Cataract Valley (Jane Bowles / Marie Rémond / Ateliers Berthier)

(quand on ne lit pas la bible)

Cataract Valley ? Six seniors sont en convalescence dans la Vallée de la Mort après une intervention chirurgicale de la cataracte ?

(de quoi ça parle en vrai)

« Pourquoi Harriet manipule-t-elle les sentiments de Beryl, “serveuse blonde et courtaude au regard têtu” ? Pourquoi sa jeune sœur, Sadie, vient-elle lui rendre une visite inopinée ? À Camp Cataract, mi-camp de vacances mi-sanatorium, la folie n’est jamais très loin… » (source : ici)

simon gosselin
Crédits photos : Simon Gosselin

(ceci n’est pas une critique, mais…)

En entrant dans la petite salle des Ateliers Berthier, nous sommes saisis par le parfum des pins, du sol mouillé. Bienvenue en forêt. La pluie, les chutes d’une cascade seront également de la partie, nous serons soufflés par… le souffle causé par la chute de la pluie et des chutes de l’eau de la cascade… Je m’égare et pas que dans la forêt. Je pense être victime d’une malédiction : tous les spectacles qui se passent dans une forêt me tombent des bras : Au bois et surtout Opéraporno de triste mémoire.

Tout ça pour dire que « Cataract Valley » est un objet théâtral qui ne se laisse pas apprivoiser facilement. Oui, un objet peut être apprivoisé, je l’ai décidé. Pour être clair, je ne suis pas entré dans cette atmosphère champêtre et mystérieuse qui avance masqué. Je suis resté à la lisière de l’ennui. On rencontre un Indien qui n’en est pas un, une soeur qui ne veut pas que sa famille s’incruste dans son refuge… Alors oui, comme il est indiqué dans la note d’intention, on perçoit l’impressionnisme de la mise en scène, le fameux « trompe-l’oeil », mais bon… (« mais bon… » est le meilleur de mes arguments !) Je fus heureusement sauvé par la prestation de Caroline Arrouas qui impressionne par sa fragilité et sa justesse en soeur qui se perd peu à peu.

 

CATARACT VALLEY

d’après Jane Bowles

un projet de Marie Rémond, adaptation et mise en scène Marie Rémond et Thomas Quillardet

avec Caroline Arrouas, Caroline Darchen, Laurent Ménoret, Marie Rémond

traduction Claude-Nathalie Thomas – scénographie Mathieu Lorry-Dupuy – son Aline Loustalot – lumière Michel Le Borgne – costumes Marie La Rocca – assistant à la mise en scène Aurélien Hamard–Padis

Jusqu’au 15 juin 2019 dans la petite salle des Ateliers Berthier – Odéon Théâtre de l’Europe (Paris)

 

(copié collé)

Une fois n’est pas coutume, je ne vous gratifierai pas d’une nouvelle histoire. L’eau tient une part très importante dans cette pièce et je désirais reproduire ici un extrait de « Journal d’un médecin de Niagara Falls, 1879 – 1905 » du Dr Moses Blaine, qui est diablement inspirant :

« Les chutes du Niagara exercent sur une partie de la population, qui atteint peut-être les 40% d’adultes, un effet mystérieux dit hydracropsychique. On a vu cet état morbide miner temporairement jusqu’à la volonté d’hommes actifs et robustes dans la fleur de leur âge, comme s’ils se trouvaient sous le charme d’un hypnotiseur malveillant. Ces individus, attirés par les tumultes en bas des Chutes, peuvent passer de longues minutes à les contempler, comme paralysés. Si on leur parle d’un ton ferme, ils n’entendent pas, si on essaye de les toucher ou de les retenir, ils peuvent vous repousser avec colère. Les yeux de la victime envoûtée sont fixes ou  dilatés. Il existe peut-être une mystérieuse attirance biologique pour la force tonnante de la nature représentée par les Chutes – qualifiées trompeusement par romantisme de « magnifiques », « grandioses », « divines » – de sorte que l’infortunée victime se précipite à sa perte si elle n’en est empêchée. »

 

vu le mercredi 15 mai 2019 à la petite salle des Ateliers Berthier – Odéon Théâtre de l’Europe

Prix de ma place : 14€ (tarif avant-première)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

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