Palace (Jean-Michel Ribes / Théâtre de Paris)

(de quoi ça parle en vrai)

« Retrouvez la série culte « Palace », adaptée par Jean-Michel Ribes et Jean-Marie Gourio au Théâtre de Paris. « Ni souvenirs, ni nostalgie, simplement l’envie de laisser s’échapper sur scène la folie, le rire et l’émotion de ce Palace qui ne m’a jamais quitté, tout comme ceux avec qui je l’ai inventé. » Jean-Michel Ribes. Une véritable percée de non-sens à l’audace joyeuse ! » (source : ici)

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Crédits photos : DR

 

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Il est des spectacles pour lesquels nous aimerions ne rien savoir avant que le rideau rouge ne s’ouvre. Parce que « Palace », je le vois venir depuis un an exactement, traînant derrière lui son lot de souvenirs télévisuels, du temps où je regardais des choses que je ne comprenais pas forcément (remarquez, ça m’arrive encore), les interrogations quant au bien-fondé de l’entreprise (mais pourquoi donc ressortir sous forme spectaculaire un série humoristique vieille d’une petite trentaine d’années ?)…

Faire revenir Palace d’entre les morts était donc une fausse bonne idée.

Cette série, qui compte désormais plus de morts que de vivants dans sa distribution, aurait dû rester dans son formol. Je parais méchant en disant cela car le résultat n’est pas catastrophique, mais son adaptation scénique, trente ans plus tard, était une mission impossible et surtout inutile.

Hormis pour faire jouer la corde nostalgique, monter « Palace » aujourd’hui n’a aucun sens. L’écriture et la mise en scène paraissent datées, les seules allusions à l’actualité récente (les migrants et le réchauffement climatique) arrivent comme deux cheveux sur la soupe (je défie le Directeur du Palace de nous expliquer ce que ça vient faire là, alors que tout est fait pour nous garder dans les années 80) et pire que tout, je n’ai pas eu envie d’être heureux à la sortie du théâtre, comme le désirerait Jean-Michel Ribes. (mais je suis un éternel grincheux, c’est peut-être pour ça… petit bonhomme qui fait un clin d’oeil)

Au fil du spectacle, on regarde sa montre, même si un groom nous donne régulièrement l’heure du palace (oui, parce qu’en fait, on vit une journée dans la vie d’un palace et ces 24 heures s’éternisent…) D’ailleurs la durée du spectacle (1h50 avec le final) est supérieure à la durée moyenne d’un épisode (1h30) (et ce n’est pas la faute aux changements de décors, qui, pour le coup, sont assez efficaces, hop un bon point !)

Malgré tout, on peut saluer l’investissement des comédien.nes (ça fait tout de même bizarre de voir ici une Anne-Elodie Sorlin loin de ses compagnons des Chiens de Navarre), des chorégraphies bien exécutées par des danseur.ses mignon.nes tout plein.

Bon ça fait une semaine que j’ai le générique dans la tête et le spectacle m’a presque laissé de marbre, je fais comment maintenant ?

 

PALACE

D’après la série télévisée de Jean-Michel Ribes

Adaptation Jean-Marie Gourio & Jean-Michel Ribes

Mise en scène Jean-Michel Ribes

Comédiens et Danseurs Salim Bagayoko, Joséphine de Meaux, Salomé Dienis-Meulien, Mikaël Halimi, Magali Lange, Jocelyn Laurent, Philippe Magnan, Karina Marimon, Gwendal Marimoutou, Coline Omasson, Thibaut Orsoni, Simon Parmentier, Christian Pereira, Alexie Ribes, Rodolphe Sand, Emmanuelle Seguin, Anne-Elodie Sorlin, Alexandra Trovato, Eric Verdin, Philippe Vieux, Ben Akl, Armelle Gerbault 

Assistante mise en scène Virginie Ferrere – Musique Germinal Tenas – Arrangements Gilles Tinayre – Chorégraphie Stéphane Jarny – Décors Patrick Dutertre – Costumes Juliette Chanaud & Patrick Dutertre – Lumières Laurent Béal – Son Virgile Hilaire – Maquillage / Coiffure Maurine Baldassari

Au Théâtre de Paris pour une durée encore indéterminée…

 

(je pense tout haut)

 – La fille de Jean-Michel Ribes ne démérite pas sur scène, mais je suis toujours gêné par ce népotisme. Et dire que mon père n’a jamais voulu que je travaille aux Impôts durant mes étés estudantins…

– Je crois que je suis en train de tomber amoureux de la danseuse, celle qui… attends, je les confonds… celle avec le rouge à lèvres et les sourcils… La danseuse qui danse avec ses jambes et qui sourit…

– Quand ils passent la musique du générique de « Palace » à un volume sonore élevé à la fin de la représentation, c’est pour cacher le manque d’applaudissements ? C’est très contraignant, j’aimerais ne pas applaudir en rythme, mais je n’y arrive point.

– Je ne comprends pas, ils auraient pu introduire une pause publicitaire pendant un changement de décor et nous aurions tous repris en choeur : « C’est la MAAF ! »

– Je veux pas cafter mais Philippe Magnan ne connaissait pas les paroles de la chanson lors des saluts… Magnifique poisson !

– Est-ce qu’on parle des prix des places pour ce spectacle ? Si j’ai assisté au spectacle, c’est uniquement parce que j’ai bénéficié d’une offre promotionnelle grâce à la newsletter du théâtre du Rond Point (que dirige Jean-Michel Ribes). 73€ en carré or, 58€ la première catégorie, 28€ pour une place en visibilité réduite (avant la promo) !!! Alors oui, je sais, le spectacle vivant coûte cher… J’étais assis en fauteuil d’orchestre mais je n’avais pas suffisamment de place pour mes jambes (alors que je ne mesure qu’1m69 et demi) et ma visibilité fut également quelque peu réduite à cause du spectateur placé devant moi. J’ai même vu la Maire de Paris, placée deux rangs devant moi, se décaler de deux sièges pour mieux y voir… Nous sommes au Théâtre de Paris, donc c’est Anne Hidalgo qui est responsable de tout cela : Hidalgo démission !!!

 

Vu le mardi 24 septembre 2019 au Théâtre de Paris

Prix de ma place : 23€, cat.1 (promo newsletter Rond Point – au lieu de 58€)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Troy Von Balthazar au Petit Bain

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Troy Von Balthazar… Son nom est tout un poème. L’artiste d’origine hawaïenne et désormais limousin ne cesse de m’émerveiller : Troy l’Enchanteur.

Vendredi soir, il était en concert au Petit Bain, en double plateau avec Michel Cloup Duo. Certes, c’est l’ancien membre de Diabologum qui tenait le haut de l’affiche, mais TVB a su captiver son audience une heure durant. On ne sait jamais qui vient pour qui. Ce soir, et ça fait du bien à voir et à entendre, le public écoute religieusement les sons et les mots concoctés par Monsieur Von Balthazar. Très peu de téléphones levés aussi, nous pouvons le souligner.

L’homme aux 599 chansons tristes et 1 moins triste, passe d’une époque à l’autre, de « I block the sunlight out » à « Tigers » en passant par la plus récente « Filthy Days ». Il est tout seul, au clavier, à la guitare, agissant sur ses multiples pédales, tel un artisan consciencieux et investi (il fabrique même les fondus sonores pour ses fins de chansons en direct). Sa voix est claire, mélancolique. Il ne sait parfois pas ce qu’il fait, il l’avoue. Il se lance, ferme les yeux et nous envoie ses images mentales directement dans notre inconscient.

Pour les vieux de la vieille, il tente même une reprise de son ancien groupe, Chokebore.

Il fait partie de ces artistes qui ne déçoivent jamais sur scène, qui ne ME déçoivent jamais. Je répète souvent cette expression : « un moment suspendu ». Ça en était un : alors même que je maudissais la salle du Petit Bain, structure flottante sur la Seine, de tanguer tant, il suffit de l’arrivée, sans tambour ni trompettes, de TVB, pour que j’oublie mon malaise.

Pourquoi Troy Von Balthazar ne connait-il pas une renommée plus importante ? Peut-être parce que…

« I want to change the world, I want to change the world, I want to change the world… But not today… Maybe tomorrow… »

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Crédits photos : Axel Ito

TROY VON BALTHAZAR au Petit Bain (+ Michel Cloup Duo) – 20/09/19

 

(une autre histoire)

Troy, tu n’as pas joué deux de mes chansons préférées : « Dogs » et « Rainbow ». Certes, pas de toute première jeunesse. Certes, tu as six cents chansons dans ta besace. Mais tu aurais dû savoir que j’étais là et que je voulais les entendre, encore, en vrai. Tu n’es pas un juke-box à pièces, tu n’es pas le DJ à qui on demande de jouer telle ou telle chanson, je le concède. « Rainbow » a longtemps été ma sonnerie de téléphone. Aujourd’hui c’est « Starman » de David Bowie. Tu as eu ce privilège avant Bowie, te rends-tu compte ? Ok, je laisse toujours mon téléphone en mode silence ou vibreur, donc ça ne sert pas à grand chose.

Je me souviens, la première fois que je t’ai vu, à la Maroquinerie en 2006 ou au Point Ephémère l’année d’avant, je ne sais plus, je n’ai plus toute ma tête, tu portais une perruque, tu étais un petit facétieux dans ton genre. Tu réglais tes instruments tel un régisseur lambda. Je ne savais pas que tu étais Troy. Je ne t’avais pas reconnu parce que je ne t’avais jamais vu.

Troy… Troie… Point de cheval. Troyes, c’est dans le Limousin ? J’ai toujours été nul en géographie.

Balthazar… Y a un excellent groupe belge qui s’appelle comme ça, tu connais ? Leurs chansons aussi me transportent. Je ne sais où… En Belgique, parfois… Ma soeur est allée à Hawaï une fois et m’a rapporté une petite Hawaïenne qu’on doit coller sur le tableau de bord. Je n’ai pas de voiture, donc ma petite Hawaïenne ne bouge jamais. Toi qui vis dans le Limousin maintenant, j’ai une question : Est-ce que les petites Limousines dansent ?

Ben non, elle roulent… 

(Désolé pour cette fin de micro-texte totalement indigne, je ne ferai pas mieux la prochaine fois)

 

Vu le vendredi 20 septembre 2019 au Petit Bain, Paris

Prix de ma place : 17€

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Data Mossoul (Joséphine Serre / La Colline)

(de quoi ça parle en vrai)

« À la façon d’un kaléidoscope, Data Mossoul met en scène une ingénieure du web privée d’une partie de sa mémoire, un bibliothécaire collectant les écrits d’anonymes, une archéologue à Mossoul sauvant des tablettes d’argile millénaires des destructions de Daesh et le roi-scribe assyrien Assurbanipal. Évoluant dans ces strates de géographies, d’époques et de civilisations, ces quatre personnages sont liés par la notion de conservation des récits et de transmission de l’Histoire. Avec, en filigrane, la figure de Gilgamesh, roi mythique sumérien dévoré par le désir de trouver l’immortalité et héros du premier récit de l’histoire de l’humanité. » (source : ici)

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Crédits photos : Véronique Caye

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Mes attentes étaient grandes, trop peut-être. Une jeune compagnie, un thème passionnant et ambitieux, le soutien d’une scène nationale (et pas la moindre : la Colline) et malgré tout cela je n’ai pas trouvé la pièce à la hauteur de mes espérances.

La sincérité et la passion de Joséphine Serre pour le sujet sont indéniables, les passages historiques sont bien documentés, l’intrigue anticipationnelle est crédible (une société informatique efface du web, donc de notre mémoire, les informations « obsolètes », de l’énième recette de tarte aux pommes à la Guerre en Irak). Les créations sonore (Frédéric Minière) et vidéo (Véronique Caye) sont convaincantes. Je retrouve avec grand plaisir l’actrice qui a fait battre mon coeur l’été dernier dans « Le Massacre du Printemps » d’Elsa Granat, j’ai nommé Edith Proust.

Mais… mais… l’interprétation est inégale (malgré, également, le charisme d’Estelle Meyer), l’écriture de Joséphine Serre ne m’a pas emporté alors qu’elle se veut profonde, la pièce dure 2h30 (sans entracte) et souffre de la comparaison avec une autre pièce d’anticipation d’une jeune compagnie : « France Fantôme » de Tiphaine Raffier (prochainement en reprise à l’Odéon) qui abordait également le sujet des datas, de la mémoire stockée sur internet… On sent un peu trop également l’influence d’une série comme Black Mirror (elle-même inspirée de notre société, il est vrai) : on rencontre dans la pièce des citoyens obligés d’utiliser internet, dont les notes influent sur le prix de l’assurance : HELLO NOSEDIVE ! La fin de la pièce, qui se veut fantasmagorique et kaleidoscopique, pour reprendre un terme de la note d’intention, m’a complètement perdu et m’a semblé inutile.

Je le répète, sur le papier l’intrigue est passionnante, car elle touche quelque chose qui est on ne peut plus proche de ce que l’observe aujourd’hui : la toute-puissance d’internet, le contrôle de nos mémoires collective et individuelle, de nos vies. Le parallèle avec Mossoul est intéressant. Mais la sauce ne prend pas, pour moi. Est-ce par prétention (Josephine Serre écrit, met en scène, joue), est-ce par manque de moyens ? Je n’ai pas la réponse, mais ça manquait cruellement de souffle.

DATA MOSSOUL

texte et mise en scène Joséphine Serre

avec Guillaume Compiano, Camille Durand‑Tovar, Elsa Granat, Estelle Meyer, Édith Proust, Aurélien Rondeau, Joséphine Serre

collaboration à la mise en scène Pauline Ribat – mise en scène de l’image et création vidéo Véronique Caye – son Frédéric Minière – scénographie Anne-Sophie Grac – stagiaire scénographie Lou Chenivesse – costumes Suzanne Veiga-Gomes assistée de Cécile Box – stagiaire costumes Jovita Negro – lumières Pauline Guyonnet – dessins Guillaume Compiano – assistanat à la mise en scène Pierre-Louis Laugérias

Jusqu’au 12 octobre 2019 à la Colline, Paris

(une autre histoire)

(de la Porte des Lilas à Gambetta)

Les gens baissent la tête. Pas grand chose à voir en l’air, vous me direz, pas d’oiseaux qui s’envolent, un bleu du ciel pas si bleu que cela. On regarde en bas, parce qu’on ne tient pas notre téléphone intelligent en haut. Ni en face de nous, devant nous.

La personne en face de toi a les yeux baissés. Tu marches en sa direction. Tu regardes droit devant. Tu comptes le nombre de secondes. Un, deux, trois. Elle ne relève toujours pas son regard. Quatre, cinq, six. C’est insensé, tout de même. Nez à nez. Elle lève les yeux, ne s’excuse pas, se détourne, parle dans sa barbe.

Mon téléphone vibre. Je lis le message. Je souris. J’écris : « Attention, je tente de t’écrire en marchant. Je suis toujours en avance. Là, je descends l’avenue Gambetta. » Envoi. Elle me répond : « Moi aussi, je marche en t’écrivant. Mais je viens de m’arrêter, je ne sais pas faire deux choses à la fois. » Je lui écris : « Moi aussi. Je m’arrête, je repars. Je m’arrête quand je reçois un appel. Mais comme personne ne m’appelle, je ne m’arrête pas. Pas pour ça. »

A force de m’arrêter et de me repartir, j’arrive en retard au théâtre, alors que j’arrive toujours en avance. Je ne parviens pas à montrer mon billet électronique, je suis de plus en plus en retard. C’est soir de première et je ne connais personne. C’est placement libre, c’est des banquettes, on se serre et j’aime pas quand mon genou touche un autre genou. Surtout un genou de quelqu’un que je ne connais pas et qui ne me plait pas.

Vu le mercredi 18 septembre 2019 à la Colline, Paris

Prix de ma place : 13€ (Carte Colline)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Tchekhov à la folie (Anton Tchekhov / Jean-Louis Benoît / Poche Montparnasse)

(de quoi ça parle en vrai ?)

« Tchékhov disait de ces deux pièces courtes qu’elles étaient des « plaisanteries ». C’est pourtant avec elles qu’il va connaître ses premiers triomphes. Il n’a pas trente ans en 1888 et traverse une des périodes les plus heureuses de sa vie. Ce Tchékhov-là, joyeux, farceur, féroce humoriste, fait preuve dans ces miniatures pour la scène d’une violence grotesque incomparable. Que ce soit dans La Demande en mariage ou dans L’Ours, le tumulte, le rythme endiablé, la cocasserie des situations, la folie de ces personnages ahuris et furieux nous emportent loin du Tchékhov « chantre des crépuscules ». » (source : ici)

(pourquoi y vais-je ?)

Parce que je ne sais absolument pas où j’ai vu Jean-Paul Farré, mais je sais que c’est un grand acteur. Parce qu’aussi je me souviens que ça m’amusait de le croiser dans mon ancien quartier en train de répéter son texte tout en marchant.

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Emeline Bayart, Manuel Le Lièvre (remplacé par Mathieu Boulet le jour de ma présence), Jean-Paul Farré)

(ceci n’est pas une micro-critique, mais…)

Ce qui impressionne de prime abord, c’est la partition jouée par Emeline Bayart, Jean-Paul Farré et Mathieu Boulet. Aucun temps mort, les dialogues s’enchainent à un rythme effréné, chaque mouvement, intonation, mimique paraissent calculés et exécutés au millimètre près. Ces courtes pièces qui s’enchainent sans transition sont d’une efficacité redoutable. L’expression « vis comica » est faite pour Emeline Bayart qui m’a sincèrement impressionné et je suis heureux de l’avoir découverte dans ce spectacle.

Cependant on aurait eu envie de davantage de nuances, d’un jeu moins outré et d’un volume sonore plus mesuré – j’entends qu’il s’agit d’un choix de mise en scène, je n’ai pas adhéré, voilà tout. La pièce ne m’a pas fait rire autant que je l’aurais souhaité. Je n’ai surtout pas vu l’intérêt d’adapter à nouveau ces pièces mineures de Tchekhov qui font également le bonheur des salles avignonnaises durant le Off d’Avignon.

 

TCHEKHOV À LA FOLIE

(LA DEMANDE EN MARIAGE et L’OURS – deux pièces en un acte d’Anton TCHÉKHOV)

Traduction André MARKOWICZ et Françoise MORVAN – Actes Sud, collection Babel
mise en scène Jean-Louis BENOIT

avec Émeline BAYART, Jean-Paul FARRÉ, Manuel LE LIÈVRE ou Mathieu BOULET

Décor Jean HAAS – Costumes Frédéric OLIVIER – Assistant à la mise en scène Antony COCHIN

Au Poche-Montparnasse, Paris

 

(je pense tout haut)

Je crois qu’en fait, je ne suis pas (plus) tout à fait fait pour ce genre de pièces. Attention, voici une remise en question en règle de ma personne.

Peut-être suis-je totalement formaté par les spectacles que j’ai l’habitude de voir, dans le théâtre subventionné, pour ne pas le nommer. Pourtant j’aime rire, même si cela ne se voit pas quand on me rencontre. Au théâtre, les Chiens de Navarre me font rire, le Raoul Collectif me fait rire… Ok, je n’ai pas d’autres exemples qui me viennent en tête… Il est difficile de me faire rire et je sais que les Feydeau et autres vaudevilles ne me suffisent pas. Ne me suffisent plus.

Je suis snob, c’est peut-être pour ça.

 

Vu le dimanche 15 septembre 2019 au Poche Montparnasse, Paris

Prix de ma place : invitation

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

La fin de l’homme rouge (Svetlana Alexievitch / Emmanuel Meirieu / Bouffes du Nord)

(de quoi ça parle en vrai ?)

« Pendant quarante ans, Svetlana Alexievitch a parcouru ce pays qu’on appelait l’URSS et enregistré des centaines de témoignages. (…) D’une personne à l’autre, de voix en voix, elle a écrit six livres qui n’en font qu’un, un livre sur l’histoire d’une utopie : le socialisme. (…) La Fin de l’homme rouge fait résonner les voix des témoins brisés de l’époque soviétique, voix suppliciées des Goulags, voix des survivants et des bourreaux, voix magnifiques de ceux qui ont cru qu’un jour « ceux qui ne sont rien deviendraient tout », et sont aujourd’hui orphelins d’utopie. » (source : ici)

(pourquoi j’y vais ?)

Parce que Emmanuel Meirieu m’avait totalement dévasté avec « Des Hommes en devenir » au Théâtre Paris Villette il y a deux ans.

Parce que (par ordre alphabétique) Anouk Grinberg, Jérôme Kircher, Maud Wyler…

Parce qu’il ne s’agit pas de la pièce préquelle des Schtroumpfs (je sais… je n’ai pas pu m’empêcher)

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Crédits photos : DR

(ceci n’est pas une critique, mais…)

C’est un vendredi 13, jour de grève de la RATP, que le théatre des Bouffes du Nord , à moitié vide, s’offre à moi. Et accessoirement jour anniversaire de mes quinze ans de vie à Paris (moi, le petit Marseillais qui savait à peine qui était Peter Brook à mon arrivée en 2004)

Le spectacle commence avant même qu’il ne commence. Le décor de Seymour Daval et Emmanuel Meirieu est tout simplement monumental et épouse parfaitement les formes et l’architecture de ce théâtre mythique. Nous sommes dans une salle en ruine, tout est poussière. Aux murs, des projections d’images d’inspiration soviétique qui se transformeront au gré des récits. Le proscénium ne sera quasiment pas utilisé, laissant cette distance entre public et comédien.nes.

Anouk Grinberg ouvre le bal, suivi de Stéphane Balmino, que j’avais découvert dans « Des Hommes en devenir » du même metteur en scène. Le dispositif est identique : une succession de récits, bouleversants, avec très peu d’interaction entre les personnages (on aurait presque envie qu’il n’y en ait aucune, tellement ce lien parait artificiel, je chipote).

On est happé par les récits, même si certains nous convainquent plus que d’autres, peut-être aussi parce que ces comédien.nes-là me touche plus que d’autres (Anouk Grinberg, Jérôme Kircher et Maud Wyler – la seule qui lève les yeux vers la catégorie 3)

L’immersion est totale grâce à un remarquable travail sonore et visuel et le trajet « théâtre / maison » à pied de quarante minutes n’est pas de trop pour doucement revenir à la vraie vie.

 

LA FIN DE L’HOMME ROUGE

D’après le roman de Svetlana Alexievitch

Mise en scène et adaptation Emmanuel Meirieu

Traduction Sophie Benech – Musique Raphaël Chambouvet – Costumes Moïra Douguet – Lumières, décor, vidéo Seymour Laval et Emmanuel Meirieu – Son Félix Muhlenbach et Raphaël Guenot – Maquillage Roxane Bruneton

Avec Stéphane Balmino, Evelyne Didi, Xavier Gallais, Anouk Grinberg, Jérôme Kircher, Maud Wyler, André Wilms (présence filmée) et la voix de Catherine Hiegel

Jusqu’au 12 octobre 2019 aux Bouffes du Nord (Paris) et en tournée notamment à Marseille (du 8 au 19/10 à la Criée)…

 

(une autre histoire)

Vendredi 13… 162 millions d’Euro à gagner à l’Euromillions. Je joue seulement lors des grosses cagnottes. Ce qui est totalement stupide, car qui a besoin d’autant d’argent ? Si je fais la moyenne du temps qu’il me reste à vivre, un million me suffirait ou même un petit pécule qui me permettrait d’arrêter de travailler pendant deux ans comblerait mon bonheur.

Flash. Le ticket dans ma poche arrière. Je marche car c’est la grève des transports. Je rentre chez moi, je sors le ticket de ma… Le ticket n’est plus là. Je ne me suis pourtant pas trompé de… Mes poches sont vides. C’est bien ma veine. Pile aujourd’hui, le premier jour du reste de ma vie. Le ticket est tombé de ma poche, quelqu’un l’a ramassé, les numéros sont évidemment gagnants et je resterai dans mon petit appartement miteux… Je viens de comprendre… quand on dit « miteux », ça signifie en fait qu’il y a des mites ?

Mon ticket est tombé de ma poche sur mon palier. C’est bien ma veine, maintenant que j’ai récupéré mon sésame pour les cieux, les numéros deviennent perdants. Je resterai dans mon petit appartement miteux… mais j’ai dans un tiroir des barquettes technologiques anti-mites, l’honneur est sauf.

 

Vu le vendredi 13 novembre 2019 aux Bouffes du Nord, Paris

Prix de ma place : 20€ (cat. 3)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito