Xenos (Akram Khan / La Villette / Théâtre de la Ville)

(de quoi ça parle en vrai)

Pendant la première guerre mondiale, quatre millions de soldats venus des colonies furent enrôlés par les armées européennes et américaines. Parmi eux, un million et demi d’Indiens se battirent et moururent en Europe, en Afrique ou au Moyen-Orient, arrachés à leur pays et à leur culture pour servir le mythe de l’Empire. Akram Khan s’est plongé dans les archives de ces hommes qui firent la grande guerre à mains nues, creusant tranchées et tombes, chargeant les baïonnettes et tendant les barbelés. Dans un solo intensément terrien, accompagné par cinq musiciens live, il part de ces traces infimes et déchirantes pour affronter au corps à corps certaines questions que nous pose le monde contemporain : qui est « l’étranger », « l’autre » ? A-t-on le droit de raconter son histoire, pour l’empêcher de disparaître ? Qu’est-ce qu’être humain ? Le sommes-nous encore ? Un retour organique à nos origines, par l’un des plus grands chorégraphes et danseurs internationaux. (source : ici)

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Crédits photos : DR

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Deux musiciens nous accueillent dans la salle de la Grande Halle de la Villette. Quand je dis « nous accueillent », c’est qu’ils sont déjà présents sur scène et qu’ils jouent de la musique à notre arrivée. Je m’assois au sixième rang, il n’y a pas de poteau comme il peut y en avoir au Théâtre du Châtelet, pourtant un monsieur bien plus grand que moi va faire office de, le rang devant moi. Peut-être que je me tasse, ça doit être l’âge ? Bref… Tout ça pour dire que malgré un confort de vision discutable, cela ne m’a pas empêché d’être emporté par le souffle Akram Khan.

Comme à mon habitude, je ne savais point de quoi il retournait. Je fus bouleversé par ce que je vis et nul doute que la musique jouée en direct y est pour quelque chose, les deux musiciens vus et entendus en préambule sont rejoints par la suite par trois autres musiciennes qui ajoutent de l’ampleur et une charge émotionnelle incomparable à cette pièce dansée.

Akram Khan est seul sur le pont, mais il occupe admirablement l’espace. La scénographie est impressionnante : des cordes qui semblent bouger toutes seules, de la terre, un mur incliné si difficile à gravir. On ressent une souffrance, une oppression, une résistance.

Cela ne s’arrête jamais, pas de repos pour les braves (oui, je connais mes classiques). Xenos est un spectacle captivant, fascinant, puissant.

« Ceci n’est pas la guerre, mais la fin du monde… »

 

XENOS

Direction artistique, chorégraphie, interprétation Akram Khan

Dramaturgie Ruth Little Création lumières Michael Hulls Musique originale, création sonore Vincenzo Lamagna Conception des décors Mirella Weingarten Création des costumes Kimie Nakano Écriture Jordan Tannahill Musiciens Nina Harries (contrebasse et voix), B C Manjunath (percussions et konnakol), Tamar Osborn (saxophone baryton), Aditya Prakash (voix), Clarice Rarity (violon)

Jusqu’au 22 décembre 2019 à la Grande Halle de la Villette, avec le Théâtre de la Ville – Hors les murs et en juin à Clermont Ferrand

 

(une autre histoire)

C’était la première fois que je voyais Akram Khan sur scène. C’est drôle quand on y pense, vu que c’est la dernière fois qu’il se produira sur scène, apparemment.

J’aime recenser les premières fois. Un peu moins les dernières.

La semaine dernière, j’ai assisté pour la première fois à une AG de grève. Je fais souvent grève, mais ne m’étais jamais rendu à une assemblée générale. Ceci est chose faite. Et j’y retourne mardi et jeudi. Je ne prends pas la parole, faudrait pas déconner, mais je suis là. Je suis là. J’observe. Et ça permet de se regarder en face dans le miroir. Même si je ne ferai rien d’autre l’été prochain que ma semaine à Avignon.

Je suis en retard sur deux chroniques… non, ce n’est pas la première fois.

C’est la première fois que je m’auto-censure en effaçant quelque chose de très gênant. Je grandis, je mûris… Mon anniversaire, c’est lundi !

 

Vu le vendredi 13 décembre 2019 à la Grande Halle de la Villette, Paris

Prix de ma place : invitation d’un ami (je précise car je pense que je n’aurai jamais mes entrées à la Villette ou au Théâtre de la Ville…)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

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