Les Idoles (Christophe Honoré / Odéon Théâtre de l’Europe)

(de quoi ça parle en vrai)

« (…) En rendant hommage à ses six Idoles – Collard, Daney, Demy, Guibert, Koltès, Lagarce –, à travers six manières singulières d’affronter le désir et la mort en face, Honoré revient aux “jours sinistres et terrifiants” de sa jeunesse. “Un spectacle pour répondre à la question: Comment danse-t-on après?” » (source : ici)

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© Jean-Louis Fernandez

(ceci n’est pas une critique, mais…)

J’attendais avec impatience la nouvelle pièce de Christophe Honoré. Parce que, à une exception près, j’aime son cinéma et que j’avais énormément apprécié « Fin de l’Histoire » (où j’ai découvert la divine Marlène Saldana) et « Nouveau Roman » dont la mécanique est ici reprise : des acteurs qui jouent des personnalités de la vie artistique, une recherche documentaire qui les implique dans le processus de création…

C’est dans un décor (toujours imposant) de station de métro à la St Michel (c’est mon interprétation) que Christophe Honoré rend hommage à ces hommes qui furent ses idoles, qui l’ont en quelque sorte façonné. Il est aussi, je ne dirai pas étonnant mais, beau de voir à quel point il peut faire confiance en ses acteurs : Marina Foïs dont on a l’impression qu’elle joue toujours de la même façon (cet air détaché, une diction et un rythme qui respirent – je sais, ça ne veut rien dire), pourtant ça fonctionne à en devenir bouleversant, Marlène Saldana (dont je ne peux m’empêcher d’admirer l’énergie, l’audace et la finesse) qui emporte tout sur son passage, Jean-Charles Clichet qui apparait tour à tour fragile et drôle (ou les deux à la fois)…

L’ensemble est à ravir. C’est généreux. On rit, on est ému. Christophe Honoré parvient à trouver l’équilibre. On se retrouve dans ces années 80/90 pendant lesquelles j’étais bien trop jeune pour apprécier (ce n’est peut-être pas le bon mot) ce que pouvaient être ces années SIDA. Un spectacle essentiel et mémorable.

On connait déjà la fin puisqu’ils sont déjà tous morts. D’ailleurs le début pourrait être la fin, ça se terminerait comme dans un film de Jacques Demy, on y danserait comme les danseurs de Dominique Bagouet, sur une musique des Doors mais ça ne se terminerait jamais…

« When the music’s over, turn out the lights… »

 

LES IDOLES

de Christophe Honoré

avec Youssouf Abi-Ayad, Harrison Arévalo, Jean-Charles Clichet, Marina Foïs, Julien Honoré, Marlène Saldana et Teddy Bogaert

scénographie Alban Ho Van – dramaturgie Timothée Picard – lumière Dominique Bruguière ) costumes Maxime Rappaz – collaboration à la mise en scène Teddy Bogaert

Jusqu’au 2 février 2019 à l’Odéon Théâtre de l’Europe – Paris (mais c’est complet !), les 6 et 7 février à la Comédie de Caen et les 14 et 15 février à Montbéliard

 

(d’autres histoires)

Serge Daney, je l’ai découvert grâce à Nicolas Bouchaud dans « La loi du marcheur ». Je n’avais aucune idée de comment il était mort, mais je m’en fichais un peu. Serge Daney, un autre passeur, comme Christophe Honoré.

Jean-Luc Lagarce, Bernard Marie Koltès, je les ai connus parce que quand on s’intéresse au théâtre, ils sont incontournables. J’avais joué une scène de « Quai Ouest », une année. Une histoire de ne pas se débarbouiller, si je me souviens bien. Et il faut absolument lire les éditoriaux de Lagarce pour le théâtre du Granit de Belfort.

Cyril Collard, j’avais treize ans quand j’ai vu Les Nuits Fauves au cinéma. Je n’avais pas aimé. Je n’avais pas compris. Mais j’avais découvert Romane Bohringer.

Jacques Demy… Je n’ai jamais été biberonné à Peau d’Âne, ai découvert sur le tard les Demoiselles de Rochefort. Je connais plus les chansons de Michel Legrand que son cinéma.

Hervé Guibert, ben je ne l’ai jamais lu. Je ne savais même pas qu’il était lié à Michel Foucault que, lui, je connais malgré mon 6 en philo au bac (le corps utopique, les hétérotopies…). Mais je le lirai, oui.

*****

Si je me retrouvais nez à nez avec Marlène Saldana, je lui dirais quoi ? Nous avons le même âge, elle est ce qu’elle est, je suis ce que je suis. Je n’ai surtout plus l’âge de passer pour un fan. A vingt ans, ça peut être attendrissant, à quarante, ça peut paraître étrange, pour ne pas dire malsain.

« J’aime ce que vous faites, ce que vous êtes. »

Je lui dirai… Je sais… Je lui dirai :

« Vous disiez dans la pièce, je veux dire, vous faites dire à Jacques Demy : « Ah non pas l’accent marseillais, j’ai tourné « Trois places pour le 26 » à Marseille et personne n’avait d’accent ». Je suis né à Marseille, j’y ai passé les vingt-cinq premières années de ma vie et pourtant je n’ai pas l’accent. Ou à peine. Voilà, c’est tout. »

 

vu le mercredi 9 janvier 2019 à l’Odéon Théâtre de l’Europe, Paris

prix de ma place : 20€ (cat 1 – avant-première)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

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