Un Instant (Marcel Proust / Jean Bellorini / TGP Saint Denis)

(de quoi ça parle en vrai)

Des quelque trois mille pages qui composent « À la recherche du temps perdu », Jean Bellorini et Camille de La Guillonnière conservent les passages de l’enfance de l’auteur auprès de sa mère tant aimée et mettent en lumière la relation tendre et profonde avec la grand-mère, jusqu’à la mort de cette dernière… (source : ici)

uninstant-0033-web
Crédits photos : Pascal Victor

(ceci n’est pas une critique, mais…)

J’avais pris quelque peu mes distances avec le travail de Jean Bellorini. Tout avait pourtant commencé par un coup de foudre il y a quelques années grâce à son adaptation des Misérables. Malgré les Paroles Gelées de Rabelais, mon intérêt s’était ensuite quelque peu étiolé avec une pièce de Brecht et Liliom pour finalement faire l’impasse sur les Frères Karamazov. Trop d’échelles et d’accordéons tue l’échelle et l’accordéon.

C’est après avoir écrit cette phrase d’anthologie et absolument pas réductrice que je me rendis à St Denis pour voir ce spectacle inspiré de l’oeuvre majeure de Marcel Proust, que je n’ai jamais lu, soyons pour une fois sincère. Ce n’est pas faute d’avoir relu plusieurs fois la première phrase « Longtemps je me suis couché de bonne heure ».

A notre entrée dans la salle, on est immédiatement saisi par la beauté de la scénographie qui s’offre à nous : des chaises par centaines, une chambre suspendue, une échelle, évidemment. Les deux acteurs font leur entrée, noir, ça commence.

Je retrouve alors avec plaisir la voix et le phrasé si particuliers de Camille de Guillonnière, qu’on pourrait écouter des heures durant. On fait la connaissance de la touchante Héléne Patarot, qui évoquera aussi son enfance : « ceci n’est pas une madeleine ». Il est doux de constater la complicité entre les deux acteurs. On prend surtout notre temps. C’est rare, de prendre le temps. Un temps précieux. Un moment délicat.

P.S. : Je me suis assoupi un instant, la faute à une longue semaine de labeur. Je me devais de le mentionner. Ma mémoire s’est mise à rêver… J’ai laissé voyager mes pensées…

 

UN INSTANT

Avec Hélène Patarot, Camille de La Guillonnière

Musicien Jérémy Peret

Adaptation Jean Bellorini, Camille de La Guillonnière et Hélène Patarot – Scénographie et lumière Jean Bellorini – Costumes et accessoires Macha Makeïeff – Création Sonore Sébastien Trouvé – Assistanat à la scénographie Véronique Chazal

Jusqu’au 9 décembre 2018 au TGP St Denis mais aussi les 16 et 17 février au Théâtre Louis Aragon (Tremblay-en-France), du 13 au 16 mars à La Criée (Marseille), etc.

(une autre histoire)

J’avais rencontré un gars, lors d’une formation, très étrange. Nous l’avions surnommé Ignatius, parce qu’il ressemblait au protagoniste de la Conjuration des Imbéciles de John Kennedy Toole. J’avais même écrit une chanson sur lui. Il nous avait dit, au milieu d’une conversation, qu’il avait trois cents livres chez lui qu’il n’avait pas encore lus. Je lui demande de répéter. Trois cents. Je doute de sa réponse. Il confirme. Impossible. Trois cents. Tu te joues de nous. Trois cents. Non, mais c’est un chiffre énorme, tu te trompes. (silence) Ah oui, c’est peut-être pas trois cents. Ce fut sa dernière réponse.

Treize ans après l’avoir fait changer sa réponse, je regarde ma bibliothèque et si je compte… trois cents. Trois cents livres que je n’ai pas lus. Des qu’on m’a offert, des que j’ai achetés pour plaire à une fille, des qui me font encore peur. Comme « À la recherche du temps perdu », acheté en 2005. J’entre dans une librairie avec un livre en tête, j’en ressors avec cinq. J’en lis deux. Tous les mois. Treize ans que je fais ça. Faites le calcul.

Je suis Ignatius.

 

vu le vendredi 16 novembre 2018 au Théâtre Gérard Philippe, Saint Denis

prix de ma place : invitation

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Une réflexion au sujet de « Un Instant (Marcel Proust / Jean Bellorini / TGP Saint Denis) »

  1. Marcel Proust est l’un de mes auteurs préférés. C’est grâce à mes classes de littérature que j’ai découvert ses bouquins. Je trouve formidable que le théâtre fasse revivre des écrivains de l’époque.

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire