On fait le bilan ! (Avignon 2017)

(quelques chiffres)

3 jours, 1 expo à la Collection Lambert, 11 spectacles ailleurs (2 dans le in, 9 dans le off, 3.66 spectacles/jour, soit 0,6% des spectacles proposés dans le Off – avec ceux que j’avais déjà vus, je dois culminer à 1%) pour un budget de 180€ en places de théâtre (16,36€ par ticket – la carte off (16€) est incluse dans ce calcul). Soit près de 45% de mon budget total (hébergement (hôtel extramuros), voiture (je vis à Paris mais suis originaire de Marseille, d’où la voiture qui reste chez les parents quand je ne suis pas là, précision absolument pas importante), repas et autres) – 1 catalogue du Off toujours plus lourd que je n’ai pratiquement pas consulté, grâce aux sites des théâtres qui ont mis en ligne bien plus tôt leur programmation et aux conseils de certains sites/blogs de théâtre – 1,3€ le café en terrasse, chaque année je crois toujours que c’est une erreur – 1 fail, celui de la billetterie du Festival d’Avignon qui n’a pas fonctionné le jour de la mise en vente des billets (non, je ne suis pas du genre à appeler 70 fois le standard pour obtenir ce que je veux).

 

(questions)

Suis-je déjà allé voir une pièce en voyant son affiche ? Suis-je déjà allé voir une pièce après la distribution d’un tract ? Où est passé Gustave Parking ? Faut-il croire un tracteur quand il qualifie la comédie qu’il essaie de vendre de « vraiment drôle » ? Suis-je malpoli quand je refuse de prendre le tract d’un théâtre de l’Avenue de la République ou d’un théâtre qui n’a de parisien que le nom ? Comment font les gens pour voir cinq pièces par jour ? Suis-je radin quand je dis que je préfère attendre Paris et profiter de mon abonnement à Odéon ou au Rond Point pour voir Saïgon ou le dernier Emma Dante ? Irai-je un jour dans le bar du in ? Pourquoi les spectacles qui m’intéressent le plus sont-ils tous à la même heure ? Où puis-je trouver la musique des trompettes du in ? (je la veux comme sonnerie pour mon réveil) C’est moi ou on est vraiment mal assis dans la plupart des salles ?

 

(confessions)

Je n’ai jamais bu de pac à l’eau – J’ai peur qu’on me lise.

 

(ce que je n’aime pas)

Les émissions télé (sauf Arte) qui ne parlent du Off qu’à travers le prisme du café théâtre, des vedettes de seconde zone et autres one (wo)man show – Les gens qui vont dans le In et snobent le Off – Quand le mot « théâtreux » devient une insulte. – Quand les gens autour de moi ne savent toujours pas la différence entre le In et le Off (et ce n’est pas faute de me répéter depuis des années) ou pensent que le Off n’est que café théâtre et spectacles pour enfants (merci la télé (sauf Arte)) – Devoir réserver à l’avance dans le Off et de moins en moins me laisser surprendre, parce que je n’ai pas le temps de rester plus longtemps à Avignon, ce qui me permettrait de voir plus de spectacles mais moins par jour, donc de mieux les apprécier – Me triturer la tête pour ne pas (trop) parler de moi, ni de ma famille et ne pas (trop) blesser mes proches ou accointances si je parle d’eux – Je n’ai même pas pensé à créer des phrases à l’aide des spectacles que j’ai vus, comme je fais chaque année…

1 – L’Affamée (nommée) Laïka (mit le) Cap au Pire (au beau milieu des) F(l)ammes.

2 – Intramuros, (je lus) Un rapport sur la banalité de l’amour (qui ne manquait pas de) Sopro.

3- (Mais) j’ai fait quoi ? (pour ressentir) Dans les rapides, (la) Tristesse et joie dans la vie des girafes (puis le) Néant.

 

(ce que j’aime)

Le travail de programmation (et de défrichage) du Théâtre des Halles, de la Manufacture, du nouveau 11 Gilgamesh Belleville, entre autres… – La glace Deldon –  Je ne me suis pas fait maltraiter par un(e) comédien(ne) pendant un spectacle – Prendre un café sous les platanes et ne pas être dérangé pour un tract – J’aime pas grand chose en fait, on m’appelle Grincheux, je fais tout le temps la gueule.

 

(mes conseils pour cette dernière semaine et pour la saison prochaine si ces spectacles)

vu cet été : F(l)ammes – Laïka – J’ai bien fait ? – Néant

(Sopro mais ça ne se jouera que durant la saison 18/19 à Paris… Mais Paris n’est pas la France… Toulouse passera avant, si je me souviens bien.)

pas revu mais bien quand même : Le No Show – Clouée au sol – Comment épouser un milliardaire d’Audrey Vernon –

 

Avignon, je t’aime quand même, à l’année prochaine.

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

J’ai bien fait ?

(quand on ne lit pas la note d’intention)

De venir voir cette pièce, de manger un plat aillé à midi, de ne pas avoir rappelé cette fille, de compter sur sa mémoire pour écrire les prochains articles, de porter une chemise à carreaux sur un bermuda à carreaux ? Tant de questions que cette pièce vous pose en temps réel : Suivez une journée de la vie de Alexandre et votez à l’aide de votre smartphone pour qu’il prenne les bonnes décisions.

 

(ce que ça raconte en vrai)

Valentine a quarante ans, deux enfants déjà grands, des parents vieillissants, un mari souvent absent, un frère avec qui elle ne s’entend pas, plein d’anciens élèves qui peuplent ses rêves, plein de nouveaux qui remplissent ses journées. Elle déboule un soir dans la vie de son frère plasticien. Qu’est-ce qu’elle fait là ? Qu’est-ce qu’elle a fait ? Un acte insensé ou l’acte qui donne un sens à sa vie ? Comment agir justement en conscience ? Son frère, son mari généticien de l’ADN ancien, une ancienne élève qui enchaîne les petits boulots, qu’ils le veuillent ou non, les voici tenus de chercher avec elle une réponse. J’ai bien fait ? n’oublie pas d’être une comédie parce qu’il faut rire aussi des questions dans lesquelles nous sommes empêtrés ! (site du Préau)

 

J’AI BIEN FAIT ?

Écriture et mise en scène : Pauline Sales

avec Gauthier Baillot, Olivia Chatain, Anthony Poupard, Hélène Viviès

Scénographie : Marc Lainé, Stephan Zimmerli – Son  : Fred Bühl – Lumière : Mickaël Pruneau

Production : Le Préau CDN de Normandie – Vire

Jusqu’au 28 juillet 2017 au 11 Gilgamesh Belleville (Avignon). Puis du 17 au 20 octobre 2017 au Théâtre Dijon Bourgogne. Et les 13 et 14/12/17 à la Comédie de St-Étienne.

 

 

(pas une critique)

Tout d’abord, je reviens sur ce que j’ai écrit dans une autre chronique. On ne peut pas comparer les écritures de Alexis Michalik et Pauline Sales. À la rigueur, on pourrait rapprocher une certaine simplicité (dans le bon sens du terme) mais cela s’arrête là. La pièce de Pauline Sales possède une dimension politique et sociétale supplémentaire, sans que cela soit moraliste, bien au contraire. A l’image du titre, elle nous fait nous poser des questions dont la plus fameuse : « Qu’ai-je fait de bien pour le monde ? ». Le tout présenté avec drôlerie et finesse, notamment grâce au jeu des acteurs et la scénographie (menée entre autres par (un de mes chouchous), Marc Lainé, qui présentera prochainement sa nouvelle pièce à Chaillot avec Marie-Sophie Ferdane). Une belle découverte.

vu au 11 Gilgamesh Belleville, le dimanche 16 juillet 2017 à 17h55, dans le cadre du Festival Off d’Avignon.

Prix de la place : 12,5€ – tarif réduit avec carte off)

 

(une autre histoire)

Avignon 1996 : J’embrasse Élodie. C’est la première fois que j’embrasse une fille. C’est la première fois que j’embrasse quelqu’un tout court. J’ai bien fait un smack à ma grand-mère un mardi soir alors qu’elle me bordait, mais je n’avais pas fait exprès. Oui, première fois. Je suis en retard pour tout. Pour écrire ces textes, la romance et bien plus encore. Ce n’est pas le prénom que je préfère, Élodie mais elle avait des arguments de poids et une voix un peu grave comme je les aimais déjà. Avec le recul, j’ai bien plus d’affection pour celle que j’appelais A. et qui m’appelait Axelito. Je me souviens de sa sensibilité à fleur de peau, de sa malice, de ses yeux rieurs.

Avignon 2001 : « Je crois qu’on se connait, non ? » dis-je à A. alors qu’elle distribuait à l’entrée de la salle Benoît XII pour une pièce de Marguerite Duras, « Agatha », qui se jouait au Théâtre des Doms. (Sur ses bons conseils, je vis cette pièce et découvris (enfin) l’écriture de Duras. Après la représentation, j’arrivai même en retard au théâtre dans lequel je jouais cet été-là, mais je jouai sans rien laisser paraître.). À cette occasion, on reprit contact, elle vint me voir jouer, elle me présenta son cher et tendre (qui, je crois, l’est toujours, avec deux ou trois mini-Amélita en prime).

Avignon 2012 : J’ai un problème, si je puis dire, je lis tout, même les petits caractères. Dans le catalogue du Off, je lis même les noms des régisseurs, attachés de presse. C’est comme ça que je vis le nom d’A.. Je me permis de la re-contacter. Hormis ses faire-parts concernant ses enfants et les bons voeux pour la nouvelle année que j’envoyais une année sur deux, nous ne nous donnions pas vraiment de nouvelles. On se donna rendez-vous sur la place Pie, on marcha un peu jusqu’à la Manufacture, on but un Perrier. Je suppose que nous avions changé, on n’avait pas grand chose à se dire, elle était très occupée, il faut dire. Elle travaillait pour la compagnie de Pauline Sales. Elle m’incita à voir sa pièce, ce que je ne fis pas, pour une raison et pour une autre.

Avignon 2017 : Je ne sais pas si elle travaille toujours pour la même compagnie. On est dimanche et je ne la vois pas. J’ai mon billet en main pour cette nouvelle pièce de Pauline Sales. Enfin je vais la découvrir. Il faudra que j’écrive à A. pour lui en parler.

 

Crédit photo : Le Préau

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

Tristesse et joie dans la vie des girafes

(quand on ne lit pas la note d’intention)

Comme j’ai déjà lu la pièce, je pourrais simplement dire qu’il s’agit d’une pièce documentaire avec des marionnettes du Royal Deluxe, parce que de vraies girafes ne pourraient pas rentrer dans le théâtre.

(ce que ça raconte en vrai)

Girafe est une petite fille de 9 ans qui vit à Lisbonne avec son père et son ours en peluche suicidaire, Judy Garland. Sur le modèle du Candide de Voltaire, elle va traverser la capitale et se confronter, de rencontre en rencontre, aux réalités contemporaines d’une ville dévastée par la crise. (site du Festival d’Avignon)

 

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Crédits photos : Christophe Raynaud de Lage

 

(ceci n’est pas une critique mais…)

J’étais très curieux de voir cette adaptation, surtout après l’avoir lue et entendue (disponible quelque part sur le site de France Culture). Elle me semblait même impossible. Des images qui me paraissaient plus cinématographiques (tiens, une adaptation est en train d’être tournée au Portugal avec les acteurs de la pièce portugaise dont Miguel Borges, jadis mise en scène par son auteur) que théâtrales. Ici ni voix pré-enregistrées et encore moins de vidéos. Tout est fait en direct, des bruitages aux effets d’ombres chinoises, en passant par les subtils changements de décors et de costumes. La poésie de la pièce est bel et bien là, merci à Thomas Quillardet (qui avait aussi joliment adapté l’univers de Rohmer au théâtre). Une sensibilité, un humour également pour petits et grands. Une pièce qui ne prend pas les petits pour des petits. Tout comme l’interprétation de (l’adulte) Maloue Fourdrinier (entre autres, parce que le reste de la distribution est aussi impeccable, comme disait mon grand-père), qui interprète le rôle de Girafe, une petite fille de 9 ans, et qui, justement, ne joue pas comme une petite fille de 9 ans (là où dans certaines pièces on trouverait une comédienne pas très grande à la voix fluette pour jouer le rôle d’un enfant, je ne sais pas si je suis clair). On est au théâtre. On connait les règles du jeu. Un ours en peluche peut être interprété par un acteur et peut même enchaîner les gros mots. Une petite fille peut être jouée par une grande fille. Une vieille personne, une personne moins vieille, etc. Oui, nous sommes au théâtre. Magie, magie !

vu le 16 juillet au Théâtre des Pénitents Blancs, Festival d’Avignon.

prix de la place : 17,20€ (tarif adhérent Fnac)

Tristesse et joie dans la vie des girafes

Texte : Tiago Rodrigues – Traduction et mise en scène : Thomas Quillardet

Scénographie : Lisa Navarro – Lumière : Sylvie Melis – Costumes : Frédéric Gigout – Assistanat à la mise en scène : Claire Guièze

Avec Marc Berman, Jean-Toussaint Bernard, Maloue Fourdrinier, Christophe Garcia

Production : 8 avril

Tournée 17/18 : 11 et 12/10 à Rochefort (Théâtre de la Coupe d’Or), 10/11 à Clamart (Théâtre Jean Arp), 23 et 24/11 à Saint-Nazaire (Le Théâtre – Scène Nationale de Saint-Nazaire), du 28 novembre au 9 décembre 2017 au Monfort Théâtre (Paris), 11/01/18 à Choisy-le-Roi (Théâtre de Choisy-le-Roi), 19 et 20/01 à Cherbourg-en-Cotentin (Le Trident), 26/01 à Aubusson (Scène Nationale d’Aubusson), 29 et 30/01 à Vanves (Théâtre de Vanves)

 

(une autre histoire)

« Emmanuelle, vous faites quoi cet été ? Ah ? Vous retournez à Nymburk ? Non,  je ne voulais pas vous voir, je vous ai assez vus comme ça cette année à votre mariage… Non, je ne voulais pas être présent à ton anniversaire non plus, je suis radin, tu le sais bien, je suis toujours absent pour les anniversaires, c’est pas pour rien… Je t’expliquerai plus tard. »

« Adeline, vous faites quoi cet été ? Téa sera en Corse ? Ah mince… Il ne sait toujours pas lire, Nicolas ? Non, je m’en fiche de Nicolas, il est trop petit… Je t’expliquerai plus tard. »

« Ami marseillais, tu crois que tu peux passer pour un enfant de dix ans ? Si tu mets une perruque pour cacher ta calvitie naissante et que tu te mets à genoux pour marcher, parce qu’un gamin de dix ans qui mesure 1,80m, ça risque d’être suspect. Non ? Je t’expliquerai plus tard…»

« S’il vous plait, Madame. S’il vous plait, Monsieur. Un petit garçon ou une petite fille. S’il vous plait. Non je ne suis pas un voleur. Non je ne suis pas un violeur. Mais seulement un membre de la #TeamTiago qui tient à voir l’adaptation française d’une de ses pièces. Le Festival d’Avignon n’a rien voulu savoir. Il tient à ce que je sois accompagné d’un enfant pour me vendre une place. Je suis certain que si je me rends à l’entrée tout seul, le physionomiste me refusera l’entrée. Je me souviens de quand j’étais jeune et svelte, que je me voyais repartir chez moi, parce que tout seul, sans nana, on ne me laissait pas entrer au Maï Taï de Bandol. J’ai vécu des moments difficiles, Madame, Monsieur. Vous avez déjà été rejeté, vous ? Non ? Mettez-vous à ma place. S’il vous plait ? Un petit garçon ou une petite fille. Je lui donnerai une petite sucette. Non, pas une sucette, désolé. Ce n’est pas ce que je voulais dire. Vous n’êtes pas gentil, Madame, Monsieur. Vous avez un Petit Suisse par hasard ? Le dessert. Je sais très bien que vous n’êtes pas suisse. Merci. Alors maintenant, si vous ne me prêtez pas votre enfant, je me petitsuicide ! J’en suis capable ! Oui, je sais, ce que je veux faire, c’est nul. »

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

Dans les rapides

(quand on ne lit pas la note d’intention)

Trois jeunes citadins partent à l’aventure et espèrent descendre en canoë les gorges du Verdon. Mais c’était sans compter la méfiance des habitants d’une petite bourgade qui ne veulent pas que des Parigots têtes de veaux viennent polluer leur si belle rivière.

 

(ce que ça raconte en vrai)

Le Havre, 1978. Trois adolescentes. Trois amies. Nina, Marie et Lise, pour elles, avancer, c’est être ensemble. Leur histoire est commune. Celle d’une époque incertaine, du passage d’un âge à l’autre, avec le lycée et son café, la chambre, l’aviron, les garçons et la musique. Lorsque surgit la voix de Debbie Harry, la chanteuse de Blondie, tout s’accélère. Cette icône féminine du rock, blonde, sexy et affranchie va devenir leur modèle, symbole de leur désir de s’emparer du monde. Mais la découverte de Kate Bush vient troubler la complicité du trio… (site du festival off d’Avignon)

 

(ceci n’est pas une critique mais…)

Il ne suffit pas de convoquer les déesses Kate Bush et Blondie, ainsi que la prose de Maylis de Kerangal pour que ça donne un bon spectacle. Ici point d’émotion, malgré l’investissement de la comédienne et l’apparent effort du décorateur pour chiner les objets qui fleurent bon la fin des années 70 (mange-disque, tapisserie psychédélique et lampe rétro…). Un des bons points est de pouvoir apprécier sur la longueur « Wuthering Heights » de Kate Bush, là où souvent dans les spectacles, les musiques sont hachées menues.

vu à la Caserne des Pompiers, dans le cadre du festival Off d’Avignon. (prix de la place : 10€ – tarif réduit avec carte off)

Jusqu’au 30 juillet 2017 à 12h à la Caserne des Pompiers (Avignon)

 

Dans les rapides

d’après le roman éponyme de Maylis de Kerangal

Interprète : Emeline Touron

Metteur en scène : Jean-Thomas Bouillaguet

Lumières : Vincent Dono – Vidéo : Philippe Hariga – Costumes et Scénographie : Éléonore Daniaud (assistée de René Maury) – Collaboration artistique : Stéphane Roblès et Alexandre Lipaux

Coproduction  : Théâtre Ici et Là de Mancieulles, O.M.A de Commercy

 

(une autre histoire)

Place Crillon -> Rue de la Carreterie

Je ne m’attarde pas malgré l’effet que me fait « Néant ». Le timing est serré pour me rendre à l’autre bout d’Avignon Intra-muros et assister au spectacle suivant. Le vent est tombé mais il fait très chaud. Je dois trouver la bonne vitesse de marche pour ne pas arriver en retard (là où la chaleur était supportable ces deux derniers jours, c’était le point météo) et ne pas (trop) transpirer. Parce que je transpire beaucoup. Tous les matins, en période estivale (et même en dehors de cette période-là), je dois faire attention à comment je m’habille. Des couleurs qui ne marquent pas trop ma transpiration. Quand je transpire, ça laisse des marques blanches, dans le dos, sous mes aisselles, parfois même sur mon torse, comme si ma peau était hyper salée. Pourtant je tente de faire attention à mon alimentation, je n’ajoute pas de sel mais rien n’y fait. Surtout que ma sueur sent la transpiration. À moins que ça ne soit l’inverse. Je devrais mettre du Axe (l). Peut-être aurais-je plus de chance avec les filles ? Il faut toujours croire les publicités. Quand je sais que j’ai beaucoup transpiré, je garde ma veste ou mon sweat à capuche. On me demande toujours si je ne veux pas enlever une couche, je réponds toujours par la négative. Je devrais prendre en photo mes chemises ou mes t-shirts, garder un souvenir de la forme de ma transpiration. Je les exposerais, ça s’appellerait « Mémoires de transpiration ». Je n’ai jamais été bon pour les titres. Les gouttes de sueur se logent dans ma barbe. Je m’essuie aux joues des personnes que je salue et que j’embrasse. Je n’ai jamais de mouchoirs sur moi. J’espère qu’il n’y a pas trop de climatisation dans la salle. J’attrape rapidement froid. Je m’en voudrais d’être malade, d’éternuer en plein milieu de la représentation. Une fois, j’ai éternué, j’ai pourtant mis mes mains devant ma bouche, mais j’ai vu un postillon de mon éternuement se loger dans le coin de l’oeil de mon interlocutrice. Depuis elle m’a retiré de ses amis Facebook. Ce fut un drame national. Ma soeur éternue dans son bras, quand ça lui arrive. Mais ma soeur est canadienne, elle n’est pas un exemple à suivre. Il m’arrive aussi de transpirer du slip. Et pas seulement quand la température extérieure est supérieure à 30°C ou après avoir couru. Mais ça c’est une autre histoire. (big up à Gérard Blanc). Il faut arrêter le snobisme, Kate Bush, Blondie, etc. Gérard Blanc, les Martin Circus, il n’y a que ça de vrai.

 

crédit photo : Compagnie Mavra

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

Néant

(quand on ne lit pas la bible)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(de quoi ça parle en vrai)

« néant est le plein qui m’entoure.

néant est la marde que t’as mis dans mon esprit.

Les mots foi, résilience et adversité n’ont plus aucune valeur.

On s’est fucké le chien. Bye. » Dave St Pierre

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Crédit photo : Alex Huot

(ceci n’est pas une critique mais…)

On est cueilli dans tous les sens du terme par Dave St Pierre et son nouveau spectacle. (ac)Cueilli dès l’entrée dans la salle par un personnage emballé dans une housse en plastique à côté de qui on n’ose s’asseoir, de peur d’être pris à partie (même si tout se fait sans violence ni haine, bien au contraire). (re)Cueilli devant ce corps qui se désarticule sur scène, se superpose aux images de Alex Huot (ou bien est-ce le contraire ?). Ceci n’est pas de la danse. Ceci n’est pas une performance. Ceci n’est pas un « seul en scène ». Les images impriment la rétine, le coeur. Ici la vie et la mort sont invitées. La frontière, nous le savons, même si nous le nions parfois, est très mince. Dave St-Pierre nous le rappelle. Le spectacle ne manque pas de grâce ni de poésie. Assurément un des meilleurs spectacles du Off cette année (dit celui qui n’a vu que 9 spectacles parmi les 1 400 et quelques proposés pour cette édition 2017…)

Vu au Théâtre de l’Oulle, le dimanche 16 juillet à 10h30, dans le cadre du Festival Off d’Avignon. (prix de la place : 14,9€ – tarif réduit avec carte off)

Néant

Création et interprétation : Dave St-Pierre

Conception vidéo : Alex Huot – Conception lumière : Hubert Leduc-Villeneuve – Son, musique Stéfan Boucher

Production : Dave St-Pierre Inc.

Les 4 et 5 octobre 2017 au Festival Actoral (Marseille) (« Néant » est ici annoncé avec une version spéciale Actoral, ce qui n’a rien d’étonnant quand on constate combien le spectacle a évolué depuis sa création)

Du 11 au 14 octobre 2017 au Tarmac (Paris)

(une autre histoire)

Je crois n’avoir jamais vu ma barbe aussi longue. Je revois ma bite sans même avoir besoin d’utiliser un miroir ou de bander. Je maigris à vue d’oeil. J’en avais besoin, dirait mon cher père. Les poils de mon dos ont rejoint ma nuque longue à la Chris Waddle. Mes ongles sont devenus coupants. Je suis fier de moi, je ne les ai même pas rongés. De toute façon, je ne suis même plus capable de ronger ceux de mes pieds. J’ai perdu en souplesse. C’est que ça se travaille… Fut un temps, j’arrivais à placer mes pieds derrière mes oreilles. Allô ? Mon smartphone prend l’eau dans la cuvette des toilettes (ça fonctionne vraiment le coup du sac de riz pour enlever l’humidité de l’appareil ?). Mon ordinateur est éparpillé façon puzzle au bas de mon immeuble. C’est bête, alors que je venais à peine de rembourser mon prêt. J’ai collé des photos sur mon écran plat. Il y a Myrtille, Gaston, Mandarine, Céline et moi. Personne ne sait que je suis là où je suis. Aujourd’hui, même les Témoins de Jehovah ne viennent plus frapper à ta porte. Je me souviens du temps où les commerciaux faisaient du porte à porte pour te vendre les vingt volumes de l’Encyclopedia Universalis. Ceux-là aussi ont disparu. Les fenêtres sont grandes ouvertes. Je prends des douches d’eau de pluie. Merci le vent.

Bientôt je vais disparaître. Je n’attendrai pas d’avoir le troisième ou le quatrième âge pour me rabougrir, me tasser. Je deviendrai minuscule par la force de mon esprit. Je vais d’abord commencer par raser chaque centimètre carré de mon corps. J’utiliserai mes poils comme matelas pour me reposer une dernière fois. J’ai toujours rêvé me raser la tête, pour voir à quoi je ressemblais, sans jamais le faire, de peur que ça ne repousse jamais. Cela dit, j’ai tellement de poils ailleurs que j’aurais pu m’en faire une moumoute. Mes poils tombent mais repoussent toujours, le cycle ne s’arrête jamais. C’est pourquoi avant de disparaître, je dois faire vite. Je remplis mon oreiller vidé de ses plumes avec mes poils. (je ne pensais pas qu’il en faille autant)

L’eau est chaude. Je m’installe dans ma baignoire. J’ai tellement maigri que rien ne déborde. Je retiens ma respiration, plonge ma tête sous l’eau. Mes doigts se plissent, se crevassent. Mon pénis se ride et mes testicules pendouillent. Mon coeur bat de moins en moins fort. Je prends une grande inspiration dans l’eau de bain. Mes poumons s’emplissent de liquide. Je suis un poisson. La baignoire fuit. Je me retrouve sans air, sans eau. Je tressaute. Je ne suis plus.

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

Sopro

(quand on ne lit pas la note d’intention)

Suite théâtrale du film « Narco » avec Guillaume Canet. Cette fois-ci, le personnage principal, affublé d’un défaut de prononciation, tentera de ne pas s’endormir et ne de ne pas endormir ses amis, d’où le titre SOPRO(rifique) (j’ai honte, pardon)

(ce que ça raconte en vrai)

Quand le théâtre serait en ruines, quand ne resterait rien des murs, des bureaux, des coulisses, des machines, du décor, quelqu’un subsisterait : le poumon du lieu mais aussi du geste théâtral, le souffleur. Les voix, les sons, les musiques qui d’habitude habillent la scène sont maintenant en retrait et la respiration du théâtre entier, ce que personne n’entend, pour une fois, est devant. Gardienne de la mémoire et de la continuation, une femme a passé toute sa vie dans ce bâtiment où chaque jour on a joué, où on s’est réuni. Ce soir, elle souffle ses histoires, des vraies, des fausses, toutes écloses au théâtre. Elle est à vue, en scène. Tiago Rodrigues sort de sa boîte, de sa « maison », ce métier en voie d’extinction et convainc celle qui n’a toujours eu que le bout des doigts sur scène de venir « souffler » une époque disparue. Entrant par elle dans l’âme et la conscience d’un endroit à part, il tente de comprendre comment ce lieu respire et adopte son rythme. En un même mouvement, les comédiens donnent leur timbre au murmure des fantômes que la souffleuse exhale. On en vient à avant ; avant que le texte existe, avant que la voix porte, dans un jeu d’avant-jeu où le théâtre prend sa grande inspiration. (site du festival d’Avignon)

 

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Crédits photo : Filipe Ferreira (couverture : Christophe Raynaud de Lage)

 

(ceci n’est pas une critique mais…)

J’ai les glandes lacrymales qui fonctionnent à merveille, je vous remercie de vous inquiéter et ce n’est pas le vent qui a causé toutes ces larmes dans mes yeux. Avant même que la pièce ne commence, j’étais dans cet état-là. On vient à Avignon aussi (et surtout) pour cela. Assister à une représentation dans un magnifique écrin, ici le Cloître des Carmes. Et le vent était aussi de la partie. Quoi de plus normal pour une pièce qui s’appelle « Sopro », Souffle en français. Voir ces vieilles pierres, les tentures se lever au gré du vent, leurs mouvements. Observer aussi les acteurs jouer avec cet élément indiscipliné et un peu farceur. Je m’arrêterai là quant à ma non-critique. Je me posais la question : admirer quelqu’un qu’on a eu la chance de côtoyer pendant de longues semaines empêche-t-il d’être objectif ? (j’ai participé durant le printemps 2016 à l’Occupation Bastille menée par Tiago Rodrigues dans le théâtre du même nom). Ceci dit, je dirai quand même que cet état d’émotion m’est resté tout au long de la pièce. Croiser le regard d’Isabel Abreu m’a décontenancé, revoir les acteurs de « Antoine et Cléopâtre » m’a contenté, suivre le parcours de la souffleuse Cristina Vidal m’a ému. Je ne dis pas que je connais bien Tiago Rodrigues, ça ne serait pas vrai. Mais pour avoir vu chacune de ses pièces présentées en France depuis « By Heart », pour l’avoir entendu s’exprimer de longs moments, j’ai aimé retrouver des petites touches de l’Occupation Bastille (les mémoires de spectacles), de son amour pour le théâtre (les textes mais aussi les gens qui y travaillent), de sa bienveillance, de sa poésie. J’ai aimé la mise en abyme (« je mets en scène le metteur en scène qui veut mettre en scène la souffleuse ») alors que cela aurait pu paraitre prétentieux, si pas bien fait ; j’ai aimé la fin à tiroirs, parce qu’on n’a pas envie de partir non plus. Sopro, meilleur spectacle de la saison 2018/2019, car je le reverrai, assurément. (et je sais que je ne réponds pas à ma question, quant à l’admiration et l’objectivité)

 

Vu le 15 juillet 2017 au Cloître des Carmes dans le cadre du Festival d’Avignon.

Prix de la place 25,20€ (et un grand merci à Xavier qui m’a revendu une de ses places et grâce à qui j’ai pu voir cette merveille qu’est Sopro) (et je ne remercie pas la billetterie en ligne du Festival d’Avignon pour avoir magnifiquement planté le jour d’ouverture) (je ne remercie pas non plus mon manque de patience et ma non – persévérance)

 

Sopro

écrit et mis en scène par Tiago Rodrigues

avec Isabel Abreu, Beatriz Bras, Sofia Dias, Vitor Roriz, Joao Pedro Vaz, Cristina Vidal

Création son : Pedro Costa – Création Costumes Aldina Jesus, Assistante  mise en scène : Catarina Rolo Salgueiro – Scénographie et lumières : Thomas Walgrave

Production : Teatro Nacional Dona Maria II

Au Teatro Nacional Dona Maria II (Lisbonne) du 2 au 19 novembre 2017 et au Parvis Scène nationale de Tarbes le 13 mars 2018, au Festival Terres de paroles en avril 2018, au Théâtre national de Toulouse (avec le Théâtre Garonne) du 19 au 22 juin 2018. Au Théâtre de la Bastille (Paris) et à la Criée (Marseille) en 2018/2019.

 

(une autre histoire)

Juillet 2001

Simon me propose de jouer dans le Off du Festival d’Avignon dans sa première mise en scène, une adaptation des poésies d’Alvaro de Campos et de la prose de Bernardo Soarès, Fernando Pessoa, quoi. Je ne sais pas encore que seize ans plus tard (mieux vaut tard que jamais), je le chercherai dans tout Lisbonne comme le personnage dans Nocturne Indien d’Antonio Tabucchi (hautement inspiré par Pessoa) se recherchait lui-même en Inde. Pessoa… Personne. Je découvre une autre facette d’Avignon. Je partage un studio avec Mathilde. Je bois des coups avec Olivier et Chloé. Je répète avec Sylvie. Le Off n’était pas aussi énorme qu’aujourd’hui. J’assiste à mon premier spectacle dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes (« Je Suis Sang » de Jan Fabre, dont je vais voir cet automne le Mont Olympus à la Grande Halle de la Villette). Je vais au cinéma, parce que le théâtre me fatigue un peu : c’était le temps où le Palace était encore un cinéma et non un multiplexe consacré au café théâtre et au one man show. Je découvre pour de bon François Truffaut, Jean-Luc Godard, la Nouvelle Vague grâce à Sylvie 2. Je recueille Anne-Marie un soir d’orage, profitant de l’absence de Mathilde. Nous jouons devant une personne, devant trente-huit personnes. Je revois Amélita (la première à m’appeler Axelito) : « Je crois qu’on se connait… », j’arrive au théâtre quinze minutes avant de jouer et fais comme si de rien n’était, fonctionnaire du théâtre que je devins. Je mange une seule fois de la viande de tout le mois. On se baigne dans le Gardon les jours de relâche. Je promène encore mon personnage de Candide. Un peu imposteur, c’est ce que je crois. Je ne suis pas un vrai comédien, je fais des études sérieuses. Je ne me souviens même plus si mes amis sont venus me voir jouer. « Lorsque les dernières gouttes de pluie ralentirent leur chute sur les toits… » , c’était ma première phrase.

Avril 2017 : Je bois une bière dans le hall du Théâtre National Dona Maria II à Lisbonne, je discute avec Tiago et Magda. C’est juste après le phénoménal « Bacantes » de Marlene Monteiro Freitas (prochainement au Festival d’Automne au Centre Pompidou et à Montreuil). Les gens me demandent pourquoi Lisbonne. Beaucoup pensent que c’est à cause de l’Occupation Bastille et de Tiago Rodrigues. Mais surtout parce qu’en juillet 2001…

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

Un Rapport sur la Banalité de l’Amour

(quand on ne lit pas la note d’intention)

Le genre de titre qui ne me donne absolument pas envie de sortir de chez moi, surtout quand je me souviens de ma note en philo au bac. Un cours magistral sur un mensonge éhonté, avec transparents et rétro-projecteur à l’appui. L’amour n’est jamais banal, que cela soit écrit.

(ce que ça raconte en vrai)

Nous sommes en 1925 en Allemagne. Martin Heidegger est professeur de philosophie à l’Université de Marbourg. Son étudiante Hannah Arendt est subjuguée par cet homme brillant. Ils deviennent très vite amants. Dans ce pays vaincu les idées nazies gagnent du terrain. Hannah est juive. Elle est effrayée et révoltée par l’ascension de Hitler. Martin croit voir en ce mouvement un renouveau pour l’Allemagne et se compromet un temps avec les nazis. En dépit de ce fossé qui les sépare, les amants se retrouvent régulièrement. Au cours de cinq rencontres entre 1925 et 1950, nous allons suivre l’histoire passionnée et tumultueuse de ces deux génies de la pensée du XXème siècle. (site du théâtre de la Luna)

 

(ceci n’est pas une critique)

Là où on peut dire que je suis un peu snob, c’est que je ne vais jamais dans certains théâtres parisiens. Le Théâtre de la Huchette, dans lequel cette pièce a été créée et qui n’est pour moi que le siège historique des pièces de Eugène Ionesco, jouées depuis des dizaines d’années, en est l’exemple. Pourtant, depuis quelques années, il laisse la chance à d’autres pièces de faire son trou, comme celle-ci. Une amie m’avait très bien vendu cette pièce historique (bon… pas assez pour la voir à Paris) pour l’inclure dans mon planning avignonnais. Puis en voyant la pièce, je me suis dit que c’était typiquement le genre de pièces que je ne vois jamais : sous le radar, une mise en scène modeste et appliquée, des comédiens exemplaires (un vrai coup de coeur pour Maïa Guéritte, belle et touchante, avec un joli grain de voix), une adaptation didactique (qui ne peut éviter certaines ellipses et qui rendent la progression de la relation amoureuse quelque peu rapide). Une jolie pièce honnête.

Vu au théâtre de la Luna, dans le cadre du Festival Off d’Avignon, le 15 juillet à 18h55 (1h40). Prix de la place : 12€ (tarif réduit avec carte off)

Jusqu’au 30 juillet à 18h55 au Théâtre de la Luna (Avignon)

UN RAPPORT SUR LA BANALITÉ DE L’AMOUR

de Mario Diament

Adaptation et Mise en scène : André Nerman

Avec : Maïa Guéritte et André Nerman

Lumières Laurent Béal – Scénographie Stéphanie Laurent – Costumes Maïna Thareau

 

(une autre histoire)

Quand j’étais petit, je rêvais que l’actrice principale de « La Boum » se cachait sous mon lit. Bien plus tard, je tombai amoureux du jeune espoir de « Venus Beauté (Institut) en voyant ses photos dans un numéro de « Studio Magazine », j’osai aborder sur la ligne 9 du Métropolitain Parisien une des deux interprètes (la moins connue) des « Corps Impatients », je rougis quand une des actrices de « Modéles » (la pièce de Pauline Bureau) me surprit la regardant, mais pas dans les yeux…

Avec Maïa, nous avons une amie commune sur Facebook, je sais que quelque chose est enfin possible entre une actrice et moi. Comment que je fais ? Je demande à notre amie de me mettre en contact avec elle ? Je lui écris directement ? J’aime écrire. Je sais que ma prose la séduira immédiatement, pas comme celle qui avait le nom d’une crêpe et qui se plaignait de mes missives enflammées après notre rupture : « Ah mais c’est long ! Ah mais c’est ton appli qui t’a obligé de m’écrire autant pour débloquer ton ordinateur ? » Je te déteste Suzette. Oui, j’ose écrire ton prénom, surtout que ce n’est pas le tien à toi officiel. Je pourrais chercher sur les pages jaunes si Maïa a un numéro de téléphone… une adresse ? Je jure que je n’ai pas fait exprès d’écrire ton nom dans le moteur de recherche des Pages Blanches. Le point positif, c’est que si c’est à ton nom, c’est que tu n’es pas mariée. Donc tu es possiblement célibataire. Comme moi ! Nous avons un point commun ! Ça commence bien. Mais quand je recherche le parcours le plus rapide entre ton domicile et le mien, je ne peux qu’être déçu. Je ne suis pas snob (enfin… pas sur ce point-là), je vis à Paris, tu vis en banlieue, je ne suis pas sectaire. Mais je crois que rien ne sera possible entre nous. Il est hors de question que je prenne le bus et passer 47 minutes dans les transports en commun dont 19 minutes à pied, très peu pour moi. Nous avions tant en commun, Maïa : le théâtre, notre amie Mademoiselle Elle… Nous sommes passés à deux doigts du bonheur. Je me demande si ma voisine de palier est comédienne ? Elle est grande, elle est méditerranéenne, tout ce que j’aime. Dis Google…

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

Intra Muros

(quand on ne lit pas la note d’intention)

C’est l’histoire d’un spectateur assidu du Festival d’Avignon qui rêve de pouvoir se payer une chambre d’hôtel intramuros. Il bravera tous les dangers pour arriver à ses fins.

 

 

(ce que ça raconte en vrai)

Tandis que l’orage menace, Richard, un metteur en scène sur le retour, vient dispenser son premier cours de théâtre en centrale. Il espère une forte affluence, qui entraînerait d’autres cours – et d’autres cachets – mais seuls deux détenus se présentent : Kevin, un jeune chien fou, et Ange, la cinquantaine mutique, qui n’est là que pour accompagner son ami. Richard, secondé par une de ses anciennes actrices – accessoirement son ex-femme – et par une assistante sociale inexpérimentée, choisit de donner quand même son cours… (site de l’auteur)

 

(pas une critique)

Dans la file d’attente devant le théâtre, des comédiens m’abordent, me présent leur spectacle : « C’est avec des acteurs qui ont travaillé avec Alexis Michalik », croient-ils me rassurer. C’est que je n’ai vu aucune de ses pièces, donc il ne s’agit pas d’un argument qui peut me convaincre. Chaque année, ses différentes pièces sont programmées dans le Off d’Avignon, je les note comme étant des pièces à voir, pourtant je trouve toujours quelque chose d’autre à voir. Mais cette année, j’ai réservé par internet, je ne me défile pas, je suis là, je suis le dernier à entrer dans la salle qui affiche complet en ce weekend du 14 juillet.

La pièce est loin d’être déplaisante. On la suit avec intérêt, c’est bien interprété, il n’y aucun temps mort dans cette pièce où les comédiens peuvent jouer plusieurs rôles (changements de costumes à vue, comme ça devient l’habitude) mais quelque chose cloche. Vous allez me dire (ou m’écrire) que je cherche la petite bête mais il manque peut-être un supplément d’âme que je trouverai le lendemain dans « J’ai bien fait ? » de Pauline Sales. Les deux auteurs ont une plume accessible (si je puis dire), c’est bien écrit (j’argumenterai dans une prochaine chronique pour Pauline Sales) mais la différence pour Alexis Michalik est qu’on dirait que la pièce a été écrite par un ordinateur. De la mise en scène au jeu des acteurs, en passant par la dramaturgie (note pour plus tard : chercher ce que veut dire le mot « dramaturgie »), tout est automatique, propre, sans bavure. Tout est trop bien huilé, avec une intrigue un brin capillo-tractée (je n’en dirai pas plus). C’est le genre de pièce (je vais sûrement paraître snob) que je pourrais conseiller à quelqu’un qui n’a pas l’habitude d’aller au théâtre, tout en lui épargnant certains « spectacles » qu’on peut voir dans les théâtres de l’Avenue de La (Raie)publique. Ce que je considère finalement comme une qualité.

Ps : Ma petite déception personnelle : Ne pas avoir vu Alice de Lencquesaing sur scène

 

Vu au Théâtre des Béliers, le 15 juillet 2017 à 10h30 (durée 1h40), dans le cadre du Festival Off d’Avignon.

Prix de la place : 18€, tarif réduit avec carte off… je trouve ça toujours un peu cher, mais on va dire que je suis un peu radin…)

 

Intra Muros

écrit et mis en scène par Alexis Michalik

Avec Jeanne Arenes, Bernard Blancan, Sophie De Fürst, Paul Jeanson, Faycal Safi et le musicien Raphaël Charpentier

Assistante à la mise en scène Marie-Camille Soyer – Création Lumière Arnaud Jung – Scénographie Juliette Azzopardi – Costumes Marion Rebmann

Production ACME. Avec le soutien de l’Adami et du Théâtre 13 / Paris.

Jusqu’au 30 juillet 2017 au théâtre des Béliers (Avignon), puis à la Pépinière Théâtre (Paris) à partir du 14 septembre 2017.

 

(une autre histoire)

2010-2017

8e édition du festival que je fais avec l’ami marseillais. On a tout du vieux couple, on a nos petites habitudes. Je m’occupe de l’hôtel (extramuros, d’abord dans un Formule 1 (douche et WC collectifs) puis on est monté en gamme avec un Première Classe (avec salle de bains, douche et climatisation incluses) et de la voiture, il tient les comptes. Je lui envoie au fil des mois les différentes programmations des théâtres du off. Il les compulse, les triture pour en tirer une pré-sélection, toujours plus complète que la mienne. Je compare la mienne avec la sienne, nous nous rejoignons sur les deux tiers des spectacles. Au mois de juin, on se partage les taches pour acheter les places dans le In (billetterie du festival pour les places réservées, fnac pour les placements libres). Je passe le chercher à Marseille avec la 306 que ne m’a pas légué mon grand-père, puisque je l’ai achetée à sa mort pour ne pas froisser mes cousins et nous nous rendons à Avignon (en Avignon ? Je n’ai jamais su.). Je me gare au Parking du Palais des Papes (qui a augmenté de 5€ en moins de 10 ans, si on y reste toute la journée… ce qui reste toujours moins cher que le parking du Cours Julien à Marseille, soit dit en passant). Nous prenons nos petits déjeuners sur la Place Pie, dans la rue Joseph Vernet ou au café devant le Collège de la Salle (je crois n’avoir jamais mis les pieds dans ce « théâtre » que deux fois en vingt ans de festival), nous déjeunions dans une friterie ou dans un snack face au lycée St Joseph, mais depuis que les propriétaires ont vendu, nous n’y allons plus (la serveuse est bien moins sexy… j’avais l’habitude de boire la bière « marseillaise «  La Cagole »). Parfois même dans l’antre du diable, au village du Off. Durant le séjour , un rituel : on mange une glace Deldon (c’est E. qui m’avait initié à ce rite durant l’été 1996). À la sortie de la pièce, on débriefe. L’ami marseillais analyse assez précisément le spectacle que nous venons de voir, quand je l’écoute religieusement, prenant des notes mentalement pour éventuellement les ressortir dans une prochaine critique.

Certaines années, je sens la routine s’installer. A la fin de nos séjours, je brandis la menace de ne pas revenir l’année suivante. Mais je reviens toujours. L’an passé, pour égayer notre quotidien, pour prévenir le fameux cap des 7 ans, nous avons  invité un troisième larron à nous rejoindre, mais l’expérience n’a pas été renouvelée. Cette année, nous avons pris nos distances : sur les onze spectacles programmés, nous n’en avons que cinq en commun. Il est bon parfois de nous éloigner pour mieux nous retrouver. Quand je l’ai ramené à Marseille, l’ami marseillais m’a promis que nous prendrions une chambre d’hôtel intramuros l’année prochaine. Je crois que c’est reparti pour sept nouveaux festivals d’Avignon.

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

Cap au pire

(quand on ne lit pas la note d’intention)

Pièce d’anticipation politique écrite avant le deuxième tour des élections présidentielles françaises de 2022.

(ce que ça raconte en vrai)

Les mots sont des traîtres. Mais ils sont ce qui reste. Pour « dire encore ». « Encore. Dire encore. Soit dire encore. » Le voyage d’un homme dans l’univers des mots. Cap au pire est une déclaration d’amour aux mots, même s’ils « assombrissent et enténèbrent  » comme dit Thomas Bernard. Les mots restent. (site du Théâtre des Halles)

(pas une critique)

Denis Lavant est immobile et le restera. Il jouera avec les mots de Samuel Beckett. Il jouera avec nos nerfs. Je le soupçonne même d’adapter son texte selon le public. Un spectateur sortira, Lavant dira « Ouste ». Deux spectateurs font de même, il trouvera dans le texte la phrase qui conviendra à ce moment précis. Même si les deux prestations n’ont rien à voir, je repense à Angelica Liddell et son année de Richard. Je la découvrais et j’étais à la fois fasciné et nauséeux face à sa performance, cette loghorrée dont on ne voit pas la fin. Et si la performance de Denis Lavant tenait à cela : cela se terminera quand tous les spectateurs auront fait claquer leurs sièges, quitte à se répéter, se répéter, se répéter. J’avais dit à je ne sais plus qui que Denis Lavant ferait une lecture du bottin, je serais là. Je fus lessivé après la représentation. Un peu en colère aussi. Pourtant ce monologue reste bien en tête. Pas certain que je le reverrai lors de sa reprise à Paris, pas sûr non plus de le recommander à tout le monde, mais il reste un moment assez mémorable pour continuer à suivre Denis Lavant dans une autre des ses expérimentations.

vu le 14 juillet 2017 à 22h au Théâtre des Halles, Avignon.

Prix de la place : 15€ (tarif réduit : carte off)

 

CAP AU PIRE

Texte Samuel Beckett

Mise en scène Jacques Osinski

Avec Denis Lavant

Scénographie : Christophe Ouvrard – lumière  : Catherine Verheyde – costume : Hélène Kritikos

Production L’Aurore boréale et Les Déchargeurs / Le Pôle diffusion

crédit photo : Nathalie Sternalski

Jusqu’au 29 juillet 2017 au Théâtre des Halles (Avignon) puis du 02 décembre 2017 au 14 janvier 2018 à l’Athénée Théâtre Louis Jouvet (Paris)

 

(une autre histoire)

1996 (ou bien était-ce 1995, je n’ai pas vérifié).

J’avais 16 ans (ou 17, je ne sais plus trop). Je n’avais pratiquement pas vu une seule pièce de théâtre, si ce n’est une en anglais avec le collège (d’après La ferme Aux Animaux de George Orwell, c’était au théâtre du Moulin à Marseille, j’étais assis au balcon – en 1996 je m’y produirai avec mes camarades de l’option théâtre, mais c’est une autre histoire. Théâtre du Moulin qui était plus connu pour ses concerts que ses pièces – très rares – mais ça aussi c’est une autre histoire, que je ne peux vous conter car je ne me suis pas penché sur la question du pourquoi du comment mais je m’éloigne, revenons à nos moutons). J’avais bien joué dans « L’Oiseau Bleu » de Maurice Maeterlinck quand j’étais en 5e (j’interprétais deux rôles : Le Pain (j’avais caché des tranches de pain de mie sous ma tunique, le rôle m’avait pénétré – première phrase : « Eh bien, comment me trouvez-vous ? ») et l’Enfant Bleu Amoureux (ce que je n’étais pas. En tout cas, pas de celle qui interprétait l’Enfant Bleue Amoureuse – dernière phrase : « Je t’aimerai toujours » (phrase que je n’ai jamais plus prononcée dans la fiction comme dans le réel)) mais peut-on considérer qu’on voit une pièce quand on y joue ? Et si vous vous posez la question, quand on m’a demandé pourquoi je faisais du théâtre, j’avais répondu : « Je veux apprendre à mentir. ». Je n’avais jamais entendu parler de Jean Vilar, Antoine Vitez, ne savais même pas qu’il y avait un théâtre public et un théâtre privé. Tout ce que je savais du théâtre, c’était ce que j’avais lu en cours de français au collège et au lycée (Molière, Corneille, Racine ou la sainte trinité). Cette année-là, en 1e option théâtre, nous travaillions avec le comédien en charge de notre groupe sur Shakespeare, qui avait donc écrit autre chose qu’ « Hamlet » et « Roméo Et Juliette » (mes connaissances shakespeariennes se limitaient aux adaptations cinématographiques du grand Willy). Gaspar (c’était le prénom du comédien) m’avait donné le rôle du Roi Lear. Ma scène était celle où il organisait sa succession par donation (sûrement pour éviter d’exorbitants impôts sur l’héritage). « Apprenez que notre royaume, nous l’avons divisé en trois » : c’était ma première phrase.

Hormis la préparation du spectacle autour de Shakespeare (« Échec’Speare », c’était le nom de notre spectacle), nous allions au théâtre du Gymnase. Je me souviens m’être ennuyé devant le Bérénice mise en scène par Daniel Mesguich mais la toute première pièce que nous avons vue était « Roméo et Juliette » sur une mise en scène de Hans Peter Cloos avec l’admirable Brigitte Catillon dans le rôle de la nourrice, la sublime Romane Bohringer dans le rôle de Juliette et… Denis Lavant dans celui de Roméo. Mais je n’étais pas préparé à ça ! Je veux dire, tomber amoureux de ces deux acteurs que je suivrai par la suite aussi régulièrement que possible. Ces deux acteurs qui n’avaient pas du tout l’âge des personnages ni même le physique. Denis Lavant… Léonardo di Caprio… On ne peut trouver plus à l’opposé que ces deux-là. Un film, on peut le réévaluer selon notre âge, notre vécu. Mais la représentation  théâtrale reste unique. Sauf exception, on ne pourra revoir une pièce avec les mêmes acteurs vient ans plus tard. À l’instant t, Roméo et Juliette fut une claque, une mise en scène rock’n’roll (note pour plus tard, retrouver des critiques de cette pièce, mais ont-elles été numérisées ? Il y avait avant ou après Jésus Christ, il y a désormais avant et après internet.) C’est compliqué d’expliquer ce qu’il s’est passé en moi en voyant cette pièce. Une explosion, une jouissance, une expérience extatique ? Denis Lavant, je ne le connaissais que de nom, parce que je retiens tous les noms d’acteurs. Je savais qu’il avait travaillé avec Leos Carax mais n’avais vu aucun de ses films (je me suis bien rattrapé depuis). Denis Lavant (attention les clichés), il a une gueule, un corps, une voix. Si Denis Lavant était capable de faire, de vivre ça, je le pouvais. Pourquoi ai-je voulu faire du théâtre ? Quand j’étais petit, je regardais une série avec un cascadeur. J’ai d’abord voulu devenir cascadeur avant de vouloir mentir. Puis je voulais devenir Denis Lavant. (c’est pas pour ça que je suis allé au théâtre plus régulièrement, c’est venu bien plus tard avec le tg STAN, mais ça c’est une autre histoire.)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

Laïka

(quand on ne lit pas la note d’intention)

Quand l’acteur qui joue l’ours en peluche Judy Garland dans la pièce mise en scène par Thomas Quillardet « Tristesse et joie dans la vie des girafes », prend à bras le corps le rôle de la chienne Laïka, premier être vivant en orbite autour de la Terre.

 

(ce que ça raconte en vrai)

De l’ironie à la farce, de la satire politique à la réalité crue, Ascanio Celestini et David Murgia nous emmènent dans un monde engagé, peuplé de personnages attachants. Un clochard immigré, une prostituée, une voisine à la tête embrouillée… et un pauvre Christ, bien seul au milieu du fatras du monde, qui observe cette humanité. Après une journée incroyable, il explique à Pierre, son colocataire, ce qu’il a vu et ce qu’il a raconté aux gens du bar, ceux qui ne sortent plus et ignorent tout du monde extérieur. Les portraits s’enchaînent et de petits miracles se dessinent. Y aurait-il quelque chose de divin dans tous ces êtres humains ? (site du théâtre de l’Ancre)

 

(ceci n’est pas une critique mais…)

Ce que j’aime, c’est suivre un artiste au fil de ses créations. J’en parlerai peut-être lors de la chronique sur « Sopro » de Tiago Rodrigues, mais j’aime voir les passerelles entres les oeuvres, percevoir un renouvellement tout en restant fidèle à des thèmes. « Discours de la Nation », « Dépaysement » (Celestini à l’écriture et au jeu – lire sans Murgia) et « Laïka » se répondent et vont dans un même sens. Ils donnent la parole aux sans-voix, comme j’ai pu lire ici ou là. Le rythme impulsé par l’écriture de Celestini et le débit de parole de Murgia est incomparable et c’est ce qu’on aime retrouver dans leurs oeuvres. On ne se pose même pas la question de la redite. Le plaisir est là et c’est l’essentiel.

 

vu le 14 juillet à 17h20 à la Manufacture Patinoire (1h45, temps de navette inclus), dans le cadre du Festival Off d’Avignon.

Prix de la place : 13,5€ (tarif réduit Carte Off)

Laïka

Conception : Ascanio Celestini et David Murgia

Texte et mise en scène : Ascanio Celestini Interprétation : David Murgia et la voix de Yolande Moreau) – Musique : Maurice Blanchy (accordéon) – Régie : Philippe Kariger

Production Festival de Liège – Coproduction Le Théâtre National Wallonie-Bruxelles.

En tournée : du 9 au 12/10/17 à Charleroi (L’Eden)

 

(une autre histoire)

Avignon, il faut qu’on parle. Pourquoi ai-je toujours autant mal au cul quand je viens te voir ? Je veux dire, littéralement. Le prix que me coûtent tes places, radin que je suis, on en parlera peut-être une prochaine fois. Je me croirais au théâtre du Soleil après quatre heures de Mnouchkine. N’y aurait-il pas un moyen pour financer des sièges plus confortables. Je sais que la plupart de tes salles ne vivent que le temps d’un été, mais quand bien même. Tu sacrifierais quelques places pour plus de confort, tu rendrais tes spectateurs bien plus heureux et surtout ces derniers recevraient de meilleure manière les spectacles que tu leur offres. Et quand je t’interpelle, Avignon. C’est autant le In que le Off.

Appelons une chatte une chatte, j’ai un gros cul. Est-ce que tu crois que mon séant, disons enveloppé, est heureux quand il voit ces sièges en plastique qui sont encore plus étroits qu’un siège de la Ryanair ? Pense également à mes camarades voisins spectateurs qui me voient arriver et poussent des hauts cris de terreur : « Noooooooooooon ! » Précisons les choses, surtout à destination de mes groupies : ce n’est pas vrai, je n’ai pas un gros cul. Je fais du sport, je cours aux Buttes Chaumont tous les samedis de 9h15 à 10h dans le sens inverse des aiguilles d’une montre (j’ai des Adidas noires et un short très seyant qui va bien à mon cucul). Quand j’écris que j’ai un gros cul, c’est à des fins littéraires. Ne croyez pas tout ce que vous lisez, je vous en conjure. Où en étais-je ? J’en suis arrivé à venir bien en avance pour pouvoir choisir la place en bout de rang, histoire de ne pas être entre deux. Et quand on me demande de me décaler, je dis niet. Pour Laïka, à cause du jeu des navettes et des gens qui se débordent sur tous les côtés (Ah ces Français !!!), aucune place en bout de rang n’était disponible.

L’anecdote : Un type est en bout de rang. Reste la place à côté de lui. « Je préfère garder cette place : plus d’espace pour les jambes ! » me dit-il goguenard. Sympathique, je réponds : « J’en aurais fait de même à votre place. » Toutefois je ronge mon frein et je m’énerve tout seul. Parce que le gars, il ne met pas ses jambes sur le côté pour pouvoir les étendre, non. Il les écarte ostensiblement : manspreading ! Oui, je fus victime de manspreading ! Et le gars, en plus, il a dormi pendant la représentation. Je suis colère. Ça me rappelle le moment, devrais-je dire ces moments, où le gars prend l’accoudoir dans l’avion, le train ou le cinéma. J’ai trouvé ma cause pour laquelle me battre : elbowspreading !

 

Crédit photo : Dominique Houcmant-Goldo

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

Captation_Laika / Ascanio Celestini-David Murgia from Festival de Liège on Vimeo.

L’Affamée

(quand on ne lit pas la note d’intention)

Chronique d’une spectatrice qui a oublié de placer des temps de repos et de ravitaillement entre les spectacles qu’elle avait planifiés de voir lors d’un fameux festival estival théâtral.

(ce que ça raconte en vrai)

Pour la première fois adaptée au théâtre, on redécouvre aujourd’hui la poésie et la puissance de la langue singulière de Violette Leduc, figure féminine et littéraire du XXème siècle. Protégée de Simone de Beauvoir, Violette Leduc a gagné dès ses premiers textes l’admiration littéraire de Cocteau, Genet, Sartre, Sarraute… Longtemps méconnue du grand public, elle a grâce au soutien de Simone de Beauvoir pu continuer à se consacrer à son écriture jusqu’au succès de La bâtarde en 1964. Follement amoureuse de Simone, Violette lui a écrit cette longue déclaration poétique, offrant un regard profond et émouvant sur l’amour, sur l’espoir d’être aimé et sa solitude. À la croisée du théâtre, de la danse et de la poésie, ce spectacle révèle les résonances intemporelles du texte qui traversent les affres du désir et de la passion. (fiche du festival off d’Avignon)

 

(ceci n’est pas une critique mais…)

On pourrait me demander pourquoi cette pièce ? Parce que j’avais envie de me confronter à cette auteure/autrice que je ne connaissais que de réputation. Parce que le Off, c’est ça aussi : se laisser surprendre par une pièce inconnue à mon bataillon (même si la pièce est une reprise du festival 2015, ce qui n’est pas un gage de qualité, je le sais) (j’évoquerai dans une autre chronique que ce qui se passe à Avignon reste à Avignon, enfin je me comprends). Mon compagnon de festival qui me supporte tous les étés depuis huit ans avait choisi ce spectacle. Je ne dis pas que c’est de sa faute (je ne dis pas que c’est de ta faute, Laurent, hein ?) mais je n’avais aucun spectacle prévu sur ce créneau horaire, je me suis laissé convaincre. (note pour plus tard : il faudra qu’on me dise pourquoi tous les spectacles qui m’intéressent sont programmés aux mêmes horaires). Tout ça pour dire que… Je crois que je suis passé à côté de cette performance de Catherine Decastel… Blague à part, le sur-jeu de la metteure en scène / comédienne m’a légèrement agacé. Il y avait parfois quelque chose de risible dans ses intonations (Sarah Bernhardt, sors de ce corps !). Alors on me dira que la folie du personnage demandait ce type de jeu, il n’empêche que j’avais l’impression de voir une pièce d’un autre temps, avec une pincée de Pina Bausch, déjà vue et revue. Je ne suis pas parvenu à entendre les mots de Violette Leduc.

(attention enfoncement d’une porte ouverte) Le Off, c’est aussi ça, des spectacles auxquels on n’adhère pas mais qui permettent de mieux apprécier les autres (spectacles).

Vu à l’Atelier 44, le vendredi 14 juillet 2017 à 14h (durée 1h), dans le cadre du festival Off d’Avignon. Prix de la place : 10€ (tarif réduit avec carte Off)

Jusqu’au 30 juillet 2017 à l’Atelier 44 dans le cadre du Festival Off d’Avignon.

L’Affamée

texte : Violette Leduc

mise en scène et jeu : Catherine Decastel

dramaturgie : Armelle Bossière – chorégraphie : Fabrice Taraud – création lumière : Christine Mame

Compagnie Myosotis

http://www.ciemyosotis.com/nos-creations/affamee

 

(dans ma tête)

Ne pas dormir. Ne pas s’endormir. Il est 14h, le café que t’as payé 2€ alors que ce n’était qu’un simple Nespresso (donc aux alentours des trente centimes, purée la marge, j’ai une machine chez moi, je le sais, vous venez quand vous voulez, chez moi ça sera gratuit, mais faut monter les six étages sans ascenseur : me voir et boire un Nespresso en ma compagnie se méritent) ne fait pas effet. Je pense que ça ne fait jamais effet. J’ai toujours envie de faire la sieste après manger. Je vieillis, ça doit être ça. Ou bien ne dors-je pas assez la nuit. Mais que fais-je la nuit ? Je combats les moustiques, j’écoute les bruits nocturnes, je pense au cola que j’ai bu juste avant de  me coucher. Les yeux ouverts. Faudrait les machins choses qu’on met à Alex dans « Orange Mécanique » pour me contraindre à ne pas fermer les yeux. Si la pièce ne me plait pas, je pourrai dire : « Je suis passé à côté, j’étais fatigué, la pression, le festival, tout ça. » Ma voisine me regarde avec de drôles de yeux. Calvaire. Quand je m’ennuie, je ne reste pas en place. Cela dit, pendant le festival, in ou off, je ne reste jamais en place : Bientôt le guide des théâtres aux sièges les plus confortables (la Caserne des Pompiers tient la corde). Je tente de rester les jambes pas trop écartées, plante mes ongles pas encore rongés dans mes cuisses. Je compte les muscles de mes jambes (mollets, cuisses… mes connaissances en biologie sont limitées). Je tente de réprimer mes bâillements. Mert, je crois que la comédienne a vu que je baillais. Je me gratte. D’où ça vient au fait ? Pourquoi se gratte-t-on ? Je veux dire, quand on n’a ni boutons de moustiques, ni psoriasis, ni pellicules. Je me gratte parce que je m’ennuie. Je me souviens : Je suis allongé aux cotés de Laure (j’écris son prénom, il y a prescription), elle me demande pourquoi je me gratte alors qu’on est en position câline coquine (ridicule ce groupe nominal). Je lui réponds que je ne sais pas, peut-être un tic nerveux. (Le pire, c’est quand on est sur scène et qu’on a envie de se gratter alors qu’on n’est pas sensé bouger parce qu’on est mort. J’aime mourir sur scène : dans la vraie vie et même la fausse, j’évite.) Je comprends maintenant pourquoi je me grattais quand j’étais avec Laure. Quelle heure est-il ? Faudrait que je m’achète une vraie montre. Si je regarde mon téléphone, ça va se voir. Heureusement que ça ne dure qu’une heure. Une heure qui en vaut trois, quatre. Je devrais lire la pièce avant de la voir, comme ça je saurai quand ça se termine, où on en est. Ce qui annihilerait tout effet de surprise quant au dénouement de la dite pièce. J’ai des idées parfois…

crédit photo : Jérôme Bessout

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

F(l)ammes

(quand on ne lit pas la bible)

Si on utilisait l’orthographe exacte pour le nom commun « femme », le spectacle s’appellerait « F(l)emmes » et raconterait une toute autre histoire. Si on plaçait le s en début de mot et qu’on remplaçait les autres lettres par O – P – R – O, ça donnerait un spectacle que je chroniquerai très bientôt (smiley clin d’oeil avec le nez) (c’est pas le nez qui fait le clin d’oeil, c’est seulement que quand je fais des smileys avec les signes de ponctuation, je n’oublie jamais le nez)

(ce que ça raconte en vrai)

Si les jeunes hommes d’Illumination(s) incarnaient des agents de sécurité qui énonçaient aux spectateurs, non sans dérision : « Nous sommes là pour vous protéger de nous-mêmes », les jeunes femmes des quartiers populaires ne peuvent pas se prévaloir d’être des agents dangereux pour l’ordre public. Qui sont-elles ? Nées de parents immigrés, elles sont seules expertes de leur réalité, de leur féminité. Point aveugle de l’histoire de l’immigration en France, les moins visibles des minorités visibles s’explorent et s’expriment, chantent et dansent. Explorer… (site du Collectif 12)

 

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Crédit photos : François Louis Athénas

 

(ceci n’est pas une critique mais…)

David Bowie. Nina Simone. Sont peut-être les deux artistes qu’on entend le plus dans les pièces de théâtre en ce moment. Cette dernière m’aura fait pleurer deux fois durant ce Festival d’Avignon. Pas elle directement mais les voix des acteurs qui l’ont chantée. Ici « Ain’t got no, I’ve got life ». Il s’agit d’un spectacle imprévisible. Dans sa forme (Non… la pièce n’est pas seulement un enchainement de témoignages), dans les émotions qu’il provoque (C’est quoi ces frissons ? Mais qu’arrive-t-il à mes yeux ?). Il s’agit là d’un spectacle juste, énergique, généreux, optimiste. Rien de tel que de démarrer ces trois journées avignonnaises avec ce spectacle.

(Allez debout)

Vu au Théâtre des Halles (salle du Chapitre), le vendredi 14 juillet 2017 à 11h (durée 1h40), dans le cadre du festival Off d’Avignon. Prix de la place : 15€ (tarif réduit avec carte Off)

NB : Même si je n’ai aucun contact avec elle, je connaissais une des comédiennes de la pièce, avec qui j’avais joué en 2014 un spectacle avec des jeunes adultes déficients mentaux « Les Alvéoles de la Mémoire » à la M.P.A.A. St Germain.

 

F(l)ammes

Texte et mise en scène Ahmed Madani

Regard extérieur Mohamed El Khatib, assistante à la mise en scène Karima El Kharraze, vidéo Nicolas Clauss, lumière et régie générale Damien Klein, costumes Pascale Barré et Ahmed Madani, son Christophe Séchet, coaching vocal Dominique Magloire et Roland Chammougom, chorégraphie Salia Sanou, régie son Jérémy Gravier et Samuel Sérandour

Avec Anissa Aou, Ludivine Bah, Chirine Boussaha, Laurène Dulymbois, Dana Fiaque, Yasmina Ghemzi, Maurine Ilahiri, Anissa Kaki, Haby N’Diaye et Inès Zahoré

Texte publié aux Éditions Actes Sud-Papiers

Tournée : Paris (Maison des Métallos : du 17 au 29/10/17), Genève (Comédie : du 7 au 11/11/17), Cachan (07/12/17) et en 2018 à Calais, Cergy-Pontoise, Pantin, Noisy-le-Sec, Bron, Clermont l’Hérault, Le Mans, La Courneuve, Goussainville, Épinay-sur-Seine, Melun, Brétigny S/Orge, Aubervilliers, Montargis.

 

 

(une autre histoire)

J’aime arriver en avance. Au travail (quand j’en ai un), à un rendez-vous galant (ça me manque), au départ d’un voyage (hâte hâte hâte), au cinéma, au théâtre. J’aime voir les gens arriver en avance comme moi. En revanche, je déteste voir les gens arriver en retard. A l’heure, en avance, en retard, rien n’est préférable. Sauf au théâtre.

Qui sont ces gens ? D’où viennent-ils ? Qui les accompagne (si quelqu’un les accompagne) ? Je reconnais parfois un(e) journaliste, un(e) artiste. Parfois même quelqu’un que j’ai croisé dans la fausse vie (vraie vie, fausse vie… éternel débat… #teampessoa). Qui est cette dame d’un certain âge ? Elle me fait penser à M. avec qui j’avais fait du théâtre. Mais c’était à Paris. Là nous sommes à Avignon. Donc très loin. Mais on se croisait également au théâtre du Rond Point (note pour plus tard : rechercher sur la toile, comme disent les jeunes, une étude sociologique à propos des publics des théâtres). Donc cette dame qui a l’âge d’être ma mère, avec qui je faisais du théâtre allait également en voir. Donc c’était tout à fait possible que ça soit elle qui gravisse les marches de la salle du Chapitre du théâtre des Halles. Mais avant aujourd’hui, je ne l’avais point vue en tenue estivale ni même aussi peu maquillée. Sûrement la prévision d’une journée très chaude qui aurait ruiné son mascara et son fond de teint. Est-ce bien elle ? Dans le doute, je ne la salue pas. Elle non plus d’ailleurs. Si jamais elle m’a aperçu, peut-être a-t-elle douté de la même manière : « C’est lui ? C’est pas lui ? Ça doit bien faire trois ans que je ne l’ai pas vu. Sa barbe a blanchi, semble-t-il. Pis, il a grossi. Déjà qu’il était un peu épais… »

Parfois je me dis que je suis le seul à voir, à reconnaître les gens. Comme si la seule responsabilité de saluer ceux-ci n’incombait qu’à ma seule pomme. Comme si j’étais invisible, que personne ne m’apercevait, que personne ne me reconnaissait. J’ai toujours pensé que je vivais dans un film de David Lynch. Je change de peau, d’apparence, comme de saison. Parfois je reconnais les gens, mais je ne les salue quand même pas. Mais ça c’est une autre histoire.

La veille, sur le parvis du Mucem à Marseille, j’ai cru reconnaître S. avec qui j’avais joué il y a plus de quinze ans. Elle m’a regardé, je l’ai regardée (ou bien est-ce le contraire) Plusieurs fois. Aucun de nous deux n’a  bougé. Elle était toujours aussi belle…

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

 

Les règles de mon jeu

Rappel des règles du jeu : (ceci n’est) pas une critique.

 

Ce que j’aime, c’est le pas de côté. Ce que j’aime, ce sont les petites histoires qui nous trottent dans la tête, les films qu’on se fait, dans le métro, dans la rue, en attendant le début d’un spectacle. Ce que j’aime, c’est me souvenir. Ce que j’aime, c’est quand on me raconte des histoires. Ce que j’aime, c’est être ému et ne pas être tout à fait pareil après avoir vu un spectacle, dans la tête, dans le corps, dans le coeur. Parfois le spectacle ne provoque rien, mais la présence d’une personne, la vision d’une chose éphémère apportent ce changement d’état.

(Je ne sais pas être sérieux. J’aime les digressions, les parenthèses, les points de suspension, retomber sur mes pattes à la fin.)

Cet espace n’est pas un espace critique. J’aimerais bien, mais je m’en sens incapable. Je n’ai jamais été bon en analyse littéraire ou autre, au lycée, à la fac. Je ne sais pas donner un avis argumenté après avoir vu un spectacle. Je veux bien essayer, mais bon… Je n’en pense pas moins, mais ma tête et ce qu’il y a à l’intérieur sont dans un tel maëlstrom perpétuel que je n’y arrive pas. Peut-être, avec le temps, y arriverai-je, qui sait ? Mais ce n’est pas le plus important pour moi. Ce qui compte, ce sont les histoires.

Cet espace, c’est le mien. Parfois je raconterai stricto sensu la pièce, parfois j’inventerai une histoire, parfois même quelqu’un de mon entourage apparaitra. Je m’en excuse par avance, j’espère que je ne froisserai personne.

Mert, je voulais ne pas être sérieux, et voilà que je le suis. Je recommence.

Je ne sais pas si c’est vrai, mais je me souviens avoir lu un article sur Hunter S. Thompson au moment de la sortie du film de Terry Gilliam « Las Vegas Parano » (« Fear and loathing in Las Vegas »). Il évoquait un article du créateur du gonzo journalisme dans lequel il parlait de tout sauf de l’événement qu’il était sensé couvrir (un rassemblement ou une course de motos dans le désert, me semble-t-il). Il avait préféré parler de son périple, des drogues qu’il avait prises… Je ne me drogue pas. Je ne sais pas rouler les joints quant au reste… Mais j’ai toujours aimé faire ce pas de côté. Ici vous ne retrouverez pas un cahier critique, je ne sais pas faire (il peut m’arriver de me répéter, je radote, c’est Alzheimer je crois), ici vous retrouverez des histoires. Plus ou moins drôles, plus ou moins fines. Ou pas du tout. Parfois des réflexions sur le théâtre (pas forcément pointues), parfois des choses très personnelles (au point où j’en suis…)

Bref, j’arrête de pérorer, de soliloquer…

Ps : En vrai, je fais ça pour avoir des invitations au théâtre, mais il ne faut pas le dire.

 

(prochainement : F(l)ammes, , L’Affamée, Laïka, Cap au Pire, Intramuros, Un Rapport sur la Banalité de l’Amour, Sopro, Néant, Dans les Rapides, Tristesse et joie dans la vie des girafes, J’ai bien fait ?)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito