INCANDESCENCES (Ahmed Madani / Théâtre des Halles / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

« Une centaine de filles et de garçons ont accepté de rencontrer Ahmed Madani et de lui ouvrir leur cœur. Neuf d’entre eux portent sur la scène les récits trop souvent passés sous silence de vies ordinaires au caractère extraordinaire. Ils n’ont pas froid aux yeux, s’emparent du plateau pour dire ce qui les unit, les sépare, les fragilise, leur donne la force de se tenir debout et d’avancer. Ils s’adressent à nous avec éloquence, fierté, drôlerie, élégance. Un récit universel, joué, dansé, chanté, expression de l’immense joie d’amour qui a engendré notre humanité. » (source : ici)

Photo de couverture © Nicolas Clauss / Photo ci-dessus : © François Louis Ahténas

(ceci n’est pas une critique, mais…)

En fait, je me rends compte que je pourrais seulement copier coller la description de la partie « de quoi ça parle en vrai ». Y a un peu de ça. Une de mes connaissances a participé à un des ateliers organisé par Ahmed Madani mais n’a malheureusement pas été retenue dans la distribution finale. Je ne la connais pas suffisamment pour savoir ce qui est d’elle dans le spectacle. D’ailleurs, on s’en fiche un peu, de savoir si ce que disent ces jeunes est vrai ou pas, si ça leur appartient ou pas. D’ailleurs, question, assument-ils tout ce qu’ils disent quand leurs parents ou leurs amis sont dans la salle ?

Cette pièce, c’est un peu la célébration de la vie. Les récits sont tour à tour touchants, drôles, enlevés, parfois graves… Ahmed Madani sait y faire pour mettre en valeur chacun de ses acteurs (seulement deux d’entre eux ont fait le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique), retranscrire « la parole du jeune » : famille, amour, sexualité, religion, tout y passe et rien n’est gênant (sauf quand l’une des comédiennes demande au public quand il a perdu sa virginité… ça me fait penser à quelqu’un qui a raconté la sienne dans un podcast, mais c’est une autre histoire…)

Il fait toujours du bien de voir sur un plateau une certaine diversité sociale et physique. J’en parlerai (peut-être) lors de ma chronique à propos de la Cerisaie version Tiago Rodrigues, il est encore mieux de la voir sans que cela soit le sujet. Et ça me gêne toujours un petit peu de voir sur scène toutes les couleurs de peaux représentées, dans une salle remplie de (plus ou moins) vieux bourgeois blancs en bermudas et sandales, mais c’est un autre débat.

Ce fut mon dernier spectacle dans le Off d’Avignon et ça m’a fait du bien. Et même s’il s’agit d’une de ces pièces qui a déjà une tournée longue comme le bras pour la saison 21/22, on a envie de le défendre et d’inciter les gens à se déplacer pour le voir.

INCANDESCENCES

Texte et mise en scène Ahmed Madani

Avec Aboubacar Camara, Ibrahima Diop, Virgil Leclaire, Marie Ntotcho, Julie Plaisir, Philippe Quy, Merbouha Rahmani, Jordan Rezgui, Izabela Zak

Assistanat à la mise en scène Issam Rachyq-Ahrad, création lumière et régie générale Damien Klein, création son Christophe Séchet, création vidéo Nicolas Clauss, regard extérieur chorégraphique Salia Sanou assisté de Jérôme Kaboré, costumes Ahmed Madani et Pascale Barré, coach chant Dominique Magloire

Jusqu’au 30 juillet 2021 au Théâtre des Halles (Avignon Off) puis, notamment, à Bruxelles (du 9 au 27 novembre 2021), Sevran (10/12/21), Bobigny (du 26 au 30 janvier 2022), Libourne, Nîmes, Privas, Poitiers, Mantes la Jolie…

(une autre histoire)

J’aurais dit quoi si la comédienne m’avait demandé à quel âge j’avais perdu ma virginité ? La vérité ? Un mensonge ? Une pirouette ?J’ai perdu ma virginité hier.

– Hier ? Waouh ! Vraiment ?

– Oui, hier, parce que c’est comme si c’était hier, je veux dire, je m’en souviens comme si c’était hier. Mais ce n’était pas hier, hein, que ça soit bien clair !

– On vous croit, on vous croit, quoique, cela aurait été bien original… Et je ne vais pas vous demander comment ça s’est passé, rassurez-vous.

– Mais si, je veux le raconter, j’ai le droit, non ? Tout le monde veut savoir, j’en suis certain ! Ça s’est passé un 20 septembre, elle s’appelait Julia, mais je l’appelais Mademoiselle Julie.

– On va s’arrêter là…

– Et moi, elle m’appelait Alex. Je n’ai jamais osé la contredire, de peur qu’elle s’en aille. Parce que je ne m’appelle pas Alex ni Alexandre…

– Le spectacle doit poursuivre…

– Il faisait nuit et ça s’est passé dans un lit…

– Au secours !

– J’avais mis mon caleçon fétiche…

– Ça va trop loin, j’ai honte…

– Me voilà mélancolique… c’est de votre faute, je vous déteste ! Vite un remède, je n’en puis plus ! Oui, je change d’humeur assez rapidement. Il faut que je consulte, on me le dit souvent. En plus France Inter a arrêté l’émission « Remède à la mélancolie » d’Eva Bester, je ne sais pas comment je vais faire. J’ai envie de chanter.

– Ça ne fait pas partie du spectacle, je précise.

– « J’ai encore rêvé d’elle… »

Vu le lundi 19 juillet 2021 au Théâtre des Halles (Avignon Off)

Prix de ma place : 15,60€ (carte Off)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Laisser un commentaire