Convulsions (Hakim Bah / Frédéric Fisbach / Théâtre Ouvert)

(de quoi ça parle en vrai)

Dans « Convulsions », Hakim Bah prend appui sur un épisode de la tragédie des Atrides pour traiter, avec une écriture vive et non dénuée d’humour, des violences familiales, conjugales, sociales et économiques. Tout est question de possession, de territoires à conquérir et d’exil, entre un terrain de basket et un aéroport. L’écriture brute et concrète agit sans discourir. L’auteur fait preuve d’acuité de vue tant dans la description des pulsions humaines que dans celle de l’agressivité du monde des leaders. (source : ici)

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Cette soirée est placée sous le signe de la découverte, d’un auteur et de comédiens presque inconnus de mes yeux. Ces derniers forment un choeur (ils échangent leurs rôles, disent les didascalies…) mais qui ne met pas en sourdine les qualités individuelles de chacun des comédiens : je fus subjugué, n’ayons pas peur des mots, par la luminosité de Lorry Hardel, le magnétisme de Nelson-Rafaell Madel et ravi de retrouver la légèreté de Marie Payen (comme une envie de revoir « Nos vies heureuses » de Jacques Mailhot).

Le metteur en scène Frédéric Fisbach parvient à trouver l’équilibre entre un malaise certain (notamment en début de spectacle, les trois comédiennes sont seules dans la lumière, distribuent la parole entre Atrée et Thyeste qui torturent leur demi-frère bâtard, hors champ. Nous n’avons que notre esprit pour imaginer la scène, ce qui, je trouve, est bien plus efficace et insoutenable qu’en « vrai » devant nous… C’est l’adaptation d’une tragédie grecque, je le rappelle) et un certain humour notamment grâce à la langue de Hakim Bah qui étire les situations, joue avec les mots, répète de manières différentes, comme si nous n’étions plus capable d’être direct, comme si, aujourd’hui, nous parlions pour ne rien dire (ah bon ?), comme si la fin (violente) était inéluctable (j’avais oublié : c’est une tragédie). L’histoire se répète, c’est entendu.

On sort sonné et impatient de revoir sur scène certains de ses acteurs et curieux aussi de lire les précédents textes d’Hakim Bah (et ses prochains).

 

CONVULSIONS

texte HAKIM BAH

mise en scène FRÉDÉRIC FISBACH

avec Ibrahima Bah, Maxence Bod, Madalina Constantin, Lorry Hardel, Nelson-Rafaell Madel, Marie Payen

dramaturge Charlotte Lagrange – scénographe Charles Chauvet – créatrice lumière Léa Maris – créatrice son Estelle Lembert – assistant à la mise en scène Imad Assaf

Jusqu’au 9 février 2019 au Théâtre Ouvert, Paris

 

(une autre histoire)

Le Théâtre Ouvert se trouve pour quelques mois encore dans le quartier de Pigalle. Si j’ai bien compris, les murs appartiennent au Moulin Rouge qui va bientôt les récupérer pour en faire je ne sais quoi. Il faut descendre au métro Blanche pour y aller. A droite, tu peux remonter la Rue Lepic mais tu dois rester sur le boulevard, dépasser le cabaret parisien et prendre une jolie petite traverse. Il s’agit d’une information que je n’arrive pas à mémoriser. Blanche Blanche Blanche. Je sors à Pigalle, toujours. Quand il fait beau et que je ne suis pas en retard, ça va. Je promène, je flâne. Mais quand il pleut, ça le fait moins. Mais je me promène, je flâne,  quand même. Slalomer entre les touristes, passer devant les sex-shops, les cabarets olé olé, le théâtre de Dix Heures, un univers inédit pour moi. Les rabatteurs et rabatteuses me demandent si je parle français. Je fais non de la tête, c’est surtout pour dire « Non merci, j’ai tout ce qu’il faut à la maison. » Ce qui est totalement faux, puisque je n’ai ni poppers, ni barre de pole-dance et encore moins de petite copine à domicile qui tenterait de profiter de l’argent que je n’ai de toute façon pas. En fait, si, j’en ai un tout petit peu, mais je le conserve dans une tirelire Snoopy pour un futur voyage au Québec. Ou pour un prochain séjour à Avignon. Ou pour une épiliation dorsale au laser.
Quoi qu’il en soit, le Théâtre Ouvert déménagera vraisemblablement dans les locaux du Tarmac, que j’ai connu alors qu’il n’était encore que Théâtre de l’Est Parisien parce que j’habitais ce quartier-là. J’avais mon libraire (qui pensait que je… non, ça, je ne vais pas le raconter) et mon bar attitré (le propriétaire fait tout le temps la gueule, on se faisait un concours du plus grand grincheux, je suis assez fortiche à ce jeu-là).

Tout ça pour dire que je n’aurai plus aucune raison de me tromper de station de métro, surtout que Pigalle est assez loin de Pelleport. Et pas sur la même ligne.

PROCHAINEMENT : Une autre histoire forcément palpitante, en direct de la ligne 3Bis. (les Parisiens savent)

 

vu le mercredi 23 janvier 2019 au Théâtre Ouvert (Paris)

Prix de ma place : invitation

Crédit photo : Mathieu Edet

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

3 réflexions au sujet de « Convulsions (Hakim Bah / Frédéric Fisbach / Théâtre Ouvert) »

  1. Je l’ai vu à Avignon. Une petite salle où les spectateurs surplombaient une scène étriquée. Malaise total à l’issue de la pièce. J’ai détesté. C’est la première fois qu’il m’a été impossible d’applaudir. Plus tard, j’ai réalisé la puissance de la pièce et des comédiens. Cette violence du verbe…mon imagination m’avait entrainée plus loin que le jeu scénique. Très fort en fait.

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