Tchekhov à la folie (Anton Tchekhov / Jean-Louis Benoît / Poche Montparnasse)

(de quoi ça parle en vrai ?)

« Tchékhov disait de ces deux pièces courtes qu’elles étaient des « plaisanteries ». C’est pourtant avec elles qu’il va connaître ses premiers triomphes. Il n’a pas trente ans en 1888 et traverse une des périodes les plus heureuses de sa vie. Ce Tchékhov-là, joyeux, farceur, féroce humoriste, fait preuve dans ces miniatures pour la scène d’une violence grotesque incomparable. Que ce soit dans La Demande en mariage ou dans L’Ours, le tumulte, le rythme endiablé, la cocasserie des situations, la folie de ces personnages ahuris et furieux nous emportent loin du Tchékhov « chantre des crépuscules ». » (source : ici)

(pourquoi y vais-je ?)

Parce que je ne sais absolument pas où j’ai vu Jean-Paul Farré, mais je sais que c’est un grand acteur. Parce qu’aussi je me souviens que ça m’amusait de le croiser dans mon ancien quartier en train de répéter son texte tout en marchant.

XVMc63a5d74-5c77-11e9-8592-2e68e187fb35-1024x682.jpg
Emeline Bayart, Manuel Le Lièvre (remplacé par Mathieu Boulet le jour de ma présence), Jean-Paul Farré)

(ceci n’est pas une micro-critique, mais…)

Ce qui impressionne de prime abord, c’est la partition jouée par Emeline Bayart, Jean-Paul Farré et Mathieu Boulet. Aucun temps mort, les dialogues s’enchainent à un rythme effréné, chaque mouvement, intonation, mimique paraissent calculés et exécutés au millimètre près. Ces courtes pièces qui s’enchainent sans transition sont d’une efficacité redoutable. L’expression « vis comica » est faite pour Emeline Bayart qui m’a sincèrement impressionné et je suis heureux de l’avoir découverte dans ce spectacle.

Cependant on aurait eu envie de davantage de nuances, d’un jeu moins outré et d’un volume sonore plus mesuré – j’entends qu’il s’agit d’un choix de mise en scène, je n’ai pas adhéré, voilà tout. La pièce ne m’a pas fait rire autant que je l’aurais souhaité. Je n’ai surtout pas vu l’intérêt d’adapter à nouveau ces pièces mineures de Tchekhov qui font également le bonheur des salles avignonnaises durant le Off d’Avignon.

 

TCHEKHOV À LA FOLIE

(LA DEMANDE EN MARIAGE et L’OURS – deux pièces en un acte d’Anton TCHÉKHOV)

Traduction André MARKOWICZ et Françoise MORVAN – Actes Sud, collection Babel
mise en scène Jean-Louis BENOIT

avec Émeline BAYART, Jean-Paul FARRÉ, Manuel LE LIÈVRE ou Mathieu BOULET

Décor Jean HAAS – Costumes Frédéric OLIVIER – Assistant à la mise en scène Antony COCHIN

Au Poche-Montparnasse, Paris

 

(je pense tout haut)

Je crois qu’en fait, je ne suis pas (plus) tout à fait fait pour ce genre de pièces. Attention, voici une remise en question en règle de ma personne.

Peut-être suis-je totalement formaté par les spectacles que j’ai l’habitude de voir, dans le théâtre subventionné, pour ne pas le nommer. Pourtant j’aime rire, même si cela ne se voit pas quand on me rencontre. Au théâtre, les Chiens de Navarre me font rire, le Raoul Collectif me fait rire… Ok, je n’ai pas d’autres exemples qui me viennent en tête… Il est difficile de me faire rire et je sais que les Feydeau et autres vaudevilles ne me suffisent pas. Ne me suffisent plus.

Je suis snob, c’est peut-être pour ça.

 

Vu le dimanche 15 septembre 2019 au Poche Montparnasse, Paris

Prix de ma place : invitation

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

4 réflexions au sujet de « Tchekhov à la folie (Anton Tchekhov / Jean-Louis Benoît / Poche Montparnasse) »

  1. Salut Axel Je crois que le goût évolue au fil des spectacles. Comme toi le vaudeville ne me fais pas rêver. J’en vois peu et souvent pour faire plaisir à ceux qui m’accompagnent ou plutôt que j’accompagne (comme ce sera le cas samedi prochain). Et puison n’a pas tous le même humour et heureusement. Je ne connaissais pas ces pièces courtes mais comme toi j’ai découvert cette fabuleuse comédienne.

    Quand à M. Farre je le croise très souvent dans les salles de théâtre, côté spectateurs

    A très bientôt Bises Christine

    Aimé par 1 personne

  2. Ahahah! (pardon pour ce scriptorire) Tout à fait moi. J’adore rire et que l’on me fasse rire, mais je trouve de moins en moins d’occasions scéniques de le faire. Et les pièces de théâtre académiques ne me font généralement plus envie.
    C’est comme beaucoup de choses, plus on en use, plus on devient sélectif. On peut passer pour snob, mais ce n’est qu’une question de tri.
    Mais pas question de dénigrer ce qui m’est devenu plat. A chacun sa part du gâteau.
    PS. Allez voir le travail de François Gremaud, « Pièce » ou « Phèdre », là, je ris.

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire