Gardarem (Brunelle Lemonnier / Manufature des Abbesses)

(quand on ne lit pas la bible)

Conférence autour de l’emploi du futur dans la langue occitane.

 

(de quoi ça parle en vrai)

Dans le pays de Subrémor, une lutte dure depuis neuf ans, opposant les paysans du plateau d’Oménec aux militaires, pour la sauvegarde de leurs terres. Depuis son Bureau de l’Ordre établi, Aranha se voit contrainte de mettre fin à cette lutte : donnera-t-elle gain de cause aux paysans ou aux militaires ? Afin de répondre à cette épineuse question, elle voyagera dans les souvenirs son unique témoin Babé la brebis, et revivra la lutte à travers elle. (site de la Manufacture des Abbesses)

 

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Crédits photos : Compagnie L’Oeil du Renard

 

(ceci n’est pas une critique, mais…)

Brunelle Lemonnier, l’auteure et metteure en scène de la pièce, a écrit cette pièce en collaboration avec ses comédiens et surtout a fait de minutieuses recherches autour de la lutte du Larzac dans les années 70 auprès notamment des protagonistes de l’époque. Pourtant il ne s’agit pas ici d’une pièce documentaire, parce que ce qui prévaut dans cette pièce est la résistance et surtout le collectif, qu’on a pu retrouver fort heureusement, avec plus ou moins de bonheur, dans bien d’autres combats. Et c’est cet esprit choral qui nous fait adhérer d’emblée au projet. Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils savent jouer, chanter et faire de la musique. Ils m’énervent. En cela, le spectacle a un petit je ne sais quoi de Bellorinien qui n’est pas pour me déplaire. (NDLR : Jean Bellorini, metteur en scène et actuel directeur du TGP de Saint Denis, qui m’avait enthousiasmé avec son adaptation des Misérables et d’autres spectacles, dans lesquels la musique était jouée en direct, les acteurs chantaient ou disaient le texte ensemble). La création musicale est sublime. Mais le côté théâtral pur n’est pas en reste avec notamment la prestation remarquée de Jeanne Lecrivain dans le rôle de Babé la brebis. Oui, il s’agit d’une pièce dans laquelle une brebis parle… Les acteurs jouent plusieurs rôles, tous les changements de costumes se font à vue, comme il est fréquent de voir aujourd’hui, le système de cubes de bois qu’on déplace pour les changements de lieux est ingénieux. Alors certes le spectacle gagnerait peut-être à être légèrement resserré et les scènes à un ou deux personnages sont peut-être plus faibles que les scènes collectives. Mais l’ensemble est très prometteur et donne envie de suivre cette jeune compagnie.

 

vu le vendredi 24 novembre 2017 à la Manufacture des Abbesses, Paris 18

prix de la place : gratuit (offert par une grande cousine)

(pour information, une des artistes est une petite cousine éloignée de moi-même, que je ne connais pas très bien, mais comme ses parents sont abonnés à ce blog et que j’étais accompagné par ses tantes, je dois faire attention à ce que j’écris, sinon je ne serai plus jamais invité aux déjeuners dominicaux, d’où ma difficulté à écrire la dite chronique, je l’avoue)

 

GARDAREM

Ecriture et mise en scène : Brunelle Lemonnier

Avec (dans le désordre) Lucia Palli, Fabian Hellou, Tanguy Martiniere, Marie Seguin, Jeanne Lecrivain, Simon Quintana, Marthe De Carne

Décors et scénographie : Caroline Lecomte

Création musicale : Brunelle Lemonnier, Félix Gueslin, Marie Seguin, Lucia Palli

jusqu’au dimanche 26 novembre 2017 à la Manufacture des Abbesses, Paris

 

 

(une autre histoire)

Purée, ils ont remis la lumière dans le public. Purée, le quatrième mur, ils passent au travers. Ah purée, j’aime pas ça. Je peux pas me cacher. Il va se passer quoi là ? Ils descendent dans le public, ils nous regardent. J’aime pas ça, purée, oui je me répète ! Ils vont me prendre à partie, c’est toujours pour moi. Je sais pas, je dois avoir une gueule pour ça. Genre, lui c’est un bon client. Ou alors, lui il doit faire du théâtre, il va nous suivre. Je ne sais plus si j’en ai déjà parlé, un jour, lors d’une représentation, je me suis fait aboyer dessus par une des comédiennes du Quatuor Violence, par la compagnie des Divins Animaux. Je fais semblant de ne pas m’en souvenir, mais le nom de la comédienne est encore dans ma mémoire : Sophie Van Everdingen. Mais elle m’a dit que j’envoyais de mauvaises ondes, que je devais partir. Je n’ai pas bougé d’un iota. Pourtant, je suis le genre de gars qui ne sait jamais dire non : héberger un pote alors que je sais que je vais devoir passer deux jours à faire le ménage chez moi, aider à un déménagement au sixième étage sans ascenseur, changer de place dans le train pour qu’un couple puisse être ensemble (ça je l’ai déjà écrit, je m’en rappelle) : c’est moi ! Plus tard dans la pièce, elle s’est vengée. Elle m’a regardé et a dit devant tout le monde que j’allais mourir dans 30 secondes. Elle démarre le compte à rebours, le public reprend en choeur. Je sens mon coeur battre de plus en fort. Adieu, je vais mourir dans un théâtre. Sophie Van Everdingen, tu ne l’emporteras pas au paradis. Elle arrête le compte à rebours à 1. Je suis en nage, je fais tout de même une attaque, je meurs. Je vois un tunnel. Un chien me rattrape et me traîne vers les vivants. Je suis à St Ouen aux Mains d’Oeuvres, dans le public. C’est « Flirt » par la compagnie des Divins Animaux. Sophie Van Everdingen me regarde dans son miroir. Je la regarde. Je lui fais le signe « I’m watching you ».

Les comédiens descendent de scène, nous regardent mais l’un d’entre eux préfère s’attarder sur les cheveux de ma voisine. Je soupire. J’ai encore une fois beaucoup transpiré, je suis en nage. Je n’ose enlever mon pull de peur qu’on voit mes auréoles et autres marques de transpiration sur ma chemise. Parce que je transpire beaucoup. Ça fait des traces blanches, à cause du sel. J’imagine que toutes les brebis présentes sur scène seraient venues lécher mes aisselles.

J’écris vraiment n’importe quoi, parfois.

 

Textes (sauf mention contraire) : Axel Ito

 

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