(si on ne lit pas la note d’intention)
Il s’agit de d’une pièce menant en parallèle l’adaptation du film de Theo Van Gogh et les heures précédant l’assassinat du réalisateur néerlandais par un islamiste.
(pas une nano-critique)
Ce que j’aime dans ce genre de pièces, c’est qu’il me tarde de rentrer chez moi pour rechercher les différentes références entendues dans le spectacle : Raymond Depardon, Jean Rouch, Jean Hatzfeld, Edgar Morin…
INTERVIEW
conception et mise en scène Nicolas Truong
interprétation et collaboration artistique Judith Henry et Nicolas Bouchaud
Théâtre Monfort, 31 mai 2017 (jusqu’au 17 juin 2017)
(crédit photo Christophe Raynaud de Lage)
(une autre histoire)
La première fois que je vis Nicolas Bouchaud sur scène, c’était pendant le Festival d’Avignon en 2011 dans « Mademoiselle Julie » mise en scène par Frédéric Fisbach. J’y étais allé principalement pour voir Juliette Binoche, j’ai découvert Bénédicte Cerruti et Nicolas Bouchaud. Je me suis tout de suite reconnu en lui pour une seule et bonne raison : la transpiration. Nous voyions au fil des scènes sa chemise prendre une tournure tout à fait inattendue à cause de sa propension à énormément transpirer. Quand on me demande pourquoi je n’aime pas l’été dans le sud, alors même que je suis originaire de Marseille, je mets en avant cet inconvénient : je transpire facilement. Mais lui est au théâtre. Le temps d’un noir, d’une scène de laquelle il est absent, on le voir réapparaître avec une chemise sèche. On est toujours dans la même unité de temps, mais il revient avec une chemise toute neuve. Il a fait ça au moins trois fois.
La deuxième fois que je vis Nicolas Bouchaud sur scène, c’était dans « La Loi du Marcheur » d’après les textes de Serge Daney, au théâtre du Rond Point en 2011. Il était déjà sur scène quand nous arrivâmes dans la salle, il nous observait en train de nous installer. Puis il me fixa du regard et prit la même posture que moi. Je ne sais plus exactement laquelle. Pendant une poignée de secondes, Nicolas Bouchaud était moi. Ou étais-je lui ?
La troisième fois que je vis Nicolas Bouchaud sur scène, c’était dans « Un métier idéal » d’après les écrits de John Berger et Jean Mohr, au théâtre du Rond Point en 2013. A dire vrai, je le vis dans un premier temps à l’extérieur du théâtre. J’étais en avance, j’attendais que le temps passe dehors, je le vis arriver tranquillement à quarante-cinq minutes de la représentation, clope au bec, sac de sport à la main. Il s’appuya contre le mur du théâtre, termina sa cigarette, l’écrasa et entra. Quarante minutes avant le début.
La quatrième fois que je vis Nicolas Bouchaud sur scène, c’était dans « Le Méridien » d’après un texte de Paul Celan en 2015 au théâtre du Rond Point. A dire vrai, je ne compris pas grand chose du texte. Mais l’amie qui m’accompagnait eut l’honneur de monter quelques instants sur scène.
La dernière fois que je vis Nicolas Bouchaud sur scène c’était ce soir. Quand il demanda à nous autres, membres du public, si nous étions heureux, je détournai le regard. Je ne voulais pas qu’il me demande personnellement. Il hésita et choisit une autre proie. Si j’avais répondu, je lui aurais dit qu’à l’instant t, je l’étais, mais que si je devais repenser au dehors, à ce que j’avais quitté en entrant dans cette salle, j’étais loin de l’être.
« Êtes-vous heureux ? Comment faites-vous avec tout ça ? »
Post-scriptum : Quand j’étais petit, j’étais amoureux de Sophie Marceau, quand elle jouait dans la Boum. Je ne savais pas grand chose des bisous et rien du tout sur la chose sexuelle, je devais avoir six ou sept ans quand je la vis pour la première fois à la télévision mais je rêvais qu’elle se cachait sous mon lit et une fois que mon père m’avait bordé, éteint la lumière et fermé la porte de ma chambre, je l’appelais à venir me rejoindre dans mon lit. Plus tard, je vis « La Discrète » de Christian Vincent et Judith Henry me bouleversa. La revoir une bonne vingtaine d’années plus tard m’émut. Elle n’avait pas changé. Ou presque.
Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito
Interview from Le Liberté, scène nationale on Vimeo.