Hen (Johanny Bert / Le Mouffetard)

(de quoi ça parle en vrai)

« Hen (prononcer « heun ») est unique : on ne peut l’enfermer dans une catégorie. Son visage et son corps sont multiples : femme et homme, féminin et masculine, glamour et virile, crue et pudique. Venez découvrir son monde plein de sensualité au cours d’une soirée cabaret où se mêlent chansons, tableaux visuels et prises de parole. Hen danse et interprète quelques reprises mais surtout des morceaux écrits et composés à son attention, dans un style pop expérimental proche de celui de Björk. Deux musiciens, notamment au violoncelle et au vibraphone, l’accompagnent. Les mots, dans le sillage des textes de Brigitte Fontaine (de Prunella Rivière, Laurent Madiot, Pierre Notte et bien d’autres…) parlent d’amour et d’érotisme, du plaisir de désirer et du désir de partager le plaisir. Le metteur en scène et marionnettiste Johanny Bert fait revivre à sa manière l’atmosphère débridée et insolente des cabarets berlinois des années 1930. Empruntant aussi à la culture queer, il a imaginé un personnage extravagant qui affirme tranquillement sa liberté sexuelle et sa liberté d’être. » (source : ici)

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Crédits photos : Christophe Raynaud de Lage

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Auréolé de son succès au Théâtre du Train Bleu au dernier Off d’Avignon, Hen débarque  au Mouffetard, LE théâtre des arts de la marionnette. Toujours délicat de voir un spectacle dont on entend tellement parler.

Malgré cette crainte, on se laisse très rapidement emporté par la folie Hen. Accompagné-e par les émérites musiciens Ana Carla Maza (au violoncelle) et Cyrille Froger (aux percussions et autres beatbox…), Hen se métamorphose, se contorsionne, séduit, nous fait rire, réfléchir. La marionnette sait qu’elle est marionnette. Elle se permet même de présenter ses gardes du corps (ou manipulateurs) qui ne la lâchent pas d’une semelle : Anthony Diaz et Johanny Bert. C’est ce dernier qui a créé Hen. C’est lui qui lui prête (en direct) sa voix, une voix qui m’a beaucoup fait penser à celle d’un Pierre Lapointe (le plus sous-estimé des chanteurs populaires québécois, en France en tout cas).

Comme en son temps Gloria Gaynor, Hen aurait pu chanter « I am what I am », tellement son tour de chant respire l’acceptation de soi, la tolérance, sans oublier une bonne dose de crudité (comment oublier cette pratique du « vessielingus » ) et de franchise. Hen ose tout, même reprendre à sa sauce une chanson assez inattendue (et que j’ai en 45 tours…) (phrase assez frustrante, j’en conviens, puisque je ne donne pratiquement aucun indice… On se dit durant le premier couplet : « Mais je connais cette chanson… » puis aucun doute pendant le refrain)

Le spectacle est court, très jouissif et même touchant. Les chansons sont entraînantes et parfois même tubesques (à quand le disque ?).

On recommande très chaudement. (à priori, il y aura une longue tournée dans notre charmant pays la saison prochaine)

(pour information, « hen » est un pronom suédois non genré, beaucoup plus usité que notre « iel » encore décrié… ah oui, parce que dans le spectacle, on parle beaucoup du genre, je ne l’ai peut-être pas précisé)

 

HEN

Conception, mise en scène et voix : Johanny Bert

Manipulateurs de HEN : Johanny Bert, Anthony Diaz

Musiciens : Ana Carla Maza (violoncelle électro-acoustique), Cyrille Froger (percussionniste)

Auteurs compositeurs : Brigitte Fontaine, Marie Nimier, Prunella Rivière, Gwendoline Soublin, Laurent Madiot, Alexis Morel, Pierre Notte, Yumma Ornelle

Arrangements musicaux Lucrèce Sassella (voix) : Guillaume Bongiraud, Cyrille Froger

Collaboration mise en scène : Cécile Vitrant – Fabrication des marionnettes : Eduardo Felix – Travail vocal : Anne Fischer – Dramaturge : Olivia Burton – Création lumières : Johanny Bert, Gilles Richard – Régie générale et lumière : Gilles Richard – Création et régie son : Frédéric Dutertre, Simon Muller – Création costumes : Pétronille Salomé assistée de Lune Forestier, Solène Legrand, Marie Oudot, Carole Vigné – Assistante manipulation : Faustine Lancel – Construction décor : Fabrice Coudert assisté de Eui-Suk Cho

Jusqu’au 8 février 2020 au Théâtre Mouffetard (Paris), puis à Lempdes et Clamart…

 

(une autre histoire)

Comme dans une histoire de jouets, il me plait à imaginer que la marionnette, quand elle n’est pas manipulée, voire sodomisée (façon de parler) par son créateur, a sa vie propre, qu’elle ne reste pas inerte dans sa malle. Ça fait peur, un peu, quand on y pense.

Comme dans un épisode de la Quatrième Dimension, elle nous regarderait évoluer, sans elle.

Comme dans un film d’horreur, elle viendrait nous poignarder dans notre sommeil.

Non, en fait, je n’aime pas les marionnettes, pantins, poupées, poupons. Ça m’angoisse. Je ne suis jamais allé voir Guignol mais je m’entraîne à la ventriloquie. Je fais parler mes courgettes et mes poireaux.

Comme dans un film d’horreur, les yeux de mes pommes de terre deviendraient luminescents et les tomates se jetteraient sur moi pendant mon sommeil.

Non, en fait, je n’aime ni les légumes ni les fruits. J’aime tout ce qui est chimique.

Un instant, le blob sonne à ma porte.

 

Vu le samedi 25 janvier 2020 au Théâtre Mouffetard, Paris

Prix de ma place : invitation

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

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