D’Autres Mondes (Frédéric Sonntag / Nouveau Théâtre de Montreuil)

« Au début des années 60, un jeune physicien français au génie précoce et un auteur de science-fiction soviétique travaillent sans le savoir sur le même concept : l’existence d’univers parallèles. Cinquante ans plus tard, leurs enfants – le leader d’un groupe de rock renommé et une futurologue récemment médiatisée – sont chacun hantés par l’héritage paternel et confrontés au même moment à d’étranges événements : le surgissement d’autres réalités au sein de leur réalité propre. Mais que sont donc exactement ces autres mondes qui s’ouvrent à eux ?… » (source : ici)

©gaelic69

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Je ne dois pas avoir de la chance avec les pièces teintées de science fiction en cette rentrée 2020. J’attendais peut-être un peu trop de cette nouvelle pièce de Frédéric Sonntag, alors que j’avais beaucoup apprécié sa précédente et kaléïdoscopique pièce « B. Traven », beaucoup plus foutraque et attachante. L’auteur-metteur en scène creuse son sillon, à savoir une pièce chorale et musicale qui brasse des espaces-temps entremêlés et des reconstitutions historiques documentées.
Malgré le professionnalisme des comédien.ne.s (avec, entre autres, le malicieux Florent Guyot et la lumineuse Amandine Dewasmes), la qualité de la documentation, l’appétence de l’auteur à inventer des destins et des moyens financiers apparemment accrus, la sauce n’a pas pris pour moi. Je n’ai pas retrouvé l’humour et la légèreté de « B. Traven ». J’ai même trouvé la pièce beaucoup trop linéaire que ce à quoi je m’attendais. On est cueilli à froid, dès la première partie (malgré un préambule prometteur, une pseudo-conférence sur la physique quantique) avec cette double présentation qui s’éternise, façon Wikipedia et mêlées d’images d’archives du physicien Jean-Yves Blanchot et de l’auteur Alexei Zinoviev (deux personnages qui ont, sans nul doute, existé dans d’autres mondes… oups) L’intérêt sera à peine renouvelé lors de la pirouette à mi-parcours que je ne divulgâcherai pas, à partir de laquelle on se plaira tout de même à revisiter ce que nous avons déjà vu. Alors oui, on entend de la bonne musique, « Across the Universe » est toujours aussi entêtante, on est content que tout le monde sache chanter ou jouer d’un instrument, (eux aussi sont contents de se retrouver à la fin du spectacle et de chanter une dernière fois ensemble) mais à quoi bon ?
Je parais quelque peu sévère avec cette pièce, peut-être parce que j’aurais vraiment aimé l’aimer. Dans un autre monde peut-être…
(pour être clair, j’ai assisté à la première de cette création, ceci explique peut-être cela)

Post-scriptum : Quelque chose d’autre m’a également intrigué, voire questionné. Hier, en assistant à la représentation de « Aux éclats » de Nathalie Béasse, je m’étais amusé à imaginer un statut « Covid compatible », car les comédiens faisaient absolument tout ce qu’il ne fallait pas faire sur scène, en ces temps troublés. Or, sur la scène de la Salle Jean-Pierre Vernant du Nouveau Théâtre de Montreuil, j’ai vu un spectacle diamétralement opposé. Je fais une supposition car je n’ai rien lu sur la question mais j’avais l’impression que toute interaction physique avait été supprimée. Les comédiens, les musiciens jouaient toutes et tous à bonne distance. Le seul rapprochement que j’ai pu voir était lors des saluts. Ça m’interroge, d’autant plus que le plateau était très grand, donc j’avais l’impression de ne voir que ça.

 

D’AUTRES MONDES
avec Romain Darrieu, Amandine Dewasmes, Florent Guyot, Antoine Herniotte, Paul Levis, Gonzague Octaville, Victor Ponomarev, Malou Rivoallan, Fleur Sulmonttexte, mise en scène Frédéric Sonntag
assistante mise en scène Anne-Laure Thumerel – création vidéo Thomas Rathier – création musicale Paul Levis – création lumière Manuel Desfeux – scénographie Anouk Maugein – costumes Hanna Sjödin – maquillage, coiffure Pauline Bry – régie générale Boris Van Overtveldt – régie son Clément Baysse
production Cie AsaNIsiMAsa
Au Nouveau Théâtre de Montreuil jusqu’au 9 octobre 2020 et en tournée à Lieusaint, Alençon, Cergy-Pontoise, La Roche-sur-Yon…

(une autre histoire)

Dans un monde parallèle, je ne serais pas moi. Ou peut-être serais-je déguisé en pas moi. L’intérieur de ma tête aurait la même tête que l’intérieur de ma tête, mais j’aurais géré autrement. Ou bien PasMoi serait à l’opposé de Moi. Je serais bien curieux de voir ça, je veux dire, PasMoi. Comment il se débrouille avec Moi ?
Un Moi opposé ne veut pas nécessairement dire un Moi idéalisé ou même idéal. PasMoi serait peut-être un gros con. J’ai la prétention de croire que je n’en suis pas un. Je suis peut-être gros, je suis peut-être con, parfois. Mais sûrement pas les deux en même temps. Je ne mincis pas quand je deviens con, je précise. Tu préfères être gros ou être con ? J’hésite.
Moi aussi, je vais citer à nouveau Pessoa, de tête : « Nous avons tous deux vies, la vraie, celle que nous rêvions quand on était enfant, la fausse, la pratique, l’utile, celle qui nous emmènera jusqu’au cercueil. » Il me plaît à penser que je vis dans la fausse et que PasMoi vit dans la vraie, dans ma vraie. En espérant que ma vraie ne soit pas sa fausse. Sinon la vie serait vraiment de la merde.

 Vu le mardi 22 septembre 2020 au Nouveau Théâtre de Montreuil
Prix de ma place : invitation
Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

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