Deux mille vingt

(article mis à jour et surtout corrigé… résolution 2021 : relire 1 000 fois avant de publier ! et non je ne rajouterai pas les traits d’union entre deux, mille et vingt – et malgré tout j’oublie encore des mots, je suis bien fatigué…)

Deux mille vingt… Qu’il fut compliqué de rédiger ce bilan. Tantôt nécessaire pour ma mémoire, tantôt futile, tellement d’émotions, de sentiments contradictoires sont venus m’ébranler durant ces dix derniers mois. Une année éprouvante, pour moi, pour vous et (je parle seulement dans le cadre de ce blog) surtout pour les artistes, les autrices et auteurs, les salles de spectacle, toutes les personnes qui gravitent autour. A l’heure où j’écris ces lignes, nous ne savons pas quand les cinémas, musées et salles de spectacle rouvriront (7 janvier ? 20 janvier ? Les plus pessimistes parlent de juin 2021… ?) et je ne sais pas comment conclure cette phrase. C’est parti pour un grand « name dropping » !

SPECTACLE VIVANT

Je n’en attendais pas tant : inventer un virus pour me permettre d’aller moins au théâtre. Je l’ai rêvé, le pangolin l’a fait ! Mon recap fait peine à voir : 31 spectacles vus cette année, soit trois fois moins que l’an passé. Certes, je désirais ralentir, mais pas à ce point-là, surtout avec l’absence du Festival d’Avignon qui a fait mal à mon petit coeur.

31 spectacles à Paris, Montreuil, Nanterre, Les Lilas mais aussi à Marseille, Barcelonnette (04), Gréoux-les-Bains (04), dans 20 lieux différents avec des artistes français, suisses, portugais, coréens. Du théâtre, de la marionnette, du seul.e. en scène, de la danse, du conte, de la performance, des images, des robots, de la musique, des élèves, des amateurs, de la déambulation, de l’improvisation.

Cette année, je n’ai revu aucun spectacle. Mais j’ai vu deux spectacles de Gwenaël Morin (« Le Théâtre et son double » et « Uneo uplusi eurstragé dies » (avec Lucie Brunet), du duo Godard / Santoro (« Maps / Stéréo » – je ferai l’impasse la prochaine fois). Par souci de transparence, je tiens à mentionner que j’ai bénéficié de 7 invitations en ma qualité de blogueur ou dans le cadre de mes contributions au Blog de Nestor (blog sur la vie culturelle montreuilloise), 6 spectacles étaient gratuits. J’ai donc (plus ou moins) payé 18 fois ma place…

À part ça de grands souvenirs avec (par ordre chronologique) :

Sans oublier des captations plus ou en moins en direct, dont « Laetitia fait tout péter » de Laetitia Dosch, « _Jeanne_Dark_ »  de Marion Siéfert sur Instagram, « Be Arielle F. » de Simon Senn par Zoom mais également les répétitions de « Littoral » de et par Wajdi Mouawad.

CONCERTS & MUSIQUE

Deux petits concerts seulement mais avec des grands groupes tels que Supergrass et Tenacious D ! Et pour tout vous dire, je ne suis abonné pas à Deezer ni à Spotify, donc bon… Mais j’ai tout de même acheté, écouté et apprécié les nouveaux albums d’Idles, Louis-Jean Cormier, Sophie Hunger, Eels et enfin Klô Pelgag qui me met les larmes aux yeux tellement c’est beau.

EXPOS

Deux expos visitées, le passable « Circulations » au CentQuatre et l’étonnante installation des Extases d’Ernest Pignon-Ernest aux Célestins à Avignon (voir photos ci-dessus, issues de l’instagram du blog.)

CINÉMA

23 films. Restent particulièrement en mémoire et par ordre chronologique :

  • Le nostalgique « Play » d’Anthony Marciano.
  • La reprise de « Le Dirigeable Volé » de Karel Capek.
  • La surprise « Tout simplement noir » de et avec Jean-Claude Zadi.
  • L’impressionnant « Madre » de Rodrigo Sorogoyen.
  • Le dépaysant « Antoinette dans les Cévennes » de Caroline Vignal avec une Laure Calamy toujours aussi impétueuse.
  • L’euphorisant « Drunk » de Thomas Vinterberg avec l’incommensurable Mads Mikkelsen.

En rattrapage à la télé, en DVD ou autres (310 films vus au 25 décembre, merci le confinement) dont « Charlotte a du fun » de Sophie Lorain, « Mektoub my love » d’Abdelatif Kechiche, « Mirage de la vie » de Douglas Sirk, « 71 fragments d’une chronologie du hasard » de Michael Haneke, « Séduis-moi si tu peux » de Jonathan Levine, « Marina Abramovic : The artist is present » de Matthew Akers, « All about Eve » de Joseph L. Mankiewicz, « Leave no Trace » de Debra Granik, « Ma vie de Courgette » de Claude Barras, « Paterson » de Jim Jarmusch, « Booksmart » d’Olivia Wilde, « Eva en août » de Jonas Trueba, « Cris et Chuchotements » d’Ingmar Bergman…

SÉRIES

Toujours autant de saisons, 60 au total. Pas forcément des séries de première jeunesse (« The I.T. Crowd » – Netflix, « Irresponsable » – OCS, « Malcolm in the Middle » – Prime), des fins de séries (« The Good Place » – Netflix, « Baron Noir » – Canal Plus, « Les Pays d’en haut » – TV5), un très grand coup de coeur pour « 18h30 »- Arte (photo 1), les intégrales d’ « Arrested Development » – Netflix (3 saisons au top, les 2 dernières très mauvaises), « Community » – Netflix (6 saisons), de « The Leftovers » – OCS (3 saisons et j’ai beaucoup pleuré, mais pas autant que pour « Six Feet Under ») (photo 3), la découverte « Forever » – Prime et surtout le réconfortant « Ted Lasso » – Apple + (photo 2), sans oublier le « je n’aurais jamais pensé apprécier une adaptation d’un livre et d’un film que j’aime d’amour » « High Fidelity » avec Zoe Kravitz.

LIVRES

Toujours autant de pièces (portugaises et québécoises) et de bandes dessinées (plaisir coupable : The Walking Dead). J’ai eu beaucoup de mal à me concentrer durant le premier confinement.

Dans les inoubliables, je pourrais citer « Open Bar 2 » de Fabcaro, « Nefertiti dans un champ de coton » de Philippe Jaenada (je l’avais raté celui-là), « Autoportrait » d’Edouard Levé (conseillé il ya plusieurs années par Solange te parle), « Sukkwan Island » de David Vann (conseillé par la metteuse en scène des Exfiltré.e.s, un collectif théâtral auquel j’appartiens), « J’accuse » d’Annick Lefebvre et surtout « Il est des hommes qui se perdront toujours » de Rebecca Lighieri (un grand merci à l’ami marseillais)

CÔTÉ BLOG 

31 articles publiés dont 6 hors série… Sans commentaire. Une fréquentation qui a chuté de 28 % cette année… tiens donc…

Top 5 fréquentation (au 25 décembre) :

1- La peste c’est Camus, mais la grippe est-ce Pagnol ?

2- Le Théâtre et son Double

3- Tenacious D

4- Le Côté de Guermantes

5- D’autres mondes et Hedda

Et dans les anciens articles, « Le Massacre du printemps » d’Elsa Granat tient le haut du pavé grâce notamment à une hypothétique reprise au Théâtre Paris Villette au printemps prochain suivi de près par « La Mécanique de l’Histoire » de Yoann Bourgeois (j’attends avec impatience son prochain spectacle avec une musique composée par Patrick Watson) et mon billet consacré à ma visite au Théâtre Marigny.

SUR LE PLAN PERSONNEL MAIS PAS TROP

Toujours membre du Blog de Nestor (site sur la vie culturelle à Montreuil), même si également très au ralenti ces temps-ci. Toujours membre de Radio Mortimer (regroupement de passionné.e.s de théâtre – un jour, je présenterai une des émissions, oh oui !) et je vous invite à (ré)écouter nos enregistrements durant le premier confinement…

A part ça, côté théâtre… on va dire qu’on ne va pas s’avancer pour 2021… Mis à part qu’on poursuit nos lectures et répétitions avec un premier groupe (les Exfiltré.e.s), qu’avec un deuxième groupe (les Infiltré.e.s) ben… je ne sais pas… et que mon projet à moi « Dedans ma tête », ben… je ne dis plus rien par superstition, mais ma metteuse en scène et moi travaillons (pas d’arrache-pied, faudrait pas exagérer) pour… non non, je ne dis rien.

À suivre…

(Textes et photos non promotionnelles : Axel Ito)

Le billet de novembre, parce qu’il en fallait bien un.

Qu’est-ce que je peux voir ? J’sais pas quoi voir ! C’est à peu près ce que je me demande en ce samedi 28 novembre. Certes, nous pouvons désormais circuler dans un rayon de vingt kilomètres pendant trois heures (mais d’où viennent ces données ?), mais les théâtres et les cinémas restent encore fermés. Je suis loin d’avoir vu autant de films, de séries ou de captations durant ce deuxième « confinement » et je sais que je ne suis pas le seul à attendre avec une impatience non feinte ce fameux mardi 15 décembre, date qui verra, une nouvelle fois, nos lieux culturels préférés (hors librairies) rouvrir, mais le choix n’est pas aussi pléthorique que de coutume.

De plus, je suis quelque peu chafouin car quelques unes de mes grandes attentes ont été annulées. En tête de liste : « By Heart » de Tiago Rodrigues que j’aurais dû re-re-revoir le jour de mon anniversaire ou « Une Cérémonie » par le Raoul Collectif, victime d’un temps d’exploitation trop raccourci – ce spectacle aurait dû se jouer au Théâtre de la Bastille du 26 novembre au 19 décembre.

D’habitude, à la fin du mois de novembre je mets la dernière touche à ma chronique tant attendue des spectacles à voir cet hiver. Je démarre également la rédaction de mon bilan de l’année. Pour mon tour d’horizon Hiver 21, va falloir attendre, je pense. Quant à mon billet « deux mille vingt », il fera grise mine, puisque je n’ai vu, pour l’instant, que 30 spectacles. Voilà donc ce que je me suis décidé à faire (restons optimistes, malgré un 15 décembre si loin si proche) : je veux me préparer un feu d’artifice de spectacles entre le 15 et le 21 décembre…

Le mardi 15

Je n’irai pas au théâtre, mais au cinéma, ça commence bien. Parce que oui, j’aime le cinéma. J’avais vu « L’Ombre de Staline » d’Agniezska Holland le 22 juin dernier, le jour de la première réouverture. Et là ça sera pareil. J’allais écrire autre chose, mais non, les murs ont des oreilles, enfin, j’me comprends.

(revoir un de mes films préférés de l’année « Drunk » de Thomas Vinterberg , rattraper « Garçon Chiffon » de Nicolas Maury ou découvrir « Mandibules » de Quentin Dupieux… Ok j’ai aussi « Wonder Woman 1984 » dans ma liste, je plaide coupable !)

Le mercredi 16

Hormis visiter le Musée d’Orsay et enfin voir l’exposition sur Léon Spilliaert, je ne sais pas encore ce que je ferai de ma « soirée ». Comme cela sera mon anniversaire, je me permets de réserver ma réponse. (tout seul… accompagné… par qui…) (pour remplacer un spectacle à la hauteur de « By Heart », il faut se lever tôt !)

Le samedi 20 à 15h

Crédits photo : Yohanne Lamoulère – Tendance floue

« Boule à neige » de Mohamed El-Khatib et Patrick Boucheron à la Villette avec le Festival d’Automne

Non non, je ne collectionne pas du tout ces petits objets souvenirs, c’est pas vrai !!! Ce qui me fait penser que je n’en ai trouvé aucune quand j’étais à Lomé au Togo, je ne comprends pas.

Le lundi 21

Normalement, je devrais parvenir à voir à la Comédie des 3 Bornes « Quand je serai grande », un seule-en-scène écrit et interprété par Margaux Cipriani et mis en scène par Sophie Troise. La comédienne fait le bilan de sa vie à l’orée de ses trente ans. Hormis un sujet qui ne peut que me toucher, parce que j’aime faire des bilans (même si je n’ai plus trente ans) et pleurer sur mon triste sort, c’est aussi et surtout mis en scène par la personne qui mettra en scène mon seul-en-scène à moi, « Dedans ma tête » ou appelé « L’Arlésienne » ou encore « Ça fait quatre ans qu’on en entend parler et on n’a toujours rien vu venir, qu’est-ce que ça cache ? »

(il me reste de la place) le jeudi 17, vendredi 18, le samedi 19 (après « Boule à neige »), le dimanche 20

Dans les envies, nous avons donc :

  • Le Cirque Invisible de Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée (mercredi 16, vendredi 18, samedi 19 à 18h30 au Rond Point)

Un spectacle déjà vu il y a plusieurs années au même endroit. Un moment de ravissement qui me ferait oublier mon âge canonique (j’aime exagérer et me plaindre, vous me connaissez par coeur)

  • Le Discours d’après le roman de Fabrice Caro avec Simon Astier et mis en scène par Catherine Schaub (du mercredi au dimanche à 19h au Théâtre Michel – oui oui, vous avez bien lu, dans le théâtre privé !)

Je ne sais pas si c’est une bonne idée, vu que je me reconnais un peu trop dans l’écriture de Fabrice Caro et que ça me fera immanquablement penser à… Je rappelle que le point de départ du roman (et de la pièce), c’est le personnage principal, « en pause » avec sa copine, qui envoie un SMS et attend la réponse de celle-ci.

On va tout rendre… On parle d’oeuvres d’art, pas d’autre chose, je préfère préciser. L’occasion de découvrir  enfin cette artiste et de me promener à la Cartoucherie par la même occasion.

  • La 7e vie de Patti Smith de Claudine Galea, mise en scène de Benoît Bradel avec Marie-Sophie Ferdane (mercredi 16 et vendredi 18 à 20h, jeudi 17 à 19h au Théâtre 14)

Y aurait de la musique, une comédienne que j’apprécie…

  • Tiens ta garde par le Collectif Marthe (mercredi 16 et vendredi 18 à 19h, jeudi 17 et samedi 19 à 18h au Théâtre de la Cité Internationale)

J’avais raté leur précédente pièce, un de mes amis me fait un appel du pied pour que je le rejoigne voir ce nouveeau spectacle…

Une autre compagnie que je suis de loin sans être allé les voir une seule fois…

J’ai déjà vu trois de ses spectacles, je verrais bien ce quatrième, parce qu’elle est drôle ET pertinente.

Puis viendra le temps des fêtes, du retour à la nature et du repos… Si vous avez des conseils, des préférences par rapport aux spectacles que je viens de citer ou à d’autres, n’hésitez pas ! Portez-vous bien et à très vite.

Textes et photo de couverture (salle du haut du Théâtre de la Bastille) : Axel Ito

Crédits photos de la mosaïque : Giovanni Cittadini Cesi – Jean-Louis Fernandez – DR

La peste c’est Camus mais la grippe est-ce Pagnol ? (Les Chiens de Navarre / Bouffes du Nord)

(de quoi ça parle en vrai)
« Dans ce contexte sanitaire et culturel exceptionnel, j’ai proposé aux acteurs qui ont fait l’histoire des Chiens de Navarre de se réunir, pour dix soirées et d’inventer un spectacle différent chaque soir. De jouer ou lire une pièce qui n’a jamais été écrite à chaque représentation. Nous revenons ainsi aux principes fondateurs de la compagnie : la totale improvisation. Libre, jubilatoire et explosive. Pour le meilleur et surtout (nous espérons) pour le pire. » Jean-Christophe Meurisse (source : ici)

(ceci est une chronique totalement improvisée… ce qui ne change pas vraiment de mes habitudes)
Comme le petit vieux que je commence à devenir (tu la sens la crise de la quarantaine ?), j’avais pris mes devants, bien avant tout ce qui se passe présentement et m’étais procuré une place pour une séance en matinée à 16h. Premier rang, côté jardin. Il est bien illusoire d’écrire quelque chose sur un spectacle qui ne sera jamais le même, d’une représentation à une autre.
Six acteurs lisent une pièce qui n’existe pas : « Le monde d’après 2.0 #(…) ». Les feuilles blanches volent, les comédiens font semblant de lire des mots et des phrases.
Ça fait du bien, de rire, parfois. J’aurais pu voir une comédie lambda, du boulevard par exemple. Mais ça, ça ne me fait même pas sourire. Non, les Chiens de Navarre, eux, me font rire. Même quand ils sont moins bons, même quand je vois les ficelles.
Les comédiens jouent des états, des sentiments. Céline Fuhrer dit ces mots : « Je suis la liberté d’expression et on m’a décapitée » et laisse sa place à un autre camarade. Les larmes aux yeux. Puis je ris. Parce que ça rebondit, ça ne s’écoute pas forcément, ça cabotine un peu, certaines ficelles sont un peu trop voyantes. Je suis incapable d’improviser. C’est un peu ma hantise quand je participe à un atelier théâtre, mais je sais, je vois. Ici, on voit que tout n’est pas improvisé, parce qu’il y a des béquilles. Mais ça fait du bien de voir les réactions des comédiennes et des comédiens quand l’une ou l’autre tente de les surprendre.
On joue avec le gel hydroalcoolique, on parle d’un facteur, d’un changement de schwexe, de Tchekhov, du Professeur Raoult et de ses clones, du Théâtre et de son double, de Camille Claudel qui bouffe les couilles de Rodin, on y mange une raclette, on y chante, je m’esclaffe grâce à Jean-Luc Vincent, Alexandre Steiger, Manu Laskar, pour ne citer qu’eux.
Ça fait du bien. Ça m’a fait du bien.
Même s’il m’a coûté 25€ en catégorie 2 pour une heure de spectacle – je suis radin, l’ai-je déjà mentionné ? – c’est un cadeau que nous font Jean-Christophe Meurisse et tous les anciens, les actuels et les futurs Chiens de Navarre. On revient aux bases : ça fait quoi quand on met une douzaine d’acteurs ensemble ? Ces acteurs-là, précisément.
Ce soir, les autres soirs, les spectateurs verront un autre spectacle, peut-être d’autres acteurs (j’espèrais revoir Maxence Tual, Thomas Scimeca, Pascal Sangla ou Solal Bouloudnine, mais ce ne fut pas le cas).
Parce que ce soir ne se répètera jamais…

LA PESTE C’EST CAMUS MAIS LA GRIPPE EST-CE PAGNOL ?
Performance conçue par Jean-Christophe Meurisse
Avec Caroline Binder, Céline Fuhrer, Jean-Luc Vincent, Manu Laskar, Olivier Martin-Salvan, Alexandre Steiger, Matthias Jacquin, Charlotte Laemmel, Cédric Moreau, Stéphane Soo Mongo, Adèle Zouane…
Jusqu’au 24 octobre 2020 aux Bouffes du Nord (Paris)

Vu le samedi 17 octobre 2020 à 16h aux Bouffes du Nord (Paris)
Prix de ma place : 25€ (abonnement)
Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

La Brèche (Naomi Wallace / Tommy Milliot / CentQuatre)

(de quoi ça parle en vrai)

« Dans les années 1970, quatre adolescents scellent un pacte pour protéger le plus fragile d’entre eux. Ils se retrouvent quatorze ans plus tard : Acton est mort. Avec La Brèche de Naomi Wallace, Tommy Milliot explore les rouages d’une tragédie qui, tout en dressant le portrait d’une jeunesse sensible, dévoile les violences de l’Amérique moderne. » (source : ici)

© Christophe Raynaud de Lage

(ceci n’est pas une critique, mais…)

La jeunesse américaine des années 70 est décidément une source d’inspiration inépuisable, puisqu’après le traumatisant « Jerk » de Dennis Cooper (mise en scène de Gisèle Vienne avec Jonathan Capdevielle), voici donc une nouvelle pièce qui dépeint les relations « tout à fait saines » entre quatre adolescents du fin fond des États-Unis. La comparaison s’arrêtera là, mais j’aime bien trouver des points de contact avec d’autres pièces. Aussi me suis-je amusé à entendre de nouveau la chanson « Nights in white satin », une semaine après l’avoir entendue dans « Le Côté de Guermantes », mais je m’égare.

La narration est hyper claire. Nous assistons à des aller retours entre 1977 et 1991. Au départ, ils étaient quatre : Frayne, Hoke, Judith et Acton. Ils ne seront plus que trois, quatorze ans plus tard, après le décès d’Acton, que nous ne verrons pas dans sa version adulte. Les époques s’alternent, voire s’entrechoquent. Parce que la disparition d’Acton n’est pas anodine, parce que les trois qui restent, dont la soeur d’Acton, ont une certaine responsabilité dans la mort de celui-ci, un suicide.

Les jeunes acteurs qui constituent la troupe sont tous très crédibles et nous embarquent totalement dans ce drame. Ok, y en a un qui m’a un tout petit peu agacé, tellement je voyais les ficelles de son jeu (mon personnage a un tic, donc, de manière régulière, je vais me gratter la joue gauche…) et ce fut une des rares fois où j’eus envie de crier : « Mais bordel, articule, on ne comprend rien, et encore tu es sonorisé ! » En parlant de sonorisation, j’étais placé au quatrième rang et c’était plutôt gênant ce micro-décalage entre la voix qu’on entendait et le son.

La mise en scène est simple et efficace, les créations sonore et lumineuse apportent beaucoup à cette atmosphère pesante. Le tout souligne la cruauté, la bêtise de ces personnages. Et le long silence avant les applaudissements et les saluts en disent long sur l’impact de cette pièce sur les spectateurs.

Même si je ne fus pas aussi bousculé qu’après le fameux « Jerk », « La brèche » n’en reste pas moins une pièce dont on ne ressort pas indemne. (il est toujours bon de ressortir ce genre de formules de temps en temps)

LA BRÈCHE

texte : Naomi Wallace (traduction : Dominique Hollier)
mise en scène et scénographie : Tommy Milliot
dramaturgie : Sarah Cillaire – lumières et régie générale : Sarah Marcotte – sons : Adrien Kanter – conception et construction décor : Jeff Garraud – assistant mise en scène : Matthieu Heydon
avec : Lena Garrel, Matthias Hejnar, Roméo Mariani, Dylan Maréchal, Aude Rouanet, Edouard Sibé et Alexandre Schorderet

À Aix-en-Provence les 17 et 18 novembre 2020 puis à Reims du 16 au 18 mars 2021

(une autre histoire)

En arrivant au Cent Quatre, avec mon programme, on me donne une étiquette « Ceci n’est pas une place ». Je suis étonné. Je n’avais pourtant pas annoncé mon arrivée, j’avais payé ma place.

Je dis : Vous voulez dire « Ceci n’est pas une critique. »

Il dit : Pardon ?

Je dis : « Ceci n’est pas une critique ». Sur l’étiquette, il est écrit « Ceci n’est pas une place ». « Ceci n’est pas une critique », c’est moi. « Ceci n’est pas une place », ceci n’est pas moi.

Il dit : Je ne comprends pas.

Je dis : Moi non plus.

Il dit : Ceci n’est pas une place.

Je dis : Une critique.

Il dit : Une place.

Je dis : Une critique. Je suis très fort à ce jeu-là.

Il dit : Ceci n’est pas un jeu.

Je dis : Une critique.

Il dit : Ceci n’est pas convenable.

Je dis : Critiquable alors ?

Il ne dit rien.

Je ne dis rien.

Il scanne mon billet et me laisse passer sans rien me dire d’autre. Autour de moi un groupe de lycéens, cette masse m’emporte en son sein. Je ne peux fuir. Je lance un regard éploré à l’agent d’accueil.

Il dit : Ceci n’est plus possible.

Vu le samedi 10 octobre 2020 au Cent Quatre (Paris)

Prix de ma place : 12€ (abonnement)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Le Côté de Guermantes (Marcel Proust / Christophe Honoré / Comédie Française)

(de quoi ça parle en vrai)

Pour sa première collaboration avec la Comédie-Française, Christophe Honoré porte à la scène le troisième tome des sept qui constituent « À la recherche du temps perdu », dont Proust débuta l’écriture en 1913. (source : ici)

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Je n’ai jamais lu Proust. C’est dit, c’est dit, passons à autre chose. Je fais partie de l’équipe « tout peut être transposé au théâtre : films, romans, bandes dessinées… », parlons plutôt de la pièce en elle-même.

Alors oui, j’avais peur de la durée, de ne pas comprendre. Pour plaisanter (à moitié), je disais que je m’étais couché de bonne heure, que j’avais dormi dix heures la nuit précédente, pour être frais et dispo. Je ne sais pas si c’est grâce à cela, mais j’ai presque tout compris. Nous suivons donc Marcel qui rêve de voir ce qui se passe du côté de la famille de De Guermantes.

Je pense que je vais imprimer en lettres d’or la réplique de Clémence Poésy dans le film de Christopher Nolan, « Tenet » : « Don’t try to understand it. Feel it. ». On n’entend pas tout, on ne comprend pas tout. Un preneur de son se balade sur la scène, sonorise les acteurs puis s’en va. Les voix se mêlent, on pioche ce qu’on veut bien piocher, on est comme Marcel, on se laisse embarquer, on laisse notre esprit divaguer, au milieu de cette bourgeoisie, on perçoit la vacuité de ce monde alors même que l’Affaire Dreyfus est au centre de toutes les discussions.

Crédits photos : Jean-Louis Fernandez

Même si « Le Côté de Guermantes » n’est pas aussi euphorisant que furent ses précédentes pièces « Nouveau Roman », « Fin de l’Histoire » ou « Les Idoles » (il manque une Marlène Saldana, même si son fantôme, ainsi que celui de Pina, planaient sur les quelques secondes dansées), il n’empêche que Christophe Honoré n’en finit pas de me convaincre en tant que metteur de scène de théâtre (au cinéma, c’est plutôt du 50-50). Aussi par son sens de l’espace, grâce aux scénographes Alban Ho Van et Ariane Bromberger, toujours aussi impressionnant, que par le choix de la bande son adéquate (petite béquille, certes, mais toujours de bon goût, avec les Moody Blues ou Cat Stevens), sans oublier l’excellence de la distribution, déjà vue ici ou là (je ne suis pas un habitué de la maison Comédie Française) : Stéphane Varupenne et Sébastien Pouderoux en tête (ah… souviens-toi « Comme une pierre qui… »), Elsa Lepoivre toujours aussi captivante, Serge Bagdassarian (qui a son moment de cabotinage, hyper maîtrisé) et tous les autres – ça fait du bien de voir autant d’acteurs et d’actrices sur scène, ensemble.

Comme Marcel, il faut se laisser happer par « Le Côté de Guermantes » et nul besoin d’avoir un Master en littérature proustienne pour cela.

LE CÔTÉ DE GUERMANTES

Avec Claude Mathieu, Anne Kessler, Eric Génovèse, Florence Viala, Elsa Lepoivre, Julie Sicard, Loïc Corbery, Serge Bagdassarian, Gilles David, Stéphane Varupenne, Sébastien Pouderoux, Laurent Lafitte, Rebecca Marder, Dominique Blanc, Yoann Gasiorowski et avec Aksel Carrez, Mickaël Pelissier, Camille Seitz, Nicolas Verdier, Romain Gonzalez

Adaptation et mise en scène : Christophe Honoré

Scénographie : Alban Ho Van et Ariane Bromberger – Costumes : Pascaline Chavanne – Lumière : Dominique Bruguière – Son : Pierre Routin – Travail chorégraphique : Marlène Saldana (!!!) –  Maquillages : Vesna Peborde – Assistanat à la mise en scène : Aurélien Gschwind et Sébastien Lévy – Assistanat aux costumes : Claire Fayel, costumière de l’académie de la Comédie-Française – Assistanat à la lumière : Nicolas Faucheux et Pierre Gaillardot

Jusqu’au 15 novembre 2020 au Théâtre Marigny (Comédie Française, hors les murs)

(une autre histoire)

– On n’y voit pas grand chose, là.

– C’est vrai.

– Vous y voyez mieux, vous ?

– Pas tellement, non.

– Il y a quand même un bon tiers de la scène qu’on ne voit pas.

– Oui. On peut apercevoir le reflet de ce tiers dans le miroir, en face, cela dit.

– Oui… Non. Je vais demander si on peut changer de place… (un instant plus tard) L’ouvreuse me dit que non, que c’est complet, qu’à cause du Covid, on doit rester là où on est. N’importe quoi… le Covid ! C’est pas permis, c’est frustrant même.

– C’est comme ça quand on a choisi une place en catégorie C à seize euros. Je suis radin, j’ai un strapontin, est-ce que je me plains ?

– Vous n’êtes pas très civil… Et si je me lève pour regarder, je vous gêne ?

– Comme vous êtes un rang devant moi, ben oui.

– Ah…

Vu le samedi 3 octobre 2020 au Théâtre Marigny (Paris

Prix de ma place : 16€ (cat C)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

D’Autres Mondes (Frédéric Sonntag / Nouveau Théâtre de Montreuil)

« Au début des années 60, un jeune physicien français au génie précoce et un auteur de science-fiction soviétique travaillent sans le savoir sur le même concept : l’existence d’univers parallèles. Cinquante ans plus tard, leurs enfants – le leader d’un groupe de rock renommé et une futurologue récemment médiatisée – sont chacun hantés par l’héritage paternel et confrontés au même moment à d’étranges événements : le surgissement d’autres réalités au sein de leur réalité propre. Mais que sont donc exactement ces autres mondes qui s’ouvrent à eux ?… » (source : ici)

©gaelic69

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Je ne dois pas avoir de la chance avec les pièces teintées de science fiction en cette rentrée 2020. J’attendais peut-être un peu trop de cette nouvelle pièce de Frédéric Sonntag, alors que j’avais beaucoup apprécié sa précédente et kaléïdoscopique pièce « B. Traven », beaucoup plus foutraque et attachante. L’auteur-metteur en scène creuse son sillon, à savoir une pièce chorale et musicale qui brasse des espaces-temps entremêlés et des reconstitutions historiques documentées.
Malgré le professionnalisme des comédien.ne.s (avec, entre autres, le malicieux Florent Guyot et la lumineuse Amandine Dewasmes), la qualité de la documentation, l’appétence de l’auteur à inventer des destins et des moyens financiers apparemment accrus, la sauce n’a pas pris pour moi. Je n’ai pas retrouvé l’humour et la légèreté de « B. Traven ». J’ai même trouvé la pièce beaucoup trop linéaire que ce à quoi je m’attendais. On est cueilli à froid, dès la première partie (malgré un préambule prometteur, une pseudo-conférence sur la physique quantique) avec cette double présentation qui s’éternise, façon Wikipedia et mêlées d’images d’archives du physicien Jean-Yves Blanchot et de l’auteur Alexei Zinoviev (deux personnages qui ont, sans nul doute, existé dans d’autres mondes… oups) L’intérêt sera à peine renouvelé lors de la pirouette à mi-parcours que je ne divulgâcherai pas, à partir de laquelle on se plaira tout de même à revisiter ce que nous avons déjà vu. Alors oui, on entend de la bonne musique, « Across the Universe » est toujours aussi entêtante, on est content que tout le monde sache chanter ou jouer d’un instrument, (eux aussi sont contents de se retrouver à la fin du spectacle et de chanter une dernière fois ensemble) mais à quoi bon ?
Je parais quelque peu sévère avec cette pièce, peut-être parce que j’aurais vraiment aimé l’aimer. Dans un autre monde peut-être…
(pour être clair, j’ai assisté à la première de cette création, ceci explique peut-être cela)

Post-scriptum : Quelque chose d’autre m’a également intrigué, voire questionné. Hier, en assistant à la représentation de « Aux éclats » de Nathalie Béasse, je m’étais amusé à imaginer un statut « Covid compatible », car les comédiens faisaient absolument tout ce qu’il ne fallait pas faire sur scène, en ces temps troublés. Or, sur la scène de la Salle Jean-Pierre Vernant du Nouveau Théâtre de Montreuil, j’ai vu un spectacle diamétralement opposé. Je fais une supposition car je n’ai rien lu sur la question mais j’avais l’impression que toute interaction physique avait été supprimée. Les comédiens, les musiciens jouaient toutes et tous à bonne distance. Le seul rapprochement que j’ai pu voir était lors des saluts. Ça m’interroge, d’autant plus que le plateau était très grand, donc j’avais l’impression de ne voir que ça.

 

D’AUTRES MONDES
avec Romain Darrieu, Amandine Dewasmes, Florent Guyot, Antoine Herniotte, Paul Levis, Gonzague Octaville, Victor Ponomarev, Malou Rivoallan, Fleur Sulmonttexte, mise en scène Frédéric Sonntag
assistante mise en scène Anne-Laure Thumerel – création vidéo Thomas Rathier – création musicale Paul Levis – création lumière Manuel Desfeux – scénographie Anouk Maugein – costumes Hanna Sjödin – maquillage, coiffure Pauline Bry – régie générale Boris Van Overtveldt – régie son Clément Baysse
production Cie AsaNIsiMAsa
Au Nouveau Théâtre de Montreuil jusqu’au 9 octobre 2020 et en tournée à Lieusaint, Alençon, Cergy-Pontoise, La Roche-sur-Yon…

(une autre histoire)

Dans un monde parallèle, je ne serais pas moi. Ou peut-être serais-je déguisé en pas moi. L’intérieur de ma tête aurait la même tête que l’intérieur de ma tête, mais j’aurais géré autrement. Ou bien PasMoi serait à l’opposé de Moi. Je serais bien curieux de voir ça, je veux dire, PasMoi. Comment il se débrouille avec Moi ?
Un Moi opposé ne veut pas nécessairement dire un Moi idéalisé ou même idéal. PasMoi serait peut-être un gros con. J’ai la prétention de croire que je n’en suis pas un. Je suis peut-être gros, je suis peut-être con, parfois. Mais sûrement pas les deux en même temps. Je ne mincis pas quand je deviens con, je précise. Tu préfères être gros ou être con ? J’hésite.
Moi aussi, je vais citer à nouveau Pessoa, de tête : « Nous avons tous deux vies, la vraie, celle que nous rêvions quand on était enfant, la fausse, la pratique, l’utile, celle qui nous emmènera jusqu’au cercueil. » Il me plaît à penser que je vis dans la fausse et que PasMoi vit dans la vraie, dans ma vraie. En espérant que ma vraie ne soit pas sa fausse. Sinon la vie serait vraiment de la merde.

 Vu le mardi 22 septembre 2020 au Nouveau Théâtre de Montreuil
Prix de ma place : invitation
Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Aux Éclats (Nathalie Béasse / Théâtre de la Bastille)

(de quoi ça parle en vrai)

« … Aux éclats… explore les débordements en tous genres, les limites entre le plein et le trop-plein, entre le vide et ce qui excède, mais aussi les failles et les empêchements des êtres humains grâce à la présence de trois personnages, sortes de Buster Keaton des temps modernes, qui jouent devant nous comme des enfants… » (source : ici)

© Jean-Louis Fernandez

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Avec Nathalie Béasse, on ne sait jamais comment ça va commencer. Ici, les trois coups de théâtre très vite supplantés par le bruit d’une disqueuse (enfin, je crois, je ne suis pas M. Bricolage, au grand désarroi de mon père). Des éclats de voix en coulisses. Je les imagine dans l’atelier si bien rangé et organisé du Théâtre de la Bastille, les voix se déplacent. Très difficile de distinguer ce qu’elles se disent (ou bien est-ce mon masque qui m’empêche d’entendre ?). C’est comme si le théâtre bougeait, comme s’il était vivant. Du théâtre vivant. C’est drôle d’écrire ça après la période que nous avons passée. Puis des faux spectateurs qui se transforment en magiciens qui ont le rythme dans le sang, même quand les éléments se déchaînent, un « Je te tiens la barbichette » qui me fait penser à une performance de Marina Abramovic

« Aux éclats » doit être mon cinquième spectacle de Nathalie Béasse. Même si « Roses », une adaptation très personnelle de « Richard III » emporte mon adhésion, je ne peux qu’être enthousiasmé par ces éclats de jeu, sans queue ni tête, aux premiers abords (je serais bien incapable de vous résumer la pièce, la preuve). Nathalie Béasse / Christopher Nolan, même combat : faut pas chercher à comprendre, il faut ressentir. La comparaison s’arrête là, car la première est bien moins prétentieuse que le second. On pourrait parfois se croire à une énième conférence sur le rire, à la Jos Houben, mais le rebond est toujours pris au bon moment, on ne sait jamais où va nous emmener Nathalie Béasse, avec parfois un sentiment d’errance, avouons-le.

Ici, ça se touche, ça transpire, y a du corps et de l’âme, du Buster Keaton en somme (je pense présentement à ma prochaine chronique d’un spectacle vu le lendemain qui en est un peu l’antithèse, c’est troublant). Dans « Le Bruit des Arbres qui tombent », nous étions bouche bée devant la danse d’une bâche. Ici c’est un nuage de fumée, qu’on regarde s’élever. Tout se termine par un délabrement général (on s’attendrait à voir des grenouilles tomber du ciel) et comme leurs comédiens, on regarde, sans bouger, ce qu’ils (nous ?) ont provoqué. Au milieu de tout ce fatras, des artistes hyper-investis, qui tissent leur fil, de spectacle en spectacle et qui donnent envie de les revoir une prochaine fois.

Ps : Quand tu as des difficultés à trouver des arguments ou à analyser une oeuvre, décris ce que tu vois, ça passera (je ne suis pas fortiche dans l’analyse, mais dans l’auto-analyse, je me pose là)

 

AUX ÉCLATS

Avec Étienne Fague, Clément Goupille et Stéphane Imbert

Conception, mise en scène et scénographie Nathalie Béasse

Lumières Natalie Gallard – Musique originale Julien Parsy – Régie son Tal Agam et Nicolas Lespagnol-Rizzi – Régie plateau Max Belland – Construction décor Julien Boizard, Corine Forget et Philippe Ragot

Au Théâtre de la Bastille jusqu’au 8 octobre 2020 et en tournée à Segré, Blois, Le Mans, Toulouse (les 15 et 16/12 au Théâtre Sorano), Nantes, Saint-Etienne, Ancenis…

 

(une autre histoire)

J’ai posé un masque sur la poignée de ma porte. Pour ne pas oublier, quand je pars. Si je m’entendais, je collerais des post-its de partout, pour ne pas oublier. J’ai une petite tête. Les anniversaires, les rappels, les documents à compléter et à rendre… Je marche, je suis masqué. J’arrive sur mon lieu de travail, je change de masque. Pas seulement mon visage ni ma personnalité, mais au sens propre. Toute la journée, je porte le masque. Je parle sous mon masque. L’été dernier, j’ai retrouvé des figurines inspirées d’un dessin animé qui s’appelait M.A.S.K. Le matin, ça va. Je gère. C’est l’après-midi que ça se complique. Comme envie de l’arracher. Je suis d’avis qu’il n’y a pas que le masque que j’ai envie d’arracher. Je vais envie de m’arracher moi, de là.

Le soir, je vais au théâtre pour voir des gens qui ne portent pas le masque. Jamais aimé les spectacles de Comedia Dell Arte. Même si je suis respectueux et sincèrement époustouflé par celles et ceux qui maîtrisent cet art si particulier du théâtre masqué. Ce soir, ils ne portent pas le masque. Ils s’embrassent, ils se touchent, ils boivent, ils transpirent, ils éructent.

Épiphanie (pas la ville ni les Rois Mages). Je veux faire ça. Je veux être là. Je veux répéter et jouer et ne plus sortir, rester dans ma boîte noire et chanter et danser. Toute la journée. Toute la vie.

 

Vu le lundi 21 septembre 2020 au Théâtre de la Bastille (Paris)

Prix de ma place : Pass Bastille (13€/mois)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Les animaux sont partout (Benjamin Abitan / Théâtre de la Démesure / Théâtre Paris Villette)

(de quoi ça parle en vrai)

« Dans un futur proche, un.e artiste et un.e scientifique en résidence doivent faire dialoguer leurs recherches sur le sentiment esthétique chez les animaux en vue de produire ensemble un spectacle utilisant la réalité virtuelle. Pendant ce temps, dans un futur lointain, des super-animaux retrouvent un DVD très ancien contenant peut-être une piste vers la seule chose qui manque à leur super-société. » (source : ici)

Crédits photos : Pauline Le Goff

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Voilà typiquement le genre de spectacles qui aurait pu (dû ?) me plaire. Du théâtre qui parle du théâtre, mâtiné d’une touche de futurisme cheap (un décor blanc, deux casques de réalité virtuelle, une tablette), qui se permet de faire des blagues à deux balles (oui, les quatre protagonistes principaux s’appellent bien Jeanne, Olive, Serge et Tom… les personnes de ma génération savent), c’est tout ce qui me plaît.

Pourtant, je ne peux m’empêcher de trouver l’ensemble bancal. Les sourires s’effilochent (c’est un nouveau concept) au fil du spectacle (évidemment sous le masque, ça se voit encore moins), le propos devient nébuleux et on est perdu face à une intrigue faussement complexe (Tenet ?).

Cependant (j’aime les connecteurs logiques) restent quelques moments savoureux comme la danse des légumes (oui oui) ou cette première partie de pièce qui consiste en une succession de scènes très courtes décrivant cette résidence d’artiste/scientifique, assez drôle dans la gestion de ses ellipses.

L’ensemble reste néanmoins sympathique mais trop anecdotique à mon goût. On aurait eu envie que le curseur au niveau de la folie soit poussé beaucoup plus loin.

 

LES ANIMAUX SONT PARTOUT

texte et mise en scène Benjamin Abitan

collaboration à l’écriture et jeu Benjamin Abitan, Mélissa Barbaud, Antoine Dusollier ou Thomas Horeau (en alternance), Barthélémy Meridjen, Aurélie Miermont et Samuel Roger / avec les voix de Bernard Bloch, Cyril Bothorel, Jeanne Lepers et Thomas Mallen

chansons Yiannis Plastiras – chorégraphie Julien Gallée-Ferré – combats François Rostain – lumière Cécilia Barroero – vidéo Olivier Bémer

Au Théâtre Paris Villette aussi le 19 septembre 2020

 

(une autre histoire)

Dans un futur proche… Oui, c’est vrai, quoi… Dans un futur proche… Proche comment ? Genre l’année prochaine ou trente ou quarante ans ? Moi ou la société ? Pardon. La société ou moi ? Parce que la société, elle ne changera pas. Ou plutôt si, mais toujours en pire. Inéluctablement. Hari Seldon a tout prévu de toute façon (Fondation d’Isaac Asimov, un monument).

Moi ? Dans un futur proche… Je vivrai à la campagne, en totale autonomie, entouré de mes poules, mes deux ânes et de mes plants de tomates. Tous les soirs, je les passerai sur ma terrasse, à regarder les étoiles, parce que j’aurai enfin appris leurs noms et leurs positions, à compter le nombre d’avions qui passent dans le ciel… Mais je sais que ça n’arrivera pas. Parce que Moi, dans un futur proche… Je serai toujours au même endroit. Mais un jour, alors que je prendrai le métro, mon Moi du Futur viendra me rendre visite et me dira quoi faire. Il me dira que je sais déjà quoi faire et que j’ai juste à me sortir les doigts du cul. Je tiens à dire que je ne me mets jamais les doigts dans le cul quand je suis dans le métro. Je préfère préciser. C’est une image.

Qu’est-ce que je peux faire ? J’sais pas quoi faire… Je sais. Je veux dire. JE SAIS.

 

Vu le vendredi 18 septembre 2020 au Théâtre Paris Villette

Prix de ma place : 9€ (Pass TPV)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Uneo uplusi eurstragé dies (Sophocle / Gwenaël Morin / La Villette / Festival d’Automne)

(de quoi ça parle en vrai)

« Uneo uplusi eurstragé dies met en scène trois mises à mort à partir de l’oeuvre de Sophocle : celle d’Ajax, d’Antigone et d’Héraclès. Du lever du jour au zénith de midi, la force tragique antique et l’urgence théâtrale de Gwenaël Morin se mêlent, entre épure scénique et rituel singulier. » (source : ici)

Crédits photos : Emilie Zeizig

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Ici, on avait aimé les Molière de Vitez repris par Gwenaël Morin, ainsi que Le Théâtre et son double (mon dernier spectacle avant le confinement). Pour celles et ceux qui n’auraient pas suivi, ce triptyque commence à 6h30 du matin et dure près de cinq heures (avec des pauses quand même et du café ou du thé). Sophocle se mérite. Je me souviens d’une trilogie des Femmes par Wajdi Mouawad dans la Carrière de Boulbon près d’Avignon de 22h30 à 4h30 du matin…

Il fait frisquet dans le Parc de la Villette, au petit matin. J’ai la chance d’habiter tout près, néanmoins le réveil à 5h45 un samedi matin après une semaine haute en couleurs, ça pique un peu. Pourtant, on est hyper-disponible. Aussi parce qu’on est excité de vivre cette expérience-là. Surtout parce que Gwenaël Morin et ses comédiens savent y faire pour nous captiver et ne pas nous perdre.

Encore un pas de côté. C’est mon troisième spectacle de la rentrée qui se passe dehors. Voilà c’est tout. Pis, c’est pas grave si notre esprit divague, se plaît à suivre le vol des oiseaux, à entendre le cri des corbeaux ou le son du ballon en cuir frappé du plââââât du pied (Eugène Saccomano forever)) lors d’un match de foot qui se joue derrière nous.

Ici, pas de temps mort. Et le plus important, à mon sens, c’est que cela ne nous demande pas une attention monstre. On comprend, sans effort. Parce que les acteurs sont là, on ressent leur énergie, leur envie, même si lors des scènes de choeur on ressent parfois des petits trous. (c’est pas simple les choeurs). Les enjeux, les trajectoires, rien n’est compliqué (sans que ça soit « Sophocle pour les nuls », je précise). Il n’y a pas de décors, pas ou très peu de costumes, les personnages masculins ou féminins sont interprétés indifféremment par des femmes et des hommes et ça reste toujours aussi clair.

Un spectacle qui ne se jouera peut-être plus (c’était ma rentrée des spectacles éphémères), mais qui aurait plu aux néophytes tout comme aux afficionados de Gwenaël Morin, comme je commence à l’être, heureux de retrouver ce qui fait la patte de ce grand manitou (on va à l’essentiel).

Heureux aussi de revoir Teddy Bogaert (vu brièvement dans les Idoles de Christophe Honoré), Nicolas Le Bricquir (très drôle, vu dans Le Théâtre et son Double) et l’inénarrable (et qui pour le coup m’a bluffé dans la troisième et dernière partie) Lucie Brunet…

 

Uneo uplusi eurstragé dies

Conception et mise en scène Gwenaël Morin

Avec la Promotion 2019 des « Talents Adami Paroles d’acteurs » : Teddy Bogaert, Lucie Brunet, Arthur Daniel, Marion Déjardin, Daphné Dumons, Lola Felouzis, Nicolas Le Bricquir, Diego Mestanza, Sophia Negri, Remi Taffanel

Collaboration artistique Barbara Jung – Collaboration technique Jules Guittier – Assistance à la mise en scène Leah Lapiower – Régie générale Nicolas Prosper

Avec le Festival d’Automne à Paris

 

(d’autres histoires)

Faudra qu’on me dise : Si je mets mon réveil, j’ouvre les yeux plusieurs fois dans la nuit, de peur que mon réveil ne fonctionne pas. Si je ne mets pas mon réveil, je ne me réveille pas de la nuit ni même à l’heure à laquelle je suis sensé me réveiller. Oui, je suis du genre avant de m’endormir à me répéter : « 6h30, 6h30, 6h30, tu dois te réveiller tout seul à 6h30 ». Tout comme : « Tu vas rêver d’elle, tu vas rêver d’elle »… Evidemment ça ne marche jamais. Soit je rêve du travail ou pire de ma mère. (faut que je fasse gaffe à tout ce que j’écris, parce que j’ai des collègues de travail qui me lisent et faudrait pas que…)

*****

Y a une guêpe qui me tourne autour. Je me calfeutre dans mon fameux sweat à capuche – en cette rentrée, je m’étais dit de ne plus mettre de sweat à capuche, quinze ans que j’en porte. Résultat, j’en ai acheté un nouveau mercredi dernier. En plus, je les garde tous. Marron, bleu turquoise, vert foncé, noir, rouge bordeaux, gris. Je suis allergique. Pas aux sweat à capuches, faut suivre, mais aux guêpes. Je répète toujours ça alors que je ne me suis pas fait piquer depuis mes neuf ans. Je m’étais fait piquer sur l’arcade sourcilière. Je ne vous dis pas le carnage. Je ressemblais à Elephant Man. J’ai eu peur de rester comme ça toute ma vie. J’y pense, c’est peut-être depuis cet épisode traumatisant que je parviens à soulever mon sourcil gauche ?

*****

Je suis assis sur l’herbe. Enfin, pas directement, parce que je n’ai pas oublié de prendre une serviette. Donc mes glorieuses fesses sont posées sur une serviette qui est elle-même posée sur l’herbe. Mon masque est en place. Un masque réutilisable, donné à mon travail. Est-ce que j’ai le droit d’utiliser un masque professionnel pendant mes loisirs ? Le doute m’assaille. Déjà que je pique des stylos bleus… Serait-ce une raison valable pour me virer ? Oui, virez-moi, s’il vous plait ! J’ai même pris des feutres avant le confinement pour faire des coloriages. Parce que les coloriages, ça me calme. Je n’aurais jamais pensé d’ailleurs. Je n’ai jamais volé de ma vie. Sauf une serviette de toilette dans une pension en Islande. D’ailleurs, c’est pour ça que je n’ose plus y retourner. Je suis certain que mon visage est placardé sur tous les murs de Seyðisfjörður. Wanted. Mort ou vif.

 

Vu le samedi 12 septembre 2020 à la Villette (Paris)

Prix de ma place : gratuit

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

Ps : Je ne suis pas responsable des réclames que vous voyez ici et là dans cet article, je touche zéro centime. Ou alors il faudrait que je paye pour qu’elles n’apparaissent plus ?

Dans la solitude des champs de coton (Koltes / Auzet / Plateaux Sauvages)

(de quoi ça parle en vrai)

« Bernard-Marie Koltès met en scène un dealer et son client. Deux femmes, étranges et étrangères, entraînées dans la violence du désir. Ne se dévoilant qu’à demi-mot, chacune est possédée par le besoin de prendre le pouvoir sur l’autre et de jouir de sa défaite. Elles n’ont pour seules armes que l’espace à occuper, la parole et le silence. L’intérieur de l’autre, qu’il s’agit d’obliger à se dévoiler, à se mettre à nu. En poussant son adversaire à désirer, c’est la mort symbolique de l’autre qu’elles poursuivent. Lorsque cette transaction du désir est portée par deux femmes, le questionnement de la relation à l’autre offre un autre versant. » (source : ici)

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Je ne suis pas un afficionado de Koltès, même si j’ai déjà découvert son écriture à 17 ans avec Roberto Zucco (le personnage de John Travolta s’appelait Danny Zuko dans Grease, hasard ? Je ne crois pas), même si j’ai joué un extrait de Quai Ouest dans le cadre d’un atelier théâtre (dans lequel je disais ne jamais me débarbouiller, ce qui me fait dire que j’écris cette chronique alors que je n’ai toujours pas pris ma douche et qu’il est 13h passées). Pourtant quand on rentre dans cette pièce jouée par les deux immenses actrices que sont Audrey Bonnet et Anne Alvaro, on n’en ressort pas (indemne). Je mens. On en sort, mais on se rend dans un ailleurs. Je m’explique.

La version proposée par le metteur en scène Roland Auzet est « un spectacle itinérant sous casque ». J’aurais déjà dû voir ce spectacle en février 2016, en plein air, dans le quartier de la Chapelle, tout près des Bouffes du Nord, mais un mauvais transit intestinal et certains attentats à Paris quelques mois plus tôt m’ont empêché de vivre une première fois cette expérience (ce qui me fait penser aussi que j’avais raté les 70 ans de ma mère, comme quoi). Suite à une certaine pandémie, ce projet a été réactivé cet été et la pièce a déjà été jouée dans un stade du 14e arrondissement de Paris, sur le parvis de la BNF, etc. Nous voilà donc dans un quartier que je connais bien, celui des Amandiers (dans le 20e) (pour la petite histoire, Patrice Chéreau avait mis en scène cette pièce aux Amandiers, mais de Nanterre) et plus particulièrement dans la rue des Plâtrières, non loin des Plateaux Sauvages, partenaire de ces représentations.

C’est donc casqué et masqué que nous attendons le début du spectacle. La voix si singulière d’Anne Alvaro fait son entrée dans notre cerveau. Nous ne savons pas encore où elle est. L’immersion est totale. Au début, nous sommes tout de même légèrement décontenancés par le dispositif qui voit les spectateurs suivre la comédienne comme une nuée d’abeilles. J’aurais aimé observer cette danse d’un des balcons des immeubles de la rue, comme si nous étions des morts qui marchaient. Parce que quand on enlève nos casques, nous n’entendons pas les voix des comédiennes, seulement les bruits de la ville.

Nous (quand je dis « nous », c’est moi parce que je suis plusieurs, tout le monde le sait) peinons parfois à suivre. Le texte n’est pas si évident et rester debout à mon âge canonique en cette semaine de rentrée des classes m’est pénible. Sans parler de la plus mauvaise pizza 4 fromages de tous les temps (parce que je suis celui qui lit l’entièreté de la carte avant de montrer du doigt la pizza que je prends à chaque fois – je suis d’un prévisible), ingérée juste avant et qui peine à être digérée par mon organisme (je dois avoir un truc avec mon estomac). Mais quand je dis « peiner », je ne dis pas « je pense à ma liste de commissions ou à cette fille qui ne me rappelle pas », je reste tout de même dans un état d’esprit trouble. Et je veux croire que c’est la force de tous ces spectacles et textes : nous permettre de déconnecter dans un ailleurs non quotidien, quelque part. Je ne sais pas si je suis clair.

Puis on est rattrapé par l’incandescence d’Audrey Bonnet, son investissement physique et émotionnel (malheureusement je l’ai toujours vue dans ce type de rôles), la justesse et le jeu bouleversant d’Anne Alvaro.

L’expérience fut de taille, elle fut belle et elle fut unique. Et en plus c’était gratuit et comme je suis un peu radin, ça tombait bien.

DANS LA SOLITUDE DES CHAMPS DE COTON

Texte Bernard-Marie Koltès
Conception, musique, mise en scène Roland Auzet

Avec Anne Alvaro et Audrey Bonnet

Vu le vendredi 4 septembre 2020 dans le quartier des Amandiers (Paris 20e) avec les Plateaux Sauvages

Prix de ma place : gratuit

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Photo de couverture : Christophe Raynaud de Lage + Autres photos : Axel Ito

Original d’après une copie perdue (Samuel Achache, Marion Bois et Antonin-Tri Hoang / Théâtre de l’Aquarium)

(de quoi ça parle en vrai)

« Il existe, le saviez-vous, une œuvre musicale dont on trouve des traces depuis l’épisode biblique de la Bataille de Jéricho. Certains commentateurs comme Isaac Bilkner ou Scholem Assaraff affirment que les sons produits par les trompettes n’étaient pas qu’un bruit suffisamment puissant pour détruire les murailles de la ville, mais bien une suite de notes harmonisées. Si on ne peut saisir cette musique nulle part on la retrouve partout, dans une multitude d’œuvres scientifiques ou artistiques depuis cette période jusqu’à nos jours. (…) C’est dans cette musique, son histoire et les œuvres qu’elle a traversées, que nous voulons nous engouffrer et envahir le Théâtre de l’Aquarium et ses abords… » (source : ici)

Crédits photos : Bun Jun Fri

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Ce n’est pas commun de redémarrer sa saison théâtrale dans un lieu comme la Cartoucherie. Pour l’instant, la plupart des théâtres y sont fermés au public, sauf le Théâtre de l’Aquarium. C’est l’ensemble « La Vie Brève » qui gère le lieu depuis à peine plus d’un an. Je n’avais pu me rendre à la première édition de leur festival « Bruit » l’hiver dernier et je m’en mords encore les doigts, tellement l’impression donnée par cette déambulation m’a enthousiasmé.

« Original d’après une copie perdue » s’est joué trois fois – j’étais présent pour la dernière. Je m’imagine tout le groupe (une vingtaine de personnes, artistes et techniciens ensemble dans un même élan artistique) concevoir, fabriquer, répéter durant un été et lâcher prise trois soirées durant. Cet événement a fait office de reprise, de fête, de bande annonce pour celles et ceux qui ne connaitraient ni ce lieu ni le travail de « La vie brève ».

Si je devais m’amuser au jeu des adjectifs, je dirais que ce fut, dans le désordre, foutraque, généreux, bouillonnant, imparfait, réjouissant, foisonnant… C’est le genre de spectacle où même des défauts deviendraient des qualités.

Tout se passe partout : devant le théâtre, dans le hall d’entrée, dans les différentes salles de l’Aquarium, dans l’atelier. Parfois assis, parfois debout. Tous ensemble (masqués, je précise) ou éparpillés dans ce grand espace (qui accueille aussi le reste du temps de nombreux artistes en création : les Lieux Dits de David Geselson ou l’Avantage du Doute, pour ne citer que ceux que je connais et affectionne) à écouter, voir, ressentir des bribes ou des pans entiers de concerts, scènes de théâtre, expositions, conférences, etc.

Je repense à (liste non exhaustive) l’abattage de Léo-Antonin Lutinier (déjà vu dans « Tarquin », toujours par l’Ensemble « La vie brève » au Nouveau Théâtre de Montreuil, spectacle qui m’avait laissé une impression mitigée, comme quoi, je ne suis pas rancunier), à la virtuosité et à la malice des musiciennes Sarah Margaine et Eve Risser, aux chanteuses lyriques (je ne suis pas parvenu à les identifier, je suis en-dessous de tout) qui profitent de l’acoustique des toilettes, à un match de boxe au résultat incertain, à un opéra inachevé en conclusion…

On se trouve chanceux d’avoir pu assister à ce geste artistique éphémère (on reviendra au Théâtre de l’Aquarium pour un prochain temps fort) et ravi de démarrer la saison théâtrale d’une aussi belle façon.

(un peu rouillé dans l’écriture quand même)

 

 

ORIGINAL D’APRÈS UNE COPIE PERDUE

Conception : Samuel Achache, Marion Bois et Antonin-Tri Hoang

Avec Samuel Achache, Pierre-Antoine Badaroux, Benoît Bonnemaison-Fitte, Pierre Borel, Lionel Dray, Anne-Lise Heimburger, Myrtille Hetzel, Antonin-Tri Hoang, Clémence Jeanguillaume, Léa Lanöe, Léo-Antonin Lutinier, Sarah Margaine, Agathe Peyrat, Eve Risser, Marie Salvat, Julien Villa, Lawrence Williams

et l’équipe technique Estelle Cerisier, Sarah Jacquemot Fiumani, Serge Ugolini

Au Théâtre de l’Aquarium (Paris)

 

 

(une autre histoire)

Au départ, je voulais écrire un texte sur toutes ces personnalités présentes hier soir au Théâtre de l’Aquarium et que je reconnaissais malgré leur masque. Je voulais m’amuser à imaginer ce que je leur aurais dit si j’avais osé les aborder.

« Oh tiens, comment allez-vous, j’ai vu votre dernier spectacle, je ne l’ai pas aimé du tout ! »

Puis, je me suis dit que je n’allais pas citer leurs noms, parce qu’ils n’ont pas demandé à figurer dans une de mes chroniques et que, peut-être, leurs proches ne savaient pas qu’ils étaient à la Cartoucherie de Vincennes, puisqu’il est de notoriété que je suis lu par des millions de personnes.

(le jeu, pour les plus perspicaces, est de deviner de qui il s’agit – c’est parfois très pointu)

Ça commence dans le bus 112 (Château de Vincennes – Cartoucherie). À côté de moi, une comédienne, que je ne voyais pas aussi grande, à la voix si singulière. J’avais envie de lui demander comment se déroulaient les répétitions de « Coriolan » par François Orsoni. En face de moi, un metteur en scène et une comédienne. Je ne saurai pas comment les aborder puisque je n’ai absolument pas aimé leur spectacle l’an dernier au Train Bleu à Avignon. Alors même que je les avais appréciés, séparément. Je pourrais occulter cet élément, mais je ne sais pas mentir, même par omission.

« Oh tiens, j’ai un grand souvenir de votre relecture de « La Mouette » et depuis que je vous ai vue à la Cité Internationale, je me suis plongé dans Bourdieu. Je vous aime, mais séparément ! »

Au Théâtre de l’Aquarium, je reconnais le directeur d’un théâtre de Seine-St-Denis. Je n’ai rien à lui dire. Je reconnais aussi ce directeur de théâtre / metteur en scène / auteur d’un grand théâtre parisien, très reconnaissable. Je crois qu’il a retrouvé ma trace, car je le croisais très souvent à Avignon, à la Manufacture par exemple. J’ai subitement envie de danser et de chanter devant lui.

« Palace, Palace, ça c’est Palace ! »

Une farandole en temps de Covid. Mais je ne le ferai pas, je n’aime pas me donner en spectacle.

Je reconnais aussi cet auteur, qui nous regarde bizarrement, mon double et moi. Oui, parce que je ne suis pas tout seul, je suis accompagné de mon double théâtral. Il m’a joué moi. J’ai l’impression qu’il a grandi. Ou peut-être bien que je me voûte ? Il nous regarde parce qu’il tente de deviner ce qu’on dit et transposer le tout dans une de ses histoires ? Oui, ok, j’ai enlevé mon masque, mais c’est pour mieux boire, mon enfant ! Ou bien pense-t-il que je suis un autre ?

« Je m’appelle Alex. Enchanté. »

Puis il y a cette personne que je trouve admirable, grâcieuse et désirable… Que je crois reconnaître… Un échange de regards… Je n’ose pas. Je pars, sans mon masque, en courant.

« Ce soir, j’ai la mélancolie athlétique. »

 

 

Vu le samedi 29 août 2020 au Théâtre de l’Aquarium (Paris) 

Prix de ma place : gratuit

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Automne Vingt Vingt

Même si je suis loin d’avoir rempli mon agenda contrairement aux années précédentes, je suis arrivé à trouver une petite vingtaine de spectacles susceptibles de me plaire cet automne. Voici donc ma sélection pour cet automne vingt vingt, en espérant que tout se déroule comme prévu, je ne vous fais pas un dessin, surtout que je ne sais pas dessiner.

Par ordre d’apparition :

1- Original, d’après une copie perdue au Théâtre de l’Aquarium (les 27, 28 et 29 août) – Conception : Samuel Achache, Marion Bois et Antonin-Tri Hoang, avec notamment la pianiste Eve Risser, le comédien Léo-Antonin Lutinier, etc.

« Performance déambulatoire dans les recoins du théâtre avec une vingtaine d’acteurs, musiciens, costumiers, techniciens, éclairagistes : Installations sonores, conférences, concerts inachevés, film reconstitué, performance, pièce de théâtre, opéra miniature etc. »

En attendant la deuxième édition de Bruit – Festival de l’Aquarium, il est bon de reprendre les bonnes vieilles habitudes (théâtrales) en arpentant ce haut lieu de la Cartoucherie. J’aime déambuler, que cela soit écrit. Et ça me fera peut-être oublier que c’est la rentrée…

2- Uneo uplusi eurstragé dies à la Villette – par Gwenaël Morin (les 12 et 13 septembre 2020 – avec le Festival d’Automne à Paris)

« Uneo uplusi eurstragé dies met en scène trois mises à mort à partir de l’œuvre de Sophocle : celle d’Ajax, d’Antigone et d’Héraclès. Du lever du jour au zénith de midi, la force tragique antique et l’urgence théâtrale de Gwenaël Morin se mêlent, entre épure scénique et rituel singulier. »

L’idée de me lever à 6h du matin pour voir ce spectacle déambulatoire de 6h30 à la Villette me ravit au plus haut point. Surtout que je vis à 6 minutes à pied de ce haut lieu du 19e arrondissement de Paris, je ne le répèterai jamais assez. Je cherche d’ailleurs à acheter dans ce quartier-là ou dans les 20e/11e un deux pièces d’au moins 30 mètres carrés à moins de 200 000€. Certaines personnes disent que je suis un rêveur, mais je ne suis pas le seul.

3- De la sexualité des orchidées au Centre Wallonie Bruxelles (les 17 et 18 septembre 2020) – Conférence performée de et par Sofia Teillet

« Sous des dehors de conférencière très sérieuse, Sofia Teillet nous livre une leçon de biologie des plus savoureuses et jubilatoires. Images et schémas à l’appui, elle se passionne pour la sexualité de certaines espèces végétales et animales, en particulier celle de l’orchidée. Nous découvrirons les techniques de reproduction étonnantes qu’ont développées ces espèces, en réponse à leur environnement et leur difficulté à rencontrer naturellement l’autre sexe. »

Je suis nul en botanique et j’aime apprendre des nouvelles choses. (je trouve qu’il y a de plus en plus de conférences performées dans le paysage théâtral (au moins) français. Et je ne dis pas cela parce que ma pièce à moi prendra également cette forme…)

4- Aux éclats au Théâtre de la Bastille – par Nathalie Béasse (du 14 septembre au 8 octobre 2020)

« Sur le plateau, on se déguise, on met des masques, on essaye de s’adonner à la prestidigitation, on se court après, on s’asperge d’eau, on s’énerve, on se gifle, on se réconcilie, on roule ou on chute… Aux éclats… explore les débordements en tous genres, les limites entre le plein et le trop-plein, entre le vide et ce qui excède, mais aussi les failles et les empêchements des êtres humains grâce à la présence de trois personnages, sortes de Buster Keaton des temps modernes, qui jouent devant nous comme des enfants. »

Ouverture du Théâtre de la Bastille avec la nouvelle création d’une de ses artistes fétiches. Revenir, je l’espère, dans ce lieu, que je ne fréquenterai pas aussi fréquemment que durant les saisons précédentes sera forcément un grand moment pour moi. Six mois déjà…

5- D’autres mondes au Nouveau Théâtre de Montreuil – par Frédéric Sonntag (du 22 septembre au 9 octobre 2020)

« Au début des années 60, un jeune physicien français au génie précoce et un auteur de science-fiction soviétique travaillent sans le savoir sur le même concept : l’existence d’univers parallèles. Cinquante ans plus tard, leurs enfants – le leader d’un groupe de rock renommé et une futurologue récemment médiatisée – sont chacun hantés par l’héritage paternel et confrontés au même moment à d’étranges événements : le surgissement d’autres réalités au sein de leur réalité propre. Mais que sont donc exactement ces autres mondes qui s’ouvrent à eux ? »

Le précédent spectacle de Frédéric Sonntag, B. Traven, avait donné lieu à mon premier papier pour le Blog de Nestor. Je m’en souviens, aussi, parce que ça m’avait beaucoup plu. Rien à voir, il y a des artistes, comme ça, qui reste à l’écart de Paris, pour une raison inexpliquée…

6- Jamais labour n’est trop profond à Nanterre Amandiers – Conception et mise en scène de Thomas Scimeca, Anne-Elodie Sorlin & Maxence Tual (du 22 au 27 septembre 2020)

« La planète souffre de mille maux. Les sols s’épuisent. Les forêts brûlent. L’air devient irrespirable. La biodiversité se réduit de jour en jour. Et voilà que les pandémies nous isolent quand elles ne nous tuent pas. Que faire ? Faut-il crier « Tous aux abris ! » ? Revenir à la terre ? Cultiver ses propres tomates ? La scène, le théâtre, jouer : cela a-t-il encore du sens ? Ne vaut-il pas mieux contempler la lenteur extatique de l’escargot ou réapprendre à utiliser notre télencéphale à des fins plus utopiques ? »

Ce spectacle, qui aurait dû se jouer la saison dernière, ne sera sûrement pas comme les autres. Je suis même curieux de voir ce que donne un spectacle avec des anciens Chiens de Navarre, sans Jean-Christophe Meurisse aux commandes.

7- The History of Korean Western Theatre au Théâtre de la Bastille – Conception, texte, direction, musique, vidéo et performance Jaha Koo (du 23 septembre au 1e octobre 2020 – avec le Festival d’Automne à Paris)

« Jaha Koo a quinze ans quand il rejoint le club théâtre de son école. En 2008, il assiste à un symposium célébrant le 100 anniversaire du théâtre coréen. Il s’étonne. Pourquoi les auteurs les plus joués en Corée du Sud sont-ils Shakespeare, Molière et Ibsen ? Existe-t-il un théâtre contemporain en dehors du répertoire occidental ? »

Une de mes grandes frustrations de l’an passé (hormis les spectacles annulés) fut de ne pas avoir pu découvrir son spectacle avec des auto-cuiseurs, répétition oblige. Hâte de le découvrir avec ce nouveau spectacle.

8- Exécuteur 14 au Théâtre du Rond Point – Une pièce de Adel Hakim, mise en scène de Tatiana Vialle, avec Swann Arlaud, en présence de Mahut (du 30 septembre au 23 octobre 2020)

« Il n’avait rien d’un assassin. Mais la guerre est là, qui l’imprègne, dilue en lui son langage et son venin. Il devient le guerrier d’un conflit dont il ne comprend rien. Il apprend la haine, suit un Dieu vengeur. Contaminé par la barbarie, il se débat avec ses restes d’humanité. »

Ou l’incompréhension de ne pas avoir vu une précédente (et touchante) mise en scène de Tatiana Vialle être reprise à Paris. Cette fois-ci, elle met seulement en scène un certain Swann Arlaud…

9- La brèche au CentQuatre – Texte de Naomi Wallace, mise en scène de Tommy Milliot (du 7 au 17 octobre 2020)

« Dans les années 1970, quatre adolescents scellent un pacte pour protéger le plus fragile d’entre eux. Ils se retrouvent quatorze ans plus tard : Acton est mort. »

Je profite d’un abonnement au CentQuatre pour découvrir de nouvelles troupes, des artistes en devenir. Pour la petite histoire, j’aurais dû voir cette pièce la saison dernière lors d’une de mes escapades marseillaises au Théâtre Joliette.

10- Quand je serai grande à la Comédie des 3 Bornes – de et avec Margaux Cipriani et mise en scène par Sophie Troise (tous les lundis, du 5 octobre 2020 au 25 janvier 2021)

« A 30 ans un bilan s’impose ! Il faut quitter l’enfance où on avait encore un pied pour se lancer complètement dans le monde adulte ! Il faut faire le point entre ce qu’on imaginait et la réalité… Mais il ne faut pas pour autant oublier ses rêves ! Il faut les réaliser et passer au dessus des désillusions… La vie, la vraie, le travail, la maternité avec toutes ses surprises et sa poésie, la famille, les vieux dans les bus,… un monde s’ouvre à nous avec sensibilité et humour… »

Copinage pour un spectacle mis en scène par celle avec qui je travaille sur ma propre pièce…

11- Parlement au Théâtre de la Bastille – de Joris Lacoste avec Emmanuelle Lafon (du 8 au 14 octobre 2020, avec le Festival d’Automne à Paris)

« Depuis 2007, Joris Lacoste mène avec un collectif l’Encyclopédie de la parole, projet destiné à inventorier et répertorier les formes orales.(…) En résulte ici un monologue jubilatoire, porté par la prodigieuse Emmanuelle Lafon qui enchaîne sans pause la confidence murmurée, le discours d’une femme politique, celui d’un philosophe inspiré, le commentaire sportif, le message téléphonique de la conseillère bancaire ou la dictée, souvent en français, parfois dans une langue étrangère… Les codes des différents régimes de parole apparaissent dans toute leur nudité et ce qu’on perçoit alors est d’abord une musique, à la fois familière et étrange, comique et effrayante, car déplacée, extraite de sa gangue habituelle. »

Pour la petite histoire, Emmanuelle Lafon fait aussi partie du collectif F71 qui, fut un temps, créait des spectacles autour des écrits de Michel Foucault. C’est grâce à une de leurs créations, Notre corps utopique, que j’ai découvert ce philosophe. Et donc rien que pour cela…

12- La peste c’est Camus mais la grippe est-ce Pagnol ? aux Bouffes du Nord – par les Chiens de Navarre et conçu par Jean-Christophe Meurisse (du 16 au 24 octobre 2020)

« Dans ce contexte sanitaire et culturel exceptionnel, j’ai proposé aux acteurs qui ont fait l’histoire des Chiens de Navarre de se réunir, pour dix soirées et d’inventer un spectacle différent chaque soir. De jouer ou lire une pièce qui n’a jamais été écrite à chaque représentation. Nous revenons ainsi aux principes fondateurs de la compagnie : la totale improvisation. Libre, jubilatoire et explosive. Pour le meilleur et surtout (nous espérons) pour le pire. » Jean-Christophe Meurisse

Vais-je avouer que j’ai mis un mois avant de comprendre le jeu de mots du titre ? En tout cas, heureux de revoir tous les Chiens de Navarre pour un impromptu, une forme originale, une surprise ! Mais était-ce une bonne idée de prendre cette place au premier rang ?

13- Madame Fraize au Théâtre du Rond Point – par Monsieur Fraize sur une mise en scène de Papy (du 28 octobre au 28 novembre 2020)

Monsieur Fraize flotte dans une robe verte et fendue, il chante l’amour et le manque. Peut-être a-t-il emprunté la robe de Madame Fraize pour mieux parler d’elle, âme sœur et tout à la fois grand-mère, sœur et marraine ? Madame Fraize est son épouse, réelle ou rêvée, on ne connaîtra pas son nom. Elle le guide aujourd’hui. Elle le sociabilise. Enfant timide à vie, il a vécu dans l’ombre de ses parents. Il vit aujourd’hui dans la lumière de sa compagne.

Une autre de mes inspirations, avec un tout nouveau spectacle. J’ai copié collé le résumé, mais je ne veux même pas le lire tellement je veux avoir la surprise, déjà qu’avec ce titre…

14- Les Frères Karamazov à l’Odéon Théâtre de l’ Europe – par Sylvain Creuzevault avec notamment Nicolas Bouchaud (du 12 novembre au 6 décembre 2020, avec le Festival d’Automne à Paris)

« Les Frères Karamazov est un monstre. Comme pour Les Démons (mis en scène aux Ateliers Berthier à l’automne 2018), Sylvain Creuzevault taille dans ses 1300 pages les éléments d’une lecture inspirée par Heiner Müller et Jean Genet, selon qui l’ultime roman de Dostoïevski est avant tout “une farce, une bouffonnerie énorme et mesquine”. Cet humour farcesque devient ici littéralement ravageur. »

Je n’ai jamais lu ce monument de la littérature russe. Cette pièce me fera office de « profil d’une œuvre », ça me rappellera le bon temps du lycée où je ne lisais pas tout ce qu’on me prescrivait et… J’en dis trop. Ma professeure de français sera déçue si je raconte tout… Et puis y a Nicolas Bouchaud…

15- Pacific Palisades au Théâtre Paris Villette – texte Guillaume Corbeil / mise en scène et dramaturgie Florent Siaud / interprétation Evelyne de la Chenelière (du 12 novembre au 5 décembre 2020)

« En 2015, un homme prétendant être mi-homme mi-extraterrestre et agent des services secrets américains est retrouvé mort dans sa voiture. Son garage cache des millions de dollars en armes, munitions et petites coupures. Autour de lui, gravitent plusieurs femmes. Pacific Palisades part de cet intrigant fait divers californien pour mener l’enquête. Fiction ? Réalité ? »

Il me faut ma dose de théâtre québécois. Et quand je lis que l’auteur de « Nous voir nous – Cinq visages pour Camille Brunelle » + un metteur en scène dont j’avais manqué l’adaptation de 4.48 Psychose de Sarah Kane + une comédienne qu’il me tarde de découvrir : je répondrai présent.

16- Ton père au Monfort Théâtre – d’après le livre de Christophe Honoré, par Thomas Quillardet (du 18 au 28 novembre 2020, avec le Festival d’Automne à Paris)

« C’est l’histoire d’un homme qui vit à Paris avec sa fille de 10 ans. Sur le papier que cette dernière a trouvé épinglé à la porte de leur appartement, des mots griffonnés au feutre noir : « Guerre et Paix : contrepèterie douteuse ». Très vite, tout s’emballe. Qui a écrit ces mots ? Qui le soupçonne d’être un mauvais père ? Peut-on être gay et père ? »

Parce que Thomas Quillardet ne m’a pour l’instant pas déçu avec ses adaptations scéniques des films de Rohmer ni avec la pièce de Tiago Rodrigues « Tristesse et joie dans la vie des girafes » (d’ailleurs est-ce que le film portugais adapté de cette pièce sortira un jour en France ?). Parce que Christophe Honoré (même si j’en apprécie un film sur deux).

17- Abysses aux Plateaux Sauvages – sur un texte de Davide Enia et une mise en scène de Alexandra Tobelaim (du 23 au 28 novembre 2020)

« Aujourd’hui, un père et un fils regardent l’Histoire se dérouler sous leurs yeux, sur un rivage de l’île de Lampedusa. Au cœur des débarquements, cette histoire nous porte à la rencontre des sauveteur·trice·s et des habitant·e·s de cette île. Abysses est le récit de la fragilité de la vie et des choses, où l’expérience de la douleur collective rencontre celle, intime, du rapprochement entre deux êtres. »

Si les Plateaux Sauvages rouvrent vraiment, je répondrai présent à cette pièce d’une metteuse en scène dont j’avais beaucoup apprécié le Italie Brésil 3 à 2, vu à la Manufacture il y a quelques années à Avignon. Je précise, les Plateaux Sauvages ont une excellente programmation et une multitude de rencontres, ateliers avec les artistes programmés, tout cela pour un prix « responsable » (on choisit nous-mêmes le prix) A consulter !

18- Catarina et la beauté de tuer des fascistes aux Bouffes du Nord – texte et mise en scène de Tiago Rodrigues (du 26 novembre au 19 décembre 2020, avec le Festival d’Automne à Paris)

« Cette famille tue des fascistes. C’est une tradition suivie, sans exception, par chaque membre de la famille depuis plus de 70 ans. Aujourd’hui, ils se réunissent dans une maison à la campagne, au sud du Portugal, près du village de Baleizão. La plus jeune de la famille, Catarina, va tuer son premier fasciste, kidnappé pour l’occasion. C’est un jour de fête, de beauté et de mort. Cependant, Catarina est incapable de tuer ou refuse de le faire. Un conflit familial éclate, suivi de plusieurs questions. »

En attendant ma quatrième et dernière vision de « By Heart » en décembre le jour de mon anniversaire, c’est aux Bouffes du Nord qu’on appréciera la toute dernière création de l’artiste portugais. Je ne vais pas récapéter tout ce que je pense, tout ce que je sais de Tiago Rodrigues, on est d’accord…

19- Choeur des amants aux Bouffes du Nord – texte et mise en scène de Tiago Rodrigues (du 27 novembre au 19 décembre 2020)

« Tiago Rodrigues revient à sa première pièce de théâtre. Écrite et créée à Lisbonne, en 2007, Chœur des amants est un récit lyrique et polyphonique. Un jeune couple raconte à deux voix la condition de vie et de mort qu’ils traversent lorsque l’un d’eux se sent étouffé. En juxtaposant des versions légèrement différentes des mêmes événements, la pièce nous permet d’explorer un moment de crise, comme une course contre-la-montre, où tout est menacé et où l’on retrouve la force vitale de l’amour. »

Double programme puisque le même jour je verrai deux personnes qui me rappelleront certains souvenirs : Alma Palacios et David Geselson, de retour dans l’univers de Tiago Rodrigues.

20- Une cérémonie au Théâtre de la Bastille – Écriture et mise en scène Raoul Collectif (du 26 novembre au 19 décembre 2020)

« Nous sommes des Quichottes lorsque nous partons nous battre avec des armes usées et poussiéreuses contre le capital, contre la finance, contre la bêtise et les profits, contre le patriarcat et la fascination du pouvoir, contre les esprits étriqués et les discours dominants. En ce qui nous concerne ces armes sont le théâtre – la parole, les mots, les corps, les voix, la musique, l’ivresse poétique. Et l’intelligence collective. »

Une pièce que j’aurais dû voir au printemps dernier au Théâtre National de Bruxelles, que vous auriez pu voir cet été au Festival d’Avignon, que certains verront avant moi pendant la semaine d’art dans la cité des Papes fin octobre… Bruxelles, Avignon, vous me manquez !

En prime, deux pièces qui sont reprises cet automne et que j’avais appréciées…

Je ne sais pas ce qu’il en sera des concerts, mais j’espère assister au Requiem de Mozart à la Philharmonie de Paris… Puis pourquoi pas revoir Jonathan Capdevielle ou Mathieu Bauer… Du Boris Charmatz, des spectacles présentés par le Festival d’Automne à Paris s’inclueront peut-être à ce joli programme… Je serai aux aguets quant à la programmation du Théâtre 14 qui a su faire preuve d’inventivité et d’une belle réactivité en présentant des spectacles annulés au Off d’Avignon (merci la Covid !), je tendrai l’oreille concernant les pièces programmées au Théâtre de Belleville, à la Reine Blanche ou au Lavoir Moderne Parisien…

En attendant de nouvelles chroniques, prenez bien soin de vous.

Crédits photos : DR – Bun Jun Fri – Camille Bondon – Jean-Louis Fernandez – Kyle Thompson – Anne-Elodie Sorlin / Camille Lourenço – Choy Jong Oh – Stéphane Trapier – Christophe Raynaud de Lage – Sandrine Servent – Huma Rosentlski – DR – Stéphane Trapier – DR – DR – DR – Alexandra Bandeau – Pedro Macedo – Filipe Ferreira – DR

Angèle (Marcel Pagnol / Jean Giono / Patrick Ponce / Cartoun Sardines Théâtre / El Zocalo)

(de quoi ça parle en vrai)

« Angèle, fille de paysans, vit avec ses parents, Clarius Barbaroux et Philomène Barbaroux, dans une ferme provençale, la Douloire, isolée au fond d’un vallon. Elle est aimée en secret par Albin, un jeune paysan. Mais celui-ci tarde à déclarer sa flamme. Un jour, Angèle se laisse séduire par Louis, un mauvais garçon de passage qui l’entraîne à Marseille, la grande ville, et la prostitue… » (source : ici)

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Crédits photos : Thibaud PONCE

(ceci n’est pas une critique, mais…)

C’est avec une émotion non dissimulée que je me suis rendu au théâtre voir ma première pièce de théâtre post-confinement. Et pas n’importe où, puisque l’occasion m’a permis de découvrir le théâtre El Zocalo à Barcelonnette, petite ville de la vallée de l’Ubaye si chère à mon coeur (c’est pas loin où je suis né littérairement parlant – longue histoire)

C’est le Cartoun Sardines Théâtre, une compagnie marseillaise qui est aux manettes, avec Patrick Ponce à sa tête. J’avais déjà vu trois de leurs spectacles : le premier, j’étais en terminale, je crois, avec les amis de l’option théâtre. La Mère m’accompagne pour l’occasion. Je lui dis : Le Cartoun Sardines Théâtre, c’est inventif et c’est accessible. Je ne me suis pas trompé. La Mère a aimé « Angèle » et moi aussi.

On a aimé, parce que ça raconte Marseille et la Provence. Parce que ça parle d’une époque dont on a toujours entendu parler grâce aux Anciens qui ne sont plus là. Parce qu’en face de nous, il y avait une troupe sensationnelle d’acteurs, qui s’amusaient autant qu’on s’amusait. Aussi, peut-être, parce qu’ils étaient heureux d’être là, tout simplement.

Le Cartoun Sardines Théâtre sait toujours être inventif, disais-je. Ici, pas de décors frontaux « à l’ancienne » ou de vidéo omniprésente, mais un travelling circulaire, parce que nous assistons au tournage d’un film sans caméra, avec changement d’axe, action, coupez, etc. Des comédiens qui jouent plusieurs rôles dont des chèvres ou des portes, un régisseur qui veille au grain et qui est partie prenante du spectacle, un quatrième mur explosé qui permet les digressions et autres recontextualisations, parce que la Provence au début du XXe siècle, y a de quoi dire (au niveau du vocabulaire comme au niveau des moeurs et de la place de la femme dans la société)

Le rythme est rythmé… non. Le rythme est trépidant, les comédiens sont justes et tout simplement bons (pensée qui revient de temps à autre… il n’y a pas qu’à Paris que cela se passe. Sans passer par l’expression « Nos régions ont du talent », on ne s’imagine pas à côté de quoi on passe en Provence, en Bretagne ou ailleurs) et mine de rien, on assiste à un spectacle ultra-millimétré et ça ne se voit même pas, grâce à la générosité de la compagnie. La pièce joue à fond la connivence avec le public et le laisse imaginer, être actif dans sa tête.

En résumé, je ne peux que vous conseiller de guetter la venue de cette compagnie dans votre région, parce qu’il n’y a pas que Paris ou Marseille dans la vie.

 

ANGÈLE

D’aprés le film de Marcel Pagnol et le roman de Jean Giono « Un de Baumugnes »

Conception / Adaptation / Mise en scène : Patrick Ponce

Avec : Florine Mullard, Bruno Bonomo, Marc Menahem, Thierry Otin, Fabien Gaertner et Stéphane Gambin

Scénographie : Stéphane Gambin, Patrick Ponce – Décor / Régie générale et plateau : Stéphane Gambin – Assistanat décor : Antoine Cano – Costumes : Christian Burle – Musique / Création son / Régie son  : Pierre Marcon – Lumières : Jean-Bastien Nehr – Régie Lumières : Laurie Fouvet ou Jérémie Hutin ou Julien Soulatre.

Production : Cartoun Sardines Théâtre.

Le 24 septembre 2020 à Arles, le 25/09 à Marseille (Odéon), le 26/01/21 à Châteaubriand (44)… (liste non exhaustive)

 

(une autre histoire)

Cet été, j’avais prévu d’aller à Avignon, puis à Bussang et pourquoi pas au Festival Pampa en Gironde (qui n’a pas été annulé, lui), mais le destin (ou autre chose) en a décidé autrement.

J’y suis quand même allé, à Avignon (et pas EN Avignon, faut-il encore le rappeler, écrivez-moi en MP pour plus de précisions, je viens de soutenir une thèse sur la question).

On se gare dans le parking sous le Palais des Papes. On en sort. C’est comme si on était dans le Truman Show :

« Ok, vous avez compris, quand ils sortent du parking, tout le monde s’anime, tout le monde s’agite. Comme si rien n’avait changé. »

On sort, on voit des touristes, le petit train sur le point de partir, une compagnie costumée qui parade, on nous donne même un tract (spoiler alert : ce sera le seul de la journée).

Quand je dis « on », c’est l’Ami Marseillais et moi. Onze ans déjà qu’on fait le festival ensemble. On est un vieux couple. On a nos habitudes, nos coins préférés, on met une heure à choisir le restaurant… Ami Marseillais, j’espère que tu ne le prendras pas mal, je t’aurais bien échangé contre celle qui occupe mes pensées. Je sais, je dis ça tous les ans. Je fais toujours exprès d’être tout seul au mois de juillet. C’est faux. Même quand je ne suis pas tout seul, je dis toujours : « Le mois de juillet, c’est sacré, c’est Avignon ! Je décale même mes vacances au Québec pour ça ! »

Y a du monde, des touristes, des gens pas comme nous, qui ne doivent pas se rendre bien compte. Parce qu’il suffit de s’engouffrer dans les entrailles de la Cité des Papes pour constater que c’est une coquille vide, que les théâtres qu’on affectionne (ou pas) sont fermés, que certains n’ont même pas pris la peine d’enlever les affiches de l’année dernière. Le bon point, c’est qu’on peut enfin voir ce qu’il y a derrière les affiches omniprésentes du Festival Off et qui aimantent (polluent) notre vision. On redécouvre la ville, ses bâtisses, on lève les yeux (au ciel) et on y voit des choses étonnantes. On arpente la rue des Teinturiers, où je ne mets jamais les pieds d’habitude, tellement il y a de monde et de théâtres qui ne m’intéressent pas. Il y a personne. Comme si c’était hors saison. On ne reconnait parfois pas certaines rues, comme la rue des Ecoles qui abrite le Village du Off…

« Attends, c’est bien là ? Oui, je savais que c’était dans une école, mais c’est cette entrée-là ? »

… et la Manufacture.

« Rien n’a été nettoyé dans la cour, regarde. Comme si c’était à l’abandon ».

Je ne dirai pas qui, mais l’un de nous deux a eu la larmichette à l’oeil.

D’habitude, là, il y a du monde. C’est la place Louis Pasteur. L’Entracte n’est pas ouvert. On a peine à se souvenir de comment c’était en temps de festival. Ça parait tellement petit. Mais comment faisaient-ils entrer toutes les tables et les chaises en terrasse ? Et la Place des Carmes… Vous êtes où les gens ? J’en profite pour envoyer un message à C. parce que l’avant-dernière fois qu’on s’était vu, c’était là et qu’elle m’avait proposé de lire ma pièce… Tel resto est fermé, tel autre n’est plus un resto… On mange quand même une glace, on va voir une installation d’Ernest Pignon-Ernest sur la place des Corps Saints. On prend même le traversier pour se rendre sur l’Île de la Barthelasse, c’est dire notre état de délabrement mental.

Alors, l’Ami Marseillais et moi-même, on compare les différentes programmations des théâtres parisiens et marseillais. Marseille qui n’a plus à rougir, qui occuperait son homme une bonne partie de l’année. Marseille, le sud, me manquent. Voilà. Et le théâtre aussi. Le théâtre surtout.

 

Vu le mercredi 29 juillet 2020 au Théâtre El Zocalo (Barcelonnette)

Prix de ma place : Gratuit

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Littoral – répétition (Wajdi Mouawad / La Colline)

(de quoi ça parle en vrai)

« Apprenant la mort de son père, une jeune personne troublée recherche un lieu de paix pour enterrer son corps. Elle décide alors de lui offrir une sépulture dans son pays natal. Mais ce coin du monde est dévasté, les cimetières sont pleins et les proches de son père rejettent sa dépouille. Lors de ce périple, elle fera la rencontre de Simone, une fille en colère qui elle aussi a dû affronter un deuil, et de nombreux autres jeunes gens de leur âge. Sur leur chemin, ils devront éprouver la réalité les uns des autres et faire en sorte que ce père devienne le symbole de l’être cher perdu par chacun.

Littoral a été créé en 1997 par une bande d’amis comédiens trentenaires, traversés par nombre de questions liées à l’existence. Vingt ans plus tard, la nouvelle génération partage les mêmes angoisses quant à l’amour, la peine, la peur, la mort, d’autant plus face à la situation inédite que nous vivons. Ainsi, la création 2020 met toujours en lumière la préoccupation d’une génération à l’égard d’une autre, cette fois à travers deux équipes, l’une majoritairement féminine, l’autre principalement masculine. » (source : ici)

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Droits réservés La Colline

(ceci n’est pas une critique mais…)

Mercredi 1e juillet 2020, 19h45. Le rendez-vous est pris sur le parvis de la Colline. Masque sur le nez, gel hydroalcoolique accroché au ceinturon, bras tendus pour respecter le mètre de distance… Depuis combien de jours déjà n’ai-je plus remis les pieds dans un théâtre ? On reprend en douceur avec une répétition publique, mais pas n’importe laquelle : Littoral de Wajdi Mouawad.

Parmi les (trop) nombreux spectacles reportés ou annulés en cette funeste période figurait « Notre Innocence » du même Wajdi Mouawad. Le Maître du Château devait reprendre cette pièce, qui était loin de faire l’unanimité entre Je, Moi et Moi-même. Je me souviens avoir livré ici-même une chronique légèrement assassine, notamment envers certain.e.s comédien.ne.s, que je reconnais à mon arrivée devant le théâtre.

(toujours cette appréhension – bête – d’être reconnu par les gens dont je critique la prestation, alors qu’il est impossible que cela soit le cas)

Un agent du théâtre arrive, nous explique les modalités de ce moment intime (nous sommes peut-être une petite vingtaine de spectateurs)… Pardon, j’oubliais… Wajdi Mouawad a donc décidé de rouvrir son théâtre cet été avec la reprise et re-création d’une de ses plus fameuses pièces, interprétée, notamment, par les jeunes artistes de « Notre Innocence », d’où leur présence devant nous. Je suis un peu rouillé, je vous prie de bien vouloir m’excuser, bla bla bla.

Le grand Wajdi Mouawad, dont j’ai tant apprécié le Journal de Confinement, nous salue, demande le calme sur le plateau pour nous présenter brièvement ce que nous allons voir ce soir : les répétitions des scènes 38 et 39, quasiment la fin de la pièce. Le spectacle se joue avec une double distribution : principalement féminine ou principalement masculine.

(Wajdi m’a parlé, Mouawad m’a vu !!! (pardon, midinette un jour…))

La jeune troupe issue du Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris, accompagnée pour l’occasion par Gilles David et Patrick le Mauff, se connait depuis longtemps. On sent chez ces jeunes comédien.ne.s des automatismes, une complicité évidente entre certains d’entre eux, une petite rivalité parfois ? Je ne sais pas si c’est parce qu’on est là, on constate un enthousiasme que j’estime parfois exagéré. D’autres sont déjà concentrés, observent. C’est drôle de se souvenir des acteurs d’une pièce à l’autre. Julie Julien dans l’Enfant-Océan, Hatice Özer dans Désobéir, Maxence Bod dans Convulsions, je reconnais certain.e.s que j’avais plus ou moins apprécié.es dans Notre Innocence.

Alors ? Qui joue le Père ? Qui joue Wilfried ? Le Réalisateur ?

Une toile blanche en arrière scène, un espace de jeu rectangulaire auto-collé au sol, des musiciens de part et d’autre de la scène et les acteurs.

Pour commencer, les deux distributions jouent en même temps. Mais c’est l’équipe masculine qui parle. Court monologue de Wilfried, dos au public, ici interprété par Maxime Le Gac-Olanié (Hatice Özer le suit du public). Wajdi Mouawad fait les cent pas, avant scène. « Soigne tes finales ». Puis le Réalisateur prend la main. Maxence Bod sautille dans tous les sens (suivi comme son ombre par son alter-ego féminine, Jade Fortineau), ne tient pas en place, il crie et Wajdi Mouawad parait réinventer sa mise en scène en direct. Il ne regarde pas assis dans le public. Il est avec les acteurs, rejoue la scène, réexplique. Il est précis, fait recommencer la scène pour un mot, une intonation : « Insiste sur « ici »… Gesticule moins, tu t’épuises… » Il a déjà en tête qu’il y aura deux fois moins de monde sur scène quand la pièce se jouera. L’équipe féminine rejoint le banc de touche. Nous voyons la scène jouée uniquement, à une exception près, par les garçons de la troupe.

Peut-on juger de la prestation d’acteurs, d’une pièce, durant des répétitions ? Sûrement pas. Même si… L’exercice est hyper ingrat, car la comparaison est là. Quand vient le tour des filles, Wilfried devient Nour, le Réalisateur la Réalisatrice et tout parait moins forcé, plus fin, léger même. Tout cela vient confirmer le bien que j’avais pensé de Jade Fortineau dans Notre Innocence (j’ai retrouvé mes notes), de Hatice Özer.

Je m’en veux de ne pas avoir pris mon carnet ce soir. J’ai peur d’oublier des choses. J’aimerais mieux rendre compte de ce moment forcément unique : assister à des répétitions d’une pièce de Wajdi Mouawad.

Deux heures sont déjà passées, c’est la pause. Je décide de m’éclipser. La fin de l’année est rude. J’ai besoin de me reposer pour passer au mieux les deux derniers jours d’une année si particulière. Éprouvante. Ça m’a fait du bien de revoir jouer, même le temps d’une répétition. Ça m’a fait du bien, oui.

 

LITTORAL

texte et mise en scène Wajdi Mouawad

sur une idée originale de Isabelle Leblanc et Wajdi Mouawad

avec Emmanuel Besnault, Maxence Bod, Théodora Breux, Hayet Darwich, Gilles David de la Comédie-Française, Lucie Digout, Jade Fortineau, Pascal Humbert, Julie Julien, Maxime Le Gac-Olanié, Patrick Le Mauff, Hatice Özer, Lisa Perrio, Charles Segard-Noirclère, Darya Sheizaf, Paul Toucang, Yuriy Zavalnyouk

assistanat à la mise en scène Vanessa Bonnet

musiques originales Pascal Humbert et Charles Segard-Noirclère

du 7 au 18 juillet 2020 à la Colline, Paris

Texte (sauf mention contraire) et photo de couverture : Axel Ito

Phèdre ! (Jean Racine / François Grémaud / 2b Company)

(de quoi ça parle en vrai)

« Pour tout décor, une moquette beige sur laquelle trône une simple table. Accueillant les spectateurs avec un large sourire au visage et un petit livre à la main, le comédien Romain Daroles semble camper un conférencier débordant d’enthousiasme et passé maître dans l’art de la digression. Il se passionne pour la pièce de Jean Racine et son contexte historique, s’extasie devant l’art de l’alexandrin, cite Barbara et Dalida, jamais à l’abri d’un pas de côté ou d’un trait d’humour potache. La pièce semble n’avoir pas encore débuté et nous voilà arpentant à ses côtés la généalogie mythique de Phèdre. Reine d’Athènes, épouse de Thésée, fille de Minos et de Pasiphaé, petite-fille du Soleil et demi-sœur du Minotaure… le jeu de piste prend la forme d’un savant labyrinthe que Romain Daroles dénoue sous nos yeux… » (source : ici)

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© Loan Nguyen

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Hier soir, j’aurais dû assister à la première de Phèdre ! de François Grémaud au Théâtre de la Bastille. J’aurais pu voir cette pièce l’été dernier lors du Festival d’Avignon, il est vrai, mais après maints calculs calendaires et financiers, je m’étais dit que je pouvais bien patienter dix mois. « Un tien, vaut mieux que deux tu l’auras. »

C’est donc armé de ma Guinness et de ma place préférée sur mon canapé chéri que j’ai regardé hier soir la captation de la pièce, disponible légalement et gratuitement ici et . J’avais au préalable mis sur mode avion mon téléphone et c’était parti mon kiki.

Avant toute chose, quel est mon rapport à Phèdre et à l’oeuvre de Racine ? Un souvenir douloureux du collège ou du lycée, je ne sais plus. Je me souviens avoir vu en première « Bérénice » sur une mise en scène de Daniel Mesguich qui m’avait grandement ennuyé. Je ne me suis jamais trop frotté aux grands classiques de la tragédie. Tout ça pour dire que je ne suis pas un spécialiste du théâtre racinien et je n’ai été nullement choqué par ce « Phèdre pour les Nuls ». On peut contextualiser et dire que ce spectacle a d’abord été créé pour les lycées. On pourrait également se demander quelle mouche avait piqué Olivier Py quand il décida de programmer cette pièce qui ne parait pas entrer dans les canons de la programmation du In. Pas étonnant alors de la voir jouée à la Collection Lambert, lieu pas forcément destiné au théâtre (les gymnases et cours de lycées étant destinés à présenter des « vraies » pièces de théâtre, paradoxalement). Et comme il l’avait fait avec « Saison 1 » de Florence Minder, il est également audacieux pour le Théâtre de la Bastille d’avoir tenté de programmer un spectacle qui ne ressemble pas à grand chose de déjà vu dans ses murs (même s’il nous arrive d’y rire, je pense aux spectacles de l’Avantage du Doute, du Raoul Collectif…)

Très long préambule, comme toujours, pour la micro-critique qui suit…

Phèdre ! n’est pas Phèdre, il y a un putain de point d’exclamation !

Nous sommes donc en présence d’un acteur, Romain Daroles, qui, armé de son exemplaire de Phèdre (avec un point d’exclamation) nous raconte et nous explique sa lecture de la tragédie de Jean Racine. Dans la lignée humoristique de la Conférence de choses, que j’avais adorée, aussi écrite par François Grémaud, Phèdre ! est presque aussi drôle que ce que Phèdre est dramatique. Alors oui, des jeux de mots sont parfois un peu trop faciles et l’emploi de l’accent du sud (parfois d’ouest, parfois marseillais) me met toujours aussi mal à l’aise. Il n’empêche, je n’ai ressenti aucun irrespect pour ce texte classique. Il y a mille façons d’adapter un texte. On peut certainement ne rien toucher aux alexandrins de Racine et passionner une foule, c’est un fait. Mais ce n’est pas le parti pris adopté par la 2B Company. Le parti pris est assumé et aucunement irrespectueux envers le matériau original. Bien au contraire, il y a une telle générosité et une sincérité que j’aurais presque envie de relire Phèdre. J’ai aussi repensé à la compagnie Forced Entertainment qui avait condensé chaque pièce de Shakespeare en une heure et faisait jouer les divers personnages par des pots de moutarde, de ketchup. Les enjeux étaient clairs et tout passait. Il parvient même à être juste et pas seulement dans la gaudriole quand, dans l’Acte IV, Phèdre a encore envie de mourir… Romain Daroles joue de ça : « Oh tiens, je vais encore faire une blague… Non, pas maintenant. »

Tout ça pour dire que j’ai passé un agréable moment mais que rien ne remplace un spectacle dans un fauteuil rouge au théâtre, on est d’accord..

 

PHÈDRE !

Spectacle de François Gremaud / 2b company

Conception et mise en scène François Gremaud

Texte Jean Racine, François Gremaud et Romain Daroles

Avec Romain Daroles

Assistant à la mise en scène Mathias Brossard – Lumières Stéphane Gattoni

 

Vu le lundi 4 mai 2020 sur mon canapé (Paris)

Prix de ma place : une Guinness

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Au théâtre ce soir…

Bonjour à vous,

J’espère que vous allez bien, en tout cas le mieux possible et qu’il en est de même de vos proches.

Je ne parlerai pas ici, même s’il y en aurait à dire, des conséquences d’une telle crise sanitaire sur le paysage culturel français, entre les annulations des représentations, les points d’interrogation concernant les festivals, les reports des spectacles à la saison prochaine – ce qui aura un impact sur ceux qui étaient déjà prévus pour la saison 20/21 et qui devront « laisser leur place »…

Je me suis longtemps demandé si je devais publier un billet recensant tous les spectacles que nous proposent les internets, en ces temps de disette de spectacle vivant. Mais il existe pléthore de sites, de blogs qui proposent déjà cela.

Je me suis longtemps demandé si je devais publier un billet qui recenserait mes anciennes chroniques dont les spectacles sont présentement disponibles au plus grand monde. Mais je me suis dit que ça n’avait pas grand intérêt, si ce n’est gonfler artificiellement mes statistiques et je n’en suis plus là.

La semaine dernière a été publiée une capsule audio que j’ai enregistrée pour Radio Mortimer (collectif de blogueuses et blogueurs théâtre, dont je fais partie), dans laquelle je me souvenais d’une représentation bien particulière. Il s’avère qu’aujourd’hui Frank Vercruyssen du tg STAN a mis en ligne la lecture du texte qui m’a tant ému : Nusch de Paul Éluard. J’ai donc décidé de vous transmettre les liens de quatre spectacles (ou lectures), seulement quatre, qui représentent bien ce que j’ai toujours défendu ici : l’amour des mots, l’amour du théâtre et une certaine simplicité. Et ainsi, encore une fois, montrer toute mon admiration envers ces personnes.

Prenez bien soin de vous et à bientôt,

NUSCH de Paul Éluard par Frank Vercruyssen (tg STAN)

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SOPRO de Tiago Rodrigues (sous-titré en français) : lien ici (la vidéo ne peut être intégrée ici – visible pour une durée indéterminée)

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DOREEN de David Geselson (visible jusqu’à la fin du confinement)

 

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THE PRISONER de Peter Brook et Marie-Hélène Estienne (disponible jusqu’au 6 avril)

Dieu est un DJ (Falk Richter / Fabrice Murgia / Ma télé)

(quand on n’a pas lu la bible)

Oui, tu vas avoir cette chanson dans la tête toute la journée : « If God is a DJ… Life is a dancefloor… Love is the rhythm… You are the music… » (Pink)

(de quoi ça parle en vrai)

« Un couple de jeunes artistes s’enferme, se filme, et balance sa vie sur la toile pour gagner de l’argent. Faussement réfugiés dans une bulle qui éclate à la face du monde, les voilà condamnés à « produire du show » et perdant peu à peu contact avec la réalité. DJ’s de leur propre existence, ils mixent, compilent, sélectionnent, recombinent la « musique du monde ». De leur monde. Un monde où l’on ne distingue plus le vrai du faux. Où avoir un enfant est un projet trop lourd pour même l’entendre. Où, à trop vouloir le fuir en se marginalisant, on s’enferme dans un univers petit bourgeois » (source : ici)

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Crédits photos : © Luciana Santin Poletto

(ceci n’est pas une critique…)

Ou la fausse bonne idée, de voir un spectacle à la maison.

Frustré de ne pas pouvoir voir tous les spectacles inscrits sur mon agenda de mars et d’avril (Illusions perdues de Pauline Bayle au Théâtre de la Bastille, Normalito de Pauline Sales au Carreau du Temple, Furia de Lia Rodrigues au Théâtre de Gennevilliers, Quinquin de Corentin Hennebert & Johana Bacry au Théâtre de Verre, Les Sept Péchés Capitaux de Pina Bausch au Théâtre du Châtelet, le concert de CocoRosie au Trianon, Le Revisor de Crystal Pite et Jonathan Young à la Villette, liste à compléter après le 5 avril…), je me suis mis dans l’idée de regarder un des nombreux spectacles mis à notre disposition sur les internets durant ce temps de confinement et de le chroniquer. J’avais donné le choix aux personnes qui me suivent sur les réseaux sociaux (Instagram, Twitter, Facebook) entre 4 spectacles dont celui-ci.

Parce « Dieu est un Dj » est un texte d’un auteur que je ne connais que de nom (Falk Richter… toujours des lacunes, je sais).

Parce que « Dieu est un Dj » est une pièce mise en scène par Fabrice Murgia, que j’ai découvert il y a neuf ans à Avignon, à la Manufacture, avec « Life Reset, chronique d’une ville épuisée » – j’adore ce titre et j’avais adoré ce spectacle.

Parce que Fabrice Murgia est belge, que j’avais vu Sylvia l’automne dernier et que le weekend dernier, j’aurais dû le passer à Bruxelles, ma… 4e ville préférée (après Marseille, Paris et Québec).

Pourquoi ceci donc n’est pas une critique ? (et il n’y aura pas de mais…)

Parce que ça ne se commande pas. Pas pour moi en tout cas. Non, je ne dis pas : « Allez, je regarde un spectacle qui date d’il y a presque dix ans et j’écris un papier dessus ! » Ou plutôt, si, je l’ai dit et je me suis rendu compte assez rapidement de mon erreur.

Parce qu’il est difficile de critiquer un spectacle chez soi. Comme je ne suis pas la personne la plus appropriée pour émettre des critiques fines à propos de la scénographie, de la dramaturgie – je le mentionne suffisamment assez dans mes chroniques, à quoi puis-je me rattraper ? A la puissance de jeu des comédiens ? Y a ce putain d’écran d’ordinateur qui m’empêche d’être complètement dedans. Si j’avais su raccorder l’ordi à la télé, aurait-ce été différent ? Pas certain.

Aussi, quelle serait la pertinence d’une critique qui viendrait neuf ans après la création d’un spectacle ? J’aurais pu faire un comparatif (parce que Fabrice Murgia aime utiliser l’image, les écrans… j’ai tout de suite pensé au travail de Julien Gosselin ou à la pièce de Marc Lainé, Vanishing Point, une pièce road-movie). Mais je n’ai tout simplement pas l’esprit suffisamment disponible pour faire cela.

Donc, ceci n’est pas une critique et « Ceci n’est pas une critique » restera en confinement jusqu’à nouvel ordre.

Prenez bien soin de vous et à bientôt. (purée… avec tout ça, je vais me sentir obligé de rempiler ici pour la saison 2020/21… Vous saviez que Tiago Rodrigues allait reprendre « By Heart » au théâtre de la Bastille la saison prochaine ? Vous le savez désormais. Oui, j’ai signé un contrat pour mentionner dans chacune de mes chroniques ce théâtre… Et dire que je paye mes places, même là-bas !)

 

DIEU EST UN DJ

Texte de Falk Richter (traduction Anne Monfort)

Mise en scène de Fabrice Murgia

avec Raphaëlle Bruneau, Vincent Hennebicq, Laura Sépul

présenté notamment au Théâtre National Wallonie-Bruxelles en 2011…

(à voir ici, ainsi que les autres spectacles de Fabrice Murgia : https://www.artara.be/streaming/)

 

(une autre histoire)

J’ai une télévision connectée, mais la vidéo de la pièce ne veut pas se lancer. Je n’ai pas le câble approprié pour brancher l’ordinateur à mon grand écran. Je me résous à regarder la pièce sur le petit écran de mon ordinateur.

Je la regarde sur ma chaise ou dans mon canapé ? Sur mon canapé. Mais avant, j’enlève mon pyjama. Je vais le regarder tout nu. Mon rêve, assister à un spectacle à oilpé. Non, c’est faux. Pis, j’ai baissé le chauffage, faut bien faire des économies quelque part, rester toute la journée chez soi engendre des frais et ce n’est pas mon minstre de tutelle qui va me rembourser… (pas de politique, pas de politique, désolé). Me voilà habillé de façon sobre et confortable, en survêt. J’ai toujours rêvé assister à un spectacle en jogging. Merci Covid-19 !

Mais je ne mettrai pas mes pieds sur le canap’… Bon, je vais tout de même enlever mes baskets. (je ressens déjà les courbatures de mon premier entraînement dans ma cuisine, seul endroit où je peux sauter sans faire trembler tout l’immeuble… j’espère que ce sont bien des courbatures causées par l’entraînement et pas par le… (quinte de toux) Je sais enfin faire le machin chose que font tous les sportifs, la bouche dans le coude, l’autre bras levé… fin de la parenthèse).

J’ai soif, je pourrais faire comme cette fois où je suis allé voir Moeder par Peeping Tom au Barbican de Londres (tu te souviens, Camelia Burows ?). En fait, non, je n’avais pas osé, mais les spectateurs pouvaient prendre leur verre de vin ou leur pinte de bière dans la salle. Voilà, j’ai toujours rêvé faire ça, boire ma pinte de Cagole (bière supposément marseillaise et très légère… comme une Cagole) dans un théâtre.

La pièce commence.

Mince, j’ai oublié d’éteindre mon téléphone. Mince, j’ai encore reçu un courriel. Mince, c’est 20h, j’ai mon voisin de l’immeuble d’à côté que j’entends mais que je ne vois jamais qui applaudit à sa fenêtre. Et si je passais la tête par ma fenêtre pour voir à quoi il ressemble ? Le gars qui chante du Aznavour, que j’entends parfois ronfler… Je vais prendre un miroir, comme ça, il ne me verra pas.

Je devais regarder quelque chose sur mon ordinateur, mais je ne me souviens plus très bien…

 

Vu le samedi 21 mars 2020 à la maison

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Le Théâtre et son Double (Antonin Artaud / Gwenaël Morin / Nanterre Amandiers)

(de quoi ça parle en vrai)

« Après ses relectures de grands classiques (Molière, Shakespeare, Sophocle, Racine…), Gwenaël Morin s’empare du Théâtre et son double d’Antonin Artaud en se donnant comme point de départ le manifeste du « théâtre de la cruauté ». Sous une immense bulle blanche dans laquelle sont installés comédiens et spectateurs, le metteur en scène interroge son expérience à la lumière des théories d’Artaud jusqu’à détruire son propre travail, à la recherche d’un autre théâtre sous les ruines… » (source : ici)

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Photo de couverture : Martin Argyroglo – Photo ci-dessus : Richard Sammut

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Gwenaël Morin apparait parmi nous et tente de se frayer un chemin en portant un livre factice, aussi grand que lui, « Le Théâtre et son double » d’Antonin Artaud, qu’il posera ensuite à terre, tel le monolithe de « 2001 l’Odyssée de l’Espace ».

Avant d’aller plus en avant dans cette chronique, je me dois de signaler que nous ne sommes pas dans une salle de spectacles ordinaire. Après le discours du personnel du théâtre dans le hall, les spectateurs sont invités à sortir du théâtre et de suivre le mouvement, telle une procession en direction d’un lieu saint. Nous pénétrons alors dans une bulle blanche (l’oeuvre du maître des lieux, Philippe Quesne). Ici aucun siège, nous pouvons rester debout ou nous asseoir par terre. On prend une petite photo, on lève les yeux au ciel, un grand lustre et cette toile blanche encore immaculée (c’est la première) seront les seuls décors de cet essai.

Pour vous dire la vérité, je n’ai jamais lu Antonin Artaud. Je connaissais son regard, son visage, son tempérament, son lien avec la psychiatrie, mais je n’avais jamais eu le courage de lire ses mots. Les comédiens présents sur le plateau sont bien courageux de se coltiner les mots du Mômo. (le terme « se coltiner » est peut-être mal choisi, mais je n’en vois pas d’autre, tellement certains passages sont d’apparence incompréhensibles (dits par Lucie Brunet) ou impressionnants de force (dits dès l’ouverture par Richard Sammut).

Avec Gwenaël Morin, on ne sait trop sur quel pied danser, comme si de toute évidence, il était impossible d’adapter « Le Théâtre et son double » (d’ailleurs est-ce qu’on l’adapte ?). Le metteur en scène prend le parti pris d’un work in progress, dans lequel il prend également part, en intimant aux comédiens tel mouvement ou telle approche en direct. Ainsi, il n’hésitera pas à recommencer une certaine scène dans la dernière partie du (court) spectacle à cause de la soufflerie du lieu. Car Gwenaël Morin n’oublie pas où il est : tantôt lieu quasi religieux dans lequel on se recueille pour écouter sagement la parole d’Artaud (d’ailleurs, on ne tardera pas à se lever comme à la messe, à frapper dans ses mains comme pour un Gospel… ). Les comédiens ne tarderont pas à invoquer l’esprit d’Anton15 (oui, parce que les Marseillais, donc moi, on dit Antonin avec un « in » à la fin, et pas « un », or ici, c’était la blague d’Antonin dit AntonUn, vous me suivez ?) (parenthèses beaucoup trop longues, ça faisait longtemps) Où en étais-je ? Tantôt théâtre en chantier (qui ressemble à une ruine, comme le fait remarquer Manu Laskar). Gwenaël Morin sait qu’il a un spectacle à mener, d’Antonin Artaud qui plus est, dans un lieu qui connaitra des bouleversements et dont nous ne connaissons pas encore l’issue (je vous invite à consulter ce lien qui vous explique tout : ici).

Les comédiens font vivre littéralement cette grande bulle blanche. (j’avais noté cette phrase, je n’ai pas su où la placer, donc la voici, comme un cheveu sur la soupe – surtout que je me refuse de dire comment ils font, donc cela n’a aucun intérêt, vous pouvez l’effacer de votre mémoire)

Le Théâtre et son double est un objet atypique (forcément), qui manquerait peut-être de folie (mais c’était la première et c’est une création – la tension était palpable) mais qui fait encore des échos dedans ma tête. Une expérience intense qui désoriente, amuse  et étonne. La prochaine fois, je lirai Artaud et le programme de salle avant de voir le spectacle, promis.

 

LE THÉÂTRE ET SON DOUBLE

Conception et mise en scène Gwenaël Morin

Texte « Le Théâtre et son double », Antonin Artaud, Éditions Gallimard, 1938

Scénographie Philippe Quesne – Dramaturgie Camille Louis – Stagiaire Kay Zevallos-Villegas

Distribution Lucie Brunet, Lucile Delzenne, François Gorrissen, Manu Laskar, Nicolas Le Bricquir, Nicole Mersey-Ortega, Richard Sammut

Jusqu’au 28 mars 2020 à Nanterre Amandiers

 

(une autre histoire)

Antonin Artaud est né à Marseille. (comme moi. J’ai même passé mon bac au lycée portant son nom)

« La poésie, la mise en scène, la drogue, les pèlerinages, le dessin et la radio, chacune de ces activités a été un outil entre ses mains, « un moyen pour atteindre un peu de la réalité qui le fuit » (Une fois, j’ai écrit un poème, c’était pour ma bien aimée. J’attends toujours sa réponse. Une fois, j’ai mis en scène une pièce que j’ai écrite. Depuis je n’ai plus jamais mis en scène de pièces. Une fois, j’ai essayé la drogue. La drogue de l’amour bien sûr ! Et aussi un peu de crack à Stalingrad, de la coke, des amphét’ et de l’opium, mais seulement le dimanche et les jours fériés et entre midi et deux les jours de semaine. Une fois, j’ai fait un pèlerinage dans un monastère à Ganagobie. Je n’ai pas envie de faire de l’humour là-dessus, le nom Ganagobie suffit à lui-même. Une fois, j’ai fait du dessin. Ma maîtresse me dit alors qu’heureusement j’excellais en orthographe. Le mois prochain, je vais (normalement) animer une émission de radio, cela fait deux mois que j’écris mon introduction.)

Antonin Artaud était atteint d’un cancer du rectum. (non non… je ne dirai rien là-dessus non plus)

(merci Wikipedia)

 

Vu le mardi 10 mars 2020 à Nanterre Amandiers

Prix de ma place : 10€ (Carte Nanterre Amandiers)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Printemps Vingt Vingt

Autant dire que, vu ce qu’il se passe dehors, je ne sais pas si nous pourrons voir tous ces spectacles, mais on fera tout pour… D’ailleurs, pourquoi m’embêter, je pourrais très bien faire une liste des spectacles que je n’irai de toute façon pas voir. Au hasard : Isabelle Huppert dans la Ménagerie de Verre (je deviens allergique) ? Ou tenter de deviner lesquels j’ai prévu de voir mais que je ne verrai finalement pas (à cause d’une répétition impromptue, un rendez-vous galant, un boycott des Bouffes du Nord après la déprogrammation du phénoménal spectacle de Phia Ménard au profit de Kanye West…)

 

 

1/ MAPS (les 3 et 4 mars) / STEREO (les 6 et 7 mars) de Liz Santoro et Pierre Godard au Théâtre de la Bastille 

Ou le retour des deux chorégraphes au Théâtre de la Bastille, après For Claude Shannon qui ne m’avait pas vraiment convaincu, mais je veux bien leur redonner deux chances. Pis, c’est comme pas si je pouvais faire autrement, puisque c’est inclus dans mon pass intégrale… (à l’heure où j’écris cette chronique, j’ai déjà vu Maps et, pour en faire une micro-critique, je n’adhère pas aux parti-pris du duo)

2/ LABOURER de Madeleine Fournier au Théâtre de la Bastille (du 3 au 6 mars)

Qui êtes-vous, Madeleine ? (pas certain que j’irai voir une autre de ses oeuvres, au regard de ce que j’ai ressenti lors de la représentation… j’en dis trop et pas assez, je le sais)

3/ LE THÉÂTRE ET SON DOUBLE de Gwenaël Morin à Nanterre Amandiers (du 10 au 28 mars)

Ce metteur en scène m’avait enchanté avec ses Molière d’Antoine Vitez, vus au Théâtre du Peuple à Bussang il y a presque deux ans – d’ailleurs, j’y retournerai cet été pour, sûrement, un des derniers articles du blog. Cela sera l’occasion de me confronter à l’écriture d’Antonin Artaud (avec qui je partage au moins deux points communs : le lieu de naissance et le lycée du même nom où j’ai passé mon baccalauréat).

 

 

4/ ILLUSIONS PERDUES de Pauline Bayle au Théâtre de la Bastille (du 11 mars au 10 avril)

Ma connaissance en l’oeuvre de Balzac est proche de zéro, mais je fais confiance en Pauline Bayle, elle qui m’avait enchanté (j’ai oublié mon dictionnaire des synonymes) avec son adaptation d’Iliade et Odyssée.

5/ NORMALITO de Pauline Sales au Carreau du Temple (du 13 au 15 mars)

L’autrice Pauline Sales + une commande de Fabrice Melquiot + un soupçon d’Anthony Poupard (que je reverrai cet été à Bussang…)

6/ FURIA de Lia Rodrigues au Théâtre de Gennevilliers (les 14 et 15 mars)

Je l’avais raté l’an passé à Chaillot, je tente la ligne 13 cette année pour aller jusqu’à Gennevilliers, tellement son Pindorama m’avait fasciné.

7/ LES SEPT PÉCHÉS CAPITAUX de Pina Bausch au Théâtre du Châtelet (du 24 au 29 mars) / LE SACRE DU PRINTEMPS de Pina Bausch au 13e Art (du 1e au 21 juin)

L’an passé, j’avais également raté les deux nouvelles créations de la compagnie. On ne m’y reprendra pas. Un jour j’irai à Wuppertal (j’y suis déjà allé) voir un spectacle de Pina Bausch.

 

 

8/ COCOROSIE au Trianon (le 3 avril)

Autant vous dire que je n’ai pas réécouté les soeurs Cassady depuis 2007 et leur album The Adventures of Ghosthorse & Stillborn et que j’espère retrouver dans ce concert mes vingt-neuf ans… Oui, j’en suis là, RENDEZ-MOI MA JEUNESSE ! (comme disait Roland Barthes : « Je n’ai pas une nostalgie mais des nostalgies. » #dropthemic)

9/ REVISOR de Crystal Pite & Jonathon Young à la Villette (du 1e au 4 avril)

Je suis un mouton de Panurge : on me dit d’aller voir un spectacle de Crystal Pite, donc je vais voir un spectacle de Crystal Pite.

10/ LA BRÈCHE de Tommy Milliot au Théâtre Joliette Minoterie (Marseille) (du 8 au 10 avril)

Je serai à Marseille pendant les vacances de Pâques et comme je n’ai rien d’autre à faire, j’irai aussi au théâtre. J’avais le choix entre un spectacle à l’Espace Kev Adams (véridique) ou celui-là.

11/ LE SILENCE ET LA PEUR de David Geselson au Théâtre de la Bastille (du 20 au 29 avril)

Oui… encore une pièce autour de Nina Simone. Mais comme c’est le très occupé David Geselson qui est aux manettes, je ne peux rien lui reprocher.

 

 

12/ VACANCES VACANCE d’Ondine Cloez au Théâtre de la Bastille (du 21 au 25 avril)

Mystères mystère…

13/ DANS LE NOM de Tiphaine Raffier aux Ateliers Berthier (du 22 avril au 7 mai)

Précédemment comédienne chez Julien Gosselin, sa pièce à elle, France Fantôme, m’avait grave impressionné (oui, je parle comme ça aussi) (en reprise au même endroit du 14 au 28 mai). Parviendra-t-elle à confirmer l’essai ? Nous le saurons prochainement…

14/ JAMAIS LABOUR N’EST TROP PROFOND par Thomas Scimeca, Anne-Elodie Sorlin et Maxence Tual à Nanterre Amandiers (du 23 au 30 avril) / TOUT LE MONDE NE PEUT PAS ÊTRE ORPHELIN par les Chiens de Navarre aux Bouffes du Nord (du 2 au 14 juin)

Des anciens Chiens de Navarre, les nouveaux Chiens de Navarre… Curieux de voir mon premier, sans la patte Jean-Christophe Meurisse, craintif d’être lassé pour mon deuxième.

 

 

15/ BILLION DOLLAR BABY à la Nouvelle Seine (du 1e avril au 28 mai)

Après Thomas Scimeca, une autre Marseillaise sur scène : Audrey Vernon, dont j’ai vu les trois précédents spectacles (pertinents et drôles : Comment épouser un milliardaire ? Chagrin d’Amour et Marx et Jenny)

16/ UNE CÉRÉMONIE par le Raoul Collectif au Théâtre National Wallonie Bruxelles (du 28 avril au 14 mai)

Normalement, je devrais à nouveau me rendre en mai prochain à Bruxelles pour voir ce nouveau spectacle du génial collectif belge, en avant-première avant son passage au Festival d’Avignon cet été et en 20/21 au Théâtre de la Bastille. Je vous raconterai…

17/ PHÈDRE ! (du 4 mai au 6 juin) / RÉCITAL / CHORALE / LES POTIERS (DU 14 au 16 mai) par le Collectif Gremaud / Gurtner / Bovay au Théâtre de la Bastille

Pas d’Occupation Bastille cette année, mais des Suisses en force avec ces quatre spectacles, sûrement drôles et intelligents. (j’avais adoré la Conférence de Choses, moins Pièce)

 

 

18/ ITALIENNE, SCÈNE ET ORCHESTRE de Jean-François Sivadier à la MC 93 (du 28 mai au 6 juin puis du 19 juin au 5 juillet)

Pièce culte avec Nicolas Bouchaud

19/ POQUELIN II par le tg STAN aux Nuits de Fourvière (du 4 au 7 juillet)

Je ne sais pas encore si cette pièce sera jouée la saison prochaine au Théâtre de la Bastille ou pendant le Festival d’Automne, mais j’aurais très envie de découvrir les Nuits de Fourvière par l’intermédiaire de mon collectif flamand préféré.

20/ LES INFILTRÉ.E.S saison 3 au Théâtre de la Bastille (les 18 et 19 juin)

On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Un des projets théâtraux auxquels je participe reprend du service (et moi aussi par la même occasion, moi qui, à la même époque l’an passé, clamait que ça serait ma dernière saison)

 

QUAND IL N’Y EN A PLUS, IL Y EN A ENCORE…

À part ça, j’aurais pu aussi citer les spectacles en continuation ou en reprise, que j’ai déjà vus (et appréciés), comme : Hedda qui est toujours à l’affiche du Théâtre de Belleville jusqu’au 29 mars – le grand retour de Jean-Baptiste Thierrée et Victoria Chaplin avec leur Cirque Invisible (au Théâtre du Rond Point du 3 mars au 5 avril) – Maîtres Anciens – Comédie avec Nicolas Bouchaud (au Théâtre de la Bastille du 10 mars au 3 avril) – la reprise à la Comédie Française du génial Comme une pierre qui… de Marie Rémond (du 15 avril au 24 mai), ou comment Bob Dylan enregistra la chanson « Like a rolling stone » – ainsi que Hercule à la plage de Fabrice Melquiot que j’avais beaucoup apprécié l’été dernier (à l’Espace Cardin du 24 avril au 3 mai) – sans oublier le retour du tg STAN, pas à Bastille mais au Théâtre 14 avec la reprise de Après la répétition (une pièce chère à mon coeur) avec Georgia Scalliet d’après Bergman (du 28 au 30 mai)…

Mais également des spectacles qu’il me sera difficile de voir pour des raisons techniques (imaginez tout ce que vous souhaitez) : la reprise de Trans (mes enlla) par Didier Ruiz, que je raterai à nouveau (à la Maison des Métallos du 19 au 21 mars) – la lecture de la pièce Fanny écrite par Rebecca Deraspe, une autrice québécoise à suivre (à la MC93 – Hors les murs du Théâtre Ouvert, le 22 mars) – La 7e vie de Patti Smith  (tout est dans le titre) de Benoît Bradel avec Marie-Sophie Ferdane (au Théâtre 14, du 24 mars au 7 avril) –  Le dernier jour du jeûne par Simon Abkarian au Théâtre de Paris (du 3 avril au 4 juin) – un des derniers concerts de Léopoldine HH pour cette tournée « Blumen in Kopf » (le 20 avril à la Manufacture Chanson) – la création de Du côté de Guermantes d’après l’oeuvre de Proust et mis en scène par Christophe Honoré (à la Comédie Française du 23 avril au 7 juin mais c’est déjà malheureusement complet…) Andando Lorca 1936 (aux Bouffes du Nord du 28 avril au 10 mai), ne serait-ce que pour les comédiennes Estelle Meyer, Johanna Nizard, Zita Hanrot, Audrey Bonnet… – le festival Mises en Capsules (du 18 mai au 6 juin) au Théâtre Lepic, qui vient d’annoncer sa nouvelle programmation (avec notamment une pièce écrite par une ancienne camarade que je connais depuis le CP…) – Les secrets d’un gainage efficace par les Filles de Simone, que j’avais raté l’été dernier (au Théâtre Paris Villette du 20 mai au 6 juin) – This is how you will disappear de Gisèle Vienne, qui m’intrigue toujours autant, après Jerk ou Crowd (au Théâtre du Châtelet du 27 au 31 mai).

J’ai employé le mot Bastille quinze fois, je ferai mieux la prochaine fois. Bonne nuit !

Contes Immoraux – Partie 1 : Maison-Mère (Phia Ménard / Cie Non Nova / Bouffes du Nord)

(de quoi ça parle en vrai)

« Une feuille de carton géante, quelques mètres de ruban adhésif, des piques et un corps. D’un geste sans hésitation comme on mènerait le combat à mort ! Ici pas de sang mais la sueur d’une tension entre une architecture titanesque et la bâtisseuse. Etaler, tracer, couper, assembler, poser, puis recommencer encore jusqu’à l’équation parfaite. Qui est-elle ? Une mortelle ou un mythe ? Une réfugiée d’un temps proche, celle qui reconstruira malgré les intempéries et les déluges mythiques ? Tout se joue à l’instant et l’erreur guette… » (source : ici)

 

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Crédits photo : Jean-Luc Beaujault

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Ceci, rappelons-le, est une performance.

Jouons-la d’abord basique : c’est l’histoire de la construction d’une maison de type Acropole, ça prend 1h15 et elle est détruite en 15 minutes.

Jouons-la plus finement : Nous assistons au montage laborieux d’une maison en carton, aux dimensions assez impressionnantes. Le personnage interprété par Phia Ménard retire les pièces inutiles, plie, monte, scotche avec du scotch pas totalement résistant, fait le tour de son chantier une fois, deux fois… On n’oublie pas que c’est une performance. Quand on ne voit plus Phia Ménard (parce qu’on est placé du mauvais côté de la scène), on observe les spectateurs, hypnotisés, agacés, amusés, comme nous en fait (comme moi, quoi).

Puis, sans crier gare, on reste fasciné, scotché (petit jeu de mots des familles pour qui a vu le spectacle, car un stock assez conséquent de scotch est utilisé pour solidifier la maison). La performeuse tente de mettre la maison debout. Il lui faudra plusieurs tentatives. Si on m’observe à mon tour, je suis assez ridicule, je trouve, car très expressif : mes yeux, ma bouche, grands ouverts, de peur que tout s’effondre, que Phia Ménard ne parvienne pas à mener à son terme son effort. On tremble pour elle. Et elle joue de ça. On l’entend soupirer voire rugir, on l’entendrait presque transpirer (les sons sont captés, décalés, modifiés). On voit sur son visage l’impatience, l’agacement, voire la frustration mais aussi la persévérance. Et pourtant – séquence divulgâchage – la maison tiendra debout.

Des gouttes d’eau tombent alors sur la bâtisse en carton. Phia Ménard s’assoit. La pluie tombe sur la scène du théâtre de plus en plus fort. L’artiste regarde son oeuvre se détruire. Nous assistons à cette chute, rapide et implacable, impuissants. Et nous laissons faire… Tu la devines l’allégorie ? Le théâtre est envahi de fumée, nous distinguons à peine la silhouette de Phia Ménard. Fin.

Même si j’ai passé ma non-critique à décrire au final la performance, il en reste que ce qu’on ressent est assez indescriptible. Il faut se laisser porter par le travail de Phia Ménard et il est certain que vous vous en souviendrez très longtemps, tellement ce spectacle est phénoménal…

 

CONTES IMMORAUX – PARTIE 1 : MAISON MÈRE

Une performance de la Compagnie Non Nova

Ecriture et mise en scène Phia Ménard et Jean-Luc Beaujault

Scénographie et Interprétation Phia Ménard

Composition sonore et régie son Ivan Roussel – Régie plateau Pierre Blanchet et Rodolphe Thibaud – Costumes et accessoires Fabrice Ilia Leroy

Jusqu’au 1e mars 2020 aux Bouffes du Nord (Paris) puis à Chambéry, Brest, Gradignan…

 

(une autre histoire)

Elle est assise en fond de scène et nous, spectateurs, arrivons dans la salle.

« Et c’est parti pour le show… J’ai oublié un truc… le ruban adhésif, ok, ma tronçonneuse, ok… elle est rechargée ? Merde, je ne sais plus si j’ai changé la batterie ! (…) Et vas-y qu’on me prend en photo, qu’on la met sur Instagram « En attendant que Phia Ménard… bla bla bla… » (…) Mais quelle idée de venir avec un enfant de 8 ans ? Au premier rang en plus… Il va se balader, jouer avec la boule de scotch que j’aurai jetée, ne pas obéir à sa mère… Je déteste les enfants. (…) Y a l’ouvreur qui marche dans mon espace de jeu, j’aime pas ça. Et ce spectateur qui va s’embrocher dans le micro : « Mais regarde où tu mets tes pieds, putain ! » (…) Alors ? Combien de personnes vont sortir avant la fin ce soir ? (…) Oh toi, tu te mets au premier rang… j’espère que tu as prévu ton ciré et tes bottes de pluie ! » (…) J’ai oublié mon texte, putain, qu’est-ce que je dois dire ? Aaaaah, mais je suis conne… c’est vrai… je n’ai pas de texte ! Je suis maline quand même ! »

 

Vu le lundi 24 février 2020 aux Bouffes du Nord (Paris)

Prix de ma place : 26€ (promo carte Nanterre Amandiers)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

La Vallée de l’Étrange (Rimini Protokoll / Centre Culturel Suisse)

(de quoi ça parle en vrai)

« Lorsqu’elle est trop grande, la ressemblance entre robot et humain éveille la méfiance. Elle met en doute la limite qui distingue encore l’individu de la machine et, ainsi, les certitudes qui définissaient jusque-là notre humanité. Cette zone, que le professeur de robotique japonais Masahiro Mori a qualifiée de « vallée de l’étrange » (uncanny valley), constitue le point de départ de la pièce. Le robot androïde prend la place de l’auteur, s’adresse au public et soulève de très troublantes questions à travers sa propre histoire et celle d’Alan Turing, père de l’intelligence artificielle. Et nous, spectateur.trice.s, à quoi assistons-nous? Et finalement, qu’est-ce qui fait de nous des humains? » (source : ici)

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Photo de couverture : Gabriela Neeb – Photo ci-dessus : Axel Ito

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Deuxième rang, côté cour. L’écrivain Thomas Melle est déjà sur scène, bien installé dans son fauteuil. Lumières. Il est bizarre, Thomas Melle. Peut-être parce que ce n’est pas tout à fait l’écrivain allemand mais un robot. Avec des fils qui lui sortent de derrière la tête. On se demande d’abord si c’est un vrai robot, si la sueur dans son cou est factice. Si un acteur est maquillé comme un robot qui représente lui-même un humain, mais non.

Le robot nous parle. Et nous l’écoutons. Peut-être parce que nous sommes conditionnés comme spectateurs à le faire sans rechigner (ou presque). On voit les coutures, on devine que le budget consacré à l’animatronique n’était pas illimité, alors qu’aujourd’hui des robots humanoïdes peuvent être bien plus réalistes (oh le bruit de fond de la machine). Et pourtant, comme dans un spectacle avec des acteurs qui font semblant, on est tout de même dedans. Certes, les comédien-nes ont encore de beaux jours devant eux et d’ailleurs, à mon humble avis, le Rimini Protokoll n’a pas tenté de prouver qu’ils étaient déjà remplaçables (la voix de l’écrivain-robot allemand est même doublée). L’objet de la pièce est tout autre.

L’humain doit prouver qu’il n’est pas un robot (CAPTCHA, ça te dit quelque chose ?). L’humain ne peut plus vivre sans une aide artificielle. L’humain. Le robot. Le robot. L’humain.

Il me plait à repenser à ce film de Harold Ramis « Multiplicity » dans lequel Michael Keaton laissait ses clones travailler, passer la tondeuse, aller chercher les enfants…

« Si je pouvais fonctionner grâce à la technologie, est-ce que je perdrais mon humanité ? »

Je pense tout haut. Parfois, j’aimerais être comme cet homme, doté d’un appareil auditif, directement relié à son cerveau, et qui l’éteint quand bon il lui semble. Pour mieux dormir. Pour moins subir.

La force de ce spectacle est qu’il est finalement plus passionnant après que pendant, par toutes les interrogations qu’il suscite.

C’est un robot qui a écrit ces quelques phrases, d’après tout ce que j’ai déjà écrit. Merci à lui.

 

LA VALLÉE DE L’ÉTRANGE (Uncanny Valley)

Conception, réalisation, mise en scène : Stefan Kaegi 

Conception, corps, voix : Thomas Melle 

Dramaturgie : Martin Valdés-Stauber – Production animatro-nique : Chiscreatures Filmeffects GmbH – Production et finition de la tête en silicone : Tommy Opatz – Vidéo : Mikko Gaestel – Lumières : Robert Läßig, Martin Schwemin, Lisa Eßwein – Son, design vidéo : Jaromir Zezula, Nikolas Neecke – Équipement : Evi Bauer

du 5 au 8 février 2020 à la Villette (Paris), puis à Besançon

 

(une autre histoire)

L’été dernier, j’ai croisé une ancienne connaissance qui fait du théâtre, qui écrit aussi pour le théâtre mais qui ne connaissait pas le travail de Tiago Rodrigues. Cela me paraissait inconcevable d’aimer le théâtre et de ne pas s’intéresser à un des metteurs en scène européens les plus en vue (bon, Tiago n’est pas Ivo (Van Hove) ou Thomas (Ostermeier), mais quand même).

Ce soir, devant le Centre Culturel Suisse, après la représentation, je salue un comédien et metteur en scène, qui dirige des ateliers amateurs avec d’autres membres de sa compagnie (j’avais suivi un de ces ateliers, mais pas le sien durant deux ans). Il me donne son avis sur ce qu’on vient de voir (il souligne le côté anecdotique de l’entreprise (« Le robot a quand même des ratés… On voit que c’est fake ») Je lui parle de la similitude des sujets avec « Contes et légendes » de Joël Pommerat, mais avec des vrais acteurs qui font des robots plus vrais que nature. Il répond :

– Contes et légendes de quoi, de qui ?

– Contes et légendes tout court, de Pommerat.

– Ah bon, il fait une nouvelle pièce ? Je n’ai vu que Cendrillon. J’aime ce qu’il écrit, on s’en sert beaucoup pour nos ateliers.

– Je me souviens, j’avais vu ton adaptation de la Réunification des Deux Corées il y a deux ans.

Au risque de paraitre terriblement snob, j’ai en face de moi un gars qui s’enorgueillit de monter des textes de Pommerat dans son atelier, qui n’a vu qu’une seule de ses pièces et qui ne sait même pas qu’un de mes metteurs en scène préférés est de retour sur les planches avec sa nouvelle création. Je ne comprends pas.

 

Vu le samedi 1e février 2020 au Centre Culturel Suisse (Paris) dans le cadre de la Biennale Némo

Prix de ma place : 5€ (tarif adhérent Festival d’Automne)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Contes et Légendes (Joël Pommerat / Nanterre Amandiers)

(de quoi ça parle en vrai)

« Contes et Légendes est une fiction documentaire d’anticipation sur la construction de soi à l’adolescence et le mythe de la créature artificielle. Joël Pommerat met en scène un monde légèrement futuriste dans lequel humains et robots sociaux cohabiteraient. A travers une constellation d’instants sensibles et drôles, Contes et Légendes donne à éprouver les ambiguïtés de ces différents modes d’existence et de vérité. » (source : ici)

Cie Louis et BrouillardScène Nationale de la Rochelle
" Contes et Légendes " Création de Joël Pommerat
Crédits photos : Elizabeth Carecchio

(ceci n’est pas une critique, mais…)

L’attente était forte. Joël Pommerat est un de mes metteurs en scène préférés (une petite dizaine de ses mises en scène déjà vues) et sa dernière création « Ça ira – Fin de Louis I » date déjà de l’automne 2015. L’artiste est connu pour son perfectionnisme (il avait refusé de présenter « Ça ira… » dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes lors du Festival d’Avignon 2015 car il n’était pas prêt) et force est de constater (je ne sais pas pourquoi, j’aime cette cette expression) que tout vient à point à qui sait attendre.

« Contes et légendes » est absolument sublime.

C’est comme si on remettait nos charentaises bien confortables. On retrouve les lumières d’Eric Soyer et surtout ces changements de décors parfaits et invisibles dans le noir – même si on joue avec ce cliché du théâtre de Pommerat en bougeant les meubles pendant une fin de scène ou un fondu au noir. Même si les comédien-nes sont totalement inconnu-es, on ne peut qu’être, à nouveau, impressionné par la direction d’acteurs. Il y a un niveau de jeu exceptionnel.

La pièce (d’anticipation) est une succession, comme c’est souvent le cas chez Pommerat, de scènes qui n’ont pas forcément un lien narratif entre elles. On y voit des personnages humains, le plus souvent des adolescent-es, et des humanoïdes du même âge. Certains pensent à l’univers de la série Black Mirror, je penserais plutôt à la série scandinave Real Humans, ne serait-ce que pour la représentation de ces robots plus vrais que nature.

Difficile d’en dire plus sans déflorer un des secrets de fabrication de la pièce, mais je vous conseille néanmoins de vous placer le plus près possible de la scène (aucun danger, je vous rassure) pour apprécier le jeu des actrices et des acteurs.

J’aurais aimé être une petite souris et observer tout le travail de recherche, de répétition pour ce spectacle. La langue est vivace, le jeu est dynamique, réaliste (même si, on l’aura compris, Pommerat aime jouer avec le réel). Et surtout la pièce aborde avec brio des thèmes tels le genre, le rapport à la masculinité, les relations (assez effrayantes, tant elles me paraissent si proche de ce que l’on vit déjà) entre les enfants, entre les enfants et les adultes…

Joël Pommerat parvient encore une fois à nous surprendre, pour le meilleur. Et son « Contes et Légendes » fera partie des spectacles marquants de cette saison 19/20.

(un mois de janvier et j’aime tout ce que je vois… c’est pas normal…)

 

CONTES ET LÉGENDES

Une création théâtrale de Joël Pommerat

Avec Prescillia Amany Kouamé, Jean-Edouard Bodziak, Elsa Bouchain, Lena Dia, Angélique Flaugère, Lucie Grunstein, Lucie Guien, Marion Levesque, Angeline Pelandakis, Mélanie Prezelin

Scénographie et lumières Eric Soyer – Recherches / Création costumes Isabelle Deffin – Création perruques et maquillage Julie Poulain – Son François Leymarie, Philippe Perrin – Création musicale Antonin Leymarie – Dramaturgie Marion Boudier – Renfort dramaturgie Elodie Muselle – Assistante mise en scène Roxane Isnard

Jusqu’au 14 février 2020 à Nanterre Amandiers puis à Tours, Toulouse… Marseille… et de retour l’automne prochain aux Bouffes du Nord.

 

(une autre histoire)

– Pourquoi tu fais cette tête ?

– Je viens de voir quelqu’un que je ne pensais pas voir ici. Enfin… C’est normal de la voir ici vu que je l’avais rencontrée lors d’un stage théâtre. Ce qui n’est pas normal, c’est qu’en quinze ans de vie à Paris, c’est la première fois que je la croise dans un théâtre.

– C’est qui ?

– C’est… quelqu’un. Quelqu’un que j’ai connu lors d’un stage théâtre.

– Tu l’as déjà dit.

– Il y a… neuf, dix…vingt-quatre ans.

– Vous étiez jeunes !

– Ta gueule !

– Tu viens, on va rejoindre les autres dans la file.

– Non, je ne peux pas. Je la vois, elle est juste derrière eux.

– Tu pourrais la saluer.

– Impossible. Je m’évanouirais.

– Qu’est-ce qu’elle t’a fait ?

– Qu’est-ce que je lui ai fait, c’est plutôt ça la question.

– Il y a prescription, non ?

– Je crois qu’elle m’a vu. Ecoute, je ne vais pas y aller, tiens, je te donne ma place. Je vais me faufiler pour la pièce d’Hubert Colas. Je ne vais rien comprendre, mais c’est pas grave, j’ai du sommeil à rattraper.

– T’es con.

– Je sais. Depuis au moins vingt-quatre ans et ça n’a toujours pas changé.

– « Human after all »

 

Vu le vendredi 24 janvier 2020 à Nanterre Amandiers

Prix de ma place : 10€ (carte Nanterre Amandiers)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Hen (Johanny Bert / Le Mouffetard)

(de quoi ça parle en vrai)

« Hen (prononcer « heun ») est unique : on ne peut l’enfermer dans une catégorie. Son visage et son corps sont multiples : femme et homme, féminin et masculine, glamour et virile, crue et pudique. Venez découvrir son monde plein de sensualité au cours d’une soirée cabaret où se mêlent chansons, tableaux visuels et prises de parole. Hen danse et interprète quelques reprises mais surtout des morceaux écrits et composés à son attention, dans un style pop expérimental proche de celui de Björk. Deux musiciens, notamment au violoncelle et au vibraphone, l’accompagnent. Les mots, dans le sillage des textes de Brigitte Fontaine (de Prunella Rivière, Laurent Madiot, Pierre Notte et bien d’autres…) parlent d’amour et d’érotisme, du plaisir de désirer et du désir de partager le plaisir. Le metteur en scène et marionnettiste Johanny Bert fait revivre à sa manière l’atmosphère débridée et insolente des cabarets berlinois des années 1930. Empruntant aussi à la culture queer, il a imaginé un personnage extravagant qui affirme tranquillement sa liberté sexuelle et sa liberté d’être. » (source : ici)

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Crédits photos : Christophe Raynaud de Lage

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Auréolé de son succès au Théâtre du Train Bleu au dernier Off d’Avignon, Hen débarque  au Mouffetard, LE théâtre des arts de la marionnette. Toujours délicat de voir un spectacle dont on entend tellement parler.

Malgré cette crainte, on se laisse très rapidement emporté par la folie Hen. Accompagné-e par les émérites musiciens Ana Carla Maza (au violoncelle) et Cyrille Froger (aux percussions et autres beatbox…), Hen se métamorphose, se contorsionne, séduit, nous fait rire, réfléchir. La marionnette sait qu’elle est marionnette. Elle se permet même de présenter ses gardes du corps (ou manipulateurs) qui ne la lâchent pas d’une semelle : Anthony Diaz et Johanny Bert. C’est ce dernier qui a créé Hen. C’est lui qui lui prête (en direct) sa voix, une voix qui m’a beaucoup fait penser à celle d’un Pierre Lapointe (le plus sous-estimé des chanteurs populaires québécois, en France en tout cas).

Comme en son temps Gloria Gaynor, Hen aurait pu chanter « I am what I am », tellement son tour de chant respire l’acceptation de soi, la tolérance, sans oublier une bonne dose de crudité (comment oublier cette pratique du « vessielingus » ) et de franchise. Hen ose tout, même reprendre à sa sauce une chanson assez inattendue (et que j’ai en 45 tours…) (phrase assez frustrante, j’en conviens, puisque je ne donne pratiquement aucun indice… On se dit durant le premier couplet : « Mais je connais cette chanson… » puis aucun doute pendant le refrain)

Le spectacle est court, très jouissif et même touchant. Les chansons sont entraînantes et parfois même tubesques (à quand le disque ?).

On recommande très chaudement. (à priori, il y aura une longue tournée dans notre charmant pays la saison prochaine)

(pour information, « hen » est un pronom suédois non genré, beaucoup plus usité que notre « iel » encore décrié… ah oui, parce que dans le spectacle, on parle beaucoup du genre, je ne l’ai peut-être pas précisé)

 

HEN

Conception, mise en scène et voix : Johanny Bert

Manipulateurs de HEN : Johanny Bert, Anthony Diaz

Musiciens : Ana Carla Maza (violoncelle électro-acoustique), Cyrille Froger (percussionniste)

Auteurs compositeurs : Brigitte Fontaine, Marie Nimier, Prunella Rivière, Gwendoline Soublin, Laurent Madiot, Alexis Morel, Pierre Notte, Yumma Ornelle

Arrangements musicaux Lucrèce Sassella (voix) : Guillaume Bongiraud, Cyrille Froger

Collaboration mise en scène : Cécile Vitrant – Fabrication des marionnettes : Eduardo Felix – Travail vocal : Anne Fischer – Dramaturge : Olivia Burton – Création lumières : Johanny Bert, Gilles Richard – Régie générale et lumière : Gilles Richard – Création et régie son : Frédéric Dutertre, Simon Muller – Création costumes : Pétronille Salomé assistée de Lune Forestier, Solène Legrand, Marie Oudot, Carole Vigné – Assistante manipulation : Faustine Lancel – Construction décor : Fabrice Coudert assisté de Eui-Suk Cho

Jusqu’au 8 février 2020 au Théâtre Mouffetard (Paris), puis à Lempdes et Clamart…

 

(une autre histoire)

Comme dans une histoire de jouets, il me plait à imaginer que la marionnette, quand elle n’est pas manipulée, voire sodomisée (façon de parler) par son créateur, a sa vie propre, qu’elle ne reste pas inerte dans sa malle. Ça fait peur, un peu, quand on y pense.

Comme dans un épisode de la Quatrième Dimension, elle nous regarderait évoluer, sans elle.

Comme dans un film d’horreur, elle viendrait nous poignarder dans notre sommeil.

Non, en fait, je n’aime pas les marionnettes, pantins, poupées, poupons. Ça m’angoisse. Je ne suis jamais allé voir Guignol mais je m’entraîne à la ventriloquie. Je fais parler mes courgettes et mes poireaux.

Comme dans un film d’horreur, les yeux de mes pommes de terre deviendraient luminescents et les tomates se jetteraient sur moi pendant mon sommeil.

Non, en fait, je n’aime ni les légumes ni les fruits. J’aime tout ce qui est chimique.

Un instant, le blob sonne à ma porte.

 

Vu le samedi 25 janvier 2020 au Théâtre Mouffetard, Paris

Prix de ma place : invitation

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Hedda (Lena Paugam / Sigrid Carré Lecoindre / Théâtre de Belleville)

(de quoi ça parle en vrai)

« C’est une histoire d’amour comme il y en a tant, une histoire ordinaire qui se contorsionne et part à la dérive. De petites peurs en grandes humiliations, on raconte le récit d’Hedda, une de celles dont on dit qu’elles sont restées, malgré le premier coup et malgré ce qui a suivi. » (source : ici)

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Crédits photos : © Sylvain Bouttet

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Commençons par la fin. Ce silence après la dernière scène. Personne n’ose joindre ses mains et faire du bruit avec. C’est quelqu’un en régie qui lancera les applaudissements. Ce silence n’est pas le résultat d’une gêne, mais d’un profond respect et l’émotion suscités par ce que l’on vient de voir.

La langue fourche, la parole est parfois hésitante. On ne sait plus trop si c’est la comédienne ou le personnage, tellement elles se confondent. Malgré cela, elle(s) se relève(nt), presque à chaque fois. Parce qu’il en faut du courage pour mener cette histoire à son terme.

Ceci n’est pas un monologue à la première personne du singulier. Enfin… pas que. Lena Paugam est toujours Je, elle et il. A l’extérieur et à l’intérieur. Et même à l’extérieur, on la sent à l’intérieur, pour paraphraser le psychiatre Ronald Laing, cher à mon coeur. Et aidée par l’autrice Sigrid Carré Lecoindre, elle met bien en lumière cette réalité qui n’est pas si simple à saisir : l’amour, la violence, cette décision de rester.

(Il n’est pas simple de résumer en quelques phrases cette pièce et je suis loin d’être la personne la plus apte à écrire ce que cette pièce mérite… mes très fidèles lectrices et lecteurs savent.)

Saluons tout de même les subtiles créations lumières et sonore de, respectivement, Jennifer Montesantos et Lucas Lelièvre.

Hedda, une pièce poignante terriblement d’actualité.

 

HEDDA

Mise en scène et interprétation Lena Paugam

Dramaturgie Sigrid Carré Lecoindre, Lucas Lelièvre, Lena Paugam – Création sonore Lucas Lelièvre – Chorégraphie Bastien Lefèvre – Scénographie Juliette Azémar – Création Lumières Jennifer Montesantos

Jusqu’au 29 mars 2020 au Théâtre de Belleville (Paris), puis à Amiens, Dinan, Evry, Toulon…

 

(une autre histoire)

Tout se termine dans une baignoire. C’est faux, je ne divulgâche rien. Tout commence et tout se termine dans une baignoire. Moi même, je vis dans un 12m2 (c’est faux, pourquoi écris-je cela ? Parce que je suis un personnage, je ne suis pas moi) mais j’ai une baignoire. Je me lave, je bouffe, je regarde la télé, je dors dans cette baignoire. On peut même y entrer à deux. Je ne vous raconte pas ce qu’on peut y faire à deux.

« A ce qu’on est bien quand on est dans son bain, on fait des grosses bulles, on joue au sous-marin… »

Si je monte sur ma baignoire, je peux voir par la fenêtre le Sacré Cœur. Un morceau. Et le grutier qui me fait coucou, parce qu’un très grand immeuble est en train d’être construit et que bientôt je ne verrai plus le Sacré Cœur mais mes futurs voisins, qui n’auront pas de baignoire, eux, mais une douche italienne.

Tout ce que j’écris ici est totalement dérisoire, veuillez bien vouloir m’en excuser. J’ai oublié de remettre mon chauffe-eau en route. Parce que je suis légèrement radin et que j’économise aussi sur cela. A défaut d’eau chaude, je ne peux même pas noyer mon incapacité critique dans un bain chaud et parfumé. Qu’est-ce qu’on va faire de moi ?

 

Vu le dimanche 12 janvier 2020 au Théâtre de Belleville (Paris)

Prix de ma place : invitation

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Hamlet (Thibault Perrenoud / William Shakespeare / Théâtre de la Bastille)

(de quoi ça parle en vrai)

Après s’être attaqué à la langue de Molière avec Le Misanthrope en 2014, puis à celle de Tchekhov avec La Mouette en 2017, Thibault Perrenoud s’empare d’un mythe : Hamlet. Mais il revient à l’origine… Loin de nos représentations, Shakespeare jouait et écrivait au plateau, avec une bande de comédiens, dans la nécessité de divertir et de vivre. C’est cette joie populaire, mêlée à l’exigence du verbe, que Clément Camar-Mercier a traduite pour Thibault Perrenoud. Avec cette version inédite, le metteur en scène poursuit sa quête d’un théâtre de la vérité, de l’action et des sensations, intimement partagée avec l’assemblée. L’espace de jeu, défini par les spectateurs qui l’entourent, crée la résonance vivante de la pièce. Nous voici concernés par la fameuse question : mourir debout ou vivre à genoux ? Hamlet semble être cette question. Et Thibault Perrenoud sera Hamlet, pour mieux nous la poser. (source : ici)

 

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Crédits photos : © Gilles Le Mao

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Comme c’était déjà le cas pour « La Mouette », nous arrivons dans une salle du bas du Théâtre de la Bastille totalement reconfigurée. Hormis les places traditionnelles, nous sommes invités à prendre place en fond de scène ou même aux tables des invités (pourquoi ça tombe toujours sur moi ?). Parce que la compagnie Kobal’t sait aussi jouer de dos. C’est bête à dire, mais on ne peut que saluer l’investissement des comédiens dans cette nouvelle adaptation (et traduction) de la pièce de William Shakespeare. Même si on ne nous demande (pratiquement) pas de participer au spectacle, on est immergé dans cette tragique histoire du prince de Danemark (ça fait un peu train fantôme, parfois). Les adresses sont franches, les codes de jeu assumés. Ça joue juste.

Thibault Perrenoud et ses camarades n’ont pas cherché à réactualiser à tout prix, à la sauce moderne, cette pièce. Ils s’amusent toujours autant à jouer avec les différents degrés de lecture, le théâtre dans le théâtre dans le théâtre.

C’est ludique, dynamique et l’esprit (le spectre ?) du texte est totalement respecté, pourtant dépoussiéré et forcément rafraîchi.

Je suis le premier à dire que je n’aime pas revoir des classiques. A quoi bon revoir la vingt-cinquième version du Misanthrope (exemple évidemment pris au hasard) ? Et pourtant, on arrive encore à être surpris, emporté par une histoire que l’on connait presque par coeur.

La pièce, c’est Hamlet. Je ne l’avais pas encore mentionné. Hamlet.

 

HAMLET

Création collective d’après La Tragique Histoire d’Hamlet, prince de Danemark de William Shakespeare

Avec Mathieu Boisliveau, Pierre-Stefan Montagnier, Guillaume Motte, Aurore Paris et Thibault Perrenoud

Mise en scène Thibault Perrenoud

Collaboration artistique Mathieu Boisliveau – Traduction, adaptation et dramaturgie Clément Camar-Mercier – Lumières et régie générale Xavier Duthu – création Son Émile Wacquiez Scénographie Jean Perrenoud – Avec le regard de Guillaume Séverac-Schmitz – Production Kobal’t

Jusqu’au 6 février 2020 au Théâtre de la Bastille (Paris), puis à Nogent-sur-Marne, Châtenay-Malabry, Castelnaudary, Choisy-le-Roi…

(une autre histoire)

Mourir debout ou vivre à genoux…

Je ne sais pas pourquoi, ça me fait penser à quelque chose. La situation actuelle. Non, je ne vais pas en parler… Début janvier… La tension monte… Puisque je vous dis que je ne vais pas en parler. Je marche. J’ai parfois l’impression qu’on me suit. Je ne sais pas si c’est toute cette randonnée pédestre qui me rend parano. Par deux fois, je crois voir… Non, ce n’est pas elle. Je marche trop. C’est ça. J’ai des genoux fragiles. Les semelles de mes chaussures s’usent.

Mourir debout ou vivre à genoux…

J’en ai assez de marcher, c’est comme si j’avais un caillou dans ma chaussure, mais dès que je veux l’enlever, il n’y a rien. Je ne veux pas être esquiché dans un métro ou un tramway, je n’en peux plus de constater que je tombe toujours sur un vélib qui ne marche pas. Et quand je pense en trouver un qui fonctionne, une fois sur la selle, je me rends compte qu’il n’a qu’une seule pédale.

Mourir debout ou vivre à genoux…

C’est drôle quand même, quand on y pense. On marche… on marche… Comment s’appelle ce mouvement qui est actuellement au pouvoir, déjà ? L’ironie.

Mourir debout ou vivre à genoux…

Voilà, fais ton choix et assume.

 

Vu le vendredi 10 janvier 2020 au Théâtre de la Bastille, Paris

Prix de ma place : 13€ / mois (Pass Bastille)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

Deux mille dix-neuf

Deux mille dix-neuf. L’envie de faire le tour de ma décennie m’a quelque peu titillé, mais je sais parfois vous préserver et vous ai seulement concocté ce bilan de l’année. Un bilan qui récupère, qui recycle, c’est dans l’air du temps, puisque je me suis grandement inspiré (voire copié-collé) du bilan deux mille dix-huit, c’est dit, le voilà !

SPECTACLE VIVANT

Vous avez bien fait de voter pour moi, je tiens mes promesses. J’avais annoncé la réforme du système des retraites et… pardon, j’ai mélangé mes discours… J’avais annoncé que je verrais moins de spectacles en cette année 2019 et force est de constater que… J’ai fait ce que j’ai dit : Il y a trois ans, j’avais vu 71 spectacles. Il y a deux ans 101. L’an passé le nombre record de 139. Et cette année… roulement de tambours… 98 !

Je pense que ce nombre baissera encore en 2020 (de nombreux jours de grève vont passer par là… dans la fausse vie – big up à Pessoa, encore et toujours -, je suis enseignant), mais nous n’y sommes pas encore. Mon impression de l’année dernière s’est plus que confirmée : me voilà blasé de voir des spectacles. C’est triste. Est-ce que parce que je les choisis mal, que la qualité des pièces a baissé, je n’en sais rien, mais me voilà quelque peu blasé (je me répète encore et toujours) et aussi frustré de ne pas plus apprécier ce que je vois, à sa juste valeur.

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98 spectacles à Paris, Montreuil, Nanterre, Saint-Denis, Bobigny, Aubervilliers, Les Lilas mais aussi à Marseille, Avignon, Bruxelles et Québec, dans 54 lieux avec des artistes français, québécois, espagnols, néerlandais, belges, japonais, suisses, israëliens, irlandais, autrichiens, sud-africains, suédois, brésiliens, britanniques, allemands, italiens, chinois, portugais,… parfois (souvent) dans le texte. Du théâtre, des images, du son, de la musique, de la lecture augmentée, du langage de signes, des marionnettes, des artistes dans le public, des objets, du théâtre documentaire, de la danse, du cirque, du clown, du seul en scène, du one wo.man show, des écoles de théâtre, pas tant de gens tout nus que ça, des performances, du jeune public, des professionnels, des « amateurs » et même des pièces dans le privé…

Cette année, j’ai vu deux spectacles une 2e fois (« Lettres non-écrites » de David Geselson et « The Way she dies » par Tiago Rodrigues et tg STAN), mais aussi deux spectacles de Tiago Rodrigues (« The Way she dies » et « Please please please »), de Jan Fabre (oui… je sais… « The Generosity of Dorcas » et « Belgian Rules »), de Boris Charmatz (« 10 000 Gestes » et « Infini »), de Nathalie Béasse (« Happy Child » et « Roses »), deux fois avec Marlène Saldana (« Les Idoles » et « Purge baby purge »), Anouk Grinberg (« La Fin de l’Homme Rouge » et « Et pourquoi moi je dois parler comme toi »), Anna Bouguereau (« En réalités » et « Joie »), Morgane Peters (« Iphigénie à Splott » et « L’Enfant-Océan »), Elsa Granat (« Le Massacre du Printemps » et « Data Mossoul »), trois fois Edith Proust (dans les deux pièces précédemment citées et « Le Projet Georges ») et aucune pièce de Pina Bausch.

Par souci de transparence, je tiens à mentionner que j’ai bénéficié de 21 invitations  (dont 12 dans le cadre du Festival Off d’Avignon) en ma qualité de blogueur ou dans le cadre de mes contributions au Blog de Nestor (blog sur l’actualité culturelle montreuilloise au sens large du terme). (mes gains aux concours Sceneweb ou Télérama ne comptent pas…) J’ai donc (plus ou moins) payé 76 fois ma place…

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À part ça de grands souvenirs avec (dans le désordre) :

  • Les Idoles de Christophe Honoré (Marlène et Marina, always in my mind) – Odéon Théâtre de l’Europe, Paris
  • 10 000 Gestes de Boris Charmatz (euphorisant) – Nanterre Amandiers
  • Les Analphabètes (immersif et… Bergman) – TGP Saint-Denis
  • Saison Sèche (découverte de l’univers de Phia Ménard) – La Criée, Marseille
  • la transe Hymne Hymen de Nina Santès – Théâtre de la Bastille, Paris
  • Le Champ des possibles (étonnante Elise Noiraud) – Théâtre de la Reine Blanche, Paris
  • Laterna Magica (par le mésestimé Dorian Rossel et toujours Bergman) – 11 Gilgamesh Belleville, Avignon Off
  • Stallone (simple et bouleversant et Clotilde…) – CentQuatre, Paris
  • Le Massacre du Printemps (bouleversant à en pleurer) – Théâtre du Train Bleu, Avignon Off
  • Le Projet Georges (je ne vais pas en rajouter) – Lavoir Moderne Parisien

Et dans les (plus ou moins) bons souvenirs :

  • Retrouver le collectif L’Avantage du Doute dans « La Légende de Bornéo »
  • Aller au théâtre avec des amis, s’asseoir à différents endroits de la salle et constater à la sortie que nous pensons la même chose…
  • M’agacer de la non-amabilité de la personne à l’entrée de l’auditorium du Mucem à Marseille (sans nul doute une Parigote)…
  • L’Ami Marseillais qui commence à analyser « Le Massacre du printemps » d’Elsa Granat, à peine sortis de la salle et que j’arrête un peu sèchement (je le prie de m’excuser…), parce que j’avais besoin de reprendre mes esprits (et d’arrêter de pleurer aussi)
  • Les trois pièces que j’ai quittées à l’entracte… (Architecture / JR / Les 1001 Nuits)
  • Mon courage d’être resté (mais c’était compliqué de faire autrement) pour « La Maison de Thé ».
  • Entendre toutes les belles choses autour de « An Irish Story » de Kelly Rivière et, non sans prétention, dire que je l’avais vu durant l’été 2018 dans le Off d’Avignon et qu’on n’était pas plus de 20 spectateurs dans la salle…
  • Rencontrer Edith Proust deux jours après avoir vu « Le Massacre du Printemps » et lui parler (c’est parce que je n’étais pas seul ce jour-là… d’ailleurs, c’est surtout mon amie qui a parlé…)
  • Me sentir bien après ne pas avoir aimé un spectacle co-écrit par Tiago Rodrigues.

 

CONCERTS

15 soirées concerts (une de moins que l’an passé) mais avec 24 artistes ou groupes. Je sais très bien que mes chroniques musicales intéressent moins de monde ici que le théâtre, mais je continuerai à en parler durant cette demie saison, parce que je fais ce que je veux.

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TOP 5

  • « On voudrait revivre » d’après les chansons de Gérard Manset avec Léopoldine Hummel et Maxime Kerzanet (m.e.s. Chloé Brugnon) (au Théâtre de l’Opprimé) (longtemps j’ai hésité entre la section Spectacle Vivant et celle-ci, mais cela permet de mettre ce spectacle vraiment en valeur, grâce à la découverte des chansons de Gérard Manset et évidemment au grand talent des interprètes)
  • Sharon Van Etten (au Festival Osheaga à Montréal) – magnétique
  • Lesbo Vrouven (à Trans.Mutations à Québec) – improbable
  • Troy von Balthazar (au Petit Bain) – chouchou #1
  • Louis-Jean Cormier (Aurores Montréal à la Maroquinerie) – chouchou #2

 

EXPOS

Onze expos visitées (peux mieux faire) mais c’est l’incomparable Sophie Calle et son parcours Cinq dans différents lieux de Marseille qui emportent le morceau !

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CINÉMA

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47 films au 26 décembre (12 de plus que l’an passé, moins de pièces, plus de films, les vases communicants). Restent particulièrement en mémoire, pour différentes raisons :

 

  • Tout ce qu’il me reste de la révolution de Judith Davis
  • La Chute de l’Empire Américain de Denys Arcand, Jeune Juliette d’Anne Émond, la Femme de mon Frère de Mona Choukri
  • 90’s de Jonah Hill
  • Parasite de Bong Jonh Hoo
  • Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma

En rattrapage à la télé, en DVD ou autres… La Grande Bouffe de Marco Ferreri, Guy d’Alex Lutz, Voir du pays de Delphine et Muriel Coulin, Un jour dans la vie de Billy Lynn d’Ang Lee, Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon d’Elio Petri…

 

SÉRIES

J’ai vu énormément de saisons, 57 au total avec l’intégrale (6 saisons) de Downton Abbey (j’assume), de Sherlock (4 saisons), la première saison WTF de The Boys, la continuation de l’étonnante The Good Place (s4 en cours), de la politisée The Good Fight (s4 en 2020) et de la toujours émouvante mais qui a su se renouveler This is us (s4 en cours), sans oublier l’intégrale en cours de Seinfeld (les 3 premières saisons). Ce qui me fait dire, que je ne regarde pas tant de séries actuelles que ça.

 

LIVRES

Beaucoup de pièces lues cette année, essentiellement québécoises, comme « Gamètes » de Rebecca Déraspe ou « Dans le champ amoureux » de Catherine Chabot », de la bande dessinée avec les Fabcaro « Openbar », « Carnets du Pérou »…, la découverte d’un auteur français, Vincent Almendros avec « Faire Mouche » (pour être honnête, je fais du théâtre avec une personne qui le connait très bien) et la claque en rattrapage de « L’Amour et les forêts » de Eric Reinhardt. Mais la conclusion cruelle est que je ne lis vraiment pas assez (difficile à donner un chiffre pertinent quand la majorité des livres que j’ai lus sont des pièces de théâtre ou des bandes dessinées : seulement 11 romans lus cette année).

 

CÔTÉ BLOG 

74 contre 130 articles écrits par moi… J’ai beaucoup moins écrit… En tout cas, moins d’articles pour ce blog. J’ai aussi écrit moins rapidement, là où, au commencement, je me faisais un point d’honneur de rédiger une chronique dans les 48h suivant la représentation. Il ne faudrait pas oublier la section « Vus mais pas chroniqués » qui ne recense pas forcément les spectacles que j’ai moins aimés. De toute façon, en ce moment, je n’aime pas grand chose, donc bon…

Top 10 fréquentation (au 26 décembre) :

(sans compter l’article sur ma sélection Avignon Off qui a particulièrement marché, de loin l’article le plus lu du blog depuis sa création et la chronique sur Ex Anima de Bartabas qui, malgré sa date de rédaction – janvier 2018 – a été plus lu en 2019 qu’en 2018… sans oublier mes retours sur le Théâtre Marigny ou le concert Sgt Pepper Live)

Le Massacre du PrintempsThe Scarlet LetterOn voudrait revivreLes AnalphabètesLe GroenlandTroubleLe Champ des PossiblesLaterna MagicaData MossoulIphigénie à Splott

(encore une fois la prime aux spectacles du Off d’Avignon (7 sur 10), parmi ceux-là, trois ont été vus avant le début du festival)

Une première moitié d’année exceptionnelle avec en point d’orgue le mois de juillet, plus gros mois depuis la création du blog, puis une baisse assez significative de la fréquentation les mois qui ont suivi. Sans doute la faute à mon manque d’inspiration, de régularité, au nombre de billets en baisse, aux gens inscrits à la newsletter et qui ne cliquent pas sur l’article (!?!?!?!?!)…

 

SUR LE PLAN PERSONNEL

Hormis les 72 billets pour ce blog… mot qui ressemble à blob… j’ai rédigé quelques articles pour le Blog de Nestor (une sélection des spectacles du mois, donc peut-être douze à la louche). L’exercice est toujours intéressant, puisqu’il me permet de découvrir la programmation des théâtres de la ville de Montreuil, mais quelque peu frustrant, puisque je n’y vis pas et que j’ai du mal à trouver le temps (toujours lui, bon sang de bon soir !) pour y aller. J’ai également collaboré à Radio Mortimer (avec plus ou moins de bonheur) à plusieurs reprises (toujours pas à l’aise dans les discussions… merci aux camarades qui me soutiennent et qui montent l’émission pour enlever certains blancs)

Et prochainement en 2020… Trois projets théâtraux :

1/ « Dedans ma tête » un seul en scène écrit et interprété par moi-même. Qui aurait déjà dû faire son apparition en 2019, mais la création n’est pas une science exacte : la pièce est à nouveau passée sous mon bistouri avec une ultime réécriture l’été passé. J’attends le retour d’une certaine personne et la prochaine étape sera la lecture publique au printemps 2020, voire une présentation fin 2020, on peut toujours rêver. Faut juste que je trouve LA personne pour mettre en scène.

2/ Les Infiltré.e.s, saison 3 au Théâtre de la Bastille les jeudi 18 et vendredi 19 juin. La seconde aurait dû être ma dernière, mais le collectif ayant pris le dessus, (avec un peu de chance aussi au final), m’y revoilà.

3/ Des anciens et actuels Infiltré.e.s ont formé un nouveau collectif, tellement y a de l’amour dans le groupe. Nous nous appelons… les Exfiltré.e.s, nous préparons présentement un spectacle autour de la frustration (c’est qui qui a trouvé le thème, je pose la question ???). On ne sait pas si on y arrivera, mais on fait tout pour et nous aimerions présenter quelque chose durant l’automne 2020.

Et concernant cet espace non-critique… J’avais dit qu’il prendrait fin en 2020, certainement après le prochain festival d’Avignon… Je persiste et je signe. Je ne dis pas qu’il n’y aura rien après, mais je confirme, tout s’arrêtera dans quelques mois, sous cette forme-là.

Bon bout d’an et à l’an qué vèn.

 

(Textes et photos non promotionnelles : Axel Ito)