Fable pour un adieu (Emma Dante / La Colline)

(de quoi ça parle en vrai)

« Librement adapté de La Petite Sirène de Hans Christian Andersen, Emma Dante écrit et met en scène un conte contemporain où la mort côtoie la magie. Fable pour un adieu est l’histoire d’une sirène qui ne se sent pas à l’aise dans l’eau, son élément naturel. Préférant la terre ferme, elle passe des heures sur un rocher à contempler l’infini, d’où la mer lui apparaît comme une étendue merveilleuse et parfumée, jusqu’au jour où l’amour l’amènera à faire un choix crucial qui, peut-être, bouleversera sa vie. » (source : ici)

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© Carmine Maringola

(ceci n’est pas une vraie critique, car je n’ai pas vu le spectacle mais je vais tout de même en parler comme si j’avais vu le dit spectacle)

Quatre-vingt-dix-neuvième et dernier spectacle de l’année, un mercredi après-midi… A croire que je suis légèrement masochiste à vouloir subir un spectacle jeune public entouré d’une horde de gamins se conduisant plus ou moins bien, les coups de pieds dans le fauteuil de devant, les bavardages, les « je peux aller faire pipi… », « C’est bientôt fini ? » J’ai donc bravé les grèves pour me rendre finalement avec mes petits pieds (pointure 41) jusqu’à la Colline dans le vingtième arrondissement de Paris (que je connais bien, puisqu’il m’a vu naître… je veux dire, c’est dans le 20e que j’ai débarqué de ma cité phocéenne natale, il y a plus de 15 ans maintenant et ce fut un total hasard que le studio (16 mètres carrés mais avec une baignoire) que j’occupais se trouvait à quelques encablures de mon premier flirt en colo…)

Emma Dante… c’est pas le nom de mon flirt mais de l’artiste dont j’admire le travail et qui présente ces jours-ci « Fable pour un Adieu ». Encore une artiste qui présente à sa sauce un conte. Hier « L’Enfant-Océan » par Frédéric Sonntag d’après le Petit Poucet, aujourd’hui cette pièce pour « La Petite Sirène » et demain, qui sait, « Les Trois Petits Cochons » par Roméo Castellucci ou Frank Castorf avec Jeanne Balibar (je vous laisse deviner dans quel rôle, je ne m’égarerai pas sur ce sujet).

On retrouve cette liberté et l’audace que nous connaissons chez l’artiste sicilienne, qui a passé son enfance à Catane. C’est important de le souligner, car je connais quelqu’un qui vit à Catane en ce moment. Nous découvrons ce conte (je n’ai pas vu le dessin animé Disney, personne n’est parfait) sous un jour féministe et résolument moderne, avec cette petite sirène qui refuse les dogmes imposés par la société.

Pour ne pas perdre son jeune auditoire (le public de demain !), elle n’oublie pas le côté merveilleux et surtout ludique qui est la marque de fabrique de son théâtre (je n’ai vu qu’une pièce d’Emma Dante, donc je peux affirmer que c’est sa marque de fabrique). 

J’ai bien aimé tous ces moments où la petite sirène est posée sur son rocher (note pour plus tard : retrouver ma photo de la sculpture qu’on peut voir à Copenhague – je fais attention à ma planète, j’y étais allé en bus à partir de Stockholm… je suis comme ça… Certes, je suis allé à Stockholm en avion et le mois dernier j’ai fait un aller retour Paris Marseille en avion également alors même que la SNCF n’était pas encore en grève, mais vous ne trouvez pas aberrant de payer un billet deux fois moins cher en avion par rapport au train ? Enfin, je dis ça…) et qu’un enfant l’arrose avec un arrosoir de jardinier…

Mais au fond, moins qu’une adaptation du conte d’Andersen, il s’agit d’un hommage à peine voilé au film de Ron Howard « Splash » avec Daryl Hannah et Tom Hanks. C’était les années 80 et c’était bien : Save Ferris ! (les vrais savent)

Pour résumer, la pièce d’Emma Dante nous touche au coeur, pour qui a gardé une âme d’enfant (j’ai toujours du Nesquik dans mon garde-manger que je mange à la cuillère car je ne digère plus du tout le lait). C’est tour à tour réjouissant, rythmé, frais, pertinent, accessible mais exigeant, jubilatoire, sensible, humaniste, émouvant, inventif, immersif, simple, subtil, élégant, sobre, captivant, sans oublier l’interprétation dynamique, sincère, juste, équilibrée, fine des comédien.nes. C’était pas mal, quoi.

 

FABLE POUR UN ADIEU

texte et mise en scène Emma Dante

adapté de « La Petite Sirène » de Hans Christian Andersen
avec Elena Borgogni, Davide Celona, Stéphanie Taillandier

décor Carmine Maringola – lumières Cristian Zucaro – piano Laurent Durupt

Jusqu’au 22 décembre 2019 à la Colline, Paris

 

(…)

Entre Noël et le Jour de l’An, vous aurez droit à mon traditionnel billet de fin d’année qui s’intitulera cette année : Deux mille dix-neuf. Je ne sais pas où je trouve cette folle inspiration !

A part ça, passez de bonnes grèves et vive le foie gras !

 

Pas vu le mercredi 18 décembre 2019 à la Colline, Paris

Prix de ma place : 13€ (Carte Colline) (tant pis pour moi…)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

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