Monsieur Fraize (L’Européen)

(de quoi ça parle en vrai)

Monsieur Fraize, un personnage singulier, déconcertant, arrivé sur scène comme une plaque de verglas en plein désert. Une sorte d’énigme qui décide de se livrer au public en toute naïveté et qui dévoile un univers ultra-sensible où s’entremêlent les non-dits, le doute et la cruauté du quotidien. Il fait exister son personnage dans une forme d’humour très personnelle en prenant le risque de l’absurde, en jouant sur les silences, les peurs de son personnage, les répétitions et en privilégiant la gestuelle et les postures de son clown. (source : ici)

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(ceci n’est pas une critique, mais…)

Depuis longtemps, on me tanne de voir Monsieur Fraize sur scène. Plus précisément, deux personnes, que j’ai rencontrées à des ateliers théâtre, ont vraiment insisté. Parce qu’il semblerait que Monsieur Fraize et moi-même affectionnions les personnages singuliers, mal à l’aise en société, le bégaiement et l’économie de parole sur scène en prime. Je ne me compare pas à cet humoriste, car je ne suis pas humoriste mais je peux comprendre à quoi elles font allusion.

Monsieur (Marc) Fraize joue avec les codes du spectacle : Parce que tous les spectacles comiques commencent par une musique rythmée et une chorégraphie, M. Fraize n’en fera pas de même, parce qu’il désacralise l’aura qui entoure l’humoriste : Oui, il travaille debout pour pouvoir acheter ce qu’il veut. Oui, il refait exactement le même spectacle trois soirs d’affilée…

Il a quelque chose d’Andy Kaufman dans le jusqueboutisme. Marc Fraize reste en permanence dans ce personnage inadapté à la société. Jerry Seinfeld parlait des petites choses voire de rien, lui ne parle de rien. On pourrait également le rapprocher de Jos Houben, l’artiste belge qui nous avait gratifié, il y a quelques années, d’un spectacle conférence intitulé « L’art du rire ». Il parvenait à nous faire rire au moment où il le souhaitait tout en nous prévenant qu’il allait nous faire rire. C’est scientifique.

Cela dit, je peux comprendre qu’on puisse ne pas comprendre cet humour, voire y être totalement hermétique, car ce personnage n’est pas vraiment aimable voire même misanthrope. Il a quelque chose de Mr Bean (je namedroppe à fond). Monsieur Fraize ne fait rien de toute façon pour fédérer. On peut même le qualifier de malin – le cynisme est tout proche – quand il devance les critiques en les énonçant : car oui, ça manque de rythme, oui, il y a un quart d’heure en trop, mais Fraize parait se réjouir de voir jusqu’où il peut aller, comme s’il attendait avec impatience les premiers personnes qui feraient claquer leurs sièges.

La question sera de savoir comment Marc Fraize fera évoluer ce personnage. Peut-être dans un autre élément comme le cinéma ? (le comédien s’est déjà fait remarquer dans « Problemos » de Eric Judor et « Au Poste » de Quentin Dupieux – des choix judicieux)

(et je ne l’ai pas clairement énoncé : j’ai aimé voir Monsieur Fraize sur scène)

 

MONSIEUR FRAIZE

écrit et interprété par Marc Fraize

mise en scène : Papy

à l’Européen (Paris)

Jusqu’au 23 février 2019 (jeudi, vendredi, samedi à 19h30)

(une autre histoire)

Je suis certain que j’en ai déjà parlé, mais c’est pas grave.

Je suis certain qu’il y a quelque chose. Entre le lobby de l’alimentation et celui du pantalon. Je mange bien, c’est un fait. Je veux dire, je mange mal mais bien. Je mange bien ce qui est mal. Ce qui fait mal. Légère tendance à prendre dans les largeurs. Surtout au niveau des cuisses. Acheter des pantalons n’est pas une sinécure. Je suis pas bien foutu, je suis pas bien foutu ! Le problème, c’est que ça frotte. Au niveau des cuisses. L’intérieur. Ça frotte et ça s’use. Rapidement. Parce que les petits enfants chinois ont mal fait leur travail, parce qu’on rogne sur la qualité du matériau. Ça frotte, ça frotte.

(Je parle de ça, parce que dans le spectacle de Monsieur Fraize, ça le chauffe aussi à cet endroit-là. Ce que j’écris ici a toujours un rapport, soyons bien clairs.)

Ça frotte, donc ça s’use, donc y a des trous, donc on rachète un pantalon parce que je ne vais pas demander à Maman de rapiécer le pantalon et ça n’a rien à voir avec mon âge, c’est juste que c’est pas joli.

Les industries agro-alimentaires, les médias, le monde doivent faire en sorte de nous garder gros pour qu’on achète toujours plus de pantalons fabriqués en Asie et ainsi favoriser le réchauffement climatique grâce aux cargos et autres avions qui emmènent la marchandise aux quatre coins du monde.

Paye ta conspiration.

La prochaine fois, je parlerai de l’effet que fait la grosse chaleur sur l’intérieur de mes cuisses quand je me mets en maillot de bain et de ma démarche loin d’être chaloupée pour aller de la plage au studio.

 

vu le vendredi 25 janvier 2019 à l’Européen (Paris)

Prix de ma place : 21€

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

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