YALLA ! (Sonia Ristic / Déborah Banoun / Espace Alya / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

« A la frontière du Liban, face à face, un adolescent palestinien et une soldate israélienne. L’adolescent a une pierre à la main, la soldate le tient en joue. Un instant de temps suspendu, pendant lequel deux monologues intérieurs s’entrecroisent, soufflant un vibrant message d’espoir » (source : ici)

(ceci n’est pas une longue critique, mais…)

J’aime raconter les histoires dans le désordre. Voici donc l’histoire de mon premier spectacle de l’édition 2021 du Festival Off d’Avignon.

Ce n’était pas la première fois que je recevais une invitation pour assister à cette pièce. La Compagnie Jetzt est installée à Romainville, en Seine-St-Denis, pas loin de là où je travaille, et pourtant je n’y suis jamais allé, malgré la présence dans la pièce de Pauline Etienne, que j’ai (re)découverte l’an passé dans la magnifique série « 18h30 », disponible sur Arte.tv. Mais cette fois-ci, je ne me suis pas défilé.

Il s’agit en fait d’une lecture, dans le cadre des plateaux ouverts aux auteurs contemporains et aux artistes, organisés par l’Espace Alya, un lieu que je n’ai pas l’habitude de fréquenter, mais pourquoi pas ? Comme j’arrive un peu en avance pour retrouver un ami, je ne vois pas l’attachée de presse. Je me rends donc à l’accueil pour la presse, qui me renvoie directement à la billetterie. Je me présente, je mentionne « Yalla ! » mais personne ne semble savoir ce que c’est. Je précise qu’il s’agit d’une lecture exceptionnelle. On me donne finalement un billet qui ne s’avèrera pas être le bon (« De toute façon, c’est gratuit ! », c’est ce qu’on me répond). Je discute avec l’ami en question – à Avignon, je mange, bois des coups et discute avec des gens que je pourrais voir à Paris, allez comprendre – et découvre que l’espace de jeu est en extérieur, en plein cagnard, juste à côté de l’entrée qui donne sur la rue très passante Guillaume Puy, pour celles et ceux qui connaissent.

On nous invite à nous installer autour de la longue table (voir affiche). Pauline Etienne et Bachir Tlili sont déjà en place, de part et d’autre de la table, leur cahier en main – c’est une lecture, je le rappelle.

Nous sommes à peine une petite dizaine de spectateurs et je crois que je suis le plus jeune. J’ai mes lunettes de soleil toutes neuves, mais j’ai oublié de mettre de la crème solaire sur mon front qui se dégarnit. Non, évidemment, c’est mon implantation des cheveux, rien à voir. Et nous gardons le masque sur le nez (alors que dans la rue à côté, personne ne se le met, soit dit en passant).

Je ne sais plus qui a commencé à parler. Elle ou lui. Deux monologues, donc. Deux personnes qui se font face. En temps réel, tout se passerait extrêmement vite, mais là nous profitons du détail de leurs pensées, de ce jeune Palestinien et de cette soldate israélienne. Le propos est on ne peut plus d’actualité, comme l’impression que la même pièce aurait pu être écrite, il y a dix, vingt… ans.

Le soleil, dans les yeux, tape fort. Malgré la force du texte, on est quelque peu perturbé par les éléments et les bruits parasites (une parade par ici, des spectateurs par là). Ce n’est décidément pas rendre service aux auteurs contemporains d’organiser cela comme cela. Un coup de vent fait voler les gravillons au sol et la metteuse en scène dit STOP.

Ceci ne fait pas partie du spectacle. C’est abrupt, violent, pour le spectateur, pour les acteurs, mais la metteuse en scène dit STOP. Elle s’excuse, parce que le soleil, parce que le vent, parce que le bruit, parce que la lutte. Elle propose de nous installer ailleurs, un peu plus à l’ombre, de nous servir à boire (ce qui devait être fait un peu plus tard dans la pièce – nous en profitons pour enlever notre masque, sages comme nous étions) et de discuter de ce que nous avions entendu, des avancées des répétitions, de la prochaine création. Pauline Etienne propose de lire la suite, plus calmement. C’est décidé. Bachir Tlili s’allume une cigarette (grâce au briquet de l’ami parisien) et c’est reparti.

C’est bête, mais oui, l’écoute était belle. Il y avait peut-être moins de jeu mais plus d’intensité, cette manière de nous regarder, nous, moi. Le texte fort, mieux entendu. Je ne sais pas si c’est le texte ou les regards de Pauline Etienne et de Bachir Tlili qui m’ont le plus ému. Je ne sais pas si c’est parce que je sais inconsciemment que c’est mon dernier festival en tant que blogueur, qu’il n’y a même pas une semaine, je marchais sur un des chemins de Compostelle et que je me sens encore vidé physiquement et l’impression de ne plus être à ma place, que dedans ma tête, je pense à autre chose ou à quelqu’un d’autre. Parce qu’aussi et surtout cette histoire peut basculer à tout moment, parce que l’issue peut être fatale. J’aime bien l’idée du moment suspendu, parce que c’était tout à fait ça. Je ne sais pas si les comédiens l’ont bien vécu, mais de mon côté, j’ai eu l’impression de vivre un moment rare, impromptu, profond, qui m’a donné envie de voir la création cet automne, pas loin de là où je travaille.

YALLA !

Texte de Sonia Ristic (publié aux éditions Lansman)

Mise en scène de Déborah Banoun

Avec Pauline Etienne, Bachir Tlili

Lumières et régie générale : Pierre Peyronnet – Scénographie : Gala Ognibene, Guillemine Burin Des Roziers

Le 27 novembre 2021 au Pavillon (Romainville) et du 27 au 29 janvier 2022 au Théâtre de l’Opprimé (Paris)

Vu le vendredi 16 juillet 2021 à l’Espace Alya (Avignon) – Festival Off

Prix de ma place : gratuit

Textes (sauf mention contraire) : Axel Decanis

LES FEMMES DE BARBE BLEUE (Lisa Guez / Théâtre des Carmes / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

« Sur scène, pleines de désir et de vie, les fantômes des femmes de Barbe Bleue nous racontent comment elles ont été séduites, comment elles ont été piégées, comment elles n’ont pas pu s’enfuir… » (source : ici)

© Simon Gosselin (photos 2020 avec la distribution originale)

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Le genre de pièce qui n’a pas eu l’exposition qu’elle méritait à cause de la pandémie. Alors même que ça commençait un peu comme un conte de fées. « Les Femmes de Barbe Bleue » a commencé par se faire connaître dans une petite mais passionnante salle du XVIIIe arrondissement de Paris, le Lavoir Moderne Parisien puis a obtenu les Prix du Jury et des Lycéens du festival Impatience fin 2019, qui devaient lui donner droit à être joué au Festival d’Avignon en 2020. Annulé. Les représentations publiques en Centquatre à Paris, annulées. Heureusement, la pièce est reprise cet été pour quatre représentations dans le Off au Théâtre des Carmes.

Long préambule pour une pièce qui est assurément une belle réussite, notamment grâce à la simplicité de la mise en scène (des chaises sur scène, c’est tout et c’est amplement suffisant, tellement le jeu des comédiennes est remarquable), à une écriture de plateau intelligente, à un propos qui se démarque par sa complexité (ce n’est pas aussi simple de dire non à Barbe Bleue), par la lisibilité du sous-texte (non, ce n’est pas seulement une relecture du conte, mais également une réflexion sur les violences faites aux femmes – même moi, j’ai fait le parallèle, sans même avoir eu besoin de lire la note d’intention), à l’engagement des comédiennes, notamment Ninon Perez qui a repris un des rôles et vole la vedette par son naturel et son humour.

Bref, il ne s’agit pas d’une découverte, puisque j’arrive après la bataille, mais Lisa Guez et ses comédiennes Valentine Bellone, Anne Knosp, Valentine Krasnochok, Ninon Perez, Jordane Soudre sont toutes à suivre. D’ailleurs la Comédie Française a déjà mis le grappin sur Lisa Guez puisque cette dernière y présentera les Leçons de Louis Jouvet en 2022…

LES FEMMES DE BARBE BLEUE

par la compagnie Juste avant la Cie

Mise en scène : Lisa Guez

Interprètes : Valentine Bellone, Anne Knosp, Valentine Krasnochok, Ninon Perez, Jordane Soudre

Dramaturgie : V. Krasnochok

Création lumière : Lila Meynard et Sarah Doukhan – Création musicale : Louis-Marie Hippolyte et Antoine Wilson

En tournée à Lyon du 30/11 au 04/12/21, à Lille du 18 au 22/01/22…

(une autre histoire)

Elle est au premier rang. Je ne vois que son dos, que son crâne, ses cheveux courts. C’est elle ou c’est pas elle ? Elle ne voudrait pas se retourner que je sois sûr et certain ? Non pas que cela ait une importance majeure – pour une fois, je ne parle pas d’une femme que je convoitais ou que je convoite, mais seulement d’une personne avec qui j’ai fait du théâtre, l’année où la pandémie a démarré.

Je ne l’aimais pas. C’est dit, c’est dit. Y a des gens comme ça, rien ne vaut la première impression. Le genre de personnes qui s’impose, qui en fait des caisses, qui prend trop de place. Je le jure, j’ai prié pour ne pas avoir de scène avec elle. Elle a beaucoup écrit cette année-là, comme moi, pour l’atelier et aucun de ses textes n’avait été sélectionné, contrairement à moi (je prends ma pomme et la frotte sur ma poitrine, oui, je me la pète). Elle l’a très mal pris. D’ailleurs, n’avait-elle pas dit qu’elle ne voulait pas dire un texte qu’elle n’aurait pas écrit ? En entendant par là, que le dit texte ne serait pas à sa hauteur. Non, je n’ai pas mal compris.

Je la salue, d’ailleurs, si elle lit ces lignes…

Bref, à la fin du spectacle, elle n’applaudit pas. Oui, c’est elle, la fameuse, pas de doute. J’aurais bien aimé savoir ce qui lui a déplu. Elle n’applaudit pas ce magnifique spectacle. Son non-applaudissement me fait l’effet d’un snobisme, d’une prétention. Les gens ne changent pas. Mais peut-être lui fais-je un procès d’intention ? C’est comme ça qu’on dit ? J’ai découvert récemment qu’il m’arrivait d’employer des mots ou des expressions à mauvais escient.

A la sortie, je rejoins un ami et je la vois. Je vois qu’elle me voit, elle se dirige vers moi et… oh purée, elle me snobe ! Elle tourne ostensiblement la tête de l’autre côté pour ne pas croiser à nouveau mon regard et… Oh purée de patates douces, elle fait comme si je n’existais pas ! J’y crois pas, une personne qui m’insupporte, et humainement et théâtralement, et elle ne me dit pas bonjour ? Je suis choqué !

Je crois que je m’en remettrai.

Vu le samedi 17 juillet 2021 au Théâtre des Carmes (Avignon OFF)

Prix de ma place : 14,50€ (Carte Off)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Decanis

INCANDESCENCES (Ahmed Madani / Théâtre des Halles / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

« Une centaine de filles et de garçons ont accepté de rencontrer Ahmed Madani et de lui ouvrir leur cœur. Neuf d’entre eux portent sur la scène les récits trop souvent passés sous silence de vies ordinaires au caractère extraordinaire. Ils n’ont pas froid aux yeux, s’emparent du plateau pour dire ce qui les unit, les sépare, les fragilise, leur donne la force de se tenir debout et d’avancer. Ils s’adressent à nous avec éloquence, fierté, drôlerie, élégance. Un récit universel, joué, dansé, chanté, expression de l’immense joie d’amour qui a engendré notre humanité. » (source : ici)

Photo de couverture © Nicolas Clauss / Photo ci-dessus : © François Louis Ahténas

(ceci n’est pas une critique, mais…)

En fait, je me rends compte que je pourrais seulement copier coller la description de la partie « de quoi ça parle en vrai ». Y a un peu de ça. Une de mes connaissances a participé à un des ateliers organisé par Ahmed Madani mais n’a malheureusement pas été retenue dans la distribution finale. Je ne la connais pas suffisamment pour savoir ce qui est d’elle dans le spectacle. D’ailleurs, on s’en fiche un peu, de savoir si ce que disent ces jeunes est vrai ou pas, si ça leur appartient ou pas. D’ailleurs, question, assument-ils tout ce qu’ils disent quand leurs parents ou leurs amis sont dans la salle ?

Cette pièce, c’est un peu la célébration de la vie. Les récits sont tour à tour touchants, drôles, enlevés, parfois graves… Ahmed Madani sait y faire pour mettre en valeur chacun de ses acteurs (seulement deux d’entre eux ont fait le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique), retranscrire « la parole du jeune » : famille, amour, sexualité, religion, tout y passe et rien n’est gênant (sauf quand l’une des comédiennes demande au public quand il a perdu sa virginité… ça me fait penser à quelqu’un qui a raconté la sienne dans un podcast, mais c’est une autre histoire…)

Il fait toujours du bien de voir sur un plateau une certaine diversité sociale et physique. J’en parlerai (peut-être) lors de ma chronique à propos de la Cerisaie version Tiago Rodrigues, il est encore mieux de la voir sans que cela soit le sujet. Et ça me gêne toujours un petit peu de voir sur scène toutes les couleurs de peaux représentées, dans une salle remplie de (plus ou moins) vieux bourgeois blancs en bermudas et sandales, mais c’est un autre débat.

Ce fut mon dernier spectacle dans le Off d’Avignon et ça m’a fait du bien. Et même s’il s’agit d’une de ces pièces qui a déjà une tournée longue comme le bras pour la saison 21/22, on a envie de le défendre et d’inciter les gens à se déplacer pour le voir.

INCANDESCENCES

Texte et mise en scène Ahmed Madani

Avec Aboubacar Camara, Ibrahima Diop, Virgil Leclaire, Marie Ntotcho, Julie Plaisir, Philippe Quy, Merbouha Rahmani, Jordan Rezgui, Izabela Zak

Assistanat à la mise en scène Issam Rachyq-Ahrad, création lumière et régie générale Damien Klein, création son Christophe Séchet, création vidéo Nicolas Clauss, regard extérieur chorégraphique Salia Sanou assisté de Jérôme Kaboré, costumes Ahmed Madani et Pascale Barré, coach chant Dominique Magloire

Jusqu’au 30 juillet 2021 au Théâtre des Halles (Avignon Off) puis, notamment, à Bruxelles (du 9 au 27 novembre 2021), Sevran (10/12/21), Bobigny (du 26 au 30 janvier 2022), Libourne, Nîmes, Privas, Poitiers, Mantes la Jolie…

(une autre histoire)

J’aurais dit quoi si la comédienne m’avait demandé à quel âge j’avais perdu ma virginité ? La vérité ? Un mensonge ? Une pirouette ?J’ai perdu ma virginité hier.

– Hier ? Waouh ! Vraiment ?

– Oui, hier, parce que c’est comme si c’était hier, je veux dire, je m’en souviens comme si c’était hier. Mais ce n’était pas hier, hein, que ça soit bien clair !

– On vous croit, on vous croit, quoique, cela aurait été bien original… Et je ne vais pas vous demander comment ça s’est passé, rassurez-vous.

– Mais si, je veux le raconter, j’ai le droit, non ? Tout le monde veut savoir, j’en suis certain ! Ça s’est passé un 20 septembre, elle s’appelait Julia, mais je l’appelais Mademoiselle Julie.

– On va s’arrêter là…

– Et moi, elle m’appelait Alex. Je n’ai jamais osé la contredire, de peur qu’elle s’en aille. Parce que je ne m’appelle pas Alex ni Alexandre…

– Le spectacle doit poursuivre…

– Il faisait nuit et ça s’est passé dans un lit…

– Au secours !

– J’avais mis mon caleçon fétiche…

– Ça va trop loin, j’ai honte…

– Me voilà mélancolique… c’est de votre faute, je vous déteste ! Vite un remède, je n’en puis plus ! Oui, je change d’humeur assez rapidement. Il faut que je consulte, on me le dit souvent. En plus France Inter a arrêté l’émission « Remède à la mélancolie » d’Eva Bester, je ne sais pas comment je vais faire. J’ai envie de chanter.

– Ça ne fait pas partie du spectacle, je précise.

– « J’ai encore rêvé d’elle… »

Vu le lundi 19 juillet 2021 au Théâtre des Halles (Avignon Off)

Prix de ma place : 15,60€ (carte Off)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

LA RONDE (Arthur Schnitzler / Natascha Rudolf / Présence Pasteur / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

« 10 rencontres amoureuses, 5 femmes et 5 hommes passant de bras en bras, dans un jeu de pouvoir et de séduction virevoltant, cruel et drôle : La Ronde de Schnitzler, écrite en 1897, déclencha le plus long scandale de la littérature allemande et fut interdite de représentation durant deux décennies ! » (source : ici)

© Laurent Cibien

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Une petite précision pour les personnes qui ne seraient pas des habituées du Festival Off d’Avignon : le Off, c’est aussi des spectacles qui se jouent dans des salles de classe avec 16 spectateurs, l’appareil de climatisation en guest star et le tableau vert à craie en fond de scène… Comment un « théâtre » peut-il oser proposer de jouer dans ces conditions ? C’est un autre débat.

Le dispositif est trifrontal (des chaises sont installées devant, à gauche et à droite de l’espace de jeu). La pièce se joue en mode dit nomade (un seul praticable de jeu au centre, quelques chaises et accessoires, zéro lumière). Je ne suis ni metteur en scène ni scénographe, mais ça me gêne toujours de voir des spectacles dans d’autres lieux que des théâtres, dans lesquels on n’intègre pas le lieu où on joue. Exemple extrême, le Théâtre du Peuple (à Bussang) où le cahier des charges exige des metteurs en scène d’inclure dans leur mise en scène la fameuse ouverture en fond de scène sur la forêt. Je dis ça et ça me choque tout autant quand les metteurs en scène n’utilisent pas les murs rouges, empreints d’histoire des Bouffes du Nord.

La pièce commence et je me dis « aïe ». Non pas qu’Arnaud Chéron – qui prend la parole en premier – joue mal, mais je ne suis plus habitué à cette façon de jouer. Je crois que j’ai pris des mauvaises habitudes, de voir des pièces ultra-réalistes ou avec une scénographie de dingue. Et là, je suis dans une salle de classe avec deux acteurs qui ne déméritent pas, j’y reviendrai, mais dont le jeu est légèrement excessif (pour moi) et qui n’arrêtent pas de se déshabiller et de se rhabiller, selon les besoins de la pièce. Et je pense, sincèrement, que si je l’avais vu dans d’autres conditions, j’aurais mieux accueilli ce spectacle.

Cela étant dit… Les comédiens jouent les différents personnages, sans toutefois chercher à tout prix à les différencier les uns des autres, ce qui n’entame en rien la compréhension de la pièce – la règle du « on voit A et B dans la scène 1, puis B et C dans la scène 2, puis C et D dans la scène 3, etc » est à mon sens comprise par le spectateur. Et c’est tant mieux ainsi, ce côté sobre me plaît et cela met en avant l’idée qu’en termes de séduction et de pouvoir, on est un peu tous pareil. Quand on est dans l’intime, quand la voix se fait plus bas, c’est tout de suite plus captivant. Et Fanny Touron et son comparse traduisent bien cette impression de ne jamais en finir, comme si on était enfermé avec eux dans une même boucle temporelle (même si l’action se déroule le temps d’une nuit). L’adaptation de la pièce pour deux comédiens (là où elle en requiérait dix) est plutôt maline, sans chercher à faire trop le malin pour trouver des transitions entre les différentes scènes.

Ça commençait mal et pourtant le temps (de la pièce et pour écrire cette chronique) a agi sur moi comme un baume. Peut-être aussi parce que j’ai toujours été malade dans les manèges, en parlant de ronde, ça doit être pour ça.

LA RONDE

Auteur : Arthur Schnitzler

Metteuse en scène : Natascha Rudolf (Compagnie Ligne 9 Théâtre (L9T))

Avec Fanny Touron, Arnaud Chéron

Création lumières et Regisseur technique : Luc Jenny

Jusqu’au 27 juillet 2021 à Présence Pasteur (Avignon Off) et en tournée…

(une autre histoire)

Il y a cinq ans, j’ai passé un mois à Lisbonne, pour écrire. Rien ne sortait. Je suis alors allé à la Cinemateca Portuguesa de Lisbonne voir « La Ronde » de Max Ophuls. Tout s’est ensuite débloqué. Cette structure m’avait inspiré. Ça commençait par un acteur qui ne voulait plus monter sur scène, que dis-je, qui ne pouvait plus. Son corps allait le lâcher, c’était une question de vie ou de mort. Il est finalement monté sur scène et il en est mort. Nous le retrouvons dans la scène suivante dans son cercueil, entouré par trois personnes, un fils inconnu, un régisseur et sa partenaire de jeu. Dans la troisième scène, le fils inconnu est au téléphone avec sa mère. Dans la quatrième scène, sa mère, etc.

J’ai tout mis à la poubelle. Ce n’était pas bon, tout simplement. Mais j’étais content d’avoir écrit, juste écrire. Jamais je n’avais écrit aussi rapidement une histoire. C’était nul, mais c’était pas grave. L’écriture n’est pas une science exacte. J’étais venu à Lisbonne pour écrire et j’ai écrit.

Vu le dimanche 18 juillet 2021 à Présence Pasteur (Avignon Off)

Prix de ma place : invitation

Textes (sauf mention contraire) : Axel Decanis

LE CABARET DES ABSENTS (François Cervantes / le 11. Avignon / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

« Nous connaissons tous des gens qui n’ont jamais passé la porte d’un théâtre, mais pour qui, pourtant, nous continuons à faire du théâtre. Un théâtre, sauvé de la destruction, est confié à un passionné d’art qui y invente une aventure hors du commun. A la fois maison et salle de spectacle, ce théâtre ouvert tous les jours est une sorte de cabaret où les soirées sont des mosaïques de moments inattendus, qui naviguent entre rires et émerveillement. » (source : ici)

© Christophe Raynaud de Lage

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Six comédien.ne.s sont sur scène et commencent à nous narrer l’histoire de ce théâtre un peu particulier, des personnages qui le hantent ou le fréquentent ou qui n’y sont jamais entrés. On est assez rapidement étonné par le ton des acteurices (je fais des tests au niveau de l’orthographe, oui) très neutre, voire trop neutre et très scolaire. Nous n’avons pas Philippe Caubère devant nous et comme le texte de ce conte n’est pas des plus captivants à mon goût, on a des difficultés à se raccrocher à l’histoire de Tagada un enfant abandonné et des autres personnages, malgré la simplicité et la variété des voix.

Ces histoires sont rapidement entrecoupées de numéros de cabaret, comme on en voyait « à l’époque », à la qualité malheureusement assez aléatoire, les numéros chantés étant les plus faibles. Heureusement, la grâce du danseur Sipan Mouradian, la verve d’Emmanuel Dariès (quel bonheur d’entendre cet accent, sans que cela soit un artifice) et le génie comique de Catherine Germain alias la clown Arletti réactivent notre intérêt. Ce personnage de clown est la pépite de ce spectacle – je m’en veux de ne pas l’avoir connue avant et je ne serai pas étonné si j’apprenais qu’Edith Proust et son Georges avait fait une formation auprès de Catherine Germain, tellement j’ai vu de similitudes.

Plus haut, je parlais du ton neutre des récitants, comme pour prendre par surprise le spectateur devant leur numéro, parfois extraordinaire. Il est dommage de n’avoir pas su mieux doser ces instants magiques et poétiques et écourter d’autres un peu trop longs – je suis peut-être injuste pour le coup (je m’excuse tout le temps, faut que j’arrête avec ça)

A la fin du spectacle (d’une durée de 2h quand même), on m’a demandé ce que j’en avais pensé. Je déteste ça, de dire ce que j’en pense. J’avais encore en tête cette clown si drôle, ce repas sur scène… J’aurais dû dire qu’il s’agissait d’un spectacle prometteur mais malheureusement pas à la hauteur de ses ambitions. On va dire ça comme ça.

LE CABARET DES ABSENTS

Texte et mise en scène François Cervantes

Avec Théo Chédeville, Louise Chevillotte, Emmanuel Dariès, Catherine Germain, Sipan Mouradian, Sélim Zahrani

Création son et régie générale Xavier Brousse – Création lumière Christian Pinaud – Régie lumière Bertrand Mazoyer – Création costumes, masques et perruques Virginie Breger – Construction Cyril Moulinié

Production L’entreprise – cie François Cervantes

Jusqu’au 29 juillet 2021 au 11.Avignon (Avignon Off), puis à Marseille du 23 au 30 septembre, à Montpellier les 5 et 6 octobre…

(une autre histoire)

Le théâtre dont parle François Cervantes, c’est le Théâtre du Gymnase, à Marseille. Il se trouve dans une rue perpendiculaire à la Canebière, près du lycée Thiers.

Je suis né à Marseille, j’y ai vécu les vingt-cinq premières années de ma vie puis je suis monté à la capitale, comme on dit. Aujourd’hui, mes parents n’y vivent plus, la mère de mon père est décédée et mon coiffeur est à la retraite. Plus aucune raison d’y retourner, si ce n’est de saluer certains amis, parfois. Mais je consulte toujours les programmations des théâtres marseillais, on ne sait jamais, des fois que j’aurais envie de descendre le temps d’un weekend voir un spectacle, la mer, boire un verre à la Caravelle avec vue sur la Bonne Mère ou me promener dans des quartiers que je ne reconnaîtrais plus.

Je ne sais pas si Marseille me manque. Je ne sais pas si j’aurais envie d’y revenir.

Je ne sais pas ce que je veux, c’est peut-être ça le problème. Je n’ai jamais su, en fait. Voilà le noeud.

Et le temps passe…

Vu le dimanche 18 juillet 2021 au 11. Avignon (Avignon Off)

Prix de ma place : invitation

Textes (sauf mention contraire) : Axel Decanis

LE DISCOURS (Fabrice Caro / Emmanuel Noblet / 3 Soleils / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

« Lors d’un dîner familial, Adrien subit la discussion de son beau-frère qui lui demande de faire un discours pour le mariage de sa soeur. Entre le gratin et les anecdotes de ses parents, il tente d’imaginer des discours plus catastrophiques les uns que les autres alors qu’il n’attend qu’une chose : que Sonia, qui l’a quitté, réponde à son texto de 17h24, lu à 17h56 ! » (source : ici)

© Gilles Vidal

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Quand on lit Le Discours, le roman de Fabrice Caro, on le lit à voix haute. Il se prête à ce genre d’exercice. D’autant plus que, comme dirait l’autre, Adrien c’est moi ! (pas étonnant que l’auteur ait appelé le héros de son roman suivant Axel, mais c’est une autre histoire…)

Le metteur en scène Emmanuel Noblet avait fait des merveilles en adaptant « Réparer les vivants » de Maylis de Kerangal (dans un autre registre, j’en conviens) et je ne pouvais qu’être rassuré en assistant à ce Discours co-adapté avec son interprète impeccable, Benjamin Guillard : la simplicité est toujours de mise. On retrouve l’humour, les digressions du roman… Son héros n’est jamais pris de haut. Aussi parce que son interprète le joue sans le juger. Même si on aime voir ce perdant magnifique ne pas s’en sortir, on le prend d’affection.

La pièce est une bulle pétillante et divertissante, qui remplit de manière intelligente son cahier des charges. Et à aucun moment, je ne me suis dit : « Ohlala, encore un seul en scène. » C’est bête à dire, mais oui, Benjamin Guillard est seul sur scène, mais il sert de manière si juste et dynamique le texte de Fabrice Caro que j’ai oublié. Je ne sais pas pourquoi j’ai précisé cela, mais j’en avais besoin.

Ps : Je fus heureux de constater que la référence à Cioran avait été conservée, mais en revanche, où est Pessoa ? Je cite : « Je ne suis pas comme vous, je vous emmerde, j’ai trop de problèmes dans ma vie pour faire la chenille, j’ai lu « Le livre de l’intranquillité » de Pessoa, vous imaginez quelqu’un qui a lu « Le livre de l’intranquillité » de Pessoa faire la chenille ? » Je suis déçu…

LE DISCOURS

de Fabrice Caro

Mise en scène : Emmanuel Noblet

Interprète : Benjamin Guillard

Adaptation : E. Noblet, B. Guillard

Lumières : Emmanuel Noblet – Décor : Edouard Laug – Son : Sébastien Trouvé – Direction technique : Johan Allanic – Régie : Marc Leroy – Vidéo : Camille Urvoy

Jusqu’au 31 juillet 2021 au Théâtre des 3 Soleils (Avignon Off) et en tournée…

(une autre histoire)

Devant moi, une spectatrice. Son code de téléphone : 7777. Elle ne s’en cache pas. Et si je lui piquais son smartphone après le spectacle ? Besoin de frissons dans ma vie, d’une dose d’adrénaline ! J’ai une bonne endurance, je suis entraîné à courir sur une longue distance… Tous les quarts d’heure, pendant le spectacle, elle fouille dans son sac, prend un tic-tac, vérifie l’heure, boit une gorgée d’eau, vérifie ses messages. Son compagnon fait tomber son portable. Je ne plaisante pas, à chacune des représentations auxquelles j’assiste, au moins un téléphone tombe. A croire que les poches de nos bermudas ne sont pas faites pour garder en place nos objets connectés. C’est décidé, elle est une spectatrice tellement énervante, je vais le faire. En plus… elle met son masque sous le nez ! Je vais le faire. C’est la fin du spectacle, je me tiens prêt, je passe à côté d’elle et pof ! Attends un peu… Je… Je… Je n’arrive plus sortir de mon siège ! Pour faire rentrer un maximum de spectateurs, le théâtre a choisi d’installer des sièges Extra Small. Même dans les avions Ryanair, t’es mieux assis. Même avec mon pauvre mètre soixante-neuf et demi, j’ai l’impression d’être un grand. Et de toujours avoir un gros cul, alors que celui avait un peu perdu de sa splendeur ces dernières semaines. Je reste toujours coincé, comme si j’avais gonflé pendant la représentation. Les gens ne peuvent pas sortir à cause de moi, je les vois enjamber le rang pour partir. La dame au téléphone est déjà loin, avec son téléphone au code 7777. Qu’aurais-je trouvé dans son appareil ? Quel genre de photos ? Les régisseurs enlèvent les accessoires du Discours, posent les décors de la pièce suivante. J’espère qu’elle sera bien la pièce d’après…

Ps : Non, n’insistez pas, je ne parlerai de mon lien si particulier avec l’oeuvre de Fabrice Caro…

Vu le samedi 17 juillet 2021 au Théâtre des 3 Soleils (Avignon Off)

Prix de ma place : invitation

Textes (sauf mention contraire) : Axel Decanis

LIFE ON MARS ? (Cie Thespis / La Factory / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

« Pendant qu’une mission spatiale pour la planète Mars se prépare, des migrants se font former pour devenir auxiliaires de vie. Pour rompre sa solitude, un homme achète les services d’une escort-girl. Dans une entreprise, trois collègues confient à un consultant leurs difficultés à communiquer en open-space. » (source : ici)

© Thespis

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Autant le dire tout de suite, les solitudes contemporaines – le thème de cet assemblage de saynètes – ça me parle. Et c’est un peu ça qui m’a convaincu de voir cette pièce, créée collectivement par la (jeune) compagnie lyonnaise Thespis. Les écritures collectives, ça me parle aussi (pour des raisons que je n’expliquerai pas ici) et je sais qu’il est aussi excitant d’écrire au plateau (grosso modo, le spectacle s’écrit à partir des improvisations faites par les comédiens), qu’il est difficile de bien retranscrire toutes les bonnes idées issues d’improvisations. Car il faut préciser : les bonnes improvisations ne font pas forcément les bons spectacles.

Quand je vois ce que font Lisa Guez (Les Femmes de Barbe Bleue), Pauline Bureau (Féminines) ou Jean-Christophe Meurisse avec les Chiens de Navarre, on perçoit qu’il y a un vrai travail de réécriture. Or dans « Life on Mars ? », je ressens (et je me trompe peut-être) qu’il n’y a qu’une retranscription. Et même si les acteurs sont toutes et tous compétents, parfois drôles et toujours investis, cela ne m’a pas suffi.

On aurait également voulu que les situations soient plus exarcerbées, que cela soit plus saignant. Il y a de bonnes idées, comme ce sketch drôle en trois parties autour d’un mug jaune, objet de la discorde entre trois membres d’un C.E. ou encore cette scène assez émouvante, directement inspirée d’un épisode de Black Mirror ou Real Humans, dans laquelle une femme seule a commandé un humanoïde dont elle va s’éprendre (développement un poil rapide, mais très bien joué).

Je parais peut-être injuste, surtout parce que je suis déçu, parce que j’aurais voulu aimer ce spectacle. J’ai eu d’ailleurs beaucoup de difficultés à écrire ces quelques phrases, pour vous dire la vérité. Et je n’ai toujours pas compris ce que faisait ce tronc de cocotier au milieu de la scène, c’est peut-être pour ça aussi…

LIFE ON MARS ?

par la Compagnie Thespis

Mise en scène : Thai-son Richardier

Avec : Amandine Barbier, Titouan Bodin, Loïc Bonnet, Benoit Ferrand, Mellie Melzassard

Scénographie : Anabel Streihano – Lumière : Bastien Gérard – Costumes : Lysiane Clément

Jusqu’au 31 juillet 2021 à la Factory – Salle Tomasi (relâche les 19 et 26 juillet) – Avignon Off

(une autre histoire)

J’écris ces quelques mots dans un hôtel « Première Classe », en banlieue d’Avignon. Et je suis seul. A côté de moi, un deuxième lit sur lequel j’ai posé divers documents, mon sweat, mon sac, mes chaussettes. Et je suis seul. Les gens passent devant ma chambre, en parlant fort, sans même prendre la peine de baisser d’un ton en passant devant la porte de ma chambre.

Est-ce que vous pourriez pleurer ou au moins avoir la tête qui se penche vers la gauche, la bouche en coeur ? Ooooooh… le pauvre ! Vous vous dites ça ? Vous vous dites ça ?

Je suis à plaindre, hein ? Je suis l’homme le plus malheureux du monde. Bichette… Qu’est-ce que je pourrais écrire d’autre ? Hier matin, j’ai attendu cinq minutes, assis tout seul à une table en terrasse et personne n’est venu me servir. Je suis reparti comme je suis arrivé, seul et sans mon café. Vous pleurez, là ?

JE VIS ENCORE CHEZ MES PARENTS, OK ? Le summum de ma semaine, c’est quand ma mère me prépare du gratin de courgettes le lundi midi !

Ah voilà, enfin. De la compassion, de l’empathie, même. Je peux donc m’arrêter.

Vu le vendredi 16 juillet 2021 à la Factory – Salle Tomasi (Avignon Off)

Prix de ma place : invitation

Textes (sauf mention contraire) : Axel Decanis

On fait le bilan (Avignon Off 2018)

8 jours de festival, 24 spectacles vus dans 17 théâtres différents, 1 concert, 2 spectacles avec de la musique en vrai, 9 seul.e en scène ou one wo.man show, des zizis et des tétés dans 3 spectacles seulement. Le hasard fait que parmi les 24 spectacles vus, 13 ont été mis en scène par des femmes…

HA-D750-012144-nef_FullHD-copyright

Grande satisfaction : J’abandonne une partie de moi que j’adapte (j’ai mis le temps à mémoriser ce titre et on aura l’occasion de (re)voir ce spectacle prochainement en Belgique et en France.

Grandes surprises : Batman contre Robespierre / Ode Maritime

Hors série : le concert de Léopoldine HH

 

Photo Leopoldine HH 3

 

Je ne parlerai pas des déceptions, même si je pourrais m’étendre sur un certain spectacle, qui semble avoir reçu l’unanimité de mes camarades blogueurs. J’espère malgré tout qu’il pourra être repris à Paris et dans le reste de la France pour se confronter à un public plus large.

Il m’est difficile de faire un vrai bilan du OFF, n’ayant vu que 2% des spectacles proposés. Je ne peux que m’étonner de ce nombre très commenté de 1536 spectacles dans le Off. Les différents articles des « Bruit du Off », « Zibeline » et autres journaux régionaux et nationaux y sont revenus en long et en large. Cette année, j’ai donc pu profiter de ma position de « blogueur accrédité » pour observer ce grand cirque. Qu’arrive-t-il aux spectacles, qui ne jouent pas dans les théâtres qui ont la carte ou le vent en poupe, qui n’ont pas d’attaché.e.s de presse efficaces ou qui n’ont pas de relais sur les réseaux sociaux ? J’ai reçu de nombreuses invitations pour assister à des représentations et deux ont retenu mon attention, dans lesquelles j’ai pu lire ceci :

« Ma dernière création « *** », n’a pas encore eu la chance d’être couverte par la presse avignonaise, ni par aucun blog. »

et

« Je sais que vous devez être inondé de demandes, cependant permettez-moi d’attirer votre attention sur mon spectacle « *** » j’aurais aimé que quelqu’un vienne pour avoir une chance d’être peut être parmi vos coups de cœur, qui sait ???? On ne decouvre un artiste qu’en le voyant sur scène… »

Tout ça m’interroge. Pourquoi vais-je voir telle ou telle pièce ? Faisons le récapitulatif  :

Sur les 24 pièces vues : 3 pour le « entendu à la radio » (Constance / Pablo Mira / Roukiata Ouedraogo), 1 pour le buzz Twitter (Un garçon d’Italie), 7 pour les conseils d’amis (J’abandonne une partie de moi que j’adapte / La Violence des riches / Pas pleurer / Trouble(s) / J’ai appelé mes frères / Ode Maritime / Si Richard Si), 7 parce que j’avais déjà vu des pièces des artistes (Lodka / Les Travaux avancent à grands pas / Le Maître et Marguerite / Speed Leving / Polaroïds / La Bataille d’Eskandar / Belle fille), 1 parce que j’aime ses chansons (Léopoldine HH), 2 parce que j’ai écrit un article sur l’opération « Montreuil en Avignon » pour Le Blog de Nestor (Batman contre Robespierre / An Irish Story), 1 parce que copinage (Petite Chimère), 1 pour découvrir un auteur (Love & Money), 1 parce que je ne sais pas, je l’ai senti comme ça (Cent mètres papillon)

En conclusion, il n’y a qu’un seul vrai saut dans l’inconnu (même si le fait que 100m Papillon soit programmé à la Manufacture a aidé)

À part ça… Les (presque) petits nouveaux Le 11 Gilgamesh Belleville (malgré ses problèmes de sécurité) et le théâtre du Train Bleu ont présenté une programmation de qualité, le théâtre des Doms et ses artistes belges s’imposent comme un incontournable. Il est intéressant de constater que la Manufacture et les Doms n’hésitent pas à proposer un abonnement 3 spectacles qui court-circuite la fameuse Carte Off (le tarif est même inférieur à celui proposé avec la carte Off).

Je remercie les lecteurs, les attaché.e.s de presse, les théâtres (mais pas un certain haut lieu du Off qui n’a pas daigné répondre à mes sollicitations « Non, on ne s’en occupe pas sur place, vous appelez la personne responsable… Allô ? Pouvez-vous m’écrire ? » Je conçois que je ne suis pas grand chose ici bas, il n’empêche que je ne peux qu’être déçu par ce théâtre dont j’ai toujours salué la programmation, surtout quand deux des pièces que j’ai chroniquées par ici jouaient devant une salle à moitié remplie (restons positifs)), le Festival Off, les artistes et les compagnies qui ont relayé certaines de mes chroniques sur les réseaux sociaux, les blogueurs…

Et je remercie plus particulièrement Ludovic grâce à qui j’ai pu dormir intra muros durant ma première semaine et ça change la vie et Laurent l’ami marseillais pour notre 9e festival d’affilée ensemble.

Je ne sais pas encore si l’année prochaine je reviendrai, parce que la vie, tout ça… Mais ce fut une sacrée expérience.

 

Ps : J’avais commencé à écrire mes chroniques avignonnaises, à réfléchir sur des capsules audios et/ou vidéos. Or le temps n’est pas extensible, ma fatigabilité a été mise à rude épreuve cette année et je n’en ferai pas plus, parce que je veux me reposer et surtout écrire autre chose d’ici mon périple à Bussang le mois prochain…

Pas pleurer (Salvayre / Laujol / Doms / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

Il s’agit du récit par Lydie Salvayre, de l’histoire de sa mère Montserrat, - dite Montse -, plongée dans la guerre civile espagnole, à l’été 1936. Montse, qui avait quinze ans à l’époque, en a aujourd’hui nonante. Elle est en proie à de gros troubles de mémoire, et a tout oublié de sa vie, excepté cette courte période. Devant sa fille, avec qui elle partage « une petite anisette » qu’on devine strictement interdite par les médecins, elle raconte son petit village perdu en Catalogne. La vie n’y a pas changé depuis le Moyen-Âge, rythmée par les récoltes d’olives, les fêtes de village, les mariages arrangés, son frère Josep, fraîchement converti aux thèses anarchistes et son rival stalinien Diego, les disputes familiales, les premières tentatives de collectivisation, l’irruption de cette idée que, peut-être, tout pourrait changer… (source : ici)

 

gallery_1490111552
Crédits Photos : DR

 

(ceci n’est pas une critique mais…)

Autant le dire tout de suite, je n’ai pas lu le roman de Lydie Salvayre., donc je ne peux point dire si l’adaptation est fidèle ou point. Le dispositif est simple et ultra balisé : une projection d’images en arrière-scène, une musicienne qui joue de la guitare, une comédienne debout derrière un micro. Pour être méchant, j’aime dire que la lecture du bottin téléphonique fonctionnerait avec un tel dispositif. Mais heureusement l’histoire de cette famille en pleine guerre d’Espagne est forcément passionnante et la force de Marie-Aurore d’Awans, la comédienne, est de nous faire croire qu’elle a vécu cette histoire, qu’elle a même écrit cette histoire. C’est le moins qu’on puisse demander à une comédienne au service d’un texte, il n’empêche que grâce à son engagement et sa fougue, la comédienne nous permet de nous replonger dans cette époque pas des plus connues, si on y réfléchit bien.

 

PAS PLEURER

Adapté du roman de Lydie Salvayre

Adaptation et mise en scène: Denis Laujol

Avec: Marie-Aurore d’Awans

Musicienne et création sonore : Malena Sardi

Assistant: Julien Jaillot – Mouvement: Claire Picard – Scénographie: Olivier Wiame – Lumières: Xavier Lauwers – Voix off: Alexandre Trocki – Création vidéo: Lionel Ravira – Responsable technique : Thomas Kazakos – Régie : Julie Bernaets, John de la Hogue

Une coproduction de Ad Hominem, du Théâtre de Poche et de La Charge du Rhinocéros.

au Théâtre des Doms (Avignon Off) jusqu’au 26 août 2018 à 14h30

 

vu le dimanche 22 juillet 2018 au Théâtre des Doms (Avignon Off)

prix de ma place : 13€

 

(quand j’attends dans la file…)

C’est ma dernière pièce. La vingt-quatrième. Elle s’appelle Pas pleurer. C’est drôle. Elle s’appelle Pas pleurer et je vais quitter Avignon dans quelques heures, avant de la retrouver l’an prochain ? Non je ne pleurerai pas. Les années précédentes, j’avais pris l’habitude d’imaginer une petite histoire à partir des titres des spectacles que je voyais. Aujourd’hui, c’est simple. Ça donnerait : (surtout) Pas pleurer.

Voilà à quoi je pense quand j’attends dans la file.

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Trouble(s) spectacle variable (Alexia Vidal / Entrepôt / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

« Trouble(s), spectacle variable » est un spectacle-dictionnaire. Un dictionnaire amoureux ? Subjectif en tous cas. Un dictionnaire subjectif du trouble, de ce qui nous trouble, est troublant, est troublé. Sur scène : des corps vibrants, des mots percutants, entre drôlerie et gravité, une sensibilité à fleur de peau. C’est un spectacle à la forme variable, qui met les spectateurs au cœur de sa construction. Chaque représentation est forcément unique : c’est vous qui choisissez collectivement les étapes de notre voyage à travers des scènes sensibles, troublantes et troublées… (source : ici)

 

(ceci n’est pas une critique mais…)

Si j’avais écrit cette chronique après avoir vu ce spectacle, il aurait été assez cassant et finalement injuste. Car la seule chose qui m’a déplu est le côté participatif. On ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille et on ne choisit pas non plus les spectateurs qui nous accompagnent dans une salle de spectacles. J’eus la fâcheuse impression que ces spectateurs savaient ce qu’ils faisaient, étaient trop à l’aise, même si le malaise n’allait pas tarder à pointer le bout de son nez. Dans un dispositif quadri-frontal, nous devions (nous, spectateurs), choisir des mots parmi ceux proposés, dont les comédiens allaient interpréter leur définition tout à fait subjective. Très vite, certains spectateurs, prirent la main, imposant des mots tels que « bombardements », « X », « youpi », « playback », « haine », « jeu », « chanter », « whisky », etc., commentant leur choix après coup, tentant d’interrompre la scène de haine. Les comédiens avaient alors atteint leur but : immiscer le trouble parmi certains spectateurs. Cette scène en particulier mettait en lumière des « haters », ces personnes qui se cachent derrière l’anonymat des internets pour déverser un flot ininterrompu d’horreurs. On entendit certains membres du public proclamer des « Stop ». Mais où sommes-nous ? Ah oui, on est au théâtre… ce lieu où on peut entendre des histoires, mais aussi jeter un regard sur la société d’aujourd’hui, j’ai failli oublier.

Les scènes, mélange d’écriture collective, de chansons et d’expression corporelle, sont intéressantes, même si certaines sont plus surprenantes que d’autres (leur définition du jeu peut être réservée aux adultes), d’autres un peu trop faciles (chanter : allez, un petit Johnny !).

Mais l’ensemble, par la forme, manque de rythme. Les changements de lumière sont longs, je suppose pour permettre aux acteurs, dont l’investissement est total, de se concentrer sur la scène suivante. Ceci étant dit, j’entends bien qu’il aurait été long et redondant de passer les 26 lettres de l’alphabet in extenso, mais peut-être y aurait-il un autre moyen de faire participer le public, si ce n’est qu’il est intéressant de voir comment réagissent les différents publics, soir après soir.

 

TROUBLE(S) SPECTACLE VARIABLE

Metteuse en scène : Alexia Vidal

Interprètes : Claire Clavi, Éve Coltat, Jérôme Garnier, Julien Perrier 

Créatrice lumière – Régisseuse : Amandine Richaud – Créatrice vidéo : Marie Jumelin 

vu le samedi 21 juillet 2018 à l’Entrepôt (Avignon Off)

prix de ma place : 8€

 

(pendant le spectacle…)

Le comédien me regarde. Il dit son monologue et me fixe du regard. Je soutiens. Je suis fort à ce jeu-là. Il se lève, s’écroule sur la spectatrice à côté de lui, continue à me parler, à me regarder. Je sais que c’est pour moi. Je déplie mes jambes. Il s’approche, agrippe mes genoux. Je ne peux réprimer un sourire, un peu gêné aussi.

Mais pourquoi moi ? Pourquoi ça arrive toujours à moi ? Quoi ma gueule ? Qu’est-ce qu’elle a ma gueule ? Je suis spectacteur professionnel. Le gars me regarde et se dit : « Celui-là, il sait faire, il jouera le jeu ? » ou bien « Putain, il fait la gueule, genre de regard hautain et dédaigneux, je vais le faire chier, l’embarrasser ! ».

Je ne saurai jamais, mais ça fait deux fois en deux mois.

Voilà à quoi je pense pendant le spectacle.

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

ALPHABET SELON LES ARTISTES

Amour : Ecriture collective Bombardements : Inspirée de témoignages de civils syrien issus du journal Libération Chanter :  »Je te promets » de Johnny Halliday. Texte J-J Goldman Dire : Cellule sans texte Entretien : Inspirée d’un documentaire internet sur Pôle-emploi. Foi : Inspirée des prières d’Hadewijch d’Anvers Genre : « Son nata/nato a lagrimar » (Cornelia, Sesto) chanté par Nathalie Stutzmann et Philippe Jaroussky Haine : Texte écrit avec des commentaires ou des textes de sites web, de blogs, facebook, twitter… Intime : Ecriture collective Jeu : Cellule sans texte Kamikaze : Inspirée d’une interview du frère et de la belle sœur de l’un des meurtriers des attentats du 13 Novembre 2015 à Paris et Saint-Denis. Lettres : Lettres de demande écrites à Haïti. « L’autre journal, 1984-1992 une anthologie », édition Les Arènes. Article intitulé « Une demande en mariage ». Et texte inspiré d’un passage du  »Gouverneurs de la Rosée » de Jacques Roumain. Mort : Inspirée des dernières paroles de condamnés à morts américains publiés sur le site internet d’une prison du Texas. Nerveux : Inspirée d’un témoignage déposé sur le site internet  »Le corps des femmes » Orage : Cellule sans texte Play Back : Total Eclipse of the Heart (Single Version), texte: Jim Steinman / voix : Bonnie Tyler  Quelqu’un : Ecriture collective. Rencontre : Inspirée de l’émission  »Trouver l’amour »,  »les pieds sur terre », France Culture. Souvenirs : Cellule sans texte. Sons :  »Les Diplodos », Peugeot 306 Maxi, Jestofunk –  »Say it again’’ Tension : Cellule sans texte Urnes : Inspirée du témoignage de Joe Chandler dans divers médias américains. Violence : Écriture collective inspirée de la performance  »De la poule ou de l’oeuf » de Jérémie Pujau Whisky : Écriture collective. X : Inspirée de  »Hear i come ! » de Baptiste Marie Youpi : Cellule sans texte. Zeste :  »Lemon Incest » (feat. Charlotte Gainsbourg), Serge Gainsbourg. Texte S. Gainsbourg 

Speed Leving (Levin / Brethome / Manufacture / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

Speed LevinG est le fruit d’un constat terrifiant propre à notre société contemporaine : de plus en plus d’histoires de vie et d’amour prennent naissance à l’issue de rencontres « calibrées » dans un cadre « minuté », les soirées « Speed dating ». Dans une distribution franco-israélienne paritaire, cinq femmes et cinq hommes jouent dans leur langue. Cette différence devient un facteur propice à la non réalisation d’histoires amoureuses. (source : ici)

 

(ceci n’est pas une critique mais…)

Hanokh Levin est typiquement le genre d’auteur pour lequel il faut savoir où on met les pieds. Certes, c’est drôle, mais c’est désespéré, l’échec de l’homme dans toute sa splendeur, la solitude moderne…

Par la forme de cette pièce, composée de courtes saynètes, l’ensemble reste inégal, même si les acteurs y mettent du leur pour dynamiser l’ensemble, entrecoupé de danses et de chansons écrites également par le dramaturge israëlien. Le mélange des langues (français et hébreu) est assez artificiel. Malgré le gimmick du « je regarde les sur-titres pour comprendre ce que mon partenaire dit », le bilinguisme n’est pas complètement exploité, me semble-t-il. La durée ne permet pas non plus à tous les acteurs de s’exprimer totalement. Pourtant certains acteurs se démarquent, comme Morgane Peters (qui aime en faire des caisses… en parlant de caisses… si tu n’aimes pas l’humour scatologique, passe ton chemin) ou Diana Golbi.

En somme, un spectacle enlevé, non dénué de défauts, qui met à nouveau en lumière le(s) théâtre(s) de Hanokh Levin.

Ps : Encore une fois, je pose ma candidature pour la relecture des sur-titres : de trop nombreuses fautes syntaxiques étaient présentes. Je fus vice-champion départemental d’orthographe des Bouches du Rhone quand j’étais en cinquième, ce job est pour moi !

 

SPEED LEVING

Metteur en scène : Laurent Brethome

Textes de Hanokh Levin (Éditions théâtrales), traduction Laurence Sendrowicz

assistant mise en scène Alex Crestey – création musicale Jean-Baptiste Cognet – création lumière David Debrinay – préparation au chant Jeanne-Sarah Deledicq – chorégraphie Aurélien Desclozeaux – préparation physique Valentin L’Herminier – photo de couverture : Olivier Quéro

Avec les élèves-comédiens de troisième année de l’ERACM : Fernand Catry, Nicolas Gachet, Morgane Peters , Frederico Semedo Rocha , Leslie Granger et les élèves-comédiens de Nissan Nativ Acting Studio (Tel Aviv) Tamir Ginsburg, Hadar Glesinger , Diana Golbi , Netta Gold , Maya Koren

Coproduction ERACM, Compagnie Le menteur volontaire. En collaboration avec Nissan Nativ Acting Studio (Tel Aviv)

à la Manufacture Patinoire (Avignon Off) jusqu’au 26 juillet 2018 à 19h50

 

vu le vendredi 20 juillet 2018 à la Manufacture Patinoire (Avignon Off)

prix de ma place : 19,50€

 

(quand j’attends dans la salle…)

Le premier Hanokh Levin, c’était là, à la Patinoire. La Putain de l’Ohio. Je venais de prendre une claque monumentale dans le in avec « Les Particules Élémentaires » par Julien Gosselin. J’enchaîne car je voulais découvrir l’écriture de l’auteur israélien. Je suis au deuxième rang et pendant le dernier tiers de la pièce, je vois un acteur vieillissant, le pantalon et la culotte sur les chevilles, en train de se rouler dans la terre et littéralement de tirer sur le zizi pour mimer la masturbation. Impossible de sortir, j’aurais été obligé d’attendre dans la cour que le spectacle se termine pour reprendre la navette. Aujourd’hui c’est mon deuxième Hanokh Levin et me voilà qui prend peur.

Voilà à quoi je pense quand j’attends dans la salle.

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

J’appelle mes frères (Khemiri / Rosenblatt / Manufacture / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

Amor, jeune européen né de l’immigration marche dans sa ville au lendemain d’un attentat. Quelle attitude adopter quand on ressemble comme un frère à ceux qui…? Le téléphone sonne, ses proches s’inquiètent, ils connaissent ses angoisses. Et Amor marche encore, court, tremble sous le regard des passants. Est-il réellement observé, traqué, coupable? Aux quatre comédiens se mêle un groupe de onze amateurs, des habitants de la ville sur scène. C’est un spectacle percussif et urbain, qui avance au rythme d’Amor. C’est le récit d’une crise identitaire, mais aussi la possibilité d’un apaisement. (source : ici)

Simon-Gosselin-festival-avignon
Crédits photos : Simon Gosselin

(ceci n’est pas une critique mais…)

J’aurais tant aimé adorer cette pièce, recevoir la claque qu’il m’a manqué pendant ce festival (off) et vu le sujet, cela aurait pu être celle-là. Pourtant il m’a manqué un petit quelque chose ou, si je puis m’exprimer ainsi, plusieurs petits quelques choses. L’acteur principal, Slimane Yefsah, ne démérite pas, mais j’ai l’impression qu’il joue toujours sur le même rythme, j’entends une même musique. La pièce écrite par J.H. Khemiri doit être comme on l’a vue à la Manufacture, mais j’aurais aimé voir un peu plus les personnages secondaires, interprétés par des acteurs très justes. Je me suis aussi interrogé sur la présence de choeur, que j’aurais aimé voir plus présent. En résumé, j’aurais aimé que le curseur soit plus haut dans tous les paramètres, parce que j’ai suivi le cours des événements mais n’ai pas ressenti ce que cette pièce aurait pu me donner.

C’est honnête, respectable, mais il m’a manqué quelque chose. (je crois qu’on l’a compris)

 

J’APPELLE MES FRÈRES

Metteur en scène : Noémie Rosenblatt

Traduit du suédois par Marianne Ségol-Samoy. Le théâtre de J.H. Khemiri est publié aux éditions Théâtrales, éditeur et agent de l’auteur.

Avec : Priscilla Bescond, Kenza Lagnaoui, Maxime Le Gall, Slimane Yefsah et un groupe de 11 amateurs

Accompagnement des amateurs : Julie Minck – Scénographie : Angéline Croissant – Lumière : Claire Gondrexon – Régie lumière : Alix Weugue – Son : Marc Bretonnière – Régie son : Damien Gandolfo – Mouvement : Marie-Laure Caradec – Costumes : Camille Pénager – Administration : Le Bureau des Filles : Annabelle Couto et Véronique Felenbok – PRODUCTION : Compagnie du Rouhault

à la Manufacture Patinoire  (Avignon Off) jusqu’au 26 juillet 2018 à 15h50

 

vu le vendredi 20 juillet 2018 à la Manufacture Patinoire (Avignon Off)

prix de ma place : invitation

 

(quand j’attends dans la salle…)

Waouh, cette année, ils ont changé les fauteuils ! Non, ils ont seulement mis une housse sur les sièges en plastique. Il y a toujours aussi peu de place pour les jambes, et je ne dépasse pas le mètre soixante-dix, et toujours cette sale impression d’avoir un gros cul… Ok, j’ai un gros cul. Je reformule, j’ai toujours cette satanée impression d’avoir des kilos en trop… Ok, j’arrive pas à m’en débarrasser. Je gagne, je perds… Ben là, j’ai toujours cette putain d’impression de déborder de mon fauteuil. Non, je n’ai pas besoin d’un putain de régime. C’est à cause de vos sièges, voilà, je suis énervé.

Voilà à quoi je pense quand j’attends dans la salle.

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Belle fille (Tatiana Vialle / Petit Louvre / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

« Belle-fille » raconte, avec douceur, drôlerie et lucidité, cette relation particulière, parfois complexe qui lie un enfant au nouvel amour de sa mère. Un récit tendre et bouleversant que l’on suit comme une confession qui nous est directement adressée… (source : ici)

 

37301790_1658364700953486_3591565323519655936_n
Photo de couverture : Caroline Bottaro

 

(ceci n’est pas une critique mais…)

2 raisons pour lesquelles j’ai choisi de voir ce spectacle plutôt qu’un autre : le thème et l’actrice.

Maud Wyler est une actrice, je trouve, trop méconnue et pourtant que cela soit au cinéma (2 automnes 3 hivers de Sébastien Betbeder, pour ne citer que lui) ou au théâtre (déjà vue dans le Cyrano avec Philippe Torreton, Trissotin… version Macha Makeieff ou La Révolte aux Déchargeurs), elle a toujours fait preuve d’une présence lumineuse et d’un talent indéniable, ce qui est encore le cas dans cette pièce, qui, à bien des égards, pourrait se rapprocher par son traitement et les sentiments qu’il convoque des « Bijoux de Pacotille » de Céline Milliat-Baumgartner et mise en scène par Pauline Bureau. L’univers y est peut-être moins onirique, mais la sensibilité et une certaine pudeur y sont communes.

Le texte (autobiographique) de Tatiana Vialle est simple, fluide, direct. Il n’y a aucune fioriture et on est captivé du début à la fin par ce récit d’une relation entre une jeune fille et son beau-père.

Je parlais de pudeur un peu plus haut. Comme « Les Bijoux de pacotille », « Belle-fille » a un lien avec le cinéma car le fameux beau-père l’était vraiment, de par ses rôles dans nombre de films. Pourtant, ce n’est que dans le dernier tiers que son prénom sera dit, que son image sera projetée (même si, pour quiconque un tant soit peu cinéphile, on peut deviner un peu plus tôt grâce à l’évocation d’un film qui aura marqué le cinéma français.)

La mise en scène est sobre, laisse toute la place au texte et à Maud Wyler, même si on peut pinailler en voyant une énième scène de danse sur une musique pop (ici Eurythmics « Sweet Dreams ») ou sur la présence d’un autre acteur (Antoine Prud’homme de la Boussinière) à la toute fin de la pièce qui n’était pas indispensable pour clore ce témoignage.

Il n’empêche, on espère voir ce moment de théâtre intime vivre au-delà du Off d’Avignon.

 

BELLE FILLE

écrit et mis en scène par Tatiana Vialle

Avec Maud Wyler et Antoine Prud’homme de la Boussinière

Scénographie et costumes Hélène Kritikos – Lumières Dominique Fortin – Régie Charles Degenève

Production : En compagnie des ours – Coproduction : Le Bruit neuf

jusqu’au 29 juillet 2018 au Petit Louvre (salle Van Gogh) (relâche le 25) à 20h25 (Avignon Off)

 

vu le vendredi 20 juillet 2018 au Petit Louvre (Avignon Off)

prix de ma place : invitation

 

(quand j’attends dans la file…)

Je crois que j’ai oublié de manger aujourd’hui. Je réfléchis… Un pain au chocolat ce matin acheté dans une boulangerie autour des Halles puis… Ben plus rien. Je comprends mieux pourquoi j’ai faim. J’ai le temps de m’éclipser et de revenir dans la file ? Bien sûr que non, je vais sortir, je vais virer et tourner, ne parvenant pas à me décider sur la teneur de ma sustentation, comme d’habitude. Je reste là où je suis, voilà. Je vais gargouiller, je le sais, je mangerai plus tard. Des brochettes au poulet. J’ai l’eau à la bouche. Ça tombe bien, ma bouteille est vide et j’ai soif.

Voilà à quoi je pense quand j’attends dans la file.

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Photo de couverture :

Petite Chimère (Magali Frumin / Les Voyageurs Immobiles / Présence Pasteur / Avignon Off 18)

(de quoi ça parle en vrai)

Une demoiselle s’amuse à coudre le monde. Il est fait de mille et un tissus doux et enveloppants, peuplé d’animaux colorés, à pois, à rayures. Un petit va sortir de l’œuf. C’est un être chimérique, pas tout à fait fini, mais déjà bien curieux. Il part découvrir cet univers tissé. Il y rencontre d’étonnantes bestioles agiles et farceuses qui lui donnent envie de danser, de voler, de nager… (source : ici)

 

Cie Les voyageurs Immobiles - Petite chimère
Affiche : Margot Frumin / Photographie : Erik Dominano/ Lepetitcowboy.com

 

(ceci n’est pas une critique mais…)

« Petite Chimère » se présente sous deux versions : pour les moins de 3 ans et entre 3 et 6 ans. Je suis un grand, je suis venu tout seul à Présence Pasteur, donc ça sera pour moi la deuxième version.

Le spectacle s’articule autour de deux parties : la première est du théâtre dans le théâtre et parvient très clairement à expliquer, sur un mode ludique, sans que cela soit trop didactique, comment un spectacle se construit, de l’écriture à la conception du décor, en passant par les lumières et la composition de la musique, que de nombreuses personnes y participent, sans oublier les différentes inspirations (par exemple, des albums jeunesse). La deuxième partie est le spectacle lui-même, avec ce drôle de personnage qui va se découvrir.

Et ça fonctionne. Les enfants présents étaient captivés (et Dieu sait que je déteste les enfants donc c’était un bon point), les adultes également. Parce que c’est inventif et poétique. C’est du théâtre de marionnettes, d’objets et tout comme les décors, c’est fait main. Ce côté artisanal est très plaisant, parce qu’on s’imagine les petites mains s’affairer aux coutures. Ce qui est génial, je trouve, c’est que le jeune spectateur est partie prenante du spectacle, on ne lui cache rien (ou presque) : tout a été construit, conçu pour raconter une histoire et pourtant on entre dans celle-ci avec une facilité déconcertante. Le dispositif permet à notre boîte à imagination de fonctionner à plein régime. Si j’étais enseignant, j’emmènerais mes élèves voir ce joli spectacle…

 

PETITE CHIMÈRE

Mise en scène / conception décor Magali Frumin

Jeu / manipulation Magali Frumin ou Florence Bertagnolio

Recherches graphiques / sulptures marionnettes Olivier Brenier – Musique et bruitages Marie de Nazelle – Costumes et habillage décor Louise Bloch – Structure décor Pierre Gosselin – Accessoires Magali Frumin, Florence Bertagnolio et Margot Frumin – Habillage décor et marionnettes : Margot Frumin – Lumières Jérémie Alexandre

à Présence Pasteur (Avignon Off) jusqu’au 29 juillet 2018 à 10h40 (- 3 ans) et à 11h45 (3-6 ans)

 

vu le vendredi 20 juillet 2018 à Présence Pasteur (Avignon Off)

prix de ma place : 4€

 

(quand j’attends dans la file…)

La première fois de toute ma vie où je suis allé au théâtre… J’en ai déjà parlé et c’est justement ça le hic. J’y suis allé bien trop tard. Quand j’étais petit, je ne suis jamais allé au théâtre, parce que j’étais trop petit pour y aller et que personne n’a jamais pensé m’y emmener. Y avait la télé et le cinéma de quartier, c’était bien suffisant. Au collège, c’est moi qui ai voulu en faire et un peu en voir et personne d’autre. Allons bon, d’où me vient cette appétence (j’aime ce mot) pour le théâtre ?

Voilà à quoi je pense quand j’attends dans la file.

 

NB : Magali Frumin m’avait mis en scène dans le cadre d’un atelier théâtre à l’Université de lettres d’Aix-en-Provence en 1999 dans « La demande d’emploi » de Michel Vinaver (théâtre Antoine Vitez, Aix-en Provence).

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

La Bataille d’Eskandar (Samuel Gallet / Les Halles / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

Une femme rêve d’un séisme qui lui permettrait d’échapper aux huissiers en les faisant disparaître. L’urgence est telle et le rêve est si fort que la catastrophe advient. Tout s’effondre. Dans la ville d’Eskandar, la nature reprend ses droits. Un zoo est laissé à l’abandon, des fauves s’échappent et attaquent celles et ceux qui n’ont pas pu ou voulu partir. Cette femme s’enfuit de chez elle et s’enfonce dans la zone pour abattre des lions. À la fois effrayée et fascinée par la  propagation du désastre, elle investit une école abandonnée, à la porte de laquelle un obscur criminel en cavale vient frapper. (source : ici)

LA BATAILLE D'ESKANDAR
©Tristan Jeanne-Valès

(ceci n’est pas une critique mais…)

En faisant quelques petites recherches, je ne fais pas étonné de découvrir que « La Bataille d’Eskandar » existait déjà sous forme de pièce radiophonique sur France Culture, tellement j’aurais pu fermer les yeux et m’imaginer cette ville, les animaux, ces personnages. Doux outils de persuasion que sont les mots, les voix et les instruments. Mais cela aurait été me priver du regard de Pauline Sales (dont je connaissais seulement les mots et les mises en scène (J’ai bien fait ? bientôt au théâtre de la Tempête à Paris !)), de la force d’interprétation de Samuel Gallet, l’auteur de la pièce, de la concentration des musiciens, de la parfaite osmose entre les comédiens et les musiciens.

« La Bataille d’Eskandar » est un rêve poétique et musical.

 

LA BATAILLE D’ESKANDAR

De Samuel Gallet

Mise en scène et dramaturgie Le Collectif Eskandar

Création lumière Adèle Grépinet, régie lumière Adèle Grépinet et Laurent Poussier, création et régie son Fred Bühl, décor Les ateliers du Préau, costumes Malika Maçon

Avec Samuel Gallet (jeu), Aëla Gourvennec (composition musicale, piano, violoncelle) Pauline Sales (jeu), Grégoire Ternois (composition musicale, percussions, claviers)

Jusqu’au 29 juillet 2018 à 21h15 (sauf les lundis) au Théâtre des Halles (Avignon Off)

 

vu le mercredi 11 juillet 2018 au Théâtre des Halles (Avignon Off)

prix de ma place : invitation

 

(quand j’attends dans la file…)

C’est mon dernier spectacle de ma première phase. 18 spectacles en 5 jours. Donc 18 textes écrits (ou à écrire). Je reviens bientôt. Mais je ne ferai pas comme ça. J’ai oublié ma résolution : prendre le temps, moins consommer. Consommer vient du latin consumere, qui veut dire manger, absorber, détruire. Voilà.

Voilà à quoi je pense quand j’attends dans la file…

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Polaroïds (Annabelle Simon / Théâtre du Train Bleu / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

POLAROIDS est l’histoire de Marie, une fille qui se cherche au milieu de ses souvenirs, de ses modèles féminins et de ses échecs. Une quête qui oscille entre sport et littérature, Ricard et Champagne, légendes familiales et contes de fées. Si chacun des textes composant POLAROIDS est écrit comme un instantané de vie, ils seront vécus comme des épreuves par la comédienne au plateau. Le public assistera ainsi à une succession de performances, chacune laissant son empreinte, sur la comédienne, dans l’espace et donc dans le regard des spectateurs. De cette accumulation de traces finira par émerger le dessin final de notre personnage, la personne qu’elle est aujourd’hui comme un nouveau polaroid… (source : ici)

 

(ceci n’est pas une critique mais…)

Je plaide coupable : je n’ai pas lu la note d’intention avant de me rendre à la représentation de « Polaroïds ». Parfois j’hésite. Souvent je ne le fais pas. Et j’ai peiné ici à trouver le lien entre ces (courts) moments, à appréhender cette narration éclatée. Plusieurs personnages, une figure centrale, différentes périodes. Je me suis perdu. En revanche, la comédienne Claire Marx n’était pas perdue et m’a même épaté, passant avec brio d’une scène à une autre, d’une intention à son opposé, sans avoir forcément l’appui de jeu de la transition ou de la petite musique qui va avec. Et c’était d’autant plus frappant que la comédienne paraissait réellement marquée lors des saluts par sa performance qui ne lui a laissé aucun répit. On pourrait alors voir dans cette pièce le portrait d’une comédienne qui tente de passer d’une histoire à l’autre, d’une émotion à une autre, avec les seuls accessoires présents sur scène, comme une petite fille dans sa chambre avec ses jouets.

 

POLAROÏDS

Mise en scène et écriture : Annabelle Simon

Avec : Claire Marx

Scénographie : Antonin Boyot Gellibert – Création lumière : Vera Martins – Création sonore : Thomas Courcelle & Annabelle Simon – Régie : Vera Martins – Assistant(s) : Antonin Boyot Gellibert

Production : Compagnie Lalasonge

Jusqu’au 29 juillet 2018 à 15h50 (sauf les lundis) au Théâtre du Train Bleu (Avignon Off)

 

vu le mercredi 11 juillet 2018 au Théâtre du Train Bleu (Avignon Off)

prix de ma place : invitation

 

(quand j’attends dans la salle…)

Ça fait quoi aux artistes sur scène de nous voir dans la salle ? Je sais ça. Attendez, je précise. Qu’est-ce que ça fait de nous voir fagotés de la sorte ? Avant les gens savaient s’habiller, se pomponner, mais maintenant… Cela reste peut-être encore d’actualité à l’opéra, et encore… Ça vous fait quoi, de nous voir arriver en bermuda et sandales ?

Voilà ce à quoi je pense quand j’attends dans la salle…

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Ode Maritime (F. Pessoa / S. Roquette / Parvis d’Avignon / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

Le poème de Pessoa évoque un homme au bord de la mer qui est venu sur un quai désert attendre quelqu’un qui ne viendra pas. À la faveur d’une rêverie, il se plonge dans un passé imaginaire : « Tout navire au loin vu maintenant est un navire dans le passé vu de près. Pour lui, « tout le quai est une mélancolie de pierre », et l’ancienne vie maritime des bateaux à voile le fascine car elle est « la Distance absolue, le Pur lointain, libéré du poids de l’Actuel »… Il est ensuite entraîné dans un délire où il redécouvre une identité ancestrale, celle des marins des vieux navires, puis des légendaires pirateries sanguinaires. Il ne ressortira pas indemne de cette traversée : elle le conduira dans les profondeurs de son enfance, à la racine de sa vie. Au terme de ce voyage intérieur, c’est son rapport au présent et à la réalité qui s’en trouvera transfiguré. (source : ici)

 

PHOTO Ode maritime
Crédits photos : Émile Zeizig

 

(ceci n’est pas une critique mais…)

Sur les bons conseils d’une amie infiltrée, me voilà dans cette ancienne chapelle, presque nouveau lieu de création, pour entendre mon ami Fernando Pessoa… pardon… Alvaro de Campos, que j’affectionne tout particulièrement.

Nous sommes placés face à l’autel, un pupitre est installé, le comédien arrive et démarre sa lecture tel un prêche un dimanche matin. Choix surprenant. La voix est assurée, le regard posé, nous voilà embarqués.

C’est avec fièvre que Stanislas Roquette s’empare de ce texte poétique, jamais simple. Mais le principal est là : on entend le texte, on le redécouvre pour ceux qui ont la chance de connaître la plume de Pessoa et de ses hétéronymes. Le pupitre, la lecture ne sont que des appuis de jeu que l’acteur fera valdinguer littéralement. Le rythme s’accélère, le comédien s’enflamme.

Un lieu, les mots de Pessoa, un comédien humble et passionné, tout est réuni pour assister à un moment inoubliable.

 

ODE MARITIME

Texte de Fernando PESSOA / Álvaro DE CAMPOS / Traduction : Dominique TOUATI, revue par Parcidio GONÇALVES et Claude RÉGY

Conception et interprétation : Stanislas ROQUETTE (Compagnie Artépo)

Mise en scène : Stanislas ROQUETTE et Miquel OLIU BARTON

Création son : Jérémy OURY et Julien HATRISSE – Création lumière : Geneviève SOUBIROU et Yvan LABASSE 

les 13, 17, 18, 19 juillet 2018 à 17h au Parvis d’Avignon (Avignon Off)

 

vu le mardi 10 juillet 2018 au Parvis d’Avignon (Avignon Off)

prix de ma place : invitation

 

(entre mes mains…)

Je relis Pessoa. Son livre de l’intranquillité écrit par son hétéronyme Bernardo Soarès a bénéficié d’une nouvelle traduction, ses textes d’un nouvel agencement. ce nouvel ouvrage, désormais, de l’inquiétude, est entre mes mains, sur les marches du Parvis d’Avignon. Je tente de retrouver un texte que j’avais appris par coeur, by heart, il y a dix-sept ans :

« Lorsque les gouttes de pluie ralentirent leur chute sur les toits, et que le milieu pavé de la chaussée se mit à refléter le lent bleuissement du ciel, le bruit des véhicules fit alors résonner un autre chant, plus fort et plus joyeux, et l’on entendit les fenêtres s’ouvrir contre le désoubli du soleil… »

Seules ces phrases me restent en mémoire. Je ne retrouve pas le texte, les nouveaux mots. Je feuillette, je m’arrête, je lis. Me voilà replongé dans la prose de Bernardo Soarès, buvant chacune de ses paroles. A bientôt.

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

« Je demande la route » par Roukiata Ouedraogo (Théâtre du Train Bleu / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

Vous connaissez Roukiata, la chroniqueuse sur France Inter dans l’émission Par Jupiter!, découvrez Roukiata, la comédienne dans Je demande la route. Roukiata conte avec dérision et auto-dérision son parcours, riche en péripéties, qui la mène de son école primaire en Afrique aux scènes parisiennes. Chacune de ses aventures est l’occasion d’une réflexion drôle et délicate sur les décalages culturels entre la France et l’Afrique. Elles sont aussi l’occasion d’aborder sans tabou des sujets graves et profonds tels que l’excision, l’éducation et la santé en Afrique ou encore de l’immigration. Au terme de ce parcours initiatique c’est une Roukiata devenue une femme accomplie et sûre de ses choix qui reviendra au pays, retrouver les siens. À travers toutes ces situations, l’humoriste se moque d’elle (beaucoup) et de nous (un peu). (source : ici)

(ceci n’est pas une critique mais…)

« Par Jupiter » est définitivement à Avignon : après Pablo Mira, Constance, me voilà au Théâtre du Train Bleu pour la représentation de « Je demande la route » par Roukiata Ouedraogo. Et même si la climatisation de la salle est légèrement trop froide pour moi, l’humoriste burkinabaise nous accueille comme si nous avions pris un aller simple pour Ouagadougou.

« Je demande la route » est une expression typique de là-bas qui résume bien Roukiata Ouedraogo. Elle nous emmène en voyage, entre l’Afrique et la France, avec sa délicatesse, sa gentillesse et son sens de l’observation.

Roukiata Ouedraogo a un indéniable talent de conteuse, mais qui sait être mordante (la Françafrique ou les rues du Burkina Faso portant le nom de nos chers présidents) ou sérieuse (notamment lorsqu’elle parle des migrants ou de l’excision). Et on sent qu’on n’est qu’au début de son voyage et qu’elle pourrait nous parler encore des heures et des heures, notamment de son expérience de femme noire et comédienne en France. À suivre…

 

ROUKIATA OUEDRAOGO dans JE DEMANDE LA ROUTE

Mise en scène : Stéphane Eliard

Auteur : Roukiata Ouedraogo & Stéphane Eliard 

Création lumière : Gaël Cimma – Régie : Alexandre Varette

Production : Ki M’aime Me Suive – Collaborateur Artistique: Ali Bougheraba

Jusqu’au 29 juillet 2018 à 13h30 (relâche les lundis) au Théâtre du Train Bleu (Avignon Off)

 

vu le mardi 10 juillet 2018 au Théâtre du Train Bleu (Avignon Off)

prix de ma place : invitation

 

(quand j’attends dans la file…)

Une amie m’a demandé combien d’éditions du festival d’Avignon j’avais fait. Vingt peut-être ? Première édition en 1996. Mais pas en 2007. En 2007, j’ai passé l’été au Togo. Je ne savais même où c’était ni quelle était sa capitale. C’est donc coincé entre le Bénin et le Burkina Faso et sa capitale est Lomé. Je me souviens du Togo parce que… parce que… J’ai fait le Togo, quoi. Et j’ai perdu sept kilogrammes. Et j’ai gagné deux furoncles et un poil blanc sur mon torse. Et j’en ai eu pour deux mois d’antibiotiques à mon retour, parce que j’étais le seul blanc à bouffer de l’agoutti (c’est un rongeur). Oui, j’ai fait le Togo cet été-là au lieu d’aller à Avignon.

Voilà à quoi je pense quand j’attends dans la file…

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

J’abandonne une partie de moi que j’adapte (Group Nabla / Théâtre des Doms / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

Au départ, il y a le film: Chronique d’un été, exploration documentaire de la notion de bonheur, de Jean Rouch et Edgar Morin. Ensuite, du cinéma-vérité des années 60, nous glissons vers une théâtralité joyeusement contemporaine. Réappropriation poétique et politique opérée avec talent par une jeune équipe d’artistes trentenaires. Qu’en est-il de la question du bonheur aujourd’hui ? s’interrogent-ils, vifs et dansants, avant de nous tendre un miroir intemporel. (source : ici)

 

HA-D750-012110-nef_FullHD-copyright

 

(ceci n’est pas une critique mais…)

Pour ceux qui me suivent en dehors d’Avignon, j’ai l’habitude de ne pas lire les notes d’intention et autres bibles avant de voir la pièce. Pour cette pièce dont je mélange toujours les mots du titre (« j’adapte une partie… ou j’abandonne une partie… ? », j’étais resté sur Jean Rouch, Edgar Morin et l’évocation du documentaire « Chronique d’un été », y voyant une nouvelle pièce recréant les années soixante comme j’avais vu voir il y a quelques années à la Manufacture l’adaptation réussie de « La Maman et la Putain » de Jean Eustache par le metteur en scène suisse Dorian Rossel. Et ici c’est bien plus que cela. C’est seulement le point de départ.

Très vite, on se prend à aimer ces jeunes comédiens, à les voir recréer avec amusement et vérité les accents et autres intonations de Rouch, Morin et des autres intervenants du documentaire dont on verra un court extrait. Je pense alors au spectacle de Nicolas Truong, Judith Henry et Nicolas Bouchaud; « Interview », qui m’avait fait découvrir le travail de Jean Rouch, notamment par le truchement de ce fameux documentaire et de la non moins fameuse question : Êtes-vous heureux ? ». Je ne vais pas raconter par le menu détail le déroulé de la pièce. Les acteurs vont changer de costume, de peau, d’époque, la notre, mais les questions vont rester les mêmes, notamment celle-ci : quel sens voulons-nous donner à notre vie ?

Cette pièce est enthousiasmante, car il y a tout ce que j’aime dans le théâtre : une simplicité (des décors sur roulettes, un drap qui se déplie et qui fait office d’écran sur lequel sont projetés des extraits de films, etc.), du dynamisme, du plaisir, des acteurs épatants et justes, du fond (la question du travail où on peut s’épanouir est forcément une question qui me/nous taraude présentement), aucune faute de mauvais goût.

Plus qu’un simple coup de coeur, une pièce qu’on a envie de revoir, de faire découvrir au plus grand monde et ce n’est pas si fréquent…

J’ABANDONNE UNE PARTIE DE MOI QUE J’ADAPTE

Un projet initié et mis en scène par: Justine Lequette

Écriture collective

Avec: Rémi Faure, Benjamin Lichou, Jules Puibaraud, Léa Romagny

Assistant à la mise en scène: Ferdinand Despy – Création lumière: Guillaume Fromentin

Production Création Studio Théâtre National Wallonie-Bruxelles – Coproduction Group Nabla.

Jusqu’au 27 juillet 2018 à 19h30 au Théâtre des Doms (Avignon Off) puis au festival Impatience au CentQuatre et/ou au Théâtre de Gennevilliers en décembre 2018

vu le lundi 9 juillet 2018 au Théâtre des Doms (Avignon Off)

prix de ma place : invitation

 

(quand j’attends dans la salle…)

La comédienne nous regarde arriver, nous dévisage. Elle sourit. Elle me voit, me fixe du regard. Je suis décontenancé, fais semblant de compter le nombre de projecteurs. J’ose lancer un regard vers elle, qui a trouvé une nouvelle victime.

Voilà ce qui peut se passer quand j’attends dans la salle…

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Cent mètres papillon (M.Taffanel / N. Pulicani / La Manufacture / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

Cent Mètres Papillon raconte l’histoire de Larie, un adolescent épris de natation. Il suit le courant en quête de sensations, d’intensité et de vertiges. Au rythme de rudes entrainements, et de compétitions éprouvantes, il rêve d’être un grand champion. Ce récit témoigne de ses joies et de ses doutes, « au fil de l’eau ». C’est aussi l’histoire de Maxime Taffanel, nageur de haut niveau devenu comédien, l’histoire de son corps poisson devenu corps de scène. (source :  ici)

 

Visuel 2 © Ludo Leleu.jpg
Crédits photo : Ludo Leleu

 

(ceci n’est pas une critique mais…)

En ma qualité d’ancien nageur en club à Marseille à la piscine Haïti dans le 12e arrondissement (du CP à la 6e, soit 6 ans de compétition le dimanche matin), nous avons affaire là à un vrai nageur. Merci, au revoir.

Blague à part, s’il n’y avait qu’un mot à retenir, cela serait le mot « sensation ». La recréation sur scène des sensations qu’on peut éprouver en nageant est remarquable : l’enchaînement des mouvements, leur rythme. L’envie qui nous fait avancer, continuer (ou son absence) qui est aussi ici bien représentée, qu’on retrouve en natation, au théâtre… : Que se passe-t-il quand on n’a plus envie alors qu’on est destiné à faire carrière dans tel ou tel milieu ? On arrête ? Comme ça ? Ou le doute.

Maxime Taffanel est un corps, celui d’un ancien nageur, doté d’une intelligence de jeu, se glissant d’un personnage à un autre, parfois même avec drôlerie.

Un joli moment, en somme.

PS : Cette micro-critique ne contient aucun jeu de mot d’ordre sportif ou « natationnel ».

 

100 MÈTRES PAPILLON

Idée originale et texte: Maxime Taffanel

Adaptation et mise en scène: Nelly Pulicani

Jeu: Maxime Taffanel Création musicale: Maxence Vandevelde – Création lumières : Pascal Noel – Conseils costumes: Elsa Bourdin

Production Collectif Colette

Jusqu’au 26 juillet 2018 à 16h25 (sauf les 12 et 19) à la Manufacture (Avignon Off)

 

vu le lundi 9 juillet 2018 à la Manufacture (Avignon Off)

prix de ma place : invitation

 

(quand je suis dans la salle…)

Je suis heureux, on me fait signe qu’il reste un siège. Je n’aurai pas à poser mon séant sur un coussin sur les marches. Pardon Monsieur, pardon Madame. Je suis assis. Ah ! Oui ! Je comprends mieux. Le poteau. Il y a un poteau en face de ma face. « Non mais c’est gênant, tout de même », dis-je avec la voix de Bourvil. Note pour plus tard : trouver un moyen pour mettre un poteau au milieu de mon article et empêcher la lecture de certains mots.

Voilà à quoi je pense quand je suis dans la salle…

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Léopoldine HH (Arrache-Coeur / Avignon Off)

(ceci n’est pas une critique mais…)

Alors on peut dire : « Oui, mais les concerts à Avignon, ça n’a pas sa place… ». Certes. Mais Avignon pour moi, c’est le spectacle vivant et là-dedans, on peut y mettre du théâtre, de la danse, du clown, du cirque, de la danse (je l’ai déjà dit) et pourquoi pas de la musique, y en a bien dans le In ! Et pour qui a eu la chance de voir Léopoldine HH et ses acolytes sur scène, il y a tout à la fois.

Déjà entendre les chansons, donc les mots. Léopoldine nous raconte qu’elle a voulu chanter les mots qu’elle aimait lire, dans des romans, des pièces de théâtre. Ça m’a fait penser à un des meileurs albums francophones de ces dix dernières années : Cristal Automatique de Babx dans lequel il chantait Baudelaire, Rimbaud, Aimé Césaire… Ici nous n’avons peut-être pas d’auteurs de ce calibre (ça se discute), mais ça transpire l’amour de la littérature (note pour plus tard : demander la liste des chansons) et ici on aime ça, quand des artistes qu’on affectionne se font passeurs (Gwenaëlle Aubry, je le note).

Photo Leopoldine HH 3

Pis Leopoldine est souriante, tout le temps. Y a une générosité et un humour. C’est ludique. Pis y a l’euphorie qui nous prend comme ça. Y a de la (bonne) musique avec des bidules et des machins, sans compter les inénarrables Maxime Kerzanet et Charly Marty qui savent meubler comme personne (mais ils ne savent pas faire que ça…)

A noter que nos trois compères ont une solide formation théâtrale et qu’on retrouvera Léopoldine HH (Hummel) au Théâtre de la Ville la saison prochaine dans une pièce de l’excellent Marc Lainé, ceci explique aussi cela…

Je l’avais ratée en concert à Paris et après le concert à Avignon, si Jean Rouch m’avait demandé : « Êtes-vous heureux ? » J’aurais répondu : Oui, à 100%.

(ceci est un aguiche d’une prochaine chronique concernant un autre excellent spectacle…)

 

LÉOPOLDINE HH (accompagnée de Maxime Kerzanet et Charly Marty) à l’Arrache-Coeur jusqu’au 29 juillet 2018 (sauf les 11, 12, 18 et 25) à 15h (Avignon Off), dans le cadre de la 6e édition de « On y chante » qui regroupe les talents ADAMI.

vu le lundi 9 juillet 2018 à l’Arrache-Coeur Avignon Off

prix de ma place : invitation

 

PS : C’est un peu de la réclame, mais au même endroit à 18h, toujours dans le cadre de l’opération (très intéressante) « Talents Adami On y chante » il y a Batlik qui chante Cioran… Avec Pessoa c’est mon auteur préféré… Oui, je resplendis de joie de vivre !


 

(quand j’attends dans la file…)

Si je mange un bretzel maintenant, alors qu’il fait très chaud, alors je vais avoir soif. Si j’ai soif, je vais boire. J’ai donc besoin d’eau. En tout cas, un liquide qui étancherait la soif. J’aime pas le pastis. Je suis marseillais et je n’aime pas le pastis. Ma mère m’a déshérité et mon père ne m’a jamais parlé. L’eau est rare, il faut la preserver, donc je ne bois pas. Et comme je transpire beaucoup, je m’assèche malgré le léchage intensif de mes aisselles. Et je meurs.

Voilà à quoi je pense quand j’attends dans la file après qu’on m’a donné un badge « Bretzel Party »…

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Le Maître et Marguerite (Boulgakov / Mendjisky / 11 Gilgamesh Belleville / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

Conte fantastique, satire politique, histoire d’amour et chef-d’oeuvre de la littérature russe du XXe siècle, l’adaptation du Maître et Marguerite par Igor Mendjisky prend des allures de grande veillée. En images et en musique, il nous invite chaque soir à une traversée de ce magistral manifeste pour la liberté de penser. (lien : ici)

Photo Le Maître et Marguerite@Pascal Gély
© Pascal Gely

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Déjà auréolé d’un succès parisien au Théâtre de la Tempête au printemps dernier, Igor Mendjisky et sa troupe débarquent au 11 Gilgamesh Belleville pour une série de représentations qui affiche déjà complet ou quasiment. Et c’est avec un grand souvenir de « Nous avons couru comme dans un rêve », que je me rends dans ce théâtre qui ne cesse de (bien) grandir.

Je n’ai pas vu l’adaptation de Simon McBurney ni lu le roman (que je possède quelque part dans ma bibliothèque) et après avoir vu la pièce de Igor Mendjisky, je veux lire le roman (en espérant que ça ne soit pas une passade, comme certaines de mes résolutions). Je me doute que ce monument littéraire ne doit pas être aisé à adapter. En tant qu’objet théâtral, il est d’excellente facture : les différentes actions, présentes et passées, ici et ailleurs sont très bien gérées, claires. La troupe est homogène, même si j’ai un faible, en tout bien tout honneur, pour le flegme et la perfidie de Romain Cottard.

La pièce est divertissante, ingénieuse, captivante, le tout dans le désordre. Just a (almost ) perfect day !

vu le dimanche 8 juillet 2018 au 11 Gilgamesh Belleville (Avignon Off)

prix de la place : invitation

LE MAÎTRE ET MARGUERITE

D’après Mikhaîl Boulgakov

Metteur en scène et adapatation Igor Mendjisky

Avec Adrien Melin, Romain Cottard, Igor Mendjisky, Pauline Murris, Alexandre Soulié, Marion Déjardin, Yuriy Zavalnyouk et Pierre Hiessler

Assistant mise en scène Arthur Guillot – Traduction du Grec ancien Déborah Bucchi – Lumières Stéphane Deschamps – Costumes May Katrem et Sandrine Gimenez – Vidéo Yannick Donet – Scénographie Claire Massard et Igor Mendjisky – Constructions décors Jean-Luc Malavasi

jusqu’au 27 juillet 2018 à 19h40 (sauf les 11 et 18) au 11 Gilgamesh Belleville (Avignon Off)

(quand j’attends dans la file…)

Iyakashka m’avait dit que « Le Maître et Marguerite » était un des meilleurs romans existants. Je suis une personne faible. Quand on me dit ça, je fais les choses qu’on attend de moi, c’est à dire : acheter. Je n’ai toujours pas lu Boulgakov. Je ne revois plus Iyakashka, qui ne s’appelle pas Iyakashka, tout comme je ne m’appelle point Sashashenko. Un jour je lirai ce roman.

Voilà à quoi je pense quand j’attends dans la file…

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Lodka (Chêne Noir / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

Les artistes co-auteurs du spectacle culte La Famille Semianyki (…) reviennent dans leur nouvelle création LoDka (en Russe « petit bateau »). Passés maîtres dans l’art du Clown, ils nous embarquent cette fois-ci dans le tumulte du quotidien d’un petit théâtre : un univers à lui tout seul, où les acteurs sont piégés dans les personnages d’une pièce dont l’écriture échappe à tout contrôle. (lien : ici)

 

lodka-theatre-du-chene-noir-1-1024x683-800x800
Je n’ai pas trouvé l’auteur des photos, mais les droits sont réservés…

 

(ceci n’est pas une critique, mais…)

En faisant quelques recherches, je suis tombé sur les photos des comédiens de LoDka sans leur maquillage. C’est époustouflant à quel point, après un long moment de maquillage, je présume, et surtout des années d’apprentissage du clown, on peut se métamorphoser, en une vieille dame, un vieux beau, une vamp drôlatique (même si au naturel… l’artiste en question a de quoi jouer les vamps drôlatiques…).

Malheureusement, après mon habituel moment d’adaptation face à ce genre de spectacle (clown + onomatopées), j’ai trouvé que l’action mettait du temps à se mettre en place. L’autrice écrit une nouvelle pièce et parvient à engager un acteur qui a eu naguère sa renommée : c’est seulement là que ça décolle. L’intérêt pour les tableaux est assez inégal  : les artistes « rament » pour faire avancer la situation et les tableaux les plus captivants sont ceux où, justement, l’action fait une pause et où la poésie et la chorégraphie l’emportent : je pense à ce jeu de miroir ou à ces personnages qui volent.

Malgré mes réserves, il convient de saluer le sens de l’organisation de l’équipe qui fait tourner les décors et autres accessoires du spectacle avec brio pour un espace qu’on imagine assez restreint, le sens du rythme des acteurs que j’ai eu tout de même plaisir à revoir et à reconnaître pour la plupart après « La Famille Semianyki ».

 

vu le dimanche 8 juillet 2018 au théâtre du Chêne Noir, Festival Avignon Off)

prix de la place : invitation

 

LODKA

De et avec Olga Eliseeva, Alexander Gusarov, Yulia Sergeeva, Marina Makhaeva (artistes du Teatr Semianyki) et Natalia Parashkina

Mise en scène : Sergey Bysgu

Scénographie : Boris Petrushanskij / Lumière : Egor Bubnov / Son : Sergey Ivanov

Production Quartier Libre

Jusqu’au 29 juillet 2018 (sauf les lundis) à 10h au Théâtre du Chêne Noir (Avignon Off)

 

(quand j’attends dans la file…)

– Vous ne passez pas, Monsieur. Patientez.

– Mais j’ai la carte !

– Je ne vous écoute pas, Monsieur. Vous voyez bien !

– Et ces gens-là, ils passent, alors pourquoi pas moi ?

– Parce que vous avez votre place.

– Mais non !

– Mais si !

– Mais non, c’est mon badge, je veux dire mon accréd…

– Mais pourquoi vous ne le portez pas autour du cou ?

– Ben parce que…

– Voilà, c’est mieux, il faut toujours la porter autour du cou. Pourquoi se cacher ? Vous pouvez passer, Monsieur. Mais il faudra ressortir quand vous aurez votre place et vous me remontrerez votre sac, parce que j’aurai oublié son contenu… Bon festival !

Voilà ce qui peut se passer (ou presque) quand on attend dans la file…

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Batman contre Robespierre (Alexandre Markoff / Le Grand Colossal Théâtre / Théâtre du Train Bleu / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

Assistez à la chute de Jean-Claude Barbès, un type qui n’avait pourtant jamais rien fait de mal. Il a une femme, un fils, un appartement, un banquier, un emploi, des repas en famille avec son beau-frère le samedi. Bref, il a tout. Mais il va tout perdre sans comprendre pourquoi. Vous voulez savoir comment ? Venez-vous divertir et assister à sa chute, puisqu’il paraît qu’on rit beaucoup mieux du malheur des autres.. (source : ici)

 

DSC_0014
Crédits photos : Le Grand Colossal Théâtre

 

(ceci n’est pas une critique mais…)

Autant vous prévenir que le titre de la pièce n’est pas forcément à la hauteur de celle-ci, même si c’est accrocheur et qu’un simili-Batman fera seulement son apparition dans le dernier tiers du spectacle (mazette, j’ai oublié d’avertir de ce divulgâchage).

On est cueilli devant l’énergie (et ceci n’est pas une formule passe-partout cette fois-ci) des quatre acteurs. Ce quatuor ne nous laisse aucun répit, joue de multiples rôles (excepté Sylvain Tempier qui interprète avec justesse le personnage principal Jean-Claude Barbès) et parvient à partir de rien à tout nous faire croire. Trois chaises, quatre acteurs et nous voilà embarqués dans une histoire kafkaïenne qui nous fera rire tout au long de la pièce, même si le sourire deviendra grave au fur et à mesure que le personnage principal, Jean-Claude, se noie et n’arrive plus à rebondir. Parce que, outre l’économie (voulue) de moyens qui nous fait travailler notre imagination à 100% et des acteurs sensationnels, la pièce n’a pas oublié d’être un texte et d’avoir un propos pertinent, politique, social. Cette histoire d’homme à qui le pire arrive, sans qu’il ne voit rien venir, sans comprendre grand chose, ça pourrait être toi, toi ou moi. Et grâce à cela, malgré le côté farce, on a énormément d’empathie envers J-C.

Mon petit bémol serait que certaines scènes s’étirent peut-être un peu trop (notamment celle dans le bistrot où les amis de Jean-Claude arrivent un à un). On trouve même un côté « Chiens de Navarre » pour les scènes de développement personnel et d’entreprise, ce qui n’est pas pour me déplaire (même si Les Chiens de Navarre n’ont rien inventé non plus, je précise également).

C’est mon premier coup de coeur de ce festival off 2018, pour un spectacle, qui n’est, certes, pas une création – la pièce a déjà de nombreuses heures de route à son compteur – mais qui reste une découverte et surtout l’assurance de suivre ce Grand Colossal Théâtre dans l’avenir (qui est maintenant).

 

vu le samedi 7 juillet 2018 au Théâtre du Train Bleu (Avignon Off)

prix de la place : invitation

 

BATMAN CONTRE ROBESPIERRE

Mise en scène : Alexandre Markoff

Auteur : Alexandre Markoff

Création lumière : James Feret

Production : Grand Colossal Théâtre

Avec : Farid Amrani, Sebastien Delpy, Sylvain Tempier, Aline Vaudan

Jusqu’au 29 juillet 2018 à 19h30 (sauf les lundis) au Théâtre du Train Bleu (Avignon Off)

 

 

(quand j’attends dans la file…)

Je ne sais pas pourquoi j’ai toujours su que Robespierre avait été assassiné par Charlotte Corday dans son bain… Ah ben non, ça c’est Marat. Oubliez ce que je viens de dire. Robespierre… Je ne suis jamais descendu à la station de métro Robespierre. Dans un sketch, on parlait de Jean-Marc Thibault. Quand je lis le nom de Batman à voix haute, je le dis toujours avec la voix de Taz, le Diable de Tasmanie.

Je fatigue déjà, me voilà qui divague. Le festival, toute cette pression…

Voilà à quoi je pense quand j’attends dans la file…

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Une (mini) sélection OFF AVIGNON 18 très subjective et désordonnée…

Si j’ai bien lu, 1538 spectacles seront programmés cette année dans un Off d’Avignon, qui enfle, qui enfle chaque année… 1538. Quand on y pense, si on voit 5 spectacles par jour, uniquement dans le Off, entre les 6 et 29 juillet inclus, on ne verra que 7,80% des spectacles proposés. Encore une fois cette année, je ferai confiance, comme bon nombre de fidèles festivaliers, en la programmation de certains théâtres qui ont toujours fait preuve d’audace, d’innovation, de curiosité et d’une certaine qualité, je pense à La Manufacture (qui s’enrichit de deux nouvelles salles), au Théâtre des Halles (un des théâtres permanents d’Avignon, dirigé par Alain Timar), au 11 Gilgamesh Belleville (dont la bonne réputation s’est propagée comme une traînée de poudre), pour ne citer que ces trois-là. D’autres pépites seront proablement disséminées ailleurs, je pense à la Parenthèse, au théâtre Artéphile, aux Doms

Pour ma part, je serai présent en Avignon pendant « seulement » 8 jours, à raison de 4 spectacles par jour, ce qui fait tout de même une belle moyenne, laissant aussi la place à la découverte, au bouche à oreille et au repos (si si)… et aussi à l’écriture, puisque j’ai la chance de bénéficier cette année d’une accréditation blog/presse, m’obligeant à écrire quasi instantanément sur les spectacles vus (chose que je fais déjà à Paris, avec plus ou moins de bonheur, mais là, ça sera 4 spectacles par jour, ça risque d’être un brin sportif).

Je vous présente donc ma petite sélection tout à fait subjective et désordonnée, à partir de mes recherches sur les différents sites des théâtres (puisque le site du Off n’a toujours pas mis en ligne son catalogue, à l’heure où est publié cet article) : 

 

1/ J’ABANDONNE UNE PARTIE DE MOI QUE J’ADAPTE par le Group Nabla au Théâtre des Doms (du 6 au 26 juillet 2018 à 19h30 (relâche les 11 et 18) – durée : 1h10)

e54e65e61b
Crédit photo : Hubert Amiel

Parce que ma très grande amie belge l’a vu fin 2017 au Théâtre National Wallonie Bruxelles et qu’elle m’en dit le plus grand bien (ou l’argument ultime). Pour information, la pièce a été sélectionné pour le prochain festival Impatience qui célèbre le théâtre émergent (au CentQuatre et au T2G).

 

2/ VOICI MON COEUR C’EST UN BON COEUR de et avec Anne Alvaro, Nicolas Daussy, Thierry Thieû Niang à la Belle Scène Saint-Denis / La Parenthèse (du 9 au 20 juillet 2018 à 19h (relâche le 15) – durée : 1h)

(photo by Pascal Victor/ArtComPress)
Crédit photo : Pascal Victor

Parce que, hormis le plaisir de voir Anne Alvaro et d’entendre sa voix, un soir d’avril, au sortir de la pièce Club 27, de triste mémoire, au TGP Saint-Denis, une amie et moi avions rencontré une spectatrice sur le quai du RER, qui sortait de ce spectacle et nous avait vraiment donné envie d’entendre ces textes d’autrices amérindiennes.

 

3/ PETITE CHIMÈRE de la Compagnie Les Voyageurs Immobiles à Présence Pasteur (du 6 au 29 juillet 2018 à 10h40 pour les 0-3 ans et à 11h45 pour les 3-6 ans (relâche les 9, 16 et 23) – durée : ?

Parce que la créatrice de ce spectacle, Magali Frumin, m’a mis en scène à la fac dans « La demande d’emploi » de Michel Vinaver et que j’avais déjà vu et apprécié « Le bruit des couleurs », autre spectacle jeune public qu’elle avait créé.

 

4/ LE MAÎTRE ET MARGUERITE par Igor Mendjisky au 11 Gilgamesh Belleville (du 6 au 27 juillet 2018 à 19h40 (relâche les 11 et 18) – durée : 1h50

183563-weblena
Crédit photo : Léna Roche

Parce que j’ai vu deux spectacles de la compagnie des Sans Cou (« Notre Crâne » et « J’ai couru comme dans un rêve ») et que je suis bien curieux de voir ce nouveau spectacle, déjà présenté au théâtre de la Tempête à Paris.

 

5/ POLAROÏDS par la Compagnie Lalasonge au Théâtre du Train Bleu (du 6 au 29 juillet 2018 à 15h50 (relâche les 9, 16 et 23) – durée : 1h20)

24_18

Parce que j’ai vu l’unique actrice de ce spectacle, Claire Marx, dernièrement dans les Manigances de Johanne Debat au théâtre de l’Opprimé et que ça m’a donné envie de la suivre.

 

6/ J’APPELLE MES FRÈRES par la Compagnie du Rouhault à la Manufacture (du 6 au 26 juillet 2018 à 15h55 (relâche les 12 et 19) – durée : 2h)

spectacle-jappelle-mes-freres-la-manufacture
Crédit photo : Compagnie du Rouhault

Parce qu’une amie me l’a conseillé et je crois bien que j’ai fait un réveillon avec la metteure en scène, mais je n’en suis pas certain.

 

7/ SPEED LEVING (Hanokh Levin – Laurent Brethome) à la Manufacture (du 17 au 26 juillet 2018 à 19h50 (relâche le 19) – durée : 1h45)

spectacle-speed-leving-la-manufacture
Compagnie le Menteur Volontaire

Parce que les élèves de l’ensemble 25 de l’ERACM que j’ai suivi sur au moins trois spectacles (encore grâce à l’ami marseillais…).

 

8/ LÉOPOLDINE HH à l’Arrache-Coeur (du 6 au 29 juillet 2018 (relâche les 11, 12, 18 et 25) à 15h – durée : 1h)

Parce que je suis tombé par hasard sur un de ses clips et que cette chanson m’a obsédé assez longtemps…

 

9/ SI RICHARD SI par Florence Fauquet et Chloé Lasne au Théâtre des Béliers (du 6 au 29 juillet 2018 à 10h50 (relâche les 9, 16 et 23 / séances supplémentaires : les 15 et 22 à 19h) – durée : 1h15)

Si-Richard-Si-56
Si Richard si

Parce que l’ami marseillais l’a vu l’an passé et me l’a conseillé. Et que je ne peux résister à une histoire autour de Richard III (même si je n’ai pas aimé celle de Thomas Jolly… c’était ma confession)

 

10/ UNE LÉGÈRE BLESSURE au Théâtre des Halles (du 6 au 29 juillet 2018 à 19h30 (relâche les 9, 16 et 23) – durée : 1h)

Parce que le texte de Laurent Mauvignier, parce que Johanna Nizard.

 

11/ LA VIOLENCE DES RICHES au Théâtre des Carmes  (du 6 au 23 juillet 2018 à 11h25 (relâche les jeudis) – durée 1h10)

Parce que ça parle de violence sociale et que… ben… on est en plein dedans.

 

12/ UN GARÇON D’ITALIE (Philippe Claudel / Mathieu Touzé) au Théâtre Transversal  à 10h35

20160905_135647-640x350

Parce que j’en entends parler depuis longtemps grâce aux réseaux sociaux et que je suis curieux… (et si Arnaud Laporte en dit aussi du bien…)

 

13/ LODKA au Chêne Noir  (du 6 au 29 juillet 2018 à 10h (relâche les 9, 16 et 23) – durée : 1h20)

lodka-theatre-du-chene-noir-2-1024x724-800x800

Parce que Semianyki.

 

14/ 100 M PAPILLON par le Collectif Colette à la Manufacture (du 6 au 26 juillet 2018 à 16h25 (relâche les 12 et 19) – durée 1h05)

maxime-taffanel-cent-metres-papillon
Crédit photo : Collectif Colette

Parce qu’avant on disait « je peux pas, j’ai piscine »… Ce n’est absolument pas un argument, mais comme aujourd’hui « je peux pas, j’ai théâtre » l’a remplacé…

 

15/ LETZLOVE de Pierre Maillet à la Manufacture dans le cadre des Night Shot (du 21 au 26 juillet 2018 à 23h – durée : 1h10)

PORTRAIT FOUCAULT
Pierre Maillet

Parce que Michel Foucault.

 

16/ BELLE FILLE au Petit Louvre  (du 6 au 29 juillet 2018 à 20h25 (relâche les 11, 18 et 25) – durée 1h10

page-35-visuel-Belle-Fille-765x510

Parce que Maud Wyler.

 

17/ LES TRAVAUX AVANCENT À GRANDS PAS, un projet collectif L’Amicale au 11 Gilgamesh Belleville (du 6 au 27 juillet à 15h (relâche les 11, 18 et 25) – durée 1h10)

183563-ipknoted_arm_digger_affiche_02-1

Parce que chaque jour sera différent et que j’espère bien tomber sur le projet d’Antoine Defoort voire celui d’une certaine Ina Mihalache…

 

18/ LA PEAU D’ÉLISA de Carole Fréchette au Théâtre des Halles (du 6 au 29 juillet 2018 (relâche les 9, 16 et 23) à 17h – durée : 1h10)

Parce que l’écriture de Carole Fréchette ne me quittera pas de sitôt…

 

19/ CONSTANCE « Pot Pourri » au Ciné Vox (du 7 au 29 juillet 2018 à 14h – durée : 1h10)

Pot-Pourri_Affiche_610-HD

Parce qu’il me manquait un spectacle d’humour, entendre un one-wo.man show. Parce que Constance me fait rire, que je l’ai déjà vue sur scène et qu’elle est une des rares humoristes qui ne m’a pas fait dire : « 1h c’est trop long… »

 

20/ AN IRISH STORY au Théâtre Artephile

21/ LOVE & MONEY au 11 Gilgamesh Belleville

******

Avant de partir… je voudrais ajouter que de nombreux théâtres (tous les théâtres ?) font relâche ici ou là mais ne ferment pas pour autant leurs portes et proposent, en lieu et place des spectacles, moults événements dont des lectures, notamment celle (musicale) du roman de Maryam Madjidi « Marx et la Poupée » en français et en langue des signes par la Compagnie Les Petits Plaisirs le 9 juillet à 23h à la Factory (nouveau nom du théâtre de l’Oulle) !

Photo20420Melp_preview.jpeg

 

À suivre…