10 000 Gestes (Boris Charmatz / Nanterre Amandiers)

(de quoi ça parle en vrai)

Utopie de danse où aucun geste ne se répète jamais, 10000 gestes de Boris Charmatz est un torrent ininterrompu parcouru de tremblements et de soubresauts. Ses danseurs sont suédois, américains, turcs, français. Ils ont entre vingt et cinquante ans et ensemble, ils effectuent une myriade de mouvements, crient, chantent improvisent, dans une chorégraphie-scénographie aux allures chaotiques mais méticuleusement bien réglée. Ce moment fou imaginé par Boris Charmatz est un défi sensitif et chorégraphique saturant l’espace de la perception. Inventer un geste, inventer deux gestes, inventer trois gestes, d’accord. Mais inventer dix mille gestes, comment est-ce possible? À l’impossible, nul n’est tenu et surtout pas Charmatz, artiste coutumier des expériences inédites. Il invente ici un kaléidoscope de gestes, un assemblage bigarré, un rêve éveillé pour une danse tour à tour animale, érotique, violente et humaine. Du hip hop au ballet. Comme si c’était la fin du monde et qu’il fallait faire une dernière danse. «Une forêt chorégraphique» peuplée d’êtres ne s’interdisant pas de chanter, de gueuler, d’embrasser, de frapper, d’accoucher, de sauter, de faire un doigt, de tout faire et vite, dans une urgence vitale. Et puis tant qu’à faire, autant le faire sur le Requiem de Mozart ! Avec 10000 gestes, Boris Charmatz transcende l’éphémère beauté de la vie par l’éphémère et foisonnante beauté de la danse. (source : ici)

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Photo de couverture : © Ursula Kaufmann
Photo ci-dessus : © Gianmarco Bresadola

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Deux représentations seulement pour ces 10 000 Gestes (spectacle déjà présenté à Chaillot dans le cadre du Festival d’Automne en 2017), une grande salle qui affiche complet et qui tarde à ouvrir ses portes, l’impatience et la fébrilité se lisent dans les yeux des spectateurs qui sont dans les starting blocks pour obtenir la meilleure place, placement libre oblige. Une fois nous autres en place, noir dans la salle, lumières sur scène, sans crier gare. « Wow ». J’ai véritablement entendu de nombreux spectateurs faire « Wow. ».

Quelques petites notes de musique en sourdine, celles du Requiem de Mozart, les premiers pas, les premiers gestes effectués en solo par une des vingt danseurs avant l’entrée tonitruante des dix-neuf autres artistes.

On s’amuse parfois à noter mentalement les différents gestes, le style, l’origine, on est à l’affût d’une répétition, mais on oublie assez rapidement, parce qu’on est surtout submergé par cette énergie, cette profusion. On ne sait pas trop où donner de la tête. On se concentre sur l’une ou l’autre, on repère les rapprochements, les changements de rythme. On passe d’une sensation euphorique à une atmosphère anxiogène, les moments de silence silencieux, de quasi-immobilité (moi aussi, j’ai le petit doigt qui a bougé) ont d’autant plus de force et de grâce.

On se souviendra longtemps de ce vertigineux tour de force. Le Requiem de Mozart n’y est certainement pas pour rien. Il se passe quoi après le dix millième geste ?

 

10 000 GESTES

CHORÉGRAPHIE Boris Charmatz

INTERPRÉTATION Djino Alolo Sabin, Salka Ardal Rosengren, Or Avishay, Régis Badel, Jessica Batut, Nadia Beugré, Nuno Bizarro, Matthieu Burner, Dimitri Chamblas, Konan Dayot, Olga Dukhovnaya, Sidonie Duret, Bryana Fritz, Julien Gallée-Ferré, Kerem Gelebek, Alexis Hedouin, Rémy Héritier, Tatiana Julien, Maud Le Pladec, Johanna-Elisa Lemke, Noé Pellencin, Solène Wachter

ASSISTANTE Magali Caillet-Gajan – LUMIÈRES Yves Godin – COSTUMES

Jean-Paul Lespagnard – TRAVAIL VOCAL Dalila Khatir

au Théâtre Nanterre Amandiers ce dimanche 27 janvier 2010

 

(une autre critique)

Je demande un recomptage, Madame la Juge. Où se trouve Maître Qashquaï, notre huissier de justice ? Parce que, qui me dit qu’il y a effectivement 10 000 gestes effectués par nos danseurs et pas 9 997 ou bien 9 991 ? Bien malin celui qui parviendra à les compter en une seule fois ! Et on a bien vu l’entourloupette des danseurs dans le public, tout cela pour nous berner, qu’on s’emmêle les pinceaux ! Je veux être remboursé ! Oui je paye ma place, moi, Monsieur, c’est marqué à la fin de l’article ! C’est une mascarade, de la publicité mensongère ! Boris Charmatz ne nous avait pas habitués à cela. Je ne vous tire pas mon bonnet, Monsieur. La dernière fois que j’ai vu un de vos spectacles, cela s’appelait « Danse de nuit ». Certes, ça parlait un peu, mais ça dansait et c’était de nuit. A la belle époque, on ne nous prenait pas pour des jambons ! Je tenais également à signaler à Monsieur Charmatz ma déception de ne pas voir sur scène Marlène Saldana. Parce qu’il y avait de la place pour elle. En 2017, ils étaient 24 danseurs. En 2019, ils ne sont plus que 20. Eh ben, Marlène, elle aurait pu danser la somme des gestes de 4 danseurs. Eh ouais ! Je sais qu’elle joue présentement dans Les Idoles et je me suis promis d’écrire ou prononcer son nom une fois par semaine. J’ai même profité du décès de Michel Legrand pour vanter sa performance sur une des chansons du compositeur dans la pièce de Christophe Honoré, par le truchement d’un tweet : 21 likes et 5 Retweets, boom boom shake shake the room ! Même pas honte !

 

vu le samedi 26 janvier 2019 à Nanterre Amandiers

prix de ma place : 17 € (tarif adhérent FNAC)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Monsieur Fraize (L’Européen)

(de quoi ça parle en vrai)

Monsieur Fraize, un personnage singulier, déconcertant, arrivé sur scène comme une plaque de verglas en plein désert. Une sorte d’énigme qui décide de se livrer au public en toute naïveté et qui dévoile un univers ultra-sensible où s’entremêlent les non-dits, le doute et la cruauté du quotidien. Il fait exister son personnage dans une forme d’humour très personnelle en prenant le risque de l’absurde, en jouant sur les silences, les peurs de son personnage, les répétitions et en privilégiant la gestuelle et les postures de son clown. (source : ici)

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(ceci n’est pas une critique, mais…)

Depuis longtemps, on me tanne de voir Monsieur Fraize sur scène. Plus précisément, deux personnes, que j’ai rencontrées à des ateliers théâtre, ont vraiment insisté. Parce qu’il semblerait que Monsieur Fraize et moi-même affectionnions les personnages singuliers, mal à l’aise en société, le bégaiement et l’économie de parole sur scène en prime. Je ne me compare pas à cet humoriste, car je ne suis pas humoriste mais je peux comprendre à quoi elles font allusion.

Monsieur (Marc) Fraize joue avec les codes du spectacle : Parce que tous les spectacles comiques commencent par une musique rythmée et une chorégraphie, M. Fraize n’en fera pas de même, parce qu’il désacralise l’aura qui entoure l’humoriste : Oui, il travaille debout pour pouvoir acheter ce qu’il veut. Oui, il refait exactement le même spectacle trois soirs d’affilée…

Il a quelque chose d’Andy Kaufman dans le jusqueboutisme. Marc Fraize reste en permanence dans ce personnage inadapté à la société. Jerry Seinfeld parlait des petites choses voire de rien, lui ne parle de rien. On pourrait également le rapprocher de Jos Houben, l’artiste belge qui nous avait gratifié, il y a quelques années, d’un spectacle conférence intitulé « L’art du rire ». Il parvenait à nous faire rire au moment où il le souhaitait tout en nous prévenant qu’il allait nous faire rire. C’est scientifique.

Cela dit, je peux comprendre qu’on puisse ne pas comprendre cet humour, voire y être totalement hermétique, car ce personnage n’est pas vraiment aimable voire même misanthrope. Il a quelque chose de Mr Bean (je namedroppe à fond). Monsieur Fraize ne fait rien de toute façon pour fédérer. On peut même le qualifier de malin – le cynisme est tout proche – quand il devance les critiques en les énonçant : car oui, ça manque de rythme, oui, il y a un quart d’heure en trop, mais Fraize parait se réjouir de voir jusqu’où il peut aller, comme s’il attendait avec impatience les premiers personnes qui feraient claquer leurs sièges.

La question sera de savoir comment Marc Fraize fera évoluer ce personnage. Peut-être dans un autre élément comme le cinéma ? (le comédien s’est déjà fait remarquer dans « Problemos » de Eric Judor et « Au Poste » de Quentin Dupieux – des choix judicieux)

(et je ne l’ai pas clairement énoncé : j’ai aimé voir Monsieur Fraize sur scène)

 

MONSIEUR FRAIZE

écrit et interprété par Marc Fraize

mise en scène : Papy

à l’Européen (Paris)

Jusqu’au 23 février 2019 (jeudi, vendredi, samedi à 19h30)

(une autre histoire)

Je suis certain que j’en ai déjà parlé, mais c’est pas grave.

Je suis certain qu’il y a quelque chose. Entre le lobby de l’alimentation et celui du pantalon. Je mange bien, c’est un fait. Je veux dire, je mange mal mais bien. Je mange bien ce qui est mal. Ce qui fait mal. Légère tendance à prendre dans les largeurs. Surtout au niveau des cuisses. Acheter des pantalons n’est pas une sinécure. Je suis pas bien foutu, je suis pas bien foutu ! Le problème, c’est que ça frotte. Au niveau des cuisses. L’intérieur. Ça frotte et ça s’use. Rapidement. Parce que les petits enfants chinois ont mal fait leur travail, parce qu’on rogne sur la qualité du matériau. Ça frotte, ça frotte.

(Je parle de ça, parce que dans le spectacle de Monsieur Fraize, ça le chauffe aussi à cet endroit-là. Ce que j’écris ici a toujours un rapport, soyons bien clairs.)

Ça frotte, donc ça s’use, donc y a des trous, donc on rachète un pantalon parce que je ne vais pas demander à Maman de rapiécer le pantalon et ça n’a rien à voir avec mon âge, c’est juste que c’est pas joli.

Les industries agro-alimentaires, les médias, le monde doivent faire en sorte de nous garder gros pour qu’on achète toujours plus de pantalons fabriqués en Asie et ainsi favoriser le réchauffement climatique grâce aux cargos et autres avions qui emmènent la marchandise aux quatre coins du monde.

Paye ta conspiration.

La prochaine fois, je parlerai de l’effet que fait la grosse chaleur sur l’intérieur de mes cuisses quand je me mets en maillot de bain et de ma démarche loin d’être chaloupée pour aller de la plage au studio.

 

vu le vendredi 25 janvier 2019 à l’Européen (Paris)

Prix de ma place : 21€

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Convulsions (Hakim Bah / Frédéric Fisbach / Théâtre Ouvert)

(de quoi ça parle en vrai)

Dans « Convulsions », Hakim Bah prend appui sur un épisode de la tragédie des Atrides pour traiter, avec une écriture vive et non dénuée d’humour, des violences familiales, conjugales, sociales et économiques. Tout est question de possession, de territoires à conquérir et d’exil, entre un terrain de basket et un aéroport. L’écriture brute et concrète agit sans discourir. L’auteur fait preuve d’acuité de vue tant dans la description des pulsions humaines que dans celle de l’agressivité du monde des leaders. (source : ici)

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Cette soirée est placée sous le signe de la découverte, d’un auteur et de comédiens presque inconnus de mes yeux. Ces derniers forment un choeur (ils échangent leurs rôles, disent les didascalies…) mais qui ne met pas en sourdine les qualités individuelles de chacun des comédiens : je fus subjugué, n’ayons pas peur des mots, par la luminosité de Lorry Hardel, le magnétisme de Nelson-Rafaell Madel et ravi de retrouver la légèreté de Marie Payen (comme une envie de revoir « Nos vies heureuses » de Jacques Mailhot).

Le metteur en scène Frédéric Fisbach parvient à trouver l’équilibre entre un malaise certain (notamment en début de spectacle, les trois comédiennes sont seules dans la lumière, distribuent la parole entre Atrée et Thyeste qui torturent leur demi-frère bâtard, hors champ. Nous n’avons que notre esprit pour imaginer la scène, ce qui, je trouve, est bien plus efficace et insoutenable qu’en « vrai » devant nous… C’est l’adaptation d’une tragédie grecque, je le rappelle) et un certain humour notamment grâce à la langue de Hakim Bah qui étire les situations, joue avec les mots, répète de manières différentes, comme si nous n’étions plus capable d’être direct, comme si, aujourd’hui, nous parlions pour ne rien dire (ah bon ?), comme si la fin (violente) était inéluctable (j’avais oublié : c’est une tragédie). L’histoire se répète, c’est entendu.

On sort sonné et impatient de revoir sur scène certains de ses acteurs et curieux aussi de lire les précédents textes d’Hakim Bah (et ses prochains).

 

CONVULSIONS

texte HAKIM BAH

mise en scène FRÉDÉRIC FISBACH

avec Ibrahima Bah, Maxence Bod, Madalina Constantin, Lorry Hardel, Nelson-Rafaell Madel, Marie Payen

dramaturge Charlotte Lagrange – scénographe Charles Chauvet – créatrice lumière Léa Maris – créatrice son Estelle Lembert – assistant à la mise en scène Imad Assaf

Jusqu’au 9 février 2019 au Théâtre Ouvert, Paris

 

(une autre histoire)

Le Théâtre Ouvert se trouve pour quelques mois encore dans le quartier de Pigalle. Si j’ai bien compris, les murs appartiennent au Moulin Rouge qui va bientôt les récupérer pour en faire je ne sais quoi. Il faut descendre au métro Blanche pour y aller. A droite, tu peux remonter la Rue Lepic mais tu dois rester sur le boulevard, dépasser le cabaret parisien et prendre une jolie petite traverse. Il s’agit d’une information que je n’arrive pas à mémoriser. Blanche Blanche Blanche. Je sors à Pigalle, toujours. Quand il fait beau et que je ne suis pas en retard, ça va. Je promène, je flâne. Mais quand il pleut, ça le fait moins. Mais je me promène, je flâne,  quand même. Slalomer entre les touristes, passer devant les sex-shops, les cabarets olé olé, le théâtre de Dix Heures, un univers inédit pour moi. Les rabatteurs et rabatteuses me demandent si je parle français. Je fais non de la tête, c’est surtout pour dire « Non merci, j’ai tout ce qu’il faut à la maison. » Ce qui est totalement faux, puisque je n’ai ni poppers, ni barre de pole-dance et encore moins de petite copine à domicile qui tenterait de profiter de l’argent que je n’ai de toute façon pas. En fait, si, j’en ai un tout petit peu, mais je le conserve dans une tirelire Snoopy pour un futur voyage au Québec. Ou pour un prochain séjour à Avignon. Ou pour une épiliation dorsale au laser.
Quoi qu’il en soit, le Théâtre Ouvert déménagera vraisemblablement dans les locaux du Tarmac, que j’ai connu alors qu’il n’était encore que Théâtre de l’Est Parisien parce que j’habitais ce quartier-là. J’avais mon libraire (qui pensait que je… non, ça, je ne vais pas le raconter) et mon bar attitré (le propriétaire fait tout le temps la gueule, on se faisait un concours du plus grand grincheux, je suis assez fortiche à ce jeu-là).

Tout ça pour dire que je n’aurai plus aucune raison de me tromper de station de métro, surtout que Pigalle est assez loin de Pelleport. Et pas sur la même ligne.

PROCHAINEMENT : Une autre histoire forcément palpitante, en direct de la ligne 3Bis. (les Parisiens savent)

 

vu le mercredi 23 janvier 2019 au Théâtre Ouvert (Paris)

Prix de ma place : invitation

Crédit photo : Mathieu Edet

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

On voudrait revivre (Manset / Brugnon / Hummel / Kerzanet / Théâtre de l’Opprimé)

(de quoi ça parle en vrai)

Comment approcher Gérard Manset, cet artiste déroutant et inclassable qui, depuis son premier album Animal on est mal sorti en 1968, n’a fait aucun concert et refuse toute interview… ou presque ? Léopoldine Hummel, révélation récente de la scène chanson, et Maxime Kerzanet, comédien et musicien, ont voulu mettre sous les projecteurs cet auteur-compositeur de l’ombre, dans l’écrin d’un théâtre, le seul endroit au monde capable de prendre soin des êtres sensibles. Sous le regard de Chloé Brugnon, ils bidouillent les sons, détournent les chansons, subliment les paroles pour nous offrir un voyage théâtral et musical plein de poésie. Gérard Manset est leur point de départ. Cet artiste qui s’est offert le luxe d’une liberté artistique exploratrice loin des modes et formatages, est la source d’inspiration idéale pour une réinvention collective de son parcours en solitaire, un palimpseste. Il devient une figure tendre qui accueille tous les questionnements poétiques du monde. (source : ici)

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© Félix Taulelle

 

(ceci n’est pas une critique, mais…)

On va dire que je fais une fixette sur certain.e.s artistes. Je pense à Tiago Rodrigues, tg STAN, Marlène Saldana et… Léopoldine Hummel. Sachez que la dernière fois que je l’ai vue, c‘était avant tout pour Marc Lainé, que les choses soient bien claires ! Ici, je ne peux m’en cacher, l’idée de la revoir sur scène avec Maxime Kerzanet (qui l’accompagne également quand elle se fait appeler Léopoldine HH) me met en joie…

Je ne connais pas Gérard Manset. Enfin… Je croyais ne pas le connaître. Mais en entendant certaines de ses chansons pendant le spectacle, je me suis rendu compte qu’il n’en était rien. Que cette chanson dans Holy Motors de Leos Carax, c’était lui. Que « Comme un Lego », qui m’était familière grâce à la version de Bashung, c’était lui. Et bien d’autres encore. Grâce au gracieux duo (et attachant et malicieux) Hummel / Kerzanet, on apprend à connaître ce personnage énigmatique qu’est Gérard Manset, à appréhender l’animal. Il nous donne surtout envie d’écouter 52 fois ses chansons et de (re)lire Nerval et/ou Handke. J’aime quand les artistes se font passeurs (j’ai lu Gwenaëlle Aubry, c’est un exemple).

Cet objet non identifié spectaculaire vaut également pour la mise en scène de Chloé Brugnon, toute en finesse et en intimité. Pourtant, on est quelque peu dérouté en début de spectacle quand Léopoldine Hummel et Maxime Kerzanet se relaient la parole de Manset, que ce moment plus ou moins improvisé dure, sans trop savoir où ça peut nous mener. Léopoldine et Maxime (et Chloé… oui, je les appelle par leurs prénoms, même si je ne les connais pas) nous emmènent ailleurs. La poésie, la douce folie et la sincérité des deux interprètes emportent tout.

En sortant du théâtre de l’Opprimé, on ne replace pas ses écouteurs dans ses oreilles pour s’isoler de je ne sais quoi. On a dans la tête ce petit air, ces visages… Parce qu’on voudrait revivre ce moment…

 

ON VOUDRAIT REVIVRE

A partir des chansons de Gérard Manset

Mise en scène : Chloé Brugnon (Compagnie Claire Sergent)

Avec : Léopoldine Hummel, Maxime Kerzanet

Création lumière : Hugo Dragone – Création son : Mathieu Diemert – Costumes et accessoires : Jennifer Minard

Jusqu’au dimanche 21 janvier 2019 au Théâtre de l’Opprimé, Paris

Et à la Caserne à 11h du 6 au 22 juillet 2019 (Avignon Off)

 

(une autre histoire)

On ne se souvient pas de la première fois. Qu’on découvre un artiste. Un compositeur, un auteur, un interprète. Je ne parle pas du concert, je ne parle de la chanson qu’on entendrait dans un film et qui nous ferait patienter jusqu’à la fin du générique. Je regarde ma discothèque et… Radiohead… c’était quand, c’était quoi, c’était où ? Patrick Watson… c’était quand, c’était quoi, c’était avec qui ? Emiliana Torrini… c’était… à Québec, en juillet 2005. Je suis dans ce magasin de disques, aujourd’hui disparu trop tôt, Sillons, dans la rue Cartier. Je cherche une compilation du label Tigersushi que m’a conseillé la serveuse du Bonnet d’Âne, un restaurant dans la rue St Jean. En fond sonore, j’entends une voix. Je demande à la vendeuse à qui elle appartient. Comme dans une impulsion j’achète par la même occasion le disque, qui m’accompagne ensuite dans mon périple gaspésien. Je me souviens être resté toute une après-midi sur une plage, le pantalon retroussé jusqu’aux genoux, les écouteurs dans les oreilles et avoir tenté d’écrire des paroles sur une des musiques de cette artiste islandaise. Je me suis brûlé les tibias. Coup de soleil.

Finalement on peut se souvenir de la première fois.

 

vu le vendredi 18 janvier 2019 au Théâtre de l’Opprimé, Paris

prix de ma place : 16€

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

The Scarlet Letter (Angelica Liddell / La Colline)

(quand on ne lit pas la bible)

The Scarlet Letter ? Il y a un rapport avec la Servante Écarlate ?

(de quoi ça parle en vrai)

(…) Si c’était autrefois la religion qui censurait, rejetait, c’est aujourd’hui l’empire de la raison qui domine la pensée puritaine de notre société. Dans un déchirant cri de souffrance, Angélica Liddell nous rappelle que l’humanité trouve son fondement dans la culpabilité du premier homme, c’est sur cette base qu’elle libère ses tourments, porteuse des stigmates de nos infractions à la morale et de nos mauvaises consciences. (source : ici)

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© Simon Gosselin

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Angélica Liddell fait partie de ces artistes dont on sait déjà ce qu’on va voir. Elle provoque le malaise, la fascination, va beaucoup parler, ne pas épargner ses partenaires de jeu ni elle-même par la même occasion. Elle sait également comment mettre le public dans sa poche (l’utilisation de chansons populaires en est un exemple).

Pourtant on y revient. Parce qu’elle est une artiste entière, audacieuse, qui ne ménage pas sa peine et ce n’est pas forcément si fréquent. Mais qu’osera-t-elle faire cette fois-ci ? La nudité (masculine) sera très présente (ces hommes qui resteront nus même aux saluts). Parce qu’elle sait créer des images d’une beauté époustouflante (ces grands rideaux rouges qui tombent sur elle, par exemple). Parce qu’elle a toujours quelque chose d’intéressant à dire, parfois à contre-courant de l’air du temps. Elle porte une autre voix, persévère dans sa propre voie. Elle parle de la vieillesse et surtout de l’artiste qui est au centre de tout, qui, sans public, n’est rien. Elle regrette l’aseptisation de l’art. Liddell déclare sa flamme aux Artaud, Foucault… Qu’en serait-il aujourd’hui ?

C’est certain, on y reviendra.

Ps : Note pour plus tard, le rang B à la Colline c’est le premier rang. On n’appréhende pas tout à fait de la même façon les images en face de nous que si nous avions été au rang Q. Mais on fait comme si on était tout seul face à la scène. On ne remarque pas les spectateurs laissés sur le bord de la route. Zéro parasitage.

 

THE SCARLET LETTER

texte, mise en scène, scénographie, costumes et jeu Angélica Liddell

librement inspiré de l’œuvre de Nathaniel Hawthorne

avec Joele Anastasi, Tiago Costa, Julian Isenia, Angélica Liddell, Borja López, Tiago Mansilha, Daniel Matos, Eduardo Molina, Nuno Nolasco, Antonio Pauletta, Antonio L. Pedraza, Sindo Puche

assistanat à la mise en scène Borja Lopez – production et diffusion Gumersindo Puche

Jusqu’au 26 janvier 2019 à la Colline, Paris.

 

(d’autres histoires)

La dernière fois que j’ai vu un spectacle d’Angélica Liddell, ça devait être un samedi 14 novembre 2015. Annulé. Pour les raisons qu’on sait.

L’avant-dernière fois que j’ai vu un spectacle de Christophe Honoré, c’était un 6 novembre 2015, quelque chose comme ça.

Les deux utilisent des chansons populaires. Mon second m’a même obligé à entendre pour la deuxième fois de ma vie « Despacito ».

Liddell avait joué à l’Odéon, elle joue maintenant à la Colline. Honoré avait joué à la Colline, il joue maintenant à l’Odéon.

Les deux citent Foucault.

Le spectacle est soutenu par le Teatro Nacional D.Maria II de Lisbonne. Son directeur, Tiago Rodrigues, a-t-il demandé à Angélica Liddell, en échange de ce soutien, de citer Flaubert et Bovary, Fahrenheit 451 et Ray Bradbury ?

*****

C’est le plus beau jour de ma vie : aujourd’hui je passe une audition pour jouer dans un spectacle d’Angélica Liddell. Mais je ne comprends pas, on m’a recalé. Je me mets nu, comme tout le monde et je suis rejeté. Je suis trop ? Pas assez ? Un autre rêve qui ne se réalisera pas encore.

(ce texte a subi une auto-censure assez impressionnante quand on y pense, je vous prie de bien vouloir m’excuser. La prochaine fois j’irai acheter des couilles un peu plus grosses et j’oserai exhiber mon anatomie dans ces colonnes. Façon de parler.)

 

vu le mardi 15 janvier 2019 à la Colline (Paris)

prix de ma place : 13€ (carte Colline)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Kanata (Robert Lepage / Théâtre du Soleil)

(de quoi ça parle en vrai)

« C’est la première fois, en cinquante-quatre ans de son histoire, qu’Ariane Mnouchkine confie la troupe du Théâtre du Soleil à un metteur en scène invité – le Canadien Robert Lepage. La pièce imaginée par ce dernier assemble les fragments d’une vaste épopée retraçant deux-cents ans d’histoire de son pays — « kanata » est le mot iroquoien, signifant « village », qui a donné son nom au Canada — et scelle la rencontre, par comédiens interposés, entre deux géants de la mise en scène qui sont avant tout deux humanistes, convaincus que l’artiste doit être le témoin de son temps. » (source : ici)

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photos de répétition ©Michèle Laurent

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Exercice assez compliqué que de parler de ce spectacle sans avoir en tête la polémique qui naquit cet été (je résume à l’extrême : une pièce sur les autochtones sans acteurs autochtones).

J’imagine Robert Lepage et Ariane Mnouchkine se grattant la tête : « Bon on fait quoi maintenant ? »

La pièce s’appelle Kanata – Episode 1 : La Controverse. Je me pose la question suivante : Pourquoi ?

(je pense tout haut)

Le spectacle a le cul entre deux chaises (c’est vulgaire, je sais). J’ai peut-être eu un problème de perception, mais je n’ai pas eu l’impression que l’accent était mis sur la population autochtone. On assiste à ce fait divers sordide où des dizaines de jeunes femmes (en majorités autochtones) sont sauvagement assassinées, on apprend l’existence de la rue Hastings à Vancouver peuplée de miséreux et de toxicomanes, mais ce n’est qu’à la fin du spectacle (pendant une séance de taï-chi… WTF ?) qu’on nous fera un cours magistral sur les Anglais, les Indes, l’opium, les autochtones, le Canada. (résumé de mauvaise foi qui ne dit pas grand chose, j’en conviens)

Effectivement il y a deux scènes furtives en début de spectacle, avec un enfant enlevé, des arbres décimés, mais ce n’est finalement pas grand chose pour un spectacle s’appelant Kanata. Quel formidable sujet aurait pu être l’assimilation de tous ces enfants, de leur adoption (allez écouter les chansons d’Elisapie, qui sait de quoi elle parle), les conditions de vie des membres des premières nations dans les réserves. Ici c’est tiède, c’est superficiel et ça passe à côté de son sujet (comme certaines de mes chroniques).

Ensuite était-ce bien nécessaire d’ajouter cette dernière demie-heure sur cette peintre française à qui on reproche de peindre des visages d’autochtones disparues sans en avoir demandé l’autorisation (la fameuse controverse de l’appropriation, clin d’oeil au feuilleton franco-canadien de cet été).

Je parais très critique car ma déception est très grande : j’admire le Théâtre du Soleil et les mises en scène de Robert Lepage (on apprécie encore l’engagement des comédiens, on admire la virtuosité d’une scène de rêve). Je ne vais pas entrer dans la polémique car je ne connais sûrement pas tous les tenants et les aboutissants (Ils n’auraient vraiment pas pu intégrer des comédiens autochtones dans la distribution ? Il me semble pourtant que le Théâtre du Soleil accueille des nouveaux pour chaque création, non ?) Certes, il y a les investisseurs, il y a Robert Lepage qui doit avoir x projets en cours, il y a le Festival d’Automne, mais fut un temps où le Théâtre du Soleil osait repousser les dates de création parce qu’ils n’étaient tout simplement pas prêts. Pourquoi pas ici ?

KANATA, ÉPISODE 1 : LA CONTROVERSE

Mise en scène, Robert Lepage

Avec les comédiens du Théâtre du Soleil

Dramaturgie Michel Nadeau – Direction artistique Steve Blanchet – Scénographie et accessoires Ariane Sauvé…

Jusqu’au 17 février 2019 au Théâtre du Soleil (la Cartoucherie, Paris) en partenariat avec le Festival d’Automne à Paris et prochainement au Printemps des Comédiens (Montpellier)

(une autre histoire)

La première fois que je suis allé au Québec, c’était à Québec même, il y a presque quatorze ans. J’étais mince (c’est faux), je ne portais pas la barbe (mais j’avais déjà la flemme de me raser), j’avais pris le train à 2h du matin à la gare de Rivière du Loup pour me retrouver au fin fond de la Gaspésie, croiser la route d’un fan parisien de Bruce Springsteen qui jouait de la guitare dans une salle de répétition à vingt mètres de chez moi (et qui est devenu un ami que je fréquente toujours) et entendre cette réplique mythique : « En Gaspésie, j’ai pas vu de phoques et j’ai même pas fucké ! » (que d’histoires à raconter à mes petits-enfants que je n’aurai sûrement pas…).

Au bout de trois jours de vie trépidante québécoise, je croise un homme un peu basané. Ne vous offusquez pas trop vite, je m’explique : c’était la première fois que je rencontrais une personne de couleur dans la ville de Québec, intramuros (parce qu’il y a des remparts à Québec, parce que les Anglais, les Français, je me suis endormi à ce moment-là de l’exposé et j’ai tout mélangé). Montréal, ce n’est pas du tout pareil, je précise.

A l’extérieur de la capitale se trouve Wendake. C’est une réserve autochtone. Je m’imaginais les tipis, les flèches et les attrape-rêves, mais non, c’est une vraie petite ville. Avec des attrape-rêves. Et à Wendake, y a un endroit où on mange comme les autochetones, ça s’appelle Sagamité (je ne mentionne pas du tout ce restaurant pour qu’ils m’invitent l’été prochain, car ma soeur a emménagé non loin de la maison d’enfance de Robert Lepage et je vais revenir à Québec, faut suivre, je sais). On y mange surtout de la viande. Du bison, du wapiti, de la biche, du cerf. Alors ils coupent des petits morceaux et c’est servi sur une espèce de potence et ils font flamber le tout. Rien que pour ça, je retarde encore ma conversion au végétarisme et j’arrêterai mon histoire ici, j’ai déjà perdu la moitié de mon lectorat. Vive le Québec libre !

vu le dimanche 13 janvier 2019 au Théâtre du Soleil

prix de ma place : 30€ (abonnement Festival d’Automne)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Les Idoles (Christophe Honoré / Odéon Théâtre de l’Europe)

(de quoi ça parle en vrai)

« (…) En rendant hommage à ses six Idoles – Collard, Daney, Demy, Guibert, Koltès, Lagarce –, à travers six manières singulières d’affronter le désir et la mort en face, Honoré revient aux “jours sinistres et terrifiants” de sa jeunesse. “Un spectacle pour répondre à la question: Comment danse-t-on après?” » (source : ici)

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© Jean-Louis Fernandez

(ceci n’est pas une critique, mais…)

J’attendais avec impatience la nouvelle pièce de Christophe Honoré. Parce que, à une exception près, j’aime son cinéma et que j’avais énormément apprécié « Fin de l’Histoire » (où j’ai découvert la divine Marlène Saldana) et « Nouveau Roman » dont la mécanique est ici reprise : des acteurs qui jouent des personnalités de la vie artistique, une recherche documentaire qui les implique dans le processus de création…

C’est dans un décor (toujours imposant) de station de métro à la St Michel (c’est mon interprétation) que Christophe Honoré rend hommage à ces hommes qui furent ses idoles, qui l’ont en quelque sorte façonné. Il est aussi, je ne dirai pas étonnant mais, beau de voir à quel point il peut faire confiance en ses acteurs : Marina Foïs dont on a l’impression qu’elle joue toujours de la même façon (cet air détaché, une diction et un rythme qui respirent – je sais, ça ne veut rien dire), pourtant ça fonctionne à en devenir bouleversant, Marlène Saldana (dont je ne peux m’empêcher d’admirer l’énergie, l’audace et la finesse) qui emporte tout sur son passage, Jean-Charles Clichet qui apparait tour à tour fragile et drôle (ou les deux à la fois)…

L’ensemble est à ravir. C’est généreux. On rit, on est ému. Christophe Honoré parvient à trouver l’équilibre. On se retrouve dans ces années 80/90 pendant lesquelles j’étais bien trop jeune pour apprécier (ce n’est peut-être pas le bon mot) ce que pouvaient être ces années SIDA. Un spectacle essentiel et mémorable.

On connait déjà la fin puisqu’ils sont déjà tous morts. D’ailleurs le début pourrait être la fin, ça se terminerait comme dans un film de Jacques Demy, on y danserait comme les danseurs de Dominique Bagouet, sur une musique des Doors mais ça ne se terminerait jamais…

« When the music’s over, turn out the lights… »

 

LES IDOLES

de Christophe Honoré

avec Youssouf Abi-Ayad, Harrison Arévalo, Jean-Charles Clichet, Marina Foïs, Julien Honoré, Marlène Saldana et Teddy Bogaert

scénographie Alban Ho Van – dramaturgie Timothée Picard – lumière Dominique Bruguière ) costumes Maxime Rappaz – collaboration à la mise en scène Teddy Bogaert

Jusqu’au 2 février 2019 à l’Odéon Théâtre de l’Europe – Paris (mais c’est complet !), les 6 et 7 février à la Comédie de Caen et les 14 et 15 février à Montbéliard

 

(d’autres histoires)

Serge Daney, je l’ai découvert grâce à Nicolas Bouchaud dans « La loi du marcheur ». Je n’avais aucune idée de comment il était mort, mais je m’en fichais un peu. Serge Daney, un autre passeur, comme Christophe Honoré.

Jean-Luc Lagarce, Bernard Marie Koltès, je les ai connus parce que quand on s’intéresse au théâtre, ils sont incontournables. J’avais joué une scène de « Quai Ouest », une année. Une histoire de ne pas se débarbouiller, si je me souviens bien. Et il faut absolument lire les éditoriaux de Lagarce pour le théâtre du Granit de Belfort.

Cyril Collard, j’avais treize ans quand j’ai vu Les Nuits Fauves au cinéma. Je n’avais pas aimé. Je n’avais pas compris. Mais j’avais découvert Romane Bohringer.

Jacques Demy… Je n’ai jamais été biberonné à Peau d’Âne, ai découvert sur le tard les Demoiselles de Rochefort. Je connais plus les chansons de Michel Legrand que son cinéma.

Hervé Guibert, ben je ne l’ai jamais lu. Je ne savais même pas qu’il était lié à Michel Foucault que, lui, je connais malgré mon 6 en philo au bac (le corps utopique, les hétérotopies…). Mais je le lirai, oui.

*****

Si je me retrouvais nez à nez avec Marlène Saldana, je lui dirais quoi ? Nous avons le même âge, elle est ce qu’elle est, je suis ce que je suis. Je n’ai surtout plus l’âge de passer pour un fan. A vingt ans, ça peut être attendrissant, à quarante, ça peut paraître étrange, pour ne pas dire malsain.

« J’aime ce que vous faites, ce que vous êtes. »

Je lui dirai… Je sais… Je lui dirai :

« Vous disiez dans la pièce, je veux dire, vous faites dire à Jacques Demy : « Ah non pas l’accent marseillais, j’ai tourné « Trois places pour le 26 » à Marseille et personne n’avait d’accent ». Je suis né à Marseille, j’y ai passé les vingt-cinq premières années de ma vie et pourtant je n’ai pas l’accent. Ou à peine. Voilà, c’est tout. »

 

vu le mercredi 9 janvier 2019 à l’Odéon Théâtre de l’Europe, Paris

prix de ma place : 20€ (cat 1 – avant-première)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito