LA CERISAIE (Anton Tchekhov / Tiago Rodrigues / Cour d’Honneur du Palais des Papes / Festival d’Avignon

(de quoi ça parle en vrai)

« Exilée à Paris depuis de nombreuses années, Lioubov, créature insaisissable et lunaire, revient dans son domaine qui doit être vendu pour dette. Pivot tragique de cette pièce qui oscille entre drame et comédie, cette figure maternelle, cette mater dolorosa, interprétée par Isabelle Huppert, retrouve les siens perturbés par l’avenir de la propriété et, plus largement, du monde qu’elle a laissé derrière elle. La société moderne et ses mutations sociales arrive à grands pas. À grand bruit. » (source : ici)

© Christophe Raynaud de Lage

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Tiago Rodrigues… J’ai vérifié, la première chronique écrite sur ce blog n’était pas à propos d’une de ses pièces, mais seulement la deuxième (Antoine et Cléopâtre). J’ai déja moins apprécié une de ses productions (Please Please Please), donc je sais être déçu. J’ai assisté à la dernière de « La Cerisaie » dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes. C’était un peu cette pièce qui avait façonné mon séjour à Avignon cette année, au niveau calendaire. J’ai malheureusement lu ou entendu tout ce qu’on a pu dire ou écrire sur cette pièce. Et ce qui est bien, c’est que je n’aurai pas à aller dans les détails, puisque tout ou presque a déjà été dit (ou la combine du blogueur flemmard).

Tiago Rodrigues était attendu au tournant, à cause de la pièce elle-même, du lieu, de l’annonce faite en début de festival de sa nomination à la tête du Festival d’Avignon dès 2023, ainsi que de la présence d’une certaine vedette française qui lui aurait fait les yeux doux et que je préfère définitivement au cinéma plutôt qu’au théâtre.

Pour une fois, (malheureusement) l’artiste lisboète n’a pas réécrit à sa sauce le texte du bien aimé Tchekhov (et donc cela n’a pas été joliment traduit par Thomas Resendes). J’aurais aimé avoir été une petite souris et assister aux lectures et aux répétitions. Je pense tout haut : « Mais comment peut-on répéter une pièce aussi importante la journée et jouer le soir même du Tennessee Williams ? »

Pour la deuxième fois, Tiago Rodrigues réunit une distribution francophone (hors spectacle conçu pour une école d’art dramatique). Force est de constater que la cohésion me paraissait plus forte pour « Bovary » que pour « La Cerisaie ». Pour « Bovary », le casting était « Bastille-compatible », ici c’est plus « Odéon-compatible » – nombre de comédiens et comédiennes ont joué dans des productions Braunschweig (que je n’aime toujours pas). Donc hormis la joie de retrouver les fidèles David Geselson et Grégoire Monsaingeon, chers à mon coeur, j’eus tout de même la joie de découvrir l’impeccable Océane Cairaty et surtout l’impressionnant Adama Diop qui bouffe tout le reste de la distribution (et sa vedette), de par sa présence et sa voix.

Un de mes moments les plus marquants, quand il crie : « La cerisaie est maintenant à moi ! À moi ! » Adama Diop s’impose, c’est lui la vedette ! A moins que ça soit Tiago Rodrigues qui crie que la Cour d’Honneur est maintenant à lui. Comme si tout était écrit. Que des suppositions, je le concède.

Il était également réjouissant de voir l’émotion de Suzanne Aubert lors des saluts, de la voir embrasser une dernière fois les murs de la Cour d’Honneur quand les trompettes de Maurice Jarre ont retenti. Je fus également amusé par l’apparente décontraction de Tom Adjibi…

Je vois les défauts de la pièce, ses longueurs, sa distribution trop hétéroclite (dans le jeu – Alex Descas et Isabelle Huppert sont ceux qui s’en sortent le moins bien, à mon avis), un manque d’émotion, même quand le vent fort s’invite dans la partie : Lors de la représentation de Sopro au Cloître des Carmes, les larmes m’avaient envahi en voyant les rideaux s’envoler, en écoutant « Wild is the Wind » de Nina Simone. Ici les comédiens font voler pendant un très long moment des mouchoirs (à la Raimund Hogue), des voiles. C’est languissant et vain.

Je vois ces défauts, disais-je, je m’étais tellement préparé à ne pas aimer… et pourtant je ne parviens pas à ne pas aimer ce spectacle. Comme le disent nos amis suisses, je suis déçu en bien. La pièce sera sûrement resserrée pour sa reprise en décembre à Lisbonne, les comédiennes et comédiens auront eu plus l’habitude de jouer ensemble.

(les scènes nationales étant tout de même moins larges que celle de la Cour d’Honneur, les comédien.ne.s auront moins de distance à parcourir… Au contraire de moi, quand je suis passé d’un studio de 16m2 à un deux pièces de 31m2 : le matin, je devais me lever cinq minutes plus tôt, car aller de la salle de bains à ma chambre en passant par la cuisine et mon salon me prenait plus de temps.)

Je ne sais pas si je la reverrai, cette pièce, comme j’ai revu By Heart ou The Way she dies.

« La Cerisaie » c’est aussi un peu la fin d’une époque, le début d’une nouvelle. Quand elle a été écrite et encore aujourd’hui.

LA CERISAIE

Avec Isabelle Huppert, Isabel Abreu, Tom Adjibi, Nadim Ahmed, Suzanne Aubert, Marcel Bozonnet, Océane Cairaty, Alex Descas, Adama Diop, David Geselson, Grégoire Monsaingeon, Alison Valence
Et Manuela Azevedo, Hélder Gonçalves (musiciens)

Texte Anton Tchekhov (Traduction André Markowicz et Françoise Morvan)
Mise en scène Tiago Rodrigues


Collaboration artistique Magda Bizarro – Scénographie Fernando Ribeiro – Lumière Nuno Meira – Costumes José António Tenente – Maquillage, coiffure Sylvie Cailler, Jocelyne Milazzo – Musique Hélder Goncalves (composition), Tiago Rodrigues (paroles) – Son Pedro Costa – Assistanat à la mise en scène Ilyas Mettioui

En tournée notamment à Paris (Odéon) du 7 janvier au 20 février 2022, Clermont Ferrand (juin 2022), Villeurbanne (septembre 2022), La Rochelle (septembre 2022)…

(une autre histoire)

« Ah ! ma cerisaie, ma chère, ma belle cerisaie ! Ma vie, ma jeunesse, mon bonheur, adieu… adieu !… Un dernier regard à ces murs, à ces fenêtres ! »

Pareil.

Vu le samedi 17 juillet 2021 à la Cour d’Honneur du Palais des Papes (Avignon IN)

Prix de ma place : 32,30 €

Textes (sauf mention contraire) : Axel Decanis

Ps : Cinquantième mois d’existence du blog, quatre-centième article publié. J’aime les nombres ronds. Point final. Et j’ai même pas fait exprès.

YALLA ! (Sonia Ristic / Déborah Banoun / Espace Alya / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

« A la frontière du Liban, face à face, un adolescent palestinien et une soldate israélienne. L’adolescent a une pierre à la main, la soldate le tient en joue. Un instant de temps suspendu, pendant lequel deux monologues intérieurs s’entrecroisent, soufflant un vibrant message d’espoir » (source : ici)

(ceci n’est pas une longue critique, mais…)

J’aime raconter les histoires dans le désordre. Voici donc l’histoire de mon premier spectacle de l’édition 2021 du Festival Off d’Avignon.

Ce n’était pas la première fois que je recevais une invitation pour assister à cette pièce. La Compagnie Jetzt est installée à Romainville, en Seine-St-Denis, pas loin de là où je travaille, et pourtant je n’y suis jamais allé, malgré la présence dans la pièce de Pauline Etienne, que j’ai (re)découverte l’an passé dans la magnifique série « 18h30 », disponible sur Arte.tv. Mais cette fois-ci, je ne me suis pas défilé.

Il s’agit en fait d’une lecture, dans le cadre des plateaux ouverts aux auteurs contemporains et aux artistes, organisés par l’Espace Alya, un lieu que je n’ai pas l’habitude de fréquenter, mais pourquoi pas ? Comme j’arrive un peu en avance pour retrouver un ami, je ne vois pas l’attachée de presse. Je me rends donc à l’accueil pour la presse, qui me renvoie directement à la billetterie. Je me présente, je mentionne « Yalla ! » mais personne ne semble savoir ce que c’est. Je précise qu’il s’agit d’une lecture exceptionnelle. On me donne finalement un billet qui ne s’avèrera pas être le bon (« De toute façon, c’est gratuit ! », c’est ce qu’on me répond). Je discute avec l’ami en question – à Avignon, je mange, bois des coups et discute avec des gens que je pourrais voir à Paris, allez comprendre – et découvre que l’espace de jeu est en extérieur, en plein cagnard, juste à côté de l’entrée qui donne sur la rue très passante Guillaume Puy, pour celles et ceux qui connaissent.

On nous invite à nous installer autour de la longue table (voir affiche). Pauline Etienne et Bachir Tlili sont déjà en place, de part et d’autre de la table, leur cahier en main – c’est une lecture, je le rappelle.

Nous sommes à peine une petite dizaine de spectateurs et je crois que je suis le plus jeune. J’ai mes lunettes de soleil toutes neuves, mais j’ai oublié de mettre de la crème solaire sur mon front qui se dégarnit. Non, évidemment, c’est mon implantation des cheveux, rien à voir. Et nous gardons le masque sur le nez (alors que dans la rue à côté, personne ne se le met, soit dit en passant).

Je ne sais plus qui a commencé à parler. Elle ou lui. Deux monologues, donc. Deux personnes qui se font face. En temps réel, tout se passerait extrêmement vite, mais là nous profitons du détail de leurs pensées, de ce jeune Palestinien et de cette soldate israélienne. Le propos est on ne peut plus d’actualité, comme l’impression que la même pièce aurait pu être écrite, il y a dix, vingt… ans.

Le soleil, dans les yeux, tape fort. Malgré la force du texte, on est quelque peu perturbé par les éléments et les bruits parasites (une parade par ici, des spectateurs par là). Ce n’est décidément pas rendre service aux auteurs contemporains d’organiser cela comme cela. Un coup de vent fait voler les gravillons au sol et la metteuse en scène dit STOP.

Ceci ne fait pas partie du spectacle. C’est abrupt, violent, pour le spectateur, pour les acteurs, mais la metteuse en scène dit STOP. Elle s’excuse, parce que le soleil, parce que le vent, parce que le bruit, parce que la lutte. Elle propose de nous installer ailleurs, un peu plus à l’ombre, de nous servir à boire (ce qui devait être fait un peu plus tard dans la pièce – nous en profitons pour enlever notre masque, sages comme nous étions) et de discuter de ce que nous avions entendu, des avancées des répétitions, de la prochaine création. Pauline Etienne propose de lire la suite, plus calmement. C’est décidé. Bachir Tlili s’allume une cigarette (grâce au briquet de l’ami parisien) et c’est reparti.

C’est bête, mais oui, l’écoute était belle. Il y avait peut-être moins de jeu mais plus d’intensité, cette manière de nous regarder, nous, moi. Le texte fort, mieux entendu. Je ne sais pas si c’est le texte ou les regards de Pauline Etienne et de Bachir Tlili qui m’ont le plus ému. Je ne sais pas si c’est parce que je sais inconsciemment que c’est mon dernier festival en tant que blogueur, qu’il n’y a même pas une semaine, je marchais sur un des chemins de Compostelle et que je me sens encore vidé physiquement et l’impression de ne plus être à ma place, que dedans ma tête, je pense à autre chose ou à quelqu’un d’autre. Parce qu’aussi et surtout cette histoire peut basculer à tout moment, parce que l’issue peut être fatale. J’aime bien l’idée du moment suspendu, parce que c’était tout à fait ça. Je ne sais pas si les comédiens l’ont bien vécu, mais de mon côté, j’ai eu l’impression de vivre un moment rare, impromptu, profond, qui m’a donné envie de voir la création cet automne, pas loin de là où je travaille.

YALLA !

Texte de Sonia Ristic (publié aux éditions Lansman)

Mise en scène de Déborah Banoun

Avec Pauline Etienne, Bachir Tlili

Lumières et régie générale : Pierre Peyronnet – Scénographie : Gala Ognibene, Guillemine Burin Des Roziers

Le 27 novembre 2021 au Pavillon (Romainville) et du 27 au 29 janvier 2022 au Théâtre de l’Opprimé (Paris)

Vu le vendredi 16 juillet 2021 à l’Espace Alya (Avignon) – Festival Off

Prix de ma place : gratuit

Textes (sauf mention contraire) : Axel Decanis

LES FEMMES DE BARBE BLEUE (Lisa Guez / Théâtre des Carmes / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

« Sur scène, pleines de désir et de vie, les fantômes des femmes de Barbe Bleue nous racontent comment elles ont été séduites, comment elles ont été piégées, comment elles n’ont pas pu s’enfuir… » (source : ici)

© Simon Gosselin (photos 2020 avec la distribution originale)

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Le genre de pièce qui n’a pas eu l’exposition qu’elle méritait à cause de la pandémie. Alors même que ça commençait un peu comme un conte de fées. « Les Femmes de Barbe Bleue » a commencé par se faire connaître dans une petite mais passionnante salle du XVIIIe arrondissement de Paris, le Lavoir Moderne Parisien puis a obtenu les Prix du Jury et des Lycéens du festival Impatience fin 2019, qui devaient lui donner droit à être joué au Festival d’Avignon en 2020. Annulé. Les représentations publiques en Centquatre à Paris, annulées. Heureusement, la pièce est reprise cet été pour quatre représentations dans le Off au Théâtre des Carmes.

Long préambule pour une pièce qui est assurément une belle réussite, notamment grâce à la simplicité de la mise en scène (des chaises sur scène, c’est tout et c’est amplement suffisant, tellement le jeu des comédiennes est remarquable), à une écriture de plateau intelligente, à un propos qui se démarque par sa complexité (ce n’est pas aussi simple de dire non à Barbe Bleue), par la lisibilité du sous-texte (non, ce n’est pas seulement une relecture du conte, mais également une réflexion sur les violences faites aux femmes – même moi, j’ai fait le parallèle, sans même avoir eu besoin de lire la note d’intention), à l’engagement des comédiennes, notamment Ninon Perez qui a repris un des rôles et vole la vedette par son naturel et son humour.

Bref, il ne s’agit pas d’une découverte, puisque j’arrive après la bataille, mais Lisa Guez et ses comédiennes Valentine Bellone, Anne Knosp, Valentine Krasnochok, Ninon Perez, Jordane Soudre sont toutes à suivre. D’ailleurs la Comédie Française a déjà mis le grappin sur Lisa Guez puisque cette dernière y présentera les Leçons de Louis Jouvet en 2022…

LES FEMMES DE BARBE BLEUE

par la compagnie Juste avant la Cie

Mise en scène : Lisa Guez

Interprètes : Valentine Bellone, Anne Knosp, Valentine Krasnochok, Ninon Perez, Jordane Soudre

Dramaturgie : V. Krasnochok

Création lumière : Lila Meynard et Sarah Doukhan – Création musicale : Louis-Marie Hippolyte et Antoine Wilson

En tournée à Lyon du 30/11 au 04/12/21, à Lille du 18 au 22/01/22…

(une autre histoire)

Elle est au premier rang. Je ne vois que son dos, que son crâne, ses cheveux courts. C’est elle ou c’est pas elle ? Elle ne voudrait pas se retourner que je sois sûr et certain ? Non pas que cela ait une importance majeure – pour une fois, je ne parle pas d’une femme que je convoitais ou que je convoite, mais seulement d’une personne avec qui j’ai fait du théâtre, l’année où la pandémie a démarré.

Je ne l’aimais pas. C’est dit, c’est dit. Y a des gens comme ça, rien ne vaut la première impression. Le genre de personnes qui s’impose, qui en fait des caisses, qui prend trop de place. Je le jure, j’ai prié pour ne pas avoir de scène avec elle. Elle a beaucoup écrit cette année-là, comme moi, pour l’atelier et aucun de ses textes n’avait été sélectionné, contrairement à moi (je prends ma pomme et la frotte sur ma poitrine, oui, je me la pète). Elle l’a très mal pris. D’ailleurs, n’avait-elle pas dit qu’elle ne voulait pas dire un texte qu’elle n’aurait pas écrit ? En entendant par là, que le dit texte ne serait pas à sa hauteur. Non, je n’ai pas mal compris.

Je la salue, d’ailleurs, si elle lit ces lignes…

Bref, à la fin du spectacle, elle n’applaudit pas. Oui, c’est elle, la fameuse, pas de doute. J’aurais bien aimé savoir ce qui lui a déplu. Elle n’applaudit pas ce magnifique spectacle. Son non-applaudissement me fait l’effet d’un snobisme, d’une prétention. Les gens ne changent pas. Mais peut-être lui fais-je un procès d’intention ? C’est comme ça qu’on dit ? J’ai découvert récemment qu’il m’arrivait d’employer des mots ou des expressions à mauvais escient.

A la sortie, je rejoins un ami et je la vois. Je vois qu’elle me voit, elle se dirige vers moi et… oh purée, elle me snobe ! Elle tourne ostensiblement la tête de l’autre côté pour ne pas croiser à nouveau mon regard et… Oh purée de patates douces, elle fait comme si je n’existais pas ! J’y crois pas, une personne qui m’insupporte, et humainement et théâtralement, et elle ne me dit pas bonjour ? Je suis choqué !

Je crois que je m’en remettrai.

Vu le samedi 17 juillet 2021 au Théâtre des Carmes (Avignon OFF)

Prix de ma place : 14,50€ (Carte Off)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Decanis

INCANDESCENCES (Ahmed Madani / Théâtre des Halles / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

« Une centaine de filles et de garçons ont accepté de rencontrer Ahmed Madani et de lui ouvrir leur cœur. Neuf d’entre eux portent sur la scène les récits trop souvent passés sous silence de vies ordinaires au caractère extraordinaire. Ils n’ont pas froid aux yeux, s’emparent du plateau pour dire ce qui les unit, les sépare, les fragilise, leur donne la force de se tenir debout et d’avancer. Ils s’adressent à nous avec éloquence, fierté, drôlerie, élégance. Un récit universel, joué, dansé, chanté, expression de l’immense joie d’amour qui a engendré notre humanité. » (source : ici)

Photo de couverture © Nicolas Clauss / Photo ci-dessus : © François Louis Ahténas

(ceci n’est pas une critique, mais…)

En fait, je me rends compte que je pourrais seulement copier coller la description de la partie « de quoi ça parle en vrai ». Y a un peu de ça. Une de mes connaissances a participé à un des ateliers organisé par Ahmed Madani mais n’a malheureusement pas été retenue dans la distribution finale. Je ne la connais pas suffisamment pour savoir ce qui est d’elle dans le spectacle. D’ailleurs, on s’en fiche un peu, de savoir si ce que disent ces jeunes est vrai ou pas, si ça leur appartient ou pas. D’ailleurs, question, assument-ils tout ce qu’ils disent quand leurs parents ou leurs amis sont dans la salle ?

Cette pièce, c’est un peu la célébration de la vie. Les récits sont tour à tour touchants, drôles, enlevés, parfois graves… Ahmed Madani sait y faire pour mettre en valeur chacun de ses acteurs (seulement deux d’entre eux ont fait le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique), retranscrire « la parole du jeune » : famille, amour, sexualité, religion, tout y passe et rien n’est gênant (sauf quand l’une des comédiennes demande au public quand il a perdu sa virginité… ça me fait penser à quelqu’un qui a raconté la sienne dans un podcast, mais c’est une autre histoire…)

Il fait toujours du bien de voir sur un plateau une certaine diversité sociale et physique. J’en parlerai (peut-être) lors de ma chronique à propos de la Cerisaie version Tiago Rodrigues, il est encore mieux de la voir sans que cela soit le sujet. Et ça me gêne toujours un petit peu de voir sur scène toutes les couleurs de peaux représentées, dans une salle remplie de (plus ou moins) vieux bourgeois blancs en bermudas et sandales, mais c’est un autre débat.

Ce fut mon dernier spectacle dans le Off d’Avignon et ça m’a fait du bien. Et même s’il s’agit d’une de ces pièces qui a déjà une tournée longue comme le bras pour la saison 21/22, on a envie de le défendre et d’inciter les gens à se déplacer pour le voir.

INCANDESCENCES

Texte et mise en scène Ahmed Madani

Avec Aboubacar Camara, Ibrahima Diop, Virgil Leclaire, Marie Ntotcho, Julie Plaisir, Philippe Quy, Merbouha Rahmani, Jordan Rezgui, Izabela Zak

Assistanat à la mise en scène Issam Rachyq-Ahrad, création lumière et régie générale Damien Klein, création son Christophe Séchet, création vidéo Nicolas Clauss, regard extérieur chorégraphique Salia Sanou assisté de Jérôme Kaboré, costumes Ahmed Madani et Pascale Barré, coach chant Dominique Magloire

Jusqu’au 30 juillet 2021 au Théâtre des Halles (Avignon Off) puis, notamment, à Bruxelles (du 9 au 27 novembre 2021), Sevran (10/12/21), Bobigny (du 26 au 30 janvier 2022), Libourne, Nîmes, Privas, Poitiers, Mantes la Jolie…

(une autre histoire)

J’aurais dit quoi si la comédienne m’avait demandé à quel âge j’avais perdu ma virginité ? La vérité ? Un mensonge ? Une pirouette ?J’ai perdu ma virginité hier.

– Hier ? Waouh ! Vraiment ?

– Oui, hier, parce que c’est comme si c’était hier, je veux dire, je m’en souviens comme si c’était hier. Mais ce n’était pas hier, hein, que ça soit bien clair !

– On vous croit, on vous croit, quoique, cela aurait été bien original… Et je ne vais pas vous demander comment ça s’est passé, rassurez-vous.

– Mais si, je veux le raconter, j’ai le droit, non ? Tout le monde veut savoir, j’en suis certain ! Ça s’est passé un 20 septembre, elle s’appelait Julia, mais je l’appelais Mademoiselle Julie.

– On va s’arrêter là…

– Et moi, elle m’appelait Alex. Je n’ai jamais osé la contredire, de peur qu’elle s’en aille. Parce que je ne m’appelle pas Alex ni Alexandre…

– Le spectacle doit poursuivre…

– Il faisait nuit et ça s’est passé dans un lit…

– Au secours !

– J’avais mis mon caleçon fétiche…

– Ça va trop loin, j’ai honte…

– Me voilà mélancolique… c’est de votre faute, je vous déteste ! Vite un remède, je n’en puis plus ! Oui, je change d’humeur assez rapidement. Il faut que je consulte, on me le dit souvent. En plus France Inter a arrêté l’émission « Remède à la mélancolie » d’Eva Bester, je ne sais pas comment je vais faire. J’ai envie de chanter.

– Ça ne fait pas partie du spectacle, je précise.

– « J’ai encore rêvé d’elle… »

Vu le lundi 19 juillet 2021 au Théâtre des Halles (Avignon Off)

Prix de ma place : 15,60€ (carte Off)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

UNE FEMME EN PIÈCES – Cząstki kobiety (Kata Weber / Kornél Mundruczó / Gymnase du Lycée Aubanel / Festival d’Avignon)

(de quoi ça parle en vrai)

« Quand la jeune Maja décide d’aller à l’encontre des conventions familiales pour affronter le deuil de son enfant, elle devient une véritable héroïne contemporaine. » (source : ici)

© Christophe Raynaud de Lage

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Pour celles et ceux qui ne le sauraient pas, « Pieces of woman » est également un film en anglais par les mêmes auteurices (Kata Wéber et Kornél Mundruczó), visible sur Netflix. Je l’ai vu, surtout parce que j’avais apprécié les deux films précédents de Mundruczó, même si on y percevait une certaine prétention dans les cadrages et autres plans séquences.

On va dire que la pièce est l’assemblage de deux plans séquences. Mon premier est un accouchement qui tourne mal et mon deuxième une réunion de famille. Mon premier est filmé en direct et projeté sur le mur d’une maison (qui ressemble plus à un mobile home) et mon deuxième, du théâtre bien classique, quoique ultra réaliste avec micros, canard qui cuit dans le four et douche qui fonctionne.

Comment peut-on être à la fois un réalisateur de films qui maîtrise techniquement son sujet et présenter au théâtre une première partie aussi moche au niveau de l’image (rendu médiocre, mise au point très hasardeuse), sans compter les sur-titres qui ne suivaient pas – oui, parce que c’était en polonais – ? Sans parler du temps interminable pour les régisseurs d’enlever les cloisons et transformer le plateau en vrai scène de théâtre. Autant revoir la première partie du film avec Vanessa Kirby et Shia LaBeouf.

Dans la deuxième partie, le temps s’étire, ça se chamaille, la mère est malade, les personnages se mettent à la place de la jeune mère en deuil mais ne la comprennent pas, les personnages masculins sont inexistants (ce qui n’est pas forcément un défaut), les deux soeurs se souviennent de leurs jeunes années en faisant tournoyer un ruban de gymnastique et en écoutant « Felicita », la chanson d’Al Bano et Romina Power (j’ai le 45t), on baille, on apprécie tout de même le jeu nuancé de Justyna Wasilewska alias la jeune Maja, mais ça me passe au-dessus. Je suis un sans-coeur qui ne comprend rien à rien, qui aimerait applaudir et me lever comme c’est un peu la mode cette année, mais non. En matière de repas de famille, on préfère Festen, un autre film adapté en pièce…

UNE FEMME EN PIÈCES – Cząstki kobiety

Avec Dobromir Dymecki, Monika Frajczyk, Magdalena Kuta, Sebastian Pawlak, Marta Scislowicz, Justyna Wasilewska, Agnieszka Zulewska et Łukasz Jara, Łukasz Winkowski (camera and sound on stage)

Texte et adaptation Kata Wéber (Traduction du hongrois Jolanta Jarmolowicz)
Mise en scène Kornél Mundruczó


Dramaturgie Soma Boronkay
Musique Asher Goldschmidt – Scénographie, costumes Monika Pormale – Lumière Paulina Góral – Assistanat à la mise en scène Karolina Gebska…

Jusqu’au 25 juillet 2021 au Festival d’Avignon puis en tournée à Athènes, Rome, Vilnius, Hambourg…

(une autre histoire)

Le ruban de gymnastique… Jamais essayé. C’était pas trop mon fort, la gymnastique. Peur de prendre mon élan, passer par-dessus le cheval d’arçon. Je savais faire la chandelle et la roulade avant, quant au reste… Je ne suis pas très souple. Je me souviens avoir feint la foulure du poignet pour ne pas passer une évaluation au collège avec Monsieur Blanchard. Il fallait concevoir un programme avec des enchaînements imposés… La planche… trois pas… roulade avant… pieds joints… évidemment je n’arrive pas à me remettre debout tout seul… trois pas… un saut de biche… trois pas… je ne sais plus ce que je dois faire… trois pas… Une fois, j’ai fait l’arbre droit, j’étais tout content d’être arrivé à le faire, mais je ne suis pas parvenu à redescendre en roulade avant et plaf le plat sur le dos, le souffle coupé et je suis mort.

Vu le dimanche 18 juillet 2021 au Gymnase du Lycée Aubanel (Avignon IN)

Prix de ma place : 27,97€

Textes (sauf mention contraire) : Axel Decanis

LA TRILOGIE DES CONTES IMMORAUX (POUR EUROPE) (Phia Ménard / Opéra Confluence / Festival d’Avignon)

(de quoi ça parle en vrai)

« Une performance-conte en tension qui interroge l’identité, le corps et la matière d’une Europe chaotique à l’équilibre fragile. » (source : ici)

© Christophe Raynaud de Lage

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Ne pas relire ce que j’ai écrit à propos de la première partie… Oublier et revoir.

Dans la première partie – Maison Mère, donc, Phia Ménard tente de construire une maison en carton. Ça découpe, ça plie, ça scotche, elle est toute seule pour faire ça, le scotch se décolle, les piquets bougent et tombent, ça me parait plus rapide qu’il y a un an et demi et tout aussi long. Ce qui m’étonne, ce sont les rires que ça engendre. Le rire du désespoir quand rien ne va, quand on se demande quand on va sortir de cette galère. Le personnage toujours aussi punk de Phia Ménard semble en jouer. Une fois debout, cette maison-parthénon s’écroule, toujours aussi rapidement, sous une pluie diluvienne, sous le regard impuissant de Phia Ménard.

Puis, dans la deuxième partie – Temple Père, inédite pour moi, une nouvelle construction, plus élaborée. Cela prend encore une fois un certain temps avant de voir s’ériger ce temple, cette tour. Les quatre personnes en charge répondent aux ordres d’une dame un peu SM sur les bords… La construction est un peu plus carrée, peut-être plus risquée d’un point de vue physique : les cloisons sont parfois instables, les « esclaves » sont à une hauteur non négligeable et ce, sans protection. Phia Ménard joue un peu avec nos nerfs. C’est que la belle image à la fin, ça doit se mériter. Comme je n’ai pas lu la plaquette de présentation, je sais encore moins pourquoi ni comment – rien ne change chez moi de ce côté-là. Ici pas de destruction mais une image stroboscopique tournoyante qui est tout simplement sublime (mais faut attendre plus d’une heure et quart pour la voir)

Dernière partie, beaucoup plus courte, que je ne révèlerai pas, mais Phia Ménard revient, tout en haut de cette tour, descend sans la détruire mais… ALERTE DIVULGÂCHAGE… l’efface.

Ça veut dire quoi, tout ça. Que c’est un éternel recommencement ? Que l’Europe, pour ne pas la citer, n’arrêtera jamais d’être construite puis détruite, puis remontée, etc. Qu’on n’arrivera jamais à trouver une certaine sérénité, pour quelque raison que ce soit ? J’aime bien ne pas avoir de réponses, parfois, surtout quand c’est aussi beau et qu’on sent que ce n’est pas vide et qu’il nous reste un espace à nous, pour nous faire notre petite histoire.

LA TRILOGIE DES CONTES IMMORAUX (POUR EUROPE)

Avec Fanny Alvarez, Rémy Balagué, Inga Huld Hákonardóttir, Erwan Ha Kyoon Larcher, Élise Legros, Phia Ménard

Texte, scénographie, mise en scène Phia Ménard

Dramaturgie Jonathan Drillet

Lumière Éric Soyer, Gwendal Malard – Son Ivan Roussel, Mateo Provost – Costumes Fabrice Ilia Leroy, Yolène Guais – Matières Pierre Blanchet, Rodolphe Thibaud – Construction, accessoires Philippe Ragot – Assistanat à la mise en scène Clarisse Delile

Jusqu’au 25 juillet 2021 au Festival d’Avignon puis en tournée à la MC93 Bobigny du 6 au 12 janvier 2022, à Bayonne du 4 au 5 mars 2022, à Rennes du 28 avril au 5 mai

(une autre histoire)

Un couple, la trentaine bien tassée, arrive avec l’enfant sur les épaules. L’enfant n’a pas plus de trois ans. Pour voir trois heures d’un spectacle de Phia Ménard. A la fin, la mère prend en photo l’enfant en train d’applaudir. Non non non, ne jugeons pas, ne jugeons pas… Il est certain que la place de théâtre a certainement coûté moins cher qu’une gardienne d’enfants et… Je me tais. Je ne veux pas juger. Chacun fait fait fait ce qu’il lui plaît plaît plaît.

Mais même, sans parler de ce que peut ressentir un enfant de cet âge devant un tel spectacle. C’est quoi ton projet quand tu fais ça ? Passer ton temps, toutes les cinq minutes, à observer ta gamine, voir si elle dort, si elle n’a pas besoin de boire, si elle est bien assise, si elle préfère être avec Papa ou Maman, et une gamine, à cet âge-là, ça ne peut pas attendre trois heures sans aller aux toilettes, donc le ou la parent est obligé.e de sortir, de rater l’inratable. Mais pourquoi tu viens en fait ? Autant voir La Cerisaie sur internet, au moins, tu peux arrêter quand tu veux. Tu mets le son à fond, tu mets les ventilos force 10 pour le vent…

Ou alors ils veulent que leur enfant devienne architecte. C’est pour ça qu’ils lui montrent le spectacle de Phia Ménard. Architecte… J’en aurais à dire sur les architectes. Sur une architecte. Le spectacle dure 3 heures. La gamine a à peu près 3 ans et ça fait 3 ans que… Ça va trop loin, il faut que j’arrête ! C’est de leur faute aussi et l’autre là, avec son chapeau de paille pour cacher sa calvitie, mais tu es ridicule ! VADE RETRO MELANCHOLIA !

Vu le lundi 19 juillet 2021 à l’Opéra Confluences (Avignon IN)

Prix de ma place : 27,98€

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

LA RONDE (Arthur Schnitzler / Natascha Rudolf / Présence Pasteur / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

« 10 rencontres amoureuses, 5 femmes et 5 hommes passant de bras en bras, dans un jeu de pouvoir et de séduction virevoltant, cruel et drôle : La Ronde de Schnitzler, écrite en 1897, déclencha le plus long scandale de la littérature allemande et fut interdite de représentation durant deux décennies ! » (source : ici)

© Laurent Cibien

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Une petite précision pour les personnes qui ne seraient pas des habituées du Festival Off d’Avignon : le Off, c’est aussi des spectacles qui se jouent dans des salles de classe avec 16 spectateurs, l’appareil de climatisation en guest star et le tableau vert à craie en fond de scène… Comment un « théâtre » peut-il oser proposer de jouer dans ces conditions ? C’est un autre débat.

Le dispositif est trifrontal (des chaises sont installées devant, à gauche et à droite de l’espace de jeu). La pièce se joue en mode dit nomade (un seul praticable de jeu au centre, quelques chaises et accessoires, zéro lumière). Je ne suis ni metteur en scène ni scénographe, mais ça me gêne toujours de voir des spectacles dans d’autres lieux que des théâtres, dans lesquels on n’intègre pas le lieu où on joue. Exemple extrême, le Théâtre du Peuple (à Bussang) où le cahier des charges exige des metteurs en scène d’inclure dans leur mise en scène la fameuse ouverture en fond de scène sur la forêt. Je dis ça et ça me choque tout autant quand les metteurs en scène n’utilisent pas les murs rouges, empreints d’histoire des Bouffes du Nord.

La pièce commence et je me dis « aïe ». Non pas qu’Arnaud Chéron – qui prend la parole en premier – joue mal, mais je ne suis plus habitué à cette façon de jouer. Je crois que j’ai pris des mauvaises habitudes, de voir des pièces ultra-réalistes ou avec une scénographie de dingue. Et là, je suis dans une salle de classe avec deux acteurs qui ne déméritent pas, j’y reviendrai, mais dont le jeu est légèrement excessif (pour moi) et qui n’arrêtent pas de se déshabiller et de se rhabiller, selon les besoins de la pièce. Et je pense, sincèrement, que si je l’avais vu dans d’autres conditions, j’aurais mieux accueilli ce spectacle.

Cela étant dit… Les comédiens jouent les différents personnages, sans toutefois chercher à tout prix à les différencier les uns des autres, ce qui n’entame en rien la compréhension de la pièce – la règle du « on voit A et B dans la scène 1, puis B et C dans la scène 2, puis C et D dans la scène 3, etc » est à mon sens comprise par le spectateur. Et c’est tant mieux ainsi, ce côté sobre me plaît et cela met en avant l’idée qu’en termes de séduction et de pouvoir, on est un peu tous pareil. Quand on est dans l’intime, quand la voix se fait plus bas, c’est tout de suite plus captivant. Et Fanny Touron et son comparse traduisent bien cette impression de ne jamais en finir, comme si on était enfermé avec eux dans une même boucle temporelle (même si l’action se déroule le temps d’une nuit). L’adaptation de la pièce pour deux comédiens (là où elle en requiérait dix) est plutôt maline, sans chercher à faire trop le malin pour trouver des transitions entre les différentes scènes.

Ça commençait mal et pourtant le temps (de la pièce et pour écrire cette chronique) a agi sur moi comme un baume. Peut-être aussi parce que j’ai toujours été malade dans les manèges, en parlant de ronde, ça doit être pour ça.

LA RONDE

Auteur : Arthur Schnitzler

Metteuse en scène : Natascha Rudolf (Compagnie Ligne 9 Théâtre (L9T))

Avec Fanny Touron, Arnaud Chéron

Création lumières et Regisseur technique : Luc Jenny

Jusqu’au 27 juillet 2021 à Présence Pasteur (Avignon Off) et en tournée…

(une autre histoire)

Il y a cinq ans, j’ai passé un mois à Lisbonne, pour écrire. Rien ne sortait. Je suis alors allé à la Cinemateca Portuguesa de Lisbonne voir « La Ronde » de Max Ophuls. Tout s’est ensuite débloqué. Cette structure m’avait inspiré. Ça commençait par un acteur qui ne voulait plus monter sur scène, que dis-je, qui ne pouvait plus. Son corps allait le lâcher, c’était une question de vie ou de mort. Il est finalement monté sur scène et il en est mort. Nous le retrouvons dans la scène suivante dans son cercueil, entouré par trois personnes, un fils inconnu, un régisseur et sa partenaire de jeu. Dans la troisième scène, le fils inconnu est au téléphone avec sa mère. Dans la quatrième scène, sa mère, etc.

J’ai tout mis à la poubelle. Ce n’était pas bon, tout simplement. Mais j’étais content d’avoir écrit, juste écrire. Jamais je n’avais écrit aussi rapidement une histoire. C’était nul, mais c’était pas grave. L’écriture n’est pas une science exacte. J’étais venu à Lisbonne pour écrire et j’ai écrit.

Vu le dimanche 18 juillet 2021 à Présence Pasteur (Avignon Off)

Prix de ma place : invitation

Textes (sauf mention contraire) : Axel Decanis

LE CABARET DES ABSENTS (François Cervantes / le 11. Avignon / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

« Nous connaissons tous des gens qui n’ont jamais passé la porte d’un théâtre, mais pour qui, pourtant, nous continuons à faire du théâtre. Un théâtre, sauvé de la destruction, est confié à un passionné d’art qui y invente une aventure hors du commun. A la fois maison et salle de spectacle, ce théâtre ouvert tous les jours est une sorte de cabaret où les soirées sont des mosaïques de moments inattendus, qui naviguent entre rires et émerveillement. » (source : ici)

© Christophe Raynaud de Lage

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Six comédien.ne.s sont sur scène et commencent à nous narrer l’histoire de ce théâtre un peu particulier, des personnages qui le hantent ou le fréquentent ou qui n’y sont jamais entrés. On est assez rapidement étonné par le ton des acteurices (je fais des tests au niveau de l’orthographe, oui) très neutre, voire trop neutre et très scolaire. Nous n’avons pas Philippe Caubère devant nous et comme le texte de ce conte n’est pas des plus captivants à mon goût, on a des difficultés à se raccrocher à l’histoire de Tagada un enfant abandonné et des autres personnages, malgré la simplicité et la variété des voix.

Ces histoires sont rapidement entrecoupées de numéros de cabaret, comme on en voyait « à l’époque », à la qualité malheureusement assez aléatoire, les numéros chantés étant les plus faibles. Heureusement, la grâce du danseur Sipan Mouradian, la verve d’Emmanuel Dariès (quel bonheur d’entendre cet accent, sans que cela soit un artifice) et le génie comique de Catherine Germain alias la clown Arletti réactivent notre intérêt. Ce personnage de clown est la pépite de ce spectacle – je m’en veux de ne pas l’avoir connue avant et je ne serai pas étonné si j’apprenais qu’Edith Proust et son Georges avait fait une formation auprès de Catherine Germain, tellement j’ai vu de similitudes.

Plus haut, je parlais du ton neutre des récitants, comme pour prendre par surprise le spectateur devant leur numéro, parfois extraordinaire. Il est dommage de n’avoir pas su mieux doser ces instants magiques et poétiques et écourter d’autres un peu trop longs – je suis peut-être injuste pour le coup (je m’excuse tout le temps, faut que j’arrête avec ça)

A la fin du spectacle (d’une durée de 2h quand même), on m’a demandé ce que j’en avais pensé. Je déteste ça, de dire ce que j’en pense. J’avais encore en tête cette clown si drôle, ce repas sur scène… J’aurais dû dire qu’il s’agissait d’un spectacle prometteur mais malheureusement pas à la hauteur de ses ambitions. On va dire ça comme ça.

LE CABARET DES ABSENTS

Texte et mise en scène François Cervantes

Avec Théo Chédeville, Louise Chevillotte, Emmanuel Dariès, Catherine Germain, Sipan Mouradian, Sélim Zahrani

Création son et régie générale Xavier Brousse – Création lumière Christian Pinaud – Régie lumière Bertrand Mazoyer – Création costumes, masques et perruques Virginie Breger – Construction Cyril Moulinié

Production L’entreprise – cie François Cervantes

Jusqu’au 29 juillet 2021 au 11.Avignon (Avignon Off), puis à Marseille du 23 au 30 septembre, à Montpellier les 5 et 6 octobre…

(une autre histoire)

Le théâtre dont parle François Cervantes, c’est le Théâtre du Gymnase, à Marseille. Il se trouve dans une rue perpendiculaire à la Canebière, près du lycée Thiers.

Je suis né à Marseille, j’y ai vécu les vingt-cinq premières années de ma vie puis je suis monté à la capitale, comme on dit. Aujourd’hui, mes parents n’y vivent plus, la mère de mon père est décédée et mon coiffeur est à la retraite. Plus aucune raison d’y retourner, si ce n’est de saluer certains amis, parfois. Mais je consulte toujours les programmations des théâtres marseillais, on ne sait jamais, des fois que j’aurais envie de descendre le temps d’un weekend voir un spectacle, la mer, boire un verre à la Caravelle avec vue sur la Bonne Mère ou me promener dans des quartiers que je ne reconnaîtrais plus.

Je ne sais pas si Marseille me manque. Je ne sais pas si j’aurais envie d’y revenir.

Je ne sais pas ce que je veux, c’est peut-être ça le problème. Je n’ai jamais su, en fait. Voilà le noeud.

Et le temps passe…

Vu le dimanche 18 juillet 2021 au 11. Avignon (Avignon Off)

Prix de ma place : invitation

Textes (sauf mention contraire) : Axel Decanis

LE BONHEUR DES UNS (Côme de Bellescize / Les Béliers / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

« Pourquoi ce couple ne parvient-il pas à se sentir heureux ? Ils ont tout pour, mais ça ne veut pas ! En pleine tempête existentielle, ils partent en quête de ce bonheur tant convoité, et rendent visite à des voisins aussi heureux qu’énervants. La comédie légère fait alors place à une farce corrosive, où lorsque le bonheur des uns fait le malheur des autres, la relaxation, la bienveillance et la résilience ne suffisent plus à masquer les traumatismes anciens ni à dompter les monstres intérieurs…» (source : ici)

© Alain Szczuczynski

(ceci n’est pas une critique, mais…)

La pièce commence sur les chapeaux de roue, avec des gueules, celles de David Houri et Coralie Russier, le teint gris, leurs personnages ne sont pas heureux et ne comprennent pas pourquoi. Tout l’inverse de leurs voisins interprétés de manière excessive et drôle par l’incroyable Éleonore Joncquez et Vincent Joncquez, couple bobo fengshui, qui cache évidemment le secret de leur « bonheur ». L’opposition des deux couples est assez jouissive, on rit de bon coeur, on y critique cette injonction au bonheur, par l’intermédiaire notamment du développement personnel et autre méditation de pleine conscience (Jean-Mimi Blanquer, si tu me lis, émoticone clin d’oeil) mais on pressent que Côme de Bellescize ne peut pas et ne veut pas se contenter d’une pièce juste drôle et grinçante. Un virage plus dramatique est négocié au milieu de la pièce : un raisin sec va enrayer quelque peu cette machine huilée. Les rôles s’inversent, le vernis s’écaille, des longueurs apparaissent, le rire se fait plus rare et cela me convainc moins, je ne parviens pas à me l’expliquer autrement. (je suis au summum de mon talent critique)

Il reste une comédie légèrement dramatique bien écrite et interprétée, notamment par Eléonore Joncquez à l’abattage impressionnant.

Soit dit en passant, la pièce est une mine de petites phrases que l’on pourrait très facilement s’approprier : « Ma vie est un frididaire vide », « Derrière chaque bonheur, il y a un enfant mort. », « Carpe Diem… mais sur plusieurs jours. », « Je t’ordonne d’être résilient. » , « Le bonheur, c’est être étanche au malheur des autres. »

LE BONHEUR DES UNS

Ecriture et Mise en scène : Côme de Bellescize
Avec David Houri, Eléonore Joncquez, Vincent Joncquez, Coralie Russier

Scénographie : Camille Duchemin – Costumes : Colombe Lauriot-Prévost – Lumière : Thomas Costerg – Son : Lucas Lelièvre – Régie générale : Manu Vidal

Jusqu’au 31 juillet 2021 au Théâtre des Béliers (Avignon Off) et en tournée…

(des tweets)

* Parqué dans la file d’attente, au soleil, proie facile des tracteurs et tractrices, j’écris un tweet pour éviter qu’on vienne me parler…

* – Bonjour, puis-je vous parler d’un spectacle au 11. ?

– Désolé, je pars cet après-midi.

– Ok, pas de souci…


– Non mais c’est vrai, je pars vraiment, là, dernier café, dernière glace et zou je pars ! C’est pas un mensonge : je ne mens jamais, je fuis mais ne mens pas !

* À part ça, une amie m’a donné le bonjour d’un de ses amis qui me suit sur Twitter. Il apprécie mes tweets. Mais alors pourquoi n’a t-il jamais liké mes tweets, hein ? J’aurais eu alors plus de visibilité et crevé mon plafond de verre : dépasser les 500 followers, c’est pas cher payé, quand même ! Moi aussi j’ai droit au bonheur et à un teléphone qui n’en peut plus de vibrer, tellement je suis liké et retweeté. Je veux de l’amour, je veux du bonheur ! Oui, j’ai le droit !  Je ne demande pas grand chose. Je ne fais pas ça pour ça, mais quand même ! J’ai même pas de chat, comment je vais faire sinon ?

Vu le dimanche 18 juillet 2021 au Théâtre des Béliers (Avignon Off)

Prix de ma place : invitation

Textes (sauf mention contraire) : Axel Decanis

LOSS (Noëmie Ksicova / le 11. Avignon / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

« Une scène d’anniversaire en famille. Rudy, 17 ans, s’adresse à nous. Plus tard, il se jettera sous un train. Puis, sa petite amie rendra visite à ses parents. Loss parle de la survie de ceux qui restent après. Une fable d’aujourd’hui. Comment survit-on après la mort d’un proche ? Est ce que l’unique destin d’un mort est son inexistence ? Chez la famille Guyomard, le temps s’arrête d’abord. Puis quelque chose de neuf apparaît. La petite amie jouera un rôle crucial dans cette histoire. » (source : ici)

© Simon Gosselin

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Moi, à 11h du matin, je vois une pièce sur le deuil et je me sens bien pour tout le reste de la journée. Il n’y a pas d’heure à Avignon, que cela soit écrit.

La pièce de Noëmie Ksicova est constamment sur le fil. Elle peut agacer par son côté « j’ai un micro, donc je chuchote, je suis hyper réaliste, regarde comme il ne se passe pas grand chose dans ma pièce… », pourtant, et heureusement, c’est contrebalancé par ces moments où, dans la première scène, Rudy nous parle directement de son quotidien, ou bien quand son fantôme, dans les scènes suivantes, apparait et disparait presque aussi instantanément.

Pour être honnête, la pièce a failli me perdre dès la deuxième scène (dans laquelle la famille accuse le coup après la disparition du personnage central). Elle est longue, répétitive, tranche complètement avec le réalisme du début de la pièce. Pourtant, comme dans les montagnes russes, quand ça s’arrête, ça va mieux. Ça ne se fait pas immédiatement. Le temps de reprendre le rythme de ces scènes où on parle tout bas, quand la petite amie de Rudy prend progressivement sa place dans la famille. Surtout dans ces moments hyper délicats et sensibles dans lesquels le père et la mère demandent à Noëmie, la petite amie, de parler, de marcher comme leur fils disparu. Noëmie, comme le prénom de l’autrice et de la metteuse en scène…

« Loss » n’est pas une pièce facile. Trois jours après l’avoir vue, il m’en reste encore quelque chose. C’est ça qui est important.

LOSS

Texte Noëmie Ksicova en collaboration avec Cécile Péricone et les comédiens

Conception et direction artistique Noëmie Ksicova 

Mise en scène Noëmie Ksicova, Cécile Péricone

Avec Lumir Brabant, Anne Cantineau, Juliette Launay, Antoine Mathieu, Théo Oliveira Machado et Noëmie Ksicova

Lumière Annie Leuridan – Musique Bruno Maman – Scénographie Céline Diez – Son Morgan Marchand – Régie lumière et régie Générale Louise Rustan – Regard Dramaturgique ponctuel Camille Louis – Regard chorégraphique ponctuel Johann Amselem

Production Compagnie Ex-Oblique 

Jusqu’au 29 juillet 2021 au 11. Avignon (Avignon OFF), puis au Théâtre de l’Oiseau Mouche avec la Rose des Vents à Lille/Villeneuve d’Ascq du 1e au 3 février 2022 et aux Célestins à Lyon du 17 au 29 mai 2022

(d’autres histoires)

* Pourquoi donc « Loss » et pas « Perte » ? Peut-être parce qu’une autre pièce, « Perte », se joue à la Scala ? En allemand, on l’aurait appelée « Verlust » (prononcer : faire-loust). Si on inverse les deux syllabes, cela donnerait « lustver »… comme dans « Lust for Life », « envie de vie ». Drôle, si je puis dire, pour une pièce qui parle du deuil. (oui, un peu capillotracté celle-ci, j’en conviens)

* Elle s’approche de nous et nous parle de sa pièce : « Un peu comme « Loss », mais avec une autre écriture. » Ai-je envie de voir une autre pièce sur le deuil, sachant qu’un des spectacles dans le In (« Une femme en pièces » de Kornél Mundruczó), au thème similaire, est aussi à mon programme ?

* Je suis très heureux, parce que je n’ai plus à prendre de plan pour me déplacer à Avignon Intra Muros. Au Bureau du Off, on m’a bien proposé un plan, mais j’ai refusé d’un tout petit geste de la main : « Je connais, merci mais non merci ». Il m’a fallu seulement vingt ans… En revanche, je ne sais jamais où bien manger. A dans vingt ans !

Vu le samedi 17 juillet 2021 au 11. Avignon (Avignon Off)

Prix de ma place : invitation

Textes (sauf mention contraire) : Axel Decanis

NORMALITO (Pauline Sales / le 11. Avignon / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

« La maitresse demande à tous les élèves de sa classe de CM2 d’inventer leur superhéros. Lucas dessine Normalito le superhéros « qui rend tout le monde normaux ». Iris, enfant précoce, tente de se rapprocher de Lucas, elle qui aimerait tant devenir normale. Les deux enfants, que tout sépare, apprendront à se connaître. Le jeune duo va fuguer et rencontrer Lina, la dame pipi des toilettes de la gare. À travers cette fable sur la normalité et la différence, nous abordons la tolérance, l’empathie. Ne sommes nous pas tous différents et tous semblables ? » (source : ici)

© Arianne Catton Balabeau

(ceci n’est pas une critique, mais…)

D’abord une commande de Fabrice Melquiot à Pauline Sales : écrire sur les « supernormaux ». Comme une évidence, puis la promesse d’un spectacle de qualité. Ensuite une crainte, toujours la même, voir des acteurs adultes jouer des enfants de dix ans. Celle-ci est assez rapidement dissipée grâce au jeu nuancé de Cloé Lastère et au dynamisme d’Antoine Courvoisier (même si parfois un peu en force, j’ai trouvé). On y croit. On oublie aussi qu’ils sont sensés n’avoir que dix ans, mais on y croit quand même.

Toujours cette précision et cette ingéniosité dans la mise en scène de Pauline Sales, aidée cette fois-ci par la scénographie de Damien Caille-Perret, toute en portes qui grincent, de cuvette de toilettes roulante et de trouvailles étonnantes.

L’histoire se scinde en deux parties. Premièrement, ces deux solitudes qui ne se retrouvent pas dans leurs familles respectives, un brin caricaturales : le garçon normal dans une famille CSP+ bobo/écolo/machinchoso et la fille surdouée dans une famille tout droit sortie du roman de Roald Dahl « Matilda », qui regarde « Plus belle la vie » en mangeant des macaronis. Deuxièmement, la fuite, le jeu de cache-cache dans des toilettes publiques tenues par une certaine Lina, jouée finement par un Anthony Poupard étonnant, dans tous les sens du terme. Il faut s’habituer à cette rupture de ton et ce changement de direction dans la narration, mais au fond, on parle toujours du même sujet : C’est quoi être normal et/ou ordinaire ? D’abord, est-ce que ça existe ?

(et puis, mine de rien, ça aborde aussi le thème de la transsexualité, toujours avec sensibilité et sans en rajouter)

A la fin, on applaudit, on sourit. Purée, j’ai souri ! Je crois que j’étais content.

NORMALITO

Texte et mise en scène Pauline Sales

Avec Antoine Courvoisier, Anthony Poupard, Cloé Lastère

Régie lumière Grégoire de Lafond et Xavier Libois – Régie son Christophe Lourdais et Fred Buhl – Scénographie Damien Caille-Perret – Costumes Nathalie Matriciani – Lumière Jean-Marc Serre – Son Simon Aeschimann – Maquillage/Coiffure Cécile Kretschmar

Production Théâtre Am Stram Gram (commande de Fabrice Melquiot) – Genève et A L’ENVI – Coproduction Le Préau CDN de Normandie – Vire 

Jusqu’au 29 juillet 2021 au 11. Avignon (Avignon OFF) et en tournée, : notamment à Paris aux Plateaux Sauvages (les 1e et 2 octobre), à Brest (7 et 8 octobre), Caen (15 et 17 décembre), Lyon (du 10 au 14 mai 2022)…

(d’autres histoires)

* Je suis un homme blanc, hétérosexuel, cis (je crois que c’est comme ça qu’on dit), d’âge aujourd’hui moyen, gagnant ma vie correctement, même si c’est pas ouf. Je ne suis ni trop beau ni trop laid, je suis également d’intelligence moyenne, contrairement à ma pilosité qui ne l’est pas. Et pourtant je ne me trouve pas normal. C’est normal, docteur ?

* Avant d’arriver, je vérifie mon courriel de confirmation. Je remarque que j’ai demandé une place pour le vendredi 18 juillet – nous sommes le samedi 17. L’attaché de presse m’a réservé une place pour le dimanche 18 – nous sommes toujours le samedi 17. Je sue, j’angoisse. Je dois voir la pièce avec une amie, mais comment vais-je faire ? J’ai mal au ventre, impossible d’aller aux toilettes. Il est 9h30, je n’irai qu’en rentrant à l’hôtel vers 1h du matin. Oui, je sais, je sais, ne me regardez pas avec des yeux comme ça ! Tout rentre dans l’ordre, j’ai finalement ma place, grâce à une personne en charge, conciliante. Je me fais toute une histoire pour pas grand chose, c’est normal, docteur ?

* L’ongle noir, sur le deuxième orteil, c’est normal, docteur ? Mes insomnies, ces rêves où je rêve toujours de la même personne, ma vessie… oui non ça je sais… mon absence d’envie de rencontrer des nouvelles personnes, des pertes de mémoire, et pas que les mots, ces absences, ces oublis, cette façon de répéter trois fois les mêmes choses, mais en employant des mots différents, c’est normal, docteur ?

Vu le samedi 17 juillet 2021 au 11. Avignon (Avignon OFF)

Prix de ma place : invitation

Textes (sauf mention contraire) : Axel Decanis

LIFE ON MARS ? (Cie Thespis / La Factory / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

« Pendant qu’une mission spatiale pour la planète Mars se prépare, des migrants se font former pour devenir auxiliaires de vie. Pour rompre sa solitude, un homme achète les services d’une escort-girl. Dans une entreprise, trois collègues confient à un consultant leurs difficultés à communiquer en open-space. » (source : ici)

© Thespis

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Autant le dire tout de suite, les solitudes contemporaines – le thème de cet assemblage de saynètes – ça me parle. Et c’est un peu ça qui m’a convaincu de voir cette pièce, créée collectivement par la (jeune) compagnie lyonnaise Thespis. Les écritures collectives, ça me parle aussi (pour des raisons que je n’expliquerai pas ici) et je sais qu’il est aussi excitant d’écrire au plateau (grosso modo, le spectacle s’écrit à partir des improvisations faites par les comédiens), qu’il est difficile de bien retranscrire toutes les bonnes idées issues d’improvisations. Car il faut préciser : les bonnes improvisations ne font pas forcément les bons spectacles.

Quand je vois ce que font Lisa Guez (Les Femmes de Barbe Bleue), Pauline Bureau (Féminines) ou Jean-Christophe Meurisse avec les Chiens de Navarre, on perçoit qu’il y a un vrai travail de réécriture. Or dans « Life on Mars ? », je ressens (et je me trompe peut-être) qu’il n’y a qu’une retranscription. Et même si les acteurs sont toutes et tous compétents, parfois drôles et toujours investis, cela ne m’a pas suffi.

On aurait également voulu que les situations soient plus exarcerbées, que cela soit plus saignant. Il y a de bonnes idées, comme ce sketch drôle en trois parties autour d’un mug jaune, objet de la discorde entre trois membres d’un C.E. ou encore cette scène assez émouvante, directement inspirée d’un épisode de Black Mirror ou Real Humans, dans laquelle une femme seule a commandé un humanoïde dont elle va s’éprendre (développement un poil rapide, mais très bien joué).

Je parais peut-être injuste, surtout parce que je suis déçu, parce que j’aurais voulu aimer ce spectacle. J’ai eu d’ailleurs beaucoup de difficultés à écrire ces quelques phrases, pour vous dire la vérité. Et je n’ai toujours pas compris ce que faisait ce tronc de cocotier au milieu de la scène, c’est peut-être pour ça aussi…

LIFE ON MARS ?

par la Compagnie Thespis

Mise en scène : Thai-son Richardier

Avec : Amandine Barbier, Titouan Bodin, Loïc Bonnet, Benoit Ferrand, Mellie Melzassard

Scénographie : Anabel Streihano – Lumière : Bastien Gérard – Costumes : Lysiane Clément

Jusqu’au 31 juillet 2021 à la Factory – Salle Tomasi (relâche les 19 et 26 juillet) – Avignon Off

(une autre histoire)

J’écris ces quelques mots dans un hôtel « Première Classe », en banlieue d’Avignon. Et je suis seul. A côté de moi, un deuxième lit sur lequel j’ai posé divers documents, mon sweat, mon sac, mes chaussettes. Et je suis seul. Les gens passent devant ma chambre, en parlant fort, sans même prendre la peine de baisser d’un ton en passant devant la porte de ma chambre.

Est-ce que vous pourriez pleurer ou au moins avoir la tête qui se penche vers la gauche, la bouche en coeur ? Ooooooh… le pauvre ! Vous vous dites ça ? Vous vous dites ça ?

Je suis à plaindre, hein ? Je suis l’homme le plus malheureux du monde. Bichette… Qu’est-ce que je pourrais écrire d’autre ? Hier matin, j’ai attendu cinq minutes, assis tout seul à une table en terrasse et personne n’est venu me servir. Je suis reparti comme je suis arrivé, seul et sans mon café. Vous pleurez, là ?

JE VIS ENCORE CHEZ MES PARENTS, OK ? Le summum de ma semaine, c’est quand ma mère me prépare du gratin de courgettes le lundi midi !

Ah voilà, enfin. De la compassion, de l’empathie, même. Je peux donc m’arrêter.

Vu le vendredi 16 juillet 2021 à la Factory – Salle Tomasi (Avignon Off)

Prix de ma place : invitation

Textes (sauf mention contraire) : Axel Decanis

AVIGNON OFF 21 (une micro-sélection)

C’est un peu à la dernière minute que je me suis décidé. L’année 2021 et Avignon ont quelque chose de symbolique pour moi et je ne pouvais décemment ne pas faire un petit saut là-bas, même si je n’y reste que trois petits jours. Malgré la fatigue, malgré le masque que nous devrons porter toute la journée dans les rues avignonnaises, je répondrai présent. Pour le In et pour le Off. Même si j’ai choisi ces 72 heures en fonction d’un seul spectacle – La Cerisaie par Tiago Rodrigues dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes, je ne manquerai pour rien au monde de découvrir des spectacles dans le Off.

Pour être honnête, j’ai eu des difficultés à composer mon programme, malgré le bon millier de spectacles que nous propose le Off. Même dans les théâtres que je fréquente assidument, comme le Train Bleu, le 11 ou la Manufacture, je n’ai pratiquement pas eu d’envies évidentes. Par ignorance sûrement, par manque de curiosité certainement. Elle est particulière, quand même, cette année !

Voici donc une très courte sélection des spectacles (16) que je verrai ou pas durant mes trois petits jours de festival… (du 16 au 19 juillet)

(crédits photos : © Arianne Caton Balabeau – © Margot Briand – © François-Louis Ahténas – © Simon Gosselin)

NORMALITO par Pauline Sales au 11. (du 7 au 29 à 9h45 – relâches les 12, 19, 26)*

Celui-là, ça fait longtemps que je veux le voir. J’avais même ma place aux Plateaux Sauvages, mais covid oblige… Séance de rattrapage, donc, pour le texte de Fabrice Melquiot, la mise en scène de Pauline Sales (qui écrit aussi très bien et dont j’attends avec impatience « Les femmes de la maison » au TGP Saint-Denis la saison prochaine), le jeu tout feu tout flammes (je ne sais pas, j’avais envie d’écrire cette expression) d’Anthony Poupard…

HOME – Morceau de nature en ruine de Magrit Coulon au Théâtre des Doms.(du 5 au 27 à 10h – relâches les 8, 15 et 22)

Des jeunes qui jouent des vieux, du théâtre mâtiné de documentaire. Parce que c’est belge.

INCANDESCENCES d’Ahmed Madani aux Halles (du 7 au 30 à 11h – relâches les 13, 20 et 27)*

J’avais été plutôt refroidi il y a deux ans par une de ses pièces, mais comme je souviens encore de F(l)ammes et que cette pièce appartient à la trilogie « Face à leur destin », on fait confiance.

LOSS de Noëmie Csikova au 11. (du 7 au 29 à 11h30 – relâches les 12, 19 et 26)*

Parce qu’on me l’a conseillé et je crois que j’aurai besoin d’un soutien moral après cette pièce… Je crois que ça parle d’une perte, mais pas de clés.

(crédits photos : © DR – © Roland Baduel – © DR – © DR)

LA RONDE par Natacha Rudolf à Présence Pasteur (du 7 au 27 à 12h30 et 15h10 – relâches les 10, 17 et 24)*

Parce que j’ai d’abord vu le film de Max Ophüls, dont la structure m’inspire toujours quand j’écris. Parce que la pièce est mise en scène par Natacha Rudolf, la directrice du Théâtre de la Noue à Montreuil et que Montreuil et moi, c’est une longue histoire.

UN DÉMOCRATE de Julie Timmermann à la Condition des Soies (du 10 au 20 à 12h45 – relâches les 12 et 19)

Parce que je l’avais raté il y a deux ans et que je le raterai encore cette année. J’ai envie de dire que cette pièce est plus que d’actualité, mais comme je ne me réfère qu’au titre, je ne suis pas bien sûr.

LE BONHEUR DES UNS de Côme de Bellescize au Théâtre des Béliers (du 7 au 31 – relâches les 12, 19 et 26)*

Pour découvrir l’écriture de Côme de Bellescize. Deuxième pièce qu’on me recommande… Je ne comprends pas, j’ai l’impression que je fais de plus en plus confiance aux gens cette année. Et je ne sais absolument pas de quoi il retourne.

YOURTE par la Compagnie Les Mille Printemps au Théâtre des Carmes (du 6 au 25 à 16h30 – relâches les 12 et 19)

Utopie, jeunesse, écologie, un monde nouveau ? Le genre de pièces dont j’ai beaucoup entendu parler lors de son passage au Théâtre 13 et… ben, ça ne sera pas cette fois non plus que je la verrai.

(crédits photos : © DR – © Katell Paugam – © Simon Gosselin – © DR )

LE DISCOURS par Emmanuel Noblet au Théâtre des 3 Soleils (du 7 au 31 à 16h55 – relâches les lundis)*

Parce que Fabrice Caro. Parce que ce roman, je m’y reconnais un peu beaucoup. Parce que la mise en scène du formidable Emmanuel Noblet.

DE LA DISPARITION DES LARMES par Léna Paugam au Théâtre du Train Bleu (du 14 au 26 à 18h05 – relâche le 20)

Parce que Léna Paugam m’avait beaucoup ému avec Hedda et que je m’en veux de ne pas pouvoir voir cette pièce, avec la lumière de Jennifer Montesantos.

LES FEMMES DE BARBE BLEUE par Lisa Guez au Théâtre des Carmes du 16 au 19 à 19h30)*

Parce que je tourne autour depuis bien trop longtemps pour ne pas le laisser passer cette fois-ci, surtout que cette pièce est malheureusement toujours autant d’actualité.

ALEX VIZOREK – Ad Vitam au Théâtre des Béliers (du 7 au 31 à 20h05 – relâches les 12, 19 et 26)

Parce qu’on ne se refait pas et qu’il me fait rire. Sur France Inter et ailleurs. On l’aura attendu longtemps ce nouveau spectacle !

(Crédits photos : © DR – © DR – © DR – © Christophe Raynaud de Lage)

LIFE ON MARS ? par la Compagnie Thespis à la Factory – Salle Tomasi (du 7 au 31 à 20h10 – relâches les lundis)*

Parce qu’on m’a invité pour le voir et que j’ai accepté, uniquement parce qu’on y parle des solitudes contemporaines et que ça me parle et que je me complais dedans !

VERO 1ERE REINE D’ANGLETERRE par les 26 000 Couverts à Villeneuve sur Scène (du 9 au 21 à 22h – relâche le 15)

Parce que chaque année, je me dis que je retournerai à Villeneuve les Avignon pour y voir du spectacle de rue ou sous chapiteau et que je n’y vais jamais.

MARIAJ EN CHONSONS par les Blond and Blond and Blond au Théâtre des Béliers (du 7 au 31 à 22h15 – relâches les 12, 19 et 26)

Parce que j’avais vu leur premier spectacle qui m’avait fait énormément rire. En plus, les gens qui jouent ont des liens avec des gens que j’apprécie énormément (Elsa Granat, Les Filles de Simone, ma metteuse en scène…)

LE CABARET DES ABSENTS par François Cervantès au 11. (du 7 au 29 à 22h30 – relâches les 12, 19 et 26)*

Troisième spectacle que je verrai qu’on me conseille… Je donnerai le prénom et le nom de la personne qui me l’a recommandé, si jamais ce n’est pas bon. Oui, je suis comme ça. Faudrait pas me croiser si jamais il y a une guerre… Blague à part, ça a l’air totalement fou. Ça parle d’un cabaret avec des absents, dont le silence, soudain le vide, peut-être pas ?

Sans oublier les reprises de deux spectacles que j’avais beaucoup appréciés : 

L’AUTRE FILLE avec Marianne Basler à la Reine Blanche (du 7 au 25 à 11h – relâches les 13 et 20)

IPHIGÉNIE À SPLOTT par Blandine Pélissier au Théâtre Artéphile (les jours impairs à 11h30)

Je vous invite à décortiquer, mieux que moi en tout cas, les programmations de la Manufacture, du Train Bleu et/ou du 11. ou la sainte trinité, sans oublier les Doms, Artéphile ou la Factory qui font un véritable effort, chaque année, de défrichage pour leur programmation.

D’ici là, on fait attention à soi, on en profite quand même, parce que ça ne va pas durer, encore.

Ps : Les spectacles avec astérisque sont les spectacles pour lesquels j’ai déjà ma place et dont vous retrouverez sûrement la chronique ce mois-ci, si j’arrive à m’organiser.

Pps : Vive Tiago Rodrigues… rien à voir avec le Off, mais j’avais quand même envie de l’écrire.

Textes : Axel Decanis

FESTIVAL D’AVIGNON 2021 (sélection)

Non non non, je ne me plaindrai pas des serveurs informatiques du site du Festival d’Avignon qui ont rendu la tâche ardue, pour ne pas dire impossible, de réserver des places de spectalce lors de l’ouverture de la billetterie. (ok, je suis passé par la Fnac…) Parlons plutôt des spectacles !

Qu’il est difficile de faire une sélection cette année. D’habitude, je rechigne un peu, je ne reconnais que le tiers des noms programmés (ce qui va être le cas, paradoxalement, pour ma prochaine sélection Off). Ici, je m’en voudrais presque de ne pas pouvoir / vouloir rester plus longtemps (quatre jours « seulement » cette année), tellement il y a de spectacles qui me donnent envie. Je n’en verrai que trois (les 3 premiers de ma sélection), mais j’espère de tout coeur que nous pourrons rattraper tous ces spectacles dans nos théâtres préférés, à la faveur des coproductions.

(les trois que je verrai cet été)

TIAGO RODRIGUES

(je n’ai toujours pas ma place, mais je vais jouer des coudes ou faire jouer mes relations, une fois n’est pas coutume)

Ceux qui me lisent savent combien l’artiste portugais est important pour moi. Même si « La Cerisaie » sera programmée la saison prochaine à l’Odéon Théâtre de l’Europe, je ne peux rater cette pièce pour plusieurs raisons : Tchekhov + la Cour d’Honneur du Palais des Papes + voir des comédien.nes que j’apprécie, évoluer dans ce lieu mythique : Isabel Abreu, Grégoire Monsaingeon, David Geselson, Alex Descas. J’aurais pu citer Isabelle Huppert, mais je ne suis pas le fan absolu de la Reine Zaza.

LA CERISAIE du 5 au 17 juillet 2021 à la Cour d’Honneur du Palais des Papes

PHIA MÉNARD

Une performance multipliée par trois dont le premier volet m’avait hautement fasciné aux Bouffes du Nord la saison dernière.

LA TRILOGIE DES CONTES IMMORAUX (POUR EUROPE) du 19 au 25 juillet 2021 à l’Opéra Confluences (et peut-être prochainement à la MC93 Bobigny ?)

KORNÉL MUNDRUCZÒ

Celui dont je ne connais que les films adapte justement un de ses films diffusés dernièrement sur Netflix : Pieces of woman. Le réalisateur de « La Lune de Jupiter » et de « White Dog » agace parfois par une certaine prétention « ooouh, regardez comme il est beau et maîtrisé, mon plan séquence ! »), mais je reste curieux de voir ce que ça peut donner dans un grand et long plan séquence, en vrai !

CZASTKI KOBIETY – Une femme en pièces du 17 au 25 juillet 2021 au Gymnase du Lycée Aubanel

(les sept que j’espère ne pas rater la saison prochaine)

NATHALIE BÉASSE

Même si on pourrait reprocher à ses spectacles un côté un peu décousu, il n’empêche que j’en ressors toujours ravi, rempli d’images et d’émotions et j’ai hâte de voir ce spectacle l’an prochain au Théâtre de la Bastille. (© Nathalie Béasse)

CEUX-QUI-VONT-CONTRE-LE-VENT du 6 au 13 juillet 2021 au Cloître des Carmes

JOHANNY BERT

Ceci est une installation, une expérience, tout commencera dans le Jardin de la Vierge, mais je ne sais pas vraiment quand ça sera ni ce que ça sera et j’ai déjà envie d’y être. Par le créateur de Hen. (© Jorge Mayet)

LÀOÙTESYEUXSEPOSENT

EMMA DANTE

Je ne peux pas me vanter d’avoir vu énormément de spectacles de cette artiste sicilienne, j’ai eu beaucoup de rendez-vous ratés, mais je veux m’accrocher et me faire embarquer dans ces univers toujours aussi singuliers. (© Daniela Gusmano & © Masiar Pasquali)

MISERICORDIA du 16 au 23 juillet 2021 à 15h au Gymnase du Lycée Mistral / PUPO DI ZUCCHERO DEI MORTI du 16 au 23 juillet 2021 à 19h au Gymnase du Lycée Mistral

CHRISTIANE JATAHY

Je ne la présente plus. Elle est une de mes chouchoutes, présente en 21/22 avec ce spectacle à l’Odéon Théâtre de l’Europe. Il s’agit toujours d’une adaptation du film « Dogville » de Lars Von Trier, qui se posait déjà là, en terme de cinéma/théâtre. (© Magali Dougados)

ENTRE CHIEN ET LOUP du 5 au 12 juillet 2021 à l’Autre Scène du Grand Avignon – Vedène

ANGÉLICA LIDDELL

Je ne la présente plus. La fascinante Angélica Liddell… Point. (© Angélica Liddell)

LIEBESTOD EL OLOR A SANGRE NO SE ME QUITA DE LOS OJOS JUAN BELMONTE à l’Opéra Confluence du 8 au 14 juillet 2021

FABRICE MURGIA

Celui que j’avais découvert à la Manufacture dans le Off il ya une dizaine d’années, celui que j’ai redécouvert à Bruxelles dans son futur-ex Théâtre National Wallonie-Bruxelles, pour une adaptation du roman de Laurent Gaudé. Que je n’ai pas lu, donc je ne peux même pas faire semblant de savoir de quoi ça va parler. Mais il est bon parfois d’aller sans savoir. Surtout quand on connait la qualité des mises en scène de l’artiste belge. (© Alexander Gronsky)

LA DERNIÈRE NUIT DU MONDE du 7 au 13 juillet 2021 au Cloître des Célestins

DIMITRIS PAPAIOANNOU

Le chorégraphe grec m’avait impressionné au plus haut point, il y a quelques années. J’avais encore une fois manqué sa création pour le Wuppertal Tanztheater, j’espère voir une autre de ses créations la saison prochaine avec le Théâtre de la Ville. Rien à voir, tout à coup, je repense au DV8… (© Julian Mommert)

INK du 20 au 25 juillet 2021 à la FabricA

(quand il n’y en a plus, il y en a encore)

À part ça, j’aurais pu citer Baptiste Amann avec sa trilogie Des Territoires (vue, pas complètement aimée mais audacieuse), Eva Doumbia, avec ce spectacle au magnifique titre : Autophagies – Histoires de bananes, riz, tomates, cacahuètes, palmiers. Et puis des fruits, du sucre, du chocolat, Laetitia Guédon et le spectacle Penthésilé·e·s Amazonomachie (visible au Théâtre de la Tempête la saison prochaine), Caroline Guiela Nguyen et sa Fraternité, Conte Fantastique, qui nous émeuvra peut-être autant qu’avec Saïgon, la mythique chorégraphe Maguy Marin et Y aller voir de plus près, Karelle Prugnaud et son spectacle itinérant Mister Tambourine Man avec l’inénarrable Denis Lavant.

La semaine prochaine, ma sélection dans le Off ! Le temps que le programme complet soit publié… Les places seront chères ! Purée, j’aurais presque hâte d’y être déjà.

Textes : Axel DECANIS

Deux mille vingt, le rappel

Je note pour me souvenir. Je prends des photos pour… pour quoi déjà ?

En janvier…

En revenant du Québec, je ne pensais pas que cette année serait si…
Sur 31 fois, je suis allé 19 fois tout seul au spectacle. Parfois je croise des gens que je connais. Alors je leur dis bonjour ou bonsoir. Ou bien je fais semblant de ne pas les voir.
(Hamlet, Hedda, Nickel, Contes et Légendes, Hen)

En février…

Sur la route de la Vallée de l’Étrange, à l’Ouest, j’écoute la Montreuil’s Original Soundtrack avec des chansons comme « Life on Mars », du Supergrass ou encore du Tenacious D et imagine de nouveaux Contes Immoraux sur ce qui n’a pas lieu.
(La Vallée de l’Étrange, Supergrass, Life On Mars, Montreuil’s Original Soundtrack, Contes Immoraux, Ce qui n’a pas lieu, Tenacious D, À l’Ouest)

En mars…

La dernière personne que j’ai embrassée sur les deux joues (hors parents passée une semaine d’auto-confinement), c’est la personne qui met en scène mon solo. Nous étions à Montreuil pour assister au spectacle « La Ménagère » de Rebecca Journo au Théâtre Berthelot. C’est ce soir-là que je lui proposai mon projet. Une semaine plus tard, nous étions confinés. « GOOD TIMING » : il n’y a pas à dire, la chance est avec moi.
(Maps, Labourer, Stéréo, La Ménagère, Le Théâtre et son Double)

En avril…

Le plus dur, c’est de barrer au fur et à mesure dans mon agenda les spectacles que j’aurais dû voir. Puis choisir : donner les sous au théâtre, demander un remboursement… Je n’ai jamais su prendre des décisions. Ou bien des mauvaises. Mais quand, la mort dans l’âme, je demandais le remboursement, je me disais que je mettrais ces sous de côté, pour plus tard, pour financer mon projet théâtral. L’un dans l’autre, ça reste dans la famille.
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En mai…

J’ai bien tenté de regarder des spectacles sur internet ou sur ma télé, mais rien n’y fait. Je n’accroche pas. Alors je reste avec mes souvenirs…
Pendant « Hamlet », alors que la salle était plongée dans le noir, un bruit survint et C. s’agrippa à mon bras.
Le plus dur, c’est de raconter des anecdotes que je n’ai pas déjà écrites ici. Ou bien devrais-je en inventer ? La vérité, c’est que je ne me souviens pratiquement de rien. Comme si ces derniers mois avaient tout effacé.
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En juin…

Je viens de me rendre compte que je n’ai absolument rien publié au mois de juin. Je l’ai déjà écrit, mais je me rends vraiment compte que ce qui me manque, ce n’est pas de voir du spectacle vivant, mais d’aller au théâtre. Ce déplacement. Plus tard dans l’année, je dirai que je ne comprends pas d’être autant fatigué alors que je ne sors plus. J’avais cet équilibre-là. Un peu de chez moi, un peu de dehors. Et ça, ça me manque.
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En juillet…

C’était particulier, ce mois de juillet sans Festival d’Avignon. A la place, je suis allé à la mer, à la plage (voir ma photo des Catalans à Marseille, en couverture de cette chronique). J’ai regardé les gens. Cette époque où seulement certaines rues étaient hors de toute contrainte sanitaire. Mais c’est fou ça, tout revient à ça ! On ne peut plus parler des films ou des spectacles qu’on voit, alors on parle de ça. Ça aussi, ça me manque, de parler d’autre chose que de ça. C’est comme quand tu mets trois enseignants dans une même pièce, avec tous les efforts du monde, leurs discussions reviendront irrémédiablement à leur quotidien : les élèves, la classe, les parents d’élèves, Blanquer… Vous ai-je dit que je déteste Blanquer ? Il me sort par les trous de nez, ça devient viscéral. Si seulement il pouvait lire ces quelques lignes et me virer par la même occasion, n’ayant pas le courage de partir de moi-même. Rien qu’en l’écrivant, B-L-A-N-Q-U-E-R… Je le revois dans Voici, en vacances en Corse embrassant à pleine bouche la journaliste Anna Cabana, alors que moi…
(Littoral – répétition)

En août…

C’était le temps où on pouvait retourner dans une salle de spectacles, qu’on vous demandait de garder le masque dans nos déplacements, mais qu’on pouvait l’enlever, une fois assis à notre place. C’était le bon temps. Une autre époque. Ça passe tellement vite…
(Angèle, Original d’après une copie perdue)

En septembre…

Voir et entendre du Koltès dans un quartier que je fréquentais assidûment (Ménilmontant), se lever à 5h30 du matin un samedi pour assister à six heures de Sophocle en plein air…
(Dans la Solitude des Champs de Coton, Uneo Uplusi Eustragé Dies, Les Animaux sont partout, Aux éclats, D’Autres Mondes, The History of Korean Western Theatre)

En octobre…

Je ne pouvais deviner que le dernier spectacle que je verrais cette année serait une pièce sur deux figures mythiques de ma région d’origine : Raimu et Marcel Pagnol. Ni que je la verrais à côté de chez mes parents, dans une salle de cinéma / théâtre entre les Gorges du Verdon et le Plateau de Valensole. Je ne sais pas du tout quoi faire de ces informations. Aussi parce que je suis fatigué de voir des signes partout. Donc je me tais.
(Le Côté de Guermantes, La Guerre des Salamandres, L’Habilleur, La Brèche, La Peste c’est Camus mais la Grippe est-ce Pagnol, Jules et Marcel)

En novembre…

Ce qui me fait penser que je n’ai absolument pas parlé de tous les podcasts que j’ai pu écouter ces derniers mois. EVA BESTER, je vous aime. Il fallait que je l’écrive quelque part… Je vous conseille d’écouter son émission « Remède à la mélancolie »…

« Ce soir, j’ai la mélancolie athlétique. »

… et surtout sa participation au podcast de Fanny Ruwet « Les gens qui doutent ». Ce qui me fait dire que quand j’étais petit, je n’ai jamais écouté Anne Sylvestre, donc je n’ai pas partagé la tristesse engendrée par sa disparition. J’étais plutôt Team Dorothée ou Chantal Goya. Et après je me demande quand tout a commencé à vriller pour moi…
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En décembre…

C’est la fin de l’année. C’est une information comme une autre. L’espoir fait vivre, j’avais donc préparé un programme aux petits oignons pour la réouverture des lieux culturels le 15 décembre, la veille de mon anniversaire. Mal m’en a pris. Du coup, j’ai téléchargé pour la soixante-quatrième fois Tinder et me suis empiffré des Ferrero Rochers offerts en pagaille par mes élèves, parce que j’ai pas mal assuré ces derniers mois, même si je m’emmerde toujours autant. Et surtout j’ai trouvé une nouvelle coiffeuse entre Belleville et Ménilmontant. Je crois que je vais la garder. Aussi parce que ça m’a fait tout bizarre dans le corps et dans le reste quand elle m’a fait ce massage du cuir chevelu. Ça m’a coûté le double de mon coiffeur marseillais désormais à la retraite mais qui continue à coiffer dans son garage, mais j’ai besoin d’une certaine tranquillité d’esprit. Je ne veux plus chercher, butiner de fleur en fleur. A moi la stabilité. C’est le jour de mes 42 ans que je me suis fait coiffer par cette personne aux doigts magiques. Je devais rencontrer un match Tinder juste après, mais bien m’a pris d’annuler. J’étais suffisamment angoissé de rencontrer cette nouvelle coiffeuse. Je sais que rien ne sera possible entre elle et moi, mais je peux désormais rayer une ligne de ma liste des choses à faire et à trouver. Je suis enfin en paix avec moi-même.
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Les spectacles que je n’ai pas vus en 2020

Illusions perdues (Balzac – Pauline Bayle), Normalito (Pauline Sales), Furia (Lia Rodrigues), Les Sept Péchés Capitaux (Pina Bausch), CocoRosie, Le Révizor (Crystal Pite), Léopoldine HH, Le Silence et la Peur (David Geselson), Dans le Nom (Tiphaine Raffier), Tout le Monde ne peut pas être orphelin (Les Chiens de Navarre), Andando – Lorca 1936 (Daniel San Pedro), Phèdre ! (Racine / François Grémaud), Billion Dollar Baby (Audrey Vernon), Récital / Chorale / Les Potiers (François Grémaud), Vacances Vacance (Ondine Cloez), Le Sacre du Printemps (Pina Bausch), Italienne Scène et Orchestre (Jean-François Sivadier), Quand je serai grande (Margaux Cipriani / Sophie Troise), Rencontre avec Pierre Pica (Émilie Rousset), Pacific Palisades (Guillaume Corbeil / Florent Siaud), Les Frères Karamazov (Dostoievski / Sylvain Creuzevault), Ton Père (Christophe Honoré / Thomas Quillardet), Abysses (Alexandra Tobelaim), Catarina et la beauté de tuer des fascistes (Tiago Rodrigues), Choeur des amants (Tiago Rodrigues), Une Cérémonie (Raoul Collectif), Klô Pelgag, L’Étang (Robert Walser / Gisèle Vienne), By Heart (Tiago Rodrigues), La 7e Vie de Patti Smith (Claudine Galéa / Benoît Bradel), Boule à Neige (Mohamed El Khatib & Patrick Boucheron), Le discours (Fabrice Caro / Catherine Schaub)… Et encore, je cite seulement les spectacles pour lesquels j’avais des places.

Adieu deux mille vingt, tu ne me manqueras pas.

Deux mille vingt

(article mis à jour et surtout corrigé… résolution 2021 : relire 1 000 fois avant de publier ! et non je ne rajouterai pas les traits d’union entre deux, mille et vingt – et malgré tout j’oublie encore des mots, je suis bien fatigué…)

Deux mille vingt… Qu’il fut compliqué de rédiger ce bilan. Tantôt nécessaire pour ma mémoire, tantôt futile, tellement d’émotions, de sentiments contradictoires sont venus m’ébranler durant ces dix derniers mois. Une année éprouvante, pour moi, pour vous et (je parle seulement dans le cadre de ce blog) surtout pour les artistes, les autrices et auteurs, les salles de spectacle, toutes les personnes qui gravitent autour. A l’heure où j’écris ces lignes, nous ne savons pas quand les cinémas, musées et salles de spectacle rouvriront (7 janvier ? 20 janvier ? Les plus pessimistes parlent de juin 2021… ?) et je ne sais pas comment conclure cette phrase. C’est parti pour un grand « name dropping » !

SPECTACLE VIVANT

Je n’en attendais pas tant : inventer un virus pour me permettre d’aller moins au théâtre. Je l’ai rêvé, le pangolin l’a fait ! Mon recap fait peine à voir : 31 spectacles vus cette année, soit trois fois moins que l’an passé. Certes, je désirais ralentir, mais pas à ce point-là, surtout avec l’absence du Festival d’Avignon qui a fait mal à mon petit coeur.

31 spectacles à Paris, Montreuil, Nanterre, Les Lilas mais aussi à Marseille, Barcelonnette (04), Gréoux-les-Bains (04), dans 20 lieux différents avec des artistes français, suisses, portugais, coréens. Du théâtre, de la marionnette, du seul.e. en scène, de la danse, du conte, de la performance, des images, des robots, de la musique, des élèves, des amateurs, de la déambulation, de l’improvisation.

Cette année, je n’ai revu aucun spectacle. Mais j’ai vu deux spectacles de Gwenaël Morin (« Le Théâtre et son double » et « Uneo uplusi eurstragé dies » (avec Lucie Brunet), du duo Godard / Santoro (« Maps / Stéréo » – je ferai l’impasse la prochaine fois). Par souci de transparence, je tiens à mentionner que j’ai bénéficié de 7 invitations en ma qualité de blogueur ou dans le cadre de mes contributions au Blog de Nestor (blog sur la vie culturelle montreuilloise), 6 spectacles étaient gratuits. J’ai donc (plus ou moins) payé 18 fois ma place…

À part ça de grands souvenirs avec (par ordre chronologique) :

Sans oublier des captations plus ou en moins en direct, dont « Laetitia fait tout péter » de Laetitia Dosch, « _Jeanne_Dark_ »  de Marion Siéfert sur Instagram, « Be Arielle F. » de Simon Senn par Zoom mais également les répétitions de « Littoral » de et par Wajdi Mouawad.

CONCERTS & MUSIQUE

Deux petits concerts seulement mais avec des grands groupes tels que Supergrass et Tenacious D ! Et pour tout vous dire, je ne suis abonné pas à Deezer ni à Spotify, donc bon… Mais j’ai tout de même acheté, écouté et apprécié les nouveaux albums d’Idles, Louis-Jean Cormier, Sophie Hunger, Eels et enfin Klô Pelgag qui me met les larmes aux yeux tellement c’est beau.

EXPOS

Deux expos visitées, le passable « Circulations » au CentQuatre et l’étonnante installation des Extases d’Ernest Pignon-Ernest aux Célestins à Avignon (voir photos ci-dessus, issues de l’instagram du blog.)

CINÉMA

23 films. Restent particulièrement en mémoire et par ordre chronologique :

  • Le nostalgique « Play » d’Anthony Marciano.
  • La reprise de « Le Dirigeable Volé » de Karel Capek.
  • La surprise « Tout simplement noir » de et avec Jean-Claude Zadi.
  • L’impressionnant « Madre » de Rodrigo Sorogoyen.
  • Le dépaysant « Antoinette dans les Cévennes » de Caroline Vignal avec une Laure Calamy toujours aussi impétueuse.
  • L’euphorisant « Drunk » de Thomas Vinterberg avec l’incommensurable Mads Mikkelsen.

En rattrapage à la télé, en DVD ou autres (310 films vus au 25 décembre, merci le confinement) dont « Charlotte a du fun » de Sophie Lorain, « Mektoub my love » d’Abdelatif Kechiche, « Mirage de la vie » de Douglas Sirk, « 71 fragments d’une chronologie du hasard » de Michael Haneke, « Séduis-moi si tu peux » de Jonathan Levine, « Marina Abramovic : The artist is present » de Matthew Akers, « All about Eve » de Joseph L. Mankiewicz, « Leave no Trace » de Debra Granik, « Ma vie de Courgette » de Claude Barras, « Paterson » de Jim Jarmusch, « Booksmart » d’Olivia Wilde, « Eva en août » de Jonas Trueba, « Cris et Chuchotements » d’Ingmar Bergman…

SÉRIES

Toujours autant de saisons, 60 au total. Pas forcément des séries de première jeunesse (« The I.T. Crowd » – Netflix, « Irresponsable » – OCS, « Malcolm in the Middle » – Prime), des fins de séries (« The Good Place » – Netflix, « Baron Noir » – Canal Plus, « Les Pays d’en haut » – TV5), un très grand coup de coeur pour « 18h30 »- Arte (photo 1), les intégrales d’ « Arrested Development » – Netflix (3 saisons au top, les 2 dernières très mauvaises), « Community » – Netflix (6 saisons), de « The Leftovers » – OCS (3 saisons et j’ai beaucoup pleuré, mais pas autant que pour « Six Feet Under ») (photo 3), la découverte « Forever » – Prime et surtout le réconfortant « Ted Lasso » – Apple + (photo 2), sans oublier le « je n’aurais jamais pensé apprécier une adaptation d’un livre et d’un film que j’aime d’amour » « High Fidelity » avec Zoe Kravitz.

LIVRES

Toujours autant de pièces (portugaises et québécoises) et de bandes dessinées (plaisir coupable : The Walking Dead). J’ai eu beaucoup de mal à me concentrer durant le premier confinement.

Dans les inoubliables, je pourrais citer « Open Bar 2 » de Fabcaro, « Nefertiti dans un champ de coton » de Philippe Jaenada (je l’avais raté celui-là), « Autoportrait » d’Edouard Levé (conseillé il ya plusieurs années par Solange te parle), « Sukkwan Island » de David Vann (conseillé par la metteuse en scène des Exfiltré.e.s, un collectif théâtral auquel j’appartiens), « J’accuse » d’Annick Lefebvre et surtout « Il est des hommes qui se perdront toujours » de Rebecca Lighieri (un grand merci à l’ami marseillais)

CÔTÉ BLOG 

31 articles publiés dont 6 hors série… Sans commentaire. Une fréquentation qui a chuté de 28 % cette année… tiens donc…

Top 5 fréquentation (au 25 décembre) :

1- La peste c’est Camus, mais la grippe est-ce Pagnol ?

2- Le Théâtre et son Double

3- Tenacious D

4- Le Côté de Guermantes

5- D’autres mondes et Hedda

Et dans les anciens articles, « Le Massacre du printemps » d’Elsa Granat tient le haut du pavé grâce notamment à une hypothétique reprise au Théâtre Paris Villette au printemps prochain suivi de près par « La Mécanique de l’Histoire » de Yoann Bourgeois (j’attends avec impatience son prochain spectacle avec une musique composée par Patrick Watson) et mon billet consacré à ma visite au Théâtre Marigny.

SUR LE PLAN PERSONNEL MAIS PAS TROP

Toujours membre du Blog de Nestor (site sur la vie culturelle à Montreuil), même si également très au ralenti ces temps-ci. Toujours membre de Radio Mortimer (regroupement de passionné.e.s de théâtre – un jour, je présenterai une des émissions, oh oui !) et je vous invite à (ré)écouter nos enregistrements durant le premier confinement…

A part ça, côté théâtre… on va dire qu’on ne va pas s’avancer pour 2021… Mis à part qu’on poursuit nos lectures et répétitions avec un premier groupe (les Exfiltré.e.s), qu’avec un deuxième groupe (les Infiltré.e.s) ben… je ne sais pas… et que mon projet à moi « Dedans ma tête », ben… je ne dis plus rien par superstition, mais ma metteuse en scène et moi travaillons (pas d’arrache-pied, faudrait pas exagérer) pour… non non, je ne dis rien.

À suivre…

(Textes et photos non promotionnelles : Axel Ito)

Angèle (Marcel Pagnol / Jean Giono / Patrick Ponce / Cartoun Sardines Théâtre / El Zocalo)

(de quoi ça parle en vrai)

« Angèle, fille de paysans, vit avec ses parents, Clarius Barbaroux et Philomène Barbaroux, dans une ferme provençale, la Douloire, isolée au fond d’un vallon. Elle est aimée en secret par Albin, un jeune paysan. Mais celui-ci tarde à déclarer sa flamme. Un jour, Angèle se laisse séduire par Louis, un mauvais garçon de passage qui l’entraîne à Marseille, la grande ville, et la prostitue… » (source : ici)

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Crédits photos : Thibaud PONCE

(ceci n’est pas une critique, mais…)

C’est avec une émotion non dissimulée que je me suis rendu au théâtre voir ma première pièce de théâtre post-confinement. Et pas n’importe où, puisque l’occasion m’a permis de découvrir le théâtre El Zocalo à Barcelonnette, petite ville de la vallée de l’Ubaye si chère à mon coeur (c’est pas loin où je suis né littérairement parlant – longue histoire)

C’est le Cartoun Sardines Théâtre, une compagnie marseillaise qui est aux manettes, avec Patrick Ponce à sa tête. J’avais déjà vu trois de leurs spectacles : le premier, j’étais en terminale, je crois, avec les amis de l’option théâtre. La Mère m’accompagne pour l’occasion. Je lui dis : Le Cartoun Sardines Théâtre, c’est inventif et c’est accessible. Je ne me suis pas trompé. La Mère a aimé « Angèle » et moi aussi.

On a aimé, parce que ça raconte Marseille et la Provence. Parce que ça parle d’une époque dont on a toujours entendu parler grâce aux Anciens qui ne sont plus là. Parce qu’en face de nous, il y avait une troupe sensationnelle d’acteurs, qui s’amusaient autant qu’on s’amusait. Aussi, peut-être, parce qu’ils étaient heureux d’être là, tout simplement.

Le Cartoun Sardines Théâtre sait toujours être inventif, disais-je. Ici, pas de décors frontaux « à l’ancienne » ou de vidéo omniprésente, mais un travelling circulaire, parce que nous assistons au tournage d’un film sans caméra, avec changement d’axe, action, coupez, etc. Des comédiens qui jouent plusieurs rôles dont des chèvres ou des portes, un régisseur qui veille au grain et qui est partie prenante du spectacle, un quatrième mur explosé qui permet les digressions et autres recontextualisations, parce que la Provence au début du XXe siècle, y a de quoi dire (au niveau du vocabulaire comme au niveau des moeurs et de la place de la femme dans la société)

Le rythme est rythmé… non. Le rythme est trépidant, les comédiens sont justes et tout simplement bons (pensée qui revient de temps à autre… il n’y a pas qu’à Paris que cela se passe. Sans passer par l’expression « Nos régions ont du talent », on ne s’imagine pas à côté de quoi on passe en Provence, en Bretagne ou ailleurs) et mine de rien, on assiste à un spectacle ultra-millimétré et ça ne se voit même pas, grâce à la générosité de la compagnie. La pièce joue à fond la connivence avec le public et le laisse imaginer, être actif dans sa tête.

En résumé, je ne peux que vous conseiller de guetter la venue de cette compagnie dans votre région, parce qu’il n’y a pas que Paris ou Marseille dans la vie.

 

ANGÈLE

D’aprés le film de Marcel Pagnol et le roman de Jean Giono « Un de Baumugnes »

Conception / Adaptation / Mise en scène : Patrick Ponce

Avec : Florine Mullard, Bruno Bonomo, Marc Menahem, Thierry Otin, Fabien Gaertner et Stéphane Gambin

Scénographie : Stéphane Gambin, Patrick Ponce – Décor / Régie générale et plateau : Stéphane Gambin – Assistanat décor : Antoine Cano – Costumes : Christian Burle – Musique / Création son / Régie son  : Pierre Marcon – Lumières : Jean-Bastien Nehr – Régie Lumières : Laurie Fouvet ou Jérémie Hutin ou Julien Soulatre.

Production : Cartoun Sardines Théâtre.

Le 24 septembre 2020 à Arles, le 25/09 à Marseille (Odéon), le 26/01/21 à Châteaubriand (44)… (liste non exhaustive)

 

(une autre histoire)

Cet été, j’avais prévu d’aller à Avignon, puis à Bussang et pourquoi pas au Festival Pampa en Gironde (qui n’a pas été annulé, lui), mais le destin (ou autre chose) en a décidé autrement.

J’y suis quand même allé, à Avignon (et pas EN Avignon, faut-il encore le rappeler, écrivez-moi en MP pour plus de précisions, je viens de soutenir une thèse sur la question).

On se gare dans le parking sous le Palais des Papes. On en sort. C’est comme si on était dans le Truman Show :

« Ok, vous avez compris, quand ils sortent du parking, tout le monde s’anime, tout le monde s’agite. Comme si rien n’avait changé. »

On sort, on voit des touristes, le petit train sur le point de partir, une compagnie costumée qui parade, on nous donne même un tract (spoiler alert : ce sera le seul de la journée).

Quand je dis « on », c’est l’Ami Marseillais et moi. Onze ans déjà qu’on fait le festival ensemble. On est un vieux couple. On a nos habitudes, nos coins préférés, on met une heure à choisir le restaurant… Ami Marseillais, j’espère que tu ne le prendras pas mal, je t’aurais bien échangé contre celle qui occupe mes pensées. Je sais, je dis ça tous les ans. Je fais toujours exprès d’être tout seul au mois de juillet. C’est faux. Même quand je ne suis pas tout seul, je dis toujours : « Le mois de juillet, c’est sacré, c’est Avignon ! Je décale même mes vacances au Québec pour ça ! »

Y a du monde, des touristes, des gens pas comme nous, qui ne doivent pas se rendre bien compte. Parce qu’il suffit de s’engouffrer dans les entrailles de la Cité des Papes pour constater que c’est une coquille vide, que les théâtres qu’on affectionne (ou pas) sont fermés, que certains n’ont même pas pris la peine d’enlever les affiches de l’année dernière. Le bon point, c’est qu’on peut enfin voir ce qu’il y a derrière les affiches omniprésentes du Festival Off et qui aimantent (polluent) notre vision. On redécouvre la ville, ses bâtisses, on lève les yeux (au ciel) et on y voit des choses étonnantes. On arpente la rue des Teinturiers, où je ne mets jamais les pieds d’habitude, tellement il y a de monde et de théâtres qui ne m’intéressent pas. Il y a personne. Comme si c’était hors saison. On ne reconnait parfois pas certaines rues, comme la rue des Ecoles qui abrite le Village du Off…

« Attends, c’est bien là ? Oui, je savais que c’était dans une école, mais c’est cette entrée-là ? »

… et la Manufacture.

« Rien n’a été nettoyé dans la cour, regarde. Comme si c’était à l’abandon ».

Je ne dirai pas qui, mais l’un de nous deux a eu la larmichette à l’oeil.

D’habitude, là, il y a du monde. C’est la place Louis Pasteur. L’Entracte n’est pas ouvert. On a peine à se souvenir de comment c’était en temps de festival. Ça parait tellement petit. Mais comment faisaient-ils entrer toutes les tables et les chaises en terrasse ? Et la Place des Carmes… Vous êtes où les gens ? J’en profite pour envoyer un message à C. parce que l’avant-dernière fois qu’on s’était vu, c’était là et qu’elle m’avait proposé de lire ma pièce… Tel resto est fermé, tel autre n’est plus un resto… On mange quand même une glace, on va voir une installation d’Ernest Pignon-Ernest sur la place des Corps Saints. On prend même le traversier pour se rendre sur l’Île de la Barthelasse, c’est dire notre état de délabrement mental.

Alors, l’Ami Marseillais et moi-même, on compare les différentes programmations des théâtres parisiens et marseillais. Marseille qui n’a plus à rougir, qui occuperait son homme une bonne partie de l’année. Marseille, le sud, me manquent. Voilà. Et le théâtre aussi. Le théâtre surtout.

 

Vu le mercredi 29 juillet 2020 au Théâtre El Zocalo (Barcelonnette)

Prix de ma place : Gratuit

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Deux mille dix-neuf

Deux mille dix-neuf. L’envie de faire le tour de ma décennie m’a quelque peu titillé, mais je sais parfois vous préserver et vous ai seulement concocté ce bilan de l’année. Un bilan qui récupère, qui recycle, c’est dans l’air du temps, puisque je me suis grandement inspiré (voire copié-collé) du bilan deux mille dix-huit, c’est dit, le voilà !

SPECTACLE VIVANT

Vous avez bien fait de voter pour moi, je tiens mes promesses. J’avais annoncé la réforme du système des retraites et… pardon, j’ai mélangé mes discours… J’avais annoncé que je verrais moins de spectacles en cette année 2019 et force est de constater que… J’ai fait ce que j’ai dit : Il y a trois ans, j’avais vu 71 spectacles. Il y a deux ans 101. L’an passé le nombre record de 139. Et cette année… roulement de tambours… 98 !

Je pense que ce nombre baissera encore en 2020 (de nombreux jours de grève vont passer par là… dans la fausse vie – big up à Pessoa, encore et toujours -, je suis enseignant), mais nous n’y sommes pas encore. Mon impression de l’année dernière s’est plus que confirmée : me voilà blasé de voir des spectacles. C’est triste. Est-ce que parce que je les choisis mal, que la qualité des pièces a baissé, je n’en sais rien, mais me voilà quelque peu blasé (je me répète encore et toujours) et aussi frustré de ne pas plus apprécier ce que je vois, à sa juste valeur.

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98 spectacles à Paris, Montreuil, Nanterre, Saint-Denis, Bobigny, Aubervilliers, Les Lilas mais aussi à Marseille, Avignon, Bruxelles et Québec, dans 54 lieux avec des artistes français, québécois, espagnols, néerlandais, belges, japonais, suisses, israëliens, irlandais, autrichiens, sud-africains, suédois, brésiliens, britanniques, allemands, italiens, chinois, portugais,… parfois (souvent) dans le texte. Du théâtre, des images, du son, de la musique, de la lecture augmentée, du langage de signes, des marionnettes, des artistes dans le public, des objets, du théâtre documentaire, de la danse, du cirque, du clown, du seul en scène, du one wo.man show, des écoles de théâtre, pas tant de gens tout nus que ça, des performances, du jeune public, des professionnels, des « amateurs » et même des pièces dans le privé…

Cette année, j’ai vu deux spectacles une 2e fois (« Lettres non-écrites » de David Geselson et « The Way she dies » par Tiago Rodrigues et tg STAN), mais aussi deux spectacles de Tiago Rodrigues (« The Way she dies » et « Please please please »), de Jan Fabre (oui… je sais… « The Generosity of Dorcas » et « Belgian Rules »), de Boris Charmatz (« 10 000 Gestes » et « Infini »), de Nathalie Béasse (« Happy Child » et « Roses »), deux fois avec Marlène Saldana (« Les Idoles » et « Purge baby purge »), Anouk Grinberg (« La Fin de l’Homme Rouge » et « Et pourquoi moi je dois parler comme toi »), Anna Bouguereau (« En réalités » et « Joie »), Morgane Peters (« Iphigénie à Splott » et « L’Enfant-Océan »), Elsa Granat (« Le Massacre du Printemps » et « Data Mossoul »), trois fois Edith Proust (dans les deux pièces précédemment citées et « Le Projet Georges ») et aucune pièce de Pina Bausch.

Par souci de transparence, je tiens à mentionner que j’ai bénéficié de 21 invitations  (dont 12 dans le cadre du Festival Off d’Avignon) en ma qualité de blogueur ou dans le cadre de mes contributions au Blog de Nestor (blog sur l’actualité culturelle montreuilloise au sens large du terme). (mes gains aux concours Sceneweb ou Télérama ne comptent pas…) J’ai donc (plus ou moins) payé 76 fois ma place…

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À part ça de grands souvenirs avec (dans le désordre) :

  • Les Idoles de Christophe Honoré (Marlène et Marina, always in my mind) – Odéon Théâtre de l’Europe, Paris
  • 10 000 Gestes de Boris Charmatz (euphorisant) – Nanterre Amandiers
  • Les Analphabètes (immersif et… Bergman) – TGP Saint-Denis
  • Saison Sèche (découverte de l’univers de Phia Ménard) – La Criée, Marseille
  • la transe Hymne Hymen de Nina Santès – Théâtre de la Bastille, Paris
  • Le Champ des possibles (étonnante Elise Noiraud) – Théâtre de la Reine Blanche, Paris
  • Laterna Magica (par le mésestimé Dorian Rossel et toujours Bergman) – 11 Gilgamesh Belleville, Avignon Off
  • Stallone (simple et bouleversant et Clotilde…) – CentQuatre, Paris
  • Le Massacre du Printemps (bouleversant à en pleurer) – Théâtre du Train Bleu, Avignon Off
  • Le Projet Georges (je ne vais pas en rajouter) – Lavoir Moderne Parisien

Et dans les (plus ou moins) bons souvenirs :

  • Retrouver le collectif L’Avantage du Doute dans « La Légende de Bornéo »
  • Aller au théâtre avec des amis, s’asseoir à différents endroits de la salle et constater à la sortie que nous pensons la même chose…
  • M’agacer de la non-amabilité de la personne à l’entrée de l’auditorium du Mucem à Marseille (sans nul doute une Parigote)…
  • L’Ami Marseillais qui commence à analyser « Le Massacre du printemps » d’Elsa Granat, à peine sortis de la salle et que j’arrête un peu sèchement (je le prie de m’excuser…), parce que j’avais besoin de reprendre mes esprits (et d’arrêter de pleurer aussi)
  • Les trois pièces que j’ai quittées à l’entracte… (Architecture / JR / Les 1001 Nuits)
  • Mon courage d’être resté (mais c’était compliqué de faire autrement) pour « La Maison de Thé ».
  • Entendre toutes les belles choses autour de « An Irish Story » de Kelly Rivière et, non sans prétention, dire que je l’avais vu durant l’été 2018 dans le Off d’Avignon et qu’on n’était pas plus de 20 spectateurs dans la salle…
  • Rencontrer Edith Proust deux jours après avoir vu « Le Massacre du Printemps » et lui parler (c’est parce que je n’étais pas seul ce jour-là… d’ailleurs, c’est surtout mon amie qui a parlé…)
  • Me sentir bien après ne pas avoir aimé un spectacle co-écrit par Tiago Rodrigues.

 

CONCERTS

15 soirées concerts (une de moins que l’an passé) mais avec 24 artistes ou groupes. Je sais très bien que mes chroniques musicales intéressent moins de monde ici que le théâtre, mais je continuerai à en parler durant cette demie saison, parce que je fais ce que je veux.

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TOP 5

  • « On voudrait revivre » d’après les chansons de Gérard Manset avec Léopoldine Hummel et Maxime Kerzanet (m.e.s. Chloé Brugnon) (au Théâtre de l’Opprimé) (longtemps j’ai hésité entre la section Spectacle Vivant et celle-ci, mais cela permet de mettre ce spectacle vraiment en valeur, grâce à la découverte des chansons de Gérard Manset et évidemment au grand talent des interprètes)
  • Sharon Van Etten (au Festival Osheaga à Montréal) – magnétique
  • Lesbo Vrouven (à Trans.Mutations à Québec) – improbable
  • Troy von Balthazar (au Petit Bain) – chouchou #1
  • Louis-Jean Cormier (Aurores Montréal à la Maroquinerie) – chouchou #2

 

EXPOS

Onze expos visitées (peux mieux faire) mais c’est l’incomparable Sophie Calle et son parcours Cinq dans différents lieux de Marseille qui emportent le morceau !

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CINÉMA

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47 films au 26 décembre (12 de plus que l’an passé, moins de pièces, plus de films, les vases communicants). Restent particulièrement en mémoire, pour différentes raisons :

 

  • Tout ce qu’il me reste de la révolution de Judith Davis
  • La Chute de l’Empire Américain de Denys Arcand, Jeune Juliette d’Anne Émond, la Femme de mon Frère de Mona Choukri
  • 90’s de Jonah Hill
  • Parasite de Bong Jonh Hoo
  • Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma

En rattrapage à la télé, en DVD ou autres… La Grande Bouffe de Marco Ferreri, Guy d’Alex Lutz, Voir du pays de Delphine et Muriel Coulin, Un jour dans la vie de Billy Lynn d’Ang Lee, Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon d’Elio Petri…

 

SÉRIES

J’ai vu énormément de saisons, 57 au total avec l’intégrale (6 saisons) de Downton Abbey (j’assume), de Sherlock (4 saisons), la première saison WTF de The Boys, la continuation de l’étonnante The Good Place (s4 en cours), de la politisée The Good Fight (s4 en 2020) et de la toujours émouvante mais qui a su se renouveler This is us (s4 en cours), sans oublier l’intégrale en cours de Seinfeld (les 3 premières saisons). Ce qui me fait dire, que je ne regarde pas tant de séries actuelles que ça.

 

LIVRES

Beaucoup de pièces lues cette année, essentiellement québécoises, comme « Gamètes » de Rebecca Déraspe ou « Dans le champ amoureux » de Catherine Chabot », de la bande dessinée avec les Fabcaro « Openbar », « Carnets du Pérou »…, la découverte d’un auteur français, Vincent Almendros avec « Faire Mouche » (pour être honnête, je fais du théâtre avec une personne qui le connait très bien) et la claque en rattrapage de « L’Amour et les forêts » de Eric Reinhardt. Mais la conclusion cruelle est que je ne lis vraiment pas assez (difficile à donner un chiffre pertinent quand la majorité des livres que j’ai lus sont des pièces de théâtre ou des bandes dessinées : seulement 11 romans lus cette année).

 

CÔTÉ BLOG 

74 contre 130 articles écrits par moi… J’ai beaucoup moins écrit… En tout cas, moins d’articles pour ce blog. J’ai aussi écrit moins rapidement, là où, au commencement, je me faisais un point d’honneur de rédiger une chronique dans les 48h suivant la représentation. Il ne faudrait pas oublier la section « Vus mais pas chroniqués » qui ne recense pas forcément les spectacles que j’ai moins aimés. De toute façon, en ce moment, je n’aime pas grand chose, donc bon…

Top 10 fréquentation (au 26 décembre) :

(sans compter l’article sur ma sélection Avignon Off qui a particulièrement marché, de loin l’article le plus lu du blog depuis sa création et la chronique sur Ex Anima de Bartabas qui, malgré sa date de rédaction – janvier 2018 – a été plus lu en 2019 qu’en 2018… sans oublier mes retours sur le Théâtre Marigny ou le concert Sgt Pepper Live)

Le Massacre du PrintempsThe Scarlet LetterOn voudrait revivreLes AnalphabètesLe GroenlandTroubleLe Champ des PossiblesLaterna MagicaData MossoulIphigénie à Splott

(encore une fois la prime aux spectacles du Off d’Avignon (7 sur 10), parmi ceux-là, trois ont été vus avant le début du festival)

Une première moitié d’année exceptionnelle avec en point d’orgue le mois de juillet, plus gros mois depuis la création du blog, puis une baisse assez significative de la fréquentation les mois qui ont suivi. Sans doute la faute à mon manque d’inspiration, de régularité, au nombre de billets en baisse, aux gens inscrits à la newsletter et qui ne cliquent pas sur l’article (!?!?!?!?!)…

 

SUR LE PLAN PERSONNEL

Hormis les 72 billets pour ce blog… mot qui ressemble à blob… j’ai rédigé quelques articles pour le Blog de Nestor (une sélection des spectacles du mois, donc peut-être douze à la louche). L’exercice est toujours intéressant, puisqu’il me permet de découvrir la programmation des théâtres de la ville de Montreuil, mais quelque peu frustrant, puisque je n’y vis pas et que j’ai du mal à trouver le temps (toujours lui, bon sang de bon soir !) pour y aller. J’ai également collaboré à Radio Mortimer (avec plus ou moins de bonheur) à plusieurs reprises (toujours pas à l’aise dans les discussions… merci aux camarades qui me soutiennent et qui montent l’émission pour enlever certains blancs)

Et prochainement en 2020… Trois projets théâtraux :

1/ « Dedans ma tête » un seul en scène écrit et interprété par moi-même. Qui aurait déjà dû faire son apparition en 2019, mais la création n’est pas une science exacte : la pièce est à nouveau passée sous mon bistouri avec une ultime réécriture l’été passé. J’attends le retour d’une certaine personne et la prochaine étape sera la lecture publique au printemps 2020, voire une présentation fin 2020, on peut toujours rêver. Faut juste que je trouve LA personne pour mettre en scène.

2/ Les Infiltré.e.s, saison 3 au Théâtre de la Bastille les jeudi 18 et vendredi 19 juin. La seconde aurait dû être ma dernière, mais le collectif ayant pris le dessus, (avec un peu de chance aussi au final), m’y revoilà.

3/ Des anciens et actuels Infiltré.e.s ont formé un nouveau collectif, tellement y a de l’amour dans le groupe. Nous nous appelons… les Exfiltré.e.s, nous préparons présentement un spectacle autour de la frustration (c’est qui qui a trouvé le thème, je pose la question ???). On ne sait pas si on y arrivera, mais on fait tout pour et nous aimerions présenter quelque chose durant l’automne 2020.

Et concernant cet espace non-critique… J’avais dit qu’il prendrait fin en 2020, certainement après le prochain festival d’Avignon… Je persiste et je signe. Je ne dis pas qu’il n’y aura rien après, mais je confirme, tout s’arrêtera dans quelques mois, sous cette forme-là.

Bon bout d’an et à l’an qué vèn.

 

(Textes et photos non promotionnelles : Axel Ito)

Des Territoires (… et tout sera pardonné ?) (Baptiste Amann / Théâtre de la Bastille)

(de quoi ça parle en vrai)

« Après avoir convoqué la Révolution française puis la Commune dans les deux premiers épisodes, c’est la révolution algérienne qui surgit cette fois sur scène. (…) Nous avions laissé les personnages rassemblés dans leur cité HLM à l’occasion de l’enterrement des parents. (…) À cet instant de l’histoire, Lyn, Hafiz et Samuel sont rassemblés autour de leur frère Benny qui, suite aux violentes émeutes dans le quartier, est en état de mort cérébrale. Faut-il arrêter la machine ? Pendant ce temps-là, dans le même hôpital, se déroule le tournage d’un film sur la guerre d’Algérie et notamment sur le procès de la figure emblématique de Djamila Bouhired. Condamnée à mort pour « actes de terrorisme », cette militante du FLN fut finalement libérée, notamment grâce à Jacques Vergès, célèbre avocat qui fera de ce procès celui de la colonisation. L’actrice qui interprète la révolutionnaire, en conflit avec le réalisateur, va rencontrer la famille de Benny. Les époques se chevauchent et les dilemmes s’entrecroisent : faut-il arrêter ou continuer de jouer ? Faut-il mourir pour ses idées ? » (source : ici)

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Crédits photos : Sonia Barcet

(ceci n’est pas une critique, mais…)

J’avais apprécié le premier, j’avais moins aimé le deuxième, il n’y avait pas de raison que je n’aille pas voir le dernier volet de la trilogie. 1 partout, balle au centre.

La pièce démarre par une scène savoureuse pendant une émission de radio qui n’a rien à voir avec les deux précédentes parties mais qui annonce déjà la pièce de résistance de la… pièce : l’Algérie.

Précédemment l’Histoire rentrait par effraction dans l’histoire. De manière un peu capillotractée, on se retrouvait au coeur de la Révolution Française, de la Commune, tandis qu’ici les séquelles de la Guerre d’Algérie s’invitent par le truchement (j’adore ce mot) du tournage d’un film, dans l’hôpital même où Benjamin est hospitalisé. Certes, tout ceci est amené de manière plus subtile mais le dispositif reste le même : l’entrelacement de la grande et de la petite histoire, des récits des différents personnages. On ne peut pas enlever cela à Baptiste Amann qui poursuit ce qu’il a commencé à entreprendre et on ne peut que saluer une certaine ambition dans la narration (mille-feuilles narratif, multiplicité des sujets sociétaux parfois seulement effleurés : le manque de moyens des hôpitaux, la mort de jeunes des cités suite à la confrontation avec la police…), ainsi que des fulgurances au niveau de l’écriture.

Ce qui m’avait intérésssé au début de cette aventure, c’était ces quatre frères et soeur qui devaient faire face au décès simultané de leurs parents. Or, plus les épisodes passent, plus les liens qui tissaient leurs relations semblent s’effilocher, théâtralement parlant. Je ne parle même pas du clin d’oeil méta, quand un des frères avoue que ça lui semble bizarre de vivre autant d’accidents de la vie (ses parents puis son frère) en seulement trois jours. On perd quelque chose au niveau de la fratrie, comme si la disparition de Benjamin avait cassé ce qui me semblait être la dynamique de la pièce elle-même. Mais apparemment, il ne s’agissait que d’un prétexte.

La relation naissante entre Hafiz, le frère adoptif d’origine algérienne et la comédienne qui interprète Djamila Bouhired, dans le film tourné à quelques couloirs de là, est assez touchante. On aurait voulu en voir plus. Parce qu’hormis le tournage, la guerre d’Algérie a eu un impact direct sur l’un des personnages de cette saga. Or, encore une fois, on aurait voulu voir un approfondissement de ce qui tourmente Hafiz, surtout qu’on l’avait déjà vu venir dans le précédent opus.

(il est difficile de critiquer une pièce quand on aurait voulu voir la pièce qu’on avait rêvée)

Même si la pièce peut se voir indépendamment des autres, il peut manquer certaines subtilités à celles et ceux qui ne les ont pas vues. Les raisons pour lesquelles Benjamin est en mort cérébrale ne sont pas évidentes à comprendre par exemple (même pour quelqu’un qui a vu le précédent épisode il y a deux ans).

Peut-être que je ne me souviens pas, mais pour la première fois de la trilogie, l’action est localisée : ici Avignon, la ville natale du metteur en scène, cette ville qu’on connait surtout pour son festival et ses papes, mais pas vraiment pour tout ce qu’il se passe extramuros. Oui, il y a une vie en dehors des murailles de la ville et elle n’est pas toute rose. (note pour plus tard : imaginer la vie des gens là-bas, pendant le festival… sûrement la même que les autres jours de l’année).

Je ne peux faire l’impasse sur l’énergie et la force d’interprétation de Solal Bouloudnine qui, des Armoires Normandes avec les Chiens de Navarre au Italie Brésil 3 à 2 (d’Alexandre Tobelaim), m’a toujours enthousiasmé (tout ça pour ne pas souligner le jeu inégal des comédiens).

Tout ça pour dire que2h30 c’est long et que je me demande ce qu’en a pensé Olivier Py, présent dans la salle. Olivier Py… Avignon… La boucle est bouclée.

 

DES TERRITOIRES (… ET TOUT SERA PARDONNÉ ?)

Avec Solal Bouloudnine, Alexandra Castellon, Nailia Harzoune, Yohann Pisiou, Samuel Réhault, Lyn Thibault, Olivier Veillon

Texte et Mise en scène Baptiste Amann

Collaboratrice artistique Amélie Enon – Régie générale François Duguest – Création lumière Florent Jacob – Création sonore Léon Blomme – Scénographie Baptiste Amann – Construction décor Atelier Lasca – Costumes Suzanne Aubert – Administration de production Morgan Hélou – Production L’Annexe

Jusqu’au 13 décembre 2019 au Théâtre de la Bastille (Paris) et en tournée en 2020 à Bordeaux, Brive, Toulouse, Dijon…

 

(pas d’autre histoire…)

… parce que j’ai aussi une vie… Mais Des Territoires (… et tout sera pardonné ?) aura eu le mérite de me remettre les mains dans le cambouis. Car même si je fus globalement déçu, la pièce m’a donné de quoi penser. Ce qui n’est pas si anodin.

(Post-scriptum)

Je ne veux pas cafter, mais depuis que quelqu’un m’a dit que j’avais l’air de tout apprécier, je n’apprécie plus rien (peut-être pas à sa juste valeur). Malédiction !

 

Vu le vendredi 29 novembre 2019 au Théâtre de la Bastille, Paris

Prix de ma place : 13€ / mois (pass Bastille)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

On fait le bilan (Avignon 2019)

Il est l’heure de faire un court bilan de mon festival d’Avignon : 15 spectacles dans le Off, 2 dans le In. L’idée était de voir moins de spectacles, ça c’est fait et si jamais je reviens par Avignon l’an prochain, j’aurais presque envie de rester plus longtemps mais d’en voir seulement deux par jour.

Dans mes grandes satisfactions, si vous m’avez suivi, vous aurez compris que je retiendrai Laterna Magica de Dorian Rossel au 11 Gilgamesh Belleville et surtout Le Massacre du Printemps d’Elsa Granat au Théâtre du Train Bleu.

Sinon je pense aux personnes extraordinaires (au sens premier du terme) qui ont peuplé le spectacle Trouble, à ma découverte de ce grand monsieur de théâtre qu’est Jean-Louis Hourdin, à la folie douce de Charly Chanteur, aux affres adolescentes d’Hercule à la plage, à la confirmation du talent de Morgane Peters dans Iphigénie à Splott, à l’adaptation réussie et immersive qu’est Guerre, et si ça nous arrivait ?, sans oublier Le Groenland.

« Au nom de la Manufacture, du Train Bleu et du 11 Gilgamesh Belleville »

Ainsi soit la nouvelle Sainte Trinité d’Avignon Off, tellement j’ai pu entendre parler des spectacles se jouant dans ces théâtres-là. Je me garderai bien de faire un bilan du festival en général. Je n’ai vu qu’un nombre très minime de spectacles dans le In comme dans le Off. Il y a trop de spectacles dans le Off ? Embouteillage de spectacles intéressants avant midi et après 21h ?

En règle générale, j’ai vécu un festival (off) assez confortable et je n’ai même pas usé de mes tickets de boisson du Bar du Off…

– Salut, si ça te dit, je te paye un verre… Au bar du…

– Du In ?

– Du Off ! Entre 18h14 et 19h52… Mais où vas-tu, belle demoiselle ?

Un grand merci à l’ami Ludo de s’être occupé du logement intramuros et mes salutations à l’ami Marseillais avec qui on a fêté notre 10e festival en commun !

 

Et pendant ce temps sur Twitter

Avignon jour 1 

Intramuros. J’arrive. Je prends un café sous les platanes et j’attends les amis avec qui on a pris un appart. Et qui vient s’asseoir à côté de moi ? Armelle Héliot ! On ne peut plus être tranquille !!!

Note pour plus tard : toujours me balader avec ma grosse valise, au moins on vient pas me chercher pour me présenter tel ou tel spectacle…

(ces quelques lignes ont provoqué un débat des plus houleux concernant l’existence ou non des platanes en terre avignonnaise… La réponse : Je sais que je ne suis pas un spécialiste en arbrologie, mais je sais reconnaître un platane quand j’en vois un, je suis né à Marseille, oh fan de chichourle !)

Avignon Jour 2

Elle fait semblant de ne pas me voir, je fais semblant de ne pas la voir, nous faisons semblant de ne pas nous voir.

J’apprends finalement que je serai infiltré pour une troisième saison.

Sur la rue Guillaume Puy, là où résistent les huit derniers platanes de la ville, s’est installé un théâtre. Dans mes souvenirs s’y trouvaient les locaux du quotidien « La Marseillaise »…

A part ça, j’ai voulu manger des spaghettis bolognaise et je me suis fait une tache sur ma belle chemise que j’avais mise pour l’occasion : ce soir-là, j’allais voir Architecture dans la Cour d’Honneur. J’étais au 3e rang et j’ai senti les acteurs déconcentrés par ma tache, j’ai préféré m’éclipser et partir à l’entracte.

Avignon Jour 4

Accueillir numéro 5 dans l’appart entre 8h et 9h. Ouvrir la porte pile au moment où il arrive. 10e festival que je fais avec l’ami marseillais. Plus besoin de s’envoyer des messages.

C’est le soir. J’erre en solitaire (dans le Jardin des Doms), comme une âme en peine… Comme une envie de danser ce soir. Ou de manger un kebab.

J’ai finalement mangé un shish taouk.

Et je viens de me rendre qu’il ne s’agissait pas de mon quatrième jour mais de mon troisième. Tout va bien.

Avignon Jour 4 (le vrai) 

J’ai mal à la gorge et je voulais que le monde le sache. Ou au moins Twitter.

L’instant fan : Après le beau Laterna Magica (et Fabien Coquil, quel acteur !), j’ai serré la main de Dorian Rossel !!! Je ne me laverai plus jamais ma main droite ! Et je lui ai parlé !!! Je ne me laverai plus jamais… euh…

Un commentaire avisé du colocataire numéro un : Après tes pièces « Guerre, et si ça nous arrivait ? » et « Le Massacre du printemps », aujourd’hui ça ira mieux si tu vois « La Paix dans le Monde » de Diastème… Même si on en est loin, de la paix dans le monde…

Samedi 13 juillet, l’après-midi, Avignon. J’ai traversé de part en part la rue de la République. Les vrais savent. Demain ? La rue des Teinturiers !

Je viens de boire un Pac à l’eau avec une fille que je n’avais pas vue depuis 18 ans, que je connais depuis 35 ans. Elle vit à Paris, a repris des études de théâtre, écrit 2 pièces soutenues par Artcena mais… elle ne connaît pas Tiago Rodrigues (et n’avait jamais bu de Pac à l’eau). Je crois que je vais supprimer son numéro. (Petit bonhomme qui fait un clin d’oeil si jamais elle lit cela…)

Mon cœur saigne. Depuis l’été 1996, comme un pèlerinage en souvenir d’un amour de vacances, une histoire sans lendemain, mais à laquelle on repense…, chaque année j’allais manger une glace chez Deldon, rue St Agricol. Deldon n’est plus, je suis inconsolable. Pourquoi ?

Terminer la soirée en entendant une anecdote que je n’ai pas le droit de dire ici… C’est tout pour aujourd’hui.

Avignon Jour 5

Quand tu as tes 3 colocs et la collègue Théâtrelle qui vont voir ce matin des spectacles que tu as largement conseillés : Le Massacre du Printemps au Train Bleu et On pourrait revivre à la Caserne. Toujours l’impression de survendre les spectacles que j’adore et que je reverrais volontiers.

Voir avec une amie une pièce qui m’a terriblement déçu, croiser ensuite l’extraordinaire actrice du Massacre du printemps, Edith Proust, oser l’aborder et ressentir encore des frissons rien qu’en lui parlant.

Passer le début de la soirée à Montreuil (casquette Le Blog de Nestor). Et discuter avec 2 membres du Cabaret ta mère aux Corps Saints à 22h25 et regretter de ne vraiment pas pouvoir y aller d’ici mon départ…

Et il arrive qu’on fasse une rencontre à 1h du matin qui nous convainc d’ajouter un spectacle au planning… (et je n’avais même pas bu).

Avignon Jour 6

Je ne parlerai pas du joli rêve de cette nuit.. Toutefois je peux dire que je regrette ma voisine de lit, car mon nouveau coloc de lit (l’ami marseillais -> 10e festival en commun, je me répète, je sais) pique tout le temps le drap. C’est pas comme si j’en avais besoin, mais c’est pour le principe !

Ça sent la fin pour moi… Ça sent tellement la fin que je me suis trompé d’heure pour la pièce avec Hiam Abbass… c’est dans une minute et je n’ai toujours pas pris ma douche… Ce n’était donc pas à midi, mais à onze heures…

La phrase qu’on entend, qu’on répète aussi : Quel jour on est déjà ?

Quand tu reçois le SMS de confirmation du TGV pour demain… mais qui te rappelle que dans 3 jours tu seras au Pays de la Poutine !

Accepter avec le sourire un tract donné par la comédienne d’une pièce que je n’ai pas aimée…

Ne pas trop en dire ici et garder un peu pour soi… (et aimer les verbes à l’infinitif)

Aujourd’hui, j’ai pris deux cafés avec une comédienne et amie qui a su lire dans mes pensées, reçu un courriel d’une personne qui m’a ému (elle devient coutumière du fait), mangé un tacos tout seul et pensé déjà à l’été prochain…

Avignon Dernier jour (7)

J’entends Coloc n°2 se lever, il attend près de la machine à café… 7h58… 7h59… 8 heures pétantes, Nespresso ronronne.

Je n’ai pas du tout fait exprès de choisir une pièce qui s’intitule Exit (à la Manufacture) comme ultime spectacle de mon festival…

Et pour mon 17e et dernier spectacle que nous avons finalement atteint le Point Bowie (Modern Love). En revanche, ce fut pour moi un festival sans nudité, ça faisait longtemps…

A mon tour de dire que je m’en vais d’Avignon : 17 spectacles vus, trop de chroniques en retard, mais des cafés et des verres avec des gens pas vus depuis longtemps, des rendez-vous manqués, des promesses, des moments de partage avec mes amies exfiltrées, le cœur qui bat…

Je me suis bien amusé… et j’aimerais trouver une ânerie pour conclure ce moment nostalgico-bilano-pathétique, mais je n’en trouve pas.

La Maison de Thé, l’expérience

LE JOURNALISTE

Par charité chrétienne, je ne nommerai pas le journaliste qui m’a conseillé de voir « La Maison de thé ». Je ne veux chercher de noises à personne, C’est ma faute, je ne lui en veux pas, c’est toujours ma faute : j’aurais dû lui demander s’il avait déjà vu le spectacle. En l’occurrence, non. Cela dit, la pièce est un classique du théâtre chinois, le metteur en scène est apparemment réputé. De plus, ce spectacle sera à près le seul pour lequel j’aurai suivi les conseils de quelqu’un. Il faut vivre dangereusement.

COURAGE EST MON DEUXIÈME PRÉNOM

Les premiers retours sont très mauvais. La pièce qui dure trois heures (sans entracte) voit ses spectateurs fuir par grappes, parait-il. Après la déconvenue « Architecture » (j’en suis parti au bout de 2h20, à l’entracte… parce que je ne sais pas partir à un autre moment, je n’ose pas, je ne sais pas vivre dangeureusement), je ne sais que penser.

Les deux camarades qui devaient m’accompagner déclarent forfait (cette information est très importante pour la suite des événements). C’est donc seul que j’aborderai ce défi hors du commun : voir une pièce de trois heures en chinois qui fait l’unanimité contre lui.

LA GARE ROUTIÈRE

C’est une gare. C’est une gare routière. C’est une gare routière souterraine. Glauque. C’est toujours glauque, les gares routières souterraines. « C’est tout droit », qu’on me dit. Alors je vais tout droit. Une fois n’est pas coutume, je ne vais pas à hue et à dia. C’est chaud, c’est moite. Dans un autre contexte, je ne dirais pas non, mais là…

Le spectacle se joue à l’Opéra Confluence, lieu éphémère en face de la gare TGV d’Avignon, en attendant la fin des travaux de l’Opéra qui se situe place de l’Horloge.

« Attends, Olivier, j’ai une idée ! Ça va se jouer hors les murs, comme ça, si les gens veulent partir, ils y réfléchiront à deux fois, parce que pas de moyen de reprendre la navette avant la fin du spectacle, sauf s’ils veulent monter dans un bus régulier. Et le bus régulier, tu sais ce que ça veut dire ? Ça veut dire : Le bourgeois en plein coeur des quartiers extramuros ! Et ça, il veut pas, le bourgeois !

– J’aime ton raisonnement, Kevin !

LA SPECTATRICE DU IN

Dans la file, en attendant la navette :

« J’ai vu Architecture, Phèdre !, Pelleas et Melissande, Sous d’autres cieux, Multiples… J’ai vu un seul spectacle dans le Off. C’était nul. Jamais je ne remettrai les pieds dans le Off. »

Nous sommes en 2019 et nous pouvons toujours entendre ce genre de discours : Le In d’un côté, le Off de l’autre. Comment être à ce point ignorant ? Evidemment que le Off, c’est la rue de la République et ses one man show et autres spectacles comiques pas souvent très distingués. Evidemment que le Off, ce sont ces théâtres garages qui louent à des prix exorbitants leurs espaces pour des créneaux de plus en plus réduits. Mais le Off, c’est aussi et surtout des théâtres comme la Caserne, les Doms, la Manufacture, le Train Bleu, le 11, les Halles (liste non exhaustive) qui ont une programmation audacieuse et passionnante, avec des spectacles qui viennent très souvent du théâtre subventionné… Le snobisme et surtout l’ignorance bêta de cette personne d’une vingtaine d’années m’a quelque peu agacé. Evidemment, je n’ai rien dit car je suis un pleutre. Je sens votre sourcil droit tressauter à la lecture de cette annonce…

CRÉNEAU

Le bus est parti et nous arrivons déjà à proximité de l’Opéra Confluence, à quelques encablures de la Gare Avignon TGV. Comme dans bon nombre de gares situées à l’extérieur des villes, les voitures se garent là où elle peuvent/veulent, échaudées par le prix des parkings. Comme je n’ai jamais su bien décrire, je vais seulement écrire : le bus s’est retrouvé coincé, ne peut ni avancer ni reculer sans toucher les voitures mal garées. Blocage total. Nous sommes la première navette. Ça veut dire, que même si on sort pour terminer le trajet à pied, les autres navettes auront du retard. Dans le hall de l’Opéra Confluence, mis à part deux pauvres fontaines d’eau, aucun lieu pour se rafraîchir ou se sustenter. La soirée va être longue.

début

LES VOISINS

Mes deux camarades ayant déclaré forfait (c’était l’info utile de tout à l’heure), les deux places à ma droite sont libres. J’aurais pu m’y asseoir, mais sur mon billet j’ai celui de gauche, et hormis le fait que je sois toujours plus à l’aise à gauche qu’à droite, je n’ai jamais su m’asseoir à une autre place que celle qu’on m’a assigné. Je suis du genre, si le wagon d’un train est vide et qu’il y a une personne qui s’est mise au hasard à ma place, à demander à cette personne de me laisser la place. Oui, je suis cette personne. Je sens la déception poindre en vous : « Il est comme ça ? »

Une dame s’asseoit à ma gauche. Elle n’arrêtera pas de commenter tout ce qu’elle voit. Elle est venue seule et je suis devenu contre mon gré son nouvel ami. Si elle avait eu moins de quarante ans et un physique que j’aurais considéré comme agréable, elle aurait été plus que la bienvenue. Oui, je suis comme ça, aussi. Je sens la déception s’ancrer en vous : « Il est vraiment comme ça ? »

On nous demande de nous décaler vers le milieu pour ne laisser aucune place libre. Je me lève et… un individu tente de… « Pardon, pardon, je veux cette place ! » Je suis sûr et certain qu’il a payé sa place en catégorie 2 (je suis en catégorie 1, je suis du genre à ne me déplacer qu’en première classe en TGV… « Il est définitivement comme ça ? Heureusement que je ne l’ai pas rencontré durant ce festival ! ») et qu’il attendait qu’on nous déplace pour piquer une place en première catégorie 1.

La dame à ma gauche l’interpelle : « J’espère que vous ne serez pas le premier à partir avant la fin… » Il répond fièrement : « Non, je ne pars jamais avant la fin, Madame. »

Imagine, avoir quelqu’un à côté de toi, bourré de tics, qui bouge tout le temps sa jambe, pendant trois heures. Je le déteste.

LA MICRO-CRITIQUE

Je n’ai rien compris, j’ai un peu dormi, y a une immense roue qui ne sert à rien sauf pendant le dernier quart d’heure.

LE MOT DE LA FIN

Un jour, je dirai à mes petits-enfants : « J’ai résisté. Je suis resté jusqu’à la fin de la Maison de Thé ! »

fin

 

茶馆 (La Maison de Thé)

Avec Chen Lin, Chen Minghao, Ding Yiteng, Han Jing, Han Shuo, Li Jianpeng, Li Jingwen, Liu Chang, Liu Hongfei, Qi Xi, Sun Yucheng, Sun Zhaokun, Tian Yu, Wang Xinyu, Wei Xi, Zhao Hongwei, Zhang Hongyu, Zhang Juncheng, Zhang Zhiming et Li Xiaojun (chant), Li Yibo (batterie), Wang Chuang (guitare et basse)

Texte Lao She

Mise en scène, adaptation Meng Jinghui

Dramaturgie Sebastian Kaiser – Musique Hua Shan, Shao Yanpeng, Nova Heart – Scénographie Zhang Wu – Lumière Wang Qi – Vidéo Wang Zhigang – Son Hua Shan – Costumes Yu Lei – Assistanat mise en scène Li Huayi

à l’Opéra Confluence (Avignon In) jusqu’au 20 juillet 2019

(photo de couverture © Christophe Raynaud de Lage)

Exit (Fausto Paravidino / Anne-Sophie Pauchet / La Manufacture / Avignon Off 19

(de quoi ça parle en vrai)

« A quitte B. A et B se séparent. Plus tard, A rencontrera C et B rencontrera D. Exit c’est l’histoire éternelle de la fin annoncée d’un couple. Et de ce qui pourrait se passer après. L’histoire du renoncement, des échappatoires, des petites lâchetés et des grandes désillusions. Une variation drôle et acide sur la difficulté de concilier le besoin de liberté personnelle et d’émancipation avec un exigeant besoin d’affection et d’une « vie satisfaisante ». Un questionnement sur la crise qui habite ces adultes bourgeois européens parfois autant incapables de courage politique que de courage intime. » (source : ici)

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Crédits photos : Laure Delamotte-Legrand

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Cette fois-ci, l’auteur italien s’attaque à l’histoire d’un couple bourgeois en crise. Nous suivons son parcours, pas forcément dans l’ordre, mais surtout une rupture et ses conséquences.

Le bon point de la pièce est ses comédiens, Laure Mathis en tête (que j’ai toujours (en tête) depuis le magnifique « Doreen » de David Geselson). A noter également, la découverte de Jean-François Levistre (pour une fois que je souligne la présence d’un comédien « mâle »…) qui détonne par son physique, son phrasé étonnamment normaux. Il pourrait être n’importe qui dans la rue, mais il est comédien et il le fait bien. (ça pourrait être mal pris, mais c’est réellement un compliment : sa normalité m’a fait du bien)

La pièce, à mon sens, repose uniquement sur les épaules des comédiens (et la direction d’acteurs) car le texte de Fausto Paravidino ne présente pas un réel intérêt, tant il manque d’originalité. J’ai l’impression d’avoir déjà vu cette pièce, sous une forme spectaculaire ou filmique, un certain nombre de fois. Cerise sur le gâteau, nous avons droit à une énième scène de danse sur du David Bowie (ici « Modern Love ») (d’ailleurs, il faudrait légiférer, j’en ai déjà parlé, sur l’emploi des musiques de Bowie ou Nina Simone – cette dernière sera d’ailleurs la figure centrale de la prochaine pièce de David Geselson avec Laure Mathis, je boucle la boucle). 

Il parait loin le temps de Peanuts et de Gênes 01… (autres pièces autrement plus passionnantes)

 

EXIT

Texte : Fausto Paravidino

Metteur en scène : Anne-Sophie Pauchet 

Avec Arnaud Troalic, Laure Mathis, Manon Rivier et Jean-François Levistre

Scénographie : Laure Delamotte-Legrand – Régie générale et création lumière : Max Sautai – Régie son : Gaetan Le Calvez – Régie plateau : David Amiard et Romain Renault (en alternance) 

Jusqu’au 25 juillet 2019 (sauf les 11 et 18) à 12h à la Manufacture – Château St-Chamand, Avignon Off

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Vu le mardi 16 juillet 2019 à la Manufacture, Château St-Chamand, Avignon Off

Prix de ma place : invitation

 

(sans titre)

Ce qui est bien avec les salles extramuros, c’est qu’on voit du pays. Cette fois-ci, ce sont les zones commerciales, l’autre jour, un peu comme à Thoiry, les cités qui n’en ont sûrement rien à faire du festival…

Je n’ai absolument pas fait exprès de choisir de voir une pièce qui s’appelle « Exit » alors même qu’il s’agira de ma dernière pièce de ce festival. Voir une pièce avec un tel nom, en dehors des remparts, veut bien dire ce que ça veut dire, il est temps de partir.

Les signaux EXIT m’enquiquinent dans les théâtres. C’est trop vert. C’est trop lumineux.

(évidemment il était absolument nécessaire que j’écrive cette affirmation)

(ça se voit un peu que je n’ai plus du tout d’inspiration pour cette section de l’article, alors que je vais embarquer dans mon avion dans 28 minutes et que je me dépêche de terminer ma chronique et de la publier…)

Charly Chanteur (L’Arrache-Coeur / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

« Les ballades spleenétiques sont comme des chansons dépressives mais en plus drôles. Les poèmes-poubelles sont des poèmes récupérés dans une poubelle et mis en musique. Charly Chanteur est un chanteur gourou de la secte du « Spleen », un vrai-faux chanteur qui fait un vrai-faux concert. » (source : ici)

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Je suis comme ça, je suis prêt à sacrifier la vision du feu d’artifice du 14 juillet pour assister à un concert (apparemment, le feu d’artifice a été annulé à cause du vent). Et pas des moindres, puisqu’il s’agit du concert de Charly Chanteur.

L’an passé, au même endroit, j’avais assisté à l’un des meilleurs concerts de l’année, celui de Léopoldine HH (dont je vous rabats les oreilles, dès que je la vois sur scène, avec Marc Lainé ou sur des chansons de Gérard Manset). Ils étaient trois et Charly Marty n’était déjà pas en reste pour ne pas jouer les fleurs en pot.

Il y a quelque chose des Flight of the Conchords chez Charly Chanteur : cette manière si personnelle de parler de ses amours adolescentes, mais pas que, de la vie, de l’amour et des voitures, l’essentiel quoi, mais aussi ce talent pour interpréter ce personnage de chanteur dépressif qui fait joujou avec ses guitares et ses pédales, coiffé de sa… coiffe d’autochtone américain (toujours prononcer autochetone dorénavant tu devras). Comme il est écrit au-dessus, ce n’est pas tout à fait un concert. On est à Avignon et même dans ce concert, il y a du théâtre. Charly Marty tient jusqu’au bout son rôle de chanteur gourou de la secte du « Spleen ». Quand il ne chante pas, Charly Chanteur, pince sans rire, nous parle, soliloque (j’adore ce mot, désolé), la parole est heurtée, il ne termine presque jamais ses phrases. Le quatrième mur est explosé, il a une jolie gourde, la lumière devient bleue quand la chanson évoque une piscine, il y a même des strapontins sur les côtés… Je suis en vrac (je suis revenu hier soir à Paris et je me sens tout bizarre à me souvenir ces moments-là… vous saurez tout).

On a le sourire aux lèvres, on ose même chanter alors que nous n’étions pas très nombreux ce soir-là, fête du 14 juillet oblige. On aimerait en entendre plus. Il ne faut surtout pas rater ce personnage singulier à l’univers si personnel ! (fin de critique sérieuse mais sincère)

CHARLY CHANTEUR

(cie Les Indiens)

à l’Arrache-Coeur (Avignon Off) jusqu’au 28 juillet 2019 à 22h30 (sauf les 10, 17 et 24)

(peinture de couverture : Nelly Monnier)

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Vu le dimanche 14 juillet 2019 à l’Arrache-Coeur, Avignon Off

Prix de ma place : invitation

 

(sans titre)

Nous étions sept. Je n’ai pas compté, mais j’ai ressenti sept belles âmes, avec la mienne bien évidemment, dans cette salle de concert, en ce quatorze juillet. C’est bien maigre, mais c’est jour de fête. J’aurais bien voulu danser ce soir-là. Un slow. Y avait bien ma voisine de siège… Ça fait longtemps que je n’ai pas dansé de slow. En situation. La dernière fois, c’était… avec ma copine, du genre, on mange à la maison, y a de la musique et on se met à danser, tous les deux… Mais c’était avec laquelle de copine ?

Je me souviens qu’en 1999, pendant une impro dans notre atelier théâtre, j’avais dansé avec… (je cherche un faux nom) Mallory Pimenta. Je pense qu’elle avait senti que j’étais tout émoustillé (là je parle de mon entrejambe). Plus tard, je l’ai appelée au téléphone : « Bonjour Madame Pimenta, est-ce que Mallory est là, s’il vous plait ? C’est de la part d’Axel (c’est mon vrai prénom), merci ! » Je lui ai demandé si ça lui disait d’aller prendre un café avec moi. J’ai senti une certaine lenteur dans son temps de réponse et je ne sais pas pourquoi, j’ai cru bon d’ajouter que je voulais lui proposer un rôle dans un court-métrage que je venais d’écrire. Elle accepta et nous nous vîmes (passage au passé simple qui vient de nulle part) dans un café du centre commercial de la Valentine, à Marseille.

Evidemment, il n’existait aucun scénario. Je dus donc en écrire un en quatrième vitesse. Nous tournâmes ce film en une après-midi, avec Mallory, mais ça c’est une autre histoire…

 

Joie (Anna Bouguereau / Jean-Baptiste Tur / Théâtre du Train Bleu / Avignon Off 19

(de quoi ça parle en vrai)

« Est-ce qu’on est obligé de pleurer à un enterrement ? Est-ce que c’est si normal qu’on enferme les morts dans des boîtes ? Pourquoi on fait plus de slows ? Pourquoi grandir ce serait accepter de mourir ? Est-ce que tous les croque-morts on l’air dépressif ? Qui a choisi cette musique improbable ? Pourquoi la dame au premier rang pleure si fort ? Est ce qu’on a le droit de coucher avec son cousin ? Pourquoi il faut attendre d’être mort pour être couvert de fleurs ? Comment continuer à vivre puisque les gens meurent ? (source : ici)

JOIE 3

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Il faudrait que j’ajoute un segment : « Pourquoi ai-je choisi cette pièce ? » Ici, uniquement le souhait de revoir une jeune comédienne lumineuse, Anna Bouguereau, que j’avais beaucoup appréciée dans « En réalités » (aussi au Train Bleu les jours impairs à 11h50), jouer son propre texte.

Malheureusement, la pièce ne m’a pas convaincu. Parce que je n’ai rien trouvé d’essentiel dans le texte, parce que le jeu d’Anna Bouguereau est assuré, un peu trop calculé à mon goût et parce que la mise en scène m’a paru étriqué. Comme une envie que ça sorte du cadre. Même si ce n’est pas forcément bienvenu d’agir de la sorte lors d’un enterrement.

Je parais quelque peu sévère, toutefois l’ensemble reste de bonne facture et ces pensées et autres observations d’ordre funéraire nous font repenser très logiquement aux nôtres. Mais il manque quelque chose.

 

JOIE

de et avec Anna BOUGUEREAU

mise en scène Jean-Baptiste TUR

collaboration artistique Alice VANNIER – création lumière Xavier DUTHU

Jusqu’au 24 juillet 2019 au Théâtre du Train Bleu (Avignon Off) (sauf le 18)

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Vu le dimanche 14 juillet 2019 au Théâtre du Train Bleu

Prix de ma place : invitation

 

(sans titre)

J’ai repensé au dernier enterrement auquel j’ai assisté. La défunte portait d’ailleurs le même prénom que celle de la pièce. Puis, la famille avait décidé de diffuser lors de l’inhumation une musique inattendue, du genre « tube de l’été ». J’ai souri et j’ai repensé à cette année…

J’ai rencontré Dieu sur Facebook (Ahmed Madani / 11 Gilgamesh Belleville / Avignon Off 19)

(de quoi ça parle en vrai)

« Comment une adolescente bien sage et bien protégée par sa maman peut-elle sombrer dans une mascarade pseudo-religieuse d’aventure extraordinaire ? Comment une jeune mère qui est parvenue à s’émanciper du poids de la tradition, de la religion, réagit-elle face à ce qu’elle considère comme une trahison de son combat pour la liberté ? Voilà un vrai sujet de société dans lequel la fiction et la poésie peuvent trouver une voie d’expression qui fera écho chez les spectateurs, et les adolescents. » (source : ici)

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Crédits Photos François-Louis Athènas

(ceci n’est pas une critique, mais…)

La déception fut d’autant plus grande que j’avais énormément apprécié la précédente pièce d’Ahmed Madani « F(l)ammes ». Allons bon, que s’est-il passé ?

Je cite le dossier de presse : « Ahmed Madani a décidé de recentrer son écriture en évoquant les mécanismes de manipulation à l’œuvre sur les réseaux sociaux qui ont conduit de nombreux jeunes gens à suivre la voie du fanatisme religieux. »

L’auteur – metteur en scène utilisera l’humour pour dénoncer le danger de l’embrigadement à travers les réseaux sociaux. Je n’ai tout simplement pas adhéré à ce parti-pris. L’adolescente minaude, le jeune recruteur est caricatural. Mounira Barbouch, qui interprète la mère, est celle qui est la plus juste dans sa partition, elle apporte la crédibilité à l’entreprise. Ou bien est-ce peut-être moi qui suis à la côté de la plaque ?

Je me sens parfois largué quant aux représentations de tel ou tel individu ou de certains faits de société. « Le jeune » serait comme ça ? Cela serait aussi simple ? Je n’y vois que des grosses ficelles. Au fond de moi, je sais que c’est possible, mais je ne parviens pas à m’y résoudre.

Il m’a manqué une certaine profondeur (moi qui en manque parfois dans mes non-critiques… je sais, ça faisait longtemps). J’en viens même à réviser mon jugement concernant « Antioche » de Sarah Berthiaume, qui abordait en partie ce sujet-là avec plus d’inventivité et de finesse.

Je vois où veut en venir Ahmed Madani, je vois à qui il s’adresse… de toute évidence pas moi.

 

J’AI RENCONTRÉ DIEU SUR FACEBOOK

Texte et mise en scène Ahmed Madani

Avec Mounira Barbouch, Louise Legendre, Valentin Madani

Assistant à la mise en scène Valentin Madani – Création sonore Christophe Séchet – Création lumière et régie générale Damien Klein  – Costumes Pascale Barré

Jusqu’au 26 juillet 2019 à 11h50 au 11 Gilgamesh Belleville, Avignon Off (sauf les 10, 17 et 24)

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Vu le dimanche 14 juillet 2019 au 11 Gilgamesh Belleville, Avignon Off

Prix de ma place : invitation

 

(sans titre)

Elle me tend son tract. Je le refuse, avec le sourire. « Vous me l’avez déjà donné hier », lui dis-je : un texte sur le rap par Joy Sorman. Sans arme ni violence.

Les fauteuils sont étroits. Je n’ai pas encore suffisamment maigri du cul pour me sentir à l’aise. A côté de moi, un jeune homme, costaud. Ai-je le droit de m’insurger contre le manspreading que m’impose cet homme ? Plus je me fais tout petit, plus il prend de la place. Si je disparaissais, toute la salle serait pleine de lui.

En regardant la pièce, je me souviens d’un épisode de « Sauvés par le gong ». Jessie  (Elizabeth Berkley) devenait accro aux amphétamines, elle perdait les pédales. Et comme si ce n’était pas suffisant, le quatrième mur s’écroulait et Zack Morris (Mark-Paul Gosselaar) s’adressait aux téléspectateurs, accompagné par les autres acteurs du show pour dire : « La drogue, c’est de la marde ! »

Laterna Magica (Ingmar Bergman / Dorian Rossel / Delphine Lanza / 11 Gilgamesh Belleville / Avignon Off 19)

(de quoi ça parle en vrai)

« Ce spectacle est une réinvention pour le plateau de la fausse autobiographie d’Ingmar Bergman. Ce récit sans complaisance, entre mémoires et exutoire psychanalytique, dessine un autre portrait du génie protéiforme. Il se raconte, les souvenirs dérivent, réinventant sa propre histoire pour en mesurer l’étendue et se l’approprier enfin. Bergman fait de sa vie une matière, fertile et fluctuante, pétrie de contrariétés, d’humour et de manques, sédiments propices à l’éclosion de sa créativité. » (source : ici)

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(ceci n’est pas une critique, mais…)

Il y a des metteurs en scène qui, décidément, ne nous déçoivent jamais et le metteur en scène suisse Dorian Rossel en fait partie. Après s’être attaqué à Ozu, Eustache et Truffaut (pour le coup, je n’ai toujours pas vu son adaptation du « Dernier Métro »), l’artiste helvète adapte cette fois-ci l’ « autobiographie » d’Ingmar Bergman.

Le coup de maître de Dorian Rossel et de Delphine Lanza (n’oublions pas qu’ils sont deux à la mise en scène) est de ne faire aucune référence directe aux films et aux pièces de Bergman. Nul besoin de les avoir vus, la pièce est de facto accessible à tous. On y suit de manière non chronologique ses souvenirs. Le traitement parait simple, il est en tout cas subtil, élégant. Les jeux de lumières sont particulièrement réussis.

Fabien Coquil, l’interprète principal qui incarne un Ingmar Bergman, est une vraie révélation. Il fait apparaitre un humour qu’on ne soupçonnait pas forcément chez Ingmar Bergman et par sa gestuelle et son phrasé impeccable, fait vivre sous nos yeux un artiste en devenir, un enfant, le maître, sans omettre les parts d’ombre du cinéaste.

Dorian Rossel est un magicien, que cela soit écrit.

 

LATERNA MAGICA

Texte Ingmar Bergman

Mise en scène Dorian Rossel et Delphine Lanza

Avec Fabien Coquil, Delphine Lanza et Ilya Levin

Lumières Julien Brun / Musique Yohan Jacquier / Son Thierry Simonot / Costumes Eléonore Cassaigneau / Scénographie Cie STT / Direction technique Matthieu Baumann / Assistant Clément Lanza

Jusqu’au 23 juillet 2019 à 10h30 au 11 Gilgamesh Belleville (sauf les 10 et 17)

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Vu le samedi 13 juillet 2019 au 11 Gilgamesh Belleville

Prix de ma place : invitation

 

(sans titre)

Ingmar Bergman aurait eu 101 ans le 14 juillet dernier. La Prise de la Bastille, elle, s’est faite le même jour, mais il y a… (je compte)… 230 ans. Pour les deux cents ans, je me souviens, mes camarades et moi chantions sur le Quai des Belges, devant la Mairie de Marseille. Le Maire d’alors, M. Vigouroux, n’avait pas daigné se montrer sur son balcon pour écouter nos voix célestes. J’essaie de trouver un lien entre Bergman et cet événement forcément majeur de ma vie, mais je ne le trouve point. Ou peut-être qu’un drame digne des films du maître suédois se déroulait derrière les fenêtres du salon de la Mairie, des scènes de la vie municipale.