JE SUIS LE VENT (Jon Fosse / tg STAN / Maatschappij Discordia / Théâtre de la Bastille)

(de quoi ça parle en vrai)

« « Je suis le vent » dure le temps d’une traversée. Deux silhouettes voguent côte à côte, la scène devient une barque suspendue entre deux rives, un voilier imaginaire flottant au-dessus des vagues et en dessous des vagues. En costume noir et chaussures vernies, Damiaan De Schrijver et Matthias De Koning jouent l’Un et l’Autre. Ils sont amis et se retrouvent après plusieurs années d’absence. Leur conversation ressasse et tâtonne, elle tresse un paysage assourdi où chaque clapotis couve une tempête. La langue de Jon Fosse procède ainsi par variations infimes, elle s’enroule autour du vide et les silences parlent autant que les mots… » (source : ici)

(ceci n’est pas une critique, mais…)

On attendait le tg STAN avec deux créations (« La Part d’Ophélie » avec Georgia Scalliet et Frank Vercruyssen et « Via Bérénice » toujours avec Frank Vercruyssen et des spectateurs) en cette saison 2020-21. Mais la situation étant ce qu’elle est, c’est avec une pièce déjà créée mais inédite à Paris que le tg STAN, accompagné du Maatschappij Discordia, revient.

C’est la première fois que Damiaan De Schrijver joue dans la salle du haut. C’est ce qu’il dit aux spectateurs déjà en place. Car comme à leur habitude, les acteurs nous accueillent, nous saluent. Et c’est au premier rang que je me place, pour voir l’oeil de Damiaan qui frise (oui, je l’appelle Damiaan, parce que ça fait tellement de fois que je le vois jouer…).

La langue de l’auteur norvégien Jon Fosse n’est pas celle que j’affectionne le plus. Cette pièce n’est pas non plus la plus accessible. Sa courte durée – à peine une heure – est un argument de taille. On aime ces moments suspendus, durant lesquels les deux comédiens au sommet de leur art observent le silence (le public est comme en apnée, magnifique qualité d’écoute). Parce qu’ils se connaissent par coeur, Matthias de Koning et Damiaan de Schrijver. Ils jouent avec les surtitres (car le spectacle est, une fois n’est pas coutume, en néerlandais) quand ils paraissent ne plus savoir où ils en sont, leur duo est au point, Laurel et Hardy des temps modernes. Ils parviennent à susciter une émotion sans bouger de leur chaise. On n’est pas dans « Onomatopées », autre spectacle mais autrement plus burlesque. Les deux acteurs laissent notre imagination faire le travail, nous sommes sur un bateau avec eux. Parfois notre imagination prend la poudre d’escampette, je l’avoue. Mais nous sommes tout de même ravis par tant de sérieux sans toutefois se prendre au sérieux.

JE SUIS LE VENT

Texte Jon Fosse ‘Eg er vinden’

Traduction Maaike Van Rijn, Damiaan De Schrijver, Matthias de Koning

De et avec Damiaan De Schrijver et Matthias de Koning

Régie technique Tim Wouters – Costumes Elisabeth Michiels – Images Damiaan De Schrijver
Production tg STAN et Maatschappij Discordia

Jusqu’au 26 juin 2021 au Théâtre de la Bastille (Paris)

(une autre histoire)

Il me demande si je préfère le premier rang ou plus haut dans la salle. Au premier rang, pardi. Je m’installe. Les deux comédiens sont déjà assis, boivent de la Cristaline, ouvrent une canette de Kro, Mathias de Koning se lève et part faire un café Nespresso (je reconnais le son de la machine). Ce dernier est moins prolixe que Damiaan De Schrijver, car moins à l’aise avec le français (leur langue maternelle est le néerlandais). Damiaan fume un cigarillo, ça empeste, mais c’est pas grave. Il s’empêchera toutefois de fumer à nouveau pendant la pièce.

J’aime arriver en avance, aussi pour regarder les gens, les spectateurs. Les soirs de première, on y rencontre du beau monde. Une journaliste de Télérama, un directeur de théâtre parisien, une productrice-animatrice de France Inter (C’est drôle de constater que la voix qu’on entend le plus dans la salle avant le début du spectacle, c’est cette voix qu’on aime entendre à la radio. Est-ce mon oreille ou bien cette personne qui parle vraiment trop fort ?), le directeur du théâtre qui heurte un projecteur que Mathias De Koning remettra en place.

Y a un truc que j’aime bien, c’est retourner dans un théâtre que j’adore et ne tout de même pas reconnaître le lieu. Des planches au sol, une tenture en fond de scène, des projecteurs bien plus bas que la normale. Mais où suis-je ?

Les acteurs retournent dans les loges. La semaine dernière, lors d’une répétition, je m’étais changé dans ces loges. Bientôt Nicolas Bouchaud jouera dans la salle du bas et il y a deux loges, laquelle prendra-t-il ? Celle avec l’affiche de Jacques Bonnaffé ou celle avec l’affiche d’un spectacle de Gwenaël Morin avec Grégoire Monsaingeon ? Le semaine dernière, pour la représentation surprise des Infiltré.e.s, je m’étais installé sous le regard bienveillant de Jacques. Je crois que ça m’a porté chance.

Vu le vendredi 4 juin 2021 au Théâtre de la Bastille (Paris)

Prix de ma place : 25€ (oui, j’ai payé ma place plein pot !)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Decanis (et je reprends mon vrai nom…)

Photos © Tim Wouters

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