Le Côté de Guermantes (Marcel Proust / Christophe Honoré / Comédie Française)

(de quoi ça parle en vrai)

Pour sa première collaboration avec la Comédie-Française, Christophe Honoré porte à la scène le troisième tome des sept qui constituent « À la recherche du temps perdu », dont Proust débuta l’écriture en 1913. (source : ici)

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Je n’ai jamais lu Proust. C’est dit, c’est dit, passons à autre chose. Je fais partie de l’équipe « tout peut être transposé au théâtre : films, romans, bandes dessinées… », parlons plutôt de la pièce en elle-même.

Alors oui, j’avais peur de la durée, de ne pas comprendre. Pour plaisanter (à moitié), je disais que je m’étais couché de bonne heure, que j’avais dormi dix heures la nuit précédente, pour être frais et dispo. Je ne sais pas si c’est grâce à cela, mais j’ai presque tout compris. Nous suivons donc Marcel qui rêve de voir ce qui se passe du côté de la famille de De Guermantes.

Je pense que je vais imprimer en lettres d’or la réplique de Clémence Poésy dans le film de Christopher Nolan, « Tenet » : « Don’t try to understand it. Feel it. ». On n’entend pas tout, on ne comprend pas tout. Un preneur de son se balade sur la scène, sonorise les acteurs puis s’en va. Les voix se mêlent, on pioche ce qu’on veut bien piocher, on est comme Marcel, on se laisse embarquer, on laisse notre esprit divaguer, au milieu de cette bourgeoisie, on perçoit la vacuité de ce monde alors même que l’Affaire Dreyfus est au centre de toutes les discussions.

Crédits photos : Jean-Louis Fernandez

Même si « Le Côté de Guermantes » n’est pas aussi euphorisant que furent ses précédentes pièces « Nouveau Roman », « Fin de l’Histoire » ou « Les Idoles » (il manque une Marlène Saldana, même si son fantôme, ainsi que celui de Pina, planaient sur les quelques secondes dansées), il n’empêche que Christophe Honoré n’en finit pas de me convaincre en tant que metteur de scène de théâtre (au cinéma, c’est plutôt du 50-50). Aussi par son sens de l’espace, grâce aux scénographes Alban Ho Van et Ariane Bromberger, toujours aussi impressionnant, que par le choix de la bande son adéquate (petite béquille, certes, mais toujours de bon goût, avec les Moody Blues ou Cat Stevens), sans oublier l’excellence de la distribution, déjà vue ici ou là (je ne suis pas un habitué de la maison Comédie Française) : Stéphane Varupenne et Sébastien Pouderoux en tête (ah… souviens-toi « Comme une pierre qui… »), Elsa Lepoivre toujours aussi captivante, Serge Bagdassarian (qui a son moment de cabotinage, hyper maîtrisé) et tous les autres – ça fait du bien de voir autant d’acteurs et d’actrices sur scène, ensemble.

Comme Marcel, il faut se laisser happer par « Le Côté de Guermantes » et nul besoin d’avoir un Master en littérature proustienne pour cela.

LE CÔTÉ DE GUERMANTES

Avec Claude Mathieu, Anne Kessler, Eric Génovèse, Florence Viala, Elsa Lepoivre, Julie Sicard, Loïc Corbery, Serge Bagdassarian, Gilles David, Stéphane Varupenne, Sébastien Pouderoux, Laurent Lafitte, Rebecca Marder, Dominique Blanc, Yoann Gasiorowski et avec Aksel Carrez, Mickaël Pelissier, Camille Seitz, Nicolas Verdier, Romain Gonzalez

Adaptation et mise en scène : Christophe Honoré

Scénographie : Alban Ho Van et Ariane Bromberger – Costumes : Pascaline Chavanne – Lumière : Dominique Bruguière – Son : Pierre Routin – Travail chorégraphique : Marlène Saldana (!!!) –  Maquillages : Vesna Peborde – Assistanat à la mise en scène : Aurélien Gschwind et Sébastien Lévy – Assistanat aux costumes : Claire Fayel, costumière de l’académie de la Comédie-Française – Assistanat à la lumière : Nicolas Faucheux et Pierre Gaillardot

Jusqu’au 15 novembre 2020 au Théâtre Marigny (Comédie Française, hors les murs)

(une autre histoire)

– On n’y voit pas grand chose, là.

– C’est vrai.

– Vous y voyez mieux, vous ?

– Pas tellement, non.

– Il y a quand même un bon tiers de la scène qu’on ne voit pas.

– Oui. On peut apercevoir le reflet de ce tiers dans le miroir, en face, cela dit.

– Oui… Non. Je vais demander si on peut changer de place… (un instant plus tard) L’ouvreuse me dit que non, que c’est complet, qu’à cause du Covid, on doit rester là où on est. N’importe quoi… le Covid ! C’est pas permis, c’est frustrant même.

– C’est comme ça quand on a choisi une place en catégorie C à seize euros. Je suis radin, j’ai un strapontin, est-ce que je me plains ?

– Vous n’êtes pas très civil… Et si je me lève pour regarder, je vous gêne ?

– Comme vous êtes un rang devant moi, ben oui.

– Ah…

Vu le samedi 3 octobre 2020 au Théâtre Marigny (Paris

Prix de ma place : 16€ (cat C)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

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