TIENS TA GARDE (Collectif Marthe / Théâtre de la Cité Internationale)

(de quoi ça parle en vrai)

« Leçon n°1 : « Désapprendre à ne pas se battre ». Pourquoi reconnaît-on aux dominants le droit à la légitime défense, et les femmes en seraient-elles exclues ? Et si l’apprentissage de l’autodéfense était au fondement du combat féministe ? En s’appuyant sur la pensée développée par la philosophe Elsa Dorlin dans son ouvrage Se Défendre, une philosophie de la violence, avec une préparation physique aux arts martiaux et une bonne dose d’humour et d’érudition, l’énergique Collectif Marthe tape du poing, et pas seulement sur la table : du combat de suffragettes formées au jiu-jitsu aux dissidentes d’hier et d’aujourd’hui, elles nous invitent joyeusement à en découdre avec des générations entières de luttes à armes inégales ! (source : ici)

© Jean-Louis Fernandez

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Ecrire une semaine plus tard sur un spectacle qui ne m’a que moyennement convaincu…

Auréolée d’une réputation assez flatteuse, c’est plutôt confiant que j’allais découvrir la deuxième création du Collectif Marthe. La pièce se déroule dans une salle d’armes… ah non en fait, dans une caverne préhistorique… ah non en fait… Vous l’aurez deviné, « Tiens ta garde » nous balade d’une époque à une autre, les comédiennes changent de rôles comme de postiche et dans sa première partie, le tout est enjoué, ludique, avec des personnages hauts en couleur, une Maryline à l’accent chantant (on pourrait avoir un long débat sur l’emploi des accents dans le théâtre et le cinéma, pourquoi on n’en entend pas plus sans être forcément une béquille humoristique ?) ou une doctorante sur les suffragettes qui n’aime pas qu’on prononce le mot « cheval ». C’est lors d’une longue scène de rêve que le spectacle nous perd. Solange, la monitrice du stage d’auto-défense qui réunit tous nos personnages principaux, rêve de son père qui veut la ramener au pays, d’un membre du KKK, de John Locke, d’un Captain America de pacotille… la scène s’étire, on ne sait plus très bien ce que l’on doit comprendre, on s’ennuie et le charme est rompu. On y parle d’émancipation, de la domination masculine, de l’exclusion des femmes depuis la nuit des temps, des sujets dont on parle énormément de nos jours, et à raison. Mais on se perd dans les références, notamment étrangères qu’on ne maîtrise pas forcément, ce qui veut peut-être dire aussi qu’il y a encore du travail au niveau de notre éducation !

On pense aussi à un autre groupe unisexe La Galerie, mené par Céline Champinot, qui, cultive dans ses spectacles un même goût du travestissement et des scènes qui partent dans tous les sens, mais où l’écriture parait plus aboutie voire poétique.

Une petite déception, mais modérée par une énergie parfois communicative de la part des comédiennes, toutes exemplaires.

TIENS TA GARDE

mise en scène Clara Bonnet, Marie-Ange Gagnaux, Aurélia Lüscher, Itto Mehdaoui et Maybie Vareilles

avec Clara Bonnet, Marie-Ange Gagnaux, Aurélia Lüscher en alternance avec Manon Raffaelli, Maybie Vareilles 

écriture le Collectif Marthe et Guillaume Cayet 

dramaturgie Guillaume Cayet 

collaboration artistique Maurin Ollès – scénographie et costumes Emma Depoid assistée de Eléonore Pease – création lumière Juliette Romens – création silhouettes Cécile Kretschmar – régie générale Clémentine Gaud & Clémentine Pradier – auto-défense Élodie Asorin – Octogone autodéfense

Dernière le 26 juin 2021 au Théâtre de la Cité Internationale (Paris) puis à Dijon du 29 juin au 2 juillet 2021.

(une autre histoire)

Je suis un garçon, mais je ne sais pas me battre. Hum hum… pardon… JE SUIS UN HOMME… mais je ne sais pas me battre. La dernière fois que j’ai dû me bagarrer, c’était en CM1 ou en CM2, je ne donnais même pas de coups, je m’accrochais au T-Shirt du gars et je ne lâchais rien. Je ne me suis jamais rien cassé de toute ma vie. J’ai toujours su me préserver. Même quand je me suis fait agresser dans la rue Bussy L’Indien à Marseille, je n’ai pas essayé de me battre, mais seulement de ne pas tomber. Et je ne suis pas tombé. Pourtant c’est beau un corps qui tombe. Il y a des manières de tomber sur scène, sans se faire mal. Je sais faire ça. Tomber. Pour de faux. Parfois sans faire exprès, mais je me relève toujours. Un jour, je ferai semblant de tomber, de m’évanouir. J’ai toujours rêvé de faire ça. Je l’ai vu dans un film. C’était Jean-Pierre Léaud ? Pour ne pas mourir de honte, sans pour autant s’enfuir, on s’évanouit. On tombe dans les pommes. Mon problème, c’est que je ne peux pas croquer les pommes, parce que j’ai la dent de devant qui est cassée et ça briserait le faux bout de dent. Je m’évanouirai, en faisant attention à ne pas croquer la dent en avant quand je tomberai dans les pommes. Pas très viril tout ça. Je suis un garçon, mais je ne fais pas face. Pas toujours. Je m’égare, je crois. Merci.

Vu le vendredi 18 juin 2021 au Théâtre de la Cité Internationale (Paris)

Prix de ma place : invitation Sceneweb

Textes (sauf mention contraire) : Axel Decanis

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