Angèle (Marcel Pagnol / Jean Giono / Patrick Ponce / Cartoun Sardines Théâtre / El Zocalo)

(de quoi ça parle en vrai)

« Angèle, fille de paysans, vit avec ses parents, Clarius Barbaroux et Philomène Barbaroux, dans une ferme provençale, la Douloire, isolée au fond d’un vallon. Elle est aimée en secret par Albin, un jeune paysan. Mais celui-ci tarde à déclarer sa flamme. Un jour, Angèle se laisse séduire par Louis, un mauvais garçon de passage qui l’entraîne à Marseille, la grande ville, et la prostitue… » (source : ici)

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Crédits photos : Thibaud PONCE

(ceci n’est pas une critique, mais…)

C’est avec une émotion non dissimulée que je me suis rendu au théâtre voir ma première pièce de théâtre post-confinement. Et pas n’importe où, puisque l’occasion m’a permis de découvrir le théâtre El Zocalo à Barcelonnette, petite ville de la vallée de l’Ubaye si chère à mon coeur (c’est pas loin où je suis né littérairement parlant – longue histoire)

C’est le Cartoun Sardines Théâtre, une compagnie marseillaise qui est aux manettes, avec Patrick Ponce à sa tête. J’avais déjà vu trois de leurs spectacles : le premier, j’étais en terminale, je crois, avec les amis de l’option théâtre. La Mère m’accompagne pour l’occasion. Je lui dis : Le Cartoun Sardines Théâtre, c’est inventif et c’est accessible. Je ne me suis pas trompé. La Mère a aimé « Angèle » et moi aussi.

On a aimé, parce que ça raconte Marseille et la Provence. Parce que ça parle d’une époque dont on a toujours entendu parler grâce aux Anciens qui ne sont plus là. Parce qu’en face de nous, il y avait une troupe sensationnelle d’acteurs, qui s’amusaient autant qu’on s’amusait. Aussi, peut-être, parce qu’ils étaient heureux d’être là, tout simplement.

Le Cartoun Sardines Théâtre sait toujours être inventif, disais-je. Ici, pas de décors frontaux « à l’ancienne » ou de vidéo omniprésente, mais un travelling circulaire, parce que nous assistons au tournage d’un film sans caméra, avec changement d’axe, action, coupez, etc. Des comédiens qui jouent plusieurs rôles dont des chèvres ou des portes, un régisseur qui veille au grain et qui est partie prenante du spectacle, un quatrième mur explosé qui permet les digressions et autres recontextualisations, parce que la Provence au début du XXe siècle, y a de quoi dire (au niveau du vocabulaire comme au niveau des moeurs et de la place de la femme dans la société)

Le rythme est rythmé… non. Le rythme est trépidant, les comédiens sont justes et tout simplement bons (pensée qui revient de temps à autre… il n’y a pas qu’à Paris que cela se passe. Sans passer par l’expression « Nos régions ont du talent », on ne s’imagine pas à côté de quoi on passe en Provence, en Bretagne ou ailleurs) et mine de rien, on assiste à un spectacle ultra-millimétré et ça ne se voit même pas, grâce à la générosité de la compagnie. La pièce joue à fond la connivence avec le public et le laisse imaginer, être actif dans sa tête.

En résumé, je ne peux que vous conseiller de guetter la venue de cette compagnie dans votre région, parce qu’il n’y a pas que Paris ou Marseille dans la vie.

 

ANGÈLE

D’aprés le film de Marcel Pagnol et le roman de Jean Giono « Un de Baumugnes »

Conception / Adaptation / Mise en scène : Patrick Ponce

Avec : Florine Mullard, Bruno Bonomo, Marc Menahem, Thierry Otin, Fabien Gaertner et Stéphane Gambin

Scénographie : Stéphane Gambin, Patrick Ponce – Décor / Régie générale et plateau : Stéphane Gambin – Assistanat décor : Antoine Cano – Costumes : Christian Burle – Musique / Création son / Régie son  : Pierre Marcon – Lumières : Jean-Bastien Nehr – Régie Lumières : Laurie Fouvet ou Jérémie Hutin ou Julien Soulatre.

Production : Cartoun Sardines Théâtre.

Le 24 septembre 2020 à Arles, le 25/09 à Marseille (Odéon), le 26/01/21 à Châteaubriand (44)… (liste non exhaustive)

 

(une autre histoire)

Cet été, j’avais prévu d’aller à Avignon, puis à Bussang et pourquoi pas au Festival Pampa en Gironde (qui n’a pas été annulé, lui), mais le destin (ou autre chose) en a décidé autrement.

J’y suis quand même allé, à Avignon (et pas EN Avignon, faut-il encore le rappeler, écrivez-moi en MP pour plus de précisions, je viens de soutenir une thèse sur la question).

On se gare dans le parking sous le Palais des Papes. On en sort. C’est comme si on était dans le Truman Show :

« Ok, vous avez compris, quand ils sortent du parking, tout le monde s’anime, tout le monde s’agite. Comme si rien n’avait changé. »

On sort, on voit des touristes, le petit train sur le point de partir, une compagnie costumée qui parade, on nous donne même un tract (spoiler alert : ce sera le seul de la journée).

Quand je dis « on », c’est l’Ami Marseillais et moi. Onze ans déjà qu’on fait le festival ensemble. On est un vieux couple. On a nos habitudes, nos coins préférés, on met une heure à choisir le restaurant… Ami Marseillais, j’espère que tu ne le prendras pas mal, je t’aurais bien échangé contre celle qui occupe mes pensées. Je sais, je dis ça tous les ans. Je fais toujours exprès d’être tout seul au mois de juillet. C’est faux. Même quand je ne suis pas tout seul, je dis toujours : « Le mois de juillet, c’est sacré, c’est Avignon ! Je décale même mes vacances au Québec pour ça ! »

Y a du monde, des touristes, des gens pas comme nous, qui ne doivent pas se rendre bien compte. Parce qu’il suffit de s’engouffrer dans les entrailles de la Cité des Papes pour constater que c’est une coquille vide, que les théâtres qu’on affectionne (ou pas) sont fermés, que certains n’ont même pas pris la peine d’enlever les affiches de l’année dernière. Le bon point, c’est qu’on peut enfin voir ce qu’il y a derrière les affiches omniprésentes du Festival Off et qui aimantent (polluent) notre vision. On redécouvre la ville, ses bâtisses, on lève les yeux (au ciel) et on y voit des choses étonnantes. On arpente la rue des Teinturiers, où je ne mets jamais les pieds d’habitude, tellement il y a de monde et de théâtres qui ne m’intéressent pas. Il y a personne. Comme si c’était hors saison. On ne reconnait parfois pas certaines rues, comme la rue des Ecoles qui abrite le Village du Off…

« Attends, c’est bien là ? Oui, je savais que c’était dans une école, mais c’est cette entrée-là ? »

… et la Manufacture.

« Rien n’a été nettoyé dans la cour, regarde. Comme si c’était à l’abandon ».

Je ne dirai pas qui, mais l’un de nous deux a eu la larmichette à l’oeil.

D’habitude, là, il y a du monde. C’est la place Louis Pasteur. L’Entracte n’est pas ouvert. On a peine à se souvenir de comment c’était en temps de festival. Ça parait tellement petit. Mais comment faisaient-ils entrer toutes les tables et les chaises en terrasse ? Et la Place des Carmes… Vous êtes où les gens ? J’en profite pour envoyer un message à C. parce que l’avant-dernière fois qu’on s’était vu, c’était là et qu’elle m’avait proposé de lire ma pièce… Tel resto est fermé, tel autre n’est plus un resto… On mange quand même une glace, on va voir une installation d’Ernest Pignon-Ernest sur la place des Corps Saints. On prend même le traversier pour se rendre sur l’Île de la Barthelasse, c’est dire notre état de délabrement mental.

Alors, l’Ami Marseillais et moi-même, on compare les différentes programmations des théâtres parisiens et marseillais. Marseille qui n’a plus à rougir, qui occuperait son homme une bonne partie de l’année. Marseille, le sud, me manquent. Voilà. Et le théâtre aussi. Le théâtre surtout.

 

Vu le mercredi 29 juillet 2020 au Théâtre El Zocalo (Barcelonnette)

Prix de ma place : Gratuit

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

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