…

12- La peste c’est Camus mais la grippe est-ce Pagnol ? aux Bouffes du Nord – par les Chiens de Navarre et conçu par Jean-Christophe Meurisse (du 16 au 24 octobre 2020)

« Dans ce contexte sanitaire et culturel exceptionnel, j’ai proposé aux acteurs qui ont fait l’histoire des Chiens de Navarre de se réunir, pour dix soirées et d’inventer un spectacle différent chaque soir. De jouer ou lire une pièce qui n’a jamais été écrite à chaque représentation. Nous revenons ainsi aux principes fondateurs de la compagnie : la totale improvisation. Libre, jubilatoire et explosive. Pour le meilleur et surtout (nous espérons) pour le pire. » Jean-Christophe Meurisse

Vais-je avouer que j’ai mis un mois avant de comprendre le jeu de mots du titre ? En tout cas, heureux de revoir tous les Chiens de Navarre pour un impromptu, une forme originale, une surprise ! Mais était-ce une bonne idée de prendre cette place au premier rang ?

13- Madame Fraize au Théâtre du Rond Point – par Monsieur Fraize sur une mise en scène de Papy (du 28 octobre au 28 novembre 2020)

Monsieur Fraize flotte dans une robe verte et fendue, il chante l’amour et le manque. Peut-être a-t-il emprunté la robe de Madame Fraize pour mieux parler d’elle, âme sœur et tout à la fois grand-mère, sœur et marraine ? Madame Fraize est son épouse, réelle ou rêvée, on ne connaîtra pas son nom. Elle le guide aujourd’hui. Elle le sociabilise. Enfant timide à vie, il a vécu dans l’ombre de ses parents. Il vit aujourd’hui dans la lumière de sa compagne.

Une autre de mes inspirations, avec un tout nouveau spectacle. J’ai copié collé le résumé, mais je ne veux même pas le lire tellement je veux avoir la surprise, déjà qu’avec ce titre…

14- Les Frères Karamazov à l’Odéon Théâtre de l’ Europe – par Sylvain Creuzevault avec notamment Nicolas Bouchaud (du 12 novembre au 6 décembre 2020, avec le Festival d’Automne à Paris)

« Les Frères Karamazov est un monstre. Comme pour Les Démons (mis en scène aux Ateliers Berthier à l’automne 2018), Sylvain Creuzevault taille dans ses 1300 pages les éléments d’une lecture inspirée par Heiner Müller et Jean Genet, selon qui l’ultime roman de Dostoïevski est avant tout “une farce, une bouffonnerie énorme et mesquine”. Cet humour farcesque devient ici littéralement ravageur. »

Je n’ai jamais lu ce monument de la littérature russe. Cette pièce me fera office de « profil d’une œuvre », ça me rappellera le bon temps du lycée où je ne lisais pas tout ce qu’on me prescrivait et… J’en dis trop. Ma professeure de français sera déçue si je raconte tout… Et puis y a Nicolas Bouchaud…

15- Pacific Palisades au Théâtre Paris Villette – texte Guillaume Corbeil / mise en scène et dramaturgie Florent Siaud / interprétation Evelyne de la Chenelière (du 12 novembre au 5 décembre 2020)

« En 2015, un homme prétendant être mi-homme mi-extraterrestre et agent des services secrets américains est retrouvé mort dans sa voiture. Son garage cache des millions de dollars en armes, munitions et petites coupures. Autour de lui, gravitent plusieurs femmes. Pacific Palisades part de cet intrigant fait divers californien pour mener l’enquête. Fiction ? Réalité ? »

Il me faut ma dose de théâtre québécois. Et quand je lis que l’auteur de « Nous voir nous – Cinq visages pour Camille Brunelle » + un metteur en scène dont j’avais manqué l’adaptation de 4.48 Psychose de Sarah Kane + une comédienne qu’il me tarde de découvrir : je répondrai présent.

16- Ton père au Monfort Théâtre – d’après le livre de Christophe Honoré, par Thomas Quillardet (du 18 au 28 novembre 2020, avec le Festival d’Automne à Paris)

« C’est l’histoire d’un homme qui vit à Paris avec sa fille de 10 ans. Sur le papier que cette dernière a trouvé épinglé à la porte de leur appartement, des mots griffonnés au feutre noir : « Guerre et Paix : contrepèterie douteuse ». Très vite, tout s’emballe. Qui a écrit ces mots ? Qui le soupçonne d’être un mauvais père ? Peut-on être gay et père ? »

Parce que Thomas Quillardet ne m’a pour l’instant pas déçu avec ses adaptations scéniques des films de Rohmer ni avec la pièce de Tiago Rodrigues « Tristesse et joie dans la vie des girafes » (d’ailleurs est-ce que le film portugais adapté de cette pièce sortira un jour en France ?). Parce que Christophe Honoré (même si j’en apprécie un film sur deux).

17- Abysses aux Plateaux Sauvages – sur un texte de Davide Enia et une mise en scène de Alexandra Tobelaim (du 23 au 28 novembre 2020)

« Aujourd’hui, un père et un fils regardent l’Histoire se dérouler sous leurs yeux, sur un rivage de l’île de Lampedusa. Au cœur des débarquements, cette histoire nous porte à la rencontre des sauveteur·trice·s et des habitant·e·s de cette île. Abysses est le récit de la fragilité de la vie et des choses, où l’expérience de la douleur collective rencontre celle, intime, du rapprochement entre deux êtres. »

Si les Plateaux Sauvages rouvrent vraiment, je répondrai présent à cette pièce d’une metteuse en scène dont j’avais beaucoup apprécié le Italie Brésil 3 à 2, vu à la Manufacture il y a quelques années à Avignon. Je précise, les Plateaux Sauvages ont une excellente programmation et une multitude de rencontres, ateliers avec les artistes programmés, tout cela pour un prix « responsable » (on choisit nous-mêmes le prix) A consulter !

18- Catarina et la beauté de tuer des fascistes aux Bouffes du Nord – texte et mise en scène de Tiago Rodrigues (du 26 novembre au 19 décembre 2020, avec le Festival d’Automne à Paris)

« Cette famille tue des fascistes. C’est une tradition suivie, sans exception, par chaque membre de la famille depuis plus de 70 ans. Aujourd’hui, ils se réunissent dans une maison à la campagne, au sud du Portugal, près du village de Baleizão. La plus jeune de la famille, Catarina, va tuer son premier fasciste, kidnappé pour l’occasion. C’est un jour de fête, de beauté et de mort. Cependant, Catarina est incapable de tuer ou refuse de le faire. Un conflit familial éclate, suivi de plusieurs questions. »

En attendant ma quatrième et dernière vision de « By Heart » en décembre le jour de mon anniversaire, c’est aux Bouffes du Nord qu’on appréciera la toute dernière création de l’artiste portugais. Je ne vais pas récapéter tout ce que je pense, tout ce que je sais de Tiago Rodrigues, on est d’accord…

19- Choeur des amants aux Bouffes du Nord – texte et mise en scène de Tiago Rodrigues (du 27 novembre au 19 décembre 2020)

« Tiago Rodrigues revient à sa première pièce de théâtre. Écrite et créée à Lisbonne, en 2007, Chœur des amants est un récit lyrique et polyphonique. Un jeune couple raconte à deux voix la condition de vie et de mort qu’ils traversent lorsque l’un d’eux se sent étouffé. En juxtaposant des versions légèrement différentes des mêmes événements, la pièce nous permet d’explorer un moment de crise, comme une course contre-la-montre, où tout est menacé et où l’on retrouve la force vitale de l’amour. »

Double programme puisque le même jour je verrai deux personnes qui me rappelleront certains souvenirs : Alma Palacios et David Geselson, de retour dans l’univers de Tiago Rodrigues.

20- Une cérémonie au Théâtre de la Bastille – Écriture et mise en scène Raoul Collectif (du 26 novembre au 19 décembre 2020)

« Nous sommes des Quichottes lorsque nous partons nous battre avec des armes usées et poussiéreuses contre le capital, contre la finance, contre la bêtise et les profits, contre le patriarcat et la fascination du pouvoir, contre les esprits étriqués et les discours dominants. En ce qui nous concerne ces armes sont le théâtre – la parole, les mots, les corps, les voix, la musique, l’ivresse poétique. Et l’intelligence collective. »

Une pièce que j’aurais dû voir au printemps dernier au Théâtre National de Bruxelles, que vous auriez pu voir cet été au Festival d’Avignon, que certains verront avant moi pendant la semaine d’art dans la cité des Papes fin octobre… Bruxelles, Avignon, vous me manquez !

En prime, deux pièces qui sont reprises cet automne et que j’avais appréciées…

Je ne sais pas ce qu’il en sera des concerts, mais j’espère assister au Requiem de Mozart à la Philharmonie de Paris… Puis pourquoi pas revoir Jonathan Capdevielle ou Mathieu Bauer… Du Boris Charmatz, des spectacles présentés par le Festival d’Automne à Paris s’inclueront peut-être à ce joli programme… Je serai aux aguets quant à la programmation du Théâtre 14 qui a su faire preuve d’inventivité et d’une belle réactivité en présentant des spectacles annulés au Off d’Avignon (merci la Covid !), je tendrai l’oreille concernant les pièces programmées au Théâtre de Belleville, à la Reine Blanche ou au Lavoir Moderne Parisien…

En attendant de nouvelles chroniques, prenez bien soin de vous.

Crédits photos : DR – Bun Jun Fri – Camille Bondon – Jean-Louis Fernandez – Kyle Thompson – Anne-Elodie Sorlin / Camille Lourenço – Choy Jong Oh – Stéphane Trapier – Christophe Raynaud de Lage – Sandrine Servent – Huma Rosentlski – DR – Stéphane Trapier – DR – DR – DR – Alexandra Bandeau – Pedro Macedo – Filipe Ferreira – DR

Printemps Vingt Vingt

Autant dire que, vu ce qu’il se passe dehors, je ne sais pas si nous pourrons voir tous ces spectacles, mais on fera tout pour… D’ailleurs, pourquoi m’embêter, je pourrais très bien faire une liste des spectacles que je n’irai de toute façon pas voir. Au hasard : Isabelle Huppert dans la Ménagerie de Verre (je deviens allergique) ? Ou tenter de deviner lesquels j’ai prévu de voir mais que je ne verrai finalement pas (à cause d’une répétition impromptue, un rendez-vous galant, un boycott des Bouffes du Nord après la déprogrammation du phénoménal spectacle de Phia Ménard au profit de Kanye West…)

 

 

1/ MAPS (les 3 et 4 mars) / STEREO (les 6 et 7 mars) de Liz Santoro et Pierre Godard au Théâtre de la Bastille 

Ou le retour des deux chorégraphes au Théâtre de la Bastille, après For Claude Shannon qui ne m’avait pas vraiment convaincu, mais je veux bien leur redonner deux chances. Pis, c’est comme pas si je pouvais faire autrement, puisque c’est inclus dans mon pass intégrale… (à l’heure où j’écris cette chronique, j’ai déjà vu Maps et, pour en faire une micro-critique, je n’adhère pas aux parti-pris du duo)

2/ LABOURER de Madeleine Fournier au Théâtre de la Bastille (du 3 au 6 mars)

Qui êtes-vous, Madeleine ? (pas certain que j’irai voir une autre de ses oeuvres, au regard de ce que j’ai ressenti lors de la représentation… j’en dis trop et pas assez, je le sais)

3/ LE THÉÂTRE ET SON DOUBLE de Gwenaël Morin à Nanterre Amandiers (du 10 au 28 mars)

Ce metteur en scène m’avait enchanté avec ses Molière d’Antoine Vitez, vus au Théâtre du Peuple à Bussang il y a presque deux ans – d’ailleurs, j’y retournerai cet été pour, sûrement, un des derniers articles du blog. Cela sera l’occasion de me confronter à l’écriture d’Antonin Artaud (avec qui je partage au moins deux points communs : le lieu de naissance et le lycée du même nom où j’ai passé mon baccalauréat).

 

 

4/ ILLUSIONS PERDUES de Pauline Bayle au Théâtre de la Bastille (du 11 mars au 10 avril)

Ma connaissance en l’oeuvre de Balzac est proche de zéro, mais je fais confiance en Pauline Bayle, elle qui m’avait enchanté (j’ai oublié mon dictionnaire des synonymes) avec son adaptation d’Iliade et Odyssée.

5/ NORMALITO de Pauline Sales au Carreau du Temple (du 13 au 15 mars)

L’autrice Pauline Sales + une commande de Fabrice Melquiot + un soupçon d’Anthony Poupard (que je reverrai cet été à Bussang…)

6/ FURIA de Lia Rodrigues au Théâtre de Gennevilliers (les 14 et 15 mars)

Je l’avais raté l’an passé à Chaillot, je tente la ligne 13 cette année pour aller jusqu’à Gennevilliers, tellement son Pindorama m’avait fasciné.

7/ LES SEPT PÉCHÉS CAPITAUX de Pina Bausch au Théâtre du Châtelet (du 24 au 29 mars) / LE SACRE DU PRINTEMPS de Pina Bausch au 13e Art (du 1e au 21 juin)

L’an passé, j’avais également raté les deux nouvelles créations de la compagnie. On ne m’y reprendra pas. Un jour j’irai à Wuppertal (j’y suis déjà allé) voir un spectacle de Pina Bausch.

 

 

8/ COCOROSIE au Trianon (le 3 avril)

Autant vous dire que je n’ai pas réécouté les soeurs Cassady depuis 2007 et leur album The Adventures of Ghosthorse & Stillborn et que j’espère retrouver dans ce concert mes vingt-neuf ans… Oui, j’en suis là, RENDEZ-MOI MA JEUNESSE ! (comme disait Roland Barthes : « Je n’ai pas une nostalgie mais des nostalgies. » #dropthemic)

9/ REVISOR de Crystal Pite & Jonathon Young à la Villette (du 1e au 4 avril)

Je suis un mouton de Panurge : on me dit d’aller voir un spectacle de Crystal Pite, donc je vais voir un spectacle de Crystal Pite.

10/ LA BRÈCHE de Tommy Milliot au Théâtre Joliette Minoterie (Marseille) (du 8 au 10 avril)

Je serai à Marseille pendant les vacances de Pâques et comme je n’ai rien d’autre à faire, j’irai aussi au théâtre. J’avais le choix entre un spectacle à l’Espace Kev Adams (véridique) ou celui-là.

11/ LE SILENCE ET LA PEUR de David Geselson au Théâtre de la Bastille (du 20 au 29 avril)

Oui… encore une pièce autour de Nina Simone. Mais comme c’est le très occupé David Geselson qui est aux manettes, je ne peux rien lui reprocher.

 

 

12/ VACANCES VACANCE d’Ondine Cloez au Théâtre de la Bastille (du 21 au 25 avril)

Mystères mystère…

13/ DANS LE NOM de Tiphaine Raffier aux Ateliers Berthier (du 22 avril au 7 mai)

Précédemment comédienne chez Julien Gosselin, sa pièce à elle, France Fantôme, m’avait grave impressionné (oui, je parle comme ça aussi) (en reprise au même endroit du 14 au 28 mai). Parviendra-t-elle à confirmer l’essai ? Nous le saurons prochainement…

14/ JAMAIS LABOUR N’EST TROP PROFOND par Thomas Scimeca, Anne-Elodie Sorlin et Maxence Tual à Nanterre Amandiers (du 23 au 30 avril) / TOUT LE MONDE NE PEUT PAS ÊTRE ORPHELIN par les Chiens de Navarre aux Bouffes du Nord (du 2 au 14 juin)

Des anciens Chiens de Navarre, les nouveaux Chiens de Navarre… Curieux de voir mon premier, sans la patte Jean-Christophe Meurisse, craintif d’être lassé pour mon deuxième.

 

 

15/ BILLION DOLLAR BABY à la Nouvelle Seine (du 1e avril au 28 mai)

Après Thomas Scimeca, une autre Marseillaise sur scène : Audrey Vernon, dont j’ai vu les trois précédents spectacles (pertinents et drôles : Comment épouser un milliardaire ? Chagrin d’Amour et Marx et Jenny)

16/ UNE CÉRÉMONIE par le Raoul Collectif au Théâtre National Wallonie Bruxelles (du 28 avril au 14 mai)

Normalement, je devrais à nouveau me rendre en mai prochain à Bruxelles pour voir ce nouveau spectacle du génial collectif belge, en avant-première avant son passage au Festival d’Avignon cet été et en 20/21 au Théâtre de la Bastille. Je vous raconterai…

17/ PHÈDRE ! (du 4 mai au 6 juin) / RÉCITAL / CHORALE / LES POTIERS (DU 14 au 16 mai) par le Collectif Gremaud / Gurtner / Bovay au Théâtre de la Bastille

Pas d’Occupation Bastille cette année, mais des Suisses en force avec ces quatre spectacles, sûrement drôles et intelligents. (j’avais adoré la Conférence de Choses, moins Pièce)

 

 

18/ ITALIENNE, SCÈNE ET ORCHESTRE de Jean-François Sivadier à la MC 93 (du 28 mai au 6 juin puis du 19 juin au 5 juillet)

Pièce culte avec Nicolas Bouchaud

19/ POQUELIN II par le tg STAN aux Nuits de Fourvière (du 4 au 7 juillet)

Je ne sais pas encore si cette pièce sera jouée la saison prochaine au Théâtre de la Bastille ou pendant le Festival d’Automne, mais j’aurais très envie de découvrir les Nuits de Fourvière par l’intermédiaire de mon collectif flamand préféré.

20/ LES INFILTRÉ.E.S saison 3 au Théâtre de la Bastille (les 18 et 19 juin)

On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Un des projets théâtraux auxquels je participe reprend du service (et moi aussi par la même occasion, moi qui, à la même époque l’an passé, clamait que ça serait ma dernière saison)

 

QUAND IL N’Y EN A PLUS, IL Y EN A ENCORE…

À part ça, j’aurais pu aussi citer les spectacles en continuation ou en reprise, que j’ai déjà vus (et appréciés), comme : Hedda qui est toujours à l’affiche du Théâtre de Belleville jusqu’au 29 mars – le grand retour de Jean-Baptiste Thierrée et Victoria Chaplin avec leur Cirque Invisible (au Théâtre du Rond Point du 3 mars au 5 avril) – Maîtres Anciens – Comédie avec Nicolas Bouchaud (au Théâtre de la Bastille du 10 mars au 3 avril) – la reprise à la Comédie Française du génial Comme une pierre qui… de Marie Rémond (du 15 avril au 24 mai), ou comment Bob Dylan enregistra la chanson « Like a rolling stone » – ainsi que Hercule à la plage de Fabrice Melquiot que j’avais beaucoup apprécié l’été dernier (à l’Espace Cardin du 24 avril au 3 mai) – sans oublier le retour du tg STAN, pas à Bastille mais au Théâtre 14 avec la reprise de Après la répétition (une pièce chère à mon coeur) avec Georgia Scalliet d’après Bergman (du 28 au 30 mai)…

Mais également des spectacles qu’il me sera difficile de voir pour des raisons techniques (imaginez tout ce que vous souhaitez) : la reprise de Trans (mes enlla) par Didier Ruiz, que je raterai à nouveau (à la Maison des Métallos du 19 au 21 mars) – la lecture de la pièce Fanny écrite par Rebecca Deraspe, une autrice québécoise à suivre (à la MC93 – Hors les murs du Théâtre Ouvert, le 22 mars) – La 7e vie de Patti Smith  (tout est dans le titre) de Benoît Bradel avec Marie-Sophie Ferdane (au Théâtre 14, du 24 mars au 7 avril) –  Le dernier jour du jeûne par Simon Abkarian au Théâtre de Paris (du 3 avril au 4 juin) – un des derniers concerts de Léopoldine HH pour cette tournée « Blumen in Kopf » (le 20 avril à la Manufacture Chanson) – la création de Du côté de Guermantes d’après l’oeuvre de Proust et mis en scène par Christophe Honoré (à la Comédie Française du 23 avril au 7 juin mais c’est déjà malheureusement complet…) Andando Lorca 1936 (aux Bouffes du Nord du 28 avril au 10 mai), ne serait-ce que pour les comédiennes Estelle Meyer, Johanna Nizard, Zita Hanrot, Audrey Bonnet… – le festival Mises en Capsules (du 18 mai au 6 juin) au Théâtre Lepic, qui vient d’annoncer sa nouvelle programmation (avec notamment une pièce écrite par une ancienne camarade que je connais depuis le CP…) – Les secrets d’un gainage efficace par les Filles de Simone, que j’avais raté l’été dernier (au Théâtre Paris Villette du 20 mai au 6 juin) – This is how you will disappear de Gisèle Vienne, qui m’intrigue toujours autant, après Jerk ou Crowd (au Théâtre du Châtelet du 27 au 31 mai).

J’ai employé le mot Bastille quinze fois, je ferai mieux la prochaine fois. Bonne nuit !

Contes Immoraux – Partie 1 : Maison-Mère (Phia Ménard / Cie Non Nova / Bouffes du Nord)

(de quoi ça parle en vrai)

« Une feuille de carton géante, quelques mètres de ruban adhésif, des piques et un corps. D’un geste sans hésitation comme on mènerait le combat à mort ! Ici pas de sang mais la sueur d’une tension entre une architecture titanesque et la bâtisseuse. Etaler, tracer, couper, assembler, poser, puis recommencer encore jusqu’à l’équation parfaite. Qui est-elle ? Une mortelle ou un mythe ? Une réfugiée d’un temps proche, celle qui reconstruira malgré les intempéries et les déluges mythiques ? Tout se joue à l’instant et l’erreur guette… » (source : ici)

 

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Crédits photo : Jean-Luc Beaujault

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Ceci, rappelons-le, est une performance.

Jouons-la d’abord basique : c’est l’histoire de la construction d’une maison de type Acropole, ça prend 1h15 et elle est détruite en 15 minutes.

Jouons-la plus finement : Nous assistons au montage laborieux d’une maison en carton, aux dimensions assez impressionnantes. Le personnage interprété par Phia Ménard retire les pièces inutiles, plie, monte, scotche avec du scotch pas totalement résistant, fait le tour de son chantier une fois, deux fois… On n’oublie pas que c’est une performance. Quand on ne voit plus Phia Ménard (parce qu’on est placé du mauvais côté de la scène), on observe les spectateurs, hypnotisés, agacés, amusés, comme nous en fait (comme moi, quoi).

Puis, sans crier gare, on reste fasciné, scotché (petit jeu de mots des familles pour qui a vu le spectacle, car un stock assez conséquent de scotch est utilisé pour solidifier la maison). La performeuse tente de mettre la maison debout. Il lui faudra plusieurs tentatives. Si on m’observe à mon tour, je suis assez ridicule, je trouve, car très expressif : mes yeux, ma bouche, grands ouverts, de peur que tout s’effondre, que Phia Ménard ne parvienne pas à mener à son terme son effort. On tremble pour elle. Et elle joue de ça. On l’entend soupirer voire rugir, on l’entendrait presque transpirer (les sons sont captés, décalés, modifiés). On voit sur son visage l’impatience, l’agacement, voire la frustration mais aussi la persévérance. Et pourtant – séquence divulgâchage – la maison tiendra debout.

Des gouttes d’eau tombent alors sur la bâtisse en carton. Phia Ménard s’assoit. La pluie tombe sur la scène du théâtre de plus en plus fort. L’artiste regarde son oeuvre se détruire. Nous assistons à cette chute, rapide et implacable, impuissants. Et nous laissons faire… Tu la devines l’allégorie ? Le théâtre est envahi de fumée, nous distinguons à peine la silhouette de Phia Ménard. Fin.

Même si j’ai passé ma non-critique à décrire au final la performance, il en reste que ce qu’on ressent est assez indescriptible. Il faut se laisser porter par le travail de Phia Ménard et il est certain que vous vous en souviendrez très longtemps, tellement ce spectacle est phénoménal…

 

CONTES IMMORAUX – PARTIE 1 : MAISON MÈRE

Une performance de la Compagnie Non Nova

Ecriture et mise en scène Phia Ménard et Jean-Luc Beaujault

Scénographie et Interprétation Phia Ménard

Composition sonore et régie son Ivan Roussel – Régie plateau Pierre Blanchet et Rodolphe Thibaud – Costumes et accessoires Fabrice Ilia Leroy

Jusqu’au 1e mars 2020 aux Bouffes du Nord (Paris) puis à Chambéry, Brest, Gradignan…

 

(une autre histoire)

Elle est assise en fond de scène et nous, spectateurs, arrivons dans la salle.

« Et c’est parti pour le show… J’ai oublié un truc… le ruban adhésif, ok, ma tronçonneuse, ok… elle est rechargée ? Merde, je ne sais plus si j’ai changé la batterie ! (…) Et vas-y qu’on me prend en photo, qu’on la met sur Instagram « En attendant que Phia Ménard… bla bla bla… » (…) Mais quelle idée de venir avec un enfant de 8 ans ? Au premier rang en plus… Il va se balader, jouer avec la boule de scotch que j’aurai jetée, ne pas obéir à sa mère… Je déteste les enfants. (…) Y a l’ouvreur qui marche dans mon espace de jeu, j’aime pas ça. Et ce spectateur qui va s’embrocher dans le micro : « Mais regarde où tu mets tes pieds, putain ! » (…) Alors ? Combien de personnes vont sortir avant la fin ce soir ? (…) Oh toi, tu te mets au premier rang… j’espère que tu as prévu ton ciré et tes bottes de pluie ! » (…) J’ai oublié mon texte, putain, qu’est-ce que je dois dire ? Aaaaah, mais je suis conne… c’est vrai… je n’ai pas de texte ! Je suis maline quand même ! »

 

Vu le lundi 24 février 2020 aux Bouffes du Nord (Paris)

Prix de ma place : 26€ (promo carte Nanterre Amandiers)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

La Vallée de l’Étrange (Rimini Protokoll / Centre Culturel Suisse)

(de quoi ça parle en vrai)

« Lorsqu’elle est trop grande, la ressemblance entre robot et humain éveille la méfiance. Elle met en doute la limite qui distingue encore l’individu de la machine et, ainsi, les certitudes qui définissaient jusque-là notre humanité. Cette zone, que le professeur de robotique japonais Masahiro Mori a qualifiée de « vallée de l’étrange » (uncanny valley), constitue le point de départ de la pièce. Le robot androïde prend la place de l’auteur, s’adresse au public et soulève de très troublantes questions à travers sa propre histoire et celle d’Alan Turing, père de l’intelligence artificielle. Et nous, spectateur.trice.s, à quoi assistons-nous? Et finalement, qu’est-ce qui fait de nous des humains? » (source : ici)

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Photo de couverture : Gabriela Neeb – Photo ci-dessus : Axel Ito

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Deuxième rang, côté cour. L’écrivain Thomas Melle est déjà sur scène, bien installé dans son fauteuil. Lumières. Il est bizarre, Thomas Melle. Peut-être parce que ce n’est pas tout à fait l’écrivain allemand mais un robot. Avec des fils qui lui sortent de derrière la tête. On se demande d’abord si c’est un vrai robot, si la sueur dans son cou est factice. Si un acteur est maquillé comme un robot qui représente lui-même un humain, mais non.

Le robot nous parle. Et nous l’écoutons. Peut-être parce que nous sommes conditionnés comme spectateurs à le faire sans rechigner (ou presque). On voit les coutures, on devine que le budget consacré à l’animatronique n’était pas illimité, alors qu’aujourd’hui des robots humanoïdes peuvent être bien plus réalistes (oh le bruit de fond de la machine). Et pourtant, comme dans un spectacle avec des acteurs qui font semblant, on est tout de même dedans. Certes, les comédien-nes ont encore de beaux jours devant eux et d’ailleurs, à mon humble avis, le Rimini Protokoll n’a pas tenté de prouver qu’ils étaient déjà remplaçables (la voix de l’écrivain-robot allemand est même doublée). L’objet de la pièce est tout autre.

L’humain doit prouver qu’il n’est pas un robot (CAPTCHA, ça te dit quelque chose ?). L’humain ne peut plus vivre sans une aide artificielle. L’humain. Le robot. Le robot. L’humain.

Il me plait à repenser à ce film de Harold Ramis « Multiplicity » dans lequel Michael Keaton laissait ses clones travailler, passer la tondeuse, aller chercher les enfants…

« Si je pouvais fonctionner grâce à la technologie, est-ce que je perdrais mon humanité ? »

Je pense tout haut. Parfois, j’aimerais être comme cet homme, doté d’un appareil auditif, directement relié à son cerveau, et qui l’éteint quand bon il lui semble. Pour mieux dormir. Pour moins subir.

La force de ce spectacle est qu’il est finalement plus passionnant après que pendant, par toutes les interrogations qu’il suscite.

C’est un robot qui a écrit ces quelques phrases, d’après tout ce que j’ai déjà écrit. Merci à lui.

 

LA VALLÉE DE L’ÉTRANGE (Uncanny Valley)

Conception, réalisation, mise en scène : Stefan Kaegi 

Conception, corps, voix : Thomas Melle 

Dramaturgie : Martin Valdés-Stauber – Production animatro-nique : Chiscreatures Filmeffects GmbH – Production et finition de la tête en silicone : Tommy Opatz – Vidéo : Mikko Gaestel – Lumières : Robert Läßig, Martin Schwemin, Lisa Eßwein – Son, design vidéo : Jaromir Zezula, Nikolas Neecke – Équipement : Evi Bauer

du 5 au 8 février 2020 à la Villette (Paris), puis à Besançon

 

(une autre histoire)

L’été dernier, j’ai croisé une ancienne connaissance qui fait du théâtre, qui écrit aussi pour le théâtre mais qui ne connaissait pas le travail de Tiago Rodrigues. Cela me paraissait inconcevable d’aimer le théâtre et de ne pas s’intéresser à un des metteurs en scène européens les plus en vue (bon, Tiago n’est pas Ivo (Van Hove) ou Thomas (Ostermeier), mais quand même).

Ce soir, devant le Centre Culturel Suisse, après la représentation, je salue un comédien et metteur en scène, qui dirige des ateliers amateurs avec d’autres membres de sa compagnie (j’avais suivi un de ces ateliers, mais pas le sien durant deux ans). Il me donne son avis sur ce qu’on vient de voir (il souligne le côté anecdotique de l’entreprise (« Le robot a quand même des ratés… On voit que c’est fake ») Je lui parle de la similitude des sujets avec « Contes et légendes » de Joël Pommerat, mais avec des vrais acteurs qui font des robots plus vrais que nature. Il répond :

– Contes et légendes de quoi, de qui ?

– Contes et légendes tout court, de Pommerat.

– Ah bon, il fait une nouvelle pièce ? Je n’ai vu que Cendrillon. J’aime ce qu’il écrit, on s’en sert beaucoup pour nos ateliers.

– Je me souviens, j’avais vu ton adaptation de la Réunification des Deux Corées il y a deux ans.

Au risque de paraitre terriblement snob, j’ai en face de moi un gars qui s’enorgueillit de monter des textes de Pommerat dans son atelier, qui n’a vu qu’une seule de ses pièces et qui ne sait même pas qu’un de mes metteurs en scène préférés est de retour sur les planches avec sa nouvelle création. Je ne comprends pas.

 

Vu le samedi 1e février 2020 au Centre Culturel Suisse (Paris) dans le cadre de la Biennale Némo

Prix de ma place : 5€ (tarif adhérent Festival d’Automne)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Hen (Johanny Bert / Le Mouffetard)

(de quoi ça parle en vrai)

« Hen (prononcer « heun ») est unique : on ne peut l’enfermer dans une catégorie. Son visage et son corps sont multiples : femme et homme, féminin et masculine, glamour et virile, crue et pudique. Venez découvrir son monde plein de sensualité au cours d’une soirée cabaret où se mêlent chansons, tableaux visuels et prises de parole. Hen danse et interprète quelques reprises mais surtout des morceaux écrits et composés à son attention, dans un style pop expérimental proche de celui de Björk. Deux musiciens, notamment au violoncelle et au vibraphone, l’accompagnent. Les mots, dans le sillage des textes de Brigitte Fontaine (de Prunella Rivière, Laurent Madiot, Pierre Notte et bien d’autres…) parlent d’amour et d’érotisme, du plaisir de désirer et du désir de partager le plaisir. Le metteur en scène et marionnettiste Johanny Bert fait revivre à sa manière l’atmosphère débridée et insolente des cabarets berlinois des années 1930. Empruntant aussi à la culture queer, il a imaginé un personnage extravagant qui affirme tranquillement sa liberté sexuelle et sa liberté d’être. » (source : ici)

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Crédits photos : Christophe Raynaud de Lage

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Auréolé de son succès au Théâtre du Train Bleu au dernier Off d’Avignon, Hen débarque  au Mouffetard, LE théâtre des arts de la marionnette. Toujours délicat de voir un spectacle dont on entend tellement parler.

Malgré cette crainte, on se laisse très rapidement emporté par la folie Hen. Accompagné-e par les émérites musiciens Ana Carla Maza (au violoncelle) et Cyrille Froger (aux percussions et autres beatbox…), Hen se métamorphose, se contorsionne, séduit, nous fait rire, réfléchir. La marionnette sait qu’elle est marionnette. Elle se permet même de présenter ses gardes du corps (ou manipulateurs) qui ne la lâchent pas d’une semelle : Anthony Diaz et Johanny Bert. C’est ce dernier qui a créé Hen. C’est lui qui lui prête (en direct) sa voix, une voix qui m’a beaucoup fait penser à celle d’un Pierre Lapointe (le plus sous-estimé des chanteurs populaires québécois, en France en tout cas).

Comme en son temps Gloria Gaynor, Hen aurait pu chanter « I am what I am », tellement son tour de chant respire l’acceptation de soi, la tolérance, sans oublier une bonne dose de crudité (comment oublier cette pratique du « vessielingus » ) et de franchise. Hen ose tout, même reprendre à sa sauce une chanson assez inattendue (et que j’ai en 45 tours…) (phrase assez frustrante, j’en conviens, puisque je ne donne pratiquement aucun indice… On se dit durant le premier couplet : « Mais je connais cette chanson… » puis aucun doute pendant le refrain)

Le spectacle est court, très jouissif et même touchant. Les chansons sont entraînantes et parfois même tubesques (à quand le disque ?).

On recommande très chaudement. (à priori, il y aura une longue tournée dans notre charmant pays la saison prochaine)

(pour information, « hen » est un pronom suédois non genré, beaucoup plus usité que notre « iel » encore décrié… ah oui, parce que dans le spectacle, on parle beaucoup du genre, je ne l’ai peut-être pas précisé)

 

HEN

Conception, mise en scène et voix : Johanny Bert

Manipulateurs de HEN : Johanny Bert, Anthony Diaz

Musiciens : Ana Carla Maza (violoncelle électro-acoustique), Cyrille Froger (percussionniste)

Auteurs compositeurs : Brigitte Fontaine, Marie Nimier, Prunella Rivière, Gwendoline Soublin, Laurent Madiot, Alexis Morel, Pierre Notte, Yumma Ornelle

Arrangements musicaux Lucrèce Sassella (voix) : Guillaume Bongiraud, Cyrille Froger

Collaboration mise en scène : Cécile Vitrant – Fabrication des marionnettes : Eduardo Felix – Travail vocal : Anne Fischer – Dramaturge : Olivia Burton – Création lumières : Johanny Bert, Gilles Richard – Régie générale et lumière : Gilles Richard – Création et régie son : Frédéric Dutertre, Simon Muller – Création costumes : Pétronille Salomé assistée de Lune Forestier, Solène Legrand, Marie Oudot, Carole Vigné – Assistante manipulation : Faustine Lancel – Construction décor : Fabrice Coudert assisté de Eui-Suk Cho

Jusqu’au 8 février 2020 au Théâtre Mouffetard (Paris), puis à Lempdes et Clamart…

 

(une autre histoire)

Comme dans une histoire de jouets, il me plait à imaginer que la marionnette, quand elle n’est pas manipulée, voire sodomisée (façon de parler) par son créateur, a sa vie propre, qu’elle ne reste pas inerte dans sa malle. Ça fait peur, un peu, quand on y pense.

Comme dans un épisode de la Quatrième Dimension, elle nous regarderait évoluer, sans elle.

Comme dans un film d’horreur, elle viendrait nous poignarder dans notre sommeil.

Non, en fait, je n’aime pas les marionnettes, pantins, poupées, poupons. Ça m’angoisse. Je ne suis jamais allé voir Guignol mais je m’entraîne à la ventriloquie. Je fais parler mes courgettes et mes poireaux.

Comme dans un film d’horreur, les yeux de mes pommes de terre deviendraient luminescents et les tomates se jetteraient sur moi pendant mon sommeil.

Non, en fait, je n’aime ni les légumes ni les fruits. J’aime tout ce qui est chimique.

Un instant, le blob sonne à ma porte.

 

Vu le samedi 25 janvier 2020 au Théâtre Mouffetard, Paris

Prix de ma place : invitation

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Deux mille dix-neuf

Deux mille dix-neuf. L’envie de faire le tour de ma décennie m’a quelque peu titillé, mais je sais parfois vous préserver et vous ai seulement concocté ce bilan de l’année. Un bilan qui récupère, qui recycle, c’est dans l’air du temps, puisque je me suis grandement inspiré (voire copié-collé) du bilan deux mille dix-huit, c’est dit, le voilà !

SPECTACLE VIVANT

Vous avez bien fait de voter pour moi, je tiens mes promesses. J’avais annoncé la réforme du système des retraites et… pardon, j’ai mélangé mes discours… J’avais annoncé que je verrais moins de spectacles en cette année 2019 et force est de constater que… J’ai fait ce que j’ai dit : Il y a trois ans, j’avais vu 71 spectacles. Il y a deux ans 101. L’an passé le nombre record de 139. Et cette année… roulement de tambours… 98 !

Je pense que ce nombre baissera encore en 2020 (de nombreux jours de grève vont passer par là… dans la fausse vie – big up à Pessoa, encore et toujours -, je suis enseignant), mais nous n’y sommes pas encore. Mon impression de l’année dernière s’est plus que confirmée : me voilà blasé de voir des spectacles. C’est triste. Est-ce que parce que je les choisis mal, que la qualité des pièces a baissé, je n’en sais rien, mais me voilà quelque peu blasé (je me répète encore et toujours) et aussi frustré de ne pas plus apprécier ce que je vois, à sa juste valeur.

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98 spectacles à Paris, Montreuil, Nanterre, Saint-Denis, Bobigny, Aubervilliers, Les Lilas mais aussi à Marseille, Avignon, Bruxelles et Québec, dans 54 lieux avec des artistes français, québécois, espagnols, néerlandais, belges, japonais, suisses, israëliens, irlandais, autrichiens, sud-africains, suédois, brésiliens, britanniques, allemands, italiens, chinois, portugais,… parfois (souvent) dans le texte. Du théâtre, des images, du son, de la musique, de la lecture augmentée, du langage de signes, des marionnettes, des artistes dans le public, des objets, du théâtre documentaire, de la danse, du cirque, du clown, du seul en scène, du one wo.man show, des écoles de théâtre, pas tant de gens tout nus que ça, des performances, du jeune public, des professionnels, des « amateurs » et même des pièces dans le privé…

Cette année, j’ai vu deux spectacles une 2e fois (« Lettres non-écrites » de David Geselson et « The Way she dies » par Tiago Rodrigues et tg STAN), mais aussi deux spectacles de Tiago Rodrigues (« The Way she dies » et « Please please please »), de Jan Fabre (oui… je sais… « The Generosity of Dorcas » et « Belgian Rules »), de Boris Charmatz (« 10 000 Gestes » et « Infini »), de Nathalie Béasse (« Happy Child » et « Roses »), deux fois avec Marlène Saldana (« Les Idoles » et « Purge baby purge »), Anouk Grinberg (« La Fin de l’Homme Rouge » et « Et pourquoi moi je dois parler comme toi »), Anna Bouguereau (« En réalités » et « Joie »), Morgane Peters (« Iphigénie à Splott » et « L’Enfant-Océan »), Elsa Granat (« Le Massacre du Printemps » et « Data Mossoul »), trois fois Edith Proust (dans les deux pièces précédemment citées et « Le Projet Georges ») et aucune pièce de Pina Bausch.

Par souci de transparence, je tiens à mentionner que j’ai bénéficié de 21 invitations  (dont 12 dans le cadre du Festival Off d’Avignon) en ma qualité de blogueur ou dans le cadre de mes contributions au Blog de Nestor (blog sur l’actualité culturelle montreuilloise au sens large du terme). (mes gains aux concours Sceneweb ou Télérama ne comptent pas…) J’ai donc (plus ou moins) payé 76 fois ma place…

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À part ça de grands souvenirs avec (dans le désordre) :

  • Les Idoles de Christophe Honoré (Marlène et Marina, always in my mind) – Odéon Théâtre de l’Europe, Paris
  • 10 000 Gestes de Boris Charmatz (euphorisant) – Nanterre Amandiers
  • Les Analphabètes (immersif et… Bergman) – TGP Saint-Denis
  • Saison Sèche (découverte de l’univers de Phia Ménard) – La Criée, Marseille
  • la transe Hymne Hymen de Nina Santès – Théâtre de la Bastille, Paris
  • Le Champ des possibles (étonnante Elise Noiraud) – Théâtre de la Reine Blanche, Paris
  • Laterna Magica (par le mésestimé Dorian Rossel et toujours Bergman) – 11 Gilgamesh Belleville, Avignon Off
  • Stallone (simple et bouleversant et Clotilde…) – CentQuatre, Paris
  • Le Massacre du Printemps (bouleversant à en pleurer) – Théâtre du Train Bleu, Avignon Off
  • Le Projet Georges (je ne vais pas en rajouter) – Lavoir Moderne Parisien

Et dans les (plus ou moins) bons souvenirs :

  • Retrouver le collectif L’Avantage du Doute dans « La Légende de Bornéo »
  • Aller au théâtre avec des amis, s’asseoir à différents endroits de la salle et constater à la sortie que nous pensons la même chose…
  • M’agacer de la non-amabilité de la personne à l’entrée de l’auditorium du Mucem à Marseille (sans nul doute une Parigote)…
  • L’Ami Marseillais qui commence à analyser « Le Massacre du printemps » d’Elsa Granat, à peine sortis de la salle et que j’arrête un peu sèchement (je le prie de m’excuser…), parce que j’avais besoin de reprendre mes esprits (et d’arrêter de pleurer aussi)
  • Les trois pièces que j’ai quittées à l’entracte… (Architecture / JR / Les 1001 Nuits)
  • Mon courage d’être resté (mais c’était compliqué de faire autrement) pour « La Maison de Thé ».
  • Entendre toutes les belles choses autour de « An Irish Story » de Kelly Rivière et, non sans prétention, dire que je l’avais vu durant l’été 2018 dans le Off d’Avignon et qu’on n’était pas plus de 20 spectateurs dans la salle…
  • Rencontrer Edith Proust deux jours après avoir vu « Le Massacre du Printemps » et lui parler (c’est parce que je n’étais pas seul ce jour-là… d’ailleurs, c’est surtout mon amie qui a parlé…)
  • Me sentir bien après ne pas avoir aimé un spectacle co-écrit par Tiago Rodrigues.

 

CONCERTS

15 soirées concerts (une de moins que l’an passé) mais avec 24 artistes ou groupes. Je sais très bien que mes chroniques musicales intéressent moins de monde ici que le théâtre, mais je continuerai à en parler durant cette demie saison, parce que je fais ce que je veux.

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TOP 5

  • « On voudrait revivre » d’après les chansons de Gérard Manset avec Léopoldine Hummel et Maxime Kerzanet (m.e.s. Chloé Brugnon) (au Théâtre de l’Opprimé) (longtemps j’ai hésité entre la section Spectacle Vivant et celle-ci, mais cela permet de mettre ce spectacle vraiment en valeur, grâce à la découverte des chansons de Gérard Manset et évidemment au grand talent des interprètes)
  • Sharon Van Etten (au Festival Osheaga à Montréal) – magnétique
  • Lesbo Vrouven (à Trans.Mutations à Québec) – improbable
  • Troy von Balthazar (au Petit Bain) – chouchou #1
  • Louis-Jean Cormier (Aurores Montréal à la Maroquinerie) – chouchou #2

 

EXPOS

Onze expos visitées (peux mieux faire) mais c’est l’incomparable Sophie Calle et son parcours Cinq dans différents lieux de Marseille qui emportent le morceau !

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CINÉMA

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47 films au 26 décembre (12 de plus que l’an passé, moins de pièces, plus de films, les vases communicants). Restent particulièrement en mémoire, pour différentes raisons :

 

  • Tout ce qu’il me reste de la révolution de Judith Davis
  • La Chute de l’Empire Américain de Denys Arcand, Jeune Juliette d’Anne Émond, la Femme de mon Frère de Mona Choukri
  • 90’s de Jonah Hill
  • Parasite de Bong Jonh Hoo
  • Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma

En rattrapage à la télé, en DVD ou autres… La Grande Bouffe de Marco Ferreri, Guy d’Alex Lutz, Voir du pays de Delphine et Muriel Coulin, Un jour dans la vie de Billy Lynn d’Ang Lee, Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon d’Elio Petri…

 

SÉRIES

J’ai vu énormément de saisons, 57 au total avec l’intégrale (6 saisons) de Downton Abbey (j’assume), de Sherlock (4 saisons), la première saison WTF de The Boys, la continuation de l’étonnante The Good Place (s4 en cours), de la politisée The Good Fight (s4 en 2020) et de la toujours émouvante mais qui a su se renouveler This is us (s4 en cours), sans oublier l’intégrale en cours de Seinfeld (les 3 premières saisons). Ce qui me fait dire, que je ne regarde pas tant de séries actuelles que ça.

 

LIVRES

Beaucoup de pièces lues cette année, essentiellement québécoises, comme « Gamètes » de Rebecca Déraspe ou « Dans le champ amoureux » de Catherine Chabot », de la bande dessinée avec les Fabcaro « Openbar », « Carnets du Pérou »…, la découverte d’un auteur français, Vincent Almendros avec « Faire Mouche » (pour être honnête, je fais du théâtre avec une personne qui le connait très bien) et la claque en rattrapage de « L’Amour et les forêts » de Eric Reinhardt. Mais la conclusion cruelle est que je ne lis vraiment pas assez (difficile à donner un chiffre pertinent quand la majorité des livres que j’ai lus sont des pièces de théâtre ou des bandes dessinées : seulement 11 romans lus cette année).

 

CÔTÉ BLOG 

74 contre 130 articles écrits par moi… J’ai beaucoup moins écrit… En tout cas, moins d’articles pour ce blog. J’ai aussi écrit moins rapidement, là où, au commencement, je me faisais un point d’honneur de rédiger une chronique dans les 48h suivant la représentation. Il ne faudrait pas oublier la section « Vus mais pas chroniqués » qui ne recense pas forcément les spectacles que j’ai moins aimés. De toute façon, en ce moment, je n’aime pas grand chose, donc bon…

Top 10 fréquentation (au 26 décembre) :

(sans compter l’article sur ma sélection Avignon Off qui a particulièrement marché, de loin l’article le plus lu du blog depuis sa création et la chronique sur Ex Anima de Bartabas qui, malgré sa date de rédaction – janvier 2018 – a été plus lu en 2019 qu’en 2018… sans oublier mes retours sur le Théâtre Marigny ou le concert Sgt Pepper Live)

Le Massacre du PrintempsThe Scarlet LetterOn voudrait revivreLes AnalphabètesLe GroenlandTroubleLe Champ des PossiblesLaterna MagicaData MossoulIphigénie à Splott

(encore une fois la prime aux spectacles du Off d’Avignon (7 sur 10), parmi ceux-là, trois ont été vus avant le début du festival)

Une première moitié d’année exceptionnelle avec en point d’orgue le mois de juillet, plus gros mois depuis la création du blog, puis une baisse assez significative de la fréquentation les mois qui ont suivi. Sans doute la faute à mon manque d’inspiration, de régularité, au nombre de billets en baisse, aux gens inscrits à la newsletter et qui ne cliquent pas sur l’article (!?!?!?!?!)…

 

SUR LE PLAN PERSONNEL

Hormis les 72 billets pour ce blog… mot qui ressemble à blob… j’ai rédigé quelques articles pour le Blog de Nestor (une sélection des spectacles du mois, donc peut-être douze à la louche). L’exercice est toujours intéressant, puisqu’il me permet de découvrir la programmation des théâtres de la ville de Montreuil, mais quelque peu frustrant, puisque je n’y vis pas et que j’ai du mal à trouver le temps (toujours lui, bon sang de bon soir !) pour y aller. J’ai également collaboré à Radio Mortimer (avec plus ou moins de bonheur) à plusieurs reprises (toujours pas à l’aise dans les discussions… merci aux camarades qui me soutiennent et qui montent l’émission pour enlever certains blancs)

Et prochainement en 2020… Trois projets théâtraux :

1/ « Dedans ma tête » un seul en scène écrit et interprété par moi-même. Qui aurait déjà dû faire son apparition en 2019, mais la création n’est pas une science exacte : la pièce est à nouveau passée sous mon bistouri avec une ultime réécriture l’été passé. J’attends le retour d’une certaine personne et la prochaine étape sera la lecture publique au printemps 2020, voire une présentation fin 2020, on peut toujours rêver. Faut juste que je trouve LA personne pour mettre en scène.

2/ Les Infiltré.e.s, saison 3 au Théâtre de la Bastille les jeudi 18 et vendredi 19 juin. La seconde aurait dû être ma dernière, mais le collectif ayant pris le dessus, (avec un peu de chance aussi au final), m’y revoilà.

3/ Des anciens et actuels Infiltré.e.s ont formé un nouveau collectif, tellement y a de l’amour dans le groupe. Nous nous appelons… les Exfiltré.e.s, nous préparons présentement un spectacle autour de la frustration (c’est qui qui a trouvé le thème, je pose la question ???). On ne sait pas si on y arrivera, mais on fait tout pour et nous aimerions présenter quelque chose durant l’automne 2020.

Et concernant cet espace non-critique… J’avais dit qu’il prendrait fin en 2020, certainement après le prochain festival d’Avignon… Je persiste et je signe. Je ne dis pas qu’il n’y aura rien après, mais je confirme, tout s’arrêtera dans quelques mois, sous cette forme-là.

Bon bout d’an et à l’an qué vèn.

 

(Textes et photos non promotionnelles : Axel Ito)

Hiver Vingt Vingt

2020, deux mille vingt, vingt vingt… Encore vingt spectacles ou concerts au programme que je verrai… ou pas.

 

1/ Bruit – Festival de l’Aquarium (jusqu’au 25 janvier)

L’ensemble La Vie Brève s’installe à la Cartoucherie et démarre sur les chapeaux de roue avec le Festival Bruit, dans lequel on retrouve diverses propositions, plus ou moins musicales, dont Chewing-Gum Silence d’Antonin Tri-Hoang, Lettres non-écrites de David Geselson, Variété de Sarah le Picard, Grand Bazar d’Antonin Tri-Hoang (toujours) et Eve Risser…

2/ Fable pour un Adieu d’Emma Dante à la Colline (du 11 au 22 décembre)

Il y a des metteuses en scène dont je ne raterai plus aucun spectacle (voir 7/ et 8/)

3/ L’Enfant-Océan de Frédéric Sonntag au Théâtre Paris Villette (du 13 décembre au 5 janvier)

Je fais à nouveau confiance en un metteur en scène (celui de B. Traven), sans trop savoir ce qu’il retourne. Avec en plus un acteur vu dans Shock Corridor/Western de Mathieu Bauer (Rémi Fortin) et une actrice vue et très appréciée cet été dans Iphigénie à Splott (Morgane Peters).

4/ Hedda de Léna Paugam au Théâtre de Belleville (du 8 janvier au 29 mars)

Parce qu’on m’en avait parlé lors du festival Off d’Avignon 2018. Aussi parce que je connais la personne qui a créé les lumières… On a les arguments qu’on trouve).

5/ Hamlet de Thibault Perrenoud au Théâtre de la Bastille (du 9 janvier au 6 février)

Même si je n’avais pas plus apprécié que ça sa précédente réalisation (La Mouette), il est toujours intéressant de voir comment un jeune metteur en scène français met à sa sauce ce classique.

6/ Contes et Légendes de Joël Pommerat à Nanterre Amandiers (du 9 janvier au 14 février)

Le grand retour de Joël Pommerat après le triomphe de Ça ira, fin de Louis. C’est qu’on l’attend un peu au tournant…

7/8/ Una Costilla Sobre La Mesa Padre / Madre d’Angélica Liddell à la Colline (du 10 janvier au 7 février, en alternance)

Un diptyque de l’artiste espagnole, toujours passionnante à vivre, quoi qu’il arrive… Lapsus, je voulais écrire « suivre » à la place de « vivre », mais c’est bien ça, on vit aussi les pièces de Liddell.

9/ Hen de Johanny Bert au Théâtre Mouffetard (du 22 janvier au 8 février)

Un autre spectacle dont on m’a beaucoup parlé l’été dernier à Avignon… Une séance de rattrapage pour ce théâtre de marionnettes d’un autre genre…

10/ Aime-moi de Géraldine Martineau au Théâtre de Belleville (du 2 au 22 février)

Pourra-t-on me prévenir des jours où Géraldine Martineau sera sur scène, puisqu’elle sera en alternance avec Diane Bonnot (contre qui je n’ai rien…), mais j’apprécie beaucoup le jeu de l’autrice et co-metteuse en scène (avec Zazon Castro) ?

11/ La Nuit des Rois de Thomas Ostermeier à la Comédie Française (du 4 février au 22 mars)

Le retour de l’adaptation par le metteur en scène allemand sur la scène du Français. Peut-être ne le raterai-je pas cette fois-ci et voir ainsi pour la dernière fois Georgia Scalliet avec la Comédie Française…

12/ La Vallée de l’Etrange par le Rimini Protokoll à la Villette (du 5 au 8 février)

On ne sait jamais à quoi s’attendre avec le Rimini Protokoll… Après l’installation Nachlass et Granma, les Trombones de la Havane, encore une occasion d’être surpris…

13/ Ce qui n’a pas lieu de Sofia Dias et Vitor Roriz au Théâtre de la Bastille (du 24 au 29 février)

Les deux artistes présents à l’affiche de l’Antoine et Cléopâtre version Tiago Rodrigues (et de Sopro) sont de retour au 76 rue de la Roquette, mais cette fois-ci tous seuls comme des grands qu’ils étaient déjà. Heureux de les voir évoluer dans leur univers.

14/ A l’Ouest d’Olivia Grandville au Théâtre de la Bastille (du 24 au 29 février)

Totale découverte de cette artiste, au hasard de la programmation de mon théâtre favori. Et c’est de la danse.

15/ Contes Immoraux – partie 1 : Maison Mère de Phia Ménard aux Bouffes du Nord (du 24 février au 1e mars)

Parce que son travail m’avait marqué en début d’année dans Saison Sèche et qu’elle sera cette fois-ci présente sur scène.

16/ La Chute des Anges de Raphaëlle Boîtel à la Scala (du 25 février au 8 mars)

Raphaëlle Boîtel fait partie de ces artistes qui ont su prendre leur indépendance (autrefois disciple de James Thierrée) et offrir des créations originales et astucieuses.

17/ V.I.T.R.I.O.L d’Elsa Granat au Théâtre de la Tempête (du 28 février au 29 mars)

Même si l’épisode précédent (Mon Amour Fou) ne m’avait guère convaincu, ce nouvel effort d’Elsa Granat et Roxane Kasperski ne passera pas à l’as dans ma programmation.

 

Last but not least…

18/ Le Projet Georges d’Edith Proust au Théâtre de la Tempête (du 13 au 14 février)

Ou la reprise d’un des meilleurs spectacles vus en 2019 (je prépare mon bilan…) Je n’en rajouterai pas ici

19/ Supergrass au Casino de Paris (4 février)

Ou le grand retour du groupe, pour fêter leurs 20 ans de carrière…

 

20/ Tenacious D au Zénith de Paris (26 février)

Ou Kyle Gass et Jack Black prêts à mettre le feu au Zénith… Jack Black est mon maître…

New Skin (Hannah De Meyer / Théâtre de la Bastille)

(de quoi ça parle en vrai)

« À l’orée de la représentation, Hannah De Meyer entame une chanson pour faire sienne l’indignation d’auteurs et autrices féministes, écologistes et décolonialistes. Pour autant, New Skin procède moins par citations que par perturbations : Hannah De Meyer cherche à éprouver la manière dont les récits alternatifs de Judith Butler, Achille Mbembe et Donna Haraway peuvent habiter son corps. Sa présence est à la fois poreuse et insécable, comme un éclat de roche brillante et hypnotique. Les visions s’enchâssent, pleines de colère et de tendresse, cheminant jusqu’à la caverne d’une divinité féminine originelle. L’espace scénique se fait alors organique, telle une cellule qui se dilate et se rétracte, contenue dans le corps de l’artiste puis s’élargissant pour envelopper le public. » (source : ici)

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© Hannah De Meyer

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Ce samedi 12 octobre, j’ai vu trois spectacles d’affilée. Paris s’est donné pour moi des airs de Festival d’Avignon. Mal m’en a pris puisque j’ai dérogé à ma règle de ralentir et à la fin de la soirée, j’avais la certitude suivante : aucun des trois spectacles ne m’avait véritablement enthousiasmé. Je voyais les qualités, mais certains défauts venaient entacher cette envie de partager, de recommander tel ou tel spectacle.

Vingt-quatre heures plus tard, malgré un texte (dit en français) que je n’ai saisi que par fulgurances (les moments sur la conception et la naissance, par exemple), c’est ce spectacle-là qui me reste en mémoire : New Skin.

Parce que Hannah De Meyer présente un spectacle original et hypnotique. Je me souviens avoir dit au camarade que j’ai rejoint un peu plus tard dans la soirée pour « Le Mariage » (prochainement dans ces mêmes colonnes) : « Je crois qu’elle l’aurait fait en flamand non sur-titré ou avec des grommelos, j’aurais presque plus apprécié. » Il faudrait peut-être voir cette création deux fois, pour appréhender ce travail corporel (proche de la danse) et sonore assez incroyable dans un premier temps, puis comprendre ce qui est dit.

Hannah de Meyer est un corps. Elle dit des mots, on la sent vivre ses mots, elle se meut dans l’espace, change de rythme, ses gestes calculés pourraient en fait presque se passer de mots (même si ce sont ces mots qui déclenchent tout, c’est contradictoire, je sais). Mais pas de sons (je veux dire, on ne pourrait pas s’en passer)

Ce que l’artiste fait avec ses moyens (un micro, les hauts-parleurs du théâtre) m’ont rappelé le chef d’oeuvre de Simon McBurney « The Encounter » dans lequel le dramaturge anglais nous emportait en Amazonie à l’aide d’un système phonique de haute volée (nous étions munis d’un casque audio, nous n’entendions que la voix de McBurney et les différents bruitages qu’il lançait, en « mode 3D »).

Une belle découverte que cette Hannah De Meyer (même si, la prochaine fois, il faudra que je lise la note d’intention pour apprécier pleinement son travail).

 

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Spectacle de Hannah De Meyer

Texte et interprétation Hannah De Meyer

Regard extérieur Jesse Vandamme – Son Niels Van Heertum et Frederik Leroux – Lumière Peter Missotten

Jusqu’au 16 octobre 2019 au Théâtre de la Bastille (Paris) et le 7 mars 2020 au Quartz (Brest)

(ce spectacle est présenté dans le cadre du temps fort  P.U.L.S. Initié en 2017 par Guy Cassiers et le Toneelhuis — le Théâtre de la Ville d’Anvers — P.U.L.S. est d’abord un dispositif artistique qui favorise l’accompagnement et l’accès aux grands plateaux pour de très jeunes artistes)

 

(une autre histoire)

Salle du haut du théâtre de la Bastille,

Je m’assois en bout de rang. Je suis le premier arrivé dans la salle. Je m’assois en bout de rang, parce qu’après New Skin, je dois descendre dans la salle du bas pour ma troisième pièce de la journée, le Mariage, récupérer au vol mon alter-ego théâtral qui ne me ressemble en rien (trop longue histoire) et tenter de ne pas s’asseoir sur un strapontin.

J’espère que la pièce n’aura pas de retard. J’espère que la pièce ne sera pas trop bonne, parce que si la pièce est trop bonne, ça va applaudir à n’en plus finir et je n’oserai jamais me lever alors que les autres spectateurs applaudissent l’artiste. Pis, l’artiste, elle me verra si je me lève avant tous les autres. Elle pensera que je me lève parce que j’ai adoré son travail, mais comme je descendrai les marches, elle pensera que je n’ai pas aimé, donc je me ferai remarquer en partant tout en continuant à applaudir, ce qui est le comble du ridicule, parce que si ça te plait, tu restes à ta place, point. Deux saluts… trois saluts… Trois saluts, c’est correct. Quatre, ça commence à faire… Si je m’arrête d’applaudir, peut-être lancerai-je le mouvement ? Peut-être que ne suis-je pas le seul dans ce cas-là ? D’autres spectateurs, comme moi, doivent être invités au Mariage d’après Gombrovicz ? Où êtes-vous ? On fait comment ? Si j’étais dans Star Trek, je me téléporterais directement, sans gêner qui que ce soit. « Beam me up, Jean-Marie ! » (c’est le prénom du directeur du théâtre, je préfère préciser)

Un jour, j’aurai ma place réservée au théâtre de la Bastille, ô oui, un jour j’aurai un fauteuil à mon nom !

 

Vu le samedi 12 octobre à 19h30 au Théâtre de la Bastille (Paris)

Prix de ma place : 13€ / mois (Pass Bastille)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Automne 19/20

Encore et toujours ma sempiternelle sélection très subjective ! Et en cette nouvelle saison 19/20, j’ai décidé de mettre à l’honneur dix-neuf voire vingt spectacles, que je verrai cet automne. (J’ai réfléchi de longues heures pour trouver ce  nouveau concept…)

 

A la faveur de l’automne, je mettrai tout d’abord l’accent sur… le Festival d’Automne !

La Team Tiago ne manquera sûrement pas Please Please Please par le trio Mathilde Monnier / La Ribot / Tiago Rodrigues (le 15/10 à l’Espace 1789 de St-Ouen et du 17 au 20/10 au Centre Pompidou)

« Je suis sans famille et je m’appelle Rémi et je me balade avec tous mes amis… » Quand j’étais petit, j’avais des peluches nommées Capi et Dolce. Etonnamment, c’est Jonathan Capdevielle qui va adapter le roman d’Hector Malot (du 21 au 30/11 à Nanterre Amandiers)

Je ne sais pas si on entendra la chanson dans le spectacle, mais rien que d’y penser, je l’aurai dans la tête durant toute la rédaction de cet article : Clotilde Hesme aura sans nul doute l’oeil du tigre dans Stallone de Fabien Gorgeart (du 08 au 19/10 au CentQuatre)

Les Talents Adami s’affichent avec Gwenaël Morin dans Uneo uplusi eurstragé dies d’après Sophocle et Eschyle (du 08 au 12/10 à l’Atelier de Paris)

Sans transition, dans le reste de l’actualité…

 

Le Présent qui déborde… ça, c’est parce qu’on ne le surveille pas assez… Après sa présentation lors du dernier festival d’Avignon, Christiane Jatahy revient au CentQuatre (en partenariat avec l’Odéon, du 1e au 17/11)  pour le deuxième volet de son Odyssée.

Je suis un homme fidèle… si si… et je fréquenterai plus que jamais le Théâtre de la Bastille. Cette nouvelle saison me parait assez audacieuse, puisque nous y verrons des artistes qu’on n’a pas vus depuis longtemps sur la rue de la Roquette comme Daniel Linehan et son Body of Work (c’est de la danse, du 18 au 23/11), voire jamais comme Loïc Touzé et sa Forme Simple (c’est aussi de la danse, du 18 au 23/11)

Je ne vais pas tenter d’inventer un résumé d’après le titre du spectacle d’Emmanuel Meirieu aux Bouffes du Nord, La Fin de L’Homme Rouge… J’irai le voir aussi et surtout pour admirer Maud Wyler, Jérôme Kircher… (du 12/09 au 02/10)

Même si je fus légérèment désappointé face à Love Me Tender, je me rendrai à l’Odéon pour voir la nouvelle création de Guillaume Vincent Les Mille et Une Nuits (du 08/11 au 08/12)

 

« Hard ou classique, la musique adoucit les moeurs… »

 

 

Je suis loin d’être un afficionado de Thomas Jolly et pourtant je vais voir un de ses spectacles (à la Scala du 18/10 au 03/11) : Un Jardin de Silence. Parce qu’avant tout pour moi, ce spectacle autour des chansons de Barbara est un projet de Raphaële Lannadère et de Babx

Buster Keaton est cher à mon coeur pour de multiples raisons et le Nouveau Théâtre de Montreuil le met à l’honneur (du 14 au 16/11) avec un ciné-concert performé dirigé par Mathieu Bauer.

Continuons en musique avec Les Siestes Acoustiques de Bastien Lallemant. Certes, j’aurais très bien pu y assister à Paris, mais je ne fais pas comme les autres, j’en ferai une à Manosque dans le cadre des Correspondances (le 28/09)

Parce que la musique est vitale pour moi… d’ailleurs, j’ai toujours une pensée pour ma guitare sans cordes qui trône dans mon salon… je ne raterai pas le concert de Troy Von Balthazar et de Michel Cloup Duo au Petit Bain (le 20/09)

Silence, ça pousse…

 

 

Et parce que je ne vois pas que des valeurs sûres, contrairement à ce que l’on pourrait penser, je me risquerai à la Colline pour voir Data Mossoul de Joséphine Serre (du 18/09 au 12/10)… Ok, c’est surtout pour revoir sur scène Elsa Granat et Edith Proust qui ont enchanté mon été avignonnais avec Le Massacre du Printemps…

D’ailleurs, nous pourrons retrouver Edith Proust au Lavoir Moderne Parisien dans Le Projet Georges, une pièce qu’elle a co-écrite et co-mise en scène avec Laure Grisinger, qui n’est autre que la dramaturge du… Massacre du Printemps ! (du 17 au 20/10)

Autre découverte au Lavoir Moderne Parisien (du 27/11 au 01/12), Les Femmes de Barbe Bleue, une création collective de Juste avant la compagnie qui figure également au programme du prochain festival Impatience (qui met en avant la nouvelle création jeune du spectacle vivant et du théâtre jeune et impatient parce qu’ils sont jeunes…)

Sinon on pourra aussi jeter un oeil à ce qu’il se passe du côté du Théâtre de la Reine Blanche avec Le Mont Analogue (du 04 au 08/09) (que j’avais raté la saison passée au Théâtre Berthelot à Montreuil…) par la Compagnie Les Temps Blancs ou avec Poulette de et avec Andréa Brusque(du 02 au 13/10)

A part ça, au Théâtre de la Tempête, il y aura la pièce Elémentaire de Sébastien Bravard sur une mise en scène de Clément Poirée (du 19/11 au 16/01). Ou l’histoire d’un comédien qui est devenu professeur des écoles… Je ne vois absolument pas pourquoi j’ai dans l’idée de voir cette pièce-là en particulier…

#TeamTiago

© Filipe Ferreira

Last but not least, la vingtième pièce de ma sélection, The Way She Dies, pour la première fois à Paris, au Théâtre de la Bastille, mais qui a été créé il y a plus de deux ans et joué pour la première fois en France au Théâtre Garonne à Toulouse. Et j’y étais (le 28 mars 2017…) ! Ce fut une époque toute particulière pour moi… Les souvenirs vont se ramasser à la pelle… comme les feuilles mortes… parce que c’est l’automne… Vous me suivez ? Super combo tg STAN + Tiago Rodrigues, c’est du 11/09 au 06/10.

 

Il y a d’autres spectacles programmés à mon carnet de bal, j’en parlerai peut-être dans ces mêmes colonnes… On appelle ça une aguiche. Il y a évidemment des spectacles que je n’ai pas mentionnés mais qui valent sûrement le coup d’oeil, mais comme je l’ai lu quelque part, mieux vaut être sélectif qu’exhaustif.

Vive la frustration, bon vent, bonne rentrée et à bientôt !

Trouble (Turbulences Cie ! / Cie HVDZ / LaScierie / Avignon Off 19)

(de quoi ça parle en vrai)

« Initié dans une réflexion libre à la lecture d’écrits de Michel Foucault, le projet s’est construit à travers une coopérative de création sous la direction de Philippe Duban et Didier Cousin. « Trouble » propose une plongée historique atypique autour de l’histoire de la folie qui résonne avec notre époque actuelle. Sur scène, un orchestre d’une quinzaine de musiciens en live, des projections d’images, un trapèze et un chœur d’acteurs danseurs et chanteurs. » (source : ici)

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Crédits photos : DR

(ceci n’est pas une critique, mais…)

« Nos difficultés, grâce au théâtre, deviennent des choses positives. »

Je l’ai déjà écrit ici ou là, pendant trois ans, j’ai joué avec, notamment, des personnes atypiques qu’on appelle aussi autistes. Nous racontions des histoires sans mettre en avant la particularité des interprètes. Ici c’est tout le contraire, même si le résultat final est le même : Ils ont aussi le droit d’être là et peuvent tout à fait nous émouvoir, nous faire réfléchir…

« « Être comme nous » ou ne pas être. »

Le parti-pris est audacieux. On y parle de la position de la société face à ce qui nous parait différent. En cela, on pourrait aisément élargir le propos à ce que l’on voit en Méditerranée et ailleurs, tous les jours, dans nos journaux télévisés.

Plus important encore, il n’ y a pas de course à l’émotion. Jamais on n’est mal à l’aise, jamais nous ne sommes témoins de démonstrations voyeuristes. Tout est fait avec la plus grande sincérité et générosité possible.

De plus, il devient rare de voir autant de personnes sur scène (une petite trentaine), des chanteurs, des musiciens, des poètes, des acrobates… Il est aussi admirable de voir que les rouages de ce spectacle singulier sont parfaitement huilés, chaque chose est à sa place, chaque artiste sait ce qu’il a à faire. Des personnalités se révèlent : une chanteuse lyrique qui reprend « Joe le taxi » de Vanessa Paradis ici, un poète qui parle des interdits là, ce morceau original piano voix d’un des membres du groupe qui clame haut et fort son autonomie avec un enthousiasme communicatif.

Il est beau de voir que ce spectacle, fruit de trois ans de labeur, est porté majestueusement et de manière professionnelle par tous ses participants.

Et parce que tout se termine en musique, le public est invité à rejoindre les artistes sur scène.

Alors on danse, alors on se mélange, alors on est ensemble.

 

TROUBLE

Mise en scène  Didier Cousin

Conseiller artistique  Guy Alloucherie

Conception, mise en chantier  Philippe Duban

Comédiens, chanteurs et musiciens : Aleksandar Boskovic, Alexandre Bordes, Alexis Baert, Anaïs Landier, André Pereira Da Silva, Arnaud Ndi, Benjamin Lesieur, Brahima Niakate, Charles Pham, Charli Aveilla, Charline Abderemane, Cyrille Ndedy, David Simon, Fabienne Lavanchy, Guénolé Lebrun, Harvey Goma Kouka, Marlène Parada, Martial Nakouzebi, Matthias Bloess, Meschac Assou Sakpa, Mounir Issa, Moussa Diaby, Olivier Martin, Olivier Poindron, Otto Nyap, Philippe Duban, Thomas Carrasqueira, Thomas Dubois, Vanessa Valentin

Composition musicale  Patricio Wang – Chorégraphie  Fatiha Mellal – Trapèze  Laetitia Rancelli – Création vidéo  Bénédicte Alloing – Plasticienne  Magali Brien – Direction et interprétation musicale  Gilles Wolff – Régie lumière  Rudy Sanguino – Régie vidéo et son  Léa Schwebel – Costumes  Sarah-Jane Sheppard

du 5 au 14 juillet à 14h (sauf le 9) à LaScierie (Avignon Off)

 

Vu le jeudi 11 juillet 2019 à 14h à Lascierie, Avignon Off

Prix de ma place : invitation

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

(avant, pendant, après)

Une des raisons pour laquelle je me rends à ce spectacle est que j’ai côtoyé un des artistes, Arnaud, pendant trois ans avec Le Laboratoire à Théâtre. Ce gars-là est capable d’imiter n’importe qui, moi le premier. Mon intonation, mes hésitations…

Dans la fausse vie, je suis professeur des écoles. Un jour, je pris un rendez-vous avec l’inspecteur en charge des relations humaines pour discuter d’une éventuelle reconversion. Je lui fis part de mon envie de théâtre et pourquoi pas d’en faire avec des personnes à part. Il me regarda et me dit : « Vous ne préfèreriez pas en faire avec vos élèves, plutôt ? »

Après le spectacle, je félicite Arnaud. Il me reconnait immédiatement, me serre la main avec vigueur et dit : « Tu as arrêté le théâtre, tu en as fait entre 2013 et 2016, il faut changer, il faut faire autre chose ! » Je souris. Il a toujours eu une meilleure mémoire que moi.

Moving with Pina (Cristiana Morganti / Les Abbesses)

(de quoi ça parle en vrai)

« Elle sait danser et raconter, tenir le fil du geste et de la fable dans un même nœud d’énergie organique et souple. La danseuse et chorégraphe Cristiana Morganti, figure du Tanztheater Wuppertal de Pina Bausch de 1993 à 2014, fait vivre le mouvement au diapason des mots sans jamais perdre de vue le public avec lequel elle converse. Elle noue et dénoue les gestes dans un bouquet d’humeurs vives. Avec le solo Moving with Pina, conférence dansée sur l’univers artistique de la chorégraphe allemande, Cristiana Morganti livre, avec l’élan joyeux et partageur qui est le sien, les clés de l’élaboration des fameux solos chers à Pina Bausch. Elle décortique au plus près du corps, du cœur et de l’émotion des extraits emblématiques du répertoire. Un pan d’histoire de la danse glissé comme une conversation ou une confidence. » (source : ici)

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(crédits photos: Musacchio & Ianniello)

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Il y a dix ans pile, disparaissait Pina Bausch. Nonobstant le temps qui passe (je ne sais absolument pas si je l’ai bien employé, mais c’est la première fois que j’utilise un tel terme – nonobstant – je suis tout tourneboulé), elle est toujours aussi présente dans nos esprits que sur les scènes du monde entier, Paris en tête. A défaut de voir les nouveaux spectacles du Tanztheater cette saison (merci de ne pas remuer le couteau dans la plaie), me voilà aux Abbesses pour cette conférence dansée de Cristiana Morganti.

La danseuse chorégraphe a quitté la compagnie de notre Pina adorée en 2014 après plus de vingt ans de bons et loyaux services pour obtenir, selon ses dires une certaine autonomie et assouvir l’envie de s’attaquer à d’autres projets. Pourtant ici il ne sera question que de la chorégraphe allemande. Je ne sais pas s’il ne s’agit que d’une question d’argent, comme me l’a suggéré une amie croisée à l’issue de la représentation, mais ce qui est certain, c’est que Pina Bausch laisse une marque indélébile à celles et ceux qui l’ont côtoyée.

C’est avec drôlerie et tendresse que Cristiana Morganti nous livre son expérience au sein d’une des plus prestigieuses compagnies. Elle revient sur différents mouvements des pièces de Pina Bausch, les exécute devant nous, nous explique comment tel geste est né. Souvent Pina Bausch posait des questions, entre l’absurde et la philosophie et demandait à ses danseurs d’y répondre par le geste. Cette entrée dans le processus de création est passionnante. On se plait à imaginer les sessions de répétition à Wuppertal, cette ville que j’ai visitée, arpentée il y a trois ans, à la recherche d’une quelconque trace de Pina. (oui, je sais, il faut toujours que je me la ramène avec mes voyages et mes propres anecdotes…)

Parce que Cristiana Morganti a aussi un don de conteuse, ce qui n’est pas donné à tout le monde. On pourrait chipoter en déclarant que le spectacle pourrait être plus resserré. Mais la générosité, l’humour, la prestance de la danseuse italienne ne peuvent que nous séduire.

Enfin on se souvient de cette phrase (célèbre) de Pina : « Tanzt sonst sind wir verloren. »

 

MOVING WITH PINA

de et avec Cristiana Morganti

au Théâtre des Abbesses – Théâtre de la Ville

 

(une autre histoire)

Ça commence. C’est la fin de l’année scolaire. Je suis fatigué, j’ai chaud. tout m’agace. Les téléphones qui tardent à s’éteindre, les gourdes en aluminium qui tintinabulent, les bouteilles en plastique qui craquettent… Le spectateur en retard. « C’est ma place », dit-il. Le spectacle a déjà commencé, je le vois joindre le geste à la parole. L’assurance. Il prend une première photographie avec son téléphone intelligent. Une deuxième photographie. Sans gêne. La danseuse demande à un homme de la rejoindre sur scène. « Moi ! » dit-il. Elle décline la proposition car nous sommes au balcon.  Il prend une nouvelle photo. A la fin de la représentation, il applaudit à tout rompre. Il siffle même avec ses doigts. Je n’ai jamais su siffler avec mes doigts. Le pire dans tout ça, c’est qu’il a la chemise ouverte. Je le déteste.

 

Vu le mercredi 26 juin 2019 au Théâtre des Abbesses, Paris.

Prix de ma place : 22€ (cat.2)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Festival d’Avignon 2019, ma sélection Off

Autant vous dire, qu’une fois n’est pas coutume, il y a l’embarras du choix cette année dans le Off d’Avignon. La Manufacture, Les Halles, les Doms sont toujours là, deux autres lieux prennent également de plus en plus de place et proposent cette année encore une programmation alléchante et exigeante : le 11 Gilgamesh Belleville et le Train Bleu, qui en très peu d’années (seulement la deuxième pour le Train Bleu) font déjà office d’incontournables.

Je ne parviens pas à me souvenir combien de festivals d’Avignon j’ai faits. Le premier, c’était en 1996, le dernier, forcément, l’an passé. J’ai fait les trois semaines de festival à deux reprises, encore en 1996 et en 2001, autrement dit dans une autre vie. A la fin d’un séjour, il n’est jamais certain que je revienne l’année suivante. Et pourtant, un manque s’immisce en moi et finalement j’organise mes vacances en fonction de.

Je serai de retour à Avignon du 10 au 16 juillet. L’an passé, j’ai vu 24 spectacles en 8 jours (5 + 3). Mon objectif n’est pas d’en voir autant (trois par jour est une bonne moyenne… et c’est déjà beaucoup), mais de mieux apprécier les spectacles et la ville. Prendre le temps aussi pour voir un film à l’Utopia ou une expo à la Collection Lambert. Bref…

Voici donc les vingt-sept spectacles que j’ai sélectionnés parmi les 1 592 qui se joueront dans les différents lieux du Off (sachant que je compte n’en voir que 18 tout au plus, in inclus, je vous laisse calculer) : (classés par horaire)

(NB : Pour ceux qui repassent par là, j’ai ajouté 3 spectacles à ma sélection initiale qui se trouvent en n° 10, 15, 22)

1/ GUERRE, ET SI ÇA NOUS ARRIVAIT ? de Janne Teller par Laurent Maindon à Présence Pasteur à 9h45

« IMAGINE : Et si, aujourd’hui, il y avait la guerre en France… Où irais-tu ? »

Avec une collègue de l’Occupation Bastille période Tiago Rodrigues. Il est toujours bon de suivre les gens qu’on a croisés ici et là.

2/ CRÂNE de Patrick Declerck, mise en scène d’Antoine Laubin, au Théâtre des Dons à 10h

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© Beata Szparagowska

« Devant nous, un écrivain à qui l’on doit retirer une tumeur. Il s’agit d’une intervention dite de chirurgie éveillée. Il faudra sonder le patient pour être certain de ne pas lui ôter le langage. C’est son outil de travail en quelque sorte et sa raison de vivre peut-être. On nous parlera du deuil impossible pour un chien, de la poésie de Shakespeare, du ridicule accoutrement opératoire et de la dignité qui se loge parfois dans les détails même face à une mort hypothétique. »

J’avais découvert le travail d’Antoine Laubin aux Doms avec « Le Réserviste » d’après un texte de Thomas Depryck. Je suis quelqu’un de fidèle.

3/ LATERNA MAGICA de Dorian Rossel et Delphine Lanza au 11 Gilgamesh Belleville à 10h30

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© Todd Hido

« Ce spectacle est une réinvention pour le plateau de la fausse autobiographie d’Ingmar Bergman. Ce récit sans complaisance, entre mémoires et exutoire psychanalytique, dessine un autre portrait du génie protéiforme. Il se raconte, les souvenirs dérivent, réinventant sa propre histoire pour en mesurer l’étendue et se l’approprier enfin. Bergman fait de sa vie une matière, fertile et fluctuante, pétrie de contrariétés, d’humour et de manques, sédiments propices à l’éclosion de sa créativité. »

Grande impatience avant chaque spectacle de Dorian Rossel, dont je regrette de ne pas encore avoir vu son adaptation du Dernier Métro de Truffaut.

4/ PLAIDOYER POUR UNE CIVILISATION NOUVELLE d’après Simone Weil par Jean-Baptiste Sastre au Théâtre des Halles à 11h25

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Crédit photo : DR

« Simone Weil : figure radicalement à part de la pensée française du XXe siècle. Sa vie durant, elle a cherché jusqu’à l’épuisement des clefs pour tenter de se comprendre et de comprendre le monde. Elle travailla en usine, prit part à la guerre d’Espagne aux côtés des Républicains, avant de rejoindre Londres et la « France Libre », où elle mourût à l’âge de 34 ans. « Elle ne méprisait rien sinon le mépris lui- même » Albert Camus. Après La France contre les robots de Georges Bernanos, Hiam Abbass et Jean-Baptiste Sastre adaptent une partie de la correspondance, L’Enracinement et d’autres textes de cette philosophe qui relèvent ses apports à la philosophie, à la critique politique et à la spiritualité. »

L’idée de voir l’actrice Hiam Abbass dans la salle de la Chapelle m’impressionne au plus haut point, surtout avec des textes aussi majeurs (et on parle de Simone Weil, pas de Simone Veil… j’ai vérifié avant)

5/ MARX ET LA POUPÉE  d’après le roman de Maryam Madjidi par Raphaël France-Kullmann au Théâtre Artéphile à 11h45

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@bendsphoto

« Depuis le ventre de sa mère, Maryam vit de front les premières heures de la révolution iranienne. Six ans plus tard, elle rejoint avec sa mère son père en exil à Paris. À travers les souvenirs de ses premières années, elle raconte l’abandon du pays, l’éloignement de sa famille, l’effacement progressif du persan au profit du français avant de le retrouver pleinement. Maryam Madjidi raconte avec humour et tendresse les racines comme fardeau, rempart, moyen de socialisation, et même arme de séduction massive. »

Parce que j’aime énormément ce premier roman et qu’aussi j’avais apprécié discuter avec son autrice les deux fois où on s’est vu. (ce n’était pas pour un rendez-vous Tinder, je préfère préciser, nous avons une connaissance en commun qui avait même traîné Maryam à mon anniversaire pour mes 30 ans, autrement dit il y a dix ans, déjà…)

6/ J’AI RENCONTRÉ DIEU SUR FACEBOOK d’Ahmed Madani au 11 Gilgamesh Belleville à 11h50

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©François-Louis Athènas

« Comment une adolescente bien sage et bien protégée par sa maman peut-elle sombrer dans une mascarade pseudo-religieuse d’aventure extraordinaire ? Comment une jeune mère qui est parvenue à s’émanciper du poids de la tradition, de la religion, réagit-elle face à ce qu’elle considère comme une trahison de son combat pour la liberté ? Voilà un vrai sujet de société dans lequel la fiction et la poésie peuvent trouver une voie d’expression qui fera écho chez les spectateurs, et les adolescents. »

Après F(l)ammes, je suis curieux de voir ce que nous prépare Ahmed Madani.

7/ LE MASSACRE DU PRINTEMPS d’Elsa Granat au Théâtre du Train Bleu à 11h50, les jours pairs

Le Massacre du Printemps – Teaser from Elsa Granat on Vimeo.

« J’ai mûri d’un seul coup puis j’ai régressé exactement en même temps. J’ai poussé fort et dans tous les sens. Il m’est arrivé d’accompagner des gens en fin de vie. Des combattants sans monument aux morts. Il y a des événements comme ça qui semblent insurmontables, tu penses qu’ils vont te laisser clouée au sol. Et pourtant tu vas découvrir des forces inespérées qui vont t’inspirer pour inventer des printemps même sur pelouse synthétique. Tu participes aujourd’hui au Massacre du Printemps. Oui j’ai bien dit « Massacre ». »

On dit que je suis fidèle… J’ai découvert Elsa Granat il y a déjà neuf ans avec « J’ai plus pied ». Une amie jouait dans cette pièce. J’ai découvert également Claire Méchin (qu’on connait chez les Blond and Blond and Blond et surtout à revoir dans Les Secrets d’un Gainage Efficace). Mais surtout Elsa Granat… une écriture, un point de vue, un sens de la mise en scène. (et je viens seulement de comprendre le jeu de mots (Mas)Sacre du Printemps…

8/ EXIT de Fausto Paravidino par Anne-Sophie Pauchet à la Manufacture à 12h

Bande-annonce EXIT Tournée / Fausto Paravidino / Anne-Sophie Pauchet from Florent_Houdu on Vimeo.

« A quitte B. A et B se séparent. Plus tard, A rencontrera C et B rencontrera D. Exit c’est l’histoire éternelle de la fin annoncée d’un couple. Et de ce qui pourrait se passer après. L’histoire du renoncement, des échappatoires, des petites lâchetés et des grandes désillusions. Une variation drôle et acide sur la difficulté de concilier le besoin de liberté personnelle et d’émancipation avec un exigeant besoin d’affection et d’une « vie satisfaisante ». Un questionnement sur la crise qui habite ces adultes bourgeois européens parfois autant incapables de courage politique que de courage intime. »

L’idée de revoir Laure Mathis, admirable Doreen dans la pièce éponyme de David Geselson et que j’aime l’écriture de Fausto Paravidino.

9/ L’OISEAU MIGRATEUR de Dorian Rossel à la Maison du Théâtre pour Enfants à 14h

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« Deux blocs noirs, deux comédiens, deux craies pour conter l’amitié insolite entre un petit garçon, sa voisine et un passereau. À contre-courant des temps tonitruants, L’Oiseau migrateur parie sur la simplicité et invite l’imaginaire à se déployer. L’histoire s’esquisse par des dessins à la ligne épurée, avant que le texte prenne le relais. »

Pour les mêmes raisons qui m’amènent à voir Laterna Magica et parce que je ne rechigne jamais à voir un spectacle dit jeune public.

10/ TROUBLE par Philippe Duban et Didier Cousin à Lascierie à 14h (jusqu’au 14 juillet)

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« Initié dans une réflexion libre à la lecture d’écrits de Michel Foucault, le projet s’est construit à travers une coopérative de création sous la direction de Philippe Duban et Didier Cousin. « Trouble » propose une plongée historique atypique autour de l’histoire de la folie qui résonne avec notre époque actuelle. Sur scène, un orchestre d’une quinzaine de musiciens en live, des projections d’images, un trapèze et un chœur d’acteurs danseurs et chanteurs. Porté avec souffle par une équipe de trente artistes, « Trouble » évoque la mue des enfermements, interroge la place des singularités dans les cercles d’appartenances, appelle à l’union dans la diversité. »

Pour avoir déjà officié pendant trois ans en tant que comédien soutien dans une troupe composée essentiellement de jeunes adultes « hors normes », je sais que ce spectacle sera une expérience incomparable. Surtout que la troupe de ce « Trouble » comprend un de ces fameux jeunes aux milles talents cachés (le voir m’imiter un soir de résidence fut un grand moment de… trouble)

11/ LA PAIX DANS LE MONDE de Diastème au Théâtre Artéphile à 14h05

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crédit photo Vanessa Filho

« Cinq ans avaient passé. Puis dix, puis quinze. Le juge peut interdire au coupable d’approcher la victime pour une durée d’au plus cinq ans. Simon n’a pas revu Lucie. Il vit en Suisse, à quelques kilomètres de la maison de Charlie Chaplin. Il lit des livres, il fait du feu. Il ne voit pas le temps passer. Simon se prépare. Au jour où Simon et Lucie seront enfin réunis. Il doit être prêt. Tout doit être prêt. Le monde n’oubliera jamais ce jour. »

Diastème fait partie de ces auteurs, un peu comme Xavier Durringer, qui ont imprimé mon inconscient de leurs thèmes, de leur écriture.

12/ UN DÉMOCRATE de Julie Timmerman à Présence Pasteur à 14h40

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« Une traversée épique à l’humour impitoyable de la vie et de l’œuvre d’Edward Bernays (1891-1995), neveu de Freud, inventeur dans les années 20 de techniques de manipulation des masses sans précédent : la “Fabrication du consentement”. S’inspirant des découvertes de son oncle sur l’inconscient, il vend indifféremment savons, cigarettes, Présidents et coups d’État. Goebbels lui-même s’inspire de ses méthodes pour la propagande nazie – mais Eddie ne comprend pas car Eddie est un démocrate… Où en est la Démocratie à l’ère du Big Data et de l’hyper-communication? »

Ça doit faire trois ans que j’en entends parler, mieux vaut tard…

13/ FLAVIEN par Flavien Bellec au Théâtre du Train Bleu à 15h20

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« Un homme, FLAVIEN, décide de faire un spectacle sur lui. Pudique, il n’a cesse d’éviter le face à face, terrible, avec l’autre, le spectateur. Dans une succession de performances anti-spectaculaires, FLAVIEN tente de donner une représentation idéalisée de lui-même. Une entreprise narcissique impossible qui voit affluer, en miettes et fragments, des souvenirs d’enfances et des fantasmes obscurs, dans un spectacle qui prend peu à peu la forme d’un n’importe quoi poétique. La scène devient alors le théâtre d’une lutte étrange entre FLAVIEN et sa propre représentation, jusqu’à devenir le cimetière de ses identités. »

Je devrais pourtant me méfier. Le Flavien fait partie des Divins Animaux

14/ JOIE d’Anna Bouguereau par Jean-Baptiste Tur au Théâtre du Train Bleu à 16h40

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« Est-ce qu’on est obligé de pleurer à un enterrement ? Est-ce que c’est normal qu’on enferme les morts dans des boites ? Pourquoi on fait plus de slows ? Pourquoi les croque-morts on l’air dépressif ? Qui a choisi cette musique improbable ? Pourquoi la dame au premier rang pleure si fort ? Est ce qu’on a le droit de coucher avec son cousin ? Pourquoi il faut attendre d’être mort pour être couvert de fleurs ? Comment continuer à vivre puisque les gens meurent ? »

J’ai découvert Anna Bouguereau dans « En réalités » et bluffé que je fus, je suis intrigué de voir et entendre ce qu’elle a écrit.

15/ IN-TWO par la Cie Tandaim au Festival Villeneuve en Scène de 18h30 à 22h30

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photo : Gabrielle Voinot

« C’est une petite collection de trois grandes boîtes aux allures de caisses de transport qui vous invite à entrer pour partager une histoire, une confidence, un (jardin) secret… Dans ces confessionnaux du quotidien où vous serez le seul spectateur, les mots de nos auteurs complices vous seront susurrés à l’oreille… Des formes courtes (6 à 8 minutes) à la manière d’un entresort, pour un acteur et un spectateur. »

Du théâtre intime, du théâtre qui ne fait pas mal (entendre : aucune gêne), on m’en a dit grand bien et cela serai aussi l’occasion de revoir peut-être Lucile Oza, une comédienne déjà vu dans mon coup de cœur Avignon 2016 :  Zoom (Gilles Granouillet / Marie Provence)

16/ LES SECRETS D’UN GAINAGE EFFICACE par les Filles de Simone au 11 Gilgamesh Belleville à 18h45

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© Christophe Raynaud de Lage

« Elles sont cinq et écrivent un livre sur le corps des femmes, comme leurs aînées des 70’s. Elles débattent et se débattent avec les hontes et traumatismes liés à ce corps et disent tout haut ce que tout le monde vit tout bas. Elles explorent leur intimité autant que l’Histoire ou la presse et réinventent les raisons de la colère. Des injonctions esthétiques à la transmission mère-fille, des règles au clitoris, elles explosent à grands coups d’autodérision les clichés qui leur collent à la peau. »

Mise à part la comédienne Claire Méchin dont j’ai parlé un peu plus tôt, je vais me laisser convaincre par le bouche à oreille.

17/ LES SIESTES ACOUSTIQUES par Bastien Lallemant à la Collection Lambert avec Là c’est de la musique à 19h

Les Siestes Acoustique de Bastien Lallemant from François GLRN on Vimeo.

« Laboratoire collectif et bienveillant, les Siestes Acoustiques de Bastien Lallemant sont imprévisibles, et réunissent acteurs et dormeurs autour de l’instant. Ne ratez pas l’occasion de faire cette expérience d’écoute musicale et sensorielle dans un cadre exceptionnel et surtout n’oubliez pas…de vous laisser aller à dormir ! »

Parce que j’aurais besoin de dormir un peu. Le problème, c’est que c’est à 19h et que 19h, c’est pas vraiment le bon horaire pour faire la sieste, on s’endort, on se réveille ensuqué, on ne sait plus où on est…

18/ LE GROËNLAND de Pauline Sales par Sylvie Boutley à la Salle Roquille à 21h

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« Cartographie d’une intimité. Monologue d’une femme qui perd le contrôle de sa vie, mais juste le temps d’une nuit … le temps d’aller au Groenland et de revenir… Théâtre d’une parole ironique. Elle fugue à travers les rues d’une ville, la nuit, en compagnie de sa fille, sa chouette son loup. Elle veut l’emmener au Groenland, un pays lointain, un retour à des origines esquimaudes ou un désir qui insiste. »

Les mots de Pauline Sales, la mise en scène certainement très sobre de Sylvie Boutley (que je connais un peu pour avoir travaillé avec elle en 2001 sur un texte de Ronald Laing)

19/ LA DERNIÈRE BANDE de Samuel Beckett par Jacques Osinski au Théâtre des Halles à 21h30

LA DERNIÈRE BANDE
©Pierre Grosbois

« « Viens d’écouter ce pauvre petit crétin pour qui je me prenais il y a trente ans, difficile de croire que j’aie jamais été con à ce point- là. » Chaque année, le jour de son anniversaire, Krapp fait le point sur sa vie et s’enregistre sur un magnétophone. Chaque année, il écoute quelques bandes anciennes et peste contre celui qu’il a été tout en se remémorant certains instants merveilleux et perdus. Il est à la recherche de l’instant T, du moment fondateur, celui de l’amour peut-être. « Sois de nouveau, sois de nouveau ». »

Denis Lavant + Samuel Beckett = un retour forcément déconcertant et inévitable.

20/ 11 SEPTEMBRE 2001 de Jacques Vinaver par le collectif Ildi Eldi au Théâtre des Halles à 21h30

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©C. Raynaud de Lage

« Depuis le 11 septembre 2001, une page nouvelle de l’histoire contemporaine s’est ouverte concernant le terrorisme, non seulement dans les faits, mais aussi dans les consciences. C’est comme si, à force de subir les attentats à répétitions, nous étions devenus plus à même de les accepter comme une normalité. La parole des acteurs, témoins et victimes du drame constitue le coeur de ce texte qui refuse tout jugement : les récits alternent, sans hiérarchie entre eux. Des casques, des micros, une partition sonore. Les comédiens prêtent leurs voix à l’ensemble des personnages, terroristes, rescapés ou hommes politiques. Dans cette atmosphère confinée et intime, le collectif ildi ! eldi évite tout pathos en dépassant la sidération et la saturation d’images par des voix murmurées qui ne peuvent être qu’un souffle. »

Même si je fus quelque peu déçu par « Ovnis » l’automne dernier, je ne raterai pas ce nouveau spectacle du collectif. Et aussi parce que je suis un inconditionnel de Grégoire Monsaingeon !

21/ HÉROÏNES 2 de Dominique Richard par Lucile Jourdan au Théâtre de l’Entrepôt (du 12 au 15 juillet) à 21h30

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« Une femme se cherche, ivre de désir d’amour et d’absence, dans le frais gazon vert de la maison calme, elle prend le temps de délacer les fils emmêlés de sa vie amoureuse. De l’enfance – aux côtés de son frère Paul, double adoré et jalousé – à aujourd’hui, elle suit les rainures de sa mémoire. »

Parce que la pièce était sélectionnée dans le festival Court au Théâtre du Théâtre Berthelot à Montreuil, dont je suis la programmation pour Le Blog de Nestor (un peu de réclame n’a jamais fait de mal) et aussi parce qu’on m’a grandement conseillé de découvrir l’écriture de Dominique Richard.

22/ IPHIGÉNIE À SPLOTT (Gary Owen / Blandine Pélissier) au Théâtre Artéphile à 21h40

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« Effie habite à Splott, un quartier de Cardiff touché par le chômage et la paupérisation. Effie, c’est le genre de fille qu’on évite de regarder dans les yeux, qu’on se permet de juger l’air de rien. Effie, c’est la provocation incarnée. On croit la connaître, mais on n’en connaît pas la moitié. Tous les samedis, elle se jette dans une spirale d’alcool, de drogue et de petits drames, et émerge au bout de trois jours d’une gueule de bois pire que la mort pour tenir jusqu’au bout de la semaine et mieux recommencer. Et puis, un soir, l’occasion lui est offerte d’être plus que ça. »

Je ne sais pas s’il s’agit d’un hasard, mais voir cette pièce au même endroit et à la même heure qu’une certaine Irish Story vue l’an passé est de bon augure. Surtout que la co-traductrice du texte n’est autre que Kelly Rivière (l’autrice et interprète de « An Irish Story », tout le monde suit ?) et que je pourrai y admirer Morgane Peters, que j’avais énormément appréciée dans des pièces jouées avec sa promo de l’ERACM.

23/ LOUISE O’SMAN au Théâtre de la Croisée des Chemins à 21h50

« Chausser des bottes de sept-lieues, devant la folie des Hommes, de ceux qui ne croquent plus la pomme -surtout dans la rue Paradis. Écouter la beauté des ondes, des veilleurs de ponts et des sourdes frondes enfouis dans le bleu endormi. Raconter les frênes trop frêles, les cœurs étouffés sous le satin, la violence des miroirs quotidiens. S’asseoir enfin à l’ombre des mémoires pour chanter l’attente, le manque et l’absence, qui sont peut-être déjà, les premiers signes du printemps. À la fois doux et intime, incisif et courtois, le répertoire de Louise O’sman marque par sa force, son originalité et sa poésie. »

C’est de la chanson, c’est de l’accordéon, c’est aussi un peu de copinage car la demoiselle se produisait également avec les No Man’s Louise que je suivais de Paris à Marseille…

24/ LA CONVIVIALITÉ par Arnaud Hoedt et Jérome Piron au Théâtre du Chapeau d’Ebène à 22h15

La Convivialité, Théâtre National, septembre 2016

« Le spectacle des deux belges qui veulent simplifier la langue française » : tout est faux dans cette phrase. Pas « simplifier » mais faire preuve d’esprit critique. Pas « deux belges», mais deux curieux qui veulent partager les découvertes des linguistes. Pas même la langue, seulement son orthographe. Car l’orthographe, c’est pas la langue, juste le code graphique qui permet de la retranscrire. Nous avons écrit pour dédramatiser, pour réconcilier et aussi parce qu’on a toujours pensé que l’Académie Française avait un vrai potentiel comique. Notez que tout n’est pas faux : il s’agit bien d’un spectacle ! Et drôle en plus ! C’est quand la dernière fois que vous avez changé d’avis? »

Je ne m’en orgueillis jamais assez : je suis le vice-champion départemental des Bouches du Rhône 1991 d’orthographe.

25/ DÉGLUTIS ÇA IRA MIEUX d’Andréa Bescond et Éric Métayer au Théâtre du Balcon à 22h30

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« Déglutis, ça ira mieux est l’histoire d’une femme, Aline, éternelle adolescente de 45 ans, fuyant sa vie, ses responsabilités et surtout son rôle de mère. Lorsqu’elle apprend qu’elle est atteinte d’une maladie dégénérative, elle se débrouille pour retrouver sa fille, Nina, devenue adulte trop tôt et qui a fait ses bagages depuis longtemps. Les retrouvailles entre ces deux femmes que tout oppose – ou presque – seront déjantées et passionnées. Bien malgré elle, Nina se retrouve emportée par la folie douce et l’humour de sa mère. Aline, elle, a une idée derrière la tête. Faire la paix avec sa fille. Et lui demander l’impossible… »

Je n’ai point vu de spectacles du duo Andréa Bescond / Eric Métayer. Je veux seulement revoir Géraldine Martineau sur scène. C’est dit.

26/ CHARLY CHANTEUR à l’Arrache-Coeur à 22h30

 

« Les ballades spleenétiques sont comme des chansons dépressives mais en plus drôles. Les poèmes-poubelles sont des poèmes récupérés dans une poubelle et mis en musique. Charly Chanteur est un chanteur gourou de la secte du « Spleen », un vrai-faux chanteur qui fait un vrai-faux concert. »

L’acolyte de Léopoldine HH revient à l’Arrache-Coeur tout seul. Pour bien terminer la soirée.

27/ LA 7E VIE DE PATTI SMITH de Claudine Galea par Benoît Bradel à la Manufacture, du 13 au 19 juillet à 23h

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crédit photo Benoît Bradel

« 2 portraits en parallèle, 2 amplis, 3 micros, 1 jeune fille, 1 jeune femme, des guitares électriques. À la fin des années 70, dans un village près de Marseille, une jeune fille timide porte difficilement ses 16 printemps. Jusqu’au moment où elle entend une voix. Celle bien saccadée d’une autre jeune femme maigre et timide. Mais trentenaire celle-ci. C’est Patti Smith qui, avec Horses, entre dans la légende. En adaptant à la scène l’écriture de Claudine Galea, Benoît Bradel signe un trio électrique sur notre irrépressible besoin de liberté. »

Patti Smith + Marie-Sophie Ferdane = deux raisons suffisantes.

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À part ça, j’ai déjà vu et je ne peux que conseiller :

La Légende de Bornéo du Collectif L’Avantage du Doute au Théâtre des Carmes, Désobéir de Julie Berès à la Manufacture (chronique très en retard), Le Champ des Possibles d’Elise Noiraud au Théâtre Transversal, On voudrait revivre par Léopoldine Hummel, Maxime Kerzanet et Chloé Brugnon à la Caserne des Pompiers, Vies de papier par la Cie La Bande Passante au 11 Gilgamesh Belleville, Batman contre Robespierre par le Grand Colossal Théâtre au Théâtre des Gémeaux, En réalités par Alice Vannier au Théâtre du Train Bleu, le Syndrome du Banc de Touche de Léa Girardet au Théâtre du Train Bleu.

Il y a bien deux trois autres pièces que j’ai vues et qui repassent par Avignon mais que je ne conseillerai pas et que je ne mentionnerai pas ici (dans l’onglet AVIGNON 2019, vous pourrez tout de même les trouver, j’y ai même mis des étoiles, on n’arrête pas le progrès !)

Il s’agit bien évidemment d’une sélection complètement subjective. Je le répète, il y a presque 1 600 spectacles programmés dans le Off. J’ai déjà reçu énormément de courriels m’invitant à découvrir certaines pièces. Ça me désole (et déprime aussi) de ne pas pouvoir répondre, je vous prie de bien vouloir m’excuser. Mais n’hésitez tout de même pas à donner vos conseils, vos envies. On sait jamais…

Avignon c’est dans un mois. Et d’ici là…

Et d’ici là, j’ajouterai bientôt trois nouveaux spectacles qui sont arrivés à mes oreilles…

Ps : Pourquoi Off alors que In ? Parce que si In plutôt Out. Ou bien On et Off ? Pourquoi en anglais d’ailleurs ?

Festival d’Avignon 2019 , ma sélection In

On prend de l’avance, on planifie de bonne heure, hormis des spectacles dans le Off (sélection à suivre), je tenterai de voir une ou deux pièces dans le In durant mon « court » séjour (et qu’on ne me montre pas du doigt, comme on me l’a dit l’an passé, je ne vais pratiquement que dans des théâtres subventionnés durant la saison normale, je peux faire des écarts (admirables) dans le Off l’été !) Tout ça pour dire, si je pouvais, je verrais :

1/ ARCHITECTURE de Pascal Rambert dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes du 4 au 13 juillet 2019

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Photo : Marcel Breuer

« Une famille d’artistes n’échappe pas à la tourmente du XXe siècle qui engloutit ses espoirs et son avenir. »

Parfois je me dis que l’addition de talents aussi grands n’est pas forcément un gage de réussite. Le casting fait envie : Emmanuelle Béart, Audrey Bonnet, Marie-Sophie Ferdane, Anne Brochet (qui remplace Marina Hands), Arthur Nauzyciel, Stanislas Nordey, Denis Podalydès ou Pascal Rénéric, Laurent Poitrenaux, Jacques Weber (et je reprends mon souffle). « Clôture de l’amour » avait été une vraie claque, « Répétition » une déception (dans le genre, chaque acteur attend son tour pour prendre la parole ou quand Rambert reproduit la recette de « Clôture… » mais avec quatre comédiens), « Actrices » m’avait conquis uniquement grâce à Marina Hands. Bref, je suis très curieux de voir ce spectacle qui, à l’origine, n’était pas prévu pour la Cour d’Honneur.

La pièce sera en tournée en 19/20, notamment aux Bouffes du Nord en décembre prochain.

2/ LE PRÉSENT QUI DÉBORDE NOTRE ODYSSÉE II de Christiane Jatahy au Gymnase du Lycée Aubanel du 5 au 12 juillet

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Photo : Paul Camacho

« Odyssées contemporaines des exilés, contraints par leur douleur à ne pas se souvenir, empêchés par les épreuves de penser demain. »

Je rattraperai ce second volet cet automne au CentQuatre, je ne peux rater la nouvelle création de Christiane Jatahy qui fait partie de mes créatrices préférées.  (aussi parce que la première fois que j’ai vu un de ses spectacles, « Julia » au CentQuatre le 20 septembre 2013… je m’en souviens parce que… non… rien…) Cette fois-ci, elle sera à la lisère du théâtre documentaire. Il y aura aussi un peu d’Amazonie et quand on sait ce qu’il s’y passe aujourd’hui…

3/ PHÈDRE ! de François Grémaud à la Collection Lambert du 11 au 21 juillet

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Photo : Loan Nguyen

« Sur scène, une drôle de conférence sur Phèdre, par un comédien-professeur qui se laisse déborder par sa passion… »

L’humour et l’intelligence de François Grémaud m’avaient emballé lors des Conférences de choses qu’il avait co-écrites avec Pierre Mifsud. Il est ici une nouvelle fois à la mise en scène et à la conception de ce nouveau « cours » et j’attends avec impatience cette relecture du classique de Racine.

Ce spectacle est également présent dans la programmation du Théâtre de la Bastille pour la saison prochaine.

4/ OUTSIDE de Kirill Serebrennikov à l’Autre Scène du Grand Avignon – Vedène du 16 au 23 juillet

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« Images, poèmes, corps urbains. La vie de l’artiste chinois Ren Hang mise à nue par le regard incisif et résistant de Kirill Serebrennikov. »

Outre l’aspect politique que revêt la présence à Avignon de Kirill Serebrennikov, nul doute que ce spectacle sera à la hauteur des attentes que nous portons envers le créateur de « Les Âmes Mortes » et des films « Le Disciple » ou « Leto ».

5/ GRANMA. LES TROMBONES DE LA HAVANE par le Rimini Protokoll au Cloître des Carmes du 18 au 23 juillet

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Photo Doro Tuch

« L’histoire de quatre petits-enfants de la Révolution cubaine qui, aux côtés des anciennes générations, décident désormais du destin de leur île. »

Le Rimini Protokoll fait partie de mes révélations tardives de la saison dernière. Après leur installation autour de la mort « Nachlass », voici donc une vision de Cuba aujourd’hui.

La pièce sera également présentée à la Commune d’Aubervilliers dans le cadre du Festival d’Automne.

6/ A LEAF par Célia Gondol et Nina Santes aux Hivernales – CDCN d’Avignon du 6 au 8 juillet

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photo Scribe

« A Leaf est un concert chorégraphique conçu comme une spirale vibratoire, où la frontière entre réalité et fiction s’efface doucement. »

Après avoir découvert son travail organique ce printemps avec « Hymen Hymne », je ne peux que tenter de découvrir ce que Nina Santes peut avoir en tête. En réalité, je ne serai pas encore présent, mais j’essaierai la transmission de pensées.

7/ VIVE LE SUJET ! SÉRIE 4 – CE JARDIN de Ina Mihalache et Madeleine Fournier au Jardin de la Vierge du Lycée Saint-Joseph du 17 au 23 juillet

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image Marie Prunier

« Deux femmes tentent de mettre en pratique la sororité. Elles voudraient s’aimer simplement, se désirer aussi peut-être, mais ce n’est pas si simple dans une société patriarcale qui met les femmes en compétition les unes contre les autres. Ce Jardin ouvre un espace d’exploration et d’exorcisation des relations qui existent entre elles avant même qu’elles se soient rencontrées. »

Je suis un des admirateurs de la première heure de Ina Mihalache alias Solange te parle. Il est heureux de la voir ailleurs que sur YouTube, de suivre son évolution, toujours là où on ne l’attend pas, toujours aussi audacieuse et exigeante.

La Nuit des Taupes (Philippe Quesne / Nanterre Amandiers)

(de quoi ça parle en vrai)

« Dans cet univers des profondeurs, les sept taupes géantes mangent, boivent, font l’amour, enfantent et constituent un groupe de rock! Dans la pénombre de leur existence souterraine, elles manifestent avec joie ce qui caractérise le théâtre, cet art de la caverne où croire ou ne pas croire nous relie à la superbe allégorie de Platon. Bien plus profondément encore, l’univers des cavernes développe et déclenche un imaginaire immédiat remontant à la nuit des temps. » (source : ici)

Philippe Quesne - La nuit des taupes (Welcome to Caveland!)
crédits photos : MARTIN ARGYROGLO

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Aussi curieux que cela puisse paraître, voici donc la première fois que je découvre une oeuvre du directeur du théâtre des Amandiers à Nanterre, Philippe Quesne. Et je ne fus pas mécontent du voyage.

Welcome to Caveland ! Je pourrai dire à qui veut bien l’entendre que j’ai vu des taupes faire de la batterie et de la trottinette électrique (mais pas en même temps). Il n’y a pas vraiment d’histoire. Seulement des tranches de la vie des taupes. Qui pourraient très bien être des êtres humains. L’ensemble se veut burlesque, poétique, atmosphérique. On peut même se hasarder à la micro-sieste, nous ne perdrons aucune miette.

On pense aux grosses marionnettes du Fraggle Rock de notre enfance. La scénographie « cavernesque » en carton-pâte est impressionnante. La musique électro-rock (vive le thérémine) nous fait bouger la tête. Et surtout le spectacle comporte différents degrés de compréhension qui permettent de l’apprécier sans avoir toutes les références à Platon, Nietzsche comme j’ai pu le lire ici ou là. En bref, une belle découverte !

 

LA NUIT DES TAUPES

CONCEPTION, MISE EN SCÈNE ET SCÉNOGRAPHIE Philippe Quesne

AVEC Yvan Clédat, Jean-Charles Dumay, Léo Gobin, Erwan Ha Kyoon Larcher, Sébastien Jacobs, Thomas Suire, Gaëtan Vourc’h

COSTUMES Corine Petitpierre assistée d’Anne Tesson – COLLABORATION DRAMATURGIQUE Léo Gobin, Lancelot Hamelin, Ismaël Jude, Smaranda Olcèse – COLLABORATION ARTISTIQUE ET TECHNIQUE Marc Chevillon, Yvan Clédat, Élodie Dauguet, Abigail Fowler, Thomas Laigle – SON Samuel Gutman – RÉGIE GÉNÉRALE Marc Chevillon – RÉGIE LUMIÈRES Mickaël Nodin – RÉGIE PLATEAU Joachim Fosset – HABILLAGE Pauline Jakobiak – ASSISTANTE SCÉNOGRAPHIE Élodie Dauguet

 

(une autre histoire)

La taupe est aveugle ou presque. Comme Polly Magoo… Non… Comme Mr Magoo.

Lors d’un stage de sensibilisation au handicap visuel, nous avions chaussé des lunettes qui occultaient en grande partie notre vision. J’étais très fier d’avoir pu lire un texte malgré ces lunettes. Mais quand on m’a demandé ce que j’en avais retenu… Rien. 

Tu préfèrerais être sourd ou aveugle ? Ne plus avoir de bras ou de jambes ? Etre imberbe ou poilu ? (pour la dernière question, j’ai une réponse).

« J’fais des trous, j’fais des trous, toujours des p’tits trous… » Je prends mon grand marteau et je tape sur la tête de la première taupe venue.

Je ne sais pas prononcer correctement le mot « taupe ». Mon accent me joue des tours. Top taupe, c’est pareil pour moi.

La nuit, je vois courir des rats. Mais pas des taupes. C’est quoi la différence ? La nuit, tous les chats sont gris. Et le jour, comment sont les taupes ?

A t-on déjà vu une jeune femme malvoyante arpenter le podium d’un défilé de mode ? Non, je ne dirai pas comment on l’appellerait dans le métier. Ce bon mot serait trop facile. On lui demanderait seulement : Mais qui êtes-vous, Polly Magoo ? Un quelconque lien de parenté avec Mr Magoo ?

 

vu le samedi 20 avril 2019 au Théâtre Nanterre Amandiers

Prix de ma place : Invitation (page Facebook du théâtre Nanterre Amandiers)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito