La fin de l’homme rouge (Svetlana Alexievitch / Emmanuel Meirieu / Bouffes du Nord)

(de quoi ça parle en vrai ?)

« Pendant quarante ans, Svetlana Alexievitch a parcouru ce pays qu’on appelait l’URSS et enregistré des centaines de témoignages. (…) D’une personne à l’autre, de voix en voix, elle a écrit six livres qui n’en font qu’un, un livre sur l’histoire d’une utopie : le socialisme. (…) La Fin de l’homme rouge fait résonner les voix des témoins brisés de l’époque soviétique, voix suppliciées des Goulags, voix des survivants et des bourreaux, voix magnifiques de ceux qui ont cru qu’un jour « ceux qui ne sont rien deviendraient tout », et sont aujourd’hui orphelins d’utopie. » (source : ici)

(pourquoi j’y vais ?)

Parce que Emmanuel Meirieu m’avait totalement dévasté avec « Des Hommes en devenir » au Théâtre Paris Villette il y a deux ans.

Parce que (par ordre alphabétique) Anouk Grinberg, Jérôme Kircher, Maud Wyler…

Parce qu’il ne s’agit pas de la pièce préquelle des Schtroumpfs (je sais… je n’ai pas pu m’empêcher)

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Crédits photos : DR

(ceci n’est pas une critique, mais…)

C’est un vendredi 13, jour de grève de la RATP, que le théatre des Bouffes du Nord , à moitié vide, s’offre à moi. Et accessoirement jour anniversaire de mes quinze ans de vie à Paris (moi, le petit Marseillais qui savait à peine qui était Peter Brook à mon arrivée en 2004)

Le spectacle commence avant même qu’il ne commence. Le décor de Seymour Daval et Emmanuel Meirieu est tout simplement monumental et épouse parfaitement les formes et l’architecture de ce théâtre mythique. Nous sommes dans une salle en ruine, tout est poussière. Aux murs, des projections d’images d’inspiration soviétique qui se transformeront au gré des récits. Le proscénium ne sera quasiment pas utilisé, laissant cette distance entre public et comédien.nes.

Anouk Grinberg ouvre le bal, suivi de Stéphane Balmino, que j’avais découvert dans « Des Hommes en devenir » du même metteur en scène. Le dispositif est identique : une succession de récits, bouleversants, avec très peu d’interaction entre les personnages (on aurait presque envie qu’il n’y en ait aucune, tellement ce lien parait artificiel, je chipote).

On est happé par les récits, même si certains nous convainquent plus que d’autres, peut-être aussi parce que ces comédien.nes-là me touche plus que d’autres (Anouk Grinberg, Jérôme Kircher et Maud Wyler – la seule qui lève les yeux vers la catégorie 3)

L’immersion est totale grâce à un remarquable travail sonore et visuel et le trajet « théâtre / maison » à pied de quarante minutes n’est pas de trop pour doucement revenir à la vraie vie.

 

LA FIN DE L’HOMME ROUGE

D’après le roman de Svetlana Alexievitch

Mise en scène et adaptation Emmanuel Meirieu

Traduction Sophie Benech – Musique Raphaël Chambouvet – Costumes Moïra Douguet – Lumières, décor, vidéo Seymour Laval et Emmanuel Meirieu – Son Félix Muhlenbach et Raphaël Guenot – Maquillage Roxane Bruneton

Avec Stéphane Balmino, Evelyne Didi, Xavier Gallais, Anouk Grinberg, Jérôme Kircher, Maud Wyler, André Wilms (présence filmée) et la voix de Catherine Hiegel

Jusqu’au 12 octobre 2019 aux Bouffes du Nord (Paris) et en tournée notamment à Marseille (du 8 au 19/10 à la Criée)…

 

(une autre histoire)

Vendredi 13… 162 millions d’Euro à gagner à l’Euromillions. Je joue seulement lors des grosses cagnottes. Ce qui est totalement stupide, car qui a besoin d’autant d’argent ? Si je fais la moyenne du temps qu’il me reste à vivre, un million me suffirait ou même un petit pécule qui me permettrait d’arrêter de travailler pendant deux ans comblerait mon bonheur.

Flash. Le ticket dans ma poche arrière. Je marche car c’est la grève des transports. Je rentre chez moi, je sors le ticket de ma… Le ticket n’est plus là. Je ne me suis pourtant pas trompé de… Mes poches sont vides. C’est bien ma veine. Pile aujourd’hui, le premier jour du reste de ma vie. Le ticket est tombé de ma poche, quelqu’un l’a ramassé, les numéros sont évidemment gagnants et je resterai dans mon petit appartement miteux… Je viens de comprendre… quand on dit « miteux », ça signifie en fait qu’il y a des mites ?

Mon ticket est tombé de ma poche sur mon palier. C’est bien ma veine, maintenant que j’ai récupéré mon sésame pour les cieux, les numéros deviennent perdants. Je resterai dans mon petit appartement miteux… mais j’ai dans un tiroir des barquettes technologiques anti-mites, l’honneur est sauf.

 

Vu le vendredi 13 novembre 2019 aux Bouffes du Nord, Paris

Prix de ma place : 20€ (cat. 3)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

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