La Légende de Bornéo (L’Avantage du Doute / Théâtre de l’Atelier)

(quand on ne lit pas la bible)

La Légende de Bornéo ? Je ne vais pas me lancer, je ne sais déjà pas où se trouve Bornéo… Pis, je ne vais pas faire semblant de ne pas savoir de quoi il retourne, vu que j’ai vu la Grande Traversée du collectif l’an passé et le film de Judith Davis « Tout ce qu’il me reste de la révolution » !

(de quoi ça parle en vrai)

« Il y a une légende à Bornéo qui dit que les orangs outans savent parler mais qu’ils ne le disent pas pour ne pas avoir à travailler. » (source : ici)

 

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Ici point de singe, mais des comédiennes et des comédiens qui interrogent notre rapport au travail, du sens que cela peut avoir et surtout comment ce travail peut influer sur notre vie, sur nos rapports à l’autre, sur notre famille ou sur notre couple. (Je dis « notre », mais c’est un terme générique, parce que, personnellement, je ne suis présentement pas en couple. J’ai déjà du mal à me supporter moi-même…)

C’est une pièce qui s’articule autour de cinq moments, de cinq tableaux, qui n’ont pas forcément de lien entre eux, on ne sait pas trop quand ça commence, ni quand ça finit. Mais sous des allures un peu foutraques, le collectif sait très bien où il veut en venir, on rit, mais on ne peut s’empêcher à un moment ou à un autre d’avoir un peu froid dans le dos. On y aborde tout de même le burn-out, le regard de l’autre quand on se risque à ne plus être dans les normes sociales… On est souvent sur le fil. Ce qui fait aussi froid dans le dos, c’est de savoir que la pièce a été créée au Théâtre de la Bastille il y a sept ans et que rien ne semble avoir changé, bien au contraire.

C’est une pièce finement écrite, il y a une générosité, une sincérité qui transparaissent très clairement de la part des cinq acteurs. Il y a des moments agités, certes, où ça fuse, mais aussi des moments où on prend le temps de raconter une histoire. On laisse respirer les flottements (je ne sais absolument pas si ce que je viens de dire veut dire quelque chose).

J’ai beaucoup d’affection pour les personnes qui composent le collectif, en particulier Judith Davis et Claire Dumas, que j’ai pu cotoyer de longues heures l’an passé durant leur Occupation du Théâtre de la Bastille. Et je tenais vraiment à écrire ces quelques mots (une semaine après avoir vu la pièce) pour un spectacle qui compte. Un spectacle utile.

(cette chronique a été dans les grandes lignes lue lors du dernier enregistrement de Radio Mortimer #20)

 

LA LÉGENDE DE BORNÉO

par le Collectif L’Avantage du Doute

Avec Simon Bakhouche, Mélanie Bestel, Judith Davis, Claire Dumas, Nadir Legrand

(photos : Pierre Grosbois)

Jusqu’au 5 mai 2019 au Théâtre de l’Atelier, Paris puis au Théâtre des Carmes pendant le Festival Off d’Avignon.

 

 

(d’autres histoires)

Serait-ce le moment de parler de mon travail, moi qui, dans la fausse vie (vous connaissez la suite… ou lisez Fernando Pessoa, nom de Dieu !), suis fonctionnaire. Il n’ y a pas longtemps, mon supérieur hiérarchique a évoqué lors d’une réunion que nous autres, fonctionnaires, étions là pour fonctionner. Le gros mot est dit. Je vais recevoir un blâme pour en avoir parlé ? Licencie-moi si tu l’oses. Cap ou cap ?

Gagner sa vie. Il n’y aurait pas d’autres moyens de gagner sa vie ? Avons-nous eu le choix d’être en vie, alors pourquoi la gagner ? Vous avez quatre heures, toute sortie est définitive.

Si t’avais vraiment eu le choix, t’aurais fait quoi ? Je souris.

Je réponds désormais : Je ne sais pas. Mais je sais qu’il y a presque quatorze ans, quand on m’a donné mon affectation, au lieu d’aller à droite, je serais allé à gauche et ne serais plus jamais revenu.

*****

En job d’été, j’ai travaillé à la banque, un mois. Au Conseil général, un mois. A la Poste, 3 étés et 2 Noël. Me lever à 4h30 du matin l’été m’allait bien. Il faisait frais, je m’offrais toujours un Coca Vanille à la pause de 10h, je piquais le Télé 7 Jours d’une personne décédée dont l’abonnement n’avait pas encore été interrompu, j’étais l’as du tri : ville / département / pays / étranger / non timbré. Je soupesais les lettres et savais si le timbre correspondait au poids. Je jouais au basket avec les colis. J’étais insouciant.

*****

J’ai vu cette pièce du collectif l’Avantage du Doute le 7 avril. Le 14, je vois le Voyage de G. Mastorna par Marie Rémond à la Comédie Française, qui parle notamment des affres de la création (un film que n’aura jamais réalisé Federico Fellini) et du doute. J’aime trouver des liens.

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Le 14 septembre 2019, je vais fêter mes quinze ans de travail d’adulte. Et par la même occasion, mes quinze ans de vie parisienne. Tu es cordialement invité.e. à fêter cela ce jour-là. 

 

vu le dimanche 7 avril 2019 au Théâtre de l’Atelier, Paris

Prix de ma place : 25€ (cat.2)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

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