LE DISCOURS (Fabrice Caro / Emmanuel Noblet / 3 Soleils / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

« Lors d’un dîner familial, Adrien subit la discussion de son beau-frère qui lui demande de faire un discours pour le mariage de sa soeur. Entre le gratin et les anecdotes de ses parents, il tente d’imaginer des discours plus catastrophiques les uns que les autres alors qu’il n’attend qu’une chose : que Sonia, qui l’a quitté, réponde à son texto de 17h24, lu à 17h56 ! » (source : ici)

© Gilles Vidal

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Quand on lit Le Discours, le roman de Fabrice Caro, on le lit à voix haute. Il se prête à ce genre d’exercice. D’autant plus que, comme dirait l’autre, Adrien c’est moi ! (pas étonnant que l’auteur ait appelé le héros de son roman suivant Axel, mais c’est une autre histoire…)

Le metteur en scène Emmanuel Noblet avait fait des merveilles en adaptant « Réparer les vivants » de Maylis de Kerangal (dans un autre registre, j’en conviens) et je ne pouvais qu’être rassuré en assistant à ce Discours co-adapté avec son interprète impeccable, Benjamin Guillard : la simplicité est toujours de mise. On retrouve l’humour, les digressions du roman… Son héros n’est jamais pris de haut. Aussi parce que son interprète le joue sans le juger. Même si on aime voir ce perdant magnifique ne pas s’en sortir, on le prend d’affection.

La pièce est une bulle pétillante et divertissante, qui remplit de manière intelligente son cahier des charges. Et à aucun moment, je ne me suis dit : « Ohlala, encore un seul en scène. » C’est bête à dire, mais oui, Benjamin Guillard est seul sur scène, mais il sert de manière si juste et dynamique le texte de Fabrice Caro que j’ai oublié. Je ne sais pas pourquoi j’ai précisé cela, mais j’en avais besoin.

Ps : Je fus heureux de constater que la référence à Cioran avait été conservée, mais en revanche, où est Pessoa ? Je cite : « Je ne suis pas comme vous, je vous emmerde, j’ai trop de problèmes dans ma vie pour faire la chenille, j’ai lu « Le livre de l’intranquillité » de Pessoa, vous imaginez quelqu’un qui a lu « Le livre de l’intranquillité » de Pessoa faire la chenille ? » Je suis déçu…

LE DISCOURS

de Fabrice Caro

Mise en scène : Emmanuel Noblet

Interprète : Benjamin Guillard

Adaptation : E. Noblet, B. Guillard

Lumières : Emmanuel Noblet – Décor : Edouard Laug – Son : Sébastien Trouvé – Direction technique : Johan Allanic – Régie : Marc Leroy – Vidéo : Camille Urvoy

Jusqu’au 31 juillet 2021 au Théâtre des 3 Soleils (Avignon Off) et en tournée…

(une autre histoire)

Devant moi, une spectatrice. Son code de téléphone : 7777. Elle ne s’en cache pas. Et si je lui piquais son smartphone après le spectacle ? Besoin de frissons dans ma vie, d’une dose d’adrénaline ! J’ai une bonne endurance, je suis entraîné à courir sur une longue distance… Tous les quarts d’heure, pendant le spectacle, elle fouille dans son sac, prend un tic-tac, vérifie l’heure, boit une gorgée d’eau, vérifie ses messages. Son compagnon fait tomber son portable. Je ne plaisante pas, à chacune des représentations auxquelles j’assiste, au moins un téléphone tombe. A croire que les poches de nos bermudas ne sont pas faites pour garder en place nos objets connectés. C’est décidé, elle est une spectatrice tellement énervante, je vais le faire. En plus… elle met son masque sous le nez ! Je vais le faire. C’est la fin du spectacle, je me tiens prêt, je passe à côté d’elle et pof ! Attends un peu… Je… Je… Je n’arrive plus sortir de mon siège ! Pour faire rentrer un maximum de spectateurs, le théâtre a choisi d’installer des sièges Extra Small. Même dans les avions Ryanair, t’es mieux assis. Même avec mon pauvre mètre soixante-neuf et demi, j’ai l’impression d’être un grand. Et de toujours avoir un gros cul, alors que celui avait un peu perdu de sa splendeur ces dernières semaines. Je reste toujours coincé, comme si j’avais gonflé pendant la représentation. Les gens ne peuvent pas sortir à cause de moi, je les vois enjamber le rang pour partir. La dame au téléphone est déjà loin, avec son téléphone au code 7777. Qu’aurais-je trouvé dans son appareil ? Quel genre de photos ? Les régisseurs enlèvent les accessoires du Discours, posent les décors de la pièce suivante. J’espère qu’elle sera bien la pièce d’après…

Ps : Non, n’insistez pas, je ne parlerai de mon lien si particulier avec l’oeuvre de Fabrice Caro…

Vu le samedi 17 juillet 2021 au Théâtre des 3 Soleils (Avignon Off)

Prix de ma place : invitation

Textes (sauf mention contraire) : Axel Decanis

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