J’abandonne une partie de moi que j’adapte (Group Nabla / Théâtre des Doms / Avignon Off)

(de quoi ça parle en vrai)

Au départ, il y a le film: Chronique d’un été, exploration documentaire de la notion de bonheur, de Jean Rouch et Edgar Morin. Ensuite, du cinéma-vérité des années 60, nous glissons vers une théâtralité joyeusement contemporaine. Réappropriation poétique et politique opérée avec talent par une jeune équipe d’artistes trentenaires. Qu’en est-il de la question du bonheur aujourd’hui ? s’interrogent-ils, vifs et dansants, avant de nous tendre un miroir intemporel. (source : ici)

 

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(ceci n’est pas une critique mais…)

Pour ceux qui me suivent en dehors d’Avignon, j’ai l’habitude de ne pas lire les notes d’intention et autres bibles avant de voir la pièce. Pour cette pièce dont je mélange toujours les mots du titre (« j’adapte une partie… ou j’abandonne une partie… ? », j’étais resté sur Jean Rouch, Edgar Morin et l’évocation du documentaire « Chronique d’un été », y voyant une nouvelle pièce recréant les années soixante comme j’avais vu voir il y a quelques années à la Manufacture l’adaptation réussie de « La Maman et la Putain » de Jean Eustache par le metteur en scène suisse Dorian Rossel. Et ici c’est bien plus que cela. C’est seulement le point de départ.

Très vite, on se prend à aimer ces jeunes comédiens, à les voir recréer avec amusement et vérité les accents et autres intonations de Rouch, Morin et des autres intervenants du documentaire dont on verra un court extrait. Je pense alors au spectacle de Nicolas Truong, Judith Henry et Nicolas Bouchaud; « Interview », qui m’avait fait découvrir le travail de Jean Rouch, notamment par le truchement de ce fameux documentaire et de la non moins fameuse question : Êtes-vous heureux ? ». Je ne vais pas raconter par le menu détail le déroulé de la pièce. Les acteurs vont changer de costume, de peau, d’époque, la notre, mais les questions vont rester les mêmes, notamment celle-ci : quel sens voulons-nous donner à notre vie ?

Cette pièce est enthousiasmante, car il y a tout ce que j’aime dans le théâtre : une simplicité (des décors sur roulettes, un drap qui se déplie et qui fait office d’écran sur lequel sont projetés des extraits de films, etc.), du dynamisme, du plaisir, des acteurs épatants et justes, du fond (la question du travail où on peut s’épanouir est forcément une question qui me/nous taraude présentement), aucune faute de mauvais goût.

Plus qu’un simple coup de coeur, une pièce qu’on a envie de revoir, de faire découvrir au plus grand monde et ce n’est pas si fréquent…

J’ABANDONNE UNE PARTIE DE MOI QUE J’ADAPTE

Un projet initié et mis en scène par: Justine Lequette

Écriture collective

Avec: Rémi Faure, Benjamin Lichou, Jules Puibaraud, Léa Romagny

Assistant à la mise en scène: Ferdinand Despy – Création lumière: Guillaume Fromentin

Production Création Studio Théâtre National Wallonie-Bruxelles – Coproduction Group Nabla.

Jusqu’au 27 juillet 2018 à 19h30 au Théâtre des Doms (Avignon Off) puis au festival Impatience au CentQuatre et/ou au Théâtre de Gennevilliers en décembre 2018

vu le lundi 9 juillet 2018 au Théâtre des Doms (Avignon Off)

prix de ma place : invitation

 

(quand j’attends dans la salle…)

La comédienne nous regarde arriver, nous dévisage. Elle sourit. Elle me voit, me fixe du regard. Je suis décontenancé, fais semblant de compter le nombre de projecteurs. J’ose lancer un regard vers elle, qui a trouvé une nouvelle victime.

Voilà ce qui peut se passer quand j’attends dans la salle…

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

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