Bárður Reinert Poulsen Trio

(quand on ne lit pas la note d’intention)

Je n’arrive pas à prononcer leurs noms, qu’est-ce que tu veux que je devine ce que c’est.

(dans ma tête)

J’aime faire des listes. Et pas que pour mes commissions. Principalement ce que j’ai vu, lu ou entendu. Je fais aussi des listes des filles avec qui je sors. J’espère m’arrêter sur un nombre que j’aime bien, pas forcément rond. Je note (pas les filles, je précise, même si dans ma tête je sais, qui j’ai préféré embrasser ou baiser faire l’amour), je compare (Je ne parle toujours pas des filles, quoique, voir plus haut…), d’une année sur l’autre. Il y a quelque chose que j’aime bien aussi, quand je voyage, c’est aller au cinéma, au théâtre, aux concerts. Je suis allé au cinéma en Irlande (Mission : Impossible, le premier, à Wicklow, j’avais dix-sept ans, les autres jeunes de mon groupe me regardaient bizarrement, une nana m’avait même dit que j’avais des petites mains. À Dublin aussi), en Allemagne (School of Rock à Munich, La Bande à Baader à Berlin), en Autriche, en Jordanie (Pirates des Caraïbes II dans le cinéma d’un palace en anglais sous-titré arabe, avec portique à métaux à l’entrée), au Canada (j’avais même écrit des critiques, des vraies je veux dire, pour le blog d’un ami), aux États-Unis (mon premier film avec les lunettes 3D), aux Pays-Bas (Holy Motors que j’avais raté en France), au Portugal (La Ronde à la Cinemateca de Lisbonne), en Irlande du Nord, en Écosse mais jamais en Angleterre, en Suède si (dans la salle la plus petite que j’ai jamais vue, pour « St Amour » de Kervern/Delepine). J’ai vu des spectacles au Volkstheater de Vienne (je suis parti à l’entracte avec M. , c’était les 3 Soeurs de Tchekhov, ça parlait trop vite, je n’y comprenais rien), au Dona Maria II de Lisbonne (Bacantes), au Rivoli à Porto (Bit), en Écosse lors du Fringe Festival (Alphonse de Wajdi Mouawad, pièce méconnue). J’ai assisté à des concerts, à des festivals au Québec (Osheaga, Festival d’été de Québec, Francofolies), en Belgique (Nuits du Bota, Delano Orchestra, Lightspeed Champion…), à New York (Chris Garneau et du jazz au Vanguard Village), à Reykjavik (Iceland Airwaves).

Purée, comme je me la pète. Achevez-moi !

 

Bárður Reinert Poulsen Trio.

au Reinsaríið, Torshavn, Faroe Islands

 

(ce que ça raconte en vrai)

C’est du jazz, un piano, une contrebasse, une batterie et c’est Féroen. (ça se dit comme ça ?)

(pas une critique)

Je me garderai bien encore une fois de critiquer en bonne et due forme ce concert : Un set court, on était quatre dans la salle dont la manageuse. Le lundi à Torshavn c’est calme. J’apprécie ce genre de musique, on pense à autre chose, on boit sa bière (j’aime les pays où, quand on demande une bière, on nous sert directement une pinte) et ça ne nous vrille pas les tympans. Bonne ambiance. On sort, il est 22h, il fait encore bien jour. On ne peut même pas aller près du phare pour le coucher du soleil avec ces notes encore bien en tête, ici il n’y a pas de coucher de soleil.

le 19 juin 2017

(crédit photo : Axel Ito)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

Johan Padan à la découverte des Amériques

(quand on ne lit pas la note d’intention)

Daaaa… Covfefe ! Fake News ! Christophe Colomb, c’était qui alors ?

(dans ma tête)

Je voudrais m’excuser auprès de tous mes amis qui ont eu la gentillesse de répondre présent à mon invitation et ainsi assister à tous les spectacles amateurs auxquels j’ai participé ces dix dernières années. Depuis quelque temps, c’est mon tour d’assister aux spectacles de mes anciens camarades de jeu, que j’ai quittés pour m’en aller vers d’autres aventures et je ne peux que compatir. Je veux dire, je comprends le calvaire que cela a pu être certains soirs. Le jeu approximatif de certains comédiens, l’enfilade de scènes qui n’ont aucun rapport les unes avec les autres, le malaise après mon mémorable trou de mémoire (C’est pas une certaine figure de style, ce que je viens d’utiliser ? Évidemment je ne m’en souviens point.), les spectateurs qui voient leur unique pièce de l’année et qui parlent fort fort fort derrière vous, être esquiché sur un banc pendant deux heures avec un malheureux ventilo pour toute la salle, le moment où on doit vite chercher que dire à propos du spectacle qu’on vient de voir : « Bravo ! » « Une belle énergie ! » « Tu fais comment pour apprendre le texte ? » « Vous étiez ensemble, c’était beau ! » « La petite brune qui jouait avec toi, c’était qui ? »

L’an passé, j’ai un peu démonté le spectacle de fin d’année de mon amie. Je le lui ai écrit, parce que je n’ai pas eu le courage de l’attendre après la représentation. Cela dit, elle était très très longue à sortir. J’ai démonté, mais argumenté. (…) (auto-censure) (…)  J’ai démonté l’ensemble. D’où mon appréhension avant de venir ce soir. Je trainais des pieds.  D’où mon admiration pour mes amis qui venaient me voir. Même si, avouons-le, je suis un plutôt bon acteur, drôle et tout et tout. Du genre : « Mais il est tout calme, tout réservé, à la limite du chiant même, pis là, ben c’est comme il se révélait. On ne le reconnait plus. Pourquoi il n’est pas tout le temps comme ça ? On l’inviterait plus souvent, même s’il est célibataire et qu’il fait peine à voir. »

C’est mon dernier spectacle de la saison, faut toujours terminer quelque part.

 

Johan Padan à la découverte des Amériques

de Dario Fo

Mise en scène de Emmanuel Ullmann

avec les membres de l’atelier amateur Tout le monde dehors

à la Comédie Nation, Paris (aussi le 18 juin 2017)

 

(de quoi ça parle en vrai)

Tout à coup nous avons vu s’avancer au pas de charge une foule de chevaux montés par les Indiens. «Sangre de dios ! Des Indiens à cheval comme les chrétiens ! Il n’y a plus de morale !» (citation de la pièce)

 

(pas une critique)

Le premier mérite est d’avoir choisi une (vraie) pièce pour un atelier amateur, ce qui nous change de la sélection de scènes qui n’en finissent plus (« Allez, plus que six avant la fin »). Le deuxième mérite est d’avoir adapté ce monologue de Dario Fo (que je ne connaissais pas) pour dix-sept acteurs. Le troisième mérite, je me l’attribue, car en ne ménageant pas mon amie l’année dernière, elle a très vite su combien son spectacle m’avait plu. Alors évidemment, tout le monde n’est pas au même niveau, certains se font plus remarquer que d’autres. Mais, et pour le coup c’est vrai, on a senti une énergie commune, une même direction, un rythme effréné, même si on a senti la baisse de régime avec quelques approximations de texte ou de déplacement à mi-parcours, une mise en scène exigeante qui amène les comédiens (amateurs) à un niveau supérieur au « spectacle de fin d’année ». Je l’avoue, j’y suis allé à reculons et au milieu du spectacle je me suis moi-même surpris en me disant : « Mazette, je souris, je suis l’histoire, ça me plaît ! »

le 13 juin 2017

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

Seu Jorge

(quand on n’a pas lu la note d’intention)

Je n’arrive pas à trouver de blague sur un interprète que j’admire et qui chante des chansons d’un chanteur que j’adore.

(dans ma tête)

Comme l’impression que je n’arrive à pleurer que de l’oeil droit. Immanquablement. J’ai un problème, docteur. Y a un truc avec mes glandes lacrymales. C’est vrai que si on pleure beaucoup, on pissera moins ? Parce qu’à ce prix-là, je suis prêt à écouter tous les soirs une compilation de certaines chansons de Radiohead, David Bowie, Leonard Cohen, Girls in Hawaii, à regarder « E.T. », « Billy Elliot » ou « Lion », à relire « Le Combat Ordinaire » de Manu Larcenet, je pleure et je n’aurai plus à me lever en plein milieu de la nuit pour faire pleurer Popaul parce qu’il ne sait plus se retenir.

Au théâtre, c’est l’œil droit. Quand je regarde/écoute quelque chose, c’est l’oeil droit. Dans la vraie vie, c’est l’œil droit. C’est très gênant. Je vais sortir avec un patch sur l’oeil, comme ça les gens ne verront pas que je pleure. Dans le métro, juste après une rupture, on me prendra pour un pirate. Je me couperai une jambe, la remplacerai par une prothèse en bois et je ferai la manche. J’ai toujours été très agile sur une jambe. Je suis un flamant rose. Je fabriquerai à l’intérieur du patch un mini réservoir pour récolter mes larmes légèrement salées et un soir, je préparerai pour ma dulcinée des pâtes aux larmes.

« Pas besoin de rajouter du sel, ma puce. »

Un plat unique. Ma tendre ne me verra plus du même oeil.

Seu Jorge ( + Papooz + Kadhja Bonet)

au théâtre Silvain, Marseille, dans le cadre de l’Edition Festival.

(ce que ça raconte en vrai)

Seu Jorge présente pour la première fois en tournée internationale les adaptations de certaines chansons de David Bowie en portugais qu’il avait écrites pour le film de Wes Anderson « The Life Aquatic – with Steve Zissou » en 2004.

(pas une critique)

Ça donne quoi ce genre de concert quand tu sais que tu adores les chansons d’un artiste aujourd’hui disparu, qu’elles sont adaptées par le premier chanteur que tu as vu en concert à ton arrivée à Paris, il y a déjà presque treize ans ?

Une émotion, grande. Tu oublies très rapidement les deux premières parties (Kadhja Bonet qui aurait mérité un lieu plus intime et un groupe Papooz qui n’a pas inventé le fil à couper le beurre et qui, à force de singer les groupes des années 80/90, avec des chansons déjà entendues mille fois, font plus peine à voir qu’autre chose (ou bien suis-je vraiment devenu rabat-joie, mais je n’étais venu que pour entendre Seu Jorge chanter un florilège des chansons de David Bowie en portugais)). Tu oublies que tu n’es pas tout seul, même si, sur les morceaux moins connus tu perçois davantage de bavardages intempestifs. Tu n’as d’yeux (et d’oreilles) que pour l’ami Seu Jorge, qui a revêtu le bleu de travail et le bonnet rouge de rigueur (uniforme de l’équipage du Belafonte dans le film de Wes Anderson). Et la magie opère. Les frissons s’installent dans nos poils (et j’en ai beaucoup) (pis, on est à Marseille, il ne fait pas froid à Marseille au mois de juin, donc ça ne pouvait être rien d’autre que cela). On a envie de chanter en choeur mais on se souvient que Seu Jorge chante en portugais, qu’on n’a toujours pas notre master en portugais malgré nos séjours touristiques à Lisbonne. On sent une générosité et un plaisir non feints de la part de Seu Jorge, qui est seul sur scène avec sa guitare. En rappel, des images psychédéliques du film, celle de David Bowie qui avait adoubé ces versions en portugais.

Vive le super combo : Seu Jorge + David Bowie + théâtre de verdure + Marseille !

le 9 juin 2017

(crédit photo : Vitor Munhoz)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

The Life Aquatic – Life on Mars – Seu Jorge from BANDE A PART on Vimeo.

Rêves

(quand on ne lit pas la note d’intention)

Le moment gênant de cette saison théâtrale 16/17, quand la metteure en scène Hélène Lebarbier a récupéré mon carnet noir dans lequel j’inscris tous mes rêves pour les mettre en scène avec une distribution exclusivement féminine.

(dans ma tête)

Y a -t-il une différence entre le hasard et les coïncidences ?

Je vois cette affiche sur laquelle est annoncé un spectacle de fin d’année qui s’intitule : « Absurde, vous avez dit absurde ? »

Il y a vingt ans pile, presque jour pour jour, je n’ai pas la date précise en tête, j’ai joué dans un spectacle qui s’intitulait « Absurde, vous avez dit absurde ? » Je trouvais même ce titre stupide. Je savais déjà que c’était inspiré d’un film avec Louis Jouvet. Tout ça parce qu’on proposait un montage de scènes extraites du théâtre dit absurde de Samuel Beckett, Eugène Ionesco, Alfred Jarry…

Il y a vingt ans, je n’avais pas vingt ans. J’avais déjà embrassé une fille, heureusement, mais je n’avais pas encore vu ce qu’il y avait sous les jupes des filles. J’étais amoureux de Céline, la fille aux chaussures vertes. J’empruntais le même chemin qu’elle pour aller au lycée mais je n’ai jamais osé lui parler. Elle avait deux ans de moins que moi. Mais comme j’avais retapé ma seconde, je n’avais qu’un an de décalage scolairement parlant, donc notre relation aurait pu être acceptée socialement assez facilement. Moi aussi je portais des chaussures vertes. C’est parce qu’elle portait aussi des chaussures vertes que je l’ai remarquée. Mais je ne vais pas encore une fois parler d’elle.

Il y a vingt ans mes grands parents maternels étaient encore en vie, j’habitais dans les quartiers est de Marseille, j’allais au Cinémadeleine, je jouais au tennis au club de St Julien. Mes amis s’appelaient Stéphan, Jean-Philippe, Christophe, Emmanuelle… et nous avions tous pris l’option théâtre. Stéphan et moi avions fêté notre anniversaire ensemble car nous sommes nés le même jour de la même année. Un soir, nous avions raccompagné Julie Gayet à son hôtel. Je lui avais même confié une histoire que j’avais écrite (à la main), elle ne m’a jamais appelé. Je fantasmais sur Baby Spice et Ginger Spice des Spice Girls. Je ne suis pas à un paradoxe près. Je ne savais pas de quoi serait faite ma vie. Mais le sais-je maintenant ? Il y a vingt ans, je ne savais vraiment pas. Aujourd’hui, je ne sais toujours pas, même si je le vois, le mur en face qui se rapproche drôlement rapidement. Je n’avais encore pris aucune cuite ni fumé la seule cigarette. Je m’étais teint les cheveux en blond. J’avais deux poils dans le dos, quantité de cassettes vhs, un caméscope Sony, le permis de conduire.

Je rêve encore de cette période de ma vie. Je rêve d’y retourner. Je rêvais d’une vie, mais pas celle que j’ai maintenant. Je rêvais d’une vie, mais pas celle que j’ai maintenant. Je n’aurais jamais pu, ne serait-ce qu’imaginer la vie que j’ai maintenant.

La vraie vie, c’est celle que nous rêvions quand nous étions enfants… Qui a dit ça déjà ?

 

Rêves

de Wajdi Mouawad

Mise en scène de Hélène Lebarbier

Avec Morgane Barbedienne, Diane Carpenter, Rym Debbarh-Mounir, Marianne Dell, Sophie Dufeu, Isabelle Kassel, Julie Rey-Camet, Julie Vallat.

au Théâtre Clavel, Paris (jusqu’au 10 juin 2017)

 

(de quoi ça parle en vrai)

Willem loue une chambre d’hôtel et passe la nuit à écrire. Au bout de sa plume naît une série de personnages, créatures surgies des profondeurs de l’écrivain, autant de doubles de lui-même qui envahissent l’espace de son imaginaire. Sollicité par le désir d’un roman à venir – Architecture d’un marcheur, l’histoire d’un homme qui marche vers la mer -, Willem dialogue sans pitié avec ces êtres invisibles qui nourrissent ses colères et sa rage, ses doutes et ses angoisses de créateur (quatrième de couverture)

(pas une critique)

(production amateur) (je ne sais jamais s’il faut accorder « amateur) Je me garderai bien de critiquer ici une pièce montée par des amateurs, même si je n’aime définitivement pas ce mot, qui ont, en tout cas, investi du temps et de l’argent pour livrer cet effort. Il n’empêche qu’on ne peut que saluer la justesse de jeu des comédiennes interprétant Willem et l’hôtelière (qui l’accueille), l’harmonie entre toutes les comédiennes, le risque de la metteure en scène de monter une vraie pièce dans un cadre amateur avec toute l’exigence que cela demande.

le 7 juin 2017

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

Art

(quand on ne lit pas la note d’intention)

Artichaut (j’aime pas mais mon coeur l’est), Arthur (le Roi, celui de la légende), Art Garfunkel (celui qui a des cheveux), Article défini (enfer et damnation), Arthaud Antonin (le lycée où j’ai passé le bac), Artagnan (D’), Arthrite (à force de craquer mes doigts), Arte (j’ai une cassette vhs avec les moutons qui sautent), Artemis Gordon (WWW)…

(dans ma tête)

Quelqu’un que je connais, que j’estime, que j’apprécie nous avait demandé de raconter notre trajet pour aller au théâtre et en repartir. Comment venons-nous ? Qui rencontrons-nous ? À quoi pensons-nous ? Autant de questions, si ce n’est plus, auxquelles je pense à chaque fois. J’écoute, j’observe. Mais aujourd’hui, je remonterai plus haut. Je suis fatigué. Je ne travaille pas, pourtant je suis fatigué. Je dors très mal, je rattrape comme je peux par des micro-siestes. La dernière avant de partir au théâtre, entre 18h30 et 18h50. Ensuqué je suis. Je change de chemise trois fois. Je ne travaille pas mais je suis fatigué, allez comprendre. Je me répète, je sais. Dans le métro, je suis assis. Je n’aime pas la climatisation, heureusement j’ai mon sweat à capuche. J‘observe les gens, j’écoute les conversations, je compte les stations restantes, calcule le temps restant, je compte les livres, les écouteurs, les téléphones. Une personne traverse la rame à la recherche d’un peu de pièces de monnaie. Ça aussi, ça me fatigue.

– Vous ne voulez pas m’aider ?

– Ça dépend.

– Vous avez cinquante centimes ?

– Non.

Il part sans demander son reste. J’avais deux euros dans la poche.

J’aurais pu lui donner ma place de théâtre. Ça s’est jamais vu, ça, je pense. « Non, je n’ai pas de ticket restaurant, mais j’ai un billet de théâtre. C’est jour de première. Vas-y, y a toujours un buffet gratuit plutôt bon et du vin pas dégueu après la représentation. Vas-y, dis que tu viens de ma part. Tu occuperas la place du milieu, au troisième rang. Tu aimeras. C’est belge. La première fois que je suis entré dans ce théâtre, c’est grâce à eux. Depuis, il m’est arrivé plein de belles choses là-bas. Y a même une photo de moi dans le foyer. C’est ton tour, maintenant, de vivre de belles choses. Qui sait, tu rencontreras peut-être des vedettes ? Audrey Fleurot par exemple. Moi, je vais me rentrer. Je suis fatigué, je voudrais dormir, mais je n’y arrive pas. Mes problèmes, c’est rien à côté des tiens, je sais, mais parce que ce sont les miens, ils sont plus importants. Que pour ma gueule. Rends-moi mon ticket, je vais y aller. Parce que quand je vais au théâtre, je m’oublie. Non, je ne fais pas pipi sur mon siège, j’oublie qui je suis. »

 

Art

Une pièce écrite par Yasmina Réza

De et avec Kuno Bakker, Gillis Biesheuvel et Frank Vercruyssen (Dood Paard / tg STAN)

au Théâtre de la Bastille, Paris

(jusqu’au 30 juin 2017)

 

(de quoi ça parle en vrai)

« Mon ami Serge a acheté un tableau. C’est une toile d’environ un mètre vingt, peinte en blanc. Le fond est blanc et si on cligne des yeux, on peut apercevoir de fins lisérés blancs transversaux. Mon ami Serge est un ami depuis longtemps. » Serge vient d’acheter une oeuvre contemporaine d’un certain Antrios, peintre très côté. Marc, son ami, trouve que se ruiner pour un tel tableau acheté « 20 briques » est aussi grotesque qu’absurde. Yvan, lui, va bientôt se marier avec une certaine Catherine, choix que ses deux amis n’approuvent pas. Serge, Marc et Yvan (bouc-émissaire des deux autres), vont réussir à s’humilier, se déchirer et se mépriser, au nom d’une oeuvre d’Art.

 

(ceci n’est pas une critique mais…)

C’est toujours délicat de voir une nouvelle pièce d’une compagnie, d’un metteur en scène, d’un acteur qu’on apprécie énormément. Un mélange d’excitation et d’appréhension. Je ne suis pas un fan, dans le sens fanatique. J’aime croire que je reste raisonnable. Même s’il s’agit d’une coproduction tg STAN / Dood Paard, cela reste une nouvelle pièce tg STAN. Frank Vercruyssen m’a déjà fait rire, pleurer… Ce soir j’ai ri. Je me suis encore émerveillé de leur aisance, même s’il ne s’agit pas de la pièce qui m’a le plus transporté. Les adresses au public n’étaient pas forcément toutes bien placées. Mais heureux de terminer la saison professionnelle par cette pièce. Bientôt les restitutions des ateliers de fin d’année… Bonne nuit.

2 juin 2017

crédit photo : Sanne Peper

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

Art from Théâtre Garonne on Vimeo.