Saison 1 (Florence Minder / Théâtre de la Bastille)

(quand on ne lit pas la bible)

Saison 1 ? Ah bravo, Netflix va financer la production de pièces de théâtre qui seront vues seulement sur leur site ? Certes, la France entière pourra profiter dans son salon du spectacle vivant jusque-là destiné aux bobos parisiens de mes fesses poilues, mais où va le monde, Madame ? Où va le monde, je pose la question ? Et pourquoi pas le cinéaste Alfonso Cuaron qui signerait le chef d’oeuvre de l’année mais qu’on ne pourrait pas voir sur grand écran ?

(de quoi ça parle en vrai)

« À l’heure où le storytelling est devenu un véritable marché, Saison 1 interroge notre rapport intime et collectif à la fiction. Pour explorer l’influence des récits sur notre perception du réel, Florence Minder joue avec les codes des séries télévisées et entremêle avec virtuosité les différentes strates de la représentation. Empruntant au stand-up, elle compose un personnage à la fois lunaire et cruel. Férocement drôle, son spectacle raconte aussi la trajectoire d’une héroïne qui, pour prendre l’histoire à son compte, tente de s’extraire d’une fiction qui souhaitait plutôt la reléguer au statut de victime. » (Victor Roussel – source : ici)

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© Hubert Amiel

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Quand on ne connait pas, on lit le programme. C’est ce qu’on m’a dit dernièrement. Je vais au théâtre, je regarde des séries, pas besoin de lire. Et bien m’en a pris. Je ne divulgâcherai donc pas les bonnes « surprises » que nous réserve Florence Minder dans cette première saison.

Le départ de ce spectacle est pourtant assez déroutant : l’artiste est seule, assise à son bureau, son ordinateur ouvert devant elle, d’autres éléments du décor sont cachés sous des draps. On se demande : « Mais… c’est ça le spectacle ? Elle va lire tout le temps ? On est bien au théâtre de la Bastille ? »  Ceci n’est pas du stand up, ceci n’est pas une pièce de théâtre, ceci n’est pas une conférence, mais tout à la fois et bien plus encore. Une première saison qui sait se renouveler à chaque épisode (au nombre de trois), qui joue avec les codes de la série (ok, je répète ce qui est écrit dans le programme, mais je suis d’accord, c’est pas ma faute !) (par exemple, le fameux recap qui est presque plus long que l’épisode lui-même) pour encore mieux s’en détacher, notamment lors de la troisième partie.

C’est drôle, intelligent, surprenant, piquant. Florence Minder manie avec précision l’art du cliffhanger et ne peut que nous faire espérer une deuxième saison.

SPOILER ALERT : 

Ses deux acolytes, dans des registres diamétralement opposés, aident Florence Minder à contrer nos attentes, à lancer une nouvelle dynamique. Du burlesque absurde à la poésie.

SAISON 1

Projet écrit et conçu par Florence Minder

Avec Pascal Merighi, Florence Minder et Sophie Sénécaut

Assistant Julien Jaillot Conseillère dramaturgique Manah Depauw Scénographie et création lumières Simon Siegmann Costumes et accessoires Cécile Barraud De Lagerie, Nicole Moris et Pauline Aschoff (stagiaire) Compositions originales et musique live Pierre-Alexandre Lampert Création sonore Guillaume Istace

Jusqu’au 20 décembre 2018 au Théâtre de la Bastille, Paris

 

(une autre histoire)

Pendant longtemps j’ai cru que j’étais le second rôle d’une série. On fait partie d’une bande de potes, mais tout tourne autour d’un seul gars, le premier rôle et le gars c’est pas toi. On n’est pas dans Friends ! Tu as l’impression que tu es seulement là pour jouer les utilités, pour sortir la bonne blague, t’es présent un épisode sur deux. D’ailleurs, une année, j’ai changé de visage et personne ne s’en est aperçu.

Une saison suivante, j’ai pris mes distances, puis j’ai quitté définitivement la série pour jouer dans ma propre série dérivée. Je ne suis pas certain qu’elle soit beaucoup suivie. Elle aurait des accents LouisCKiens. Il est quelque peu en disgrâce dernièrement, mais lui au moins a une Blanche Gardin à ses côtés. Ma série alternerait des épisodes où rien ne se passerait, à la Seinfeld ou contemplatifs tel que… je n’ai pas d’exemple. Une série qui prendrait son temps… Parfois ma série serait complètement drôle et ridicule à la fois (mes histoires sentimentales seraient une source d’inspiration inépuisable).

Parfois je me dis que quelqu’un me regarde. Comme dans « The Truman Show ». Parfois je m’arrête sur le quai du métro et m’aperçois dans les moniteurs de surveillance. Je suis en noir et blanc. Je me vois de dos en train de regarder un gars de dos dans un moniteur de surveillance, dans lequel un gars de dos aurait les yeux rivés sur…

Je regarde un autre que moi.

 

vu le mercredi 12 décembre 2018 au Théâtre de la Bastille, Paris

Prix de ma place : 13€/mois (pass Bastille)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

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