(quand on ne lit pas la note d’intention)
Installation vidéo, des arbres sont abattus, un à un, en temps réel. Aucune limite de temps, l’entrée est libre, on reste devant le grand écran, on repart, on revient. Le même ballet des arbres qui tombent, le bruit du bois qui casse. Depuis que vous lisez (à haute voix) ces quelques lignes, sept hectares de forêts ont été détruits dans le monde. Imaginez à la fin de cette chronique. (cela dit, en France, la superficie des forêts croît… j’ai un peu potassé le sujet, merci)
(ce que ça raconte en vrai)
Plus que les mots, ce sont les corps, les images et les sensations qui prédominent dans ce spectacle visuel, sonore et incontestablement poétique. Nathalie Béasse y explore les failles et les difficultés d’exister d’une humanité en prise avec la Nature. L’arbre qui tombe, c’est un homme empêché qui chute, mais qui, lui, peut possiblement se relever. Par l’intermédiaire de focus sur quatre individus se dessinent des instantanés de vie qui composent sur scène de véritables tableaux vivants, drôles, organiques et sensitifs. Pour le spectateur, c’est une palette d’émotions qui s’ouvre, allant du rire à la contemplation. (Maxime Bodin – site du Théâtre de la Bastille)
(ceci n’est pas une critique mais…)
Dès le début du spectacle, nous sommes cueillis. Comment en parler sans tout dévoiler ? Me revient en tête la fameuse scène du sac en plastique qui danse dans le film de Sam Mendes « American Beauty », puissance mille. On reste béat devant une telle poésie. Puis des corps (deux) et ce mur de la salle du bas du théâtre de la Bastille, qui doit en voir des vertes et des pas mûres… Ici quatre artistes (dont Erik Gerken vu dans la série… Hero Corp !), des jeunes, des moins jeunes, trois hommes, une femme, des accents, des langues et des peaux différent.e.s (c’est donc ça l’écriture inclusive ?). Une succession de tableaux qui appellent à notre imagination et qui reviennent nous hanter bien après (il y a un autre mot que « Hanter » sans cette connotation négative ?) (je l’avoue, je n’ai pas tout compris, mais faut-il absolument tout comprendre ?) (je le répète, je ne lis jamais le programme avant de voir un spectacle, mais peut-être devrais-je ?). C’est devant ce genre de spectacles (beaux beaux beaux) que j’ai (encore plus) de mal à mettre des mots sur mes émotions. Il reste des images marquantes, on s’enterre, on éclabousse, on tombe, on joue. J’ai fermé les yeux pour écouter les dernières paroles du spectacle (ce que j’ignorais) (c’était de qui ?). Silence. Je les ai rouverts, le noir complet. La fin ?
Vu le 29 septembre 2017 à 20h au Théâtre de la Bastille (Paris 11)
Prix de la place : 13€/mois (Pass annuel)
Le Bruit des Arbres qui Tombent
Conception, mise en scène et scénographie : Nathalie Béasse (Roses, Happy Child, La Meute…)
Avec Estelle Delcambre, Karim Fatihi, Érik Gerken et Clément Goupille
Lumières : Natalie Gallard – Musiques : Nicolas Chavet et Julien Parsy
jusqu’au 14 octobre 2017 au Théâtre de la Bastille (Paris 11) et notamment les 16/01/18 et 17/01/18 au Théâtre de Saint-Nazaire.
(une autre histoire)
Elle ricanent. Je les entends. Elles sont assises à côté de moi (elles m’ont demandé en arrivant si les places étaient prises, j’ai répondu avec mon plus beau sourire par la négative, en bouchant bien la vue de la personne qui m’accompagnait, histoire qu’elles ne croient pas que je suis intéressée par l’autre nana à côté de moi) et dès le début du spectacle, elles ricanent. Entendez bien que je ne dis pas « elle rient » ou « elle rigolent ». Non, leur rire est hautain, moqueur. Je les entends chuchoter. Elle pensent déjà à ce qu’elles vont faire après le spectacle. « Allez viens, on se tire et on va bien faire claquer nos sièges, tu vas voir, on va bien s’amuser ! » J’ai l’ouie très fine. Je commence à être bigleux, à ne pas reconnaître les gens, à ne pas savoir si c’est à moi qu’on adresse un salut, un sourire… (hier soir, je crois que j’ai mis un vent à quelqu’un comme ça, il faudra que je m’excuse. Encore.) mais j’ai l’ouïe (CK) fine. L’autre jour j’ai entendu un de mes élèves chuchoter à un de ses camarades : « Je m’en fiche si le maître nous a donné cinq minutes en moins de récréation, c’est rien. » Je me suis retourné et je lui ai dit : « Si c’est comme ça, ça sera dix. T’es content maintenant ? J’entends tout, je vois tout. Pis tu sais ce que c’est la vision périphérique ? Je ne vois pas ton visage, mais je vois la forme de ton corps qui bouge dans tous les sens. Est-ce que tu me comprends, petit être sponsorisé par Petit Bateau, avec ton ciré jaune et ta marinière ? Je suis ton pire cauchemar, j’ai même des yeux dans le dos. Tu veux les voir ? Bon, ils sont cachés par les poils. C’est pour ça que je ne fait pas épiler mon dos. Alors certes, ça en fait fuir quelques unes, mais imagine la tête des donzelles qui passent par chez moi et qui verraient mes yeux dans le dos. Pis ces yeux, ils voient à travers les vêtements. Même quand il y a trois couches. Mes yeux dans le dos, ils voient même à travers tes vêtements quand je ne porte qu’une chemise et que je te tourne le dos. Euh… Ce n’est pas ce que je voulais dire… Euh… J’ai un bouton on/off, je ne l’utilise pas si souvent. Seulement en cas d’attaque. J’esquive. Tchac tchac. Oui, je suis un super héros. J’ai des pouvoirs. Je suis un X-Men. Le X-Men poilu. »
Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito
Photo de couverture : Jérôme Blin