(quand on ne lit pas la note d’intention)
Ou quarante-deux façons de mourir.
(ce que ça raconte en vrai)
Quand nous lisons, nous faisons des choix, nous traduisons ce que nous lisons vers le langage de notre propre existence. Les pages sont illuminées par la bougie de nos expériences et cette flamme vacille et change de couleur à cause de ce que nous lisons. Nous savons qu’un livre est capable de nous changer. En lisant la description d’un bal, un lecteur peut décider de divorcer. En lisant comment deux personnages échangent un premier regard furtif, le lecteur peut décider de se marier. En lisant un dialogue sur les champignons, un lecteur peut décider de changer d’emploi. Un roman comme Anna Karénine de Tolstoï peut aussi être la collection des vies qu’il a changées, légèrement ou profondément, en bien ou en mal. Des vies qui pourraient changer comment meurt Anna. (source : site du tg STAN)
(ceci n’est pas une critique mais…)
Le titre est en anglais, mais il a été choisi avant même que la pièce ne soit écrite. Parce que des acteurs belges qui ne parlent pas portugais, parce que des acteurs portugais qui ne parlent pas néerlandais, on ne sait pas trop ce que ça peut donner. D’où la déception, somme toute relative, que l’on peut éprouver quand on voit que les personnages se retrouvent autour du français : alors pourquoi conserver ce titre en anglais ? Tout est fluide, malgré la cohabitation des trois langues. Tout de suite on est emporté par ces histoires qui s’entremêlent, dont on ne sait pas encore comment elles sont liées, dans l’espace et dans le temps, même si Tolstoï et son héroïne tragique sont au centre de tout. On perçoit des réminiscences des précédentes oeuvres de Tiago Rodrigues, l’amour de la littérature, la transmission, les feuilles qui volent. Connaissant le travail du tg STAN et de Tiago Rodrigues, pas de doute que la pièce aura évolué lors de se reprise en 2018, une autre raison de revoir cette magnifique pièce.
THE WAY SHE DIES
écrit par Tiago Rodrigues
avec Isabel Abreu, Pedro Gil, Jolente de Keersmaecker, et Frank Vercruyssen
au théâtre Garonne, Toulouse
(en tournée en 2018/2019 et à la rentrée 2019 au Théâtre de la Bastille)
(une autre histoire)
Comment tu viens, me demande-t-on ? En train, je réponds. Alors le TGV… Non, je prends un Intercités. Mais tu vas mettre une éternité pour venir. Je sais, mais j’aime ça, le train. J’ai passé quatre jours dans un fauteuil pour traverser le Canada, donc ce ne sont pas six petites heures pour descendre de Paris qui vont me faire peur. Pis, je ne connais pas ce trajet-là. Je vais noter les noms des villes qu’on va traverser, compter les éoliennes, dormir mon quart d’heure syndical, j’ai mon ordinateur, de quoi lire, de quoi écrire, un disque dur full de séries. Ne t’en fais pas pour moi. Je veux ralentir la cadence, le rythme. Bientôt, j’irai à Saint Jacques de Compostelle. Je ne sais pas encore comment. À pied, qui sait ? Apprécier le moment présent. Ça fait très Poètes Disparus, ça, non ? On me demande souvent ce que je vais faire durant mon congé sabbatique. Je vais prendre le temps. Aller d’un point à un autre, en passant par les chemins de traverse, à hue et à dia comme disait l’autre. Avoir le luxe de voir de la danse à Lisbonne, du jazz à Reykjavik, une pièce belgo-portugaise à Toulouse. On verra ce qu’il se passera. J’aurai bien le temps de faire le bilan de tout ça le moment venu. Je dis aussi que je vais écrire. J’ai bien des phrases en tête, mais j’attends un déclic. Pis, si rien ne vient, ça ne sera pas grave non plus. Je n’ai plus envie de ça. Je veux dire, le résultat à tout prix. Tout ce que je veux, c’est voir des belles choses et je sais que ce soir, je vais en voir. Prendre le temps et voir de belles choses. Je serais le plus heureux des hommes si j’y parviens. Et tant pis si je suis seul. Chaque chose en son temps.
vu le 29 mars 2017 au Théâtre Garonne, Toulouse
prix de ma place : Je ne m’en souviens plus, mais ce n’était pas une invitaiton.
crédit photo : Filipe Fereira
Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito