Interview

(si on ne lit pas la note d’intention)

Il s’agit de d’une pièce menant en parallèle l’adaptation du film de Theo Van Gogh et les heures précédant l’assassinat du réalisateur néerlandais par un islamiste.

(pas une nano-critique)

Ce que j’aime dans ce genre de pièces, c’est qu’il me tarde de rentrer chez moi pour rechercher les différentes références entendues dans le spectacle : Raymond Depardon, Jean Rouch, Jean Hatzfeld, Edgar Morin…

 

INTERVIEW

conception et mise en scène Nicolas Truong

interprétation et collaboration artistique Judith Henry et Nicolas Bouchaud

Théâtre Monfort, 31 mai 2017 (jusqu’au 17 juin 2017)

(crédit photo Christophe Raynaud de Lage)

 

(une autre histoire)

La première fois que je vis Nicolas Bouchaud sur scène, c’était pendant le Festival d’Avignon en 2011 dans « Mademoiselle Julie » mise en scène par Frédéric Fisbach. J’y étais allé principalement pour voir Juliette Binoche, j’ai découvert Bénédicte Cerruti et Nicolas Bouchaud. Je me suis tout de suite reconnu en lui pour une seule et bonne raison : la transpiration. Nous voyions au fil des scènes sa chemise prendre une tournure tout à fait inattendue à cause de sa propension à énormément transpirer. Quand on me demande pourquoi je n’aime pas l’été dans le sud, alors même que je suis originaire de Marseille, je mets en avant cet inconvénient : je transpire facilement. Mais lui est au théâtre. Le temps d’un noir, d’une scène de laquelle il est absent, on le voir réapparaître avec une chemise sèche. On est toujours dans la même unité de temps, mais il revient avec une chemise toute neuve. Il a fait ça au moins trois fois.

La deuxième fois que je vis Nicolas Bouchaud sur scène, c’était dans « La Loi du Marcheur » d’après les textes de Serge Daney, au théâtre du Rond Point en 2011. Il était déjà sur scène quand nous arrivâmes dans la salle, il nous observait en train de nous installer. Puis il me fixa du regard et prit la même posture que moi. Je ne sais plus exactement laquelle. Pendant une poignée de secondes, Nicolas Bouchaud était moi. Ou étais-je lui ?

La troisième fois que je vis Nicolas Bouchaud sur scène, c’était dans « Un métier idéal » d’après les écrits de John Berger et Jean Mohr, au théâtre du Rond Point en 2013. A dire vrai, je le vis dans un premier temps à l’extérieur du théâtre. J’étais en avance, j’attendais que le temps passe dehors, je le vis arriver tranquillement à quarante-cinq minutes de la représentation, clope au bec, sac de sport à la main. Il s’appuya contre le mur du théâtre, termina sa cigarette, l’écrasa et entra. Quarante minutes avant le début.

La quatrième fois que je vis Nicolas Bouchaud sur scène, c’était dans « Le Méridien » d’après un texte de Paul Celan en 2015 au théâtre du Rond Point. A dire vrai, je ne compris pas grand chose du texte. Mais l’amie qui m’accompagnait eut l’honneur de monter quelques instants sur scène.

La dernière fois que je vis Nicolas Bouchaud sur scène c’était ce soir. Quand il demanda à nous autres, membres du public, si nous étions heureux, je détournai le regard. Je ne voulais pas qu’il me demande personnellement. Il hésita et choisit une autre proie. Si j’avais répondu, je lui aurais dit qu’à l’instant t, je l’étais, mais que si je devais repenser au dehors, à ce que j’avais quitté en entrant dans cette salle, j’étais loin de l’être.

« Êtes-vous heureux ? Comment faites-vous avec tout ça ? »

Post-scriptum : Quand j’étais petit, j’étais amoureux de Sophie Marceau, quand elle jouait dans la Boum. Je ne savais pas grand chose des bisous et rien du tout sur la chose sexuelle, je devais avoir six ou sept ans quand je la vis pour la première fois à la télévision mais je rêvais qu’elle se cachait sous mon lit et une fois que mon père m’avait bordé, éteint la lumière et fermé la porte de ma chambre, je l’appelais à venir me rejoindre dans mon lit. Plus tard, je vis « La Discrète » de Christian Vincent et Judith Henry me bouleversa. La revoir une bonne vingtaine d’années plus tard m’émut. Elle n’avait pas changé. Ou presque.

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

Interview from Le Liberté, scène nationale on Vimeo.

Troisième personne

(quand on ne lit pas la note d’intention)

Il s’agit d’un texte écrit à la troisième personne du singulier, parce que comme l’avait écrit André Gorz dans « Lettre à D. » : « J’avais pris le parti d’écrire à la troisième personne pour éviter la complicité avec – la complaisance envers – moi-même. La troisième personne me tenait à distance de moi-même, elle me permettait de dresser dans un langage neutre, codé, un portrait quasi clinique de ma manière d’être et de fonctionner. Ce portrait était souvent féroce et chargé de dérision. J’évitais le piège de la complaisance pour tomber dans cet autre piège : je me complaisais dans la férocité de l’autocritique. »

(dans ma tête)

Sur le plateau, des peluches (dont Paddington… aucun lien de parenté), des figurines. Je vois beaucoup de Schtroumpfs quand même. Il manquerait peut-être un Snoopy. Quelque part, dans un carton, j’ai une cachemaille Peanuts. Une tirelire avec Snoopy qui dort sur sa maison. Mais y avait un bouchon en caoutchouc sous la niche, qu’on pouvait enlever pour récupérer les pièces. Y a que dans les films américains où on voit les enfants casser la tirelire à coups de marteau. Je ne suis pas très bricoleur. Ma toilette fuit et je n’ai toujours rien fait pour régler le problème. Je n’ai jamais aimer téléphoner. Mais j’aime textoter. Pas certain que mon propriétaire goûte à mes sms. Ai-je éteint mon téléphone d’ailleurs ?

On entend Simon & Garfunkel pendant la lecture : « The Sounds of silence ». J’ai toujours cru que Paul Simon était Chevy Chase, à cause du clip « You can call me all ». Je n’ai jamais vu « Le Lauréat », mais je connais par coeur la dernière scène. Je ne suis jamais sorti avec quelqu’un de plus âgé que moi. Pourtant je suis de fin d’année. Au collège, mon jeu de flûte sur « El Condor Pasa » aurait pourtant dû en séduire plus d’une, mais non. Il est vrai que quand j’étais petit, je grignotais toutes mes figurines des Schtroumpfs. Des choses qu’on devine.

(pas une critique)

Quand la lecture d’un texte suffit à lui-même. Certes, menée par un excellent acteur. Curieux de savoir ce qu’ils vont pouvoir inventer pour la scénographie, alors que par la force des mots et de la voix, on sourit, on est captivé. Je devrais écouter plus de livres lus par des grands acteurs, moi je suis d’avis.

Troisième personne

de Valérie Mréjen, lu par Laurent Poitrenaux

Théâtre Ouvert, Paris

26 mai 2017

crédit photo : Axel Ito

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

Des Hommes en devenir

(quand on ne lit pas la note d’intention)

Une pièce initiatique avec des jeunes garçons adolescents joués par des adultes de 25 ans.

(dans ma tête)

Je sors un peu hagard du théâtre. Il est 21h30, quelque chose comme ça. Il fait encore plus ou moins jour. Machinalement je sors mon téléphone, compose deux fois le code pin. Je m’en veux toujours d’avoir ce réflexe. Parfois j’aimerais le jeter contre le mur ou dans le canal. J’aimerais avoir la force de me déconnecter. De tout.

Une jeune femme assise à côté de son fils m’interpelle.

– Monsieur, vous sortez du théâtre ? Vous venez de voir « Des hommes en devenir » ? Comment avez-vous trouvé la pièce ?

Je lui ai répondu naturellement, sans trop chercher mes mots. Après coup, je me suis dit qu’elle devait connaître un des comédiens, un des techniciens. Elle paraissait satisfaite de ma réponse (positive). Je suis parti, sans lui demander pourquoi comment. J’aurais pu lui parler, c’est vrai. « Mais pourquoi me demandez-vous cela ? Vous l’avez vue ? Vous comptez la voir ? Peut-être pas avec votre enfant. » Je me ferme. J’ai toujours été un peu fermé. Je me ferme de plus en plus. Je deviens étanche. Il est temps d’aller à la piscine.

(pas une critique)

Que lui ai-je dit ? Que j’ai pris une claque (dans ma gueule). Que j’ai eu les larmes aux yeux. Que j’ai enfin découvert Xavier Gallais, que j’adore toujours Jérôme Kircher. Que j’étais assis trop près de la scène pour apprécier à sa juste valeur l’utilisation de la vidéo.

Des Hommes en devenir

mise en scène de Emmanuel Meirieu, d’après le roman de Bruce Machart

avec Stéphane Balmino, Jérome Derre, Xavier Gallais, Jérome Kircher, Loïc Varraut.

au théâtre Paris Villette

25 mai 2017 (jusqu’au 10 juin)

Crédit photo : Emmanuel Meirieu

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

OOOOOOOO

(quand on ne lit pas la note d’intention)

Je ne comprends pas, sont-ce des lettres O ou des chiffres 0 ? Même en l’écrivant, je n’arrive pas à faire la différence. Je n’arrive même pas à les compter, je me perds en route. Si ce sont des chiffres, il faut respecter l’espace tous les trois chiffres. Si ce sont des lettres, je ne peux point savoir combien de temps je dois prononcer le OOOOOOOO, une seconde par lettre tout en me risquant à faire trop de O ou pas assez. Pis, ça serait un O continu ou bien devrais-je marquer un temps d’arrêt entre chaque. Trop de questions. Trop de questions.

(dans ma tête)

Dans le hall d’entrée de l’Espace Cardin est organisée une exposition autour de la Révolution des Oeillets au Portugal en 1974, un 25 avril. Une révolution pacifique, ultra rapide. Je le sais parce que j’ai assisté, il y a moins d’un mois, à la commémoration de cet événement sans précédent. Chacun son oeillet à la main, dans les cheveux, à la boutonnière. Tout le monde réuni sur l’avenue de la Liberté à Lisbonne. Un grand rassemblement, comme une répétition du premier mai, mais moins coloré politiquement. Il était bon de vivre cela. Toujours observateur, certes. Mais un témoin d’une joie de vivre librement. Toujours. Tout cela quelques jours avant les élections présidentielles françaises, dont je ne connaissais pas encore le résultat, de fait, mais dont on pouvait sentir une brise marine dans le cou qui pouvait provoquer un possible et méchant torticolis. Ne pas oublier. Surtout pas. Tout peut changer très vite. J’ai l’impression d’aller dans les clichés, que tout cela est vain. J’avais peur. Je ne dis pas que je ne ressens plus cette sensation. Non, je ne parlerai pas de politique. Mais… Et pourtant j’ai voulu rentrer vite en France pour le second tour. Pour être présent. Et pourquoi pas lever mon poing. J’avais une bonne écharpe, pas pris froid, pas de torticolis. Mais la prochaine fois ?

(pas une critique)

Quand je fais le bilan des spectacles que j’ai vus durant cette saison 16/17, je me rends compte que j’ai été beaucoup plus marqué par des spectacles de danse (Lisbeth Gruwez, Marlene Monteiro Freitas) ou de cirque (Vimala Pons / Tsirihaka Harivel) que de théâtre. Peut-être parce que plus on en voit (du théâtre) moins on s’enthousiasme. Comme au cinéma. Ça fait combien de temps que je n’ai pas vu un film qui me donne envie de le revoir ? OOOOOOOO est une oeuvre pleine de fraîcheur, qui me fait penser que je n’ai plus l’âge des artistes, il n’empêche, quand on s’y reconnaît, c’est que c’est réussi sans pour autant que cela soit simpliste ou démagogique. Pis, ils étaient tous beaux en sous-vêtements. Même les moins beaux. Sans que ça paraisse voyeuriste car rien d’obscène. Des corps et une parole. Mais des corps avant tout. Même quand on ne sait pas parler, il nous reste le corps.

OOOOOOOO

Concept, direction & chorégraphie : Giulio D’Anna

Création & performance : Anna Bentivegna, Lana Coporda, Martina  Gabrielli, Tiana Hemlock-Yensen, Calvin Kromheer, Pavlos Marios Ktoridis, Maciej Sado & Isadora Tomasi

Espace Cardin (Théâtre de la Ville), Paris

22 mai 2017

crédit photo : Carola Ducoli

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

OOOOOOOO Giulio D’Anna from UrbanContemporary | JMD on Vimeo.

Des Territoires (nous sifflerons la Marseillaise)

(quand on ne lit pas la bible)

Atelier d’apprentissage de sifflage avec les doigts.

(de quoi ça parle en vrai)

Quatre frères et sœurs se réunissent, à la mort de leurs parents, dans le pavillon témoin d’une résidence HLM au sein duquel ils ont passé toute leur enfance. Entre les préparations de l’enterrement et l’organisation de la revente de la maison, les souvenirs rejaillissent. Aucun d’entre eux n’a jusqu’ici vécu en dehors de ce quartier. Et pourtant, le fait de devoir se séparer de la maison de leur enfance leur renvoie au visage les multiples mutations de cet environnement dont ils n’ont jamais su s’extirper, et qui imprimèrent sur eux d’oppressantes contraintes. (site théâtre-contemporain.net)

 

(ceci n’est pas une critique mais…)

Parfois tu t’ennuies, pis tu regardes les acteurs qui ne parlent pas, qui ne sont pas au premier plan. Je ne m’ennuyais pas mais quand un comédien ou une comédienne interprète un rôle casse-gueule, je suis méchant, je regarde si il/elle le tient jusqu’au bout. La réponse est positive. À part ça, une confirmation : Solal Bouloudnine. Une écriture fine et attachante de Baptiste Amann. Une vraie troupe.

 

vu le 19 mai 2017 au Centquatre

prix de la place : Invitation Télérama.

 

Des Territoires (Nous sifflerons la Marseillaise)

écriture et mise en scène : Baptiste Amann

interprétation : Solal Bouloudnine, Samuel Réhault, Lyn Thibault, Olivier Veillon

 

(une autre histoire)

Demain c’est loin. Loin parce que ce n’est pas aujourd’hui. Il ne faut jamais reporter. De guerre. Lasse, alanguie dans son hamac, lisant un bouquin de Romain Gary. Il ressemblait à quoi déjà Cooper ? Je ne peux porter que cette marque de jeans, la seule qui m’aille. Cache cache, je n’ai jamais aimé jouer à ce jeu quand j’étais petit. Je perdais toujours. Je ne retrouvais personne, je me retrouvais tout seul à pleurer dans la cour. Ça non plus, je ne sais pas faire, tout ça, la drague, je la laisse aux autres. Et pendant ce temps-là, je reste devant mon ordinateur portable sur les genoux. Hier j’ai bu un seul café, j’étais fier de moi. Demain je n’en boirai aucun, mais demain c’est loin. Loin ou l’anagramme de Lion. Qu’est-ce que j’ai pleuré devant ce film ! Je me suis fait avoir comme un bleu. Quand tu appuies dessus, ça fait mal. Au coeur. C’est quand même bizarre qu’on dise cela quand on a le mal des transports. C’est quoi le rapport ? Sexuel entre adultes consentants. Con – sentants. L’odeur du con au petit matin, au petit déjeuner. Un café, une biscotte un peu de beurre, un dernier tango et en route pour Buenos Aires d’autoroute de campagne électorale de l’agonie par strangulation érotique du dimanche soir d’été indien.

crédit photo : Victor Tonelli

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

Des territoires (Nous sifflerons la Marseillaise…) from Cha production on Vimeo.

La Meute

(quand on ne lit pas la note d’intention)

Une quinzaine d’acteurs/danseurs amateurs se met dans la peau de loups qui passent l’hiver dans le froid hivernal des montagnes montagnardes des Alpes basses alpines. (spectacle amateur car aucun artiste professionnel ne voulait rester à quatre pattes pendant toute la durée du spectacle)

(de quoi ça parle en vrai)

La Meute c’est d’abord trois week-ends avec une vingtaine d’amateurs pour entrer dans la matière artistique propre au travail de Nathalie Béasse. Au fil de ses créations Nathalie interroge ce qui unit, désunit une fratrie, une tribu. Ce qui fait et défait les liens entre des êtres. Il s’agira de mettre le corps en mouvement, d’agir à l’unisson, de faire corps ou bien de s’extraire de la meute, se mettre à part, créer de la discordance. Il s’agira de mettre à l’épreuve ce qui fait chœur et ce qui nous distingue. Si l’unité d’un groupe fait sa force, elle génère aussi un sentiment de puissance et peut être spectaculaire alors qu’un geste solitaire peut mettre en danger, devenir exemplaire voire héroïque. Il s’agira de mettre en espace ces enjeux, de faire du plateau de théâtre un terrain de jeux, un terrain d’entente ou de négociations…

 

(ceci n’est pas une critique mais…)

Même si cette meute composée de spectateurs volontaires me fait penser à une certaine expérience vécue l’an passé dans le même théâtre et que ça tire pas mal du côté de Pina Bausch (ou la référence ultime), il est bon de voir un groupe de personnes (amateures ou pas, on s’en fiche) aller dans la même direction, prendre du plaisir à être sur le plateau, à être ensemble, à être un choeur, même si une ou deux personnes pouvaient surjouer ici et là (mais je ne jette pas la pierre, il est très tentant d’en faire trop et de vouloir se démarquer… non, je jette la pierre, mais c’était bien là la thématique de la meute : « comment un individu peut-il se fondre dans un groupe tout en se distinguant ? «  : Il se fait bouffer.), même si les différentes parties du spectacle n’étaient pas forcément toutes égales en intérêt.

 vu le 17 mai 2017 au Théâtre de la Bastille (Paris 11)

 

La Meute

de Nathalie Béasse

avec une quinzaine d’amateurs.

au théâtre de la Bastille (dans le cadre du temps fort « Notre choeur »)

 

(une autre histoire)

Tous les ans, le jour de mon anniversaire, ma mère me raconte la même histoire, celle de ma naissance. C’est au moment où elle s’est mise à chanter une chanson d’une vieille chanteuse, Barbara, qu’elle a perdu les eaux. Faut dire qu’elle était sur la fin de sa grossesse, que sur scène elle courait, elle tapait des mains au sol, on la valdinguait de tous les côtés. Évidemment, je ne me suis rendu compte de rien, mais au bout de cinq représentations comme ça, je suis arrivé un peu en avance.

« Y a-t-il un médecin dans la salle ? »

À cause de moi, le parquet du théâtre fut niqué, on a dû le changer durant l’été. Mais un peu comme dans les trains ou les avions, j’ai reçu en cadeau un pass illimité gratuit dans le théâtre. Je peux voir toutes les pièces que je veux. Tout le monde me connait là-bas. Mon histoire est transmise à tous les nouveaux collaborateurs de ce lieu artistique qui en a connu pourtant des vertes et des pas mûres. Je connais le théâtre comme ma poche. J’aime écrire dans le cagibi des secrets, autre vestige d’un autre projet d’occupation du théâtre. C’est la salle des archives en fait. Je connais par coeur tout ce qui s’y est passé. Tout le monde me parle, tout le monde m’écrit. Je fais partie des murs. Plus personne ne me voit. Parfois, pendant les spectacles, je suis dans les coursives. Je suis invisible. Je me suis déjà assis dans chacun des fauteuils. Je suis persuadé que quand je mourrai, ce théâtre mourra avec moi, alors qu’il est bien plus vieux que moi. Ma mère est morte depuis longtemps et tous ceux qui ont vécu ma naissance avec elle. Je raconte les diverses anecdotes du théâtre en compagnie des survivants de l’Occupation Bastille à qui veut les entendre, plus grand monde maintenant. Parfois je vois un loup solitaire errer dans la rue de la Roquette. Je souris.

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

Le Rire des Moineaux

(quand on ne lit pas la note d’intention)

Ça fait rire les oiseaux. Ça fait chanter les abeilles. Ça chasse les nuages. Et fait briller le soleil. Ça fait rire les oiseaux Et danser les écureuils. Oh Oh Oh Oh Oh !

(dans ma tête)

Elle attend dans la pénombre que les spectateurs prennent place. Elle est déjà sur scène. Elle attend que la lumière baisse dans le public pour pouvoir démarrer. Elle imagine ce qu’on a fait, avant de monter les quelques marches qui nous amènent à la salle du haut du théâtre. Elle, a bu du vin blanc à la buvette. Lui, a couru pour ne pas arriver en retard. Eux, ne savent pas pourquoi ils sont là. Ils ont obtenu des invitations et comme ils ne savent pas dire non à une place gratuite, ils sont venus. Ce n’est pas parce que c’est gratuit que c’est bien. Ce n’est pas parce que c’est gratuit qu’il faut accepter.

– Je te donne une gifle, sans raison, gratuitement, ça te dit ?

« Hit me as hard as you can »

– Je caresserai ta joue ensuite. J’ai de la pommade. Un bisou et la douleur s’envolera. Je resterai des heures, mes lèvres sur ta joue. Rien que ça.

Les gens ne font pas attention à elle. À quelques exceptions près. Ils poursuivent leur conversation entamée quelques instants plus tôt dans le hall d’entrée. Si elle se déplace, si elle fait un seul geste, elle sentira un frémissement dans le public. Mais si rien ne se passe d’autre, les chuchotements, les murmures, dans le  meilleur des cas, reprendront.

Elle rêve qu’il y ait un noir dans le public, que progressivement les gens arrêtent de parler, vérifient si leur téléphone est bien éteint et attendent qu’elle prenne la parole ou se déplace ou… Mais elle ne fera rien. Elle attendra. Silence. Puis gêné. Elle attendra jusqu’à ce que le public se demande ce qu’il se passe. Le poisson est ferré. Tchac. Pile avant que les bavardages ne reprennent, elle sourira, fera mine de prendre la parole, se ravisera, sourira  à nouveau et partira du théâtre pour ne plus jamais revenir.

 

(pas une critique)

C’est pas que j’ai pas aimé… C’est juste que… Je serais bien incapable de dire de quoi ça causait. Une actrice seule sur scène, assise sur une chaise et elle restera assise (ou presque) toute l’heure de représentation. Je croise mes jambes, je les décroise, je glisse ma main dans la poche, j’actionne un briquet pour signifier qu’une autre personne prend la parole. C’était très appliqué. Je fais attention à ne pas faire n’importe quoi avec mes mains, j’articule bien. Quand je m’ennuie, je regarde les détails. Le regard (qui ne fuit pas), les mains, les pieds. Ces chaises qui ne serviront à rien (référence à Pina ?), ces coeurs en glace qui fondent progressivement sous les spotlights (des tropiques). On s’ennuie poliment.

 

Le Rire des Moineaux

écrit et mis en scène par Pieter De Buysser

avec Thalia Otmanetelbade

au Théâtre de la Bastille (dans le cadre du temps fort « Notre choeur »)

le 17 mai 2017

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

Thinker’s Corner

(quand on ne lit pas la note d’intention)

Ou la solitude du footballeur philosophe sur le point de tirer un corner. « Centre ou corner rentrant, telle est la question. »

(dans ma tête)

J’écoute cette personne qui répète le discours d’un philosophe qu’il entend dans son casque. Je n’ai jamais été bon en philosophie. Comment appelle-t-on cette figure de style ? J’aurais pu dire « J’ai toujours été mauvais », je ne dis pas le contraire, mais j’emploie une formule qui atténue le propos. J’ai toujours fait semblant de comprendre, j’acquiesce, je sais très bien faire ça. Faut juste pas me poser de questions après. J’ai pas la tête à ça. Faut dire que le comédien fait son numéro dans le foyer du théâtre où sont exposées des photographies du temps fort de l’an passé « Occupation Bastille ». Je suis en gros sur une des photos, derrière le comptoir du bar.  Ce que j’aime, c’est boire un verre à côté et attendre qu’on me reconnaisse. Quelques instants plus tôt, en attendant les différents exposés philosophiques, pourtant je n’étais pas à côté, une ravissante jeune femme s’assit à mes côtés, m’observa, toucha mon bras et dit : « Mais c’est vous ! » « Oui, je suis moi », je lui répondis. Elle me posa une multitude de questions sur cette expérience : « Waouh, tu en as eu de la chance ! Pis, on te voit sur plein de photos ! » Je m’insurgeai fortement : « Ah non, certes, je suis au premier plan sur une photo sur laquelle je suis particulièrement à mon avantage, il est vrai, mais pour le reste, c’est le hasard qui a fait que telle ou telle photo soit sélectionnée pour l’exposition. Je n’ai pas payé la direction du théâtre ou le photographe, si c’est ce que tu insinues. Pas de ma faute non plus, si les artistes m’appréciaient tout particulièrement au point de vouloir poser à chaque fois avec moi. Je ne cherche pas la lumière. Pas de ma faute si je l’attire. Je le vois bien dans la rue, toutes ces personnes qui me regardent, qui m’envient. Il n’est pas facile d’être moi, sois en sûre… Euh… Comment t’appelles-tu, petite ? »

– Marine.

– Je suis désolé pour toi. Marine. Une chanson de Philippe Katerine me vient à l’esprit, mais je ne tomberai dans la facilité de la stigmatisation nominale. Que disais-je donc ? Marine… Heureusement que tu es brune. Marine… Il n’est pas facile d’être moi. Malgré le strass, les paillettes, la renommée, je reste un loup solitaire. Ma tanière reste modeste et aérée. Je pourrais d’ailleurs te faire visiter mon humble home sweet home, j’ai du whisky japonais et de l’arak dans ma cheminée, ainsi qu’un matelas très confortable.

– Euh…

Thinker’s Corner

de Dominique Roodthooft

avec Emilienne Flagothier et François Maquet

Théâtre de la Bastille, dans le cadre du temps fort « Notre Choeur »

(et prochainement au théâtre des Doms dans le cadre du Festival Off d’Avignon 2017)

(de quoi ça parle en vrai)

Allusion au Speaker’s Corner de Londres, le thinker’s corner est une expérience d’art vivant et de savoir partagé dans l’espace public. Interrogeant notre société à travers des pensées actuelles ou anciennes, toujours innovantes, il revisite nos idées reçues en utilisant le mode du contre-pied. Dans ce thinker’s corner, de jeunes acteurs professionnels, munis d’oreillettes et d’un micro, prennent en charge et relayent la parole de penseurs et intellectuels de la société civile, citoyens du monde, poètes, artistes. Les textes choisis s’orienteront vers différentes questions qui nourrissent un principe fondamental : celui de ne pas renoncer à l’espérance, de construire collectivement un « mieux » commun sans faire l’impasse sur la complexité.

(pas une critique)

Forme théâtrale apéritive et ludique qui a le mérite de mettre en lumière des philosophes pas forcément connus, mais pas que, scientifiques, artistes… Les comédiens sont à leur aise, reprenant à leur compte mimiques et accents. On prend des notes, on fait des recherches après. On voit les gens passer dans la rue, s’arrêter, se prendre au jeu, des gens qui n’ont pas forcément accès à cette parole finalement accessible.

14 mai 2017

crédit photo : Mathias Ruelle

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

thinker’s corner from lecorridor on Vimeo.

The Pack A.D.

(quand on ne lit pas la note d’intention)
Fête de lancement d’une nouvelle bière dans une épicerie locale.

 

(dans ma tête)
C’est la première fois que je viens ici. Ça fait longtemps que je n’ai plus mis les pieds dans un endroit qui passe de la musique inconnue ou presque pas chère. Avant on me voyait à l’International, à la Flèche d’Or. (La Flèche d’Or qui n’est plus et qui, vraisemblablement ne renaîtra pas de ses cendres, pas comme on l’avait connue en tout cas… Tant de souvenirs, faire pipi à côté de Julien Doré, voir sur scène un parent d’élève, faire la groupie pour un groupe belge, boire de la bière à l’eau) Aujourd’hui ? Dans les théâtres, oui. Je crois que je suis trop vieux pour ça. On a sa place réservée, on est assis, on attend pas des plombes. J’ai décrété que j’étais trop vieux. Parce qu’en en vrai… Oui, bon, ok, je commence à faire mon âge. Finies les nuits blanches. À la rigueur le vendredi, pour s’en remettre le samedi et le dimanche. Je continue à me coucher après minuit, mais le matin je n’émerge plus avant sept heures, alors que j’avais l’habitude de me lever à six pour régler différentes choses inhérentes à mon boulot. Aujourd’hui je m’organise autrement. J’ai même l’impression d’être bourré beaucoup plus tôt. Avant c’était trois pintes, aujourd’hui c’est trois demis. Je ne suis plus rock’n’roll. L’ai-je déjà été ? C’est une autre question.

 

The Pack A.D. (+ Cheap Riot)
à l’Alimentation Générale, Paris

 

(ce que ça raconte en vrai)
Duo canadien (je parle du Pack A.D.), guitare plus batterie, à la White Stripes, à la Blood Red Shoes, à la Ting Tings… Non, pas Ting Tings, surtout pas Ting Tings.

(pas une critique)
Parfois, t’as l’impression d’être le seul à connaître un groupe. D’ailleurs, il n’y avait pas grand monde à l’Alimentation Générale. Pas grand monde qui était venu expressément pour voir The Pack A.D. en concert. Tout ça parce que tu as entendu ce groupe dans un obscur podcast canadien. Tu ne sais même pas à quoi elles ressemblent. Une petite heure à se vider la tête. Tu ne peux pas trop applaudir parce que tu as ta pinte en main. Tu n’oses pas crier « Yeah » non plus mais tu balances la tête en rythme, le pied pareillement, tu te dandines un peu. Le groupe aimerait en voir plus, je suis tout seul et je ne suis pas bourré.

12 mai 2017

crédit photo : Rebecca Blissett

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

Les Batteurs

(quand on ne lit pas la note d’intention)

C’est l’histoire de chômeurs, qui travaillaient auparavant dans l’industrie sidérurgique dans le nord de l’Angleterre, qui, pour rendre fier leurs familles et pouvoir se regarder dans le miroir sans baisser le regard, décident de prendre part à un concours d’oeufs en neige. Les meilleurs batteurs seront qualifiés pour la grande finale à Londres et ainsi affronter le King of ze batteurs : Eggy Pop, qui n’est autre que leur ancien patron, responsable de leur licenciement.

 

(de quoi ça parle en vrai)

« Nous imaginerons donc un théâtre pour ces six non-acteurs, pour ces six batteuses et batteurs. Leur réunion sur une scène de théâtre sera inédite. Ils auront avec eux leurs batteries, et ils auront aussi la parole. A partir de ces seuls éléments (…) il nous faudra imaginer quelle musique, et quel théâtre il est possible d’activer. (…) Moi, ne maîtrisant pas leur langage, et eux, n’ayant pas pour habitude de construire avec leurs pairs, mais plutôt avec d’autres musiciens, nous serons contraints de construire un autre langage, commun. Un langage interne, et un langage ouvert sur l’extérieur. Il s’agira en somme d’en inventer un comme on invente du théâtre. C’est une manière de réunir modestement, en donnant ces règles du jeu à notre travail, les conditions pour qu’un langage soit à inventer, tout comme le choeur antique en son temps, et la batterie en son temps ont eu à inventer et développer leurs langages, et en ont été modifiés. » (Adrien Béal)

(ceci n’est pas une critique mais…)

L’emploi de comédiens amateurs est toujours à double tranchant : leur fragilité et/ou leur fraîcheur peuvent être attendrissants et alors tout est admis, même les petites erreurs. En revanche, ici le jeu est forcé, la forme n’est pas aboutie. Je me souviens avoir assisté au Québec à un spectacle rassemblant huit batteurs/percussionnistes, si je me souviens bien et il en sortait une cohésion, des morceaux instrumentaux de toute beauté. Ici on sent une belle intention mais le tout est inabouti et il manque de moments choraux et harmonieux durant les moments musicaux.

Vu le 11 mai 2017 au Théâtre de la Bastille.

Les Batteurs

d’Adrien Béal

Avec six batteurs : Anthony Capelli, Heloïse Divilly, Arnaud Laprêt, Louis Lubat, Christiane Prince et Vincent Sauve.

au théâtre de la Bastille (dans le cadre du temps fort «  Notre Choeur »)

(Prochainement du 12 au 16 octobre 2017 au théâtre de Gennevilliers, du 18 au 22 octobre 2017 au Théâtre Gérard Philippe de Saint Denis et en 2018 en tournée dans toute la France.)

(une autre histoire)

Non, je ne t’écoute plus, je n’y arrive plus. Je ne peux pas te parler et marcher en même temps. J’admire les comédiens de The West Wing qui sont connus pour toutes ces scènes de Talk & Walk (ou Walk and Talk, je ne sais plus trop). Je regarde où je marche, à pas mettre les pieds n’importe où, à ne pas marcher sur les lignes, à toucher les bouts ronds des bites. Ça s’appelle comme ça, non ? Des bites. Je me suis cogné contre une bite la dernière fois. Je me la suis prise dans les couilles, ça m’a fait un mal de chien. Tu sais que je me suis acheté une guitare ? Tu ne le savais pas ? Je me suis acheté une guitare la semaine dernière. Tu le sais maintenant. J’apprends tout seul. Je suis un autodidacte. Il parait qu’il faut très vite prendre l’habitude de chanter quand on joue de la guitare. C’est compliqué de faire deux choses à la fois. Dans les concerts, je n’arrive déjà pas à garder le rythme en tapant des mains quand je chante les chansons de mon chanteur préféré, alors la guitare… Quand je faisais semblant de jouer de la guitare avec ma raquette de tennis, je la tenais à l’envers. Non. Je la tenais de l’autre côté, comme si j’étais gaucher. C’est moi qui suis à l’envers. Phil Collins est mon Dieu. Il chante, il fait de la batterie avec les deux mains et il tape la mesure avec son pied, tout en regardant son public, en se souvenant des paroles de « Sussudio ». Le talent a son revers. Il n’a plus de cheveux. Moi je les ai encore. On ne peut pas tout avoir. Une chevelure reflet d’or ou être Phil Collins. J’aimerais peut-être avoir moins de cheveux et pouvoir faire plus de choses avec ma bouche et mes mains simultanément. Quand je suis avec ma copine, tu vois, je lui caresse le dos, puis je l’embrasse mais j’oublie de continuer à lui caresser le dos. J’arrive pas à faire les deux en même temps. Tu as vu, je suis resté soft, j’ai pensé à toi, j’aurais pu prendre l’exemple de quand je lui malaxe les seins et que quand je commence à lui faire un cunilingus…

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

Apologies 4 & 5

(quand on ne lit pas la note d’intention)

Après l’incroyable succès de la quadrilogie, Apologies revient avec deux nouveaux numéros. Toujours plus d’explosions, de rebondissements, de rires, de larmes…

(dans ma tête)

La salle est vide. Je ne comprends pas. Une vingtaine de personnes peut-être, trente grand maximum. Les places sur les côtés sont bâchées de noir. Pourquoi telle pièce affiche complet et une autre non. Parce qu’ils sont grecs, me dit-on. Parce qu’ils n’ont pas de réseau à Paris, ajoute-t-on. Pourtant, répondis-je, j’avais vu leur précédente pièce à Montreuil et la salle était pleine à craquer. On hausse des épaules. On ne sait pas. Les voies du théâtre sont parfois impénétrables.

Une fois j’ai joué avec une personne dans la salle. Nous avions demandé au préalable si elle acceptait que nous (une comédienne et moi) jouions que pour elle. Elle avait accepté. Je ne me souviens même plus si elle avait applaudi à la fin du spectacle. On avait rapidement remis la lumière, elle souriait, paraissait gênée, nous parlait du texte (de Fernando Pessoa), elle ne regrettait pas. Nous non plus. Cela est restée comme un de mes meilleurs souvenirs, qui aurait pu être traumatisant. Mais on était là pour jouer, on n’avait aucune autre pression.

Parfois tu as envie de crier au monde entier : « Mais putain, vous ne comprenez rien ? Pourquoi vous ne vous sortez pas les doigts du cul ? Pourquoi vous restez plantés devant votre écran à regarder des petits chats ? Ouvrez les yeux, soyez curieux, élevez-vous ! Tu ne vas peut-être rien comprendre mais tu auras vu quelque chose que tu n’auras jamais vu, qui te marquera, qui ne te plaira peut-être pas, mais waouh, il y a quelque chose qui se passe là-haut dans le cerveau… C’est comme quand je me mets à mâcher mes aliments au lieu d’avaler… Et réseaux sociaux, mon cul. Sincèrement, qui vient après qu’un ami a mis en ligne un conseil musical, cinématographique, politique ? Et je ne parle même pas du lobbying, du type ou de de la meuf qui publiera à longueur de journée des articles vantant tel candidat ou telle pièce. Pour qui écrit-on ? Pour qui parle-t-on ? Combien sur cent ? Toi ? Toi ? Qui ?

 

Apologies 4 & 5

Texte Efthimis Filippou – Mise en scène Argyro Chioti

Avec : Evi Saoulidou, Efthimis Theou, Fidel Talamboukas et Chems (le chien)

Choeur : Argyro Chioti, Eleni Vergeti, Georgina Chriskioti, Matina Pergioudaki, Evdoxia Androulidaki 

Collaboration artistique Ariane Labed

au Théâtre de la Bastille, dans le cadre du temps fort « Notre Choeur »

 

(ce que ça raconte en vrai)

« Si je ne suis pas sincère ce soir, je ne suis pas digne de me présenter devant vous ce soir. » Ainsi commence, comme un avertissement au spectateur, Apologies 4&5 du VASISTAS theatre group, composé à partir d’un poème biographique de l’écrivain et scénariste grec Efthimis Filippou. Sur une scène qui devient tout autant le lieu de l’introspection que de la délibération collective, au cours d’un interrogatoire qui s’apparente aussi bien à un procès qu’à une séance psychanalytique, trois individus (un homme, une femme et un juge) se positionnent face à un chœur féminin. Tandis qu’elles répètent leur chant au rythme d’une chorégraphie immuable, l’homme et la femme se soumettent à l’inquisition de ce juge inflexible, qui leur impose de se souvenir des événements enfouis de leur passé. (Marion Siéfert – Théâtre de la Bastille)

(pas une critique)

Oeuvre beaucoup moins accessible que la précédente pièce du groupe Vasistas vue en France « Domino », elle y fait pourtant écho avec la même idée du groupe, du choeur face à l’individu. Elle ne remporte pas l’adhésion d’emblée, mais fait son chemin, hypnotise. On perd facilement le fil face au texte grec mais jamais l’intérêt ne disparait. Cette ronde reste en mémoire, même après avoir franchi les portes du théâtre.

11 mai 2017

crédit photo : Isabelle Schneider

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito