Purge, Baby, Purge (Zerep / Feydeau / Nanterre Amandiers)

(de quoi ça parle en vrai)

« La pièce raconte l’histoire de Toto, 7 ans, dont le père doit signer un important contrat pour équiper l’armée française en… pots de chambre. Ce jour-là, Toto, apparemment constipé, refuse de prendre sa purge malgré l’insistance de sa mère. Partant de cette situation bouffonne, Feydeau porte un regard cruel sur les travers de nos comportements : vanité et absurdité de l’appât du gain, mesquinerie et étroitesse d’esprit dans la cellule familiale. (source : ici)

Zerep-Purge-Baby-Purge-Subsistances-©-Ph.-Lebruman-2018_DSC6145
Crédits photos : Philippe Lebruman

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Le Zerep promet donc de dynamiter la pièce de Georges Feydeau « On purge bébé ». On rit durant le premier quart d’heure notamment grâce à une Marlène Saldana malicieuse dans le rôle de la servante. Puis on sourit et enfin on se lasse. Les metteurs en scène Sophie Perez et Xavier Boussiron jouent avec les codes (allez, les comédiens vont échanger leurs rôles), s’amusent avec les acteurs (bruitages de pets intempesifs, humour de répétition), mais on y voit surtout un massacre en règle de Feydeau, légèrement condescendant.

Comprenez-moi bien, je ne défends pas ici le théâtre du père Georges. Même si j’eus l’occasion de travailler sur une de ces pièces courtes (Amour et piano), je suis loin d’être un afficionado de ce genre théâtral. Mais je n’ai pas vu l’intérêt de faire ce qu’en a fait le Zerep. Ils auraient pu aller bien plus loin dans l’(h)énorme et éviter ainsi de tourner en rond.

 

PURGE BABY PURGE

CONCEPTION ET SCÉNOGRAPHIE Sophie Perez & Xavier Boussiron

TEXTE Georges Feydeau Complété par Sophie Perez & Xavier Boussiron

AVEC Sophie Lenoir, Stéphane Roger, Gilles Gaston Dreyfus, Marlène Saldana, Tom Pezier 

COSTUMES Sophie Perez, Corine Petitpierre – MUSIQUE Xavier Boussiron – LUMIÈRES Fabrice Combier – SON Félix Perdreau – SCULPTURES Daniel Mestanza – RÉALISATION COSTUMES Corine Petitpierre, Anne Tesson

(une autre histoire)

Dans la salle, il y a Adèle Haenel. J’ai failli l’aborder pour lui dire : « Tu te souviens, le soir où on s’est retrouvé dans les toilettes unisexe d’un bistrot vers Stalingrad et que tu m’as montré comment fonctionnait le sèche-mains ? C’était le plus beau jour de ma vie… » Mais je me suis abstenu.

Après la représentation, je mange ma merguez dans l’herbe, en attendant le spectacle suivant, il fait beau, il fait bon… Je crois d’alleurs que c’est la première fois qu’il ne pleut pas sur Nanterre. Bref, et je la vois, la déesse Marlène. J’ai failli l’aborder pour lui dire, rien… Parce que quand je suis amoureux, je fais comme Stan devant Wendy Testaburger, je vomis. Donc j’aurais rendu ma merguez, Marlène se serait demandé : « Mais c’est quoi ce machin phallique qui tombe à mes divins pieds ? » Il aurait plu des feuilles de salade sur nous deux, des taupes m’auraient emmené de force pour voir leur spectacle (La Nuit des Taupes de Philippe Quesne), un spectateur aurait battu mon record et aurait fait claquer le flipper qui se trouve dans le hall d’entrée… A la place, je termine de manger ma merguez, me lève, fais semblant de dire quelque chose de drôle et intéressant à l’acolyte qui m’accompagne au moment de passer à côté de Marlène… Puis je me souviens que j’ai quarante ans et que je me comporte comme si j’en avais dix-sept ou vingt-trois.

Je marche alors, la tête baissée, les bras ballants, tel Charlie Brown…

 

vu le samedi 20 avril 2019 au Théâtre Nanterre Amandiers

Prix de ma place : Invitation (page Facebook du théâtre Nanterre Amandiers)

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito