Please Please Please (La Ribot / Mathilde Monnier / Tiago Rodrigues / Centre Pompidou / Festival d’Automne)

(de quoi ça parle en vrai)

Dans Please Please Please, sa dernière création en date de 2019, La Ribot s’allie à nouveau à la chorégraphe Mathilde Monnier (…) et pour la première fois au metteur en scène portugais Tiago Rodrigues. Ils signent ensemble un pacte dérégulé par lequel tous trois s’engagent à préserver ce que la danse a de plus indomptable. Comme une contre-proposition au contrat social, l’accord déjoue les normes du spectacle pour laisser s’exprimer des corps rendus à leur seul désir, incluant le public à son insu. La pièce s’interroge sur ce que l’institution (de l’école au centre d’art) peut faire au corps en déclinant des figures de marginalité, présentées comme autant de façons de contourner la norme. Please Please Please mutualise, selon leurs propres termes, la danse du beau et celle de l’exécrable dans une performance polymorphe qui prend le sauvage pour prisme de lecture. Au cours de cette négociation, les clauses du spectacle se redéfinissent sans cesse. Placé en situation d’autonomie, chacun éprouve alors seul son corps, au risque assumé du ridicule, de l’incertitude et du dysfonctionnement. (source : ici)

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Crédits photos : Grégory Batardon – DR

(ceci n’est toujours pas une critique, mais…)

Je ne connaissais pas La Ribot, je n’avais jamais vu Mathilde Monnier sur scène mais avant ce soir, j’avais déjà assisté à huit spectacles écrits par Tiago Rodrigues (1). Les plus fidèles d’entre vous savent combien je suis attaché au travail de l’artiste portugais (2). Depuis que j’ai démarré cet espace qui ne se veut pas critique, il y a deux ans et demi, je souffre de deux syndromes : Celui de l’Imposteur (Qui suis-je pour donner mon avis ?) et celui du Fan (Puis-je parler d’un spectacle alors que je connais (plus ou moins) en personne l’artiste et qu’en plus j’apprécie son travail ?). Je prenais toujours des pincettes, annonçait la couleur mais me voilà libéré : Je n’ai pas aimé « Please Please Please » !

Sur scène, une masse non identifiée qui mesure la largeur de la grande scène du Centre Pompidou. Certains diront un Monstre type du Loch Ness qui sera finalement deshabillé à la fin du spectacle, d’autres un tube digestif… une longue et interminable bouse ? Mathilde Monnier et La Ribot entrent sur scène et amorcent une danse infinie, jusqu’à la fin de la première partie. Elles dansent. Elles parlent. Je m’endors. Les deux artistes laissent alors parler leurs corps. Je lutte contre le sommeil. Je parviens à le vaincre. Puis une mère, un bébé se parlent. En espagnol non sur-titré, en français.

Perplexité sera le maître-mot de cette soirée. Je suis en train de voir quoi. J’aurais pu me raccrocher à la poésie des mots de Tiago Rodrigues, mais ses saillies ne m’atteignent pas. Elles sont, de manière incompréhensible pour moi, fades et sans intérêt. Je ne suis, non plus, pas touché par le parcours de Mathilde Monnier et La Ribot.

Je ne chercherai pas à en dire plus, je ne ferai que confirmer le premier syndrome cité.

(1) : By Heart (3), Bovary (2), Sopro (2), The Way She Dies (2), Tristesse et joie dans la vie des girafes, Ça ne se passe jamais comme prévu, Je t’ai vu pour la première fois au Théâtre de la Bastille (2), Antoine et Cléopâtre (2)

(2) : J’avais participé en 2016 à l’Occupation Bastille qu’il avait dirigée.

 

PLEASE PLEASE PLEASE

Un spectacle de La Ribot, Mathilde Monnier, Tiago Rodrigues

Avec Mathilde Monnier, La Ribot

Traduction, Thomas Resendes – Musique, Béla Bartók (extraits) – Lumières, Eric Wurtz – Scénographie, Annie Tolleter – Réalisation scénographie, Christian Frappereau, Mathilde Monier  – Costumes, La Ribot, Mathilde Monnier

Costumes, Marion Schmid, Letizia Compitiello – Création musique et régie son, Nicolas Houssin – Direction technique et régie lumière, Marie Prédour – Régie plateau, Guillaume Defontaine

En tournée en 2020 à Strasbourg, Nantes et Angers

 

(d’autres histoires)

Si j’étais venu au Centre Pompidou sans avoir lu la note d’intention du spectacle, sans connaître les noms des gens ayant commis ce spectacle, j’aurais pu penser qu’il s’agissait d’un hommage à cette chanson interprétée par James Brown. En voyant cette vidéo, je repense à la performance du groupe The National qui, sur invitation de l’artiste Ragnar Kjartansson, a interprété pendant six heures, soit 99 fois, le morceau « A lot of sorrow », et ce, de manière ininterrompue. As-tu déjà écouté 99 fois d’affilée une chanson ?

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Entre deux micro-siestes, je repense à tout ce que je dois faire durant les prochains jours : le ménage, remplacer l’ampoule de ma lampe de chevet, la lessive, remplir le frigo, relancer C. qui doit me faire un retour sur la soixante-dix-huitième version de ma pièce (et éventuellement lui proposer de la mettre en scène), dormir, courir, ne pas tousser, répondre à des questions sur la frustration, trouver un logement pour mon Noël québécois, aller pour la dernière fois chez mon coiffeur marseillais bientôt à la retraite, sortir du placard la couette, transpirer en mettant la housse de la couette, lire le dernier Fabcaro et cette pièce québécoise qu’A. m’a envoyée le mois dernier, écouter les nouveaux disques de Pierre Lapointe et Patrick Watson, écrire… toujours.

 

Vu le vendredi 18 octobre 2019 au Centre Pompidou dans le cadre du Festival d’Automne à Paris

Prix de ma place : 14€ (abonnement Festival d’Automne)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

3 réflexions au sujet de « Please Please Please (La Ribot / Mathilde Monnier / Tiago Rodrigues / Centre Pompidou / Festival d’Automne) »

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