Hamlet (Thibault Perrenoud / William Shakespeare / Théâtre de la Bastille)

(de quoi ça parle en vrai)

Après s’être attaqué à la langue de Molière avec Le Misanthrope en 2014, puis à celle de Tchekhov avec La Mouette en 2017, Thibault Perrenoud s’empare d’un mythe : Hamlet. Mais il revient à l’origine… Loin de nos représentations, Shakespeare jouait et écrivait au plateau, avec une bande de comédiens, dans la nécessité de divertir et de vivre. C’est cette joie populaire, mêlée à l’exigence du verbe, que Clément Camar-Mercier a traduite pour Thibault Perrenoud. Avec cette version inédite, le metteur en scène poursuit sa quête d’un théâtre de la vérité, de l’action et des sensations, intimement partagée avec l’assemblée. L’espace de jeu, défini par les spectateurs qui l’entourent, crée la résonance vivante de la pièce. Nous voici concernés par la fameuse question : mourir debout ou vivre à genoux ? Hamlet semble être cette question. Et Thibault Perrenoud sera Hamlet, pour mieux nous la poser. (source : ici)

 

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Crédits photos : © Gilles Le Mao

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Comme c’était déjà le cas pour « La Mouette », nous arrivons dans une salle du bas du Théâtre de la Bastille totalement reconfigurée. Hormis les places traditionnelles, nous sommes invités à prendre place en fond de scène ou même aux tables des invités (pourquoi ça tombe toujours sur moi ?). Parce que la compagnie Kobal’t sait aussi jouer de dos. C’est bête à dire, mais on ne peut que saluer l’investissement des comédiens dans cette nouvelle adaptation (et traduction) de la pièce de William Shakespeare. Même si on ne nous demande (pratiquement) pas de participer au spectacle, on est immergé dans cette tragique histoire du prince de Danemark (ça fait un peu train fantôme, parfois). Les adresses sont franches, les codes de jeu assumés. Ça joue juste.

Thibault Perrenoud et ses camarades n’ont pas cherché à réactualiser à tout prix, à la sauce moderne, cette pièce. Ils s’amusent toujours autant à jouer avec les différents degrés de lecture, le théâtre dans le théâtre dans le théâtre.

C’est ludique, dynamique et l’esprit (le spectre ?) du texte est totalement respecté, pourtant dépoussiéré et forcément rafraîchi.

Je suis le premier à dire que je n’aime pas revoir des classiques. A quoi bon revoir la vingt-cinquième version du Misanthrope (exemple évidemment pris au hasard) ? Et pourtant, on arrive encore à être surpris, emporté par une histoire que l’on connait presque par coeur.

La pièce, c’est Hamlet. Je ne l’avais pas encore mentionné. Hamlet.

 

HAMLET

Création collective d’après La Tragique Histoire d’Hamlet, prince de Danemark de William Shakespeare

Avec Mathieu Boisliveau, Pierre-Stefan Montagnier, Guillaume Motte, Aurore Paris et Thibault Perrenoud

Mise en scène Thibault Perrenoud

Collaboration artistique Mathieu Boisliveau – Traduction, adaptation et dramaturgie Clément Camar-Mercier – Lumières et régie générale Xavier Duthu – création Son Émile Wacquiez Scénographie Jean Perrenoud – Avec le regard de Guillaume Séverac-Schmitz – Production Kobal’t

Jusqu’au 6 février 2020 au Théâtre de la Bastille (Paris), puis à Nogent-sur-Marne, Châtenay-Malabry, Castelnaudary, Choisy-le-Roi…

(une autre histoire)

Mourir debout ou vivre à genoux…

Je ne sais pas pourquoi, ça me fait penser à quelque chose. La situation actuelle. Non, je ne vais pas en parler… Début janvier… La tension monte… Puisque je vous dis que je ne vais pas en parler. Je marche. J’ai parfois l’impression qu’on me suit. Je ne sais pas si c’est toute cette randonnée pédestre qui me rend parano. Par deux fois, je crois voir… Non, ce n’est pas elle. Je marche trop. C’est ça. J’ai des genoux fragiles. Les semelles de mes chaussures s’usent.

Mourir debout ou vivre à genoux…

J’en ai assez de marcher, c’est comme si j’avais un caillou dans ma chaussure, mais dès que je veux l’enlever, il n’y a rien. Je ne veux pas être esquiché dans un métro ou un tramway, je n’en peux plus de constater que je tombe toujours sur un vélib qui ne marche pas. Et quand je pense en trouver un qui fonctionne, une fois sur la selle, je me rends compte qu’il n’a qu’une seule pédale.

Mourir debout ou vivre à genoux…

C’est drôle quand même, quand on y pense. On marche… on marche… Comment s’appelle ce mouvement qui est actuellement au pouvoir, déjà ? L’ironie.

Mourir debout ou vivre à genoux…

Voilà, fais ton choix et assume.

 

Vu le vendredi 10 janvier 2020 au Théâtre de la Bastille, Paris

Prix de ma place : 13€ / mois (Pass Bastille)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

2 réflexions au sujet de « Hamlet (Thibault Perrenoud / William Shakespeare / Théâtre de la Bastille) »

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